Nice : la cathédrale Saint Nicolas  et la justice
S.E. Alexandre Avdéev, ministre de la culture de la Fédération de Russie, ancien ambassadeur de Russie en France réagit à l’interview avec le philosophe Nikita Struve que l’hebdomadaire « Ogoniok » publie dans son N°29. Il s’y agit de la cathédrale Saint Nicolas le Thaumaturge à Nice.
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Je connais depuis longtemps Nikita Alexéevitch Struve. C’est un homme très instruit, un interlocuteur passionnant, il a beaucoup contribué à la sauvegarde de la culture russe à l’étranger. Ses vues et les miennes convergent dans beaucoup de questions ayant trait à la culture russe. Cependant en ce qui concerne la situation à Nice nos approches sont radicalement opposées. La justice française nous a d’ailleurs départagés. A deux reprises, d’abord en janvier 2010, puis en mai 2011, il s’agissait alors de la Cour d’appel, les tribunaux ont dit que la cathédrale Saint Nicolas appartient à la Fédération de Russie.
J’ai été en charge de cette affaire dès son début. C’est moi qui, en ma qualité d’ambassadeur, avais intenté une action en justice à l’encontre de l’association cultuelle ACOR-Nice.
Il convient de rappeler que le terrain sur lequel est bâtie la cathédrale a été acquis par l’Empereur Alexandre II.

Par la suite ce terrain bâtissable a été transmis pour un délai de 99 ans à l’Eglise orthodoxe russe, cette décision a fait l’objet d’un bail emphytéotique passé entre l’Etat et l’Eglise. Il s’ensuit qu’à l’expiration du délai stpulé le terrain et les bâtiments reviennent au propriétaire. L’Eglise orthodoxe russe a eu à beaucoup souffrir au cours des décennies qui suivirent la révolution d’octobre 1917. La cathédrale, construite grâce aux moyens investis par l’Etat ainsi que par des donateurs relevait d’abord de l’Eglise orthodoxe russe et, par la suite, du patriarcat de Constantinople.

A l’expiration du bail, c’est à dire en 2008, l’Etat russe a exprimé le souhait que la cathédrale lui soit restituée. En ma qualité d’ambassadeur j’avais bien avant terme prévenu l’Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe Occidentale, patriarcat œcuménique, que le bail venait à expiration et qu’il convenait de commencer à chercher des solutions adéquates qui permettraient à la communauté de se maintenir dans les lieux. J’avais précisé que la communauté pourrait être maintenue dans la cathédrale si les deux parties s’entendaient sur de nouvelles bases contractuelles fondées sur la reconnaissance du droit de propriété de l’Etat russe. Aucune réponse ne m’a été donnée.
L’ACOR-Nice s’est refusée à reconnaître le droit de propriété de la Fédération de Russie. Nos juristes ont présenté aux tribunaux des documents d’archives attestant du bien fondé des affirmations de la Fédération de Russie. Ces documents ont été corroborés par des déclarations des descendants de la famille Romanov.

Lorsqu’en 1924 les relations diplomatiques furent rétablies entre nos deux pays la France a reconnu l’Union soviétique comme étant le propriétaire des biens immobiliers ayant appartenu à l’Empire Russe. Le premier Traité conclu entre nos deux pays à la suite de la désagrégation de l’ex URSS stipulait que la France reconnaît la Fédération de Russie en sa qualité de successeur en droit de l’URSS.
La cathédrale reste jusqu’à présent occupée, d’une manière illégitime depuis les décisions de la justice française, par l’ACOR-Nice. Les clés du bâtiment n’ont pas été à ce jour remises au Patriarcat de Moscou. Il appartient à l’ambassade de Russie à Paris de définir les mesures qui seront mises en œuvre en vue de restituer la cathédrale.

Je crois pouvoir dire que la grande majorité des visiteurs de la cathédrale ne savent même pas à qui appartient l’édifice. Ils y viennent pour prier. J’ai été moi-même témoin de la générosité de centaines de touristes russes qui faisaient des dons importants sans se soucier de l’appartenance juridictionnelle de la cathédrale. D’ailleurs les occupants actuels de Saint Nicolas y appliquent une règle inadmissible pour une église : ils font payer les visiteurs 3 € l’entrée. Je précise qu’en Russie l’entrée dans une église n’est payante que si cette église abrite un musée. Imaginons nous les sommes rondelettes qui s’accumulent dans les caisses de la cathédrale, surtout en été, pendant la saison touristique. Il s’agit d’un budget très important.

Grâce à la justice française la Russie a vu reconnaître ses droits de propriété sur un splendide monument historique, l’une des belles églises orthodoxes du littoral méditerranéen.
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l’hebdomadaire « Ogoniok »
et Interfax religion
Blog AACOR SNN -Nice
Traduction "PO"




Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 24 Août 2011 à 19:00 | 57 commentaires | Permalien



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