Ethiopie: décès de l'abuna Paulos, patriarche de l'Eglise orthodoxe
Le patriarche de l'Eglise orthodoxe d'Ethiopie, l'abuna Paulos, est décédé à l'âge de 76 ans, a annoncé jeudi le gouvernement éthiopien, sans préciser ni la date ni les circonstances de sa mort. "Sa Sainteté est décédée", a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement éthiopien Shimeles Kemal, sans fournir de détails.Le site internet du ministère éthiopien des Affaires étrangères indiquait jeudi qu'il était soigné ces dernières semaines pour une maladie non précisée.L'abuna Paulos était depuis 1992 le plus haut dignitaire de l'Eglise orthodoxe d'Ethiopie.

Près des deux-tiers des quelque 83 millions d'Ethiopiens sont chrétiens et la majorité d'entre eux suivent le rite orthodoxe. Les musulmans représentent officiellement 30% de la population. Les responsables de l'Eglise, qui revendique quelque 40 millions de fidèles, devaient se réunir vendredi pour organiser les funérailles du patriarche.M. Shimeles a indiqué n'avoir "aucune information" sur une éventuelle présence à ces funérailles du Premier ministre Meles Zenawi, récemment déclaré absent pour des raisons de santé et qui n'a pas été vu en public depuis juin.

L'Eglise d'Ethiopie est l'une des Eglises "orthodoxes orientales" (également appelées "pré- ou non-chalcadoniennes"), auxquelles fut notamment consacré le numéro 20 du "Messager de l'Eglise russe"

L'abuna Paulos était l'un des présidents du Conseil oecuménique des Eglises (COE), organisation qui dit regrouper 349 Eglises chrétiennes de par le monde. Né en 1935 dans la région septentrionale du Tigré, fils d'un prêtre, il fut d'abord moine, prêtre puis évêque. En 1976, il est emprisonné par le régime militaire du Derg, présidé par Mengistu Haile Mariam. Libéré, il fuit aux Etats-Unis, où il obtient un doctorat de l'Université de Princeton. Il ne revient en Ethiopie qu'en 1991, peu après la conquête du pouvoir par Meles Zenawi, à la tête d'une rébellion.

Il est considéré comme ayant contribué aux négociations qui ont abouti en 2000 à la fin de la guerre frontalière entre l'Ethiopie et l'Erythrée. Cette même année, il reçoit la médaille Nansen, attribuée par le Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU (HCR), pour le rôle de son Eglise dans le soutien aux réfugiés.....SUITE Slate Afrique avec l'AFP

Un lien vers l'interview Yannick Provos "Nous sommes là pour servir le peuple"

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 17 Août 2012 à 12:14 | 8 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Marie Genko le 17/08/2012 17:00
Mémoire éternelle!

2.Posté par justine le 18/08/2012 09:11
L'Eglise éthiopienne n'est pas orthodoxe. Ne mélangé pas les choses.

3.Posté par Père Yannick le 18/08/2012 20:07
Merci Justine pour ce rappel !
Les Eglises "orthodoxes orientales" ne sont effectivement pas en pleine communion avec l'Eglise orthodoxe. Mais pour tous ceux qui ont sérieusement étudié leurs liturgies eucharistiques et leur rituel (entre autres...) on voit à quel point ces Eglises orientales sont proches de la Tradition apostolique et patristique. Il reste bien entendu encore quelques points à éclaircir avant de rétablir une pleine communion, mais c'est très certainement de cette famille d'églises que nous sommes les plus proches...
Ne soyez donc pas trop sévère s'il vous plaît pour ces communautés principalement situées au Moyen-Orient et qui témoignent chaque jour dans la douleur et parfois le martyre de leur fidélité à l'Evangile et aux apôtres.
Abuna Paulos a lui-même été interné par les marxistes en Ethiopie et a souffert pour la Foi. Ne jugeons pas trop de son orthodoxie depuis nos salons confortables !

4.Posté par Vladimir le 18/08/2012 22:58
Qui sont les Orthodoxes PREchalcédoniens? La famille orthodoxe orientale comprend les Eglises éthiopienne, copte, arménienne, syrienne, indienne et érythréenne. Dans l'histoire, ces Eglises ont été appelées Eglises non chalcédoniennes, anti-chalcédoniennes ou pré-chalcédoniennes, Eglises monophysites, Eglises orientales anciennes ou petites Eglises orientales. A l'heure actuelle, l'appellation couramment admise est "Eglises orthodoxes orientales". La majorité des membres de ces Eglises vivent en Ethiopie, en Egypte, en Erythrée, en Arménie, en Inde, en Syrie et au Liban. Il existe aussi d'importantes communautés de diaspora au Moyen-Orient, en Europe, en Asie, en Amérique du Nord et du Sud, et en Australie. Les Eglises orthodoxes orientales sont des Eglises anciennes qui ont été fondées aux temps apostoliques par les apôtres ou par les premiers disciples des apôtres. Leur position doctrinale se fonde sur les enseignements des trois premiers conciles œcuméniques (Nicée en 325, Constantinople en 381 et Ephèse en 431). L'Ecole d'Alexandrie a guidé et façonné leur réflexion théologique. Les enseignements de saint Cyrille le Grand constituent le fondement de leur christologie. Elles sont fermement attachées à la formule de Cyrille affirmant "la nature unique du Verbe incarné". Leur théologie est biblique, liturgique et patristique, pénétrée de mysticisme et de spiritualité.
Les Eglises orthodoxes orientales, aux côtés des Eglises orthodoxes de tradition byzantine ou chalcédonienne, font partie de la grande famille des Eglises orthodoxes. Les deux groupes ne sont pas en communion l'un avec l'autre. La rupture intervenue en 451, marquant la première division ecclésiale dans l'histoire de l'Eglise, s'est produite à propos de l'enseignement christologique du Concile de Chalcédoine. Au fil des siècles, les relations entre Eglises orthodoxes orientales et chalcédoniennes ont été marquées par la confrontation et l'éloignement, mais aussi par le dialogue et le rapprochement. En 1985, après deux décennies de rencontres non officielles, les deux groupes se sont engagés dans un dialogue théologique officiel qui a débouché sur des accords christologiques. La principale question qui demeure est celle de la réception des accords dans les Eglises.

L'histoire et la vie des Eglises orthodoxes orientales ont été marquées par des persécutions sans fin et des massacres sous les pouvoirs byzantin, perse, musulman et ottoman. Ces souffrances ont eu un impact profond sur leur vie, leur témoignage, leur théologie et leur spiritualité. Pourtant, ces épreuves ne les ont pas conduites à s'isoler entièrement et à se replier sur elles-mêmes. En dépit de leur souffrance continuelle, ces Eglises se sont maintenues par des efforts constants de renouveau. Confrontées aux réalités nouvelles et aux exigences de l'évolution des temps, elles ont réussi à mettre en question le fort traditionalisme et la tendance au repli qui avaient prévalu durant un certain temps en raison des circonstances historiques. Même si les traditions anciennes dominent encore, une vitalité et une créativité nouvelles s'épanouissent dans ces Eglises, tant dans leurs pays d'origine que dans la diaspora. Elles ont donné un nouveau souffle à la vie monastique en tant que riche source de spiritualité, d'évangélisation et de diaconie pour les ecclésiastiques comme pour les laïcs, pour les hommes comme pour les femmes. Elles ont aussi réorganisé la formation théologique. Les écoles du dimanche sont devenues des centres d'activités intenses. Des mouvements de jeunes et des associations d'étudiants ont été créés. Les séminaires d'étude biblique, les sessions de formation chrétienne des laïcs, la pratique du jeûne et la célébration quotidienne des saints sont autant d'expressions vivantes de la spiritualité profonde et du rayonnement évangélisateur vers l'intérieur et vers l'extérieur qui nourrissent et édifient ces communautés de foi. Ce sont des Eglises du peuple, sans dichotomie entre institution et communauté. Tout le peuple de Dieu participe activement à la vie et au témoignage de l'Eglise.

Dans les premiers siècles, les Eglises orthodoxes orientales jouèrent un rôle extrêmement important dans l'expansion du christianisme au delà des frontières de l'Empire byzantin. La foi chrétienne fut portée d'Alexandrie en Afrique, d'Arménie vers le Nord, d'Antioche vers l'Extrême-Orient. Par la suite, en raison du changement des conditions politiques et religieuses, leurs activités missionnaires s'orientèrent principalement sur l'édification et le maintien de leur propre communauté. Dans le contexte actuel de la mondialisation et des sociétés pluralistes, on observe chez les Eglises orthodoxes orientales une prise de conscience croissante de la nécessité de renouveler les méthodologies et les formes de la mission et de l'évangélisation.

Le défi œcuménique: Bien que les Eglises orthodoxes orientales aient souffert des efforts des missionnaires occidentaux, tant catholiques que protestants, dans l'Orient chrétien, elles ont sérieusement pris en compte le défi œcuménique. Elles croient fermement que la rencontre avec les partenaires œcuméniques, la prière commune et l'engagement dans un dialogue franc et critique correspondent à la volonté de Dieu. Le Conseil œcuménique des Eglises est pour elles l'instrument le plus complet du mouvement œcuménique, qui leur fournit un cadre global pour une coopération et des relations étroites et constructives avec les autres Eglises.

Après des siècles d'isolement les unes des autres, les Eglises orthodoxes orientales se sont rencontrées finalement en 1965 à Addis-Abeba. Lors de cette rencontre historique, les responsables de ces Eglises ont réaffirmé leur appartenance à la seule foi. Ils ont pris plusieurs décisions qui, pour beaucoup de raisons, ne se sont pas pleinement concrétisées. Le défi demeure de donner plus de visibilité et d'expression tangible à l'unité de foi des Eglises orthodoxes orientales. Parmi les questions qu'elles doivent affronter ensemble figurent l'influence de la sécularisation, la résurgence du fondamentalisme religieux et la migration croissante des fidèles quittant leur pays d'origine pour s'installer dans d'autres parties du monde. La famille orthodoxe orientale n'a pas d'institution organisée. Depuis 1996, les chefs des trois Eglises du Moyen-Orient (copte, arménienne et syrienne) ont mis en place un cadre de rencontres annuelles lors desquelles ils discutent de préoccupations et de questions d'intérêt commun. Plusieurs groupes de travail ont été constitués pour aider les patriarches dans ce processus. En plus de son dialogue avec les orthodoxes chalcédoniens, la famille orthodoxe orientale est aussi engagée dans des dialogues théologiques avec l'Alliance réformée mondiale, l'Eglise catholique et la Communion anglicane. Les Eglises orthodoxes orientales ont beaucoup à partager avec les autres Eglises. Elles ont conservé un sens marqué de l'histoire et de la tradition. Elles peuvent apporter une contribution unique par leur tradition monastique, leur spiritualité orientale, leur riche liturgie et leur théologie mystique.
Les Eglises orthodoxes orientales, qui sont toutes membres du Conseil œcuménique des Eglises, représentent quelque 60 millions de chrétiens.

Source: http://www.oikoumene.org/fr/handbook/familles-deglises/eglises-orthodoxes-orientales.html

5.Posté par Christine Chaillot le 19/08/2012 15:22
Je regrette le manque de précision de cet article pourtant oecuménique.

Le dialogue théologique OFFICIEL entre Eglises orthodoxes et orthodoxes orientales a débuté en 1985; il était non officiel dès 1964.

Qui dit dialogue dit écoute des autres. Or ces Eglises refusent absolument qu'on les nomme monophysites. Elles croient que le Christ est Vrai Dieu ET Vrai Homme (=équivalent de deux natures à Chalcédoine), sans mélange ni séparation.

Il faut donc comprendre de manière nuancée la formule de Cyrille d'Alexandrie ( "la nature unique du Verbe incarné"). Lors des dialogues théologiques dès 1964, les théologiens présents, y compris ceux qui représentaient leurs Eglises dites orthodoxes orientales (ce nom a été accepté de manière officielle en 1985, au DEBUT du dialogue théologique officiel entre Orthodoxes et Orthodoxes orientaux) ont reconnu que ce mot nature utilisé par Cyrille (en grec physis) est l'équivalent du mot personne (hypostasis) utilisé au Concile de Chalcédoine, pour indiquer l'UNITE de la divinité et de l'humanité en Christ.
Merci d'écouter ce que croient les orthodoxes orientaux.
..................................
"PO" Christine Chaillot, née à Genève en Suisse, œuvre pour le dialogue pratique entre les Églises orthodoxes et orthodoxes orientales. Ses livres, articles et conférences permettent de faire connaître à un large public les très anciennes Églises du Moyen-Orient, de l'Éthiopie et de l'Inde. Christine Chaillot, auteur de "Les Coptes d'Égypte" http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/ficheauteur.asp?n_aut=8757

6.Posté par Vladimir le 21/08/2012 21:54
Le Pape Benoît XVI a envoyé vendredi un télégramme de condoléances à l’annonce du décès à Addis Abeba des suites d’une grave maladie de Sa Sainteté Abune Paulos, patriarche de l’Eglise orthodoxe éthiopienne Tewahedo, rapporte l’agence de presse Zenith. Avant sa mort jeudi à l’âge de 76 ans, le patriarche Paulos qui était favorable au dialogue inter-religieux a dirigé l’Eglise orthodoxe d’Éthiopie pendant plus de vingt ans et qui compte actuellement 40 millions de membres à travers le monde. « Je me souviens de son engagement à promouvoir une plus grande unité à travers le dialogue et la coopération entre l’Eglise orthodoxe éthiopienne Tewahedo et l’Eglise catholique », rappelle le Pape.

7.Posté par Pere Serge le 26/08/2012 21:05
Les funérailles du patriarche ethiopien (reportage et photos) :

8.Posté par Le pape a reçu le patriarche de l’Eglise orthodoxe d’Ethiopie le 02/03/2016 17:03
Il y a du pape François dans la nouvelle phase que traversent les rapports entre l’Eglise catholique romaine et l’Eglise orthodoxe. Deux semaines après sa rencontre historique avec le patriarche russe Cyrille pour enterrer plus de 1000 ans de brouille, le pape François a reçu en grandes pompes lundi au Vatican, le patriarche Abuna Mattias de l’Eglise orthodoxe d’Ethiopie.

On l’oublie, mais ce pays de la Corne de l’Afrique fait partie des 14 Eglises autocéphales orthodoxes et l’une des plus anciennes. Chrétienne, l’Eglise orthodoxe est organisée en autonomie, chacune obéissant à son propre pape. En Afrique, les patriarcats sont au nombre de deux : celui d’Ethiopie et celui d’Alexandrie, en Egypte. La constellation se complète par des Eglises comme celle de Constantinople (Turquie), d’Athènes (Grèce) ou encore de Bulgarie et, surtout de Russie.

Autant les rapports avec les autres patriarcats sont plus ou moins normaux, autant l’Eglise catholique avait du mal jusqu’ici à « faire bouger les lignes » avec les orthodoxes russes. Il continuaient d’affirmer qu’ils ne constituent pas une terre d’évangélisation parce qu’ils sont autant chrétiens que ceux de Rome. Les choses vont désormais changer après la rencontre, le 12 février dernier à La Havane, à Cuba, du pape François et du patriarche Cyrille.

C’est dans cette atmosphère de fraternité célébrée qu’Abuna Mattias est arrivé au Vatican lundi. « Les souffrances partagées font que les chrétiens, par ailleurs divisés sur de nombreux aspects, se rapprochent beaucoup les uns des autres. Le sang versé de tant de martyrs appartenant à toutes les Eglises devient semence pour l'unité des chrétiens », a soutenu le pape François lors de cette rencontre. Comme il l’avait fait à Cuba avec son homologue russe, il a dénoncé les persécutions des chrétiens dans le monde et souligné l’importance de l’unité : « Ce qui nous unit est beaucoup plus grand que ce qui nous divise», a-t-il rappelé.

En avril 2015, après la diffusion d'une vidéo mettant en scène l'exécution de 28 Ethiopiens sur une plage libyenne par le groupe Etat islamique (EI), le pape François avait adressé un message à Abuna Matthias. « Qu'ils soient catholiques, coptes, orthodoxes ou protestants ne fait aucune différence. Leur sang est un et le même. Le témoignage de nos frères et sœurs chrétiens est un témoignage qui crie et qui doit être entendu de tout homme qui sait distinguer le bien et le mal. Ce cri doit d'autant plus être entendu par ceux qui ont en leurs mains les destinées des peuples », avait alors soutenu le pape, qui parle volontiers ces derniers jours d’un « œcuménisme du sang ».

Le patriarche éthiopien s’est montré reconnaissant envers le pape « pour sa solidarité exprimée à de nombreuses occasions ». A rappeler que par un signe du destin, Abuna Mattias avait été élu primat de l’Église orthodoxe d’Ethiopie le 28 février 2013, c’est-à-dire le jour même où, pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise catholique, un pape démissionnait au Vatican. Benoît XVI avait rencontré le précédent patriarche éthiopien, Abuna Paulos, en 2009.

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