Interview du Primat de l’Église orthodoxe russe aux journalistes japonais
Le 4 septembre 2012, à la veille de sa visite primatiale au Japon, le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a répondu aux questions des correspondants des grands médias japonais reçus à la résidence patriarcale et synodale du monastère Saint-Daniel.

Compagnie de télévision NHK :
Cette année, nous célébrons le 100e anniversaire de la mort de saint Nicolas du Japon. Quels sont les enjeux de la visite de Votre Sainteté au Japon ? Quelle appréciation donnerait Votre Sainteté de la vie de saint Nicolas du Japon ? Pensez-vous que sa vie contienne des éléments de modernité et si oui, quel est leur sens pour aujourd’hui ? Aucun traité de paix n’a à ce jour été signé, malheureusement, entre la Russie et le Japon. Par ailleurs, le président V. Poutine espère beaucoup des relations russo-japonaises. Sainteté, quelles sont, selon vous, les perspectives de développement des relations russo-japonaises ?

Patriarche Cyrille : Je commencerais par la fin et dirais qu’à mon avis nos perspectives de relations bilatérales sont excellentes. Nous sommes voisins, nous vivons les uns à côté des autres, beaucoup de choses nous lient, et l’Église orthodoxe est l’un de ces liens. Saint Nicolas est arrivé à Hokkaido il y a 150 ans, et c’est là qu’a commencé la magnifique mission qui a conduit à la création de l’Église orthodoxe japonaise.

J’aimerais souligner qu’à cette époque les relations entre le Japon et la Russie étaient très compliquées. L’archevêque Nicolas a traversé les dures années de la guerre russo-japonaise. Il semblait qu’il ne pouvait rien arriver de pire : les deux pays étaient en état de guerre. Et ce n’était pas une guerre sur le papier : on se tirait dessus. L’archevêque Nicolas, qui vivait au Japon, partageait la vie du peuple japonais. Personne ne voyait en lui un représentant d’un état ennemi. Il était réellement un ambassadeur, pas un simple émissaire de paix, mais un ambassadeur qui montrait respect et amour envers le peuple japonais malgré le contexte politique difficile et même dangereux.

Cela montre que les liens religieux entre les deux peuples ont un grand potentiel. Les hommes politiques œuvrent suivant les principes du pragmatisme politique. Les économistes, les hommes d’affaires sont mûs par les concepts de bénéfice, de plus-value. Les liens spirituels et culturels concernent les cœurs. Ces liens se mettent en place au niveau du cœur humain, c’est pourquoi on peut parvenir à une véritable réconciliation entre des peuples avec la participation active de la religion.

J’accorde une grande importance à ma visite. D’abord parce qu’elle me permettra de prier avec les orthodoxes japonais, de me souvenir d’un grand homme, d’un saint qui a consacré toute sa vie au Japon, qui s’est identifié au peuple japonais, qui a porté au peuple japonais la foi orthodoxe.

Par ailleurs, cette visite me permettra de visiter les lieux où vécut saint Nicolas et qui nous intéressent, nous en Russie. Mon voyage commencera par Hakodaté. J’arriverai à Hokkaido et referai le chemin de l’archevêque Nicolas.

J’ai l’intention de me rendre à Sendai, là où le peuple japonais a subi de plein fouet la violence des eaux. Vous savez que plusieurs églises orthodoxes ont été détruites. Sendai est le centre du diocèse oriental-japonais de l’Église orthodoxe au Japon et j’aimerais redire mon soutien au peuple japonais, prier avec les gens, commémorer les victimes, soutenir ceux qui ont perdu des parents et des proches.

Je présume que j’aurai des rencontres avec les représentants des autorités à Hokkaido et à Sendai. J’attends également de rencontrer Sa Majesté l’Empereur du Japon. En 2000, mon prédécesseur avait rencontré l’Empereur du Japon, et cette rencontre avait suscité une réaction très positive dans le monde entier, particulièrement en Russie. J’aimerais rencontrer cet homme remarquable qui apporte une si grande contribution à l’instauration de relations amicales entre les peuples.

Compagnie de télévision NHK: En Russie comme au Japon, l’Église est séparée de l’état suivant la Constitution. En même temps, l’Église orthodoxe russe influence visiblement fortement la politique du président V. Poutine. L’Église, dans l’Empire russe, était religion d’état. Ensuite, du temps de l’URSS, elle a été persécutée par le régime athéiste. Forte d’une histoire aussi complexe, comment l’Église orthodoxe russe définit-elle actuellement ses rapports avec l’état ? En quoi, suivant l’Église, consiste la responsabilité politique et sociale de l’Église en tant que principale communauté religieuse en Russie ?

Patriarche Cyrille
: L’histoire de l’Église orthodoxe russe est particulièrement dramatique. Avant la révolution, sous l’Empire, elle était incluse – indépendamment de sa volonté, pratiquement par la contrainte – à l’appareil étatique dont elle faisait partie. L’empereur était le chef de l’Église, toutes les décisions prises au nom de l’Église l’étaient en fait par les autorités civiles. Le statut de l’Église comme Église d’état, avec la participation active de l’état dans la direction de l’Église, lui a fait le plus grand tort. D’une certaine façon, le fait même de la révolution peut être rattaché au fait que l’Église n’avait pas, à l’époque, la possibilité de s’adresser librement à son peuple, y compris de dire la vérité sur la situation politique et économique, d’adresser au peuple une parole de réconciliation et de soutien : c’était interdit. Le tsar parlait au nom de l’Église.

Après la révolution, l’Église a été pratiquement anéantie. Des dizaines de milliers de prêtres, d’évêques, de moines, de moniales, des centaines de milliers de fidèles ont subi des répressions, et ensuite, pour la plupart, été fusillés. Leur seule faute était de ne pas correspondre aux normes idéologiques mises en place par l’état. Ils étaient considérés comme des ennemis idéologiques du régime. Aucune autre communauté religieuse du monde n’a autant souffert. Il s’agit pratiquement d’un génocide, de l’élimination des orthodoxes en Russie, dans l’ex-Union Soviétique.

Lorsque la Russie, de même que l’Ukraine, la Biélorussie et d’autres pays sont devenus des états libres, nous avons compris qu’était venu le temps où nous pouvions mettre en place un modèle convenable de relations entre l’Église et l’état. Nous avons clairement perçu que l’Église ne devait être imbriquée dans l’état, qu’il ne devait pas y avoir étatisation de l’Église, car la perte de la liberté dans la prise de décisions revient pour l’Église à diminuer ses moyens d’influence sur la société. Nous avons élaboré les principes de relations entre l’Église et l’état qui supposent leur autonomie, leur non-ingérence mutuelle dans les affaires des uns et des autres. En tant qu’Église, nous sommes libres de parler en notre nom, indépendamment de la position de l’état. Nos opinions se rejoignent sur un grand nombre de points, mais il y a des questions où elles ne coïncident pas tout à fait et d’autres sur lesquelles nous sommes en opposition. C’est ainsi que j’ai demandé il y a quelques temps que l’on introduise à la législation un certain nombre de positions concernant la défense de la famille, de l’enfance, concernant les avortements. Mes demandes n’ont pas été totalement entendues. C’est pourquoi lorsque l’on dit qu’en Russie l’Église est étroitement liée à l’état, ce n’est pas vrai, cela n’existe pas.

Quelle est la situation ? Nous collaborons sur certains problèmes tant au niveau fédéral qu’au niveau local. Nous collaborons dans la restauration des monuments culturels, dans l’éducation morale de la génération montante, nous collaborons dans le domaine de la culture. Notre collaboration dans le domaine social est particulièrement importante en ce moment. Nous collaborons également sur le plan du travail avec la jeunesse, c’est-à-dire dans les domaines où l’Église croit possible de collaborer.

Nous n’avons pas pour objectif d’influencer la politique des hommes d’état. Mais nous nous adressons au peuple, y compris aux autorités, nous leur adressons notre parole. Nous portons à notre peuple certaines valeurs, en premier lieu, naturellement, des valeurs morales, et nous insistons sur le fait que le principe moral doit être à la base de toute politique. La politique sans base morale ne profite ni à ceux qui mettent en place cette politique, ni à ceux qui sont l’objet de cette politique. C’est pourquoi, lorsqu’on parle de l’influence de l’Église sur la vie politique, c’est d’influence morale et non politique qu’il s’agit.

Il y a eu une époque, après la chute de l’Union Soviétique, où l’on nous conseillait vivement d’entrer en politique. La société cherchait alors une alternative au parti communiste. Il n’y avait rien pour le remplacer car il n’y avait pas d’autres partis. On s’est adressé à l’Église pour lui demander d’entrer en politique, d’envoyer des représentants au parlement ; on nous proposait même de choisir un candidat au poste de Président. Nous avons décliné toutes ces propositions, malgré les critiques de ceux qui disaient qu’à une heure difficile de l’histoire nous abandonnions notre peuple en rejetant toute responsabilité politique. Nous répondions que nous ne pouvions pas, que nos convictions nous interdisaient d’accepter des responsabilités politiques.

L’Église n’est pas un organisme politique. D’un autre côté, en exerçant une influence morale sur les rapports publics et personnels, l’Église influence indirectement la politique. Je pense qu’elle influence aussi la vie sociale. D’une certaine façon, elle influence aussi la manière de mener les affaires. Il y a des règles morales élaborées par l’Église que nous prêchons activement, parce que nous estimons que les affaires doivent aussi être fondées sur des principes moraux : il est intolérable de multiplier le mensonge, de commettre des crimes en menant une activité économique. En d’autres termes, l’Église est concernée par toutes les sphères d’activité publique, mais elle n’est pas concernée de façon pragmatique. Elle ne se fixe pas pour but d’obtenir certains privilèges, d’élargir son influence, elle aspire à porter aux gens la parole de la vérité chrétienne en se fondant sur l’Évangile. Telle est notre position.

Nos détracteurs colportent souvent des histoire, des histoires qui se répandent dans le monde entier car les clichés se répandent très facilement. Les clichés n’exigent pas d’effort intellectuel. On vous propose un cliché : l’Église en Russie est imbriquée dans l’état. Et les gens s’en vont répétant : « Vous savez, en Russie l’Église est imbriquée dans l’état ». Ou encore : « L’Église influence Poutine ». Donc c’est vrai, l’Église influence Poutine. En fait, peut-être l’Église a-t-elle une influence sur sa personne d’un point de vue chrétien, je n’en sais rien, je n’ai jamais mesuré le niveau de cette influence. D’autant que nous voulons influencer tout le monde, les hommes politiques comme les gens simples pour que le principe moral qu’enseigne l’Église soit intégré dans la conscience de notre peuple.
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Journal national « Iomiouri »
: Sainteté, permettez-nous de vous poser la question suivante. La Russie est en plein développement économique, elle s’affirme politiquement et élargit son influence dans le monde tandis que grandit son importance culturelle. Quel rôle joue l’Église orthodoxe russe dans ce processus ? A quel point collabore-t-elle activement avec les Églises orthodoxes d’autres pays, par exemple de Grèce ou de Serbie ? Aide-t-elle à la restauration des églises ou à relever les sanctuaires de ces pays ?

Patriarche Cyrille
: L’Église russe rassemble les fidèles orthodoxes de la Fédération de Russie, d’Ukraine, de Biélorussie, de Moldavie, des Pays Baltes, soit d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie, du Kazakhstan et des républiques asiatiques de l’ex-URSS. Par ailleurs, nous avons une très grande diaspora, on avance différents chiffres, mais ce sont plusieurs millions de personnes dispersées dans le monde entier. Nous avons la responsabilité pastorale de toutes ces personnes.

Concernant la diaspora, nous construisons des églises, nous ouvrons des écoles, nous participons avec l’état au travail culturel en aidant les gens à apprendre le russe. Dans beaucoup de pays nous aidons nos gens à s’intégrer dans la société où ils vivent. Notre approche est la suivante : nous sommes contre l’assimilation, nous sommes contre le fait que les Russes qui vivent en Amérique, en Allemagne ou ailleurs cessent d’être des Russes. Nous voulons qu’ils restent Russes, porteurs de la langue russe, orthodoxes. Mais nous sommes pour le fait qu’ils soient aptes à travailler et à vivre dans leurs nouvelles sociétés, qu’ils en connaissent les lois et soient prêts à les observer, qu’ils trouvent du travail et travaillent chacun selon sa spécialité. Il arrive souvent qu’un médecin à l’étranger ne puisse pas travailler en tant que médecin, de même que beaucoup d’autres spécialistes, qui ne sont pas considérés comme suffisamment qualifiés par les sociétés locales. En d’autres termes, nous nous efforçons de veiller sur nos gens de la diaspora.

Nous ne relions pas directement ce travail avec le renforcement du rôle et de l’importance de la Fédération de Russie dans les relations internationales parce que notre travail, encore une fois, n’est pas politique. Nous nous préoccupons des âmes humaines, des consciences humaines, de la culture. Nous le faisions même aux temps difficiles de l’Union soviétique. Nous continuons à le faire dans les conditions de liberté, peut-être plus efficacement et à plus grande envergure.

Quant aux relations avec les autres Églises orthodoxes, elles ont toujours existé. Même pendant la Seconde guerre mondiale nous avons maintenu nos relations avec les orthodoxes d’Orient. Dès la fin de la guerre, le patriarche Alexis I, mon prédécesseur, a rendu visite aux Patriarcats du Proche-Orient. Nous avons toujours agi de concert avec les Églises orthodoxes locales, y compris durant la période soviétique, et nous poursuivons ce travail maintenant. Et lorsqu’il se produit un malheur quelque part, nous nous efforçons de venir en aide.

Actuellement, l’Église serbe souffre beaucoup, particulièrement au Kosovo, de la destruction des monuments chrétiens, des églises, des monastères. Les Serbes vivent dans un environnement hostile, ils risquent souvent leur vie. C’est pourquoi nous aspirons à les soutenir, nous collectons des fonds pour la restauration des monuments, pour la construction d’un séminaire au Kosovo, pour différents projets sociaux, comme le projet dit « Cantine populaire » afin de nourrir les gens qui en ont besoin. Nous continuerons à l’avenir, car nous sommes solidaires des orthodoxes qui traversent des difficultés, même s’ils sont loin de la Russie.

J’aimerais dire la même chose de la Grèce. La Grèce est un pays européen naguère encore prospère. Elle traverse aujourd’hui une crise extrêmement grave. Bien qu’il y ait des gens riches en Grèce, et des gens à revenus moyens, beaucoup sont devenus pauvres. L’Église orthodoxe grecque nourrit ces pauvres, les gens qui n’ont plus de toit, qui ont tout perdu. Nous récoltons des fonds pour soutenir l’Église grecque dans son aide aux malheureux.......

SUITE Mospat

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 14 Septembre 2012 à 16:00 | 3 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Michel le 17/09/2012 04:02
Как Вам: "Patriarche Cyrille: L’histoire de l’Église orthodoxe russe est particulièrement dramatique. Avant la révolution, sous l’Empire, elle était incluse – indépendamment de sa volonté, pratiquement par la contrainte – à l’appareil étatique dont elle faisait partie. L’empereur était le chef de l’Église, toutes les décisions prises au nom de l’Église l’étaient en fait par les autorités civiles. Le statut de l’Église comme Église d’état, avec la participation active de l’état dans la direction de l’Église, lui a fait le plus grand tort. D’une certaine façon, le fait même de la révolution peut être rattaché au fait que l’Église n’avait pas, à l’époque, la possibilité de s’adresser librement à son peuple, y compris de dire la vérité sur la situation politique et économique, d’adresser au peuple une parole de réconciliation et de soutien : c’était interdit. Le tsar parlait au nom de l’Église." ?

2.Posté par Patriarch Kirill celebrates Divine Liturgy at Resurrection Cathedral in Tokyo le 17/09/2012 14:46
On September 16, 2012, the 15th Sunday after Pentecost, His Holiness Patriarch Kirill of Moscow and All Russia, while on a primatial visit to Japan, celebrated the Divine Liturgy at the Cathedral of the Resurrection in Tokyo. Among his con-celebrants were Metropolitan Daniel of Tokyo, primate of the Japanese Autonomous Orthodox Church, Metropolitan Varsonofy of Saransk and Mordovia, chancellor of the Moscow Patriarchate, Metropolitan Hilarion, head of the Moscow Patriarchate’s department for external church relations, Archbishop Varfolomey of Rovno and Ostrog, Archbishop Seraphim of Sendai, Bishop Sergiy of Solnechnogorsk, head of the Moscow Patriarchate’s administrative secretariat, Archpriest Nikolay Balashov, DECR vice-chairman, Archpriest Nikolay Katsuban, dean of the ROC Tokyo representation, and Japanese clergy.



Among the worshippers were Ye. Afanasyev, Russia’s ambassador to Japan, Ukraine’s ambassador N. Kulinich, Greece’s ambassador N. Tsamados, Romania’s ambassador R. Serban, Serbia’s ambassador Ms. B. A. Dragovic, and other diplomats.



The Patriarchal service, which was celebrated in both Japanese and Church Slavonic, was attended by numerous faithful of the Japanese Autonomous Orthodox Church and Russians living in Japan.

After the service, Metropolitan Daniel of Tokyo and All Japan greeted Patriarch Kirill, saying, ‘We are happy to greet you in Japan, in this church, and to participate together with you in the celebrations in honour of St. Nicholas of Japan’, who brought Orthodoxy to the Japanese land a century and a half ago. He founded a Church which exists to this day. ‘It often happens in history that human deeds are forgotten one hundred years later, but God’s deeds remain for centuries. God’s deeds were revealed through St. Nicholas to stay for ever. They live in the hearts of Japanese Christians. And though the history of our Church is only 150 year old, we believe it will live for hundreds of years. We will continue the task of St. Nicholas in the Japanese land, among Japanese people, in the Japanese language’.

Metropolitan Daniel also noted that a year and a half ago a terrible disaster befell Japan. A great number of people were affected; a considerable number of Orthodox churches were seriously damaged. The Russian Church responded to that misfortune. ‘At that time we could feel in full measure the love that the Russian Orthodox Church has for us and thanks to her support we continue to restore our churches and to reconstruct what was damaged’.

Addressing the congregation, Patriarch Kirill said:

‘Today in the Cathedral of the Resurrection in Tokyo, in a solemn and beautiful setting, with so many people who have flocked to the cathedral, we remember the centenary of the demise of St. Nicholas. Both in Hakodate and Sendai and in Tokyo, wherever I have come, whatever Orthodox place I have visited – everywhere I have seen a trace of the work done by Nicholas Equal-to-the-Apostles. For over 50 years of his service in Japan, the saint created a local Japanese Church, which numbered 33 thousand people. It is a striking result of the mission carried out by a one who came to Japan as quite a young man without any knowledge of the local language or culture but who identified himself with the Japanese people by absorbing the Japanese culture and uniting it with Orthodoxy. This effort brought such an abundant fruit in the persons of thousands and thousands of Japanese believers. The question arises: What was the secret of such a success?

‘Today’s Reading of the Gospel helps us to understand why St. Nicholas succeeded in enlightening over 33 thousand people by bringing them to Christ, why he became a great missionary. When asked which commandment was the greatest, Christ answered, ‘You shall love the Lord your God and your neighbour as yourself’ (cf. Mt. 22:37-40).

‘The commandment is law, a certain rule. Let us think however: can one come to love a person by a rule or a law? By law one can refuse to kill or to steal; one can refuse to deceive, though it is more difficult to do. But how can one love by law? The Lord said however that the commandment of love was the first and foremost one, that is, the first and foremost law for people.

‘In order to answer this question I would like here, in Japan, refer to the samurai wisdom, which you must know better than me. The samurais used to say that their way was the one of death, that a samurai must live as though his body were dead. Then he frees himself to become strong and independent of death, his fear disappears.
‘In today’s Letter of St. Paul to the Corinthians we also encounter words about death. The apostle says that we should carry about in the body the dying of the Lord Jesus, that the life of Jesus also may be manifested in our body (cf. 2 Cor. 4:10). In the works of every Holy Father, who wrote about it, we see the same interpretation: the death of Christ in our body is our ability to be crucified together with Christ, as it were, to assume crucifixion together with Him, not to kill our body but to kill and overcome fear which is in our nature.

‘Just as Christ ascended the Cross, sacrificing Oneself for people, so we, crucifying ourselves together with Him, open our hearts to the way of feat and sacrifice for the sake of another. It is through this self-sacrifice that the mystery of man’s love of God and another human being becomes open to us. God can give everyone the gift of love, and it often blazes up like gunpowder, brightly and instantly, with a great power. We know however that this fire often dies out. Indeed, for love to exist one should know how to scarify oneself. And when spouses dedicate themselves to each other, they scarify themselves for each other. When the same happens in relations between parents and children then there is love over which time has no power. It is a great power which transforms a person.

‘The secret of St. Nicholas’s success is that he lived by such love. He wholly dedicated himself to others. It is only the love of people and the strong faith in the Lord and love of Him that was the reason of this great missionary success. St. Nicholas taught people during his lifetime, but after his death, looking into his life and reflecting on his feat and the success of his mission, we also learn from him just as his contemporaries did it.
‘Love is tested in a special way by sorrows and suffering: it is easy to love in a situation of wellbeing, comfort and beauty, but it is much more difficult to love when disease, misfortune or disaster befalls your loved ones. But it is against the background of grief, misfortune and disasters that the beauty of this greatest feeling, which God was pleased to put in the basis of human relations, becomes so vivid.

‘Speaking about it, I mean in the first place the terrible disaster that befell the Japanese people a year and a half ago. The whole world admired the way in which the Japanese struggled with that element, showing solidarity, discipline, self-sacrifice and mutual help. People in Russia took that catastrophe close to their hearts. The terrible pictures of the flood, of the formidable wave of the ocean shocked the consciousness of millions. They began to respond with all their hearts by, among other things, raising funds for giving aid.

‘Today that tragedy is already behind, but its traces are still visible. I have had an opportunity to see them with my own eyes when I was in Sendai where I continued to commemorate all who died and asked the Lord to forgive their sins and to accept them in His Kingdom. We pray for the prosperity of the Japanese people, so that the Lord may protect you against such terrible shocks and help all to live in peace, accord and unanimity, growing from strength to strength.

‘Marking the centenary of the demise of St. Nicholas of Japan, we pray to him that he may intercede before God for His mercy for the peoples of Japan and Russia. We pray that the good feelings aroused by the terrible tragedy may not die out, that good relations between countries and nations may grow through the awareness of the fragility of human life.

‘We believe that St. Nicholas, who belonged at the same time to Japan and Russia and was a spiritual bridge uniting our nations, intercedes for us so that there may be a great number of such bridges today, many ties to hold the two neighbouring nations strongly together in unanimity and as much as possible in love’.

Patriarch Kirill also stated that the Holy Synod of the Russian Orthodox Church resolved to establish the Order of St. Nicholas Equal-to-the-Apostles, Archbishop of Japan. The first person to be decorated with this Order of the First Degree was the primate of the Japanese Autonomous Church, Metropolitan Daniel. His Holiness also presented him with a commemorative pectoral icon and a cross. Among those who were decorated with the Order of St. Nicholas of Japan (Degrees II and III) were Archbishop Seraphim of Sendai, Protopresbyter Justin Yamaguchi, Archpriest Savva Onami and Archdeacon Paul Matsura.

Patriarch Kirill presented the Japanese Church with a portrait of St. Nicholas and an Icon of Our Lady of Tikhvin.

***



The Cathedral of the Holy Resurrection is known in Japan as Nikolay-do. The first church was built in 1871 when the Japanese Orthodox Mission led by Archimandrite Nikolay (Kasatkin) moved to Tokyo. The domestic Chapel of St. Nicholas was too small, and immediately after his episcopal consecration, Bishop Nicholas began raising funds for the construction of a cathedral in Tokyo, preaching throughout Russia. He managed to collect over 130 thousand roubles.



In March 1884, the foundation of the cathedral was laid on Surugadai Hill next to the Orthodox Mission. In February 1891 the Cathedral of the Holy Resurrection was consecrated. Cesarevich Nicholas, heir to the Russian throne, timed his visit to Japan to the consecration of the cathedral. However, he was not to reach Tokyo because of the attempt made on his life in Otsu.



In 1917, the Cathedral of the Resurrection, just as the whole Japanese Mission, was deprived of the financial support from Russia. The seminary and the women’s school were also closed.



The great earthquake in Kanto on September 1, 1923, caused an enormous damage to the church. During an urgent council convened in October 1023, it was resolved that the Church of the Resurrection be restored despite the radical decrease in the number of parishioners. The restored cathedral was consecrated in December 1929.



In 1946, the state of the church was described as neglected. The metal fence and copper sheet from the roof were sold. Worship serviced was almost discontinued.



Services were resumed in 1949. In December 1950, a Tripe Committee, consisting of Japanese, Russians and Greeks, was established at the church to raise funds for the repair of the cathedral.



In 1962, the Cathedral of the Resurrection was granted the official status of major cultural monument in Japan.

3.Posté par Le Patriarche Cyrille célèbre la Divine liturgie à la cathédrale de la Résurrection de Tokyo le 17/09/2012 18:10
Le 16 septembre 2012, 15e dimanche après la Pentecôte, le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, en visite au Japon, a présidé la Divine liturgie à la cathédrale de la Résurrection de Tokyo. Concélébraient le métropolite Daniel de Tokyo et de tout le Japon, Primat de l’Église orthodoxe japonaise autonome, le métropolite Barsonuphe de Saransk et de Mordovie, chancelier du Patriarcat de Moscou, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, l’archevêque Bartholomée de Rovno et d’Ostrog, l’archevêque Séraphim de Sendai, l’évêque Serge de Solnetchnogorsk, directeur du Secrétariat administratif du Patriarcat de Moscou, l’archiprêtre Nicolas Balachov, vice-président du DREE, l’archiprêtre Nicolas Katsiouban, recteur du métochion de l’Église orthodoxe russe au Japon, les clercs japonais, l’archidiacre Vladimir Nazarkine, assistant du président du DREE.

Assistaient à l’office l’ambassadeur de la Fédération de Russie au Japon, E. V. Afanassiev, l’ambassadeur d’Ukraine, N. Koulinitch, l’ambassadeur de Grèce N. Tsamados, l’ambassadeur de Roumanie R. Serban, l’ambassadeur de Serbie B. Dragovic et différents membres du corps diplomatique. De multiples fidèles de l’Église orthodoxe japonaise autonome et de Russes expatriés au Japon assistaient également à cette Divine liturgie célébrée en japonais et en slavon.

Au cours de la petite entrée, le Patriarche a élevé à la dignité d’archimandrite le hiéromoine Guérassime (Chevtsov), moine de la Laure de la Trinité-Saint-Serge affecté à la cathédrale de la Résurrection de Tokyo.

A l’issue de la liturgie, le métropolite Daniel de Tokyo a adressé queslques mots de bienvenue au Patriarche Cyrille. Il a souligné qu’un siècle et demi s’était déjà écoulé depuis le temps où saint Nicolas avait apporté l’Orthodoxie sur le sol japonais et fondé l’Église qui existe toujours aujourd’hui. « Il arrive souvent dans l’histoire qu’en cent ans l’œuvre d’un homme soit oubliée, mais les œuvres de Dieu demeurent dans les siècles. Les œuvres de Dieu manifestées par saint Nicolas resteront à jamais, elles vivent dans les cœurs des chrétiens japonais. Et bien que l’histoire de notre Église ne soit pas longue et compte en tout et pour tous150 ans, nous croyons qu’elle durera des centaines d’années. Nous continuerons l’œuvre de saint Nicolas sur le sol japonais, parmi nous, Japonais, en langue japonais ».

Le métropolite Daniel a rappelé que l’Église russe, suivant le commandement du Seigneur, avait réagi aux catastrophes qui a touché le Japon il y a un an et demi faisant de nombreuses victimes et détruisant un certain nombre d’églises orthodoxes. « Nous avons alors senti toute la mesure de l’amour de l’Église orthodoxe russe et, grâce à son soutien, nous poursuivons la restauration de nos églises, nous continuons de relever ce qui a été détruit ».

S’adressant à l’assistance, le Patriarche Cyrille a parlé de sa joie à visiter le Japon à l’occasion du centenaire du bienheureux trépas de saint Nicolas du Japon.

« Partout où nous passons, à Hakodaté, à Sendai, à Tokyo, nous voyons la marque du travail de saint Nicolas égal-aux-apôtres. En une cinquantaine d’années de ministère au Japon, le saint a créé une Église locale qui comptait plus de 33 000 fidèles. Tel est l’extraordinaire bilan de la mission de celui qui, arrivé tout jeune homme au Japon, ne connaissant ni la langue ni la culture du pays mais, s’identifia au peuple japonais, s’imprégna de sa culture et, l’ayant unie à l’Orthodoxie, a donné un fruit aussi abondant en la personne de milliers et de milliers de Japonais ayant cru à la parole de Dieu. Et la question du secret de sa réussite se pose, en quoi consiste-t-il ?

La lecture de l’évangile d’aujourd’hui nous aide à comprendre pourquoi saint Nicolas est parvenu à évangéliser plus de 33 000 personnes, à les convertir au Christ, pourquoi il a été un si grand missionnaire. A la question « quel est le plus grand commandement ? », le Sauveur répond : « Aime le Seigneur Dieu et ton prochain comme toi-même » (Mt 22, 37-40).

Un commandement, c’est une loi, une sorte de règle. Mais en y réfléchissant, peut-on aimer quelqu’un pour obéir à la règle, conformément à la loi ? L’observance de la loi empêche de tuer un homme, de voler. On peut, bien que ce soit plus difficile, ne pas tromper pour observer la loi. Mais comment peut-on aimer par obéissance à la loi ? Et pourtant, le Seigneur dit que le commandement de l’amour est bien le premier et le principal commandement, c’est-à-dire la première et la principale des lois.

Pour répondre à la question, j’aimerais, ici, au Japon, faire référence à la sagesse des samouraïs : vous la connaissez sans doute mieux que nous. Les samouraïs disaient que leur chemin est un chemin de mort, que le samouraï doit vivre comme si son corps était mort. Il se libère alors, devient fort, indépendant de la mort, la peur disparaît.

L’épître de saint Paul que nous lisons aujourd’hui parle aussi de la mort. L’apôtre dit que nous devons porter la mort du Seigneur Jésus Christ dans nos corps pour que la vie en Jésus nous appartienne (II Cor 4, 10). Tous les Pères qui ont commenté ce message disent que la mort de Jésus dans notre corps, c’est la capacité à être crucifié avec le Christ, à accepter avec Lui la crucifixion et, tout en étant crucifié avec Lui, de ne pas tuer notre corps, mais de tuer et de dépasser le péché qui est en notre être.

(…) Le secret des travaux de saint Nicolas tient à ce qu’il a vécu de l’amour. Il s’est donné aux autres sans rémission. L’amour envers le prochain, la foi intense dans le Seigneur et l’amour envers Dieu sont la cause de son extraordinaire réussite missionnaire. Saint Nicolas a enseigné les gens durant sa vie, mais nous continuons à apprendre de lui comme le faisaient ses contemporains, en étudiant sa vie, en réfléchissant à l’œuvre de sa vie et au succès de sa mission.

(…) L’amour se laisse éprouver par les afflictions et les souffrances : il est facile d’aimer dans un contexte de prospérité, de confort, de beauté ; il est bien plus difficile d’aimer lorsque nos proches sont frappés par la maladie, le malheur ou le chagrin. Mais c’est justement sur le fond du chagrin, du malheur ou des catastrophes que la beauté du grand sentiment dont Dieu a voulu faire la base des relations humaines se révèle le mieux.

Je pense en particulier à la terrible catastrophe qui a frappé le peuple japonais il y a un an et demi. Le monde entier a admiré la solidarité des Japonais, leur esprit de discipline et de sacrifice les voyant s’entraider pour mieux lutter contre les éléments. Cette catastrophe a beaucoup touché le cœur des Russes (…)

Aujourd’hui la tragédie appartient à l’histoire, mais ses traces sont encore vivantes, et j’ai pu le constater en visitant les lieux de la catastrophe à Sendai (…) Nous prions pour la prospérité du peuple japonais, pour que le Seigneur vous garde de ces terribles bouleversements et vous aide à vivre en paix (…)

En ce centenaire de la mort de saint Nicolas du Japon, nous le prions encore pour qu’il nous obtienne la condescendance divine envers les peuples du Japon et de la Russie. Nous prions pour que les bons sentiments que la tragédie a suscité ne meurent pas, mais qu’en naissent de bonnes relations entre les pays et les peuples ayant conscience de la fragilité des créations humaines et de la vie humaine.

Nous croyons que saint Nicolas, qui appartient à la fois au Japon et à la Russie, qui a été un pont spirituel entre nos peuples, prie pour qu’aujourd’hui se dressent de nombreux ponts semblables, de multiples liens qui tiendraient fermement dans la concorde et l’unité de pensée, et, si possible, dans l’amour, deux peuples voisins. »

Le Patriarche Cyrille a ensuite annoncé que le Saint Synode de l’Église orthodoxe russe, tenant compte de l’immense importance du grand évangélisateur du Japon dans l’histoire de l’Orthodoxie, a décidé de créer un ordre de Saint-Nicolas-archevêque-du-Japon. Le premier de degré de cet ordre est pour la première fois décerné au métropolite Daniel, Primat de l’Église orthodoxe japonaise autonome.

D’autres décorations ont été remises à de nombreux ecclésiastiques et dignitaires de l’Église japonaise.

Le Patriarche Cyrille a également offert à l’Église orthodoxe japonaise autonome un portrait de saint Nicolas et une icône de Notre Dame de Tikhvine. SUITE MOSPAT

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