L'art de rien
Xenia Krivochéine: "La Beauté sauve le monde? ou " L'art de rien"

Londres (Reuters) – Une galerie d'art à Birmingham présente une version radicale de l'art conceptuel n'exposant absolument rien sur ses 230 mètres carrés. Ni peinture, ni sculpture, rien que des murs blancs sont proposés au regard des visiteurs de la Custard Factory, rapporte la presse de mardi. Cette "exposition à composer dans sa tête" et dont le seul catalogue est constitué de quelques phrases écrites sur des morceaux de papier ou des tickets de bus, a suscité des réactions pour le moins mitigées.C'est une manière de tester la réaction des gens, d'analyser les questions qu'elle soulève", a expliqué Stuart Tait, le co-organisateur de l'exposition.

Il est devenu manifestement futile de nos jours de répéter après Dostoïevski "La beauté sauvera la monde !". On est plutôt enclin à se demander si il y a un salut pour la beauté? La Beauté qui est une notion, par excellence, complexe et difficilement définissable. L'humanité lui a conféré un riche sens philosophique, ces derniers siècles des appréciations objectives se sont constituées, des objets de la Beauté ont pu être définis. Les enfants sont capables de très bien dessiner, ils différencient parfaitement le beau du laid. Leur sensibilité encore non corrompue leur permet de séparer le vrai du faux, la vérité du mensonge. C'est sous la pression de "l'environnement" que, devenus adultes, ils perdent cette immunité naturelle. Je suis à peu près convaincue de ce que chacun d'entre nous naît avec une perception quasi-infaillible de la Beauté.

L'art de rien
Si l'homme moderne n'ose pas, équipé comme il l'est d'un regard "éduqué" affirmer que Raphaël est plus beau que Picasso, il reste à même de distinguer un être beau d'un être laid ou un paysage splendide d'une terne banlieue…
Pourtant l'écrasante majorité de la population est privée de toute perception esthétique. L'architecture bétonnière, les cités anonymes, le prêt à porter soldé, la littérature de gare, les séries à la télé… châtrent l'homme de la faculté de percevoir le Beau.

Qui a maintenant le désir et le temps d'aller dans les concerts et les musées? Quant à "la masse", elle n'en éprouve même pas le désir?

Cela posé, nous voyons que les amateurs, éclairés ou "spontanés" sont foule pour passer des heures à admirer, à contempler, à s'imprégner de la beauté que véhiculent des installations constituées, à titre d' exemple, par des cuvettes de WC en quinconce (Ilya Kabakov)… C'est aux guichets du Louvre, de l'Ermitage, du Prado que l'on trouve de longues file d'attente de spectateurs mus par l'amour du beau et par une certaine empathie…

Le terrible XX siècle, celui que nous avons "fait", a "démonté" les vues et les goûts accumulées par l'humanité. Il m'est évident que le Créateur, la foi qu'il suscite qui sont à la source de toute œuvre plastique, littéraire ou musicale. L'ensemble des Muses, la peinture, la poésie, l'architecture, la musique par elles inspirées ont œuvré à trouver le juste rapport entre la beauté divine et la beauté "idéale". Car c'est bien en cela qu'est l'essence et le fondement de l'Art qui "s'occupe" de la Beauté tandis que l'Esthétique ordonnance la philosophie des arts.
Le siècle qui vient de s'achever s'est débarrassé des valeurs éternelles et nous a apporté "les spécificités" de son regard subjectif, le culte du Moi, le blasphème à l'égard de l'essence même du Beau, de tout ce qui pouvait encore survivre dans ce monde sans Dieu.

Comment ne pas mettre en rapport cette décomposition de l'âme et l'idée communiste qui a pris forme au XX e siècle?

Bolcheviks, trotskistes, tout ce concert de forces destructrices étaient possédés par l'idée de construire "le paradis sur terre", de l'utopie dans l'égalité et le bonheur, d'installer leur beauté à eux. Ils n'ont pas mal réussi.
Le mal de la propagande destructrice athée a trouvé à se loger dans les Arts et à polluer les esprits de plusieurs générations, ceci dans le monde entier.Quoi de plus éloquent que Sartre disant que pour lui "tout anticommuniste est un chien !"La Terreur en France est peu de choses par comparaison à la révolution bolchevik qui a vraiment excellé dans la destruction et le pillage des églises, la profanation des saintes reliques, les bûchers d'icônes ! Le communisme et ses "merveilleux" idéaux d'avenir radieux a exterminé non seulement ses ennemis visibles, ceux qui exprimaient leur refus par des mots mais aussi ses ennemis "muets", tout ce qui est beau. Les premiers étaient fusillés et déportés, les seconds incendiés, dynamités… De nouvelles idoles, étalons de la beauté nouvelle, étaient érigés sur les ruines des monuments détruits.

Malheureusement cette esthétique fondée sur la destruction et la mise en place de valeurs inédites à partir de zéro n'est pas restée entièrement stérile. Pablo Picasso a été perçu comme le vecteur de cette nouvelle beauté; il suffit aujourd'hui d'un simple regard sur ce qui nous entoure pour constater que les manifestations du mal et de la laideur sous des aspects attrayants sont devenues banales.Tel un dragon fulminant la civilisation moderne dévore tout sur son chemin.

L'homme ne vit que par sa peur du lendemain.

L'absence de Dieu a plongé les âmes dans la solitude, nos sentiments sont réduits à la frayeur quotidienne de l'Apocalypse. .. La misère de l'esprit a émoussé le potentiel des créateurs. Ceux qui étaient à même d'admirer leur œuvre ont été voués au même sort. Ce n'est plus que dans les Musées que nous pouvons, au XX e siècle, nous délecter d'exemples d'amour et de sollicitude à l'égard de la Beauté. Ce que nous présentent les galeries nous laisse souvent l'impression d'avoir été nargués. Vers la fin du millénaire les innombrables manifestes de la révolution esthétique, toutes les écoles et chapelles nouvelles dont il se faisaient les chantres ont commencé à manifester des signes d'essoufflement, à donner des ratés. Etant allé aux extrêmes, ayant pour ainsi dire mis leurs tripes à l'air pour les faire admirer les artistes ne savaient plus quoi entreprendre pour se rendre intéressants et aimés non seulement par eux-mêmes mais aussi par le public. Toutes les écoles d'art, de métier dans le sens noble du mot ont disparu, l'amateurisme et l'auto expression sans bornes sont venues s'y substituer, ceci dans le vain calcul de réinventer la bicyclette…

A quoi doit s'attendre l'humanité dans le siècle qui vient de commencer, la Beauté trouvera-t-elle le fil d'Ariane qui la guidera vers la sortie du labyrinthe-impasse où elle s'est enfermée? La destructrice idéologie communiste, en pleine décadence, cherche fébrilement où désormais se loger…Le Mal, s'il détecte un lieu inoccupé se précipite pour l'investir, s'y incorporer.Il est rapidement allé se loger dans le fanatisme islamique avec sa kyrielle d'actes terroristes, sa volonté d' anéantir tout ce qui ne lui appartient pas. L'exécution au mortier des Bouddhas millénaires afghans ressemble furieusement au dynamitage d'églises par les bolcheviks dans les années trente.

C'est au XX e siècle qu'a vu le jour la muse du Septième art, celle du cinématographe. L'émergence de la télévision, la marche triomphale de la photographie et du cinéma ont fait reculer les six Muses "primaires" dans leurs derniers retranchements. Les films documentaires, la facilité avec laquelle on tire au polaroïd un portrait, un paysage ou une nature-morte avaient déjà plongé dans une profonde crise la peinture réaliste de la fin du XIX e siècle. Les actualités, puis la télévision ont placé le monde devant le reflet de la violence, des guerres, du naturalisme, de l'inhumanité et de la dépravation "en temps réel". Les metteurs en scène du cinéma ont damé le pion à leurs collègues du théâtre ce qui n'a rien d'étonnant. Le théâtre et ses conventions assez restrictives ne peuvent rivaliser avec les effets monstrueux du grand écran.

Le grand et le petit écrans ont conduit les humains à cesser de lire, de comprendre et d'écrire des poèmes tandis que la musique classique, l'opéra et le théâtre sont devenus des objets de luxe élitaire. Comment trouver des mots pour expliquer ce que je ressens à la vue des musées modernes d'art moderne bâtis en fonction de la taille des œuvres qui ont vocation à y être montrées? Des musées aux salles vides dans lesquelles les pas des rares visiteurs font écho. Le début de ce texte donne de cela un parfait exemple.

Quelle tristesse que de constater que l'Esprit et l'Imagination sont en chute libre…

Ces belles qualités que nous a conférées le Créateur ont, grâce l'inspiration et au savoir-faire, ont produit tout l'Art du passé. Il ne reste aujourd'hui qu'à faire contempler des murs vides, témoins de la vacuité de nos âmes.Vouloir faire plaisir provient de la décadence de l'art (murs vides = absence de tout art), de sa complète paupérisation spirituelle, souvent de sa simple non-existence. C'est la vérité et la vie même que cette tendance ont mis aux abonnés absents!
La Beauté, l'Esthétique ne peuvent et ne doivent se limiter à être une source de plaisir, dans ses manifestations les meilleures l'art demande de l'effort, de la persévérance, de la souffrance et de la compassion, de l'inspiration, enfin, chez celui qui crée l'œuvre d'art.

Toute tentative de donner une définition à la beauté n'a avec l'esthétique qu'un rapport indirect. Cependant Beauté, Esthétique, Art sont trois catégories inséparables l'une de l'autre. Afin de pouvoir ne fût-ce qu'approcher la définition de ce qui est objectivement beau il aurait été nécessaire d'analyser l'ensemble des œuvres du passé, du présent et, bien sûr, de l'avenir, ce qui est impossible. Cependant le cadre, à la fois abstrait et précis qui est celui de la beauté peut nous indiquer le degré de "conformité" de telle ou telle Ecole, tel ou autre siècle, pays, compositeur, peintre ou architecte.

Flaubert disait que chaque atome contient des éléments de beauté. Dès le XIX e siècle la nature et son esthétique sont présents dans la vie de chaque artiste. La Nature est belle totalement, sans exception et sans restriction. L'artiste se doit d'apprendre à la contempler et à choisir. La beauté de l'art est, selon les critères de l'esthétique, inférieure à celle de la réalité.
Emile Zola disait que les goûts du XIX e siècle ont été le début de la fin et l'impasse du XX e siècle. Zola et ses amis réalistes estimaient que l'indifférence à l'égard du sujet sert de point de départ au réalisme. Cette approche aide à mieux comprendre bien des choses qui se sont passées plus tard.

Le divorce de l'art et du sacré a été marqué par une grave crise de la Beauté.

L'artiste, son œuvre se détachent de leur conscience religieuse et sont voués à une longue errance avant de pouvoir retrouver à nouveau l'orientation perdue. Or, c'est dans une perception affective et idéale de la beauté que se fonde cette orientation. Je reste persuadée, et cela d'autant plus de nos jours, que celui qui a fait escale, qui a ralenti son cheminement dans la vie afin de parachever ses perceptions artistiques trouvera immuablement sa récompense. Pour en revenir au début de mon exposition sur la chute et la dégradation de l'Esthétique de la beauté j'aimerai revenir à des évènements d'il y a deux mille ans.

C'est la Foi qui a formé l'Art

A partir du IX e siècle, quand la basilique Sainte Sophie est érigée à Constantinople commence l'époque la plus fructueuse, la plus belle de l'architecture, de la mosaïque, de la peinture mondiale. Cette époque dure jusqu'à la construction de Saint Pierre de Rome. A la Renaissance les artistes se sont souvenus de l'architecture grecque, de la section d'or, de ses autres critères. Giotto, Fra Angelico, Fra Filippo Lippi et Boticelli atteignent la perfection dans la réunion de l'Art, de la Foi et de la Beauté. C'est pratiquement en même temps que Dante conduit la poésie vers ses cimes les plus élevées. Mais, et j'insiste, ces cimes ont marqué le début et le début de la fin de la perfection de la Beauté pure des formes qui, toujours pendant la Renaissance, commence à perdre de sa cohérence et se lance à la recherche d'un sens nouveau pour l'Art, comme pour la vie.

Cette sémantique de la Beauté (et de son inutilité) conduit vers cet engouement à l'égard de la beauté du réel, à "l'indifférence envers le sujet" dont parle Zola. L'étape suivante de cette recherche, c'est peut être une coïncidence, est l'apparition au XIX e siècle de la photographie. La photographie qui n'est pas, comme nous le savons, "œuvre manuelle" donc manifestation suprême de l'énergie vitale. La photo résulte plutôt "d'un flash" de la perception, d'une mise en cadre, d'une impression, d'un moulage de "la vie". .. L'Esthétique de la Beauté qui a été celle du Créateur a toujours été le résultat d'une excitation suprême des forces spirituelles. Et, bien sûr, de la tension, de l'émotion, de l'émerveillement et de l'inspiration du créateur…La psychologie de la création, qu'il s'agisse de l'artiste ou du spectateur, se résume au plaisir le plus intense possible ainsi qu'à l'extension de ses forces spirituelles, au dépassement de soi. L'appareil photo ou la camera ne sont pas à même de se substituer chez l'artiste ni à son âme, ni à ses émotions, ni remplacer ses pinceaux, ses couleurs, sa mobilisation intellectuelle et émotionnelle.

Autre coïncidence fatale pour la Beauté, je l'ai déjà mentionné au début, - c'est simultanément que prend forme l'idéologie du communisme matérialiste destructeur.

Les résultats, la production de ce système ne sont comparable qu'aux articles les plus rudimentaires des "arts premiers". Nous voyons s'épanouir la chorale d'amateurs et le "kozatchok", la décoration décorative, les incantations militaro-patriotiques, la chanson de parti, d'usine, de kolkhoz, les feux de joie, l'adoration des idoles (Lénine, Staline, Hitler). L'homme premier se laissait aller à la force incantatoire des danses et des rythmes. Il en est de même de l'art du XX e siècle, rythme d'envoûtement à base de refrains ouvriers ou militaires qui électrise la masse dans le triomphe du principe ludique le plus primitif.

Le philosophe Buchner a montré que les chants et les danses ont émergé du travail même, que c'étaient des chants de travail ayant les rythmes du travail. Les rites shamaniques de chasse, de pêche, de travaux des champs ont la même portée. "Rien de plus utile pour l'homme primitif, -selon Nietzsche -, que les rythmes, car sans les rythmes il n'était rien, avec eux il devient une quasi-divinité".
Souvenons-nous des marches nazies, les hymnes et les rengaines militaires de l'URSS, comme c'est ressemblant?

L'art de rien
La musique à l'occasion des fêtes, ses paroles, ses vocalises était l'apothéose des rythmes incantatoires. Les rites festifs sont un concentré de l'art primitif. L'art devient apparent et visible dans l'extase festive, les interprètes et les spectateurs connaissent un véritable état fusionnel.

Il en était de même en Grèce antique, le spectateur faisait siennes les émotions des acteurs et participait pleinement, dans cet élan, à l'action théâtrale. Si étrange que cela paraisse la mentalité de l'homo sovieticus était très ressemblante à celle des gens du Moyen-Age, l'expressivité artistique devenait un objectif en soi pour l'homme festif, les gens vivaient d'une fête à l'autre, se préparant à de nouveaux hymnes, chants et danses .

Tout ceci est présent dans l'œuvre de Maïakovsky, Tatlin, Leger, Picasso et de nombreux autres prosateurs, peintres et poètes et compositeurs dans le monde entier. Avec l'avènement du communisme ils s'étaient attelés à la glorification des travailleurs, "de la fraternité et de l'égalité" avec leurs spectateurs dans le rythme de leurs vers et de leur prose. Comment s'imaginer l'esthétique du futur en partant de l'analyse de l'art de maintenant? C'est Kant qui a adjoint à la catégorie de Beauté celle "d'élévation". Il a établi que notre raison qui pense et contemple est faite de sorte qu'elle donne à l'homme "la possibilité" ou "la chance" de s'élever au-dessus de ses frayeurs et de sa misère. En se réappropriant la faculté de contempler, l'homme peut à nouveau éprouver du plaisir et donc se trouver une place dans le champ de l'esthétique du beau.

Nous sommes aujourd'hui privés de tout plaisir provenant de la contemplation de la production artistique, qu'elle soit auditive ou visuelle.Nous sommes obnubilés par la peur d'exister, par la démonstration quotidienne des souffrances des autres, nous sommes oppressés par les films d'épouvante, les cimaises vides, les installations, les monstres des défilés de mode, femmes ou hommes, à l'expression sépulcrale," les venus et les apollons " d'aujourd'hui. .. L'homme vaque à son quotidien tandis que sa Volonté est totalement bridée, alors que c'est la Volonté qui, dans une grande mesure, est le moteur de l'existence humaine.

L'homme moderne a l'impression que ses choix sont manipulés par des forces obscures.
Aliéné de sa volonté l'homme tombe dans un état d'attente, d'incompréhension des idées et des formes. S'il a un penchant pour la philosophie, l'homme aspire aux idées pures, le génie, veut maîtriser les idées et les formes, l'étape suivante étant naturellement la conscience de l'Esprit, de Dieu, de la Foi.
Je reste persuadée que si l'humanité n'aboutit pas à cette prise de conscience, la Beauté ne sera plus des nôtres dans l'avenir.

Cet article fait partie de:
"Hybris- Titanique XX siècle"








Rédigé par Xenia KRIVOCHEINE le 24 Octobre 2012 à 13:50 | 4 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par TJM le 31/10/2012 22:45
Je suis un peu excédé par ce genre de "réactivisme" qui relève de ce que Miguel de Unamuno appelait le cultéranisme... Je pense sincèrement que cette trop fameuse phrase de Dostoïevski est un leitmotiv facile qui ne relève pas des intuitions majeures de ce grand poète... Autrement plus adéquate à nos temps est cet autre aphorisme où il relève que si la vérité (avec un "v") devait se trouver hors du Christ il préférerait demeurer avec le Christ... lequel, à en croire les Pères eux-mêmes n'était pas "beau" voire pas du tout ! Et nous rejoignons ici encore Dostoïevski dont la plupart des "héros" ne relèvent pas du tout des critères esthétiques, bien au contraire (poivrots, joueurs, "idiot", assassins, prostituées...mais à qui d'autres c'est adressé Notre Seigneur ? ). La beauté antique ou classique, qui serait le summum bonum, ne relève le plus souvent que de "l'harmonie" (et quoi de plus disharmonieux qu'un corps humain écarteléssur la croix, quoi de plus "infâme) qui n e relève elle, le plus souvent que d'un sens très "moyen" de la morale moraliste (celle des scribes et des pharisiens)...

Oui la nature est la "norme" qui nous entoure et nous englobe, attention de n'en point faire une idole ou un "idéique" (au sens de l'affreux néo-platonisme) car la "nature" (en l'état actuel des choses) c'est aussi la pourriture ou le cadavre écrasé d'un beau renard dévoré par les corneilles sur le bitume froid d'une route départementale bordée par les "mauvaises" herbes... Le Christ est incarné dans l'histoire et l'histoire nous devons faire avec et témoigner en elle avec tout et en tout ce qu'elle est, non en ce que nous aimerions qu'elle soit (la fameuse petite "voix méconnue du réel" -cf. R. Girard)... La beauté classique ou antique est aussi et surtout source d'idolâtrie, de fausse contemplation... Bien sûr une écrasante majorité de la production actuelle de "l'art contemporain" (l'AC pour éviter de le nommer "art" comme le dit très justement Aude de Kerros) est un fatras inodore et incolore fait pour matelasser la couche de quelques malins, bien sûr il introduit un bruit de fond délétère. mais, en effet, il correspond à ce que nous sommes devenus... il est un écho néantisant de notre propre négation et, précisément, les réactions "culturanistes" ne font, à mon sens que le propager...

Pour en revenir à Dostoïevski il me semble vraiment, par delà cette "petite" phrase promouvoir l'exemple de cette compréhension globale chrétienne des arts actuels, à savoir que les chrétiens (qui doivent vraiment cesser de se croire ou de se vouloir majoritaires et agir en tant que minoritaires n'ayant pas "voix au chapitre" et, de ce fait même être les plus efficaces, non en terme d'actualité immédiate -ce à quoi tend par défaut le réactionnisme "cultéraniste" - mais en terme eschatologique-de ce qui ad-vient...) devraient enfin, donc, entendre... à savoir que Christ pour nous sauver est descendu aux enfers, oui, jusque là et sans tenir de discours sur ce qui est "beau" ou "laid"... Il faudrait ardemment rappelé cet "agraphon" dont Sikelianos à fait un poème et qui évoque le Christ perdu dans la contemplation d'un cadavre de chien ou de chacal en décomposition dont les dents restés intacts étincelaient au soleil et dans lesquelles Il apercevait un éclat présent du Royaume à venir... (thème dont, en eut-il connaissance ou pas je l'ignore, Baudelaire, considéré comme le "chef de file" du modernisme en poésie, à fait le magnifique poème que l'on sait...).

La "beauté" a aussi ces "terrifiances", l'Inde le sait (Kali et autres représentations qui subjuguent), elle à aussi ses terreurs et ses déviances (longtemps les "maîtres " européens du "sublime" ont considéré que les chants byzantins ou slaves étaient de pures monstruosités... )... Or, nous le savons, pourtant, Christ a refusé de subjuguer, il a rejeté les tentations subtiles du désert et du "prince de ce monde" et, n'en déplaise, le "sacré" en fait partie, ne l'a-tIl pas assez fait remarquer aux "superbes" qui dirigeaient le Temple et l'ont hypocritement fait mettre en Croix... Il suffit de ces réactions négatives... de ce manifestationisme éthéré plein de bonnes intentions (qui pavent la route vers nous savons quoi... )... Que nous autres chrétiens (et spécialement orthodoxes qui devrions connaître suffisamment ce que réclame une spiritualité créatrice) offrions aux mondes des oeuvres pleines de tout ce qui fait la toujours pleine nouveauté de la divino-humanité qui prend aussi bien le "laid" que le "beau" pour les transfigurer !! Ne disions rien contre (par humilité) mais par pure foi et espérance portons tout ce qui est pour et créatif devant le Seigneur et devant nos frères !

Prenons le bruit urbain et transfigurons le bruit urbain (je pense souvent à cet exemple des immigrés russes qui devaient, déchus de leur ancien "statut" social travailler en usine en France et qui, au rythme mécanique des machines récitaient le "Gospodi Issoussé Kristé pomiloui mia", futurisme cosmique quotidien et concret!!) sans qu'il cesse d'être le bruit urbain... en secret, comme "ce" monde est déjà secrètement "transfiguré"... Ni l'art ni la "beauté" ne sauvent (et l'idée de Kant qu'ils élèvent est bien plutôt révélateur d'une dérisoire dérivation escamotrice, une "fausse " consolation... ) le Christ oui et si "l'art -l'esthétique modaliste et moraliste-, la beauté, la vérité" devaient s'avérer être hors du Christ je préférerais rester avec Lui, contre ceux-là... Qu'on ne se méprenne pas, je ne soutiens ni "piss Christ" ni "le concept sur le visage du Christ" ou je ne sais quoi, je souhaiterais seulement que cessent des réactions insensées à l'encontre de ces "créations", outre qu'elle ne saccage aucune oeuvre authentique (pas d'icône souillée) je pense que les chrétiens devraient réviser leurs jugements de ce qui est "sacrilège" alors qu'ils vénèrent (avec raison) un Dieu-Homme mis en Croix après avoir subi des outrages ultimes et vraiment infamants, et surtout après que Celui-ci ait délivré Son jugement définitif "Père pardonne leur...", autrement nous nous tenons dans la position même de ceux là qui l'ont livré et condamné... c'est-à-dire au-dessus de notre Dieu en élaborant des "concepts"... concepts juridiques, esthétique, formalistes, moraux, littéraires, ... qui sont autant d'idoles auxquelles nous sacrifions alors même que Christ est venu nous délivrer de cette "illness of religion" (cf. Fr. J.S Romanidès et René Girard... ).

Sortons de cette subjugation esthétique réactive et emparons-nous à bras le corps de tout faiblesse et grandiloquence, munificence et ridicule, borborygmes et harmonies admirables, splendeur et crasse... afin de les réduire à la poudre spirituelle soufflée par le vent seul vivificateur de l'Esprit...

2.Posté par Orthodoxie.com: Les artistes russes sont préoccupés par l’incursion de modèles séculiers dans l’art chrétien le 29/01/2013 10:58
Les artistes et les spécialistes russes en art sont sérieusement préoccupés par le processus de sécularisation des aspects traditionnels de la création ecclésiale : architecture, iconographie, artisanat décoratif. C’est ce que souligne la résolution prise lors de la conférence « L’art ecclésial dans la société contemporaine », qui s’est déroulée dans le cadre des « XXIème lectures internationales de Noël » organisées par l’Église orthodoxe russe.

« Il convient maintenant d’être particulièrement prudent envers les expérimentations artistiques et les recherches dans le domaine de l’art religieux, du fait que les artistes qui travaillent aujourd’hui dans les églises de Russie ne connaissent la tradition que d’une façon extrêmement superficielle », a fait remarquer, lors de la conférence, le doyen de la faculté des arts ecclésiastiques de l’Université Saint-Tikhon de Moscou, l’archiprêtre Alexandre Saltykov.

« Dans la recherche de voies de développement de l’art ecclésial, il convient de prêter attention à notre propre héritage ancien, et non aux expérimentations occidentales, ce qui reflète souvent l’orgueil et de l’absolutisation de la propre personne de l’artiste, et ne peut permettre la création d’œuvres empreintes d’un esprit réellement religieux », considère le père Alexandre. On ne peut, selon son opinion, « sauter » l’étape de la copie des anciens monuments, et passer immédiatement à la création libre », a-t-il encore ajouté. « Nous ne connaissons pas notre tradition, nous l’avions oublié non pas au XXème siècle, mais déjà au XVIIème ».

Selon le point de vue des autres participants à la conférence, le problème « éternel » de la corrélation entre la tradition et l’innovation dans l’art religieux pose aujourd’hui la question de la survie de la tradition chrétienne elle-même. « Les processus de globalisation et de sécularisation ne font pas simplement irruption dans l’art ecclésial, comme cela s’est produit graduellement au cours des siècles précédents. Maintenant, ils s’imposent de façon agressive à la culture de masse, dont la base est devenue l’art contemporain, proclamant la destruction de la tradition, dont les valeurs et les principes moraux » a déclaré l’architecte André Yakhnine, auteur du livre « L’anti-art », qui a connu un fort écho. Selon lui, de telles « anti-icônes » ont connu ces derniers temps une large diffusion.

A fortiori, elles sont imposées très activement par l’élite intellectuelle à toute la société, qui n’a pas aujourd’hui de critères d’orientation précis, et qui, pour cette raison, accepte dans l’indifférence, voire avec joie, ces modèles nouveaux, criards et jamais vus.....SUITE Orthodoxie.com

3.Posté par Des orthodoxes indignés par l'insulte aux restes humains le 11/02/2014 22:38
Par La Voix de la Russie | Les organisations orthodoxes de Krasnodar (sud de la Russie) protestent contre l'ouverture dans la ville de l'exposition anatomique « Our Body: The Universe Within ».

Le dirigeant de l'Union orthodoxe Roman Pliouta s'est déclaré disposé à oeuvrer pour obtenir l'interdiction totale de l'exposition.

« Nous n'y voyons rien qu'une insulte aux restes de malheureux », a-t-il dit.
Cette exposition a été organisée en 2007 à l'initiative du centre éducatif The Universe Within Project, d'Orlando Science Сenter et du Fonds des sciences et technologies anatomiques de Hong Kong.
Les organes exposés ont été légués à des fins de la science. L'exposition a été visitée par plus de 2 millions de personnes dans différentes villes du monde.

4.Posté par Marie Genko le 12/02/2014 10:01
Chère Xénia,

Merci pour cette magnifique réflexion!
Je m'en veux de ne la décourvrir qu'aujourd'hui...
Oui, il y a beaucoup à dire et à réfléchir devant la misère de l'art contemporain!

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