AIX-EN-PROVENCE (AP) — La cour d'appel d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) a donné raison jeudi à la Fédération de Russie en l'autorisant à reprendre possession de la cathédrale russe orthodoxe de Nice (Alpes-Maritimes), contre l'avis de l'Association cultuelle russe orthodoxe de Nice, qui en revendiquait la propriété, a-t-on appris de source judiciaire.

Dans son arrêt, la première chambre civile de la cour d'appel d'Aix estime que "l'Etat de la Fédération de Russie est fondé à reprendre possession, à la suite de l'arrivée du terme du bail emphytéotique du 9 janvier 1909, survenu le 31 juillet 2007, du bien immobilier, du terrain alentour ainsi que de tous les objets incorporés".

"Il ne peut être dit que l'Association cultuelle a possédé de manière non-équivoque en tant que propriétaire" la cathédrale, située boulevard Tsarevitch à Nice, précisent les magistrats dans leurs attendus.
"La propriété est imprescriptible et ne se perd pas par le non-usage", insiste la cour. "Ce non-usage résultait non seulement du désintérêt que la Russie, en ses diverses formes étatiques, a semblé éprouver pendant plusieurs décennies à l'égard de la cathédrale russe de Nice, mais correspondait aussi juridiquement à l'exécution du bail emphytéotique".

Le 13 novembre 2006, la Fédération de Russie avait fait assigner l'Association cultuelle orthodoxe russe de Nice devant le tribunal de grande instance de la ville pour dire que l'Etat russe était le seul légitime propriétaire du terrain sur lequel est édifiée la cathédrale Saint-Nicolas....SUITE AP

Rédigé par l'équipe de rédaction le 19 Mai 2011 à 17:13 | 5 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par l'équipe de rédaction le 19/05/2011 22:01
LA CROIX
La Russie récupère la propriété de la cathédrale orthodoxe de Nice

La cour d’appel d’Aix-en-Provence a confirmé hier le jugement rendu en 2010 en première instance sur le sort de la cathédrale orthodoxe Saint-Nicolas, à Nice.
Moscou devient propriétaire de l’une des plus importantes églises russes hors de Russie.

« Déçu et étonné ». C’est ainsi qu’a réagi, hier, le P. Jean Gueit, recteur de la cathédrale Saint-Nicolas à Nice, à l’annonce de l’arrêt rendu par la cour d’appel d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) confirmant le jugement du tribunal de grande instance de Nice (Alpes-Maritimes) de 2010.

La cour estime que la Fédération de Russie est fondée à rependre possession de la cathédrale orthodoxe Saint-Nicolas, à Nice, et de tous les objets qui s’y trouvent, dont la précieuse iconostase, au terme du bail emphytéotique du 9 janvier 1909, survenu le 31 décembre 2007.

« Malgré cette décision, notre position n’a pas changé, et nous allons nous pourvoir en cassation », fait savoir le P. Gueit. Ce pourvoi n’ayant pas d’effet suspensif, le devenir des actuels responsables de la paroisse orthodoxe semble toutefois incertain. Vont-ils devoir quitter les lieux ?
Incertitude sur l’avenir de la vie de la communauté

« Nous ne savons pas ce qui nous attend, reconnaît le prêtre. Même si nous ne sommes plus légalement propriétaires, nous souhaitons continuer à mener une vie paroissiale normale ». C’est désormais sur le terrain de la procédure, et non sur le fond de l’affaire elle-même, que devrait se porter la controverse juridique dans les prochains mois.

Un observateur orthodoxe, qui préfère rester anonyme, se montre pessimiste sur l’issue de cette ultime tentative : « Le combat est déséquilibré. Les enjeux économiques sous-jacents, entre la France et la Russie, nous dépassent ».

L’ « affaire de Nice » remonte à 2006. Contestant l’occupation des lieux par l’association cultuelle locale, l’État russe avait saisi la justice française. Hier, la cour d’appel a confirmé que ce bail emphytéotique ne pouvait donner droit à « usucapion », c’est-à-dire à acquérir, par l’occupation durable des lieux, un droit de propriété.

La construction a été financée par la communauté locale

Pourtant, la cathédrale Saint-Nicolas – l’une des plus importantes églises russes hors de Russie – a été bâtie entre 1902 et 1912 sur un terrain concédé à titre gracieux par l’empereur de Russie dans le centre-ville de Nice. Et son financement, rappelle l’ Agence orthodoxe de presse (SOP), « a été assuré à partir de dons privés, collectés par la communauté orthodoxe russe locale ».

Celle-ci s’était en effet constituée en association cultuelle au début des années 1920, quand un grand nombre d’émigrés russes, fuyant leur pays après la Révolution, s’étaient installés dans la région niçoise. « Ce sont ces émigrés et leurs descendants, devenus pour la plupart citoyens français, qui ont, durant ces 90 dernières années, entretenu la cathédrale », souligne encore la SOP.
Tensions internes de l’orthodoxie française

Plus qu’une querelle foncière, ce conflit cristallise les tensions internes à l’orthodoxie française. Depuis les années 1930, trois juridictions russes coexistent en France, dont principalement l’Archevêché des églises russes en Europe occidentale, fondé en 1921 sous la protection du Patriarcat œcuménique de Constantinople par des opposants au communisme, et le diocèse de Chersonèse, fondé à la fin des années 1980 avec les orthodoxes demeurés fidèles à l’Église russe.

Or, depuis 2003, le Patriarcat de Moscou plaide pour un retour de l’exarchat au sein de l’Église mère, estimant les causes historiques de ces divisions dépassées. Ce que les fidèles, désormais bien implantés en Europe, voient d’un mauvais œil. L’affaire de Nice s’inscrit ainsi dans cet arrière-fond ecclésial, même si, officiellement, l’Église russe n’est pas partie prenante.

Par ailleurs, la cour d’appel, en estimant qu’il existe « une continuité juridique entre l’Empire de Russie et l’État de Fédération de Russie », aura peut-être aussi ouvert une brèche pour les porteurs d’emprunts russes. Ces derniers avaient fait savoir en 2010, par la voix de leur président, que si cette « continuité » était reconnue pour un bien immobilier, elle pouvait l’être aussi pour des dettes.

FRANCOIS-XAVIER MAIGRE


2.Posté par Daniel le 19/05/2011 23:30
Le SOP toujours égal à lui-même. En droit français, la possession du sol implique celle de ce qui est bâti sur ce sol! Par ailleurs, le principe du bail emphytéotique est qu'à expiration du délai, TOUT absolument tout revient au bailleur, terrain et ce qui a été construit dessus... L'ACOR et ses soutiens manquent vraiment de dignité...

3.Posté par Marie Genko le 19/05/2011 23:58

Au XIXème siècle l’Église russe avait des paroisses en Europe occidentale pour faire œuvre pastorale auprès des Russes travaillant ou résidant dans ces pays.

Jusqu'à la révolution russe, toutes ces paroisses d'Europe occidentale dépendaient de l’Église de Russie.

Ce n'est qu'en 1930 que l'archevêché des Églises russes d'Europe occidentale a demandé à se mettre, de façon provisoire, sous la protection du Patriarche de Constantinople.
Et cela pour ne pas dépendre d'une Église russe soumise à Staline.
Ce qui n'a pas empêché le métropolite Euloge, qui avait était à la tête de cet archevêché depuis 1930, de revenir dans le giron de l’Église russe à la fin de sa vie.

Aujourd'hui, lorsque le régime communiste a cessé d'exister en Russie, lorsque les 19 monastères agonisants en 1989 se sont aujourd'hui relevés et multipliés jusqu'au chiffre abasourdissant de 850 monastères, et enfin lorsque nous voyons la formidable vitalité de cette foi orthodoxe ressuscitée en Russie, cette démarche provisoire de l'omophore de Constantinople n'a plus sa raison d'être!
La place de notre communauté est dans le giron de notre Église mère!
Qu'attendons-nous pour recréer ce que la révolution a détruit?
Les fidèles, qui voient d'un mauvais œil un retour au Patriarcat de Moscou, ne se rendent pas compte que rester durablement sous l'omophore d'un patriarche grec, veut dire renoncer à sa propre identité ecclésiale!
Et c'est à nous qu'il appartient de reconstruire l'unité des paroisses russes, afin que toutes les querelles et les procès ne soient plus qu'un mauvais souvenir!


4.Posté par PetiaS le 20/05/2011 11:45
Dans un article du "Kommersant" en date de ce jour (http://www.kommersant.ru/doc/1643475), le dernier paragraphe est très explicite quand à la suite des évênements : hier, le porte parole de l'administration présidentielle, Monsieur Victor Khrékov, à annoncé que l'état russe prendra en charge la cathédrale russe de Nice quand seront terminée toutes les formalités administratives. A la question de savoir comment sera utilisée la cathédrale quand la Russie en aura effectivement la charge, Monsieur Khrékov à répondu : " Selon toute vraissemblance, elle sera transmise au patriarcat de Moscou, comme cela fut fait en 2009 avec l'église St Nicolas à Bari, qui fut rendue à la Russie par l'Italie".

Décidement, St Nicolas est vraiment un grand saint, protecteur de la Russie !

5.Posté par Potomok le 20/05/2011 17:32
@Daniel - n°2.

Oui, vous avez raison! Mais le SOP donne une indication que les membres de l'ACOR aurait du lire avec attention. C'est bien l'Empereur de Russie qui a concédé le terrain et non, tout simplement, Nicolas Romanov.

Tout était là... Pourtant le SOP ne peut être qualifié d'agence de presse de la Fédération de Russie.

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