Pour le patriarche, l'Église se livre à des activités politiques directes, ce qui jette « une ombre très mauvaise» sur les relations entre l’Église russe et le Vatican.

Nous vous en avions parlé ( sur PO) , les églises chrétiennes sont, qu'elles le veuillent ou non, au cœur du conflit ukrainien. L'Ukraine orthodoxe: ORTHODOXIE MAJORITAIRE MAIS DIVISEE

C'est le cas également de l'Église gréco-catholique du pays, dont l'histoire est jalonnée de contentieux historiques qui l'ont vu s'opposer à la Russie, mais aussi à l’Église orthodoxe russe. C'est ainsi que pendant quarante ans (jusqu'en 1989) elle a dû vivre dans la clandestinité après avoir été supprimée par Staline qui avait par ailleurs attribué une grande partie de ses biens à l’Église orthodoxe russe. Aujourd'hui, elle regroupe environ 8% de la population du pays

Au regard de ce contexte et de la récente actualité, on comprend mieux pourquoi les gréco-catholiques craignent pour leur survie, et combien ils ont été inquiets suite aux derniers propos tenus par le patriarche orthodoxe Cyrille de Moscou lors d'une réunion au ministère russe des Affaires étrangères ce 28 mai....Suite La Vie

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 3 Juin 2014 à 10:37 | 18 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir.G : Article tendancieux par omission! le 03/06/2014 15:40
Il est vrai que, de 1945 à 1989, l'Eglise gréco-catholique "a dû vivre dans la clandestinité après avoir été supprimée par Staline qui avait par ailleurs attribué une grande partie de ses biens à l’Église orthodoxe russe." mais les Orthodoxes se souviennent des années et siècles précédents, quand c'était eux qui étaient persécutés!

PERSECUTION DE L'EGLISE ORTHODOXE DURANT 4 SIÈCLES:

C'est durant la période de domination polonaise en Ukraine que l'Eglise "uniate" est crée par l'Union de Brest-Litovsk (1596), signée par le métropolite de Kiev et 6 évêques sur 8 mais refusée par une grande partie du clergé paroissial, les monastères et les Cosaques (ils vont créer un éphémère état indépendant en 1646 et passer sous protectorat russe en 1654). La métropole orthodoxe de Kiev est alors démantelée: ses biens, églises, monastères passent aux uniates, les Orthodoxes sont privés de tous droits religieux et une sévère répression s'abat sur ceux qui résistent. En 1649 les Ruthène de haute Hongrie, actuelle Ukraine subcarpatique, signent à leur tour une union avec Rome et les persécutions contre les Orthodoxes s'étendent. Ce n'est qu'en 1632 que Pierre Moghila obtient de la diète la reconnaissance des droits des Orthodoxes et la restitution de quelques églises et monastères. La métropole orthodoxe va faire renaitre malgré la poursuite des persécutions administratives.

Après le rattachement de l'Ukraine orientale à la Russie (1667) puis les trois "partages de la Pologne" (1773-1795) les persécutions des Orthodoxes continuent dans le provinces polonaises puis dans l'empire austro-hongrois (c'est d'ailleurs le décret impérial de 1774 qui donne le nom de "grecque-catholique" à ces catholiques qui utilisent le rite grec-byzantin, avec clergé marié, Credo sans "filioque", etc).

Après l'indépendance de la Pologne, les Eglises orthodoxe et grecque-catholique furent réprimées dans le cadre de la politique de "polonisation" en Ukraine occidentale annexée. Des paroisses de la partie orientale qui avaient rejoint l'orthodoxie au XIXe se virent confisquer leurs églises bien que le métropolite André Cheptitsky ait proclamé en 1938 que l'Eglise grecque-catholique ne les revendiquait pas.

Après la conquête stalinienne l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine est effectivement liquidée sous l'accusation d’avoir collaboré avec les nazis et encouragé les revendications nationalistes contre l’URSS et l’Eglise russe, elle-même persécutée, entérine la situation, certains la justifiant comme le juste retour sur les persécutions des siècles précédents... mais la gréco-catholiques préfèrent oublier ce passé!

2.Posté par Vladimir.G : patriarche Cyrille: "trouver les moyens de réconcilier les ennemis" le 03/06/2014 18:53
Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a envoyé un message à P. A. Porochenko, élu président de l’Ukraine.

Au président élu de l’Ukraine, P. A. Porochenko
Уважаемый Петр Алексеевич!

Ayant eu connaissance du choix des citoyens ukrainiens appelés à voter le 25 mai, j’aimerais vous féliciter et vous adresser un message pastoral, vous faire partager mes pensées et mes espérances.

Les nouvelles d’Ukraine apportent chaque jour leur lot de peines, car des gens meurent et souffrent. Le pays est plongé dans un abîme de discorde et de combats fratricides. Le Seigneur a confié au Patriarche de Moscou et de toute la Russie le souci de l’épanouissement spirituel des peuples de nombreux pays. Les malheurs et les attentes de tous ceux qui forment le troupeau de l’Église orthodoxe russe me tiennent également à cœur, quel que soit leur lieu de résidence. Et je prie ardemment pour que les espérances du peuple orthodoxe d’Ukraine ne soient pas déçues.

Comme beaucoup d’autres, j’espère que les pleins-pouvoirs qui se trouvent aujourd’hui concentrés entre vos mains serviront au bien de l’est, comme de l’ouest, du nord comme du sud de l’Ukraine. J’espère que l’effusion de sang cessera pour toujours, que personne ne sera opprimé ni humilié, que le choix de vie, d’idéologie et de culture de chaque groupe de population du pays sera respecté, que la vie ecclésiastique pourra suivre son cours sans aucune intervention gouvernementale ou politique, et que les décisions nécessaires à sa normalisation, son perfectionnement et son développement pourront être prises librement et sans pression, dans un esprit de fidélité aux normes canoniques.

Une tâche difficile et capitale vous incombe : trouver les moyens de réconcilier les ennemis, faire tout ce qui est possible pour le rétablissement de la paix et de la concorde civiles. Je suis convaincu qu’il est nécessaire, dans la situation actuelle, de maintenir un dialogue ouvert avec le peuple et les chefs de mouvements, d’écouter l’opinion de tous les habitants du pays.

Il y a six mois que la haine s’est enflammée à Kiev. Cette flamme ravage en ce moment le sud-est du pays, sans épargner ni les femmes, ni les enfants, ni les vieillards. Aujourd’hui l’Ukraine a surtout besoin de paix et de stabilité, de justice et d’équité. Seul un homme connaissant bien, aimant et comprenant son peuple, un homme se levant pour défendre les valeurs morales dont son peuple est détenteur, voyant dans la famille le fondement de la vie personnelle et civique, puisant la sagesse aux sources véritablement spirituelles peut devenir le garant de l’instauration d’une vie digne.

Que Dieu vous guide dans tous vos travaux à venir et dans les décisions responsables que vous aurez à prendre. Que le Seigneur bénisse de sa paix et de la prospérité le peuple d’Ukraine cher à mon cœur.

Avec ma respectueuse considération,

+CYRILLE,
PATRIARCHE DE MOSCOU ET DE TOUTE LA RUSSIE
http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Appel-du-Primat-de-l-Eglise-orthodoxe-russe-a-P-A-Porochenko-president-elu-d-Ukraine_a3763.html

3.Posté par Vladimir.G : Article tendancieux par omission! le 04/06/2014 11:00
Je continue mon commentaire 1, car il faut aussi souligner que, après 1991, les gréco-catholique n'ont pas montré beaucoup de charité chrétienne: soutenus par les autorités nationalistes de l'époque ils se sont emparés, souvent par la violence, des églises où célébraient les orthodoxes dont nombre se sont retrouvés sans lieux de culte. Il est vrai que ces églises avaient été gréco-catholiques avant 1945 mais, comme la plupart des édifices religieux avaient été confisqués ensuite sous Staline et pendant la campagne antireligieuse de Khrouchtchev (1958-1962), les orthodoxes officiaient dans les églises qui leur avaient été laissées... Ces actions là nourrissent la position de l'Eglise russe que les derniers évènement n'ont pu qu'exacerber: "Tout cela nous a rejeté loin en arrière et rappelle les temps où orthodoxes et catholiques ne se considéraient pas comme alliés, mais comme concurrents" vient de répéter Mgr Hilarion...Je continue mon commentaire 1, car il faut aussi souligner que, après 1991, les gréco-catholique n'ont pas montré beaucoup de charité chrétienne: soutenus par les autorités nationalistes de l'époque ils se sont emparés, souvent par la violence, des églises où célébraient les orthodoxes dont nombre se sont retrouvés sans lieux de culte. Il est vrai que ces églises avaient été gréco-catholiques avant 1945 mais, comme la plupart des édifices religieux avaient été confisqués ensuite sous Staline et pendant la campagne antireligieuse de Khrouchtchev (1958-1962), les orthodoxes officiaient dans les églises qui leur avaient été laissées... Ces actions là nourrissent la position de l'Eglise russe que les derniers évènement n'ont pu qu'exacerber: "Tout cela nous a rejeté loin en arrière et rappelle les temps où orthodoxes et catholiques ne se considéraient pas comme alliés, mais comme concurrents" vient de répéter Mgr Hilarion...

4.Posté par justine le 04/06/2014 19:23
Meme esprit tendancieux, politicard et séculier dans l'article de "La Croix" catholique que PO donne sur un autre fil (fermé aux commentaires) sous le titre "En Ukraine, l’Église orthodoxe russe joue l’apaisement". Les choses sont présentées de la manière que veulent les voir les catholiques (ou du moins certains d'entre eux), ce qui ne correspond certes pas aux faits. On ne peut y accorder de crédit.

5.Posté par Vladimir.G : moins tendancieux que beaucoup d'autres le 04/06/2014 23:33
Connaissant directement l'Ukraine pour y avoir séjourné plusieurs mois et gardé nombre de contacts, je me garderais d'être aussi tranchant que vous, bien chère Justine.

Le métropolite Alexandre (Drabinko) est le plus jeune métropolite de l'EOU-MK (37 ans, nommé en novembre dernier...), mais il est considéré comme le chef de fil de ceux qui militent pour l'autocéphalie canonique de l'Eglise d'Ukraine. Leur principal argument, comme l'écrit "La Croix" est que si cela permettait de rassembler tous les Orthodoxes du pays (1) cette Eglise deviendrait la deuxième plus importante des Eglises orthodoxes, pratiquement à égalité avec l'Eglise russe en nombre de paroisses et de fidèles. Ce courant est fortement représenté parmi les évêques d'Ukraine occidentale et centrale. Leurs opposants, actuellement majoritaires, sont menés par le métropolite Agafangel d'Odessa. Ils répondent que les diocèses du sud et de l'est veulent rester avec le PM et cela amènerait un nouveau schisme. Le métropolite de Tchernovitsy et de Bucovine Onuphre, "locum tenens" du siège métropolitain de Kiev, est considéré comme un homme de compromis et de dialogue, plutôt opposant à l'autocéphalie mais pas aussi radical que le métropolite Agafangel. C'est d'ailleurs pour cela qu'il avait été élu à ce poste...

Je trouve donc que l'article de "La Croix" contient des choses exactes; en partie tendancieux par omission, comme tous les articles français, ils l'est plutôt moins que beaucoup d'autres.

(1) Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/L-Ukraine-orthodoxe-ORTHODOXIE-MAJORITAIRE-MAIS-DIVISEE-1_a1117.html

6.Posté par Vladimir.G : PS: le 05/06/2014 11:12
La multiplication des fils sur le thème ukrainien complique les choses, mais vous avez certainement remarqué la traduction du blog de Mgr Alexandre (lien). "La Croix" ne fait essentiellement que le reproduire...

7.Posté par justine le 05/06/2014 12:58
A Vladimir: D'après ce qu'on lit dans les organes de presse orthodoxes, le métropolite Alexandre est loin de faire l'unanimité au sein de l'Eglise canonique d'Ukraine. L'article de La Croix essaie toutefois de présenter les choses comme si sa tendance était la ligne officielle, et cite son évaluation de la situation dans le Donbass (« Seule une minorité des habitants soutiennent les séparatistes de Donetsk et de Lougansk... Les milices orthodoxes du Donbass n’ont rien de commun avec l’Orthodoxie») comme un fait prouvé, ce qu'il n'est pas du tout et constitue une prise de position fortement biasée.

Surtout, l'article de "La Croix" se base sur la vue déformée concernant les faits en Crimée, telle qu'elle prévaut en Occident et chez les Ukrainiens antirusses – selon laquelle la Russie aurait tout simplement "annexé" la Crimée - tirant, avec "le théologien et historien orthodoxe Jean-François Colosimo", la conclusion que le Patriarche Cyrille se sentirait maintenant obligé de "jouer la carte de l'apaisement" et aurait "pris ses distances avec les séparatistes pro-russes" dans le Donbass.

On voit ici la méthode classique de sélectionner certains éléments des évènements et des propos et de les tortiller et les encadrer ensuite de manière à leur faire dire ce qu'on veut, afin de créer dans l'opinion publique les impressions desirées. Et avec cette manipulation de l'opinion on réussit souvent à influencer la suite des évènements réels, comme on le constate aujourd'hui avec toute cette campagne antirusse en cours.

Comme autre exemple de la mauvaise foi de la presse occidentale on peut citer l' interview de la tv française avec le Président Vladimir Poutine, à la veille de son arrivée en France pour participer à la commémoration du "D-day" en Normandie: bien qu'on ait indiqué expressément sur la vidéo correspondante qu'il s'agissait de l' "interview intégrale", il y a d'importantes coupures, notamment tout le passage où le Président Poutine s'exprime sur les faits de Crimée et sur la violence des troupes kiéviennes contre la population civile dans le Donbass, comme on peut les constater en comparant cette vidéo de TF1-Europe1:

http://www.lefigaro.fr/international/2014/06/04/01003-20140604ARTFIG00379-poutine-la-politique-la-plus-agressive-c-est-la-politique-americaine.php

avec celle que reproduit en traduction anglaise le site "Russia today" :

http://rt.com/news/163676-putin-ukraine-french-us/.

En tout il manque sur le site francais 7 minutes (sur 31) de l'interview originale. La traduction française des propos du Président Poutine laisse également à désirer à maints endroits quant à la précision.

8.Posté par Clovis le 06/06/2014 10:47
Merci à tous de vos messages, mais j'aimerais poser une question, que d'aucuns trouveront sans doute naïve, mais concrètement qu'est-ce qui à l'heure actuelle empêche Sa Sainteté Cyrille de rencontrer le pape ? C'est le moment où jamais puisque les tensions dont le casus belli se trouve actuellement en Ukraine sont à leur apogée, ce qui ne s'était pas vu depuis J-P II et ses uniates ?
Qu'ils ne soient pas d'accord est un fait connu et reconnu, mais je me demande ce qui doit empêcher des personnes en désaccord fussent-elles chefs respectifs de leurs églises de se rencontrer et de poser clairement les problèmes à plat plutôt que d'avoir à passer par des déclarations de porte-paroles ?
Deux évêques se rencontrent en terrain neutre, pas besoin de liturgie, ni de prière commune où quoique ce soit, juste histoire de parler de leurs ouailles...
Poutine est actuellement en France, bien que ses rapports avec l'occident-atlantiste soient plus que tiédasses...
D'avance merci pour les réponses cordiales, ;-)

9.Posté par Vladimir.G : Les excuses du métropolite le 06/06/2014 11:16
Sur sa page facebook (2), le métropolite Alexandre, parlant en sa qualité de "secrétaire du primat et hiérarque de l'EOU", condamne sévèrement l'attaque et le vandalisme d'une église de "l'EOU-KP" (sic) le 1 juin en Crimée "par une bande d'individus se réclamant de l'EOU-PM". Il qualifie cet acte de "provocation politique délibérée visant à rompre la fragile paix interconfessionnelle de notre pays". "Je demande pardon à nos frères en Christ, avec qui nous ne somme pas aujourd'hui en communion eucharistique, pour le crime commis par des individus qui se considèrent représentants du Patriarcat de Moscou, et leur demande de faire preuve de sagesse en s'abstenant de toute action de représailles violentes contre l'Église orthodoxe ukrainienne."

NB: Le fait que le patriarcat de Moscou recherche l'apaisement est bien montré par l'appel du patriarche au nouveau président. "La Croix" n'essaie pas "de présenter les choses comme si "la tendance /du métropolite/ était la ligne officielle", au contraire: "l’hypothèse que le métropolite Oleksandr, issu d’une nouvelle génération de jeunes évêques ukrainiens, agisse avec l’aval de Moscou est toutefois à écarter." Mais le métropolite jouit d'une audience certaine parmi ses pairs, comme le démontre sa récente promotion (le très conservateur "blagogon.ru" le dénonçait déjà en 2011 (1) comme chef de file du parti "autocéphaliste" dans l'EOU-MP), et le fait que son texte soit repris sur Interfax est un signe évident: sans cela personne n'en aurait entendu parler...

Par contre les consultations référendaires menées en Crimée et dans les régions de Lougansk et Donetsk montrent que, contrairement aux affirmations du métropolite Alexandre, les tenants d'un rapprochement avec Moscou bénéficient du soutien des populations locales et le risque de schisme de ces diocèses en cas de marche vers l'autocéphalie est donc très réel... C'est bien une solution préservant l'unité de l'EOU que tentent de trouver aussi bien le patriarcat que le synode et le "locum tenens" de l'EOU-MP et le "signal" envoyé par le métropolite Alexandre montre surtout que tout est ouvert à la discussion et l'Eglise ne se range pas derrière un parti. Il est très bon que, seul parmi les grand media, "La Croix" répercute le message... après PO!

(1) http://www.blagogon.ru/digest/144/
(2) mhttps://www.facebook.com/EvromaidanSOS/posts/426496637491351

10.Posté par Tamara Schakhovskoy le 06/06/2014 13:42
Justine : merci...
Personnellement, je suis scandalisée par le fait que ce jeune métropolite continue d'affirmer tranquillement que le président "déchu" Yanoukovitch a fait tirer sur son peuple, alors que nous savons bien aujourd'hui que les tristement célèbres snipers de Maïdan étaient plus que probablement aux ordres de ceux qui téléguidaient les insurgés. Ce seul propos suffit à discréditer tout le reste de son intervention et il est difficile de ne pas y voir des intérêts fort peu orthodoxes.
A noter que l'interview précédemment publiée sur PO du théologien ukrainien V. Bourega disait la même chose (quoique sur un ton tout à fait différent, fort heureusement). Mais ce dernier avait au moins l'excuse du manque de recul et, sans doute, d'information fiable. On ne peut vraiment plus dire ça aujourd'hui et cela change tout.

Je comprends bien pourquoi PO a décidé d'empêcher tout commentaire sur ce type de sujet et, dans l'ensemble, je l'accepte. Il y a déjà bien assez de propos acrimonieux ici, sans rajouter une ligne de fracture gravissime pour la paix entre orthodoxes. Je me permets pourtant d'intervenir dans ce petit débat pour faire remarquer la chose suivante : en se faisant ainsi l'écho de déclarations tendancieuses qu'il est techniquement impossible de critiquer, PO contribue involontairement à renforcer leur crédibilité. Un dilemme difficile à résoudre !

11.Posté par Daniel le 06/06/2014 20:02
J'ignore dans quelle mesure les référendum criméens, dans les régions de l'Est et même la dernière élection ukrainienne sont des élections sérieuses. Organisées à la va-vite, avec un résultat connu d'avance, sans véritable campagne...

12.Posté par Vladimir.G : Russie : la contribution de l’Eglise orthodoxe à l’intégration des étrangers le 06/06/2014 20:36
Non, ce n'est pas vraiment sérieux et à prendre avec du recul. Mais même à 30% prés cela montre clairement une opinion publique... Et quand les prêtres des paroisses et les évêques diocésains concernée confirment cela devient un avis déterminant!

13.Posté par justine le 06/06/2014 21:38
A Clovis: Le Patriarche Cyrille a lui-même donné la réponse: il a dit qu'une telle rencontre ne doit pas être un simple événement pour les caméras de la presse mondiale, mais comporter de la substance, à savoir la disposition du Vatican à remédier à l'uniatisme, unanimement condamné par la Conférence Panorthodoxe à Rhodes en 1964 et dont les effets en sont particulièrement nocifs en Ukraine.

14.Posté par Tchetnik le 07/06/2014 13:19
On peut se demander aussi en quoi les référendums de Crimée et du Sud-Est seraient moins sérieux que ds élections US où disparaissent des centaines de milliers de voix ou des élections "françaises" où l'avis du peuple est systématiquement ignoré, contourné ou moqué quand il ne va pas dans le sens de l'Establishement. Si les résultats étaient courus d'avance, c'est simplement parce que la volonté populaire y était réelle, vieille de plus de 20 ans et confirmée par la légitimité de l'Histoire.

15.Posté par Vladimir.G : la fin des agressions comme condition préalable à une rencontre avec le Pape. le 07/06/2014 14:24
Bien cher Clovie,

Pour être exacte, Orthodoxes et Catholiques ont condamné ensemble l'Uniatisme dans la déclaration de "Balamand" (1993), dont les Églises uniates étaient parties prenantes, mais les Orthodoxes ont accepté de respecter les communautés uniates existantes "par économie".(*)

Cet accord est immédiatement bafoué par les Gréco-catholiques d'Ukraine (cf. commentaire 3) et le patriarche de Moscou exige la fin des agressions comme condition préalable à une rencontre avec le Pape. Les choses semblent se calmer ces dernières années et une rencontre se prépare quand, comme le dit le métropolite Hilarion, "les déclarations agressives des uniates, leurs actes ayant pour objectif de porter préjudice à l’Orthodoxie canonique, leurs contacts répétés avec les schismatiques, leur désir de diviser l’Église orthodoxe russe multinationale indivise ont porté gravement atteinte non seulement à l’Ukraine et à ses habitants, mais au dialogue orthodoxe-catholique. Tout cela nous a rejeté loin en arrière et rappelle les temps où orthodoxes et catholiques ne se considéraient pas comme alliés, mais comme concurrents."

Le patriarcat maintient donc sa position: pas de rencontre tant que les Gréco-catholiques continuent leurs exactions... A quoi le Vatican répond qu0il ne les contrôle pas!

(*) Cf. l'excellente analyse du professeur Stavrou sur http://www.catho-theo.net/spip.php?article176

16.Posté par justine le 07/06/2014 16:19
Pour être plus exact encore: le document de Balamand ne condamne nullement l'uniatisme comme réalité existante, mais le rejette "comme méthode de recherche d'unité", comme le montre le passage suivant, tiré du "Document de Balamand" lui-même :

"1. À la demande de l’Église orthodoxe, la progression normale du dialogue théologique avec l’Église catholique a été interrompue pour que soit immédiatement abordée la question qui est appelée «uniatisme».
2. Au sujet de la méthode qui a été appelée «uniatisme», il a été déclaré à Freising (juin 1990) que «nous la rejetons comme méthode de recherche d’unité parce qu’opposée à la tradition commune de nos Églises».
3. En ce qui concerne les Églises orientales catholiques, il est clair qu’elles ont, comme partie de la Communion catholique, le droit d’exister et d’agir pour répondre aux besoins spirituels de leurs fidèles.
4. Le document élaboré à Ariccia par le comité mixte de coordination (juin 1991) et achevé à Balamand (juin 1993) indique la méthode qui est la nôtre dans l’actuelle recherche de la pleine communion, donnant ainsi les raisons de l’exclusion de l’«uniatisme» comme méthode." http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/ch_orthodox_docs/rc_pc_chrstuni_doc_19930624_lebanon_fr.html

Or, la 3e Conférence Panorthodoxe de Rhodes demandait l' a b o l i t i o n des communautés uniates comme telles, c'est à dire leur pleine réintégration dans les structures ecclésiales roméo-catholiques et leur retour à l'ordre liturgique romain, abandonnant cette mascarade du "rite byzantin", un simple appât, institué dès le commencement dans le seul but d'amener les Orthodoxes à se soumettre au pape, et qui ne fait que créer des confusions parmi les fideles, vu qu'il n'est pas possible de discerner, d'après le vêtement et les gestes, s'ils se trouvent devant un clergé orthodoxe ou catholique.

Contrairement à ce que dit Vladimir, le document de Balamand j u s t i f i e l'uniatisme comme réalité existante (para 3). A souligner enfin que ce document n'a été ratifié par aucun Synode orthodoxe local.

17.Posté par justine le 07/06/2014 16:54
Vladimir vogue en plein sur les ondes de l'illusion! Qui est assez naif pour croire que cet évènement médiatique bien étudié dans les jardins embaumés du Vatican a comme objet la paix? Il s'agit bien plutôt de montrer au monde "l'unité des 3 religions monothéistes", idée chere aux ecuménistes de tous bords, qui suit immédiatement l'unité "Orthodoxie"-hétérodoxie manifestée à Jerusalem et précède la "religion universelle" qui élèvera sur le thrône l'Antichrist....

18.Posté par Vladimir.G : Un véritable programme d''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''action! le 08/06/2014 16:54
Et bien, très cher Clovis, pensiez-vous lancer un débat aussi nourri avec votre question innocente?

La Déclaration de Balamand (1993) affirme donc bel et bien que «l'uniatisme ne saurait être un modèle de l'unité» mais les Orthodoxes ont accepté de respecter les communautés uniates existantes "par économie" - une évidence puisqu'il n’est pas envisageable de les massacrer ni de les convertir de force (je ne saurais dire quelle solution aurait la préférence de notre chère Justine!). Ce texte fut un accord unanimes d'experts missionnés par toutes les Eglises orthodoxes, tout comme le texte de la 3ème conférence de Rhodes qui lui est antérieur (1963) et que l'on peut donc considérer comme dépassé. Balamand est très important puisque Rome admet pour la première fois que l'uniatisme pose problème et ne doit pas s'étendre; cependant il n'a jamais été signé ni par les autorités romaines catholiques (le Pape ou le Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens), à la différence des autres textes œcuméniques, ni par aucune Eglise orthodoxe.

Le texte de Rhodes (qui n'avait eu non plus aucune réception officielle) avait déjà été dépassé au niveau panorthodoxe lors de la Préconciliaire de 1986, où l’attention était portée sur les dialogues de l’Église orthodoxe avec les catholiques-romains et les autres héterodoxes. Dans "les Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe envers l'hétérodoxie" (2000) le Concile épiscopal de l'Eglise russe (approuvé par le concile local de 2009) revient sur le sujet. Voici ce qu'en dit le métropolite Philarète de Minsk, rapporteur du projet: "Alors que l’ecclésiologie des protestants et des anglicans est caractérisée par le Concile comme imprécise, voire dangereuse, celle des Églises pré-chalcédoniennes et romaine sont évaluées plus positivement. …Le Concile est très laconique au sujet de son attitude envers l’Église romaine: «Le dialogue avec l’Église catholique romaine s’est fondé et doit rester fondé à l’avenir sur la conviction qu’elle est une église dans laquelle s’est maintenue la succession apostolique des ordinations. En même temps il apparaît indispensable de prendre en considération le caractère du développement des bases doctrinales et de l’ethos de l’Église catholique romaine qui va assez souvent à l’encontre de la Tradition et de l’expérience spirituelle de l’Église ancienne». C'est un des rares documents, sinon le seul au caractère conciliaire, qui distingue ainsi l'Eglise romaine des autres communautés et lui reconnaît l'attribut principal de l'Eglise du Christ, la succession apostolique, dont l'importance a été soulignée dans les premiers paragraphes du document." Sur les uniates le texte dit: "Le dialogue théologique avec l'Église catholique romaine doit se poursuivre parallèlement à l'examen des problèmes les plus considérables affectant les relations bilatérales. Le sujet le plus brûlants à l'heure actuelle demeurent la question du prosélytisme et le problème uniate. "

Le 22 novembre 2011, le Comité de coordination de la Commission théologique mixte internationale pour le dialogue entre les Églises catholique et orthodoxes est spécifiquement revenu sur le sujet de l'uniatisme. Dans son discours, le métropolite Hilarion a rappelé que l’une des conditions à la participation de l’Église orthodoxe russe au processus de dialogue orthodoxe-catholique avait été un retour sur le problème de l’uniatisme. Les membres orthodoxes de la rencontre ont soutenu cette position… et il n'y a pas eu de réunion depuis à aucun niveau!

On voit donc bien que cette question est au centre de la relation entre les Orthodoxes, et en particulier l'Eglise russe, et Rome, qui ne semble pas en mesure de contrôler l'Eglise gréco-catholique d'Ukraine; et il n'est pas étonnant que le patriarche de Moscou refuse de rencontrer le Pape tant que, sur le terrain, les Gréco-catholiques agressent ses fidèles. Mais Poutine a bien rencontré Porochenko avant la fin des combats… qui vivra verra!

Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile