"LE FIGARO" : Saint-Serge pleure ses peintures détruites
Par Alexandra Michot

Des frises de prières et une figure de saint Maxime, notamment, ont disparu sous les coups de burin la semaine dernière.Une partie des œuvres murales de cette église orthodoxe, dans le XIXe, a été endommagée au lieu d'être restaurée.

Émoi au sein de la communauté orthodoxe russe de la capitale. Le motif: la dégradation d'une fresque que les spécialistes considèrent aujourd'hui comme l'œuvre maîtresse de l'artiste-architecte-décorateur Dmitri Semionovitch Stelletsky dans l'église Saint-Serge. Petite bâtisse colorée au bout d'une allée bucolique du XIXe arrondissement, l'église orthodoxe russe Saint-Serge fit d'abord office de temple protestant avant d'être investie, au début des années 1920, par des immigrés russes à la recherche d'un lieu de culte. Entre 1925 et 1927, Dmitri Semionovitch Stelletsky va créer l'iconostase et superviser toutes les peintures murales des lieux. Sans oublier les objets et mobiliers de culte: porte-cierges, autels… L'ex-temple se dote à l'époque d'un porche et d'escaliers en bois peint. Comme les murs intérieurs, les parois externes de l'escalier vont être ornées par l'artiste de peintures représentant les saints pères de l'Église orthodoxe, mais aussi de prières, tracées en lettres slavonnes, et de voiles stylisés.

C'est là où l'objet du scandale est arrivé.

«Vendredi 25 mai, vers 14 heures, le doyen de l'Institut de théologie orthodoxe installé sur le site, a surpris dans l'escalier de l'église, un ouvrier en train de casser les couches de peinture à coups de burin. Au point de mettre à nu le mur de briques!», s'emporte Nicolas Tikhobrazoff, président du site Artcorusse qui a publié en ligne un appel au secours dudit doyen, des enseignants et des étudiants.

Sommé de s'expliquer sur les raisons «d'un tel vandalisme, sans consultation préalable», le bureau du conseil paroissial, responsable de l'entretien des lieux, a tenu à préciser par un post daté du 28 mai sur le site orthodoxie.com), que la rénovation des peintures extérieures était validée depuis novembre 2011. Et que personne n'avait demandé de détails sur la nature des travaux prévus.

Un quasi-sacrilège

De l'avis des spécialistes consultés (le conseil ne précise pas lesquels) les peintures extérieures, abîmées par des infiltrations d'eau, étaient en très mauvais état et la partie basse était «sans intérêt esthétique ou historique, puisqu'il ne s'agit que d'une fresque imitant un voile». Une explication qui fait bouillir [Cyril Semenoff-Tian-Chansky ]url: http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Cyril-Semenoff-Tian-Chansky-a-propos-de-la-declaration-de-la-paroisse-Saint-Serge_a2442.html historien d'art, spécialiste de l'œuvre de Stelletsky, mais, curieusement, non consulté par le conseil paroissial. «Restaurer une œuvre consiste à préserver ce qui existe et non pas à le détruire. Aucun expert digne de ce nom n'aurait pu conseiller le remplacement intégral de ces peintures, appartenant à un ensemble unique, conçu en 1925 par Stelletsky et absolument pas d'un intérêt secondaire.»

Et Nicolas Tikhobrazoff de rajouter: «Comment refaire à l'identique si l'on détruit le modèle? Restaurer une peinture, c'est repigmenter, pas casser. Il ne s'agit pas de mosaïque!» Sur place, les marques de burin dans le mur se passent de commentaires. En plus des voiles, on déplore aussi la destruction totale de la figure de saint Maxime le Confesseur (un quasi-sacrilège) et de la frise de prières. Certains fidèles suggèrent un classement d'urgence aux Monuments historiques. Mais faut-il impliquer l'état laïque dans la préservation d'un lieu de culte? C'est tout le problème du patrimoine russe à Paris.

Source Le FIGARO

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 31 Mai 2012 à 00:52 | 11 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Alexis le 31/05/2012 09:11
Je ne sais qui a eu la bonne idée d'alerter le Figaro, ce n'est probablement pas innocent, d'une affaire interne on arrive à une exploitation plus ou moins politique... passons.

Pour le reste, en essayant de me renseigner, je constate que Mr Cyril Semenoff-Tian-Chansky est historien d'art et photographe, je ne trouve pas trace de sa supposée réelle compétence concernant les fresques et icônes, mais quelqu'un pourra peut-être en dire plus...

Autre personne appelée au secours par certains: Victor Loupan, écrivain et éditeur, mais aussi personnage assez sulfureux...


Dimitri Semionovitch Stelletsky est surtout réputé comme peintre, décorateur d'opéra et de villas privées, ceci n'enlève rien à ses qualités, je trouve qu'il est difficile de comparer les faits actuels avec la profanation d'oeuvres comme celles de Roublev... d'autant qu'en regardant les photos avant les travaux, on voit que les prières sont totalement illisibles, et la fresque n'est tout de même pas d'un intérêt majeur.

Franchement, les premiers responsables sont ceux qui ont laissé les peintures se dégrader sans lancer d'appel au secours!

Ensuite, il serait bon que cette affaire, si c'en est une, se règle paisiblement et en bon voisinage, ce serait plus orthodoxe me semble-t-il, que tous ces appels médiatiques... quand on voit le désastre suite aux pétitions et à la médiatisation à propos de Nice, on peut frémir d'avance...

Il est tout de même très étonnant que les responsab

2.Posté par Vania Kapustine le 31/05/2012 11:08
Alexis n'est pas dans le juste, comme Danilka Struve sur son d-st75 ensemble ils s'occupent a justifier toutes les décisions catastrophiques de Daru ! Il est clair que l’équipe de Victoroff et Sollogoug et autres sont incompétent dans la gestion du patrimoine religieux de leur diocèse...a Biarritz c'est la catastrophe ! Dieu merci, Nice est hors danger maintenans ,mais nous savons tous quel lourd héritage le diocèse de Chersonese a reçus !!!

3.Posté par La CROIX: À Paris, la restauration des fresques de l’Institut Saint-Serge suscite des interrogations le 31/05/2012 13:52
Erreur de communication ou dissensions internes ? Les conjectures vont bon train dans les milieux orthodoxes de France, après la révélation de la destruction d’une partie des fresques extérieures de la paroisse Saint-Serge-de-Radonège (19e arrondissement de Paris). Cette église historique, symbole de la diaspora russe qui avait fui la révolution bolchevique de 1917, se situe sur le même domaine que l’Institut de théologie Saint-Serge (1), mais les deux entités fonctionnent de façon autonome. D’où ce quiproquo quelque peu embarrassant pour l’archevêché des Églises de tradition russe en Europe occidentale, dont relèvent ces deux institutions.

Samedi 26 mai, la direction, le corps enseignant et les étudiants de l’Institut Saint-Serge avaient lancé « un appel au secours » sur le Web. « Aussi incroyable que cela puisse paraître les peintures de l’escalier extérieur donnant accès à l’église Saint-Serge sont en train d’être détruites sous nos yeux », alertait ce communiqué.

Vendredi 25 mai autour de 14 heures, un inconnu affirmant agir au nom du recteur de la paroisse Saint-Serge et d’une décision du conseil paroissial avait été surpris en train de déposer les couches de peinture et l’enduit de ces fresques, laissant affleurer le mur de briques de l’édifice. Le communiqué dénonçait un « acte barbare » et « une violation impardonnable » du patrimoine culturel et ecclésial de l’émigration russe en France.
Un malentendu plus qu’un désaccord

Dimitri Siméonovitch Stelletsky (1875-1947), l’auteur de ces peintures, est reconnu comme une figure emblématique du mouvement en faveur d’un renouveau profond des arts plastiques dans la Russie du début du XXe siècle. Ses icônes sont conservées dans les églises et chez les particuliers dans toute l’Europe, notamment en France où, rappelle l’Institut Saint-Serge, « le chef-d’œuvre absolu de cet artiste est précisément l’ensemble des icônes et des peintures murales de l’église Saint-Serge à Paris ».

Mais un communiqué du 28 mai signé du recteur de la paroisse, le P. Vladislav Trembovelski et de son conseil récuse ces accusations de saccage. Ses auteurs rappellent que la restauration de l’église dure depuis vingt ans. Après avoir sauvegardé l’intérieur du bâtiment, l’administration de la paroisse a décidé de remédier à l’altération des fresques extérieures qui ont souffert de l’humidité et du vieillissement d’enduits de piètre qualité.

La partie basse de ces fresques (« sans intérêt majeur esthétique ou historique » et « largement altérée », précise la paroisse), a donc été déposée et sera refaite à neuf.

Le doyen de l’Institut Saint-Serge et l’évêque diocésain ont été prévenus, par courrier électronique, le 8 mai dernier, du début de ces travaux. Le nom des restaurateurs y figurait et le doyen pouvait parfaitement demander une consultation ; « donc rien ne s’est passé en cachette ». Cette polémique résulterait donc plus d’un malentendu que d’un réel désaccord.

(1) L’Institut Saint-Serge accueillera le public lors de ses portes ouvertes annuelles organisées le 9 juin à partir de 13 h 00.

4.Posté par Katia le 31/05/2012 13:55
D'un point de vue artistique, c'est l'ensemble du décor qui a un intérêt majeur, que cela plaise ou non. Leur valeur est indiscutable, tant artistique que religieuse, et prétendre restaurer en détruisant, c'est du vandalisme pur et simple, bien privé ou non. Que les restaurations n'aient pas été faites suffisamment tôt, c'est dommage, mais ce n'était pas irréparable, il suffit de voir les photos qui ont été publiées. Un repeint est mieux qu'une copie plus ou moins bonne.
Maintenant cela l'est, et il ne reste que nos yeux pour pleurer. Mais il est urgent également de comprendre que c'est notre patrimoine qui disparait par bêtise ou cupidité (Après tout, ce soit-disant restaurateur n'a- t'il pas été payé pour réaliser son méfait?).

Nos grands parents ont tous pleuré la disparition du Christ Sauveur à Moscou, et sa reconstruction, à l'identique, si bien faite soit elle, ne remplace pas le trésor disparu. Quant aux nombreux monastères et sanctuaires refaits à neuf et rutilants d'or en Russie, c'est très bien car les fidèles ont maintenant un lieu pour prier, mais ils ne seront jamais aussi beaux que ceux qu'on a pu préserver, avec la patine des ans et de la ferveur des croyants.

5.Posté par Mischa le 31/05/2012 14:52
Я не понимаю, почему не потребовать у вл.Гавриила устроить общее собрание на Дарю и не обсудить всё это! Наверняка они хотят всё скрыть и выгородить этого о. Трамбелевского и им же нанятого горе "реставратора" Агафонова. Кто знает, как ему платят -официально или "по чёрному"? Потребовать собственные документы этого " мастера" Его сертификат и диплом! Имеет ли он право делать подобную работу?

Все эти вопросы наверняка может задать представитель страховой компании. Ведь Храм и институт застрахованы? Это нужно делать быстро, пока есть вещественные доказательства.

6.Posté par Кирилл Петрович Семенов-Тян-Шанский le 31/05/2012 20:05
En réponse à la question d'un certain Alexis sur mes compétences, je précise que je suis diplômé d'études supérieures de l'Ecole du Louvre et diplômé d'un master en Histoire de l'Art à l'Université de Bourgogne, et que j'achève une thèse de doctorat dans cette même université sur Stelletsky. Le lecteur pourra trouver quelques éléments biographiques sur deux sites internet, dont voici les liens :
http://geographieculturelle.doomby.com/pages/evenements/l-exposition-photographique-sur-les-solovki-a-rueil-malmaison-avril-2010/l-equipe.html

CSTC

7.Posté par Alexis le 31/05/2012 21:12
Cher Mr Semenoff, j'ai déjà lu votre biographie; en effet, vous êtes diplômé en histoire de la photographie et de la gravure, et histoire de l'art en général, ce que personne ne remet en cause, et vous préparez une thèse sur l'artiste russe Stelletsky , dont les icônes ne semble pas être l'activité principale. Mais à ce titre, de même que les précédents "responsables" de St Serge, vous avez peut-être remarqué la dégradation? Votre intérêt pour cet artiste aurait dû vous motiver pour intervenir...
Come je l'ai déjà écrit, je n'ai pas de parti à défendre, si ce n'est celui de la bonne foi et de la pondération chrétienne... qualités assez peu partagées ici même...
Vania écrit au sujet du lourd héritage du diocèse de Chersonèse à Nice...

8.Posté par vladimir le 01/06/2012 10:36
@Bien cher CSTC ( Кирилл Петрович Семенов-Тян-Шанский)

Je tiens à vous remercier pour votre apport - vous êtes bien le seul à apporter des éléments d'appréciation concrets, précis et professionnel. Ne prenez pas à cœur les attaques inconsistantes de quelque incompétent qui ne peut rien proposer de valable et parle pour ne rien dire.

Ce désastre n'est pas en effet le résultat de mauvaises intentions, mais bien de beaucoup de bêtise et d'ignorance, et aussi cette volonté du "je fais ce que je veux sans rendre de comptes à personne" que certains s'obstinent à défendre malgré ces funestes résultats.

@Bien cher Misha,
Je suppose que vous êtes paroissien inscrit et cotisant dans une paroisse de l'Archevêché, Vous avez donc le droit de demander que ce sujet soit inscrit à l'ordre du jour de la prochaine assemblée générale de votre paroisse, voire rapporté par le délégué de votre paroisse et son recteur à la prochaine assemblée générale de l’Archevêché... En dehors de cela, je ne vois pas qui est comment peut "exiger" quoi que ce soit de Mgr Gabriel tant au plan civil que canonique.

Au plan civil, vous pouvez essayer de demander le classement des ces peintures, ce qui les protégerait à l'avenir, mais je ne sais pas si, pour faire cela, vous ne devrez pas montrer en quoi vous êtes personnellement concerné (un paroissien de Saint Serge pourrait probablement le faire). Pour ce qui concerne la compensation du préjudice moral subi du fait des dommages volontaires apportés aux peintures, je pense que seuls les héritiers de l'auteur pourraient s'en prévaloir contre les fautifs...

Désolé pour ce rappel juridique: la France est un état de droit...

9.Posté par Sabine Passé Présent le 14/12/2012 12:31
En qualité de restauratrice du ¨Patrimoine, spécialisée en peintures murales, je trouve, quelles que soient les circonstances, abjecte que l'on ai pu détruire ces peintures. Et il est évident que ce genre de chantier aurait du être préparé sous le contrôle d'un architecte DPLG ou d'une autorité spécialisée: qui a "décidé" de toute façon que les pentures extérieur ne représentant "qu'un voile" étaient sans intérêt, qu'elles étaient trop dégradées? Y a-t-il eu une étude préliminaire??? Qui sont les spécialistes évoqués? (drôles de spécialistes qui confondent "fresque" et "peinture murale"...) Comment peut-on valider une restauration si l'on n'en connaît pas le protocole ("nature des travaux prévus")??? Enfin, je me permet en tant que spécialiste de faire une mise au point: Monsieur Semenoff connaît très bien son sujet et est qualifié pour parler de ces peintures murales; d'une part parcequ'il a étudié la conservation de Patrimoine à l'école du LOuvre (dont je suis aussi issue) et que ces études englobent TOUTES les techniques, on se spécialise après, d'autre part parce qu'il connaît ces peintures pour les avoir vues, donc étudiées, et en a fait un constat d'état tout-à-fait réel. Alors l'on peut polémiquer, une chose est certaine, ce qui s'est passé est INACCEPTABLE.

10.Posté par anne grodzki le 14/12/2012 13:29 (depuis mobile)
Tout patrimoine historique doit être préserve ,c 'est l 'histoire de l humanité qui s 'inscrit ,donc quel dommage!!!!!!!!!! Sans compter le côté esthétique.

11.Posté par Sabine Passé Présent le 14/12/2012 13:52
Je réitère ma question "comment a-t-on pu laisser faire cela sans maîtrise d'oeuvre???" après lecture de cet article datant de juin sur le site "orthodoxie.com":

« Peintures murales de Saint Serge : une solution en vue »
juin 11, 2012 CLevalois
Communiqué publié sur le site de l'Archevêché des paroisses orthodoxes russes en Europe occidentale:

" Avec la bénédiction de Mgr l’archevêque Gabriel, une réunion de discussion et de concertation concernant la restauration des peintures murales de la façade de l’église Saint-Serge-de-Radonège, à Paris, a eu lieu, le 7 juin 2012, sous l’égide de la SISP (« Société immobilière Sergievskoïé podvorié »), société responsable du patrimoine de la colline Saint- Serge à Paris. Ont pris part à cette rencontre le nouveau gérant de la SISP, Serge Rehbinder, qui présidait la réunion, les responsables de l’Institut de théologie orthodoxe (ITO) et de la paroisse Saint-Serge, des représentants de l’administration diocésaine, ainsi que des experts et historiens d’art spécialisés.
Ensemble, ils ont examiné l’état de la façade, les dégradations qu’elle a subies à différents moments, les travaux à mener pour sa restauration et sa meilleure protection à l’avenir, les techniques à appliquer dans ce but et les méthodes de concertation à respecter entre les différentes institutions concernées directement par l’usage et l’entretien de l’église Saint-Serge tout comme par la conservation de son patrimoine spirituel, historique et culturel.


Il a été convenu qu’une « restauration » sauvegardant le maximum de l’œuvre initiale, malgré les lacunes et dégradations qu’elle comporte actuellement, était préférable à une « rénovation », plus radicale, souvent pratiquée dans les pays au climat rigoureux, consistant à repeindre à neuf, sur un nouvel enduit, une copie fidèle.

Un plan de travail comprenant le nettoyage et la restauration complète des peintures murales ainsi que la repeinte des parties manquantes ou détruites a été élaboré et approuvé par l’ensemble des présents. Dans un souci de pérennisation, des travaux complémentaires ont été envisagés : réfection préalable des gouttières attenantes à la façade et protection ultérieure des peintures par des plaques de verre évitant chocs et frottements liés au passage du public. Les travaux, menés par des spécialistes compétents, choisis d’un commun accord, devraient s’étaler au cours de l’été 2012, dès que leur évaluation dans ces nouvelles conditions sera validée."

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