Le dimanche 10 février 2013 a eu lieu la séance solennelle de l’Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge. Placé sous la haute présidence du Métropolite Emmanuel de France, cet événement, important dans la vie de l’établissement, constitue un moment de réflexion théologique intense. Dans son allocution d’ouverture, le Métropolite Emmanuel de France a rappelé l’importance de la mission de l’Institut au 21e siècle. Il a notamment déclaré : « L’Institut doit trouver les mots, les gestes, les projets qui lui permettront de répondre adéquatement aux interrogations du troisième millénaire. » Par ailleurs, il a ajouté qu’: « Il y a dans l’approche liant vie liturgique et vie universitaire un équilibre complexe autour duquel s’articule foi et raison. Cette articulation est, à mon sens, la clé qui permet, aujourd’hui plus encore qu’hier, de faire de la théologie un espace de liberté et un lieu de communion.

D’une certaine manière, j’ose croire qu’il s’agit ici de l’héritage qu’il vous convient de continuer à faire fructifier, malgré les vicissitudes du temps, malgré les problèmes financiers qui sont consubstantiels à l’effort, en tant qu’agona en grec, ou podvig en russe, permettant d’affirmer que vous êtes ‘le sel de la terre’. Je vous adresse donc un message d’encouragement à persévérer dans votre mission, tant professeurs qu’étudiants. Car nous avons impérieusement besoin aujourd’hui de répondre aux attentes d’une société en quête de sens. »

Son allocution s’est terminée en transmettant les salutations et la bénédiction de Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée 1er ainsi qu’en faisant mention de son Eminence, l’Archevêque Gabriel de Comane dont l’état de santé appelle les prières d’un plus grand nombre.

La parole a ensuite été donnée à l’Archiprêtre Nicolas Ozoline, doyen de l’Institut, pour la lecture du compte-rendu des activités de l’Institut au cours de l’année universitaire 2011-2012. Parmi les événements marquants, le Père doyen a rappelé les liens particuliers que l’Institut par son corps enseignant et ses étudiants a tissé à l’international. Il a notamment remercié Madame Nathalie Schmemann pour son rôle déterminant qu’elle a joué pendant plus de vingt ans au sein de l’Institut en tant qu’administratrice, l’a félicité pour cette belle carrière en lui souhaitant une longue retraite paisible bien méritée.

L’un des moments forts de l’après-midi a été l’octroi d’un doctorat honoris causa au professeur Paul Meyendorff de l’Institut Saint Vladimir. Dans sa laudatio, le révérend Père Diacre André Lossky, professeur de théologie liturgique, a rappelé les grands chantiers de recherche développés par le professeur Paul Meyendorff, notamment dans le contexte œcuménique. « Les considérations audacieuses du professeur Paul Meyendorff, sont le fruit d’un fort engagement de témoignage œcuménique à l’encontre d’un dialogue qui resterait superficiel en cherchant à minimiser les différences. C’est en effet l’analyse en profondeur de nos différences qui constitue une avancée véritablement créative, et où la dimension liturgique demeure inséparable de notre vision de l’Église. »
En réponse, le professeur Paul Meyendorff a prononcé un discours non seulement sur les liens particuliers entre l’Institut Saint Serge et l’Institut Saint Vladimir aux Etats-Unis, mais aussi sur l’actualité de la théologie baptismale. En effet, il considère qu’il ne convient pas uniquement aujourd’hui de parler d’une ecclésiologie eucharistique comme paradigme à partir duquel s’organise la vie de l’Eglise, mais il convient aussi de réinvestir la théologie du baptême, de « restaurer l’expérience ecclésiale du Baptême » ainsi que « tout le processus de la catéchèse ». Ce sacrement constitue un point de départ pour une réflexion sur l’Eglise. Notons, qu’à de nombreuses reprises, il est fait mention d’une « ecclésiologie baptismale ».

Après un intermède musical de chants liturgiques interprétés par un groupe d’étudiants de l’Institut, Monsieur Goran Sekulovski, chargé de cours en patrologie, a proposé le discours académique intitulé : « L’actualité de l’œuvre patrologique du Père Georges Florovsky ». Le propos de Monsieur Goran Sekulovski consistait avant tout à démontrer l’importance de « l'acquisition de l'esprit des Pères » et l’interaction avec la pensée moderne dans le projet théologique du Père Georges Florovsky, ce qui ne présente en aucun cas « un fondamentalisme patristique ». Il a ensuite passé en revue les recherches et les publications récentes sur le « retour aux Pères » lancé par Florovsky. Celles-ci se proposaient de revisiter l'approche de la théologie des Pères qui a dominé la pensée orthodoxe dans la seconde moitié du XXe siècle, en promouvant une théologie post-patristique qui se veut « contextuelle » et dont l’objectif est de « passer au-delà » de la synthèse néopatristique de Florovsky. En montrant la force et la vitalité de l’approche créative de Florovsky, M. Sekulovski s’est notamment demandé pourquoi est-il essentiel de continuer à faire appel aux Pères de l’Église aujourd’hui : « Il y a une source d'inspiration chez les Pères, un centre de pensée, qui transcende les catégories conceptuelles (formulations, langages, cultures, contextes...) et qui a une valeur éternelle ». Pour conclure, Monsieur Sekulovski a souligné qu’une prochaine étape pour les patrologues serait de prêter plus d’attention à la diversité de voix des Pères ainsi qu’à l’ouverture aux questions d’actualité (par ex. les problèmes de la bioéthique), sans pour autant oublier le motif central : la pensée et l’esprit des Pères, leur « φρόνημα ».

La séance solennelle s’est finalement conclue par une conviviale réception.
Orthodoxie. com (voir l'album de photographies)



Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 21 Février 2013 à 10:54 | 0 commentaire | Permalien



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