Orthodoxes - Catholiques: essai d'analyse des différentes positions. Partie I
Vladimir GOLOVANOW

Les relations entre Orthodoxie et Catholicisme provoquent des débats houleux. Pour clarifier les choses je propose une analyse simplifiées des différentes positions. Dans ce premier billet un modeste résumé de la position catholique, étant expressément entendu que je ne me considère pas comme un spécialiste du sujet: je donne un point de départ en comptant sur nos commentateurs pour compléter.

1. La volte face Catholique

Durant pratiquement tout le 2ème millénaire, l'Église catholique a condamné les positions orthodoxes en les qualifiant généralement d'hérésies: du Concile de Lyon 2 (1274), qui condamne ceux qui nient le "filioque", à la promulgation des nouveaux dogmes de l'Immaculée Conception (1854) et de l'Infaillibilité pontificale (1870), tout justifie l'appel de l'évêque de Limoges exhortant les troupes partant en Crimée à "extirper le schisme photien" que rapporte JF. Colosimo (1).

Mais la position change diamétralement à la fin du XXe siècle: le concile Vatican 2 (1962-65) proclame que les Eglises orthodoxes sont, pour l'Église catholique, des Eglises locales "dont plusieurs se glorifient d'avoir été fondées par les Apôtres eux-mêmes et nos différences constituent une "légitime diversité en matière de culte: quand il s'agit d'approfondir la vérité révélée, les méthodes et les moyens de connaître et d'exprimer les choses divines ne sont pas les mêmes en Orient et en Occident".(…) /Il/ "n'est donc pas étonnant que certains aspects du mystère révélé aient été parfois mieux saisis et mieux exposés par l'un que par l'autre, si bien que l'on doit considérer ces diverses formules théologiques souvent plus complémentaires qu'opposées" ("Unitatis Redintegratio" 14 et 17).

Et Jean Paul II confirme et va plus loin dans l'encyclique «Ut unum sint» ("Qu'ils soient un", Évangile Jn 17/21).) entièrement consacrée à l'unité des chrétiens (ce qui en soi constitue une première dans l'histoire de l'Eglise catholique). Il y réaffirme que l’œcuménisme n'est pas un «appendice » s'ajoutant aux autres secteurs de la vie ecclésiale, ou une option facultative, réservée à des spécialistes, mais que c'est, au contraire, « un impératif de la conscience chrétienne, éclairée et guidée par la charité... une exigence qui découle de l'être même de la communauté chrétienne... une obligation qui découle directement de la fidélité au Christ ». Ensuite, et c'est une véritable révolution copernicienne pour l'Église catholique, le Pape affirme que l'Unité des chrétiens n'est pas le terme, mais le point de départ de l'évangélisation qui, sans elle, ne peut que piétiner. L’œcuménisme n'est donc pas une fin en soi, mais la condition première, indispensable et incontournable de la mission, comme l'a explicitement dit le Seigneur lui même: « Qu'ils soient un, pour que le monde croie » (Jn17/21) , sans oublier que la source et le terme, l'alpha et l'oméga de l’œcuménisme, c'est le Mystère de la Sainte Trinité, « Qu'ils soient un, comme nous sommes un» (Jn 17/22), dans une unité d'amour, respectueuse de la diversité des personnes. (2)

L'a nouvelle orientation est donc claire: l'Église catholique va rechercher ce rapprochement et accepter la communion avec les Orthodoxes les différences dogmatiques devenant secondaires, alors que l'Orthodoxie reste très largement sur des positions beaucoup plus strictes.

Références:
(1) Conférence «Le monde orthodoxe 20 ans après la chute du mur de Berlin» de Jean-François Colosimo à l’Institut Saint-Serge, le 7 février 2009. Je n'ai pas trouvé de source confirmant cette information.
(2) "ORTHODOXES ET CATHOLIQUES: TENSIONS ET ESPERANCES". Une conférence donnée aux Journées fraternelles de l'Association Lumen Gentium à Paris le 25 novembre 1996 par Monseigneur Bernard Dupire.

Rédigé par Vladimir Golovanow le 10 Novembre 2010 à 11:37 | 4 commentaires | Permalien



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