Réunion du Concile Épiscopal de l'Eglise russe
Vladimir GOLOVANOW

Ici en anglais et ici en russe nous pouvons lire la lettre aux fidèles adoptée à l'issue des travaux du Concile Épiscopal de l'Eglise russe qui s'est tenu du 2 au 4 février 2011, dans la salle des congrès de la basilique du Christ-Sauveur, à Moscou. Le SOP donne un compte rendu de ses travaux:
Citation (les titres sont de VG)

Le point sur la situation de l'Eglise
A l'ouverture des travaux de l'assemblée, dans un long rapport d'activité concernant les deux années écoulées dont il a donné lecture pendant plus de trois heures, le patriarche de Moscou a tout d'abord donné des statistiques récentes sur la situation générale de l'Église russe. Cette dernière compte 164 diocèses, 30 675 paroisses, 805 monastères (dont 398 communautés de moines et 407 de moniales), 5 académies de théologies, 2 universités orthodoxes, 47 séminaires, 37 collèges ecclésiastiques et plus de 12 000 écoles paroissiales de catéchèse. Le clergé est composé de 217 évêques, 29 324 prêtres et 3 850 diacres.

Cyrille Ier a mis l'accent sur l'excellente collaboration entre l'Église et l'État russe : " Le dialogue avec les autorités civiles a atteint aujourd'hui un très haut niveau et les institutions ecclésiales travaillent activement avec les différents services de l'Etat, à tous les échelons ", a-t-il reconnu. Il s'est particulièrement félicité de la récente adoption par le Parlement russe d'une loi attribuant aux communautés paroissiales et monastiques en bien propres les lieux de culte du pays. " Il est important que nous gardions avec précaution cet héritage qui nous est transféré ", a-t-il affirmé, avant d'ajouter : " Maintenant la responsabilité repose sur nous, nous devons entretenir ces églises encore mieux que ne le faisait l'Etat ". Il a également jugé positif l'état des relations entre le patriarcat de Moscou et les autorités civiles en Biélorussie, en Moldavie, dans les pays d'Asie centrale et dans les Républiques baltes, même si des questions restent en suspens, selon lui, en Estonie.

Le patriarche Cyrille Ier a souligné que, dans un environnement en perpétuelle mutation, se posaient à l'Église russe de nouveaux défis, parmi lesquels il a mentionné le passage des écoles de formation théologique et pastorale au système de Bologne (LMD), la mise en place d'une formation continue du clergé, le développement des aumôneries auprès des forces armées et dans les lieux de détention, l'approfondissement du service social qui répond à la vocation missionnaire de l'Eglise, le suivi des contacts avec les médias afin qu'ils puissent donner une image correcte de la vie l'Eglise, le renforcement des actions auprès des jeunes et de la catéchèse au niveau des paroisses. " Aucune des sphères de la vie publique ne doit rester en dehors du champ de vue de l'Eglise ", a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité de faire entendre la position de l'Eglise sur " les questions qui inquiètent la société et qui ont une dimension morale ou spirituelle ". Dans ce domaine, a-t-il poursuivi, " je dois dire une fois de plus qu'il est important d'avoir une approche systématique, coordonnée avec l'Etat ".

Abordant les relations interorthodoxes, le patriarche de Moscou a indiqué qu'il s'agissait là de " la priorité dans l'activité de l'Eglise russe sur la scène internationale ". Avec le patriarcat de Constantinople, a-t-il notamment dit, " nous ne voulons pas la concurrence, mais la coopération ". Dans le domaine des relations interchrétiennes, il rappelé que son Eglise avait adopté une position " ferme et conséquente " dans le dialogue théologique avec l'Eglise catholique romaine, et que ce dialogue risquait d'être " long et difficile ", tout en soulignant qu'il existait " de nombreuses questions sur lesquelles nous avons une position commune, qu'il s'agisse des phénomènes liés à la sécularisation libérale, des aspects négatifs de la mondialisation, des problèmes d'étique sociale et économique, de la crise des valeurs de la famille, de la remise en cause des normes de la morale traditionnelle ". à l'inverse, il a estimé que le fossé s'était creusé avec les protestants, dans la mesure où " en matière de théologie, d'ecclésiologie et de doctrine morale beaucoup de communautés issues de la Réforme passent du côté de l'idéologie sécularisée ".
En conclusion, Cyrille Ier a appelé de ses voeux l'amélioration du " travail en commun " que doivent mener les évêques avec les membres clercs et laïcs de leurs diocèses respectifs, l'approfondissement de la coopération entre l'Eglise et l'Etat afin de répondre aux besoins dans le domaine de l'action sociale, la généralisation de l'enseignement de la " culture orthodoxe " dans le système scolaire de la Fédération de Russie.

Des documents importants pour la vie de l'Eglise

Les journées suivantes ont été consacrées à la présentation, la discussion et l'approbation des documents officiels préparés par la commission interconciliaire et qui portaient sur des sujets aussi divers que " Les principes d'organisation du travail caritatif de l'Eglise orthodoxe russe ", " L'engagement des chrétiens orthodoxes dans la vie publique ", " L'attitude de l'Église orthodoxe russe envers le blasphème public et la calomnie intentionnelle contre l'Église ", " La pratique des déclarations et des actions des évêques, du clergé et des laïcs pendant les campagnes électorales ". Un rapport particulier sur la situation de l'orthodoxie en Ukraine été présenté par le métropolite Vladimir de Kiev, primat de l'Eglise orthodoxe d'Ukraine, qui dispose du statut d'Eglise autonome au sein du patriarcat de Moscou.
Parmi ses décisions, l'assemblée épiscopale (*) a autorisé " à titre exceptionnel " les membres du clergé à se présenter aux élections nationales et locales, en Russie comme à l'étranger. Sans supprimer la décision prise par le saint-synode en octobre 1993, qui stipulait qu'un mandat électif politique n'était pas compatible avec l'engagement pastorale (SOP 182.8), l'assemblée a estimé que " des exceptions à cette règle peuvent être faites quand l'élection d'un évêque ou d'un prêtre dans un organe du pouvoir représentatif répond au besoin de s'opposer aux forces appartenant notamment à des groupes schismatiques ou à d'autres confessions, qui cherchent à utiliser le pouvoir électif pour lutter contre l'Eglise orthodoxe ". L'assemblée a aussi décidé que l'ordination de célibataire à la prêtrise ne pouvait être permis que de façon " exceptionnelle ", la pratique séculaire de l'Eglise orthodoxe russe étant d'admettre au ministère pastoral uniquement des hommes mariés ou des moines.
Fin de citation
Le Concile a adressé un message final au clergé et aux fidèles de l'Église orthodoxe russe. Ce document présente la synthèse de ses travaux et invite clercs et laïcs à " participer de manière active, responsable et réfléchie à la discussion conciliaire dans Eglise."

"L'Église c'est nous tous, continue le document. Enfants de différents peuples, différentes générations et professions, habitants de différents pays. Et l'apôtre nous rappelle à tous: "Il y a diversité de dons, mais le même Esprit ; Diversité de ministère, mais le même Seigneur ;"(1 Cor. 12, 4-5). Une est aussi notre ancienne tradition, prenant ses débuts dans les fonds baptismaux de Kiev. Un notre idéal spirituel, fondé sur l'Évangile du Royaume de Dieu et incarné par nos saints aïeux. Nous allons le préserver. Nous allons garder notre unité".

(*)Des organes ecclésiaux importants
Le SOP appelle curieusement ce Concile "assemblée plénière" ou " assemblée épiscopale" alors que c'est bien le terme Concile, traduction du russe "Собор", qui doit être utilisé pour "cette assemblée qui constitue l'instance dirigeante suprême de l'Église russe et se réunit tous les quatre ans" (citation du SOP). Au dessus il n'y a que le Concile local, qui ne s'est réuni dernièrement que pour les élections des patriarches.

Le SOP note très justement qu'il s'agissait de la première réunion de ce genre "depuis l'élection du patriarche Cyrille en janvier 2009 , en remplacement du patriarche Alexis II décédé en décembre 2008 . Deux cent six évêques (sur les deux cent dix sept que compte le patriarcat), représentant les diocèses en Russie, en Ukraine et en Biélorussie, mais aussi en Moldavie, en Azerbaïdjan, dans les Républiques baltes, en Asie centrale, en Europe occidentale, aux Etats-Unis et au Japon, ainsi que ceux de l'Eglise russe hors-frontières, une entité ecclésiale issue de l'émigration russe qui s'était séparée du patriarcat de Moscou au début des années 1920, mais l'a rejoint en mai 2007 , ont pris part à cette assemblée (…).

Quelques jours plus tôt, les 28 et 29 janvier, la Commission interconciliaire s'était réunie en session plénière pour préparer une série de documents soumis à l'assemblée de l'épiscopat.
Cette commission, organe délibératif créé en juillet 2009, et qui comprend 144 membres, dont 54 évêques(**), 59 membres du clergé, 7 moines et 25 laïcs, a pour fonction d'examiner les questions qui se posent dans la vie interne de l'Église et dans la réalisation de sa mission dans le monde. En marge de leurs travaux, les membres de l'épiscopat ont été reçus au Kremlin, le 3 février, par le président russe Dimitri Medvedev, qui, à l'issue de cette rencontre, a remis au patriarche Cyrille les insignes de l'ordre du grand prince Alexandre Nevsky, la plus haute distinction civile de la Fédération de Russie. " Pour la première fois en mille ans d'histoire de la Russie, le pouvoir ne se mêle pas de l'activité des organisations religieuses.
Cependant il reconnaît l'apport de l'Eglise dans le développement de l'Etat, dans l'affirmation des valeurs spirituelles et morales au sein de la société ", a déclaré le président dans son discours devant les évêques."
Fin de citation

(**) Note de VG: notons la présence de Mgr Hilarion de New York au bureau du Concile et celle " notons la présence de Mgr Marc de Berlin d'Allemagne et de Grande Bretagne à la "la commission interconciliaire, tous les deux de Eglise hors-frontières. Avec les tous les évêques de l'Eglise hors-frontières ils font donc entendre la voie de la diaspora au sein de notre Eglise mère. Il faut ainsi noter le haut niveau de conciliarité pratiqué par l'Eglise russe et je ne peux m'empêcher de regretter que, à contrario, son choix d'isolement ait placé Daru en dehors du processus conciliaire non seulement dans son Eglise mère, mais aussi au sein de l'Orthodoxie, puisqu'aucun de ses représentants n'y participe à aucun niveau.

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 8 Février 2011 à 08:46 | 0 commentaire | Permalien



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