Prêtre Vladimir Zielinsky

LES DROITS DE L’HOMME, DUQUEL ?

Très souvent nos actes, à l’apparence rationnelle, sont poussés par des choix secrets ou par des pulsions que nous cachons à nous-mêmes. Dans le livre de la Genèse Jacob a mené une lutte nocturne contre un Etre mystérieux pour arracher sa bénédiction, alors que nous combattons parfois cet Hôte inconnu qui nous dérange dans le subconscient pour le chasser définitivement, le bannir de l’horizon, effacer ses traces en notre l’âme. A notre époque humaniste ce sont les droits de l’homme, la laïcité ou même la liberté de conscience qui recouvrent la bataille en cours. Aujourd'hui en Occident les symboles religieux sont en train de se vider de sens : on va dans des pays exotiques pour les vacances de Pâques, il ne reste du mystère de la Nativité qu’un bon repas en famille.

Et pourtant, les autorités d’une petite ville écossaise ont été tellement perturbées récemment par le mot « Noël », trop encombrant selon eux pour les non chrétiens, qu'elles l'ont substitué par « fête d’hiver ». En même temps la Cour Constitutionnelle de Strasbourg a imposé à l’Italie d’enlever les crucifix dans les écoles publiques. Demain, peut-être, le Conseil d’Europe voudra obliger au Mont Athos – toujours au nom de droits universels – d’accepter les femmes sur leur territoire, se fichant de son statut millénaire. Ou les églises seront punies pour leur refus de célébrer les mariages homosexuels. En fait, tout ceci n’est-il pas une grave violation de la liberté de conscience ?

Il ne s’agit pas de prêcher la bonne morale, mais de la défense des droits de l’homme vivant.
De l’homme tel qu'il est, issu de son histoire, immergé dans son ambiance culturelle, nourri par les racines de sa terre, identifié par ce qui s’appelle l’âme et qui reste tel, car l‘homme sans âme n’existe que dans « l’idée de l’homme ». C’est une invention récente, comme dit Michel Foucault. Or, il semble que cette invention qui habite dans la lettre des lois, se reproduit dans des fleuves de papier; cette invention qui domine dans les jungles électroniques, aspire à un pouvoir réel se dessinant déjà comme une vraie dictature. Il ne s’agit plus du libéralisme classique qui a construit l’Europe actuelle, mais plutôt de son sosie agressif qui conduit le bal et impose les règles du jeu. C’est lui qui sous le prétexte de ses droits songe à dépouiller l’homme en chair et en os, à le forcer d’essayer un masque d’impersonnalité pour ne pas offenser un voisin qui quelque fois ne cherche qu'à être offensé. Il ne s’agit aucunement de la tolérance, mais d’un totalitarisme « rampant » de la non-religion absolue, de la mystique du vide, de l’égalité dans le désert de l’esprit, de la fraternité des êtres construits et instruits dans le cerveau. Il ne faut pas se laisser tromper par la transparence sèche de son langage juridique : juste au dessous se cache une vieille rivalité, un effort dissimulé de libérer l’homme de Celui qu’il l’a créé, l’accompagne dans la vie, l’attend dans l’éternité. Et qui demeure la frontière insurmontable de l’utopie de l’homme, inventé par lui-même.



Rédigé par Prêtre Vladimir Zielinsky le 3 Mars 2011 à 10:03 | 0 commentaire | Permalien

Un groupe d’étudiants de l’Institut des études politiques en voyage en Russie a rencontré à Moscou le métropolite Hilarion, président du DREE. Voici un extrait de l’allocution de Mgr Hilarion : « Le patriarcat de Moscou regroupe plus de 150 millions de fidèles résidant dans plus de 60 pays. L’Eglise orthodoxe russe comporte 164 diocèses, 217 évêques et vicaires, plus de 30 mille clercs, 30.765 paroisses et 805 monastères.

L’une des principales orientations du Département que je dirige, celui des relations extérieures, est le renforcement des liens avec l’Eglise romaine. Nos relations se sont considérablement améliorées ces dernières années. Il s’agit des contacts directs entre le patriarcat de Moscou et le saint Siège ainsi que de nos rapports avec les communautés catholiques.

Je peux citer en exemple nos relations avec l’Eglise catholique de France qui a accordé récemment son soutien à la mise en place du séminaire orthodoxe d’Epinay s/Sénart, non loin de Paris. Nous avons avec les catholiques la même vision de la sécularisation libérale, de la globalisation, de l’éthique socio-économique, de la famille et de la démographie. Sur l’ensemble de ces sujets nous espérons pouvoir bientôt intervenir d’une manière concertée dans le cadre des organisations internationales.
L’Eglise russe maintient également des contacts avec les églises protestantes. Cependant, nos relations se sont ces derniers temps refroidies avec certaines d’entre elles. En effet, de nombreuses communautés protestantes adoptent une approche séculière dans les domaines de la théologie, de l’ecclésiologie et de la doctrine morale. Certaines dénominations protestantes se sont mise à bénir les unions homosexuelles et à ordonner des personnes qui se déclarent homosexuelles ».

Interfax religion
Traduction "PO"

Rédigé par l'équipe de rédaction le 2 Mars 2011 à 17:36 | 3 commentaires | Permalien

V. Golovanow

La mise en place du Conseil inter-synodique

L'importance théologique de cette initiative de l'Église russe est passée inaperçue: elle donne pourtant une nouvelle dimension à conciliarité puisque le Peuple de Dieu est appelé à s'exprimer directement entre les conciles. Rappelons que, dans l'Orthodoxie, c'est l'ensemble du Peuple de Dieu qui est le gardien de la foi: "le gardien de la religion est le corps même de l'Église, c'est-à-dire le peuple (laos) même" (Lettre des patriarches orthodoxes, 1848, in "L'Orthodoxie, l'Église des sept conciles" Mgr Kalistos Ware. p. 324). Mais il y avait là à l'évidence un problème pour exprimer cette doctrine: le Peuple de Dieu s'exprimait par ses évêques élus… mais cette pratique a été perdue.

Faute de revenir dans l'immédiat à l'élection de évêques, qui avait été préconisée par le Saint Concile de l'Église russe de 1917, cette nouvelle structure mise en place par le patriarcat est une avancée incontestable; et il est remarquable de constater à quel points les différentes tendances de l'Église sont représentées, des plus conservateurs aux quasi-modernistes… même la diaspora est là. Représentée par Mgr Marc de Berlin.
Voici une analyse publiée dans Voix de la Russie le 28.01.2011

Une nouvelle dimension du dialogue entre l’Eglise et la société

Le dialogue entre l’Eglise et la société a trouvé une nouvelle dimension. Le patriarcat de Moscou a créé un organisme original n’ayant pas de précédent dans aucune des églises chrétiennes du monde. Il s’agit du Conseil inter-synodique. La première réunion de cet organisme ecclésiastique et public a eu lieu aujourd’hui à la Cathédrale du Christ Sauveur de Moscou.
Le Conseil inter-synodique est le concile permanent ayant à son ordre du jour des questions d’actualités qui touchent des gens d’église mais aussi ceux qui ne sont pas pratiquants, a déclaré le patriarche Cyrille. Parmi les participants il y a des hiérarques et des clercs de l’Eglise russe mais aussi des personnalités publiques, les gens d’art, de culture, de business.
La principale mission du Conseil inter-synodique qui est organe consultatif de l’Eglise orthodoxe russe, est de donner son avis sur des événements importants et des tendances dans la société russe. Une centaine de sujet figure à l’ordre du jour du Conseil dont beaucoup ont un grand retentissement dans la société alors que d’autres ne sont importants que pour les gens d’église. Lors de la préparation de la réunion du Conseil inter-synodique les informations concernant l’ordre du jour de cette première réunion ont été rendues publiques. Il y a eu plusieurs blogs qui ont été créés sur Internet. Au micro le patriarche Cyrille :
« Les gens ont bien accueilli l’initiative de l’Eglise et ont laissé beaucoup de commentaires sur les documents publiés. On a eu 54 réponses des diocèses et plus de 500 réponses sur Internet. Tout cela témoigne du vif intérêt qui existe chez beaucoup en ce qui concerne le développement de la vie d’église. Je suis ravi de voir des commentaires pondérés et justes faites par des hommes d’église mais aussi par des laïques ».
Presque toutes les questions à discuter sont proposées par les réalités de notre vie ce qui n’est pas du goût des sceptiques. Ceux-ci estiment que les réformes ayant actuellement lieu au patriarcat de Moscou sont tellement innovantes pour la religion orthodoxe russe que celle-ci peut bientôt se détacher de ses canons traditionnels. L’Eglise orthodoxe russe ne partage point cette opinion. Selon le patriarche Cyrille l’Eglise ne peut être séparée de la société – c’est pourquoi tout processus dans cette société doit être attentivement examiné et discuté.

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 2 Mars 2011 à 13:30 | 7 commentaires | Permalien

POTOMOK

QUELQUES PRECISIONS…

Le verre conduit très bien la chaleur et cela a été présenté comme l'une des caractéristiques symbolique de ce matériau. Pour ce qui est des problèmes d'isolation et de climatisation, Cyrille explique très bien (sur ce point, on ne peut qu’être d'accord avec lui) qu'il faut construire avec son temps. Et donc rien n'interdit, la climatisation, les régulateurs de températures et l'époque moderne permet l'emploi d'équipements bien économiques. D'ailleurs, a-t-on attendu cette cathédrale pour employer le chauffage central et l'électricité dans une église. Qui sait si demain, le chef de chœur et même le prêtre n'auront pas pour les assister des écrans plats où les textes du jour seront toujours à leur portée et facilement visible par tous les choristes plutôt que ces incessants remue-ménages provoqués par les distribution de partitions ou ces aglutinement autour d'un livre dont on lit mal le texte.

Justement au sujet de l'électricité, il a été évoqué la qualité du verre comme isolant électrique mais qui isole l'église de la foudre mais personne n'a interdit d'employer l'électricité à l'intérieur.

Au sujet de l'isolation, il conviendrait de revenir au sens profond des paroles de la liturgie, d'abord, nous avons bien : "Que tous les catéchumènes sortent, qu'aucun catéchumène ne reste!".. N'est-ce pas là une invitation à isoler les fidèles des catéchumènes? Ensuite, nous avons "Les portes, les portes!", juste avant le symbole de foi (avec toujours ce jeu de mots en slavon "Dveri, Dveri" précédent "Verouiu"). Contrairement à une pratique bien occidentale qui voudrait qu'on ouvre les portes royales (parce qu'on préfère "voir" ce qui se passe à l'intérieur du sanctuaire - et surtout le dos du prêtre - plutôt que d'avoir les portes avec les icônes), "Les portes, les portes" appelle, en réalité, à fermer les portes d'entrée pour ne plus déranger l'office et laisser se dérouler l'Eucharistie dans la plus grande quiétude. N'est-ce pas là, aussi, dans la liturgie même, le symbole que les chrétiens doivent totalement s'isoler du monde au moment où se déroule la partie centrale de la liturgie. Au passage, l'idée d'une "mise sous cloche" n'a rien de choquant, la cloche symbolise si fortement cet instrument qui semble effectivement bien fermé (pour le coup pas transparent du tout) mais de l'intérieur duquel émane les sons de l'appel à la prière.

En conclusion, il n'y a rien d'étonnant que l'intérieur de l'Eglise se trouve être séparé du monde athée qui l'entoure.

En marge, les aspects pratiques (neige, dégradation du temps, etc) sont aussi importants et je doute qu'un seul des architectes les aient oubliés. Je ne vois pas en quoi, l'un des projets serait peut-être plus épargnés que les autres (ou que n'importe quel autre édifice religieux). A la rigueur les projets où les toitures sont lisses seraient certainement les plus faciles et les moins onéreux (et cette préoccupation honore Tamara Schakhovskoy) à entretenir et à nettoyer régulièrement.

Les considérations apportées ici ne font pas de moi le fervent de tel ou tel autre projet.

.. ET UNE REMARQUE D’ORDRE GENERAL !

Je veux rappeler simplement quelques éléments essentiels :

- Ce projet est conduit par l’Etat russe comme maître d’ouvrage, donneur d’ordre et financier.
Il pourrait sembler assez normal que c’est l’Etat russe qui a la responsabilité des choix qu’il opère. Bien sûr, l’Etat russe répondra devant ses concitoyens des deniers engagés et justement de ses choix.

- Dans la mesure où il ne s’agit pas d’un projet immobilier « laïque » standard (immeuble d’habitation ou de bureaux, à vocation diplomatique ou culturelle) mais d’une église ; l’Etat russe, s’il veut que cette vocation ecclésiale lui soit reconnue, prend la précaution de solliciter l’Eglise russe pour s’assurer que l’édifice est conforme aux règles de cette dernière. C’est donc, vu l’ampleur du projet, au primat de l’Eglise de s’assurer de la canonicité de l’édifice. Au passage, je pense que les représentants de l’Eglise russe prennent en considération l’accueil susceptible d’être réservé par les fidèles mais il est évident qu’il doit y avoir des avis très divergents et il sera toujours très difficile de contenter tout le monde. Les représentants de l’Eglise russe sont bien sollicités pour tout cela et j’ai bien confiance que connaissant le dossier de manière plus approfondie qu’une ou deux photos sur un site internet, elles sont, à même d’apporter une réponse bien moins épidermique que celle que l’on lit ici ou là. Rien n’empêche de poser les questions, de faire les remarques. Tout cela peut s’étudier tranquillement mais pourquoi s’élever de manière si partisane et si fébrile.

- L’église ne se construit pas n’importe où et il y a des règles d’urbanisme et d’environnement à respecter.
Eh oui ! C’est ainsi. Je ne connais les différentes responsabilités territoriales mais ils est normal de devoir s’inscrire dans cette environnement. Que cela plaise ou non !. L’Etat et l’Eglise acceptent cette règle. Et c’est pourquoi les autorités territoriales ont été conviées à participer à la sélection des projets. Les habitants du quartier, les « protecteurs d’un environnement » se retourneront contre ces autorités territoriales si l’édifice ne leur semble pas en règle.

Il me paraît bien impératif de prendre en compte tous ces éléments avant d’apporter son avis définitif sur tel ou tel projet. Je ne pense, moi, disposer de toutes ces informations aussi, c’est la raison pour la quelle il me paraît impossible de trancher pour tel ou tel projet. Si peut-être l’un d’entre eux semble dégager le meilleur compromis pour permettre la réalisation de ce magnifique projet, pourquoi exclure que le Saint Esprit ait pu aider à cela !


Rédigé par Potomok le 1 Mars 2011 à 21:42 | 5 commentaires | Permalien

Dialogues d’une artiste et d’un théologien
Traduit par Laurence Guillon

La présentation du livre « Sœur Ioanna (Reitlinger) et le père Serge Boulgakov. Dialogues d’une artiste et d’un théologien » a eu lieu le 16 février, dans le centre culturel « Pokrovskie Vorota ». La publication de ces archives parues aux éditions « Nikeïa », le recueil a été préparé par Bronislava Popova.

Le livre est consacré au dialogue du prêtre Serge Boulgakov avec sa fille spirituelle, Ioulia Nikolaïevna Reitlinger (sœur Ioanna), peintre et iconographe. Il contient les journaux spirituels, les lettres et les souvenirs de Ioanna Reitlinger et du père Serge Boulgakov. L’essentiel des illustrations consiste en archives photographiques inédites, icônes et dessins issus de collections particulières et du Musée Central de culture et d’art russe ancien Andreï Roublev.

« Les relations du plus grand théologien du XX siècle et d’une de ses meilleures iconographes, moniale orthodoxe, leur dialogue en exil constituent le point central du livre, » a dit lors de la soirée le professeur André Zoubov.Selon lui, le livre amène à réfléchir sur de nombreux thèmes : les relations humaines et spirituelles, le niveau élevé de la réflexion et de sa transcription, le sens du phénomène de la création en tant que « épanchement du sang de l’âme, tendue vers Dieu et souffrant de son imperfection ».

Dialogues d’une artiste et d’un théologien
Bronislava Popova, qui connut sœur Ioanna à la fin de sa vie, a remarqué que la vie de I.N. Reitlinger aide à mieux comprendre le siècle passé : Elle est née en 1898 à Saint-Pétersbourg, dans une famille noble et cultivée, et elle est morte en 1985, à Tachkent, « après de nombreuses épreuves ». En 1918, elle fit en Crimée connaissance du père Serge Boulgakov, en conséquence de quoi naquit « une relation spirituelle particulière qui les unit toute leur vie ». Comme l’a raconté Bronislava Popova, I. Reitlinger pose la question du monachisme au père Serge dès sa première lettre (1923), et au cours de nombreuses années, le prêtre « la prépara en secret à prendre l’habit », ce qui eut lieu en 1935, à Paris. Leurs lettres et leurs journaux témoignent de la manière dont ces deux êtres ont évolué ensemble : non seulement il lui donne beaucoup, en tant que père spirituel, mais elle aussi le soutient, il puise des forces à ce « puits d’eau pure ». Elle rappelle que c’est précisément sœur Ioanna qui assista constamment le père Serge pendant les quarante jours de sa dernière maladie, faisant de nombreux dessins de son visage. La moniale témoigne qu’elle a vu, sur les traits du prêtre, comment, à son dernier moment sur cette terre, « se reflétait la lumière de l’autre monde ».
Comme l’a noté le hiéromoine Ambroise (Timrot), qui a participé à la rédaction du livre, le père Serge Boulgakov aussi bien que sœur Ioanna se découvrent, dans cette édition, sous de nouveaux aspects. Ainsi le prêtre, célèbre théologien, apparaît en tant que pasteur et père spirituel, L’œuvre de l’iconographe est « le fruit de la direction spirituelle et des écrits théologique du père Serge, qui sont loin d’être accessible à tous, et demeurent jusqu’à aujourd’hui objet de dissensions », dit le père Ambroise. Lui-même iconographe, il a une haute idée de l’œuvre de sœur Ioanna : « Ses icônes reflètent l’essence de sa spiritualité, c’est-à-dire la liberté, dont parle l’apôtre Paul».
Guennadi Popov, le fameux spécialiste de l’art de la Russie ancienne, directeur du Musée Roublev parlait du chemin unique adopté par Ioanna Reitlinger, en tant qu’iconographe : « dessinatrice admirable », elle s’est imprégnée à la fois de l’art européen des temps nouveaux et de la tradition iconographique russe, dont les meilleurs exemples ne lui étaient connus qu’à travers quelques reproductions en noir et blanc. Faisant allusion à ses « épigones » le professeur Popov déclara : « Nous n’aurons pas de sitôt un niveau de liberté et de sincérité comparable à celui que possédait sœur Ioanna ».
Comme on l’a rappelé lors de la présentation du livre, la première exposition des icônes de sœur Ioanna eut lieu en 2000, dans le musée d’art ancien Andreï Roublev à Moscou. Il y a cinq ans, une partie de ses fresques fut exposée au Fond-bibliothèque de « La Russie à l’étranger » . Il est possible que dans un avenir proche, soit organisée une exposition plus importante, présentant l’œuvre de cette artiste remarquable.

Sœur Ioanna (Ioulia Nikolaïevna Reitlinger- 1898-1988) est née et a passé son enfance à Pétersbourg. En 1918, en Crimée, elle fait la connaissance du père Serge Boulgakov, et cette rencontre détermine toute la suite de sa vie. Le chemin de Ioulia Reitlinger, c’est l’histoire de l’émigration russe et du retour dans le pays. En 1921, elle déménage de Crimée à Varsovie, puis à Prague et à Paris, où elle se consacre à la peinture d’icône : consultations auprès de maîtres vieux-croyants et cours d’art religieux dans l’atelier de Maurice Denis. Ses recherches d’un nouveau langage « d’icône créative » la rapproche des cercles de penseurs religieux russes : Nicolas Berdiaïev, Boris Vycheslavtsev, Gueorgui Fédotov, Vassili Zenkovsky, Vladimir Iline et enfin mère Marie (Skobtsova).
Attirée par les grands formats, l’artiste reçoit la possibilité de peindre à fresque l’église de saint Jean le Guerrier à Meudon, et en 1947, la chapelle de la Fraternité saint Serge et Albain à Londres. Elle travaille beaucoup à Paris : elle y fait l’iconostase pour l’église-garage du foyer mère Marie, rue de Lourmel, un tryptique pour l’église de cette même Fraternité saint Serge et Albain, de nombreuses icônes. En 1935, elle prend l’habit devant le métropolite Euloge (Gueorguievski) et choisit comme mission « la création libre ». En mourant dans ses bras, le père Serge Boulgakov bénit son retour en Russie (1944).

De retour en Russie en 1955, sœur Ioanna fut installée à Tachkent.
Arrivant l’été à Moscou, elle fit la connaissance du père Alexandre Men, qui devint son père spirituel. A sa demande, elle peignit de nombreuses icônes, qu’elle envoyait en secret à ses enfants spirituels. Sœur Ioanna mourut « dans le grand habit monacal », elle était sourde et aveugle, elle a prié jusqu’à la dernière seconde .

Des icônes de sœur Ioanna Reitlinger sont conservées dans les paroisses de la Présentation-de-la-Vierge-au-Temple et Saint-Séraphin-de-Sarov à Paris.

Moscou, le 21 février Blagovest-info

Rédigé par Laurence Guillon le 1 Mars 2011 à 09:32 | 2 commentaires | Permalien

Vladimir GOLOVANOW

Avec ce DIMANCHE DU JUGEMENT DERNIER nous entrons dans la dernière semaine préparatoire du Grand Carême. En cette période particulière de l'année chacun de nous est appelé à ce que les Pères appellent la "métanoïa", cette unification et ce retournement de notre intellect et notre cœur par lequel nous cherchons à nous tourner vers Dieu et le site pagesorthodoxes.net/metanoia/ propose d'intéressantes explications sur le carême orthodoxe et des textes à méditer. Il y a en particulier une série de textes du Père Alexandre Schmemann et je vous en propose le premier pour entrer dans le sujet:

1. PRENDRE LE CARÊME AU SÉRIEUX
Comment appliquer l'enseignement de l’Église à propos du Carême, tel que nous le livre principalement la prière liturgique de Carême, à notre vie ? Comment le Carême peut-il avoir une influence réelle, et non point seulement extérieure sur notre existence ?

Cette existence (est-il nécessaire de le rappeler ?) est très différente de celle qu'on vivait au temps où tous ces offices, ces hymnes, ces canons furent composés et ces prescriptions établies. On vivait alors dans une communauté relativement restreinte, et en majeure partie rurale, au sein d'un monde organiquement orthodoxe ; le rythme même de la vie d’un chacun était donné par l’Église ; alors que, maintenant, nous vivons dans une énorme société urbaine, technique, avec le pluralisme de ses croyances religieuses, le sécularisme de sa vision du monde, et où les orthodoxes constituent une insignifiante minorité. Le Carême n’est plus "visible" comme il l'était par exemple en Russie ou on Grèce. Il y a donc vraiment lieu de se poser la question : Comment - en dehors d'un ou deux petits changements "symboliques" apportés à notre vie de chaque jour - être fidèles au Carême ? Pouvons-nous redécouvrir le "bain" de repentance et de renouveau que le Carême est censé être ? En faire de nouveau une force spirituelle dans la réalité quotidienne de notre existence ?

La réponse à cette question dépend principalement, et je dirais presque exclusivement, de ceci : Oui ou non, voulons-nous prendre le Carême au sérieux ?

Aussi nouvelles et différentes que soient les conditions dans lesquelles nous vivons aujourd'hui, aussi réels les difficultés et les obstacles dressés par notre monde moderne, aucun d'eux n'est un obstacle absolu, aucun d'eux ne rend le Carême impossible.

Si le Carême a perdu progressivement de son influence sur nos vies, il faut en chercher la vraie raison plus profond. C’est que consciemment ou non, nous avons réduit la religion à un nominalisme (1) et à un symbolisme superficiels, ce qui est précisément une façon de passer à côté et d’évincer le sérieux des exigences de la religion sur nos vies, exigences qui nous demandent engagement et effort. Cette attitude, faut-il ajouter, est, d'une certaine manière, particulière à l'Orthodoxie.
Les chrétiens occidentaux, catholiques et protestants, lorsqu'ils sont mis en face de ce qu'ils considèrent comme impossible, changeront plutôt la religion elle-même pour l'ajuster aux conditions nouvelles et la rendre ainsi praticable. Récemment, par exemple, nous avons vu l’Église romaine réduire d'abord le jeûne à un strict minimum, puis s'en défaire presque complètement.
Prendre le Carême au sérieux signifie donc que nous allons le considérer avant tout au niveau le plus profond possible, c’est-à-dire comme un appel spirituel qui demande une réponse, une décision, un plan, un effort continu. C'est la raison pour laquelle, nous le savons, les semaines de préparation au Carême furent établies par l’Église : c'est le moment de la réponse, de la décision et du programme. Et ici la meilleure voie et la plus facile est de suivre l’Église qui nous guide, - ne serait-ce qu'en méditant sur le thème des cinq Évangiles que nous offrent les cinq dimanches du pré-Carême :

1. Désir - Zachée : Luc, 19, 1-10.
2. Humilité - Le publicain et le pharisien : Luc 18, 10-14.
3. Retour d'exil - Le fils prodigue : Luc 15, 11-32.
4. Jugement dernier : Matthieu 25, 31-46.
5. Pardon : Matthieu 6, 14-21.

Ces Évangiles ne sont pas simplement à écouter à l'église ; l'essentiel est que je les "emporte chez moi", et que je les médite en fonction de ma vie, de ma situation familiale, des obligations professionnelles, de mes occupations matérielles et de ma relation aux êtres humains avec lesquels, concrètement, je vis.
Et si, à cette méditation, on ajoute la prière de cette période d’avant-Carême : "Ouvre-moi les portes du repentir, ô Donateur de Vie !" ainsi que le Psaume 137 : "Près des fleuves de Babylone...", on commence à comprendre ce que signifie "sentir avec l'Eglise" et comment une période liturgique peut colorer la vie quotidienne.
C’est aussi un temps propice à la lecture d'un livre spirituel, ceci non seulement en vue d’accroître notre connaissance de la religion, mais surtout pour purifier notre esprit de tout ce qui l'occupe habituellement. Il est incroyable à quel point nos esprits sont envahis par une foule de préoccupations, d'intérêts, d'inquiétudes et d'impressions, et comme nous avons peu de maîtrise sur cet envahissement. Lire un livre spirituel, concentrer notre attention sur quelque chose d'entièrement différent de ce qui occupe habituellement notre pensée, crée de soi-même une atmosphère mentale et spirituelle tout autre.

Ce ne sont pas là des recettes ; il peut y avoir d'autres moyens de se préparer au Carême. Le point important est que, durant cette période préparatoire, nous regardions la Carême comme à distance, comme quelque chose qui vient à nous, ou même peut-être qui nous est envoyé par Dieu lui-même, comme une occasion de changement, de renouveau, d'approfondissement, et que nous prenions cette occasion au sérieux, en sorte que, lorsque nous quittons la maison pour nous rendre à vêpres, nous soyons prêts à faire nôtres - ne serait-ce que d'une façon très modeste - les paroles du grand Prokiménon qui inaugure le Carême :
"Ne détourne pas ton Visage de ton serviteur car je suis affligé".
Extrait du livre d’Alexandre Schmemann,
Le Grand Carême : Ascèse et Liturgie dans l’Église orthodoxe.
Éditions de l’Abbaye de Bellefontaine, 1977.
Reproduit avec l’autorisation "des Éditions de l’Abbaye de Bellefontaine"

Notes du rédacteur:

Trois autres articles nous préparent très concrètement à entrer dans le Grand Carême
(1) "Le nominalisme" est une doctrine logique, philosophique et théologique issue de la scolastique médiévale. Le père Alexandre appelle ainsi "le divorce entre les formes de la vie ecclésiale et leur contenu", «ce fossé tragique entre la doctrine de l’Eglise et sa vie réelle» que relève aussi l'higoumène Pierre Mechtchérinov


Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 1 Mars 2011 à 06:06 | 1 commentaire | Permalien

Le métropolite Jonas, d’Amérique et du Canada (OCA) a adressé un message aux fidèles de ses diocèses afin de les rasséréner à la suite d’une erreur qui s’était glissée dans un post sur internet : « Des rumeurs se sont répandues dans le monde à la suite d’un texte paru sur internet affirmant que l’on m’avait mis à la retraite ou que j’avais présenté ma démission. Je tiens à clarifier la situation, je ne serai absent de ma chaire que pour le temps du Grand Carême ».
Voici le message vidéo de Mgr Jonas "Pravoslavie i Mir" ICI



Rédigé par l'équipe de rédaction le 28 Février 2011 à 21:47 | 12 commentaires | Permalien

Le XII° congrès de la jeunesse orthodoxe organisé par  l’EORHF se déroulera à Paris cet été
Avec la bénédiction du patriarche de Moscou Cyrille, et du primat de l’Eglise Russe hors frontière, le métropolite Hilarion, le XII° congrès de la jeunesse orthodoxe hors frontière aura lieu du 1 au 8 juillet 2011 à Paris
Ces congrès se déroulent depuis 1973. Ils se sont tenus aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et en Amérique latine. Ce sera la première fois que ce forum se réunira en Europe. Les délégués des congrès ont toujours souligné leur appartenance à l’Eglise Russe. A chacun de ces forums, on apportait solennellement l’icône de la Mère de Dieu de Koursk, sainte patronne de la diaspora russe.Les jeunes représentants de la diaspora russe avaient toujours la possibilité de converser avec les hiérarques et les prêtres.

Le XII° congrès de la jeunesse orthodoxe aura lieu sous la devise : « Les nouvelles façons, pour les jeunes, de servir la Sainte Eglise, dans le respect de la pureté de l’Orthodoxie »

Comme l’a remarqué, dans une interview donnée au site officiel de l’Eglise Orthodoxe Russe, le vice-président du service Synodal de la jeunesse de l’Eglise Orthodoxe Hors-frontière, l’archiprêtre Andreï Sommer, l’un des objectifs du congrès, est « d’accoutumer les jeunes de divers pays aux formes nouvelles d’activités missionnaires ».

La principale caractéristique du XII° congrès, par rapport à ceux qui l’ont précédé, c’est que la jeunesse orthodoxe de la diaspora russe se rassemblera pour la première fois depuis la reprise des liens canoniques entre le Patriarcat de Moscou et l’Eglise Hors-frontière. Les diocèses du Patriarcat de Moscou à l’étranger prendront la part la plus active au travail du congrès, en particulier celui de Chersonèse ainsi l’ensemble des diocèses de l’Eglise Russe Hors-Frontière. Y sont également invités les représentants de l’ Archevêché des Églises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale (Patriarcat de Constantinople).

Se félicitant de la convocation du congrès, le patriarche Cyrille, écrivait dans sa lettre au primat de l’Eglise Russe Hors- Frontière, le métropolite Hilarion : « Il est réjouissant que les traditions pluriannuelles des forums réunissant des jeunes gens de toute la plénitude de l’Eglise Orthodoxe Russe, trouvent leur prolongement et leur développement au centre de l’Europe. J’invoque la bénédiction divine sur les organisateurs et sur tous les participants à cet évènement. »
Le forum a reçu également le soutien du représentant du président de Russie pour la région centrale G.S. Poltavtchenko, et de plusieurs organisations gouvernementales et d’associations, en Russie comme à l’étranger.

L’ambassade de Russie en France accordera au Congrès sont soutien logistique. Le Fond saint André le Premier Appelé, la société Russie-Athos, le fond de soutien pour les besoins de l’Eglise Russe Hors-frontière et d’autres organismes et particuliers participeront également.

On prévoit la présence de 100 à 200 délégués. Le père Andreï Sommer, projette la prochaine tenue d’un autre congrès en Russie.

Mospat.ru
et Synod.com

Traduction pour "P.O." Laurence Guillon


Rédigé par l'équipe de rédaction le 28 Février 2011 à 13:00 | 5 commentaires | Permalien

Table ronde autour du livre de Mgr Basile Krivochéine (éd. du Cerf)
Paris, 10 mai 2011

Mémoire des deux mondes : de la Révolution à l’Église captive
Organisation : Institut de recherche pour l’histoire des religions (IRER) de l’université Paris-Sorbonne
Président : Alexandre Lavrov, chercheur associé au CERCEC et professeur à l’université Paris 8
Avec la participation de : Pierre Gonneau (univ. Paris-Sorbonne), père Job Getcha, ancien doyen de l’Institut Saint-Serge, Bernard Marchadier, spécialiste de Soloviev Lieu : Maison de la recherche
28, rue serpente, Paris VIe de 18 h à 20 h salle D040 (rez-de-chaussée)
Contact : Martin Dumont, martin.dumont@paris-sorbonne.fr

Rédigé par l'équipe de rédaction le 28 Février 2011 à 10:41 | 1 commentaire | Permalien

Vladimir GOLOVANOW

Le débat sur le nom et la place de l'Eglise russe est récurent. Je trouve une réponse développée dans le discours -programme du Patriarche Cyrille ouvrant la "3ème Assemblée du Monde Russe" (novembre 2009) et je trouve intéressant de mettre ce texte en parallèle avec ce qu'écrivait le père Alexandre Schmemann il y a 70 ans.
"L'Assemblée du Monde Russe" est une manifestation annuelle dont les objectifs, promouvoir la langue et la culture russes dans le monde, rappellent ceux de notre "Francophonie". Mais alors que chez nous on prend bien soin se couper de nos "racines chrétiennes" (rappelons la France organisant une majorité contre la reconnaissance de «l’héritage chrétien» dans le préambule du traité constitutionnel européen) là, au contraire, on va s'appuyer sur l'héritage orthodoxe et demander au Patriarche d'ouvrir chaque année les débats.

Dans ce discours le patriarche part du "noyau", «La Sainte Russie, c’est la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie», selon la définition de Saint Laurent de Tchernigov (1868-1950, canonisé en 1993), puis il développe:

"Notre Église ne s’appelle pas Russe selon un critère ethnique. Ce qualificatif indique que l’Église Orthodoxe Russe exerce une mission pastorale parmi les peuples qui acceptent la tradition spirituelle et culturelle russe comme le fondement de leur identité nationale ou du moins comme une de ses composantes majeures. C’est en ce sens que nous considérons la Moldavie comme une partie de ce Monde Russe. En même temps, l’Église Russe est la communauté orthodoxe la plus multinationale du monde et elle s’efforce de développer ce caractère multinational.
Lors du dernier Concile de notre Église, on a eu le plaisir d’entendre les organisateurs et les participants parler entre eux en japonais, en allemand, en anglais, en français, en ukrainien et en moldave. En tant que chef spirituel de l’Église, j’ai eu l’occasion de visiter, en dehors des diocèses de Russie, des pays qui forment la colonne vertébrale de la Russie historique : je suis allé en Ukraine et en Biélorussie et je tiens à vous faire part brièvement ici de mes impressions sur ces visites, surtout en Ukraine. Beaucoup de personnes m’avaient mis en garde et avaient alerté l’opinion publique en annonçant que ce voyage allait engendrer des actes de provocation, des manifestations massives de forces nationalistes, des résistances de la part de certains représentants de l’autorité. Mais l’évènement a démontré une nouvelle fois que, malgré les conflits entre États et malgré les divergences politiques, nous continuons de former spirituellement, je veux le souligner encore une fois, de former spirituellement un seul et même peuple et nous demeurons majoritairement des enfants de l’Église Orthodoxe Russe.

Mes paroles ne signifient pas que l’Église Russe conteste les frontières existantes entre les États. Bien sûr, on est forcé de constater que ces frontières, à l’heure actuelle du moins, compte tenu de toutes les situations frontalières, créent des obstacles inutiles entre les peuples du Monde Russe. Il n’est pas rare de voir à la télévision des images attristantes de ce qui se passe en particulier à la frontière russo-ukrainienne et même parfois à la frontière russo-biélorusse alors que ces frontières semblent ne pas exister formellement. Je suis persuadé que ces obstacles, qui existent ou qui surgissent, affaiblissent le rôle de chacun des Etats et leur rôle au plan international. En même temps, la reconnaissance de la souveraineté peut nous aider à préserver en toute responsabilité notre propre originalité et à instaurer de nouvelles formes de notre vie communautaire selon des principes d’égalité et de respect mutuel.

La souveraineté des pays européens actuels ne les empêche pas de construire entre eux des liens très étroits en tant que membres de l’Union Européenne. Les pays formant la Russie historique ont des raisons plus profondes encore de développer des processus d’intégration : ils appartiennent à un même espace de civilisation, dans le cadre duquel se sont accumulées des valeurs, des connaissances et une expérience permettant à nos peuples d’occuper toujours une place importante dans la grande famille de l’humanité.
Comment peut-on définir cet espace commun de civilisation du Monde Russe malgré le fait qu’il n’y ait pas aujourd’hui d’institution politique commune ? Dans les fondements du Monde Russe se trouve la foi orthodoxe que nous avons reçue sur les fonds baptismaux communs de Kiev. Grâce au choix historique du Prince Saint Vladimir, nos ancêtres ont rejoint la famille des peuples chrétiens et ils ont commencé à construire une Russie unie puissante."

Le patriarche rappelle la contribution des saint "russes" au sens large: " Pour un Russe, il est impensable d’opposer comme « ukrainien » le Prince Vladimir de Kiev, égal des Apôtres, au vénéré Saint «russe» Serge de Radonège (je dis «russe» entre guillemets bien sûr), le vénéré Prince russe Alexandre Nevski à la vénérée biélorusse Ephrossinia Polotskaïa … Cela ferait tout simplement sourire et ressemblerait à une plaisanterie." insiste le patriarche.
Puis il parle directement de nous: "Pour ses fidèles qui se sont retrouvés expatriés pour différentes raisons et à différentes époques, notre Église ouvre des paroisses dans de nombreux pays du monde. Le nombre de ces paroisses continue d’augmenter et avoisine le chiffre de 600. Le développement des communautés à l’étranger est un puissant facteur pour freiner l’assimilation des Russes. La vie religieuse focalise les forces spirituelles et culturelles de nos compatriotes. Le destin historique de l’Église Russe hors frontières est l’exemple même de cette fidélité à la tradition orthodoxe russe. En ayant su préserver les valeurs spirituelles et culturelles du monde Russe loin de la Patrie, les hauts dignitaires, les prêtres et les laïcs contribuent aujourd’hui de manière précieuse à unir tous les Russes vivant à l’étranger."

Le patriarche insiste ensuite sur le rôle de l'Eglise russe dans le développement et la sauvegarde des valeurs fondamentales: "Les peuples du Monde Russe ont, au fil des siècles, construit une société sur des valeurs telles que la fidélité à Dieu, l’amour de la patrie et du prochain, la justice, la paix entre les peuples et les religions, l’aspiration au savoir, l’amour du travail, le respect des anciens. En 2000, l’Église orthodoxe russe s’est appliquée à systématiser toute cette expérience accumulée dans la construction d’une société sur la base d’une conception orthodoxe du monde, en adoptant des textes appelés « Principes ». L’année dernière, un nouveau document a vu le jour: « Principes de l’enseignement de l’Église orthodoxe russe concernant la dignité, la liberté et les droits de l’homme. » Ces deux documents sont le fruit des travaux de l’Église russe toute entière. De hauts dignitaires de l’Église, des prêtres, des laïcs, des fidèles, des scientifiques de tous les pays canoniquement rattachés au Patriarcat de Moscou ont participé à leur élaboration. Ces documents revêtent une grande importance non seulement pour l’Église russe mais encore pour l’ensemble du Monde Russe."

Et il termine sur une idée originale:" On pourrait même à ce propos introduire une notion telle que « pays du Monde Russe ». Cela signifierait que le pays se considère comme faisant partie du monde russe, si la langue y joue le rôle de moyen de communication entre les différentes nationalités, si la culture russe s’y est maintenue vivante, si se sont conservés une mémoire historique commune et des points de vue identiques sur la construction de la société. Ce que je propose ici n’a d’ailleurs rien de nouveau, ce sont les principes sur lesquels reposent des communautés comme le Communwealth britannique, l’union des pays francophones ou celle des pays lusophones et des pays latino-américains… Les rapports /entre les élites/ doivent impérativement reposer sur une éthique. Nous devons trouver un mode de relations qui exprime le respect mutuel, excluant tout paternalisme, toute tentative de jouer le rôle de « grand frère » et qui mette en valeur les intérêts nationaux de chaque pays en traduisant les efforts communs faits en vue de la construction d’une société fondée sur une tradition spirituelle et culturelle commune… J’ajouterai que sans la coordination de l’état et de la société civile, ce but ne pourra pas être atteint. " Fin de citation.

Et voici ce qu'écrivait le père Alexandre Schmemannsur ce sujet: "Pour éviter tout malentendu, ajoutons ici de la manière la plus catégorique que la dimension nationale au sein du christianisme ne constitue pas un mal en soi. Et avant tout le remplacement de l’Empire chrétien unique par une multitude de nations chrétiennes est une donnée de l’histoire dans la même mesure que la conversion de l’empereur Constantin. Dans la mesure où l’Eglise n’accorde de valeur absolue à aucune forme d’existence historique du monde dans lequel elle vit, elle peut tout aussi bien s’adapter au projet gréco-romain d’empire universel qu’aux formes politiques nationales. L’Eglise est toujours pleinement « dans ce monde » tout en n’étant pas en même temps « de ce monde », si bien que sa nature, sa vie ne dépendent pas des formes de ce monde.
Plus encore, de même que la paix conclue par l’Empire avec le christianisme après trois siècles de conflit a donné de grands et saints fruits tels que l’idéal d’un État chrétien ou d’une culture chrétienne, de même l’éducation de nations chrétiennes qui se sont mises au service de la vérité chrétienne, la consécration de leurs dons propres à Dieu, comme but et sens de leur être national, restent un titre de gloire éternel pour l’Eglise. Tel est l’idéal de la Sainte Russie et de la grande culture russe, inséparables de l’orthodoxie qui les a nourries. L’Église, qui avait béni l’Empire et son projet universel, a aussi béni et sanctifié le service national de cette même vérité." (In " Église et organisation ecclésiale". Ch.5, Paris 1949, Traduction : D.S (2007)

Je trouve particulièrement remarquable que le discours du patriarche Cyrille vienne ainsi confirmer et approfondir, 70 ans après, les affirmations du jeune père Alexandre, alors placé dans un contexte totalement différent…

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 26 Février 2011 à 15:07 | 4 commentaires | Permalien

Père Philippe Parfeunov, Moscou
Traduction Marie GENKO

Le vent d’ouest a apporté sur la terre russe les graines de ces mutants et les fruits inutiles qu’elles produisent sont empoisonnés ou peu comestibles.
Car la société est inondée de fausses conceptions du monde et nous vivons jusqu’aujourd’hui dans les divisions, les désordres, les malheurs, les désastres et même les guerres.
On peut considérer que ce qui génère plus particulièrement des conséquences fatales est l’accession des hérétiques au pouvoir et leur prise en main de la destinée de millions de personnes. Dans une société où a été perdue la possibilité d’éprouver les esprits, les hérétiques peuvent être élus au cours d’élections démocratiques par une majorité de voix, ou ils peuvent accéder au pouvoir par la force, et la structure socialo politique de l’Etat ne joue ici aucun rôle.

A son origine, l’hérésie remonte à la chute originelle de l’homme, tenté par la connaissance du Bien et du Mal, et contraint depuis lors de se contenter d’une connaissance partielle, fragmentée et sélective, donc en réalité d’une connaissance hérétique, mélange du Bien et du Mal.

Et cette conséquence du péché originel agit non seulement sur les hérétiques, mais aussi sur les chrétiens orthodoxes qui divergent entre l’enseignement de leur religion et leur comportement et qui divergent aussi dans les fruits réels de leur foi.
Mais pourquoi y avait-il parmi les croyants et même parmi les Saints Pères une telle peur de pécher par hérésie ? Il faut croire que dès le début cette peur prend racine dans le fait que n’importe quel jugement humain et n’importe quelle doctrine philosophique peuvent contenir une certaine part de vérité, mais justement une part, et non pas la vérité tout entière, qui ne se rapporte qu’à l’Eglise,
« Laquelle est Son corps, la plénitude de Celui qui remplit tout en tout. »(Eph. 1, 23)

Et beaucoup de chrétiens avaient une telle soif de cette pureté et de cette plénitude !
Mais puisque qu’en dehors de l’Eglise il n’y a pas de plénitude, il n’y a que de nombreuses parcelles différentes de vérité, et ces parcelles de vérité vont inéluctablement voisiner avec des parcelles de mensonge et elles risquent de devenir complètement inséparables et indifférenciables du mensonge.

Y a-t-il un mensonge à l’état pur dans le domaine spirituel ?
Non, tout comme il n’y a pas dans le monde de Mal absolu. Le Diable, père du mensonge, est redoutable, parce qu’étant une des premières créatures du Seigneur, il possède justement une parcelle non négligeable de « Vérité » inséparable d’un mensonge évident, qui a, par ce fait même, jadis perverti l’homme et occasionné sa chute.Etant donné « que Satan lui-même prend la forme d’un ange de lumière » (2 Cor. 14)
Voilà pourquoi le Christ dit :« Qui n’est pas avec moi, est contre moi et qui ne ramasse pas avec moi disperse »(Mat12,30 ; Luc 11,23)
Ou selon la parole de l’apôtre Jean :« Quel est-il le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui là est l’antéchrist, qui nie le Père et le Fils » (1 Jean 2,22)

Ceci et beaucoup d’autres affirmations des Ecritures ne permettent, sans aucun doute, aucune divergence d’opinion du genre de la libre pensée contemporaine.
Mais dans l’histoire de l’Eglise chrétienne, et plus particulièrement celle de l’Occident, la tentation la plus caractéristique consistait à permettre d’atteindre la vérité de préférence par un moyen intellectuel, et même de posséder cette vérité à titre individuel, à condition de la formuler correctement. Plus simplement, cela signifiait d’énoncer une quantité définie de postulats théoriques (dans des époques plus tardives, des déclarations et des mots d’ordre), passant pour des axiomes, d’après lesquels par la suite se formait la conception du monde et/ou la vie de groupes entiers d’individus.

Dans l’Eglise romaine, cela est devenu un état de chose définitif par la représentation du Pape en tant que « remplaçant » du Christ sur terre, et par son infaillibilité dans les questions de foi. Et cela apparut également au Moyen Age dans de grandioses traités de théologie comme la « Somme théologique » de Thomas d’Aquin.En ce qui concerne la théologie orientale tout cela lui était étranger, mais il faut tout de même ajouter qu’elle aussi a été soumise à l’influence malvenue du rationalisme au cours de ces derniers siècles.
Toutefois on percevait mieux en Orient que :« tout homme est mensonge » (Ps 115)
et que la théologie orthodoxe est, au fond d’elle-même, apophantique.Les Orthodoxes sentaient mieux que la vérité est une ; ils savaient quoi (ou plutôt Qui) elle est, mais ils insistaient surtout sur l’impossibilité définitive à l’énoncer.

Les dogmes de l’Eglise expliquent justement l’impossibilité d’atteindre la vérité par la logique formelle. Le rejet de l’apophatisme, comme le pense le théologien contemporain grec, Christos Innaras, s’est enraciné dans l’esprit juridique de la tradition romaine.
Ce théologien accuse même Saint Augustin d’avoir transposé un esprit de sévère objectivité dans le domaine de la gnoséologie.
Il écrit :
« Ainsi pour la première fois dans l’histoire, la vérité a été identifiée à sa définition et la connaissance (c'est-à-dire la possession de la vérité) a été identifiée à une assimilation personnelle de formules. La vérité s’est trouvée détachée du mouvement de la vie, elle a été réduite à une réflexion pure à une démarche de raisonnement juste…Une pensée juste se substitue à l’incertitude mouvante de la vie, la vie rentre péniblement dans le cadre de la logique (ratio), la logique est intronisée à un niveau d’autorité suprême, qu’il s’agisse de règles morales ou d’exigences d’ordre politique ou social. Le moralisme et le totalitarisme, ces deux engeances typiques de la civilisation ouest européenne commencent dans la pensée de Saint Augustin » (La Foi de l’Eglise)

Nous pouvons dire que notre théologien contemporain a un peu forcé la note au sujet de Saint Augustin, bien que certaines des conceptions de ce saint, issues de son objectivisme concernant la Grâce Divine, comme par exemple, admettre les tourments éternels de l’enfer pour les nouveaux nés, non baptisés, est incontestablement peu sympathique.

Dans son principe, l’orientation de la pensée patristique exclut toute manifestation de totalitarisme, même si dans ce monde plongé dans le mal, où règne la confusion du Bien et du Mal, tout peut dans la réalité tourner différemment.


Rédigé par Marie Genko le 25 Février 2011 à 12:26 | 0 commentaire | Permalien

Père Philippe Parfeunov, Moscou
Traduction Marie GENKO

A la question :
« Pourquoi l’accusation d’hérésie vous a-t-elle angoissé plus que tout autre accusation ? »
Le Révérend Père Agaphon avait répondu :
« Parce que l’Hérésie signifie, s’isoler loin de Dieu. L’hérétique s’excommunie du Dieu vrai et vivant et s’unit au démon et à ses anges. Celui qui s’est séparé du Christ (en confessant un enseignement erroné concernant le Christ) ne possède plus le Dieu qu’il pourrait supplier pour ses péchés et il est perdu sous tous rapports.

Pourquoi l’abbé Agaphon répondait-il de cette façon, et en était-il réellement ainsi ? Car n’importe quel péché qu’il soit de chair ou d’esprit, qu’il soit à l’encontre du Seigneur ou de son prochain, éloigne l’homme de Dieu et de Sa grâce.
Si nous nous référons aux textes du Nouveau Testament, comme source principale de notre tradition, nous pouvons y trouver des témoignages d’importance diverse concernant les hérésies et les problèmes concrets rencontrés par les premières communautés chrétiennes.

Le mot « hérésie » lui-même voulant dire « choix » se rapporte au mot grec signifiant :« Je prends, je choisis, je convaincs »

A propos des divergences d’opinions exprimées dans l’Eglise corinthienne, au sujet des repas communautaires associés au souvenir de la Cène de Notre Seigneur Jésus Christ, l’apôtre Paul écrivait : « …j’entends dire, que lorsque vous vous réunissez en assemblée, il se produit parmi vous des divisions, et je le crois en partie. Il faut en effet qu’il y ait des sectes parmi vous pour que ceux qui ont fait leurs preuves se manifestent parmi vous.» (1 Cor.11, 18-19)
Ces mots se révélèrent par la suite prophétiques : Les divisions entre les chrétiens au sujet de questions diverses importantes ou non, ont accompagné toute l’histoire de l’Eglise jusqu’aujourd’hui et nous ne les voyons absolument pas faiblir. Cela concernait souvent des questions pratiques de la vie quotidienne, et revêtait encore plus d’importance lorsqu’il s’agissait des sacrements de Dieu. En fait nous découvrons la vérité dans le Christ, elle est une, entière, éternelle et inaltérable :« Le Christ est le même hier, aujourd’hui et à tout jamais. » (Hébreux 13,8)

Mais personne ne peut exprimer entièrement cette vérité à l’aide de paroles, elle ne peut être expliquée ni comprise de façon rationnelle à cause de l’impuissance et de la limitation de l’homme. On ne peut s’unir à cette vérité que par son vécu en tant que membre du Corps du Christ, car selon les paroles de l’apôtre Paul :« Car partielle est notre science et partielle est notre prophétie » (1 Cor. 13, 9)
Et « nous voyons comme au travers d’une vitre trouble (mot à mot, comme dans un miroir terni) en devinant » (1 Cor 13,12)
Et l’Eglise d’une part, par la bouche de l’apôtre Paul admet la possibilité, et même le côté inévitable des divergences de pensées (hérésies), et d’autre part elle a lutté contre elles tout au long de son histoire, car ce même apôtre lance cet appel :« Quant à l’hérétique, après un premier et un second avertissement, rejette-le sachant qu’un tel homme est un dévoyé et un pécheur qui se condamne lui-même » (Tite 3- 10,11)

Comment concilier cela ?

Les divergences de toutes sortes ne sont pas toujours à propos et licites et tous les moyens ne sont pas bons pour les mettre à exécution. C’est une chose d’être conscient de ses propres limites et imperfections dans sa conception du monde et de la relativité de cette conception et de ne pas l’imposer aux membres de l’Eglise qui nous entourent, mais c’est une toute autre démarche d’insister sur l’absolue exactitude et l’infaillibilité de ses propres jugements, allant à l’encontre de l’Ecriture et de la Tradition, ce qui a été la caractéristique de la majorité des grandes hérésies.

Ce fut l’Orient, qui aux premiers siècles du christianisme et au début du Moyen Age, fut le grand générateur d’hérésies, d’un caractère principalement dogmatique.
A Byzance, à l’époque des conciles œcuméniques, les hérétiques ne se gênaient pas pour entretenir de nombreuses intrigues politiques dans le but d’infléchir en leur faveur les autorités impériales et obtenir ainsi gain de cause ; la délation et les accusations, qui n’avaient rien de commun avec la théologie, étaient utilisées et une justice sommaire était rendue avec un certain succès à l’encontre des personnalités indésirables du pouvoir impérial, sans exclure l’emploi de la force. Et cela allait à l’encontre des intérêts des orthodoxes lorsque des moyens similaires étaient employés contre les hérétiques. Cependant le principe de l’utilisation des dogmes et des canons, non en tant que vérité de la foi, soumise à une compréhension progressive dans la prière et à la lumière de la révélation, mais comme des instruments pour régler ses comptes avec ceux qui soutiennent des positions contraires dans les conflits politiques et courtisans de la Byzance impériale, et même dans la Russie prérévolutionnaire (dans le cas de l’écrasement des opposants de la réforme ecclésiale du patriarche Nikon, ou dans le cas du mouvement des moines opposants du mont Athos)
Ceci reste encore l’héritage accablant et non surmonté de cette époque difficile.
Les hérésies dogmatiques elles-mêmes ont apporté une contribution certaine dans le développement de la pensée théologique, étant donné qu’elles posaient un problème théologique et exigeaient sa résolution.
Nous pouvons considérer ce qui a été dit précédemment calmement, étant donné que chacun d’entre nous est potentiellement un hérétique, puisque nous ne pouvons pas contenir en nous-mêmes toute la plénitude de la sagesse des Ecritures et de la Tradition.

Ceci a tout autant trait aux théologiens fondamentalistes qu’aux théologiens libéraux.

Ajoutons à cela, qu’il y a hérésie et hérésies et qu’elles présentent aussi différents degrés de danger. L’hérésie est dangereuse lorsqu’elle s’oppose de façon organisée à l’enseignement conciliaire de l’Eglise et s’impose, soit avec l’aide de l’Etat, soit par d’autres moyens, et dans ce cas, elle suscite immanquablement des conflits. Dans une telle conjoncture, il faut se réunir et prendre les dispositions nécessaires. Lorsque l’hérésie est l’opinion d’une personne isolée, pacifique, sincère dans sa recherche de vérité, et ne s’imposant à personne, nous pouvons la comparer aux discussions théologales qui se rencontraient également chez les anciens Pères de l’Eglise et parmi les théologiens en vue du XXème siècle.
Il y a toujours eu bien d’avantage d’hérétiques à l’intérieur de l’Eglise même, qu’on ne le pense en général.
A partir de la fin du Moyen Age, c’est l’Occident qui devient le berceau principal des hérésies, hérésies d’une teinte surtout socialo politiques (Cathares, Patarins, Albigeois, Frères apostoliques, Taborites, Hussites, Anabaptistes) ils ont les mêmes motivations despotiques et la même prétention quand au caractère exceptionnel et infaillible de leurs chefs. Le meurtre de membres du clergé, le vandalisme des églises, l’incendie des croix et des icônes, le terrorisme enfin, accompagne toutes leurs actions.
Ceci est décrit en détail dans le livre de Igor Chafarevitch :« Le phénomène socialiste »
Peu à peu le nombre des hérésies dogmatiques passe à l’arrière plan, et apparaissent alors des hérésies socialo politiques, soit sous une forme de doctrines agnostiques, soit dans des doctrines franchement athées, tout en conservant leurs racines religieuses hérétiques.




Rédigé par Marie Genko le 25 Février 2011 à 12:14 | 14 commentaires | Permalien

L'Europe se diversifie religieusement, y compris dans le cadre chrétien. Un nombre croissant de chrétiens orthodoxes viennent travailler et s'établir en Europe occidentale. Apprendre à connaître l'histoire des communautés orthodoxes en Europe orientale et occidentale au XXe siècle et à l'analyser ne peut qu'aider à mieux comprendre leur passé pour mieux préparer l'avenir de toute la nouvelle Europe unie encore en expansion, dans un esprit de dialogue informé. Lire la suite ici.

Christine Chaillot
Conférence donnée le 1er juin 2010 à Bruxelles

Christine Chaillot est une laïque attachée au patriarcat grec orthodoxe œcuménique de Constantinople et fondatrice de l’association du Dialogue inter-orthodoxe. Elle est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l’Église orthodoxe en Europe au XXe siècle Elle est aussi la secrétaire et fondatrice de "l’Association Dialogue entre Chrétiens orthodoxes et orthodoxes orientaux".

Rédigé par Vladimir Golovanow le 24 Février 2011 à 18:51 | 1 commentaire | Permalien

Le 23 février, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou a rencontré à Genève le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises (CŒE).
Le métropolite Hilarion a d’abord donné son appréciation des résultats de la séance du Comité central du CŒE achevée la veille. Il s’est montré soucieux de ce que les églises protestantes soient souvent représentées au CŒE par des délégations de son aile ultra-libérale, qui ne reflètent pas la situation réelle du monde protestant SUITE Mospat ru

Rédigé par L'équipe Rédaction le 24 Février 2011 à 18:03 | 0 commentaire | Permalien

SERVICE DE PELERINAGE DU DIOCESE DE CHERSONESE EN FRANCE «ПИЛИГРИМЪ»

Nous vous invitons à prendre part à notre traditionnel pèlerinage au sud de la France du 6 mai au 10 mai 2011.
Cette année nous irons à :
Avignon, Arles, Aix en provence, Tarascon, La Sainte Baume, Saint Maximin, Cannes, Marseille, l’île de Saint Honorat (Monastère de Lerin), Lyon.

Nous vous demandons de bien vouloir réserver vos places à l’avance pour le pèlerinage.
Pour les inscriptions et le règlement merci de vous adressez au comptoir des cierges de l’église des Trois Saints Docteurs.

Sainte Marie Madeleine égale aux apôtres et femme myrophore

Option А:
- Arles (II s. Avant J.C.): parcelle de relique de Saint Antoine le Grand, du Saint apôtre Trophime, du Saint premier martyr et archidiacre Stéphane;
- Marseille: abbaye Saint Victor – vénération des reliques de Saint Jean de Catien, du crâne de Saint Lazare le ressucité;

- le jour de la fête des Saintes femmes mirophores – Divine Liturgie dans la grotte de Sainte Marie Madeleine (La Sainte Baume) + action de grâce et vénération devant le crâne de Sainte Marie Madeleine (Saint Maximin);

- visite de l’église orthodoxe de l’Archange Michel à Cannes, et visite du monastère de Lerine – île de Saint Honoré;
L'information sur les pèlerinages peut être complétée.
Informations par téléphone : + 33 175 43 97 23 begin_of_the_skype_highlighting              + 33 175 43 97 23      end_of_the_skype_highlighting
e-mail : pilgrim@alsgroupe.com


Rédigé par SERVICE DE PELERINAGE le 24 Février 2011 à 09:00 | 2 commentaires | Permalien

L’histoire de la Russie au XX siècle est souvent falsifiée
Cette lettre signée par Mgr Agapit, évêque de Stuttgart et l’archiprêtre Nicolas Artiomov (tous deux appartenant à l’EORHF) a été publiée dans le numéro de février 2011 de « La Revue du patriarcat de Moscou » (Журнал Московской Патриархии)

Ce texte qui nous a été envoyé par ses auteurs exprime l’inquiétude ressentie par de nombreux fidèles résidant hors de Russie. Une nouvelle approche de l’histoire du XX siècle est, en effet, indispensable. Mais l’inaccessibilité des archives de la guerre civile et des Armées Blanches, etc. rend impossible une nouvelle lecture du passé récent. Le gouvernement de la Fédération se doit d’enfin officiellement reconnaître les crimes commis par le régime communiste. "RPM-ЖМП"

* * *
Il est souvent question en Russie des falsifications que l’on fait subir à l’histoire moderne. La science ignorait l’étrange notion de « falsification de l’histoire » : ce concept été créé par les services de propagande staliniens. Etait considérée en tant que « falsification » toute analyse ne correspondant pas aux dogmes mensongers du parti. Voilà près de vingt ans que le régime soviétique s’est effondré. L’Etat athée fondé par Lénine et Staline pour se substituer à la Russie millénaire n’est plus.

La vie quotidienne des citoyens de l’ex-URSS était, cela en commençant par le jardin d’enfants, imprégnée par le mensonge. Un mensonge qui portait sur les racines mêmes de la Russie et la conscience historique du peuple. C’est à regret qu’il faut constater que les vingt années qui ont suivi la débâcle du régime n’ont pas apporté l’essentiel : la prise de conscience par la société de la tragédie spirituelle vécue par le pays au XX siècle. Nous devons nous élever contre les altérations que l’on fait subir aux évènements historiques. Or, nous constatons que le repentir ne s’est toujours pas manifesté
Oui, en effet, une procession solennelle a eu lieu : des îles Solovki, un crucifix de huit mètres de hauteur a été transporté à Moscou en empruntant les canaux creusés par les déportés. Ce crucifix se trouve désormais au « polygone » de Boutovo.
Mais qui se souvient aujourd’hui de cette longue procession ?
Il y a en Russie des historiens qui se consacrent à la sauvegarde de la mémoire de ceux qui ont péri en creusant les canaux du Nord de la Russie (Lidia Golovkova, les chercheurs de l’université orthodoxe Saint Tikhon, etc.). Leur travail est un véritable exploit. Mais l’opinion reste indifférente aux publications de ces auteurs.
Même « L’archipel » d’Alexandre Soljenitsyne est ignoré...
Une belle église a été construite au « polygone » de Boutovo. Nous avons participé à sa consécration. Près de dix mille orthodoxes s’y réunissent chaque année pour honorer la mémoire des innocents. Malheureusement, Boutovo est jusqu’à présent le seul endroit de l’ex-URSS où l’on peut s’imprégner de ce qu’ a été le régime soviétique. Comment rester indifférent au passé lorsqu’on habite une rue ou une place portant le nom d’un criminel patenté haïssant la Russie ? On débat jusqu’à présent de l’opportunité de faire revenir la statue de Dzerjinsky à son ancien emplacement, en plein centre de la capitale, là où se trouve maintenant la pierre venue des camps Solovki.

Entre-temps l’Allemagne a effectué, et continue à le faire, un immense effort de prise de conscience de son passé récent. Une église orthodoxe a été érigée à l’emplacement du camp de concentration de Dachau. Une deuxième église se situe à trois kilomètres de la première, on y commémore les travailleurs que les nazis avaient fait venir des territoires occupés de l’URSS. Où pouvaient-ils aller après la guerre ? Considérés comme traîtres dans leur pays, menacés d’être envoyés dans les camps de l’Archipel…

Si seulement ce qui existe maintenant à Boutovo pouvait être présent partout en Russie !

Les archives restent interdites : voilà l’un des principaux obstacles à la renaissance spirituelle et à la prise de conscience du passé. L’on craint une amenée d’air frais ! Or, le pays est menacé d’asphyxie si l’on continue à lui cacher son passé.

Les médias ainsi que les manuels scolaires se sont mis ces dernières années à promouvoir une réhabilitation larvée du stalinisme. On nous propose de considérer les crimes des années 1930-1940, extermination du clergé de l’Eglise orthodoxe la plus importante du monde par son nombre, anéantissement de nombreux millions de compatriotes comme une sorte de nécessité historique, comme la conséquence de conditions objectives, comme la condition d’une nécessaire mobilisation du peuple à la veille de la deuxième guerre.
La troisième, récente, édition du manuel scolaire d’histoire moderne de la Russie, 1917-2009 (A. Barsenkov et A. Vdovine) est une preuve, s’il en fallait d’une authentique « falsification de l’histoire ». Les auteurs de cet ouvrage s’emploient à redorer le blason du régime stalinien athée. Ils vont jusqu’à affirmer que la sanguinaire collectivisation des campagnes conduite par Staline aurait été le parachèvement des réformes agraires de Stolypine. Mensonge délibéré ou ignorance complète des réformes de Stolypine comme du déroulement de la collectivisation ?

La campagne de mensonges commencée vers la fin des années 40 a eu pour résultat que la science historique est aux mains de cyniques et d’amateurs. Leur influence sur l’opinion reste très forte. Leur manière de présenter à la jeune génération le personnage de Staline en tant qu’homme d’Etat et patriote éminent est un signe de mépris à l’égard des millions de victimes faites par le régime communiste athée et de la mémoire des Nouveaux Martyrs et confesseurs de la Foi.
« Dieu n’est pas dans la force mais dans la Vérité », voilà un adage qui définit parfaitement l’essence de la Russie.
Cette vérité a été maintenue et transmise de génération en génération partout de par le monde grâce aux efforts de l’Eglise Hors Frontières. L’avenir de la science historique en Russie ne nous est pas indifférent car la connaissance de l’histoire détermine pour beaucoup ce que seront les générations à venir. Le sang de Boutovo imprègne le sol de toute la Russie et clame aux cieux.
La jeunesse russe entendra-t-elle ces gémissements ?
Le rétablissement de la vérité historique sera pour la Russie vivifiant et salutaire. Il conduira à une perception nouvelle du pays par les autres nations. Nous savons que, souvent, l’image de la Russie est perçue de manière négative. Les éléments hostiles à notre pays font valoir le refus de la vérité pour renforcer les préjugés existant à l’égard de la Russie en se fondant précisément sur notre immobilisme, sur notre refus de regarder la vérité en face. Seule le libre accès aux archives permettra à la vérité historique de triompher. C’est dans un climat de totale liberté que l’étude des archives doit pouvoir se faire.
C’est à cela que nous appelle le Seigneur.

Traduction "P.O" Nikita KRIVOCHEINE
..............................

Cette lettre signée par Mgr Agapit, évêque de Stuttgart et l’archiprêtre Nicolas Artiomov (tous deux appartenant à l’EORHF) en russe ICI et ICI










Rédigé par Nikita KRIVOCHEINE le 24 Février 2011 à 08:38 | 2 commentaires | Permalien

Le 15 février 2011, fête de la Présentation du Seigneur au Temple selon le calendrier julien, un autre de nos séminaristes a été ordonné diacre. Il s'agit d'Alexandre Zinovkin, étudiant en seconde année de master. L'ordination lui a été conférée par l'évêque Ambroise de Gatchina, auxiliaire du diocèse de Saint-Pétersbourg et recteur de l'académie de théologie de Saint-Pétersbourg. Elle s'est déroulée à l'église de l'académie de théologie ...Sute ICI

Rédigé par l'équipe de rédaction le 23 Février 2011 à 14:49 | 1 commentaire | Permalien

Près de 10 000 personnes ont pris part, samedi, à la cérémonie de la pose et de la bénédiction de la croix qui surmonte l’église consacrée à l’icône de la Mère de Dieu « Très obéissante », dans le quartier résidentiel de Tallinn Lasniamaé.
« Cette église, à la différence des autres sanctuaires orthodoxes mis en location par le gouvernement, est la propriété de l’église estonienne du patriarcat de Moscou, et elle est bâtie grâce aux fonds du peuple », a dit, au cours de la cérémonie, le métropolite Cornelius de Tallinn.

Le maire de Tallinn, Edgar Savisaar, a accueilli les participants s’exprimant en russe et en estonien. A la suite de quoi s’est exprimé le président du conseil politique du Fond André le Premier Appelé, directeur de la firme « Les Chemins de Fer de Russie », Vladimir Iakounine.

En 2010, le Fond a donné 1, 5 millions d’euros pour la construction de l’église.

L’édification de l’église avait commencé en 2003, par la première pierre, posée en septembre de la même année par le patriarche Alexis II lors d’une visite en Estonie.
Non loin de l’endroit où se déroulait la cérémonie, des nationalistes estoniens manifestaient. Les pancartes qu’ils brandissaient réclamaient l’annulation du visa estonien de V. Iakounine, à cause du soutien financier qu’il apportait à l’Eglise orthodoxe .Les manifestants protestaient contre E. Savisaar, leader du plus important parti d’opposition, qui se prononce pour une coopération plus étendue avec la Russie.

Tallinn, le 28 février, Interfax-Religion
Traduction "P.O." Laurence Guillon


Rédigé par l'équipe de rédaction le 22 Février 2011 à 21:26 | 0 commentaire | Permalien

V.Golovanow

L'ASSEMBLÉE DES ÉVÊQUES ORTHODOXES DE FRANCE (AEOF) est la première à publier une information sur le démarrage à Chambésy de la réunion préparatoire préconciliaire orthodoxe de février 2011 (même le site du Centre patriarcal de Chambésy n'en parle pas!) avec un reportage sympathique qui résume le processus préconciliaire.

Rappel historique en attendant des informations sur le déroulement de la réunion
C’est le patriarche Athënagoras 1er (1886-1972) patriarche de Constantinople de 1948 à 1972, qui avait lancé la préparation du Saint et Grand Concile Panorthodoxe au début des années 1960, (le précédent s'était déroule à Constantinople en 1872) a été par une 3 Conférences panorthodoxes à Rhodes (1961, 1963 et 1964), et une 4ème à Chambésy (1968) qui ont établis la liste des thèmes à mettre à l'ordre du jour du Concile.

Puis le travail est passé par une commission interorthodoxe préparatoire (Chambésy 1971, 1986, 1990 et 1993) alternant avec des conférences panorthodoxes préconciliaires (Chambésy en 1976, 1982 et 1986). Un congrès de canonistes s'est tenu à Chambésy en 1993 sur la question de la diaspora. Ce travail a permis d'adopter une série de documents et de recommandations concernant des questions, telles que l'adaptation des prescriptions concernant le jeûne, les règles canoniques du mariage et du divorce, la date de Pâques, les relations avec les autres chrétiens, l'œcuménisme… Ils sont mentionnés sur le site de Chambésy mais n'y sont pas disponibles et je serais très heureux si quelqu'un m'indiquait où les trouver.

Puis le processus s'est arrêté de 1996 à 2008 à cause du différent estonien qui avait amené la rupture de la communion entre Moscou et Constantinople. La décision de reprendre le travail a été adoptée par une synaxe plénière de tous les primats des Églises orthodoxes autocéphales (ou de leurs représentants) réunie en octobre 2008, au Phanar (Istanbul, Turquie), siège du patriarcat œcuménique, à l'occasion du 2000e anniversaire de la naissance de saint Paul. Une Conférence ( Chambésy IV en juin 2009) et une commission (décembre 2009) se sont réunies depuis adoptant une organisation provisoire de la diaspora (les Assemblées épiscopales) et des autocéphalies et autonomies. La réunion en cours doit être une Conférence qui mettrait le point final à l'ordre du jour du Concile.

Questions mises à l'ordre du jour

C'est la 1ère Conférence panorthodoxe préconciliaire de Chambésy (1976) qui a révisé la liste de thèmes proposés à Rhodes 1 (1961) et il y aurait maintenant 10 points sous quatre rubriques (j'ai mis des № pour mieux s'y retrouver…):
I) Les problèmes pratiques des fidèles et des clercs :
1 Réadaptation des prescriptions ecclésiastiques concernant le jeûne
2 Empêchements au mariage
3 Question du calendrier

II) Relations des Églises orthodoxes avec l’ensemble du monde chrétien :
4 Dialogues théologiques bilatéraux
5 Orthodoxie et Mouvement œcuménique

III) Le témoignage de l’Orthodoxie dans notre monde :
6 idéaux chrétiens

IV) Les thèmes relatifs aux rapports des Églises orthodoxes entre elles et avec le Patriarcat œcuménique:
7 Diaspora
8 Autocéphalie
9 Autonomie
10 Diptyques

Les conférences qui ont eu lieu jusqu'ici ont préparé des documents sur tous les sujets sauf les Diptyques (10). On peut donc supposer que c'est là le sujet de la réunion en cours; elle doit aussi valider définitivement le projet d’ordre du jour et lancer les préparatifs concrets du Concile, comme l'avait annoncé patriarche Bartholomé l'an dernier. Attendons maintenant les résultats.

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 22 Février 2011 à 11:13 | 62 commentaires | Permalien

L'évêque Nestor a participé à la séance solennelle de l'Institut Saint-Serge à Paris qui a eu lieu le dimanche 13 février. La séance comprenait un compte-rendu de l’année universitaire 2009-2010 par l’archiprêtre Nicolas Cernokrak, doyen de l’Institut, et le discours académique prononcé par le père Michel Fortounatto, professeur en musicologie liturgique, sur le thème : « Théologie et musicologie : que reçoit la francophonie dans la transmission de la tradition russe de chant d’Église ? » Eglise russe
En russe ICI

Rédigé par l'équipe de rédaction le 22 Février 2011 à 10:00 | 0 commentaire | Permalien

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