Géorgie: l'Eglise orthodoxe critique la nouvelle loi sur les religions
Cette loi peut aboutir à des confrontations sur le terrain religieux en Géorgie. Nous demandons un veto présidentiel, a déclaré à l'AFP l'un d'entre eux, Chota Glourjidze.

TBILISSI - La puissante Eglise orthodoxe géorgienne a sévèrement critiqué mercredi 6 juillet une nouvelle loi permettant à d'autres confessions d'obtenir une reconnaissance légale en tant qu'organisations religieuses dans cette ancienne république soviétique. Cette législation contredit les intérêts de l'Eglise et du pays, a jugé le patriarche géorgien, Ilia II, une figure extrêmement respectée dans le pays, dans un communiqué disponible sur son site Internet.

Nous pensons qu'il y aura des conséquences négatives dans un futur proche et que les autorités en porteront la responsabilité, selon le patriarche.La loi, approuvée mardi par le Parlement, permet aux autres confessions d'obtenir une reconnaissance légale en Géorgie en tant que religion, alors que jusqu'à présent elles ne pouvaient s'enregistrer que comme des organisations non gouvernementales.

La Géorgie est un pays multiethnique et multiconfessionnel et tous les citoyens de ce pays, indépendamment de leur religion, doivent avoir les mêmes droits, a de son côté indiqué le député du parti au pouvoir, Nougzar Tsiklaouri.
Il a néanmoins ajouté que l'Eglise orthodoxe conservera un statut spécial, qui lui garantit notamment des avantages fiscaux.
Mercredi /6 juillet 2011/ l'Eglise baptiste évangélique a salué cette nouvelle loi. L'évêque Rousoudan Gotsiridze a souligné aux médias locaux que plusieurs groupes religieux de Géorgie demandaient depuis de nombreuses années le droit de s'enregistrer. Mais des partis d'opposition, notamment le Mouvement chrétien-démocrate, ont eux appelé le président Mikheïl Saakachvili à user de son veto, estimant qu'il était nécessaire d'effectuer davantage de consultation avec la population étant donné la délicatesse du sujet.
Une trentaine de personnes se sont également réunies devant une église près du Parlement dans le centre de la capitale Tilissi pour protester contre la nouvelle législation.... SUITE Romandie News

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 10 Juillet 2011 à 12:03 | 12 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Tchetnik le 10/07/2011 22:44
Il est pourtant évident que le patrimoine culturel et historique géorgien n'est pas "multiculturel" ou "multiethnique". On ne peut mettre sur un pied d'égalité une Église fondatrice de la communauté de vie de ce pays et d'autres religions qui ont au contraire tenté de l'anéantir. Sans oublier les groupes plus sectaires qu'autre chose.

2.Posté par Marie Genko le 11/07/2011 08:42
Cher Tchetnik,

Merci pour la justesse de votre commentaire.
Il est un fait évident que le président Mikhaïl Saackashvili aurait été mieux inspiré, une fois de plus, de ne pas écouter ses mentors étrangers et faire une politique à l'écoute de son peuple.

3.Posté par Daniel le 11/07/2011 11:06
Je voulais revenir sur cette nouvelle en revenant sur un événement passé. A l’époque de Chevarnadzé, il y eut un projet de siganture d’accord avec le Vatican qui accordait un statut particulier à l’église catholique. Sous la pression de l’église orthodoxe, le projet fut retiré. Comme quoi, il semble s’agir d’une question qui ressurgit assez souvent et non pas des mentors de Saakashvili L’accord avec le Vatican suivait la visite de Jean-Paul II en Géorgie, visite qui intéressait Chevarnadzé car c’était une bonne opération de communication internationale, et Jean-Paul II qui ne disait jamais non à un voyage car tout les voyages du pape, cela contribue à donner l’image que la pape est le chef de toute la chréthienté.

Concernant la nouvelle loi, il faudrait voir en fonction des groupes religieux :

1° Les Juifs : il y en a en Géorgie depuis des siècles (avant même le christianisme) et de l’aveu d’un rabbin juif lui-même qui avait dit « Je viens d’un pays où les Juifs n’ont jamais été persécutés », ils ne doivent pas être trop malheureux, d’autant que les Géorgiens ne sont pas obsédés par un éventuel complot juif comme le sont certains orthodoxes d’autres pays. Le Patriarche Elie avait même chanté le psaume 1 avec le grand rabbin de Géorgie en 2006 (chose incorrecte vu qu’on ne prie qu’entre orthodoxes)

2° Les musulmans. Il y a les azéris, mais aussi des géorgiens ethniques musulmans, en Adjarie. Le nombre de ces derniers serait en baisse constante à cause de conversions au christianisme. Ils sont eux-mêmes, comme les Lazes (population géorgienne ethniquement) de Turquie d’ascendance chrétienne. Le problème avec les musulmans est que la négociation avec la Turquie n’a pas encore aboutie : Turquie et Géorgie négocient autour de deux cathédrales géorgiennes en Turquie (construites du temps de l’apogée de la Géorgie) qui sont en décrépitude et que la Géorgie voudraient rouvrir. En échange, la Turquie semble vouloir une nouvelle mosquée à Batumi, ce que l’Eglise de Géorgie ne veut pas…

3° Les Arméniens : il faut savoir que Géorgiens et Arméniens ne s’apprécient pas du tout, mais vraiment pas du tout et que l’origine est religieuse, les uns chalcédoniens, les autres antichalcédoniens. Il y a des populations arméniennes en Géorgie et géorgiennes en Arménie. En Géorgie, certaines églises sont l’objet de conflit, sont-elles géorgiennes ou arménienne ? En plus, comme en Arménie, l’église de Géorgie n’a pas de statut particulier, c’est peut-être une question de réciprocité.

4° Les catholiques, déjà évoqués précédemment, sont présents dans le sud-ouest surtout

Il doit y avoir aussi des églises protestantes plus récentes, des témoins de Jéhovah. Ces derniers, lors des années Chevardadzé étaient malheureusement violemment agressés physiquement par un prêtre dont le nom m'échappe, pratique à des lieues de l'orthodoxie où l'on combat l'hérésie par d'autres moyens...

Comme la mentalité en Géorgie n’est pas au progressisme œcuméniste, et comme il serait bon qu’il y ait un minimum de réciprocité (avec la Turquie, l’Arménie) cette loi, à mon sens vient un peu trop tôt. D'un point de vue purement juridique, il doit y avoir égalité des citoyens, sinon on sera forcé d'accepter les discriminations des chrétiens dans les pays musulmans... Mais il faut juste une réciprocité dans les pays voisins. La seule communauté à laquelle on pourrait l'attribuer est la juive mais combien sont-ils avec les départs pour Israël ?

4.Posté par Daniel le 11/07/2011 11:17
Une précision aussi. Les religions concernées par cette loi sont : le catholicisme, l'église arménienne, l'église baptiste et le judaïsme, à savoir les religions ayant des liens historiques avec la Géorgie. Je ne vois pas dans cette liste l'influence des mentors étrangers de Saakashvili. Ce qui semble poser problème est que cet enregistrement soit étendu par la suite à d'autres groupes religieux.

Source : http://wwrn.org/articles/35694/

5.Posté par Tchetnik le 11/07/2011 16:53
Les liens "historiques" de l'église Baptiste avec la Géorgie sont des plus hypothétiques, et certainement pas identiques avec ceux de l'Église Arménienne, par exemple, dont il ne faut d,ailleurs pas éxagérer l'antagoniesme, comte tenu de la présence persistante d'une forte communauté Arménienne sur tiflis, notamment.

En cela, la main étrangère apparait déjà plus clairement. Cette loi n'en est qu,à ses débuts, gageons.


6.Posté par Daniel le 11/07/2011 19:03
@ Tchetnik

La première église baptiste en Géorgie date de 1867 tout de même!

Source : http://dlajezusa.pl/dj/content/view/812/257/

L'inimitié avec les Arméniens existe bien mais pas au point de les découper en morceaux; c'est de l'inimitié, pas de la haine. En gros, l'Arménien sera associé à de nombreux défauts : menteur, fourbe etc. Mais de là à les découper en morceaux on en est loin! Cette inimitié est d'ailleurs réciproque.

Je rappelle que la capitale de la Géorgie est Tbilissi (venant de tbili qui veut dire tiède car il y avait une source d'eau chaude) et non Tiflis, nom que lui donnèrent les Arabes et qui fut repris en russe.

7.Posté par Tchetnik le 11/07/2011 22:40
1867...

Sur un pays qui fut christianisé au IVième siècle.
Ce qui n'en fait pas une communauté fondatrice. Pas plus que les Juifs qui n'y participèrent pas, ou que les musulmans qui au contraire firent tout pour rayer ce pays de la carte.

Pour Tiflis, effectivement, c'est le terme qui était en usage à l'époque impériale.

8.Posté par vladimir le 12/07/2011 12:55
"Rendons à César..." a dit le Christ! Je ne crois pas que "César", soit n'importe quelle autorité civile, ait à se mêler de régenter la foi de son peuple. Aucune religion ne devrait en conséquence jouir de privilèges particuliers...
Le contraire c'est la charia: est-ce cela que nous souhaitons?

9.Posté par Daniel le 12/07/2011 13:24
Je pense pour ma part que l'orthodoxie est suffisamment forte et lumineuse pour réfuter les lubies protestantes, les doctrines mahométanes, les divagations catholiques, les fariboles extrême-orientales et bien d'autres choses, pour peu que l'on se donne la peine de demeurer un peu dynamique et missionaire. Nul besoin de sombrer dans les travers des pays musulmans qui interdisent la prédication chrétienne, signe en fait d'une grande crainte et faiblesse de l'islam. Depuis la fin de l'URSS, en Géorgie, malgré la concurrence religieuse qui est libre, l'orthodoxie se porte fort bien, l'islam recule notamment en Adjarie où dans cette population initialement musulmane mais d'ethnie géorgienne, on doit compter maintenant autant de chrétiens que de musulmans; il n'y a pas de percée véritable de témoins de Jéhovah ou de protestantisme... D'ailleurs le communiqué du Patriarche dit bien :

"L'Eglise de Géorgie n'a jamais été opposé et a toujours soutenu l'octroi d'un statut aux autres religions en Géorgie mais le processus n'a pas eu un déroulé correct, ce qui signifie qu'aucune commission n'a été établie par les autorités pour une étudier la question et parvenir à un accord" et plus loin "Il faut noter que la question de la propriété et de l'entretien des Eglises géorgiennes dans les autres pays n'a pas été soulevées jusqu'à présent et que la discussion sur le statut de notre église [dans les pays étrangers] n'a pas débuté".

A lire ce communiqué, il semble qu'une des question clefs est bien la réciprocité vis-à-vis de l'Arménie et la Turquie et non les 15 000 malheureux baptistes géorgiens... En effet, un fonctionnement normal des anciennes églises géorgiennes en Turquie pourrait laisser entrevoir les perspectives d'une ré-évangélisation des Lazes (passés en grande majorité à un islam, néanmoins un peu superficiel car ils ont le souvenir de leurs origines chrétiennes); pour l'Arménie, simple question de réciprocité...

Source : http://georgianjournal.ge et voir l'article sur la question

10.Posté par Tchetnik le 12/07/2011 16:12
Statut de reconnaissance et de respect, tant des autres religions que de leurs fidèles, pour que leur dignité soit reconnue et protégée. Mais certainement pas une place équivalente dans une société qu'elles n'ont pas construite.

Après, le Christ a distingué les deux aspects mais ne les a jamais séparés. Toute société est fondée sur un héritage spirituel qui a donné idéal de vie commune et projet de société, et il est normal qu,il conserve une place première dans la société qu'il a créée.

C'était ainsi dans nos pays Chrétiens et Royaux en Europe, lesquels avaient construit une Weltanschauung bien différente de celle de la Charia.

11.Posté par vladimir le 17/07/2011 14:25
20 juin 2011 - GÉORGIE : Le patriarcat de Géorgie et l'Eglise d'Arménie n'ont pas réussi à parvenir à un accord de reconnaissance mutuelle
Le patriarcat de Géorgie et l'Eglise d'Arménie n'ont pas réussi à parvenir à un accord de reconnaissance mutuelle et de dialogue, a déclaré, le 17 juin, le métropolite Gérasime de Zugdidi, responsable des relations extérieures de l'Eglise orthodoxe de Géorgie, à l'issue d'un voyage officiel d'une semaine du catholicos Karekin II, primat de l'Eglise arménienne. Un document officiel concernant la reconnaissance mutuelle des deux Eglises, la mise en place d'une commission de dialogue bipartite ainsi que l'ouverture, sur la base de la réciprocité, d'églises arméniennes en Géorgie et d'église géorgiennes en Arménie, dont la signature était prévu, n'a pas pu avoir lieu, car ce texte reste encore au stade de " la rédaction et [de] la confrontation des points de vue ", a-t-il précisé, cité par des agences russes d'information religieuse. La publication d'un document de ce genre avait pourtant été annoncée après une rencontre de travail entre le primat de l'Eglise orthodoxe de Géorgie, le patriarche-catholicos Elie II, et le catholicos arménien Karekine II, le 11 juin, à Tbilissi. Le catholicos arménien avait également eu un entretien avec le président géorgien, Mikhail Saakashvili. Dans une déclaration publiée à l'issue de ces rencontres, le service de presse de Karekine II avait affirmé que les différentes parties étaient convenues que les autorités civiles géorgiennes doivent accorder " un statut légal " aux structures ecclésiales de la communauté arménienne de Géorgie, estimée à quelque 500 000 fidèles. Toujours selon la même source, les autorités géorgiennes s'étaient engagées à protéger plusieurs églises médiévales précédemment utilisées par la communauté arménienne de Géorgie, mais dont la propriété est contestée par l'Eglise de Géorgie, tandis que, de son côté, le patriarche géorgien avait demandé l'obtention d'églises, aujourd'hui abandonnées, dans la province du Lori, en Arménie. S'exprimant devant la presse, le 15 juin, lors d'une visite dans le Djavakhk, une région du sud de la Géorgie peuplée majoritairement d'Arméniens, les primats des deux Eglises ont admis publiquement leurs divergences sur cette question. " Quand on parle des églises, il ne faut pas oublier que les deux parties ont des demandes ", a ainsi déclaré le patriarche Elie II, cité par le journal Les Nouvelles d'Arménie. " Chacun a des faits et des documents historiques au sujet des églises arméniennes en Géorgie comme des églises géorgiennes en Arménie ", a-t-il ajouté, tout en proposant que les deux Eglises créent une commission de dialogue bipartite pour régler ce différend. Une solution rejetée par le catholicos arménien qui considère que bien que ces églises auraient relevé jadis de l'Eglise géorgienne, celle-ci ne peut prétendre à des droits sur ces édifices compte tenu du petit nombre de Géorgiens habitant en Arménie, à peine un millier, selon ses sources. Les deux catholicos ont néanmoins souligné que leur différend ne devait pas endommager les relations entre les deux pays. " Nos peuples sont liés par de nombreux liens spirituels, culturels et historiques, contrairement aux différences théologiques entre nos Églises qui sont apparues du fait des événements historiques ", avait dit à ce propos Karekine II.

12.Posté par Parlons d'orthodoxie le 20/07/2011 15:21
Géorgie : les orthodoxes manifestent contre la nouvelle loi sur les religions
18 juillet 2011

Plusieurs centaines de chrétiens orthodoxes se sont rassemblés lundi 18 juillet en Géorgie pour protester contre une nouvelle loi permettant à d’autres confessions d’obtenir une reconnaissance légale en tant qu’organisations religieuses dans cette ancienne république soviétique.
Les manifestants se sont réunis devant le patriarcat à Tbilissi, la capitale. Il s’agit de la troisième journée consécutive de protestation après d’autres rassemblements pendant le week-end qui ont réuni des milliers de croyants.
"Ces amendements sont une menace pour l’identité nationale géorgienne", a déclaré l’un d’eux, un prêtre, selon la télévision locale.
Approuvés la semaine dernière par le Parlement, ils permettent aux autres confessions d’obtenir une reconnaissance légale en Géorgie en tant que religion, alors que jusqu’à présent elles ne pouvaient s’enregistrer que comme des organisations non-gouvernementales.
L’Eglise orthodoxe conserve néanmoins un statut spécial, qui lui garantit notamment des avantages fiscaux.
Réuni lundi pour discuter de cette loi, le synode (conseil des hiérarques) a appelé les autorités à "ne pas autoriser aux autres groupes d’avoir les mêmes droits que l’Eglise orthodoxe" grâce à ces amendements, selon l’évêque Seraphime cité par les médias locaux.
De leur côté, les Etats-Unis et le Conseil de l’Europe ont salué la nouvelle législation.
SUITE AFP

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