Père Alexandre  Siniakov: « Je souhaite que le schisme entre Orient et Occident touche à sa fin »
Le Père Alexandre Siniakov, 31 ans, recteur du séminaire orthodoxe russe Sainte Geneviève à Epinay-sous-Sénart revient sur son enfance dans le Caucase russe, sa vocation, son arrivée en France, l’église orthodoxe, la fondation tumultueuse du séminaire, l’église catholique de France, ses espoirs de réconciliation entre les religions chrétiennes.

Le Courrier de Russie : Parlez-nous de votre enfance.

Père Alexandre Siniakov : Mon père venait d’une famille de cosaques nekrassoviens exilés en Turquie en 1720. Il revint en Union Soviétique en 1962 et devint un Soviétique standard. C’est tout de même extraordinaire, ces gens qui étaient restés à part pendant trois siècles en Turquie et qui en vingt ans devenaient des Soviétiques ! Ma mère venait d’Ukraine. J’ai passé mon enfance dans la région de Stavropol, dans le village de Novokumski, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière tchétchène. Pour pouvoir sauter des classes, je faisais le programme de la classe suivante l’été et passais l’examen en septembre. Comme ça, à quinze ans, j’avais fini l’école et je pus partir, en 1997 au monastère Ipatiev de Kostroma. Je savais depuis longtemps que je voulais aller dans un monastère.

LCDR : Quelle fut votre première impression à votre arrivé dans ce monastère ?

P.A.S. : Le sectarisme des gens. Comprenez-moi, dans mon village, j’évoluais parmi les vieux-croyants qui m’avaient baptisé, des orthodoxes, des membres de la secte des Molokanes, eux-mêmes divisés en courants protestants ou payens, des musulmans, des Arméniens. Ce village enseignait la diversité culturelle, ça vous marque pour toute la vie.

LCDR : A quel type de sectarisme faites-vous allusion ?

P.A.S : Des gens qui comprennent mal l’intérêt du dialogue. Nous étions dans les années 90, tout le monde se posait des questions sur l’identité russe post-soviétique mais le plus souvent on assistait à un choc frontal entre ceux qui liaient cette identité à la foi orthodoxe et ceux qui s’y refusaient.

LCDR : Vous parliez d’identité russe, quelle est-elle selon vous ?

P.A.S. : Il n’y en a pas qu’une, elles sont multiples. Une identité russe est évidemment liée à la foi orthodoxe mais il existe aussi une identité russe musulmane ou athée et cette diversité peut être une richesse.

LCDR : Quel fut votre premier contact avec la langue française ?]

P.A.S. : Dès mes 6 ans, j’étais persuadé que j’aimais la France et que je devais parler français. Le directeur du kolkhoze le parlait et a commencé à me donner des cours.

LCDR : C’était l’amour d’une France totalement inconnue, comment s’est passée la première rencontre ?

P.A.S. : Elle n’a fait que confirmer mes sentiments, elle les a développés même…

LCDR : C’est à dire ?

P.A.S. : J’ai été touché par le fait que les Français fassent beaucoup d’effort pour me comprendre et me faire parler, leur enthousiasme à me faire découvrir leur patrimoine, la région PACA, le Lyonnais, le Sud-Est, il y avait chez chacun le désir de me faire découvrir leur région natale.

LCDR : Qu’est-ce qui à votre avis signe la complicité entre les Français et les Russes ?

P.A.S. : Les Français sont parmi le peuples occidentaux les plus intéressés par la Russie et la culture russe.

LCDR : Pourquoi à votre avis ?

P.A.S. : La culture, la littérature, la musique russes ont été popularisées en France et y ont créé un terreau favorable. Il en va de même pour la culture française en Russie. Je pourrais dire la même chose des Italiens mais à un degré moindre. En France, chaque fois que je disais que j’étais russe, j’étais bien accueilli......SUITE Le courrier de russie.com[

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 16 Janvier 2013 à 19:11 | 8 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir le 16/01/2013 22:11
Quel magnifique exemple de la vraie Orthodoxie! Eu quel chance d'avoir le père Alexandre et le séminaire!

2.Posté par IVAN le 24/01/2013 13:08
P.A.S. :" J’ai un grand espoir,..... je souhaite que le schisme entre l’Orient et l’Occident touche à sa fin, cette séparation est une grande souffrance pour moi. J’ai des amis prêtres catholiques et des amis prêtres orthodoxes et je souffre que nous ne puissions partager le sacerdoce et l’unité écclésiale."
Ces mots du hièromoine Alexandre Siniakoff rejoignent parfaitement ceux de Carol Saba, dans l'émission sur KTO du 22 janvier( voir " orthodoxie.com " ou directement le site de KTO):
"L' ORTHODOXIE ICI ET MAINTENANT" consacrée à la" Semaine de prière pour l' Unité des Chrétiens". Carol Saba y relate la mémorable rencontre du patriarche Athenagoras avec le pape Paul VI en 1964; il rappelle l' histoire du mouvement oecuménique, la participation active des théologiens venus de Russie en France, et fait le point sur la situation actuelle. Cette émission est à voir, et à méditer.

3.Posté par Marie Genko le 28/01/2013 16:45

Le texte du Père Paul Hondzinsky, publié aujourd'hui est certainement complémentaire à celui du Père Alexandre Siniakoff.

Nous souhaitons tous voir renaître l'Eglise du Christ Une et triomphante !

Rien ne se fera sans notre Prière à tous!
C'est par notre Prière, que chacun d'entre nous prendra conscience de l'enrichissement mutuel que nous pouvons nous apporter les uns aux autres...


4.Posté par Irénée le 29/01/2013 15:50
Chère Marie,
Nous ne pouvons espérer "voir renaître l'Eglise du Christ Une et triomphante" puisque nous, orthodoxes, croyons et enseignons que nous sommes précisément l'Eglise Une !

Même si nous sommes ouverts au dialogue et favorables aux rencontres avec nos frères chrétiens, nous ne devons pas oublier l'enseignement de notre Eglise. Comme le rappelle le Père Jean Meyendorff :
L'unité chrétienne est une unité avec le Christ dans l'Esprit Saint, et non une unité entre hommes qui serait perdue dans l'histoire : cette unité est dans l'Eglise Une, qui ne saurait être divisée par les querelles humaines. Les hommes ne peuvent diviser Dieu et Sa Vérité pour les réunifier ensuite : ils peuvent les quitter puis y revenir. C'est à un retour de ce genre que l'Eglise orthodoxe appelle les autres chrétiens : un retour à la foi des Apôtres et des Pères qu'elle a conscience d'avoir préservé dans sa plénitude.

et un extrait des Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec les autres Eglises :
L'Eglise orthodoxe affirme que l'unité authentique n'est possible que dans le sein de l'Eglise Une, sainte, catholique et apostolique (qu'elle considère être elle-même). Tous les autres "modèles" d'unité sont irrecevables.

Ce qui est dit dans le texte du Père Jean s'applique aussi aux divergences dont vous parlez sur un autre fil. Il y a sans doute des divergences, mais fondamentalement l'Eglise est Une !

5.Posté par Vladimir le 29/01/2013 19:15
... et Orthodoxe, d'où le dialogue long et "semé d’embûches" dont parle le cardinal Koch!

6.Posté par Marie Genko le 29/01/2013 22:08
Cher Irénée,

Je pense être une orthodoxe sincère et j'adhère à ce que vous venez d'écrire dans votre message N°4.

Mais en écrivant que je souhaite voir renaître l'Eglise Une et Triomphante, je pensais au premier millénaire, lorsque qu'il n'y avait qu'un seul christianisme!

Ne serait-il pas possible pour tous les chrétiens Catholiques, Protestants, Anglicans et tous les autres de faire l'effort de ce retour en arrière vers cette unité de foi qui a été celle de leurs ancêtres?

Ce sont les Orthodoxes qui ont réussi à préserver la Foi du premier millénaire, n'est-il pas évident pour tous que nous devons revenir au point commun qui a été le nôtre?

Ainsi tous les chrétiens seraient à nouveau unis en une seule Eglise, celle triomphante de Jésus Christ !

7.Posté par Daniel le 30/01/2013 14:13
@ Marie (message 6)

Un seul christianisme au premier millénaire? Mais voyons, les hérésies ont commencé dès les apôtres. Saint Jean parle dans l'Apocalypse des Nicolaïtes qui semblent être des hérétiques. Par ailleurs, au premier millénaire, il y a eu aussi des séparations : monophysites, nestoriens (qui ont constitué en Asie une église fort importante en nombre) etc. Le seul christianisme du premier millénaire est un mythe...

8.Posté par Marie Genko le 30/01/2013 15:50
Cher Daniel,

Vous avez raison comme toujours...
C'est exact que le concile de Chalcédoine a provoqué, un premier schisme et c'est hélas exact aussi que les hérésies ont été nombreuses....
Mais il me semble simplement que la situation est nettement pire aujourd'hui, et si nous revenions à la case de l'an mille ce serait un grand pas en avant pour réintégrer les différentes confessions chrétiennes à l'Orthodoxie qui était la leur!

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