Guide spirituel : le chemin des Ascètes. Initiation à la vie spirituelle
COLLIANDER Tito ; traduction Placide Deseille

« Approchez-vous du Seigneur, et il s’approchera de vous.» (Jac. 4,8)

Je viens de terminer la lecture de ce petit livre (cf. références in fine), presque une brochure, qui m’a fait une très forte impression. Il s’adresse très concrètement à chacun de nous pour donner pratiquement "une recette" de cheminement spirituel orthodoxe que peut suivre un laïc qui vit dans le monde.

L’auteur nous propose un chemin à "la découverte du Royaume de Dieu au dedans de nous", à la découverte de la Lumière sans déclin, de la Lumière de l´éternité "qui brille déjà à travers le voile du temps et de la matière"

Laïc, marié et père de famille, professeur de religion orthodoxe à Helsinki, Tito Colliander reprends à l’attention des laïcs la doctrine des Pères souvent destinée à ceux se destinent au monachisme. Il parle de l’hésychasme, du combat intérieur des conditions indispensables au succès de cette lutte, de la prière et de la sobriété du corps et de l’esprit et explique enfin comment persévérer malgré les moments d’obscurité.

Au bout du cheminement se trouve la «perle de grand prix: la lumière sans déclin, l'amour de tous les hommes, la prière continuelle, la présence du Christ dans le cœur unifié. » Ce chemin est évidement difficile, mais il apparait adapté à nos conditions actuelles et c’est, de fait, ce que nous demande l’Evangile : «Approchez-vous du Seigneur, et il s’approchera de vous» (Jac. 4,8). A nous de nous mettre à l’œuvre, écrit l’auteur (p 60) : Si nous faisons un pas vers lui, il en fera dix vers nous, lui qui, apercevant le fils prodigue alors qu’il était encore loin, fut touché de compassion, courut se jeter à son cou et l’embrassa longuement (Cf. Luc 15,20).

Il faut donc que vous vous décidiez une bonne fois à faire les premiers pas, encore mal assurés, vers Dieu, si vraiment vous voulez vous approcher de lui. Que la gaucherie de vos débuts dans cette voie de la prière ne vous trouble pas. Ne cédez pas au respect humain, à l’indécision, aux rires moqueurs des démons qui essaient de vous persuader que votre conduite est ridicule et que votre entreprise n’est qu’un fruit de votre imagination et une sottise. Sachez bien que l’Ennemi ne craint rien tant que la prière. »

Autres extraits :

« Le combat doit être menée sans relâche. Les suggestions mauvaises pénètrent en nous comme un courant rapide et il faut leur barrer la route très promptement. (…) Le combat commence par la suggestion, ainsi que l’explique les saints. Vient ensuite la liaison, lorsque nous pénétrons avant dans tout ce que la suggestion nous a apporté. La troisième étape est le consentement, et la quatrième est le péché commis extérieurement. Le passage de l’une à l’autre de ces quatre étapes peut être instantané ; mais il arrive aussi qu’elles se succèdent comme autant de degrés, ce qui permet de les distinguer. La suggestion frappe à la porte, comme un colporteur qui propose sa marchandise. Si on le laisse entrer, il commence son boniment, et il est difficile de se débarrasser de lui, même si on se rend compte que sa marchandise ne vaut rien. Le consentement s’en suit et finalement l’achat, souvent à contrecœur.

N’ayez jamais confiance dans vos propres forces pour résister à une tentation, quelle qu’elle soit, grande ou petite. Celui qui ne se confie pas en lui-même est profondément étonné de ne pas être tombé plus bas, et il se sent pénétré de reconnaissance. Il remercie Dieu de lui avoir envoyé le secours à temps sans lequel il aurait été complètement écrasé.»

Un remède : la vigilance du cœur

Est en jeu ici la vigilance ou garde du cœur. « Par-dessus toute chose, veille sur ton cœur car c’est de là que jaillit la vie » (Pr 4,23). Que ce soit dans la manière de prier ou dans la manière de penser, la tentation est toujours la même : celle de nous réaliser nous-mêmes par nous-mêmes en dehors de la foi et de l’espérance, c’est-à-dire sans dépendre de Dieu comme ses enfants bienaimés.

Pour bien comprendre les règles du combat, il nous faut voir d’abord comment le cœur est «la racine des pensées » (cf. Si 37, 17). Nos pensées, nos actions … sont faites pour trouver leur racine dans un cœur pur qui laisse l’esprit voir Dieu et ainsi voir toutes choses en Dieu, ce qui est le propre de la sagesse. Celui qui voit les choses en Dieu les pense en Dieu : il se met à produire des pensées lumineuses de la lumière de Dieu et prend conscience de l’importance de vivre dans la lumière du Christ. N’est-il pas vrai que : « en dehors de moi (dit Jésus), vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5).
Guide spirituel : le chemin des Ascètes. Initiation à la vie spirituelle

Et le mal ?

Le mal est la privation d'un bien. Dieu nous a créés pour que nous ayons « la vie et la vie en abondance », et l'homme fait l'expérience d'une limitation, d'une altération et même d'une destruction de cette vie. La souffrance ne peut se comprendre que sur fond d’un monde bon mais créé « en état de cheminement vers sa perfection ultime » (Catéchisme, n°310) et marqué par la puissance destructrice du péché. L'homme souffre lorsqu'il éprouve un mal. Autrement dit, nous souffrons lorsque nous éprouvons le manque d'un bien pour lequel nous sommes faits. La souffrance provient de la différence entre ce que nous vivons et ce que nous devrions vivre. Le plus grand mal, c'est le mal du péché. Il est un mal moral grave parce qu'il nous prive du plus grand bien qui est Dieu lui-même, il nous prive de cette vie de communion « dans l’amour » pour laquelle nous avons été créés, ayant été prédestinés à devenir « pour Dieu des fils adoptifs par Jésus Christ » (cf. Ep 1, 5).

« Contre toutes les machinations et les ruses de l’ennemi, ma meilleure défense, affirmait le saint, c‘est encore l’esprit de joie. Le diable n’est jamais si content que lorsqu’il a pu ravir à un serviteur de Dieu la joie de son âme. Il a toujours une réserve de poussière qu’il souffle dans la conscience par quelque soupirail, afin de rendre opaque ce qui est pur ; mais dans un cœur gonflé de joie, c’est en vain qu’il essaye d’introduire son poison mortel. » (2 C 125)

Ecrit avec sobriété et réalisme, en de courts chapitres, illustrés d'images familières, d'exemples simples et réalistes, le livre présente fidèlement l'enseignement spirituel orthodoxe des Pères de l'Eglise qui a été récemment redécouvert par l’Occident. Et de fait cette doctrine est fondamentalement commune à l'Orient et à l'Occident parce que simplement chrétienne.

Auteur : COLLIANDER Tito ; traduction Placide Deseille
Editeur : Monastère Saint-Antoine Le Grand
Nombre de pages : 118
Date de parution : 01/01/2006
Forme : Livre ISBN :

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 9 Décembre 2013 à 23:05 | -7 commentaire | Permalien



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