Le film de l’acteur et réalisateur Guillaume Gallienne "Les Garçons et Guillaume, à table !" est sorti le 20 novembre 2013. Le réalisateur a donné une interview à "La Vie" dans laquelle, entre autres, il dit quelques mots de sa conversion à l’Orthodoxie.

Citation : Vous vous êtes converti il y a quelques années à l’orthodoxie, pourquoi ?

"Pour le rite, pour le spectacle ! Plus sérieusement, pour la confession. Un prêtre catholique à qui je ne voulais pas confesser le péché de chair m’a refusé l’absolution. C’était après la mort de ma cousine, j’avais alors 18 ou 19 ans et cela m’a dévasté. J’aime au contraire dans le rite orthodoxe ce face-à-face avec un homme qui est engagé, marié à l’Église ou à une femme. Un jour, après m’être engueulé avec mon épouse, je me suis confessé. Le père Eugène m’a dit : « La colère, cela fait des dégâts », et entendant ces mots de compassion, j’ai fondu en larmes. Lui, il sait ce que c’est d’avoir envie de foutre sa femme par la fenêtre ! Il a déjà ressenti cette colère.


Guillaume Gallienne orthodoxe
Là où je me reconnais aussi beaucoup dans l’orthodoxie, c’est que l’important est la route, et non l’aboutissement. Tout est à l’image de l’icône. L’icône, à la différence de la peinture occidentale, n’a pas de perspective. Il n’y a pas de mystère dans l’image, le mystère est entre l’image et vous. Il est dans la foi"

Rédigé par Vladimir Golovanow le 21 Novembre 2013 à 22:08 | 12 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Daniel le 22/11/2013 12:21
J’avoue ne rien comprendre à cette phrase de l’interview : “Plus sérieusement, pour la confession. Un prêtre catholique à qui je ne voulais pas confesser le péché de chair m’a refusé l’absolution. C’était après la mort de ma cousine, j’avais alors 18 ou 19 ans et cela m’a dévasté. J’aime au contraire dans le rite orthodoxe ce face-à-face avec un homme qui est engagé, marié à l’Église ou à une femme.”

Une remarque préalable, c’est le péché CONTRE la chair et non le péché de la chair. Dans l’orthodoxie, l’absolution n’est pas automatique; étant donné que le repentir suppose de changer de voie, l’absolution doit être donnée non au moment de la confession mais quand la personne a abandonné son comportement mauvais ou l’a réparé. Elle peut aussi intervenir après la période d’épitimie si épitimie il y a. On ne donnera pas l’absolution à un voleur qui n’a pas restitué les biens dérobés, à un mari volage qui est parti vivre avec sa maitresse et qui vit toujours avec elle etc.
Je ne comprends pas non plus le “ce face-à-face avec un homme qui est engagé, marié à l’Église ou à une femme”. Si je ne m’abuse, c’est le Christ qui est marié à l’Eglise et non les moines, et en relisant l’hymnographie on voit que retrouve l’image du mariage entre le Christ et les martyrs en general… Cela dit, entre ce que dit l’interviewé, ce que comprend le journaliste, il y a parfois des differences.

Quant à dire que les prêtres mariés sont plus compétents pour parler des questions de couple, c’est ignorer que Saint Paul et Saint Jean Chrysostome ont écrit de belles pages sur le mariage sans avoir jamais été mariés.

2.Posté par Nicodème le 22/11/2013 20:34
C'est facile d'écrire des belles pages ... Mais plus difficile de les vivre . Sur Shaül de Tarse , dit "Saint Paul" , il aurait été marié . Désolé , je n'ai pas la source en tête . Demander au ouaibmestre de St Materne , il est costaud là dessus . Si l'église orthodoxe s'apprête à recommencer la colossale erreur de l'église romaine au XIième siècle , à savoir de n'ordonner que des hommes célibataires , elle court au même désastre que l'Eglise romaine . La seule justification du célibat "consacré" est la vie monastique , érémitique ou cénobitique . Cela n'est absolument pas à mettre sur le même plan que le mariage , qui est l'état normal de l'être humain . "homme et femme il les fit" , ou , selon certains lingusites , "Il LE fit" ...

Et quand je vois le nombre de jeunes hommes célibataires au séminaire d'Epinay-s-Sénart , je m'inquiète vraiment . Pour moi , l'Eglise ne devrait ordonner QUE des hommes mariés pour être "presbytre" , càd "l'Ancien" , et , justement , pas avant l'âge de 35 ou 40 ans , de sorte que les paroisses soient portées par de shommes compétents ,notamment en matière de vie conjugale , équilibrés et instruits . Dans l'ECR , au moins , c'est hélas loin d'être le cas .

3.Posté par Vladimir G. le 23/11/2013 00:52
"Chair signifie aussi concupiscence... En ce sens on appelle le pêché d'impureté, Le pêché de la chair" (In Dictionnaire de l'Académie, cinquième édition, tome 1, Paris 1811, p.215)...

Cette phrase n'est pas limpide. Ce que je comprendrais c'est qu'il y a eu une espèce d'automatisme de la sanction (refus d'absolution) chez le prêtre catholique alors que Guillaume Gallienne a trouvé un autre type d'engagement et d'écoute chez le prêtre orthodoxe.

Cela tient évidement à une expérience très personnelle qui n'est pas généralisable, des moines pouvant aussi être d'excellents confesseurs chez nous, mais ce témoignage me semble justement intéressant par ce côté très personnel: Guillaume Gallienne connaît les réponses les plus répandues ("Pour le rite, pour le spectacle !") mais va chercher plus loin... Son interprétation de la route et de l'icône me semble aussi intéressante.


4.Posté par Daniel le 23/11/2013 09:29
@ Nicodème

Je vous rejoins, seuls les moines (vrais moines ayant sué sous la soutane au monastère) et les hommes mariés devraient devenir prêtres. Ces deux types de personnes ont une expérience concrète de ce qu'est de vivre avec autrui, moine ou conjoint-enfant. Mais les célibataires...

Le célibat est un non-sens : soit vous vous mariez (ou cherchez à vous marier, pas facile il est vrai de trouver un conjoint orthodoxe), soit vous devenez moines (mais dans un monastère SVP, pas suite à une tonsure faite illico presto alors que vous n'avez jamais mis les pieds dans un monastère). Cela dit, aucun risque que l'église orthodoxe n'ordonne QUE des célibataires. Je m'inquiète plus de la qualité des promotions d'évêques qui sont autant moines que je suis majorette: chez ceux qui ont été vraiment moines, il y a une vraie sagesse, chez les autres, nettement moins...

5.Posté par Tchetnik le 23/11/2013 10:36

Certains évêques ont été prêtres mariés autrefois avant de devenir veufs.

Il est vrai que pour la vie conjugale, même si les exceptions notables existent comme l'a rappelé Daniel, ceux qui la comprennent le mieux sont en général ceux qui la vivent. Un moine n'a pas les mêmes responsabilités qu'un chef de famille ou qu'une mère au foyer, n'a pas les mêmes enjeux à relever, pas les mêmes devoirs envers son prochain. Ce qui peut parfois rendre décallée sa vision des choses comme les conseils qu'il peut prodiguer.

Ce n'est pas toujours le cas, surtout chez les moines qui vivent avec sincérité et sérieux leur vocation et sont lucides par rapport à ce qu'ils savent et ce qu'ils ne savent pas, mais, chez bien des jeunes tonsurés moines trop vite, l'incompréhension est hélas réelle.

La famille est la première cellule ecclésiale. Un prêtre ne peut administrer une paroisse s'il ne réussit au préalable l'épanouissement spirituel de sa famille. Ce devrait être valable pour les évêques aussi, certains étant bien peu lucides sur eux-mêmes sur ce sujet...Comment administrer un diocèse (en donnant des leçons de plus) après avoir sabordé sa vie familiale?

6.Posté par Tamara Schakhovskoy le 23/11/2013 12:36
Je ne résiste pas au (petit) plaisir de signaler que l'attirance pour l'orthodoxie de ce jeune homme apparemment talentueux n'est peut-être pas tout à fait sans rapport avec le fait d'avoir eu une grand-mère russe (blanche) très aimée. Ce qui n'enlève rien à la validité de vos pertinentes remarques, chers messieurs les commentateurs - pour une fois, je suis bien d'accord avec vous.

7.Posté par Nicodème le 23/11/2013 14:15
Entièrement d'accord avec Tchetnik . On n'est donc pas sortis de l'auberge ...

8.Posté par Marie Genko le 23/11/2013 17:43
Je trouve qu'il est impossible de juger en blanc et noir!
Chaque personne, chaque prêtre chaque évêque est un cas particulier!

En ce qui concerne le Séminaire d'Epinay sous Sénart, que savons-nous de chacun de ces jeunes gens?
Il est plus que probable que beaucoup d'entre eux rentreront en Russie pour trouver une femme susceptible de vouloir mener la dure vie de matouchka à leurs côté.

Je ne suis pas d'accord du tout avec le fait de porter des jugements en l'air sur des évêques, qui auraient sabordé leur vie de famille...!!!
Que celui qui n'a jamais pêché leur jette la première pierre!
Pour ma part je garde le souvenir du Père Igor, plus tard évêque Séraphim dans l'EOHF, qui était vraiment un évêque charismatique, malgré une vie de famille antérieure malheureuse !

En ce qui concerne les évêques, qui viennnent de la vie monastique, ce que nous attendons d'eux est qu'ils nous guident sur la voie de notre Salut.

Comme l'écrit Daniel :

des "vrais moines ayant sué sous la soutane au monastère.."

Car ces personnes, qui ont parfaitement appris à maîtriser les caprices de leurs corps sont certainement celles qui sont le plus à même de nous donner un exemple salvateur et de nous guider par la dimmension de la spiritualité, qui est la leur!

Mais en ce qui concerne un homme qui a été marié, qu'il soit veuf ou divorcé, lorsqu'il est devenu moine et ensuite évêque, il a traversé un nombre d'épreuves non négligeables dans son existence et il ne nous appartient certainement pas de lui manquer de respect pour cela!

Pour revenir au sujet de ce fil, je n'aime pas le titre du film de Guillaume Gallienne :

"Les Garçons et Guillaume, à table"

Pourquoi Guillaume est-il différent des garçons? est-il extérieur à la famille?
Ce titre laisse planer une interrogation qui, personnellement, ne me donne pas particulièremet envie de voir ce film...




Gardons nous de porter des jugements téméraires et faisons confiance à l'expérience des instances dirigeantes de nos églises.

9.Posté par Tchetnik le 24/11/2013 13:20
C'est à ce moment qu'on s'aperçoit que si des moines ne sont pas toujours compétents pour parler vie conjugale (même si beaucoup peuvent l'être), les gens du monde qui n,ont pas fait l'expérience de la vie monastique ont de cette dernière une vision franchement décalée. De même ceux qui parlent de la vie des prêtres, de leurs épouses et de leur familles sans jamais en avoir fait partie...

10.Posté par Tchetnik le 24/11/2013 17:18
Canon Apostolique 5:

5. Des prêtres qui renvoient leurs épouses.
Qu'aucun évêque, prêtre ou diacre ne renvoie son épouse sous prétexte de piété ; s'il la renvoie,
qu'il soit excommunié, et s'il persiste, déposé.

CQFD.

Les "épreuves" ne font pas la vérité ni la légitimité, surtout quand elles sont antinomiques vis à vis des idéaux évangéliques. Désolé.

11.Posté par Tchetnik le 24/11/2013 18:46
Comment enfin prétendre aimer Dieu qui est lointain si on a pas été capable d'aimer sa femme qui est juste à côté?
Et comment prétendre être un père pour une communauté quand on n'a pas su l'être dans sa famille?

Décidément certains ne se rendent plus compte des énormités qu'ils sortent.

12.Posté par Fabre Daniel le 25/11/2013 07:27
Pour Nicodème, c'es Eusèbe de Césaré qui, il me semble, dit que Saint Paul était marié.

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