Il est évident que cette information donnée par Vesti.ru n’est pas sans conséquences pour l’orthodoxie de tradition russe dans le monde. (P.O.)

Des études démographiques récentes montrent qu’au cours de ces dix dernières années plus de 1.250.000 habitants ont quitté le pays écrit le « Los Angeles Times ». Les habitants de la Russie fuient le pays. Il est rai que l’actuelle vague de l’émigration n’est pas similaire à ce que le pays a connu à la suite de 1917 ainsi que dans les années 70-80 du dernier siècle. (P.O. : la « deuxième vague » de l’émigration, celle de l’après-guerre est omise dans l’article).

Si auparavant ceux qui quittaient le pays vendaient au préalable leurs biens immobiliers, leurs véhicules, etc. ils partent maintenant « en douceur ». La majorité d’entre eux ne veulent pas de rupture définitive avec leur pays. Ils envisagent un retour possible. Mais les statistiques indiquent que seule une partie insignifiante des nouveaux émigrés reviennent en Russie. Les départs se chiffrent à 100-150.000 personnes par an. Les trois dernières années écoulées ont vu s’accroître tout particulièrement le flux des départs. Le phénomène de la fuite des cerveaux atteint des proportions considérables. Si les autorités ne parvenaient pas à freiner ces départs la recherche russe risquerait de se retrouver exsangue. Les chercheurs ne sont satisfaits ni de leurs salaires, ni de la vétustés des équipements. Près de 20% des habitants de la Fédération se rendent chaque année dans d’autres pays pour y tenter leur chance. Il ne s’agit pas seulement de personnes jeunes.

Le quotidien britannique « The Telegraph » indique qu’au cours de ces dix dernières années près de 30.000 entrepreneurs et hommes d’affaires russes sont partis de Russie. La majorité d’entre eux expliquent leur départ par les difficultés qu’ils avaient à travailler dans le respect de la légalité. Ces nouveaux émigrés se refusaient à avoir affaire à des fonctionnaires corrompus et ce qui les a incités au départ. Ils se réfèrent également à la détérioration de la situation économique du pays. En effet, le rythme de la croissance a décru ces dernières années de 7-8% à 3% annuels.

Traduction "PO" Larissa

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 16 Novembre 2011 à 17:35 | 8 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par vladimir le 16/11/2011 22:46
ENCORE UN CANARD...
RUSSIE: DES EMIGRANTS FANTOMES?

Très récement, une série d'articles est venue rappeler à quel point la Russie était un pays sans avenir. Divers médias francophones, tel que le Figaro, la Tribune de Genève, Le soir, ont commenté les résultats d’un sondage qui expliquait "qu’un cinquième des Russes (22%) souhaiterait émigrer de Russie" et que "selon les chiffres officiels, cités par Vedomosti, en trois ans, environ 1,2 million de personnes ont quitté la Russie". Ces résultats "illustreraient une nouvelle vague d'émigration, et mettent à mal les mots d'ordre patriotiques et les projets ambitieux du Kremlin" écrit encore Europe1.

La naissance d’un mythe

Le chiffre de 1,25 millions de Russes qui seraient partis depuis 3 ans viendrait d'une discussion en date du 15.01.2011 retransmise à la radio d’opposition Echo de Moscou entre Sergueï Stépachine (président de la Cour des comptes) et Michaïl Barshevski. Je rappelle le moment clef de l'échange en russe ci-dessous, avec sa traduction en français derrière:

С.СТЕПАШИН: Но у меня есть цифры точные. 1 миллион 250 тысяч человек, которые работают за рубежом. Это не самые плохие наши…

М.БАРЩЕВСКИЙ: Ты имеешь в виду не водопроводчиков?

С.СТЕПАШИН: Ну, это ученые, специалисты.

М.БАРЩЕВСКИЙ: Миллион 250 тысяч?

С.СТЕПАШИН: Миллион 250 тысяч. Примерно столько ушло после 1917 года».


S.STEPACHIN: J'ai des chiffres précis. 1 million 250 mille personnes qui travaillent à l'étranger. Et pas les plus mauvais...

M.BARCHEVSKI: Tu veux dire pas des plombiers?

S.STEPACHIN: Des scientifiques, des spécialistes.

M.BARCHEVSKI: 1 million 250 mille?

S.STEPACHIN: 1 million 250 mille. Voilà à peu près combien sont partis depuis 1917.

1,250 million de russes travaillent donc à l'étranger. Comment en est-on arrivé à ce que ce chiffre soit repris par la presse francophone comme le nombre de russes ayant soi-disant fui la Russie depuis 3 ans?

Dans un article du 11 février 2011 de Moskovsksi Komsomolets intitulé "courons loin du tandem" ("Бегом от тандема") il est écrit: "la Cour des comptes a officiellement déclaré que durant les dernières années sont partis de Russie 1,25 million de personnes. La vague d'émigration est à peine moins grande que celle de 1917. Ces données sont confirmées par le directeur du Service Fédéral des Migrations (FMS): "300 à 350.000 Russes partent chaque année travailler à l'étranger. Combien reviennent, il ne l'a pas dit".

("Счётная палата официально сообщила: “За последние годы из России уехали 1 250 000 человек”. Волна эмиграции немного меньше, чем после 1917 года. Эти данные подтверждает директор Федеральной миграционной службы Ромодановский: “Порядка 300—350 тысяч россиян уезжают каждый год работать за рубеж”. Сколько возвращается, он не сказал").

En réalité une vérification sur le lien en question des affirmations du directeur du FMS permet de lire la phrase dans son ensemble et non un morceau sorti de son contexte. Voila ce qu’il y est en fait écrit: "Chaque année 300.000 Russes partent de Russie, dont 40.000 pour aller résider définitivement à l'étranger. Ce chiffre était de 70.000 en gros avant la crise, mais il s'est réduit (..) De tous les Russes qui sortent du pays, a peu près 30 à 40.000 quittent le pays pour aller résider définitivement à l’étranger".

Каждый год из России уезжают более 300 тысяч россиян, из них около 40 тысяч - на постоянное место жительства, считает глава Федеральной миграционной службы РФ Константин Ромодановский. "До кризиса цифра была 70 тысяч человек, но потом эта цифра сократилась. (...) Из всех уезжающих россиян за границу "примерно 30-40 тысяч" покидают страну на постоянное место жительства".

Le 29 mai 2011, la revue russe d’opposition Novaya Gazeta dans un réquisitoire intitulé "La Russie ne plait plus" affirme que le pays ne sera pas en état survivre jusqu’à la crise démographique de 2050 en écrivant que le "représentant de la Cour des comptes Serguei Stépachine a affirmé que depuis 2008, 1,25 million de personnes" ont émigré.

("Председатель Счетной палаты Сергей Степашин еще в январе озвучил цифру — с 2008 года из страны уехало 1,25 миллиона человек").

Les faits sont bien loin des obsessions idéologiques

L’institut Rosstat donne des chiffres reconnus comme étant assez précis. Regardons les flux migratoires de Russie, entrées et sorties de 1997 à 2010, ici sous forme de tableau:

Depuis 2008 donc, 105.544 russes ont émigré hors de Russie.

© RIA Novosti.

Таблица 2

Depuis 1999 on peut voir que la quantité d’émigrants de Russie baisse, ce qui traduit l’amélioration économique que le pays connait depuis 10 ans.

Depuis 2008: 37.894 Russes ont émigré définitivement vers l’étranger lointain.

Il y a aussi une méthode indirecte de vérification: La consultation des statistiques migratoires d’Eurostat, des USA, du Canada, ou de l’Australie par exemple. Là encore, ce chiffre de 1,2 millions de Russes ayant obtenu un titre de séjour à l’étranger parait fantaisiste. Il faudrait alors supposer qu’un million de Russes seraient partis sans se déclarer dans des pays qui ne tiennent pas de statistiques, cela semble peu crédible.

Sondages et Fantasmes

Maintenant le sondage traduisant "la soi disant nouvelle vague d'émigration, et qui mettrait à mal les mots d'ordre patriotiques et les projets ambitieux du Kremlin". Regardons attentivement le tableau de ce sondage: si 22% des sondés affirment vouloir émigrer, ils ne sont que 1% à déjà préparer leur départ en faisant leurs sacs (ca n’a pas changé depuis 2009). Ils ne sont que 2% à avoir pris la décision d’émigrer et 6% à étudier les possibilités d’émigration. Ils sont également 69% à ne jamais penser à émigrer. Par comparaison, en 2006, 25% des jeunes britanniques souhaitaient émigrer, ce chiffre a atteint 33% en décembre 2010. Mais à la même date, seulement 2% d’entre eux ont réalisé leur projet d’émigration. En clair, le pays n’a connu aucune fuite massive de cerveaux malgré de tels sondages. En 2009, 20% des Chinois diplômés souhaitaient également quitter le pays. En 2010, 30% des jeunes arabes (des pays de la Ligue arabe) souhaitaient également émigrer. On relève aussi que 20% des Bulgares en âge de travailler souhaitent partir à l’étranger.

Ce seuil de 20 à 30% semble donc exister dans de nombreux pays, indépendamment du contexte économique local, bon pour la Chine, ou moins bon pour la Bulgarie par exemple. Par rapport à ces chiffres, on peut surtout se demander s’il y a suffisamment de jeunes Russes diplômés ou pas, qui souhaitent acquérir une expérience professionnelle à l’étranger. La mondialisation de l’économie offre des opportunités de plus en plus nombreuses dans ce sens, et il n’y a rien de malsain dans cette tendance qui améliore les échanges économiques. Ce qui est malsain, c’est de propager dans les médias des chiffres faux, pour alimenter des prévisions catastrophistes.

Quelles conclusions en tirer?

- Les chiffres montrent en Russie une baisse forte de l’émigration et une stabilisation de l’immigration depuis le début des années 2000.

- Le nombre de Russes qui ont définitivement quitté leur pays depuis 2008 est de 105.544 et non pas de 1,25 million.

- Une certaine presse dite d’opposition gagnerait beaucoup à être réaliste dans ses analyses et non à fantasmer en lançant des mensonges, repris et propagés sur la toile. La quantité ne s’impose pas sur la vérité. La Russie devrait par exemple vraisemblablement faire face à la crise démographique de 2050.

- Certains gros relais médiatiques francophones semblent ne pas vérifier leurs sources et on peut légitimement se poser la question de savoir s’il s’agit de simple mauvaise foi ou d’incompétence.

Dans les deux cas, c’est assez inquiétant et cela ne reflète pas la vérité de la Russie d’aujourd’hui.

13/07/2011 à 10h47 - mis à jour le 10/09/2011 à 14h26 | 972 vues | 0 réactions
Alexandre Latsa, 33 ans, est un blogueur français qui vit en Russie. Diplômé en langue slave, il anime le blog DISSONANCE, destiné à donner un « autre regard sur la Russie »
http://www.lepost.fr/article/2011/07/13/2547303_russie-des-emigrants-fantomes.html

2.Posté par Marie Genko le 17/11/2011 09:28
Chère Larissa,

Merci pour cette traduction!

Quell chance a la Russie d'avoir encore un taux de croissance de 3% !!!!!!!!!!!!

Chez nous, en France, ce taux de croissance est actuellement inférieur à 1% !!!!!!

Les émigrants russes actuels vivent encore dans l'illusion des paradis capitalistes européens et américains!

Et certains politiciens et hommes de lettres russes aussi vivent dans cette illusion!
Ils ne savent pas que nos banquiers, et la faiblesse de nos dirigeants, nous ont amenés au bord de la faillite....

J'ai écouté récemment une intéressante conférence donnée par le professeur André Zoubov.
Le professeur Zoubov est un homme d'une érudition et d'un talent remarquable.
Il a écrit, en collaboration avec d'autres savants, une Histoire du XXème siècle russe.
Et bien quel n'a pas été mon étonnement d'entendre ce chrétien orthodoxe, cet éminant proffesseur s'étendre en louanges sur nos démocraties occidentales!!!

Je sais qu'il donnera bientôt une conférence au séminaire d'Epinay sous Sénart, et j'espère bien avoir la possibilité de m'y rendre pour l'écouter.



3.Posté par Volkoff le 17/11/2011 12:02
Je m'imaginais que les chaînes TV et radio Vesti sont plus que publiques et correspondent plus ou moins à FR2-France 24 car émettant également en anglais.
Si la voix officielle de Moscou se met à véhiculer des canards, où allons-nous?

Flux migratoires normaux, bénéfiques pour la Russie d'une certaine façon.
Et, quoi qu’il en soit, pour les paroisses Chersonèse, OCA, EORHF! Et futur Centre Spirituel et Culturel Orthodoxe Russe de Paris (Quai Branly Paris )

4.Posté par vladimir le 17/11/2011 15:52
Cet article de Vesti est faux dans les détails mais vrai dans l'ensemble. Je m'explique:

L'ARTICLE EST TENDANCIEUX SUR PLUSIEURS POINTS:
- S'il y a bien 1,250 millions de Russe à l'étranger, comme dit Sergueï Stépachine, ils sont venus sur les 20 et non les dix dernières années: j'en connais plusieurs qui sont ici depuis plus de 15 ans et des célébrités comme Vladimir Fedorovski (1995) ou André Makin (1995) illustrent clairement ce phénomène. Cela n'a d'ailleurs rien d'extraordinaire: il y a largement plus de 1 million d'Occidentaux en Russie, les seuls Français étant plus de 200 000.

- Dire que l'accélération du phénomène est due à la crise n'est simplement pas sérieux: après la dépression des années 1990 et la crise de 1998, la Russie a connu 10 ans d'expansion enviable avec une moyenne de + 8%/an. En 2009 il a eu un "trou d'air" (-7,9%), mais le rétablissement a été spectaculaire avec +4% en 2010 et probablement autant en 2011 d'après le FMI: rien à voir avec nos 1-1,5% comme le souligne Marie.

MAIS IL INDIQUE UNE VRAIE TENDANCE
Le fait que les intentions de partir soient sérieuses parmi les jeunes est confirmé par de nombreuses sources(1) et ce sont bien les conditions de vie et de travail, dont la corruption, qui arrivent en tête des raisons données; cela ne saurait surprendre ceux qui ont vécu en Russie et côtoyé les russes ordinaires dans leur vie quotidienne: la lutte pour la vie est dure et brutale en permanence et il n'est pas étonnant que les jeunes, qui voyagent beaucoup, soient tentés par notre façon de vivre protégée. Nous ressentons d'ailleurs clairement cela dans no paroisses, avec l'augmentation sensible des nouveaux arrivants depuis 5-6 ans. Et ils ne viennent pas que de Russie: l'Ukraine et la Moldavie, en particulier, augmentent ce flot.

Bien entendu tous ces russophones ne se précipitent pas dans nos paroisses, mais on peut estimer que les Orthodoxes pratiquants représentent parmi eux les mêmes 30% que dans le reste de la population et cela fait déjà beaucoup de monde. Ces nouveaux paroissiens ont, bien évidement, des attentes spécifiques auxquelles il faut répondre. On le voit clairement avec la querelle de Nice, où les "nouveaux arrivants" se montrent particulièrement virulent, et nous l'avions vu avec Biarritz. J'avais approché cette problématique dans un article précédent (2) qui n'avait suscité aucun débat alors que j'y vois clairement un vrai défi pour notre action pastorale.

(1) http://www.lecourrierderussie.com/2011/11/11/desir-exil-jeunesse-russe/
(2) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/De-l-analyse-ethnosociologique-a-l-unite-TROIS-PROFILS_a1947.html

5.Posté par Roman le 17/11/2011 18:55

Vladimir, pouvez vous expliquer vos propos :
« Ces nouveaux paroissiens ont, bien évidement, des attentes spécifiques auxquelles il faut répondre. On le voit clairement avec la querelle de Nice, où les "nouveaux arrivants" se montrent particulièrement virulents … ».
De qui parlez-vous ? En quoi et envers qui ces « nouveaux paroissiens » sont virulents ?
Merci, Roman.

6.Posté par Daniel le 17/11/2011 20:32
Bref parenthèse économique : la Russie étant classé dans les pays émergents devraient avoir une croissance plus forte : l'Argentine est à 7% par exemple. L'économie russe est trop fondée sur les matières premières, paradoxalement comme les économies des pays sous-développés. C'est incompréhensible vu le bon niveau de formation...

7.Posté par vladimir le 17/11/2011 22:26
Cher Daniel,
Je ne sais qui classe la Russie "dans les pays émergents". En général on la met plutôt dans les "pays en transition" ou les BRICA, dont l'Argentine ne fait pas partie. Vous avez raison sur le type d'économie: même avec la Chine elle a une forme "coloniale": la Russie exporte ses matières premières et importe des produits finis... On parle de "syndrome hollandais"

Cher Roman,
J'ai constaté à Nice comme à Biarritz que les partisans de rejoindre le patriarcats de Moscou étaient particulièrement virulents parmi les "nouveaux arrivés". Dans la vie paroissiale normale, ils sont plus attentifs au slavon, aux tenues traditionnelles pour les femmes (jupe longue et fichu), à la confession avant chaque communion, au respect des carêmes, à la célébration des mâtines les veilles de fêtes, à la vénération des reliques et aux pèlerinages... Ils font plus souvent le signe de croix, des métanies et ils ont aussi plus de demandes catéchistiques de base ...

C'est un sentiment personnel basé sur des observations limitées et je serais très intéressé à entendre d'autres opinions.

8.Posté par vladimir le 17/11/2011 22:40
PS: économie suite: avec 4% en 2010, la Russie se situe en position médiane dans le monde (99ème sur 215). Parmi les BRICA, seule l'Afrique du Sud fait moins bien (2,8%), les autres se situant au dessus de 8%. Mais nous en parlions à propos de l’émigration et les pays occidentaux, où partent majoritairement les jeunes russes, se situent tous nettement en dessous. Mais ce n'est pas la croissance qui fait le niveau de vie, au contraire, et les émigrés russe recherchent surtout un meilleur niveau de vie et de meilleures conditions de travail.

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