FREQUENCE DE LA COMMUNION (2 -ème partie)
EXCÉS DES PROMOTEURS DE LA COMMUNION FRÉQUENTE

Si la tradition seule ne peut être invoquée contre la communion fréquente, comme nous l'avons vu dans l'article précédent, les opposants s'en prennent à certaines approches de ses partisans, alors accusés de "modernisme", qui nourrissent peut être à juste titre les critiques:

D'après le p. Daniel Sysoev
, ibidem
La communion comme preuve d'union à la communauté paroissiale: certains partisans trop zélés tentent de faire de la communion fréquente au Christ avant tout un moyen de manifester son union avec la communauté. Mais, si l'Orthodoxie considère bien que l'Eucharistie crée l'unité de l'Église conformément aux Écritures - "Puisqu'il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps ; car nous participons tous à un même pain." (1 Cor. 10, 17), la communion doit avant tout rester le signe de l'union avec le Christ Sauveur et non pas simplement avec les membres de l'Église terrestre. Le terrestre ne peut guérir le terrestre, comme dit Saint Jean Climaque, et les Saints Dons sont ce médicament d'immortalité qui nous mène à la Vie éternelle de la Parousie.
L'Église se construit à partir du ciel et c'est dans le saint Calice qu'est vaincue la détestable désunion de ce monde. L'accent que les rénovateurs mettent sur la réunion humaine autour de la communion est en fait enraciné dans la croyance de nombre d'entre eux que l'Église est avant tout une communauté humaine et les Saint Dons ne sont pas en vérité le Corps du Christ, mais un symbole. Pour un véritable Orthodoxe une telle approche constitue une dérive absolument inacceptable.



Le peuple de prêtres: les théologiens de "l'école de Paris" professent aussi que le sacerdoce royal des laïcs se traduit par leur "concélébration" à l'Eucharistie. Cela est en contradiction avec les Écritures, et plus particulièrement l'Épitre 1 aux Corinthiens où St Paul écrit " Ainsi, qu'on nous regarde /nous, les Apôtres/ comme des serviteurs de Christ, et des dispensateurs des mystères de Dieu." (4.1) et plus loin (12 27-31) il précise qu'il y a différentes fonctions, en particulier celle de docteur, dont il distingue le service de celui des autres enfants de Dieu. Pourtant certains développements réellement réformistes donnent au prêtre une fonction de représentation des croyants rassemblés en Église (on cite par exemple L'Eucharistie du père Alexandre Schmemann). Le presbyte, président de l'assemblée, apporterait alors le Sacrifice au nom de l'assemblée dans cette concélébration de l'Eucharistie. Tout cela, qui souvent exagère les propositions des auteurs cités, est clairement contraire à la Tradition. Jamais dans aucun document aucun père ou saint n'a dit que les laïcs concélèbrent avec les presbytes ni que la fonction de prêtre viendrait de l'assemblée. Au contraire, le véritable Sacrificateur de l'Eucharistie est bien entendu Le Christ Lui-même. Et c'est Lui qui agit par l'intermédiaire du presbyte car, dans l'Église tout vient de Dieu le Père, par le Fils de Dieu et dans le saint Esprit.

Ainsi, si on veut parler du sacerdoce royal des laïcs dans l'Eucharistie, on peut suivre St jean Chrysostome en indiquant que le prêtre et les fidèles sont égaux dans l'acte même de la communion. Contrairement à l'Ancien Testament, où seuls les prêtres consommaient au grand sacrifice, les prêtres et les laïcs peuvent maintenant communier au Même Corps et au Même Sang. Et c'est là que nous constatons la parfaite fidèle de l'Église orthodoxe est à la parole du Seigneur: "Buvez en tous" (contrairement à l'Église romaine).

La crainte de Dieu: les "modernistes" manquent absolument de crainte de Dieu, dont ils exagèrent la proximité, non seulement devant la sainte Eucharistie, mais devant toutes les choses saintes, y compris devant la parole de Dieu. Pour approcher les saints Dons, il est indispensable d'entretenir le sentiment de sa complète indignité et la crainte de Dieu en même temps qu'une confiance infinie en Sa miséricorde.

CONCLUSION
Pour conclure le p. Daniel Sysoev cite St Jean Chrysostome:

" Mais, puisque j'ai rappelé ce grand sacrifice, il faut que je vous en parle un peu, à vous qui êtes initiés aux mystères; je dis un peu, parce que je serai court; je devrais dire grandement, à cause de l'importance et de l'utilité de ce sujet, car ce n'est pas moi qui parle, mais le Saint-Esprit. Que dirai-je donc? Plusieurs, en toute une année, ne participent qu'une fois à ce sacrifice; d'autres, deux fois; d'autres, souvent. Je m'adresse donc à tous les chrétiens, non-seulement à ceux qui sont ici, mais encore à ceux qui demeurent dans le désert; car les solitaires n'y prennent part qu'une fois l'an, souvent même à peine une fois en deux ans. Mais, après tout, qui sont ceux que nous approuverons le plus de ceux qui communient une fois, de ceux qui communient souvent, ou de ceux qui communient rarement? Pas plus les uns que les autres; mais ceux-là seuls qui s'y présentent avec une conscience pure, avec la pureté du cœur, avec une vie à l'abri de tout reproche. Présentez-vous ces garanties? Venez toujours! Ne les offrez-vous point? Ne venez pas même une fois. Pourquoi? Parce que vous y recevriez votre jugement, votre condamnation, votre supplice. N'en soyez pas étonnés : car ainsi qu'un aliment nourrissant de sa nature, ruais qui tombe dans un corps rempli déjà d'autres aliments mauvais ou d'humeurs malignes, achève de tout perdre et de tout gâter, et occasionne une maladie ; ainsi agissent nos augustes mystères.

Quoi ! Vous jouissez d'une table spirituelle, d'une table royale, et de nouveau votre bouche se souille de fange? Vous parfumez vos lèvres pour les remplir bientôt d'ordure? Dites-moi, lorsqu'au terme d'une longue année vous participez à la communion, pensez-vous que quarante jours vous suffisent pour purifier les péchés de toute cette période? Et même encore, à peine une semaine se sera-t-elle écoulée après votre communion, que vous vous livrerez à vos anciens excès! Or, si après quarante jours à peine de convalescence d'une longue maladie, vous vous permettiez sans mesure tous les aliments qui engendrent les maladies, ne perdriez-vous pas votre peine et vos efforts passés? Car si les forces naturelles subissent elles-mêmes des altérations, combien plus celles de nos résolutions et de notre libre arbitre! Par exemple, la vue est une faculté naturelle; nous avons naturellement les yeux sains, mais souvent une indisposition blesse chez nous ce précieux organe. Si donc ces facultés physiques peuvent (528) s'altérer, combien plus facilement celles qui dépendent de notre liberté! Vous accordez quarante jours, peut-être même moins, à la santé de votre âme, et vous croyez avoir apaisé votre Dieu ! O homme! Vous moquez-vous enfin?

Je parle ainsi, non pour vous éloigner de cet unique et annuel accomplissement d'un devoir, mais parce que je voudrais que tous nous pussions le remplir assidûment. Au reste, je ne suis que l'écho de ce cri du diacre qui tout à l'heure appellera les saints, et qui par cette parole semblera sonder les dispositions de chacun, afin que personne n'approche sans préparation. De même que dans un troupeau où la plupart même des brebis sont saines, s'il s'en trouve qui soient malades, il faut qu'on les sépare des brebis saines, ainsi en est-il dans l'Eglise; parmi nos ouailles, les unes sont saines, les autres malades, et la voix du ministre de l'autel partout retentissante, les sépare; et cette voix terrible est l'écho de celle du prêtre qui appelle et attire exclusivement les saints. En effet, il est impossible à l'homme de connaître la conscience de son prochain : « Car », dit l'apôtre, « qui parmi les hommes connaît les secrets de l'homme, sinon la conscience humaine, parce qu'elle est dans l'homme? » (1 Cor. II, 11.) C'est pourquoi la voix terrible retentit au moment où s'est achevé le sacrifice, afin que personne ne s'approche avec irréflexion et témérité de la grande source des grâces.

Dans un troupeau (car rien ne nous empêche d'exploiter encore cet exemple), dans un troupeau, nous démêlons, pour les enfermer à part, les animaux malades; nous les retenons dans les ténèbres, nous leur donnons une nourriture spéciale; nous ne leur permettons ni de respirer l'air trais, ni de se nourrir de l'herbe pure, ni de sortir pour aller boire aux fontaines. Eh bien ! Cette voix du sanctuaire est aussi comme une chaîne. Vous ne pouvez dire: J'ignorais, je ne savais pas que la chose eût des conséquences dangereuses. C'est contre cette ignorance surtout que Paul a tonné. Vous direz peut-être : Je ne l'ai pas lu. Cela vous accuse, loin de vous excuser. Vous venez tous les jours à l'Eglise et vous ignorez un point de cette importance !

(Commentaires sur l'épitre aux Hébreux 17, 4)


© Pour " Parlons d'orthodoxie" par V.GOLOVANOW




Rédigé par Vladimir Golovanow le 19 Février 2010 à 10:20 | 17 commentaires | Permalien



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