Le nouveau chef de l'Eglise grecque-catholique (uniate) ukrainienne, Sviatoslav Chevtchouk, a déclaré mardi qu'il allait demander au pape Benoit XVI d'octroyer à cette confession le statut de patriarcat, au risque de déclencher les foudres de l'Eglise orthodoxe russe.
Nous sommes une Eglise en croissance, et chaque Eglise en croissance s'oriente vers un patriarcat", a expliqué le dignitaire.
Mgr Sviatoslav, élu la semaine dernière et intronisé dimanche, a indiqué qu'il allait exposer au souverain pontife des propositions en ce sens préparées par le synode de son Eglise, lors de sa visite au Vatican commençant mardi.
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Rédigé par l'équipe de rédaction le 29 Mars 2011 à 14:00 | 5 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Jean V. le 03/04/2011 22:40
Tout catholique byzantin que je sois, je trouve cette initiative plutôt malvenue. D'accord pour les patriarcats "historiques" mais l'Eglise d'Ukraine... Drôle d'idée.
J'ajoute, quitte à paraître quelque peu provocateur, que dans l'ancienne tradition (antiochienne en tout cas, pour la byzantine il faudrait consulter un spécialiste) le chef d'une Eglise située en dehors des limites de l'Empire romain ne s'appelle pas un Patriarche mais... un Catholicos! Mais je conçois que cette dernière remarque puisse paraître déplaisante à certains, auquel cas veuillez excuser cet excès d'acribie.
Meilleures salutations et merci pour ce blog où je trouve beaucoup d'inspiration,
Jean V.

2.Posté par vladimir le 04/04/2011 11:19
10 ans après on en revient au même point?
L’élévation de l’archevêque majeur de l’Église gréco-catholique ukrainienne (le cardinal Lubomyr Husar à l'époque) au rang de patriarche avait été débattue en 2003 lors d’une réunion de cardinaux (cf. lien). Plusieurs, dont le cardinal Kasper, président du conseil pontifical pour l'unité des chrétiens, et surtout celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger, avaient exprimé leur opposition. Une lettre de Kasper à Moscou sur l’histoire et le statut canonique des patriarcats du point de vue catholique avait néanmoins provoqué un tollé et une réaction violente chez les Orthodoxes: "Je voudrais soumettre à votre attention une question très sérieuse […]. Il s’agit en particulier de votre intention d’instituer le patriarcat [gréco-catholique] en Ukraine, intention qui a été communiquée à notre frère Alexis, patriarche de Moscou et de toutes les Russies, par votre cardinal Walter Kasper, comme me l’a fait savoir le patriarche de Moscou lui-même" écrivit le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, à Jean-Paul II le 29 novembre 2003 et, après une longue argumentation, il concluait en déclarant que si jamais le nouveau patriarcat gréco-catholique d’Ukraine prenait corps, ce serait une catastrophe pour le mouvement œcuménique. Le pape Jean-Paul II répondit en exprimant sa 'surprise' et invita Bartholomée Ier à Rome... L'affaire en resta là et il est bien étrange que, à peine élu, le nouvel Archevêque majeur relance la polémique!


3.Posté par Irénée le 04/04/2011 14:44
Ceci me semble un indicateur, parmi d'autres, du double langage pratiqué par l'Eglise romaine.
La politique de conquête par les uniates continue partout, malgré les "accords de Balamand"
Mais il me semble sage de ne pas trop polémiquer autour de ces questions. Que Rome mène la politique qu'elle veut, à nous de rester fidèles à la vision orthodoxe, et de la reconstruire là où elle est abimée !

4.Posté par vladimir le 05/04/2011 15:20
"Nous sommes une Eglise en croissance", a expliqué Mgr Sviatoslav et il a raison: clandestine il y a 22 ans L'Église grecque-catholique est devenue, par la taille, la troisième Église d’Ukraine avec près de 8 % de la population, soit cinq millions de fidèles et prés de 3.600 paroisses, essentiellement concentrées en Ukraine occidentale (1). Rappelons qu'elle provient des "unions" des XVIe-XVII: Union de Brest (1595-1596), quand la Métropole de Kiev-Galicie, qui appartenait à la Pologne catholique (Rzeczpospolita ) rejoint Rome, et Union d'Oujgorod (1646): 63 prêtres orthodoxes de Ruthénie subcarpatique (alors royaume de Hongrie) font de même. Ces provinces se retrouvent entièrement dans l'empire austro-hongrois après le partage de la Pologne, puis en Pologne après 1922 et n'ont donc jamais appartenu à la Russie, ni à l'URSS avant d'être envahies par l'Armée rouge en septembre 1939.

Occupées par l'Allemagne dés juin 1943, la région est définitivement annexée par l'URSS en 1945 (accords de Yalta). Tous les évêques grecque-catholiques sont arrêtés et condamnés aux travaux forcés dés avril 1945, pour collaboration avec les forces allemandes pendant l'occupation, puis ce sont 204 prêtres qui abjurent "l'hérésie latine" et rejoignent le patriarcat de Moscou en 1946... Mais d'autres perpétuent leur culte clandestinement ou s'exilent. L'Eglise est restaurée en 1989 avec son siège à Lviv. Les lieux de culte son récupérés par la force, avec la bienveillance des autorités, aux dépends du patriarcat de Moscou dont plusieurs paroisses restent sans églises.

L'implantation de cette Eglise se renforce en Ukraine occidentale, où des paroisses orthodoxes la rejoignent régulièrement, et elle commence à s'implanter ailleurs, à commencer par Kiev où son siège a été transféré en 2005, provoquant une nouvelle tension entre le patriarcat de Moscou et Rome. L'Eglise grecque-catholique jouit de la bienveillance appuyée des autorités locales et des premiers présidents ukrainiens: l'ex-président Jushenko avait soutenu la demande de patriarcat (il avait aussi appuyé les démarches du soi-disant patriarche Philarète de Kiev) et le transfert du siège à Kiev. Tout cela justifie bien l'accusation de prosélytisme à l'encontre de Rome, que le patriarche Cyrille rappelait dernièrement, et le ballon d'essai du nouveau primat vient curieusement renforcer ces accusations; il montre bien, en effet, les ambiguïtés de la position catholique: ouverture et dialogue au sommet et impression de paix et de concorde ici, où le Catholicisme n'a rien à craindre de l'Orthodoxie, mais concurrence active à la bas; là où les Catholiques peuvent réellement évincer les Orthodoxes ils ne s'en privent pas et utilisent l'uniatisme malgré les grandes déclarations de Balamand (1993, cf. http://www.catho-theo.net/spip.php?article176).

(1) Cf. l'Institut de la liberté religieuse, 1/01/2010, http://irs.in.ua/index.php?option=com_content&view=article&id=581%3A1&catid=51%3Astats&Itemid=79&lang=uk. Voir aussi lien ci-dessous pour la situation des Orthodoxes.


5.Posté par EVEQUE DONATIEN ABEL GITANTHA le 30/05/2011 15:28
BONJOUR "PO"

NOUS AVONS UN RÉEL PLAISIR DE RECEVOIR LA SÉRIE DE VOS DOCUMENTATIONS POUR REPRÉSENTER VOTRE ÉGLISE ICI AU CONGO KINSHASA.
RESPECTUEUSEMENT

+ Mgr Donatienabel

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