La Russie et la Pologne ont tourné une nouvelle page de leur histoire commune et peut-être un nouveau regard sur l’Église de Rome
La Russie et la Pologne se tendent la main

La Russie et la Pologne ont tourné une nouvelle page de leur histoire commune, entend-t-on répéter de plus en plus souvent dans les rues de Varsovie. Un message commun sur la réconciliation des deux peuples a été signé le 17 août pendant la visite officielle du patriarche de l’Église orthodoxe russe en Pologne. Signé par le patriarche Cyrille et le primat de Pologne l’archevêque Joseph Mikhalik, ce document a provoqué une vague d’émotions ans la société polonaise.

Le texte du Message sur la réconciliation des peuples russe et polonais est resté strictement confidentiel pendant presque trois ans de sa préparation. Il y a en Pologne des adversaires du rapprochement entre les deux pays. C’est ainsi que pendant la cérémonie de signature de ce document historique, un piquet des mécontents était posté devant le Palais royal à Varsovie.Les citoyens de tendance nationale, une dizaine tout au plus, portaient les maillots rouges aux armoiries de Pologne en brandissant des slogans et des drapeaux polonais "Nous ne sommes pas contre l’amitié avec les Russes mais nous protestons contre la signature des documents de ce genre tant que nos contradictions historiques ne soient pas résolues", - a expliqué dans l’interview à "La Voix de la Russie" la militante Christine.

"Nous avons de la sympathie pour le peuple russe mais la politique que pratiquent aujourd’hui nos deux pays ne nous convient pas. Il nous semble que ce document est instrumentalisé pour nous dissimuler la vérité et tenter de nous la faire oublier, tandis que nous avons la conviction que seule la vérité puisse nous réconcilier un jour."

D’ailleurs dans leur majorité, les Polonais sont sûrs que l’acte de réconciliation qui vient d’être signé n’a rien à voir avec une proclamation politique. Ce document nous appelle à respecter les valeurs chrétiennes léguées par Jésus Christ et unissant nos églises et nos deux peuples, estime le métropolite Savva qui dirige l’église orthodoxe de Pologne.

"Ce document concerne l’Église orthodoxe ruse et l’Église catholique de Pologne.

Certes, nous avons contribué à l’élaboration de ce message parce que nous sommes sûrs qu’il a une très grande importance pour nos deux peuples et nos deux églises. Nous avons un passé commun douloureux et devons aujourd’hui insister sur ce que nos contacts ont de positif. La réconciliation définitive ne se fera pas avant plusieurs décennies, si bien que ce message n’est qu’un premier pas dans cette voie et je suis content qu’il ait été enfin franchi par les deux pays"- a dit dans l’interview à notre radio le réalisateur polonais de renom Christoph Zanussi.

"La signature du document ne fait que marquer le début de ce processus. Je suis certain que les gens peuvent se réconcilier et pardonner les offenses quoi qu’il en coûte. Les offenses laissent une trace profonde dans l’âme. Le pape Jean-Paul II disait que la réconciliation ne peut pas être plus superficielle que la douleur et le mal qui ont été faits. Par conséquent, elle doit aussi être profonde et sincère et j’espère qu’il e sera ainsi." ( l’interview de C.Z.)
Le fait que de nombreux Polonais seniors renouent avec un plaisir manifeste avec la langue russe et répondent à nos questions exclusivement en russe, montre que le peuple souhaite la réconciliation. Il ya parmi les jeunes beaucoup de ceux qui ont appris le russe comme langue étrangère dans les années 1990 et rêvent aujourd’hui d’aller à Moscou. Christoph Zanussi est sûr que les deux peuples trouveront bien des points en commun et deviendront de bons amis dès lors qu’ils se mettent à étudier attentivement l’histoire et le culture de nos deux pays.

Sur le même sujet
La Voix de la Russie

* * *
Une visite très médiatisée en Pologne

Cette visite officielle – la première dans l’histoire – doit s’achever dimanche 19 août. Très médiatisée en Pologne, elle est considérée comme pouvant contribuer à l’amélioration des relations entre la Russie et la Pologne. Entre ces deux pays, l’histoire est chargée en guerres et en rivalités frontalières. Après la Seconde guerre mondiale, l’Union soviétique a imposé le communisme à la Pologne. Celle-ci, depuis son adhésion à l’Otan en 1999 et à l’Union européenne en 2004, a vu sa position renforcée. Depuis quelques années, les autorités de Moscou et de Varsovie cherchent à privilégier le dialogue.

Un appel à préserver les valeurs chrétiennes

Vendredi 17 août, après avoir rencontré le patriarche Savva de l’Église orthodoxe polonaise, Kirill 1er a concélébré – avec lui et avec Hilarion, métropolite de Volokolamsk – un office à la cathédrale orthodoxe Sainte-Marie-Madeleine de Varsovie. Samedi, il s’est rendu à Bialystok. Dans l’imposante église du Saint-Esprit, le patriarche de Moscou a prié et appelé les fidèles à préserver les valeurs chrétiennes. « Tous ces changements de la vie amènent à perdre de vue les véritables objectifs ; tout ce qui semble important n’a que peu de valeur », a-t-il déclaré avant un bain de foule. Il s’est ensuite rendu dans le monastère orthodoxe de Suprasl (XVIe siècle) puis à Hajnowka, et enfin sur le mont Grabarka, lieu saint des orthodoxes polonais.

Peut-être un nouveau regard sur l’Église de Rome

Kirill 1er a également rencontré la Conférence épiscopale catholique. « Cette visite pourrait avoir comme effet que les Russes portent un regard nouveau sur les Polonais, avait commenté jeudi Mgr Michalik. Et aussi sur l’Église de Rome car ils voient cette Église à travers la Pologne. » Cette visite pourrait être une étape dans le rapprochement entre les Églises orthodoxes et catholique et préparer une éventuelle rencontre entre Kirill 1er et Benoît XVI. La Croix


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 28 Août 2012 à 22:00 | 10 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Benoît XVI salue la rencontre historique du Patriarche de Moscou et d’évêques catholiques en Pologne le 20/08/2012 08:22
Au cours de l’Angélus récité le 19 août 2012 devant les fidèles réunis dans la cour du Palais apostolique de Castel Gandolfo, Benoît XVI a salué la rencontre historique entre le patriarche de Moscou Cyrille Ier et des évêques catholiques en Pologne. Le pape a également invité à se laisser à nouveau surprendre par les paroles du Christ et à redécouvrir la beauté du sacrement de l’Eucharistie

2.Posté par Vladimir le 20/08/2012 12:00
Paroles de Benoît XVI après l’angélus

(En français)

Chers pèlerins francophones, l’Évangile de ce jour nous redit que Jésus est la vraie nourriture qui se donne à nous pour que nous ayons la vie en abondance. Il se présente lui-même comme le Pain Vivant, nourriture indispensable pour le croyant qui désire la vie éternelle. Il nous offre ainsi la force de nous donner gratuitement à nos frères et sœurs. C’est là pour nous une source de joie, de vie et d’espérance. Que la Vierge Marie nous aide à partager la vie de son Fils ! Bon dimanche et bonne semaine à tous !

(En polonais)

En ces jours, le Patriarche de Moscou et de toute la Russie, Kirill Ier, est l’hôte de l’Eglise orthodoxe en Pologne. Je salue cordialement Sa Sainteté, ainsi que tous les fidèles orthodoxes. Le programme de cette visite comprend aussi des rencontres avec les évêques catholiques et la déclaration commune du désir de faire grandir l’union fraternelle et de collaborer pour diffuser les valeurs évangéliques dans le monde contemporain, dans l’esprit d’une même foi dans le Christ Jésus. C’est un événement important qui donne de l’espérance pour l’avenir. Je confie les fruits de cette rencontre à la bienveillance de Marie, en implorant la bénédiction de Dieu. Loué soit Jésus-Christ.

3.Posté par Perplexio le 20/08/2012 16:32
"Le pape a également invité à (…) et à redécouvrir la beauté du sacrement de l’Eucharistie" .

Alors va-t-il mettre un terme à la privation de la sainte eucharistie dont sont l'objet les petits baptisés catholiques dès leur baptême depuis huit siècles ?

4.Posté par Vladimir le 21/08/2012 21:55
Bien cher Perplexio,

Voici le texte complet sur l'Eucharistie:
4 août 2012 - Angelus 29 juillet
L'EUCHARISTIE, RENCONTRE PERMANENTE DE L'HOMME AVEC DIEU

" Pour que l’homme puisse manger le pain des anges, le Seigneur des anges s’est fait homme. S’il ne s’était pas fait tel, nous n’aurions pas son corps. le Seigneur se fait notre nourriture, pour nous transformer en Lui-même." rappelle Benoît XVI.

" Chers frères et sœurs,

" Ce dimanche, nous avons commencé la lecture du chapitre 6 de l’évangile de Jean. Le chapitre s’ouvre avec la scène de la multiplication des pains, que Jésus commente ensuite dans la synagogue de Capharnaüm, se désignant lui-même comme le «pain» qui donne la vie. Les actions accomplies par Jésus sont parallèles à celles de la dernière Cène: « Il prit les pains, et, après avoir rendu grâce, les leur distribua» - écrit l’Evangile (Jn 6,11). L’insistance sur le thème du «pain», qui est partagé, et sur l’action de grâce (v.11, en grec eucharistesas), rappellent l’Eucharistie, le Sacrifice du Christ pour le salut du monde.

" L’évangéliste observe que la Pâque, la fête, était proche (cf. v. 4). Le regard s’oriente vers la Croix, le don d’amour, et vers l’Eucharistie, la perpétuation de ce don : le Christ se fait pain de vie pour les hommes. Saint Augustin commente ainsi : « Qui, sinon le Christ, est le pain du Ciel ?

" Mais pour que l’homme puisse manger le pain des anges, le Seigneur des anges s’est fait homme. S’il ne s’était pas fait tel, nous n’aurions pas son corps; en n’ayant pas son propre corps, nous ne mangerions pas le pain de l’autel» (Sermon 130,2). L’Eucharistie est la grande rencontre permanente de l’homme avec Dieu, dans laquelle le Seigneur se fait notre nourriture, se donne Lui-même pour nous transformer en Lui-même.

" Dans la scène de la multiplication, la présence d’un jeune garçon est rapportée, qui, face à la difficulté de rassasier tous ces gens, met en commun le peu qu’il a: cinq pains et deux poissons (cf. Jn 6,8). Le miracle ne se produit pas à partir de rien, mais à partir d’un premier partage modeste de ce qu’un simple jeune garçon avait avec lui. Jésus ne nous demande pas ce que nous n’avons pas, mais il nous fait voir que si chacun offre le peu qu’il a, le miracle peut toujours s’accomplir de nouveau : Dieu est capable de multiplier notre petit geste d’amour et de nous rendre participants de son don.

" La foule est touchée du prodige: elle voit en Jésus le nouveau Moïse, digne du pouvoir, et dans la nouvelle manne, l’avenir assuré, mais elle s’arrête à l’élément matériel, qu’elle a mangé, et le Seigneur, « savait qu'ils étaient sur le point de venir le prendre de force et faire de lui leur roi, se retira, tout seul, dans la montagne » (Jn 6,15). Jésus n’est pas un roi terrestre qui exerce la domination, mais un roi qui sert, qui se penche sur l’homme pour satisfaire non seulement la faim matérielle, mais surtout la faim plus profonde, la faim d’orientation, de sens, de vérité, la faim de Dieu.

" Chers frères et sœurs, demandons au Seigneur de nous faire redécouvrir l’importance de se nourrir non seulement de pain, mais de vérité, d’amour, du Christ, du corps du Christ, en participant fidèlement et avec grande conscience à l’Eucharistie, pour être toujours plus intimement unis à Lui. En effet «ce n'est pas l'aliment eucharistique qui se transforme en nous, mais c'est nous qui sommes mystérieusement changés par lui.

" Le Christ nous nourrit en nous unissant à lui; il nous attire en lui » (exhortation apostolique Sacramentum caritatis, 70). Dans le même temps, nous souhaitons prier pour que ne manque à personne le pain nécessaire pour une vie digne, et pour que soient abattues les inégalités, non pas par le moyen de la violence, mais par le partage et l’amour.

" Confions-nous à la Vierge Marie, alors que nous invoquons sur nous et sur ceux qui nous sont chers son intercession maternelle. "

5.Posté par Vladimir le 21/08/2012 22:01
L’Église catholique polonaise et l’Église orthodoxe russe unies face au fondamentalisme laïque

Par Olivier Bault le 20 août, 2012 @ 8:50
Dans une déclaration commune, les orthodoxes russes et les catholiques polonais déclarent vouloir agir ensemble pour défendre la présence du christianisme dans la vie publique face à la tentation laïque de vouloir interdire toute expression religieuse en dehors de la sphère privée. Les deux Églises critiquent violemment l’avortement et l’euthanasie, qu’elles qualifient de péché grave et de honte pour la civilisation contemporaine, et elles s’attaquent également à la tendance actuelle à vouloir présenter comme une des formes du mariage l’union entre deux personnes du même sexe

Cyrille Ier, patriarche de l’Église orthodoxe russe, est reparti dimanche de Varsovie après une visite historique en Pologne. C’était la première visite d’un patriarche de l’Église de Russie dans ce pays, une visite marquée par une volonté de réconciliation après des siècles de confrontation, l’appartenance religieuse ayant souvent été dans le passé le signe distinctif entre Polonais catholiques et Russes orthodoxes dans les conflits qui ont opposé ces deux peuples, même si les deux Églises ont en commun d’avoir été persécutées par les totalitarismes athées du XXe siècle.

Si la déclaration elle-même fait consensus chez les catholiques polonais, beaucoup regrettent la récupération politique de l’événement et se demandent pourquoi cette déclaration des deux Églises chrétiennes a été signée dans un bâtiment officiel laïque, sans messe et sans prière commune, en présences de ministres du gouvernement polonais. Une partie de l’opposition ne peut s’empêcher de faire remarquer que le patriarche Cyrille Ier ayant lui-même des liens étroits avec le pouvoir russe, cette visite semble avoir été utilisée par les gouvernements des deux pays pour réaliser une opération de communication sur le thème de la réconciliation russo-polonaise après la mort du président Kaczyński, qualifié injustement de russophobe par le pouvoir russe et par le parti PO (Plateforme civique) qui gouverne depuis 5 ans en Pologne, alors que le scandale autour de l’enquête sur la tragédie de Smolensk met à mal cette image d’amitié entre les deux peuples après des siècles de guerres et surtout deux siècles d’occupation russe, puis soviétique, de la Pologne.

Si l’Église catholique est omniprésente en Pologne, avec environ 95 % de la population de tradition catholique, l’Église orthodoxe polonaise compte un peu plus d’un demi-million de fidèles et est la deuxième Église du pays, surtout présente dans l’est, dans la région de Bialystok où le patriarche Cyrille Ier a rencontré les fidèles orthodoxes de la ville en présence de l’archevêque catholique local. Sur le plan de la foi et des dogmes, peu de choses différencient les deux Églises et ce sont surtout la liturgie et l’allégeance à l’évêque de Rome qui les distinguent. Il arrive même fréquemment que catholiques et orthodoxes se retrouvent dans les mouvements chrétiens très vivants en Pologne. Ainsi, la communauté de Bialystok du mouvement catholique Communion et Libération compte à la fois des catholiques et des orthodoxes. Dans leur déclaration commune, l’Église catholique polonaise et l’Église orthodoxe russe rappellent d’ailleurs qu’aussi bien les Russes que les Polonais vouent un culte profond à la Vierge Marie et elles lui confient cette grande œuvre de réconciliation et de rapprochement de leurs Églises et de leurs peuples.

Le pape Benoît XVI a quant a lui exprimé son espoir que cette visite contribuerait au dialogue et au rapprochement entre catholiques et orthodoxes.

6.Posté par Marthe le 23/08/2012 12:18
Accompagné du métropolite Edward Ozorowski de Białystok (Église catholique romaine), le Patriarche Cyrille s’est rendu au monument dédié au prêtre catholique Jerzy Popiełuszko, tombé victime de répressions en 1984. (Mospat)

7.Posté par Marie Genko le 23/08/2012 20:30
Olivier Bault ignore probablement que les prières communes avec les schismatiques ou les hérétiques sont interdites par les Canons de l'Eglise.
Ces Canons étant antérieurs au schisme, il est normal autant pour les orthodoxes que pour les catholiques de ne pas célébrer de liturgie commune.
Voilà certainement la raison de cette signature dans un bâtiment civil.
Il est franchement dommage que l'opposition se sente obligée de critiquer cette volonté de réconciliation russo-polonaise initiée par les Eglises majoritaires dans leur pays respectif!
La vocation de l'Eglise n'est-elle pas justement de prêcher l'entente et la paix?

8.Posté par Vladimir le 25/08/2012 10:55
ROME, le 22 août 2012 – Les correspondances en provenance de Russie au milieu du mois d’août ont été monopolisées par le procès des Pussy Riots, ces trois jeunes femmes coupables d’avoir raillé le président Poutine et chanté des phrases contre Dieu et contre l’Église à la cathédrale de Moscou.

Mais, au même moment, il s’est produit à l'Est de l'Europe "un événement important qui suscite l’espoir pour l’avenir".

C’est en ces termes que Benoît XVI a défini, dimanche dernier lors de l'Angélus, la déclaration commune qui a été signée le vendredi 17 août, au château royal de Varsovie, par Kirill, le patriarche de Moscou et de toute la Russie, et par l’archevêque Józef Michalik, président de la conférence des évêques de Pologne.

Le pape Joseph Ratzinger n’a pas qualifié cet événement d’"historique", mais il n’en était pas loin. Il suffit de se rappeler que la visite du patriarche Kirill est la première jamais faite en Pologne par un chef de l’Église orthodoxe russe. Et que, inversement, Jean-Paul II n’a jamais réussi à se rendre à Moscou, justement en raison du poids invincible de l’hostilité séculaire entre la Russie et son pays natal, la Pologne.

En 1965, un autre document de réconciliation, entre les Églises catholiques de Pologne et d’Allemagne, fut signé conjointement par les dirigeants de ces deux Églises. Et c’est à juste titre que ce document est considéré comme un tournant historique.

Mais celui qui vient d’être signé est certainement plus important encore.

Les conflits politiques et religieux qu’il s’agit d’apaiser ne datent pas seulement des dernières décennies, ils portent sur plusieurs siècles : depuis les affrontements entre les armées polono-lituaniennes et celles du tsar au XVIIe siècle jusqu’au massacre de Katyn en 1943, lorsque la police secrète soviétique fit massacrer 22 000 prisonniers de guerre polonais.

De plus, ceux qui ont signé ce document dans un esprit de fraternité sont les représentants de deux Églises – l’une catholique et l’autre orthodoxe - qui sont séparées par un schisme millénaire.

Enfin, il s’agit d’un message tourné vers l’avenir. Il trace un chemin commun entre les deux Églises et les deux peuples à la fois dans le domaine de l'évangélisation et dans celui de la résistance aux défis de la culture séculariste, notamment en ce qui concerne l’avortement, l’euthanasie, la famille. Dans les passages concernant ces questions, le document rappelle beaucoup le magistère de Benoît XVI : n-ième signe qui montre combien les relations entre les Églises de Rome et de Moscou se sont améliorées sous l’actuel pontificat.

On peut lire ci-dessous ce document – qu’il n’est pas facile de trouver dans les langues occidentales – reproduit dans son intégralité.

Suite: http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350310?fr=y (lien)

Signalé par: http://www.orthodoxie.com/actualites/relations-oecumeniques/pologne-le-texte-du-message-catholique-orthodoxe/

9.Posté par « Dès qu’il est question des relations russo-polonaises, on cherche toujours des problèmes. Mais la réalité est tout autre » le 06/09/2012 14:05
Le Courrier de Russie : Excepté le court épisode de réchauffement des années 1991-1993 suite à l’ouverture des archives du massacre de Katyn par Boris Eltsine, les relations entre la Pologne et la Russie demeurent plutôt tendues…

Wojciech Zajaczkowski : Nous avons eu des moments difficiles, certes. Avec la dissolution du Pacte de Varsovie suite à la chute de l’Union soviétique, le problème du stationnement de l’armée russe en Pologne – finalement évacuée en 1993 –, l’intégration de notre pays à l’Alliance atlantique (OTAN) ou à l’Union européenne, nous avons effectivement dû, régulièrement, mener des discussions avec Moscou.

LCDR : L’entrée de la Pologne dans l’Union européenne en 2008 a-t-elle modifié ses rapports avec la Russie ?

W.Z. : Depuis 2008, nous assistons à une amélioration significative des relations entre les deux pays.

LCDR : Amélioration des relations ? Alors que la Pologne se détache justement de son allié oriental pour se tourner vers l’Ouest ? Cela semble paradoxal…

W.Z. : Un groupe de travail russo-polonais pour les questions difficiles a été créé en 2002. Et après 2008, précisément, ses membres ont réussi à obtenir des résultats concrets sous la présidence d’Adam Daniel Rotfeld, ancien ministre polonais des Affaires étrangères, et d’Anatoli Torkunov, président de l’université moscovite MGIMO. Le groupe a notamment élaboré un recueil d’études historiques consacré aux relations entre la Pologne et la Russie au XXème siècle et présentant, pour chaque sujet, une voix polonaise et une voix russe. Sur la base de ce travail, le Parlement russe a reconnu en 2008 le massacre de Katyn, perpétré contre des milliers d’officiers polonais par le NKVD [police politique de l’Union soviétique, ndlr].

Cette décision a beaucoup contribué à améliorer les relations entre les deux pays. Bien sûr, certains thèmes posent encore problème, comme l’accès aux archives de Katyn – fermées depuis 1993 –, mais la tendance va dans le bon sens.

« Notre économie est relativement indépendante du gaz »

LCDR : Quelle place les énergies russes tiennent-elles dans les relations entre les deux pays ?

W.Z. : Notre économie est relativement indépendante du gaz naturel : cette ressource représente seulement 11% du paquet énergétique polonais. Notre pays produit lui-même plus de 30% de son gaz et achète le reste sur le marché post-soviétique, principalement en Russie. La Pologne consomme 14 milliards de mètres cubes de gaz par an, soit très peu par rapport aux autres pays européens. Notre formule d’approvisionnement énergétique est basée essentiellement sur le charbon.

LCDR : Ce sont tout de même 70% du gaz polonais qui sont importés de Russie. N’est-ce pas un signe de dépendance ? N’y a-t-il pas là un risque de pression politique sur l’approvisionnement ?

W.Z. : Non, la seule source d’inquiétude est liée au monopole du géant Gazprom sur le marché du gaz. Pour faire évoluer cette situation, nous construisons des connexions entre les systèmes de gaz polonais et européen, notamment le terminal SNG dans le port de Swinoujscie, au nord-ouest du pays.

LCDR : L’objectif est-il d’atteindre l’indépendance totale vis-à-vis de la Russie ?

W.Z. : Non. La Russie est l’un de nos plus importants partenaires économiques et personne ne désire sortir entièrement du système d’approvisionnement gazier russe. Il faut seulement instaurer une concurrence.

LCDR : L’OTAN souhaite installer en 2018 un bouclier anti-missile sur le territoire de la Pologne, afin de protéger les États-Unis d’une éventuelle attaque de missiles balistiques. Ce projet pèse-t-il directement sur les relations diplomatiques russo-polonaises ?

W.Z. : Le débat a lieu non entre la Pologne et la Russie, mais entre la Russie et l’OTAN. D’ailleurs, dès qu’il est question des relations russo-polonaises, on cherche toujours des problèmes. Mais la réalité est tout autre. La question du bouclier s’inscrit dans les relations entre la Russie et les États-Unis d’une part, entre l’OTAN et la Russie d’autre part. La Pologne participe à ces discussions en tant que membre de l’OTAN. Ni plus ni moins.

LCDR : Qu’en est-il des affrontements violents qui ont opposé les supporters russes et polonais lors de l’Euro 2012 de football, provoquant 130 arrestations et dix blessés ?

W.Z. : Le problème du hooliganisme en Pologne n’est pas lié spécifiquement à la Russie. Il existe de façon autonome. Ce genre d’altercations survient même entre les différents clubs polonais ! D’autre part, il faut relativiser ce qui s’est passé à Varsovie : ce sont des faits comparables aux altercations d’avril en Russie entre les partisans du Zénith pétersbourgeois et du Spartak moscovite, à la suite desquelles 400 supporters ont été interpellés avant le match pour violences.

« Les Polonais font bien la différence entre Russie et Union soviétique »

LCDR : Pas l’ombre d’un sentiment de russophobie, donc, au sein de la population polonaise ?

W.Z. : Je crois d’abord que les Polonais font parfaitement la différence entre Russie et Union soviétique. Ensuite, ils distinguent nettement les peuples des États. C’est pourquoi j’insiste : il n’y a pas, au niveau de la population, d’hostilité. La Pologne a une frontière commune avec l’oblast russe de Kaliningrad : les contacts entre Polonais et Russes de cette région sont très intenses et personne ne parle de ressentiment. Les gens se rendent visite de part et d’autre de la frontière, font leurs achats, partent en vacances. L’intensité de ces contacts a notamment constitué un argument-phare en faveur de l’accord sur les petits mouvements frontaliers signé en décembre dernier et entré en vigueur le 27 juillet : aujourd’hui, les habitants de la région de Kaliningrad n’ont plus besoin de visa pour se rendre en Pologne, et vice-versa.

LCDR : En 2010, le président polonais Lech Kaczynski et 95 dignitaires polonais qui l’accompagnaient ont trouvé la mort dans un accident d’avion au-dessus de Smolensk, en Russie. La catastrophe a, dit-on, sensiblement dégradé les relations entre les deux pays.

W.Z. : Je ne dirais pas cela. L’accident a été, pour nous comme pour la Russie, une épreuve difficile – mais nous nous en sortons plutôt bien. Actuellement, la coopération entre les procureurs polonais et russe fonctionne bien, et nous nous préparons, en Pologne, à recevoir les restes de l’avion accidenté. L’érection d’un monument du souvenir sur le lieu de la catastrophe est également prévu. Cet événement n’aide pas, certes – mais on ne peut pas dire qu’il a « dégradé » les relations entre nos deux pays.

LCDR : La visite récente du Patriarche russe Kirill auprès des représentants de l’Église catholique polonaise pourra-t-elle, dans deux pays aujourd’hui laïcs, avoir une valeur plus que symbolique ?

W.Z. : Formellement, ni l’Église polonaise ni l’Église orthodoxe russe ne peuvent se prononcer au nom des nations, des États. Dans le même temps, parce qu’on ne peut nier l’importance du catholicisme en Pologne et celle de l’orthodoxie en Russie, on comprend que les rapports entre les deux États ne sont pas totalement indépendants des discours respectifs de leurs Églises. Le fait que celles-ci encouragent les gens à une réconciliation a un sens fort.

LCDR : Diriez-vous que les relations entre les deux pays sont excellentes ?

W.Z. : Vous voudriez que les relations entre la Pologne et la Russie soient comparables à celles qu’entretiennent aujourd’hui la France et la Finlande. Mais nous avons notre passé mutuel, notre présent. Concernant ce dernier, notre coopération économique est très intense. Avec des échanges à hauteur de 14 miliards de dollars pour le premier semestre de cette année, la Pologne est, pour la Russie, le dixième partenaire économique dans le monde et le quatrième en Europe. Et le fait qu’il y ait des problèmes à régler est un phénomène parfaitement normal, observable dans toutes les relations internationales. L’essentiel est de savoir les résoudre de façon efficace et constructive.

10.Posté par Vladimir le 06/09/2012 15:33
Le sous titre de cet article, qui permet de situer la personne interviewée, ma semble intéressant:
"Gaz russe, catastrophe de Smolensk, violences entre supporters lors de l’Euro 2012 : Wojciech Zajaczkowski, ambassadeur de Pologne à Moscou, répond aux questions du Courrier de Russie."

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