Notre contributeur M. Vladimir Golovanow nous adresse le texte qui suit:

Pourquoi une fête mobile pour Pâques(1)? Rappelons d'abord que les fêtes religieuses ne sont pas obligatoirement des dates anniversaires, mais constituent des "icônes cosmiques" montrant que l'univers entier participe au sens de la fête. Ainsi Noël avait été fixé au jour du solstice d'hiver(2), le retour du rallongement des jours marquant au plan cosmique cette naissance qui "a fait resplendir dans le monde la lumière de l'intelligence" (tropaire de Noël), ceci alors même que le Christ est probablement né en été, quand les troupeaux sont aux champs en Palestine (en juin - 4 d'après certains astronomes...). Pour Paques, la référence historique à la pâque juive, pourtant clairement mentionnée dans les Évangiles, a été rejetée dés le IVe siècle(3). En effet, c'est aussi une icône cosmique, montrant cette fois le triomphe de la lumière sur le ténèbres, qui fixe la date de la fête; comme le dit le canon pascal " Tout est inondé de Lumière, Le ciel et la terre et les enfers" ou "... cette nuit rédemptrice et lumineuse, Messagère du jour radieux de la Résurrection; en elle la Lumière éternelle apparut à tous… " etc. Trois cycles calendaires se conjuguent pour cela:


-          le cycle solaire annuel: le jour gagne définitivement sur la nuit après l'équinoxe de printemps le 21 mars
-          le cycle lunaire mensuel: la pleine lune ajoute son maximum de lumière pour que la nuit aussi soit éclairée ("Et Dieu fit les deux grands luminaires, le grand luminaire pour dominer sur le jour, et le petit luminaire pour dominer sur la nuit"; Genèse 16))
-          le cycle hebdomadaire: c'est au premier jour de la semaine que Dieu créa la lumière.
Pâques est donc fixé au premier dimanche suivant la pleine lune qui suit l'équinoxe de printemps.



La règle est la même pour tous les Chrétiens depuis le VIe siècle (4) et la différence que nous constatons provient du fait que les tables orthodoxes, calculées au VIe siècle, divergent maintenant de la réalité astronomique que respecte à peu prés exactement le calendrier grégorien des Occidentaux. Il y a de fait 2 inexactitudes qui peuvent se cumuler:

-          le calendrier julien que suivent les orthodoxes retardant de 13 jours notre 21 mars, qui sert toujours de base, peut laisser passer une pleine lune: dans ce cas notre Paques aura lieu 4 ou 5 semaines après celle des Occidentaux.

-          Les tables pascales du VIe siècles concernant les lunaisons retardent maintenant de 3-4 jours par rapport aux observations astronomiques qui servent de base aux occidentaux. Ainsi cette année, la pleine lune de printemps astronomique aura lieu le Jeudi 09 Avril et Paques occidentale est fixée au dimanche suivant – le 12 avril. Par contre, d'après les calculs de nos tables, la pleine lune doit être prise en compte le lundi 13 avril (je n'en ai pas trouvé confirmation) et Paques est fixée au dimanche suivant – le 19 avril.



Toutes les Églises orthodoxes suivent ce même calendrier pour Paques sauf l'Eglise de Finlande, qui suit le calendrier grégorien(5) mais il paraît évident que ce calcul de la date de Pâques fait qu'elle ne correspond plus à l'icône cosmique voulue par les Pères, alors que la fête occidentale est plus en phase avec la symbolique de l'univers. Devons nous nous attrister de cette perte du sens originel et chercher à revenir en phase avec le symbolisme du cosmos, comme l'entendait les Pères, ou continuer à suivre la lettre du canon et des tables de calcul de l'époque, que les Pères considéraient comme infaillibles? Nicolas Osorguine semble pencher pour la première solution, tout comme ceux qui votent pour la 1ère réponse du sondage…



Notons qu'en 2010 tous les Chrétiens fêteront Paques ensemble le 4 avril, ce qui donne des idées de préparation oecuménique à Paris: cf. http://paques2010.blogspot.com/.
 

Notes:

[1] L'essentiel de mes informations est reprise d'un article de Nicolas Osorguine, professeur à Saint Serge (Paris), publié dans "La pensée Russe" du 21-27 mars 2003 p.13. L'article est très complet et je n'en prendrai que l'essentiel concernant Paques, sans m'attarder sur les spécificités des calendriers qui sont assez connues et sont expliquées ailleurs (par exemple http://www.henk-reints.nl/cal/audette/calgreg.html).
[4] Sur http://www.henk-reints.nl/cal/audette/calgreg.html#contro Rodolphe Audette montre que le concile de Nicée n'a pas du tout décrété la règle de détermination de la date de Pâques, contrairement aux informations habituelles reprises aussi par Nicolas Osorguine …
[5] Alors que seules les Églises de Russie, de Serbie de Géorgie et de Jérusalem restent fidèles au calendrier julien pour le cycle annuel fixe…

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 19 Mars 2013 à 10:20 | 0 commentaire | Permalien



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