La reconstruction de l’église traditionnelle orthodoxe russe, arrivée vendredi en pièces détachées du nord de Moscou, vient de commencer à Epinay-sous-Sénart.

Les manœuvres intempestives des poids lourds viennent troubler l’habituelle quiétude des lieux. Le père Siniakov jette pourtant un œil bienveillant sur les deux camions en provenance direct de Tver, à 160 km au nord-ouest de Moscou. Vendredi, ils ont enfin livré la cargaison de rondins de bois qui doivent servir à ériger une église traditionnelle dans le parc du séminaire orthodoxe russe d’Epinay-sous-Sénart


Hier, le chantier était déjà bien avancé, puisque les murs de la petite chapelle de 100 m2 s’élevaient déjà à plus de 2 m de hauteur. Un procédé quasi unique en France où seule l’église de Sylvanès, dans l’Aveyron, a été bâtie selon le même principe. C’est un petit bout de terre russe qui nous arrive », sourit Alexandre Siniakov, le recteur du séminaire d’Epinay-sous-Sénart. D’ici trois semaines environ, l’édifice flambant neuf devrait culminer au cœur de la propriété que la confrérie occupe depuis 2009. Les fondations ont été terminées fin août et, dès samedi, les six ouvriers spécialisés, venus eux aussi de Russie, se sont attelés à remonter à l’identique le petit lieu de culte bâti dans un premier temps à Tver.

Un accroc avec le camion transportant les six cloches

« Ils sont là pour trois semaines. Nous les logeons en échange de leur savoir-faire », confie le père Siniakov.

Si le bâtiment a été offert au séminaire par un groupe d’entrepreneurs orthodoxes du diocèse de Tver, il lui a fallu en revanche trouver les fonds pour financer les travaux annexes. « Entre les fondations, les travaux de chauffage, d’électricité, et la location de matériel, nous avons dû trouver 150000 €. Il a fallu faire un appel aux dons des fidèles », indique Alexandre Siniakov. Autant de tracasseries qui ont ralenti la marche du projet, puisque l’église était attendue dans un premier temps pour les fêtes de Pâques. Ce week-end, le séminaire a dû faire face à un dernier accroc. Victime d’une panne à mi-parcours, le troisième poids lourd du convoi n’est arrivé que samedi.

« Entre la livraison des pièces détachées nécessaires à la réparation et les formalités de douane, le camion n’est arrivé que tard dans la soirée, explique le père Siniakov. Nous l’attendions avec impatience, car c’est celui qui transporte les six cloches de notre église. Elles ont été fondues dans l’usine très réputée de la ville de Voronège, dans le sud de la Russie. Il paraît qu’elles émettent un son très pur. » A vérifier lors de la livraison du lieu de culte attendue pour la fin du mois.

Derrière ses hauts murs d’enceinte et son imposant portail souvent clos, le séminaire orthodoxe russe d’Epinay-sous-Sénart vit un peu coupé du monde. Un isolement que ses responsables souhaitent rompre avec l’arrivée de ce nouveau lieu de culte. « Cette église fait rayonner la tradition architecturale et culturelle russe de la construction en bois, assure Alexandre Siniakov, le recteur du séminaire d’Epinay-sous-Sénart.

Elle doit aussi nous servir à faire connaître notre communauté aux habitants d’Epinay et des environs. »

Pour cela, le père Siniakov compte réhabiliter le parc de la propriété que le séminaire occupe depuis 2009, à deux pas de la mairie. « Nous comptons l’ouvrir au public les samedis et dimanches, poursuit-il. Les visiteurs pourront également découvrir notre église traditionnelle en s’y promenant. » Pour favoriser l’accès des visiteurs, les responsables du séminaire vont procéder à la réfection du portail menant à la propriété et y installer des panneaux d’information.

Le 14 septembre 2012, après la célébration de la divine liturgie dans l'église domestique Saint-Martin-Sainte-Geneviève, le recteur du séminaire, le hiéromoine Alexandre Siniakov, a béni les six cloches de l'église en bois qui est en train d'être érigée dans le parc du séminaire à Epinay-sous-Sénart. Un groupe de séminaristes et les ouvriers-bénévoles qui travaillent à la reconstruction de l'église, se sont joints à la prière.

L'après-midi du même jour, les cloches ont été installées sur le clocher de l'église dont la toiture et la coupole seront achevées au cours de la semaine prochaine.

Les cloches ont été offertes au séminaire pour l'église de la Nativité de la Mère de Dieu par M. Evgueny Osadtchi qui a assité à leur installation.

A proximité de Paris, dans la ville d’Epinays-sous-Sénart, sur le territoire d’un séminaire orthodoxe russe, est construite une église en bois de la Nativité de la Vierge. Son apparition a suscité un intérêt énorme de la presse française et des habitants.

Pour les Français, cette église est quelque chose d’insolite. La seule dans la région parisienne, construite selon les canons de l’architecture en bois, elle semble typiquement russe. On a fait venir la cage de Tver (ville russe située à 160 kms de Moscou), l’iconostase est fait à Moscou, et les cloches à Voronej. L’idée de l’apparition de l’église consacrée à la Nativité de la Vierge est née spontanément, a dit dans l’interview à La Voix de la Russie le recteur du séminaire orthodoxe russe en France Alexandre Siniakov :

« Il y a deux ans, des entrepreneurs russes sont venus dans le séminaire et ils ont proposé de faire un don pour faire construire une église en bois. Ils ont promis de prendre en charge la transportation de cette église depuis Tver et son montage ici, dans le parc du séminaire. Ils prennent aussi en charge la rémunération des ouvriers. En ce moment, la première étape de la construction est terminée, les murs sont érigés, le toit est fait. L’église est faite et nous l’aménageons à l’intérieur, nous avons commandé un iconostase, nous préparerons tous les ustensiles nécessaires, l’autel ».

A propos : l’église en question est la première église orthodoxe sur le territoire du séminaire russe qui existe depuis trois ans. Le patriarche de Moscou et de toutes les Russies Alexis II avait initié sa création. Pendant un certain temps, les élèves du séminaire étaient obligés de louer les locaux à l’église catholique. Maintenant, avec le soutien actif du gouvernement français, le bâtiment a été transmis au Patriarcat de Moscou.

Dans l’Eglise russe, on est sûr que l’intérêt des Français pour l’orthodoxie russe s’explique par le fait que l’Europe traverse en ce moment une étape critique de son histoire. Bien que la France soit considérée en Europe comme le pays le plus anticlérical, la voix de l’Eglise est prise en compte dans ce pays. Il n’est pas difficile d’être orthodoxe ici, dit le chef du diocèse du patriarcat de Moscou en France, l’évêque Nestor Korsunski.

« Bien sûr, ici, il y a quelque tension liée à la polarisation de la société. Une partie des citoyens défendent les valeurs chrétiennes traditionnelles, d’autres veulent les remplacer. Toujours est-il que la France reste un pays chrétien. Les orthodoxes n’ont pas de difficultés ici. Et puis, nous sommes assez libres et indépendants dans notre activité religieuse ». /L