Le choeur des moines de Chevetogne
Chers amis,
Le choeur des moines de Chevetogne vient de sortir un nouveau CD avec les chants slaves de la "Fête de la Rencontre" (Présentation du Seigneur au Temple), célébrée le 2 février. Un cadeau idéal pour la fête de Noël! Vous pouvez déjà entendre un extrait en ouvrant le site du monastère

La Rencontre

La fête de la Rencontre (en grec: Hypapante), que les Églises d’Orient et d’Occident célèbrent le 2 février, commémore le récit évangélique de la Présentation du Christ au Temple: comme tout garçon juif premier né, Jésus, le quarantième jour après sa naissance, fut porté par ses parents au Temple de Jérusalem pour y être consacré au Seigneur en étant racheté par le sacrifice de deux jeunes colombes.

La fête, loin d’être un simple anniversaire de cette présentation rituelle et légale, célèbre un événement qui eut lieu en quelque sorte en marge de celle-ci, à savoir la Rencontre dont l’évangéliste Luc fait le récit (Lc 2, 22-38). Les acteurs de la Rencontre sont, d’une part, le Christ, porté par ses parents et, d’autre part, un homme et une femme qui étaient présents au temple: Siméon, à qui Dieu avait révélé qu’il ne verrait la mort avant d’avoir vu celui que Dieu avait promis d’envoyer pour accomplir son dessein de Salut parmi les hommes et Anne, prophétesse octogénaire, qui demeurait jour et nuit dans le Temple pour servir Dieu.

L’évangile relate comment Siméon, le “juste vieillard” selon les textes liturgiques, reçut Jésus dans ses bras et comment il se mit à proférer des vers inspirés et prophétiques, à l’instar des prophètes de l’Ancien Testament sur qui l’Esprit de Dieu descendait. Ce que la tradition chrétienne appellera le “Cantique de Siméon” (“Maintenant, ô Maître, Tu peux laisser s’en aller Ton serviteur dans la paix selon Ta parole, car mes yeux ont vu Ton Salut…”, plage 5) résume toute l’attente de tant d’hommes et de femmes de Dieu, dans l’Ancien Testament, tendus vers cette rencontre avec cet “Enfant de la promesse” que Dieu devait envoyer.

Se faisant la voix de cette multitude, Siméon, par sa confession de foi, en rejoignant celle des bergers et des rois mages, exprime l’adhésion et l’approbation par lesquelles tous les croyants de l’Ancien Testament reconnaissent dans cet Enfant l’accomplissement de la promesse divine et reçoivent, en Lui, la récompense de leur foi: la Paix et le Repos de Dieu.

Siméon se trouve ainsi à l’autre bout de l’histoire qui mène d’Abraham, en passant par le Roi David et tous les prophètes, à Jésus. Car Dieu conclut une alliance éternelle avec Abraham, accompagnée de la promesse qu’il aurait une descendance avec qui cette alliance serait perpétuée. L’histoire de cette descendance est une histoire de rencontres entre Dieu et l’homme où, de nombreuses fois, Dieu renouvelle sa promesse à ceux qui croient en Lui comme Abraham le fit. Le Temple même de Jérusalem, réplique de la ‘Tente de la Rencontre’ du désert, était le lieu privilégié et solennel de telles rencontres. Une des Rencontres de l’Ancien Testament est particulièrement significative pour notre fête. Il s’agit de celle d’Abraham et Melchisédech. Ce dernier était “roi de Shalem”, c’est-à-dire “de la Paix”, et “prêtre du Dieu Très Haut”. Personnification de la Paix et préfiguration du Christ, l’Envoyé de Dieu, Melchisédech offrit à Abraham du pain et du vin, image du corps et du sang eucharistiques de Jésus Christ, et bénissait Abraham de la part de Dieu. Au moment de l’accomplissement de la promesse c’est Siméon qui, à l’instar d’Abraham, reçoit le Christ dans ses bras et qui le bénit avec ses parents, en réponse à la bénédiction de Dieu.

La fête baigne dans une atmosphère de mystère et de paix. Elle représente à la fois la clôture du temps de Noël – c’est dans ce sens qu’il s’agit d’une fête mariale, c’est-à-dire une fête qui célèbre et développe un aspect du mystère de l’Incarnation – et la transition vers le temps du Carême et de la Passion. Les deux cycles s’y rencontrent, pour ainsi dire, et cette Rencontre est personnifiée de façon mystérieuse – mais d’autant plus incarnée – en la Mère de Jésus, Marie. À celle-ci Siméon disait: “…et toi-même, un glaive te transpercera le cœur”. Ce cœur, siège de la mémoire, est le lieu par excellence où chaque homme et chaque femme est appelé à découvrir et à célébrer la Rencontre entre son propre mystère et celui de Dieu.

Dans le présent enregistrement sont reprises, en premier lieu, de larges parties des vigiles de la fête, composés des premières vêpres et des matines. Le chant du “Bienheureux l’homme” [1]*, constitué des psaumes 1 à 3, représente la psalmodie variable de l’office, telle qu’elle est prescrite pour les grandes fêtes, accompagnée du refrain “alléluia”. Tandis que le lecteur récite les psaumes, le chœur chante continuellement le refrain ainsi que certains versets. Avec le Lucernaire [2], nous arrivons au cœur de la célébration des vêpres. Pendant l’allumage des lampes dans l’église, le chœur entonne la psalmodie des psaumes du Lucernaire (Ps 140, 141, 129 et 116). C’est ici que l’on insère les premiers stichères propres à la fête. Ils en déploient la signification et nous mettent en état d’en cueillir les fruits authentiques. Dans l’hymne “Lumière joyeuse” [3], point culminant des vêpres, nous chantons Jésus-Christ, Lumière paisible et sereine, qui révèle sa présence parmi nous tel qu’Il s’est manifesté à Siméon, et qui nous invite à devenir ses porteurs dans le monde en nous enveloppant du mystère de sa divino-humanité. Le Prokimenon [4], répons psalmique alterné par le diacre et le chœur, est propre aux vêpres de dimanche soir où il marque la fin des célébrations dominicales. Consistant en deux versets du psaume 133, il est l’expression de l’adieu au Temple, empreinte de la reconnaissance et de la paix intérieure de celui qui a pu rencontrer Dieu et demeurer en sa présence. Le chant des Apostiches [5] correspond au deuxième versant des vêpres. Ces hymnes s’articulent normalement à des versets psalmiques mais, en l’occurrence, ils sont extraits du Cantique de Siméon qui résume toute la thématique de la fête. Le Cantique de Siméon [6], repris dans son entièreté, clôture l’ensemble psalmodique et hymnique des vêpres. Le Tropaire de la fête [7], appelé aussi ‘Apolytikion’ (littéralement: ‘chant de renvoi’), résume de manière concise, à l’instar des chants de procession, l’essentiel de la fête.

Le Polyéléos [8] est l’élément le plus solennel de la longue psalmodie qui ouvre les matines festives. C’est alors que l’icône de la fête est portée en procession, depuis le sanctuaire jusqu’au centre de la nef, pour être placée au milieu des fidèles. Le Mégalynaire [9], un refrain alterné avec des versets de psaumes, est une louange solennelle du mystère de la Présentation du Christ, porté au Temple par sa Mère. Le Canon des neuf ‘odes’ – ou cantiques de l’Ancien Testament – [10-14, 16-18] constitue le cœur de l’office des matines (la 2e ode est tombée en désuétude depuis des temps anciens). Dans la pratique, cette forme poétique se réduit au chant de quelques tropaires composés autour de chaque ode, sur le thème de la fête. L’irmos, retenu ici, est, pour chaque ode, le modèle initial de la composition poétique de ces tropaires. Le canon est entrecoupé, après la 6e ode, du Kontakion [15]. L’Exapostilaire [19] est un chant qui fait le passage entre la partie proprement nocturne de l’office et la partie matinale. Pour cette raison il renoue avec le thème de la Lumière: le Christ qui illumine l’Univers et que Siméon a vu de ses yeux et tenu dans ses bras.

Trois hymnes à Marie, la Mère de Dieu, correspondant à trois moments solennels de chaque journée liturgique, clôturent cet enregistrement: le Magnificat ou le Cantique de la Mère de Dieu [20], chanté aux matines; l’hymne “Il est digne de te glorifier” [21], chanté au sein de la prière eucharistique; le dernier chant de l’office des complies, “Sous ta miséricorde” [23]. À la fin de la journée, ce chant confie les soucis que chacun porte dans son cœur à la protection et à la miséricorde de la Mère de Dieu. Cet hymne est précédé par la litanie d’intercessions qui clôture la prière liturgique de chaque jour [22]. Nous espérons que ces hymnes puissent aider tous ceux qui le désirent à rythmer leur journée par une triple Rencontre avec le mystère du Christ, en prenant appui sur le rythme liturgique de l’Église et de notre monastère.

P. Thomas Pott

Rédigé par l'équipe de rédaction le 24 Novembre 2009 à 17:42 | 0 commentaire | Permalien



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