Pierre Alexandrovitch de Fermor

Sommes-nous indifférents à ce qui se passe à Nice ? Mais pas le moins du monde. Car le jugement du 19 mai 2011 ne me semble pas de nature à enflammer les passions de tous ordres, et peut tout au contraire, par sa sagesse issue du bon usage des lois de France, nous replacer tous dans la bonne direction. Car cette décision présente bien des avantages, aussi bien pour les paroissiens (qui sont les premiers concernés) que pour la bonne ville de Nice (qui a son mot à dire, et mérite mieux que bon nombre de désinformations sur le sujet).

Les paroissiens

Voici pour eux l’occasion d’être enfin entendus, dans leur totalité. Rappelons ici les mots paisibles prononcés par Feu Madame Lydia Places (ancienne secrétaire de l’ACOR), le 12 mars 2009, dans une lettre adressée à Monsieur le maire de Nice : « Rendez à la cathédrale orthodoxe russe Saint-Nicolas de Nice sa mission essentielle: être la Maison de Dieu où paroissiens, fidèles et amis retrouveront les pasteurs doux et humbles de cœur que la spiritualité russe leur a donnés par le passé et où, en paix, ils pourront venir se recueillir et prier devant leurs icônes ».
Et souvenons nous qu’une lettre avait alors été adressée à son instigation au Patriarche de Moscou, exprimant le souhait d’une grande majorité des paroissiens et amis de la cathédrale russe de Nice (près de cent vingt signataires), que celle-ci soit librement rattachée à son patriarcat.

Combien de paroissiens, membres de l’ACOR, souhaitent-ils que leur cathédrale conserve ses liens avec Constantinople, autour de leur recteur ? A l’évidence un bien plus petit nombre, probablement autour d’une quarantaine, sinon moins…

Qu’en déduire? Peut-être que la majorité devrait être enfin entendue, et c’est justement ce que permet le jugement de la Cour d’Appel d’Aix. Ne devrions nous pas en être satisfaits, orthodoxes de toutes origines? Qu’une association cultuelle soit ainsi établie autour d’un recteur nommé par Moscou pour répondre au libre arbitre des fidèles de Saint-Nicolas n’est pas une aberration. Et qu’elle laisse les prêtres de Constantinople officier eux aussi au sein de la cathédrale sera un devoir. Qui aura lieu.

L’ensemble des paroissiens, ressoudés autour d’une grande orthodoxie, retrouveront la paix qui s’était un peu éloignée de leur église.

Les niçois

Ils vont vite le réaliser, ils ont tout à gagner avec le retour à la Russie de leur « église russe », qui constitue depuis si longtemps une partie intégrante du paysage niçois :

Que veut dire « retour à la Russie » ? Ni plus ni moins que l’obligation pour l’Etat russe de gérer en bon père de famille l’édifice architectural que constitue l’église, monument d’exception. En assurer la maintenance et l’entretien. En garantir la pérennité et la sécurité. Autant de dépenses que la municipalité, c’est-à-dire les niçois, mais aussi la région, n’auront plus à supporter financièrement. Comment s’en plaindre ?

L’Etat russe a par ailleurs promis le retour à la gratuité d’accès du lieu, qui est en tête de liste des endroits les plus visités de la ville et des communes environnantes. Voilà qui ne peut que plaire à tous : Les russes en villégiature parmi nous, qui participent grandement à l’essor commercial de notre région; tous les touristes dans leur ensemble; les niçois aussi (et particulièrement les riverains) qui se plaisent à goûter à la paix sereine qui habite ce lieu de prières qui leur appartient aussi.

Pour la Russie, l’abandon de cette manne assez dénaturée est un acte responsable, qui augmente sa charge financière.

Moscou

La Russie construit des églises. Et prend à sa charge celles qui, disséminées hors des frontières russes, lui reviennent de droit ou par choix. Elle confie à son patriarcat la gestion cultuelle de ces lieux de prière, en un geste bien naturel qui est l’application sage du principe de séparation des pouvoirs de l’Etat et de l’Eglise. Qui pourrait s’en plaindre ? Certainement pas les orthodoxes. Encore moins les orthodoxes russes de Nice, qui jusqu’ici n’ont probablement pas eu suffisamment le droit à la parole : Laissons leur enfin ce droit, et cessons de vouloir diriger leurs choix. Et ne les plaignons pas, ils ne sont pas à plaindre. Enfin, respectons les décisions de la Justice de notre pays, dont l’indépendance ne peut être mise en cause.
Merci aux paroissiens pour leur sagesse, merci aux niçois pour aimer notre cathédrale, et merci à Moscou pour la soutenir!

Blog AACOR-SNN

Rédigé par Blog AACOR-SNN le 2 Juin 2011 à 09:00 | 3 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par vladimir le 30/05/2011 18:25
Un point positif évident souligné à juste titre: "l’obligation pour l’Etat russe de gérer l’édifice en bon père de famille". Connaissant les moyens que l'état peut mobiliser, nulle doute que l'édifice sera rapidement remis en état bien mieux que n'aurais pu le faire l'ACOR.
Par contre la solution que préconiserait Pierre Alexandrovitch pour son utilisation semble particulièrement peu claire: "Qu’une association cultuelle soit ainsi établie autour d’un recteur nommé par Moscou ... Et qu’elle laisse les prêtres de Constantinople officier eux aussi au sein de la cathédrale sera un devoir." Qui ne le souhaiterait! Mais comment?

2.Posté par PetiaS le 31/05/2011 10:08
La synthèse de Monsieur Pierre de Fermor est concise, bien posée et calme. Je rejoins Vladimir sur la maladresse concernant l'alternance de célébration entre le clergé de Constantinople et celui de Moscou. Il me semble qu'il faut définitivement stopper les tergiversations et confier cette église à un clergé russe du patriarcat de Moscou. Il faut remettre de l'ordre une bonne fois pour toute dans la gestion matérielle de l'édifice et surtout dans les âmes des pauvres fidèles, martyrisés depuis plusieurs années. Seul un clergé bien formé, cultivé, aimant son pays et la France, comprenant ses fidèles et éloigné de tout modernisme ecclésial, pourra fédérer une paroisse ou chacun aura sa place.

Un certain Alexandre Obolensky vient de laisser le message suivant sur le site de soutien de l'ACOR : "Je suis indigné que la France donne un territoire qui appartenait à la famille impériale, assassinée par les bolchéviques, aux nouveaux bolchéviques qui agissent seulement sous un autre nom."

Il n'y a aucun commentaire à faire sur les bêtises écrites dans ce texte sauf peut être qu'une partie de l'émigration à définitivement renié ses parents et son histoire. La Russie n'a plus besoin d'eux désormais.

3.Posté par vladimir le 03/06/2011 13:02
Peut-être me suis-je mal fait comprendre: le partage du service à la cathédrale entre Moscou et Constantinople est tout à fait possible, quoi qu'en disent les partisans de l'ACOR. Un correspondant vient de me rappeler un précédant exemplaire: il y a quelques années, les deux paroisses d'Oxford (GB), dépendant de Moscou et de Constantinople, on partagé le même lieu de culte avec la bénédiction de laurs évêques. Mgr Kalistos de Diaclétia et Mgr Antoine de Souroj. Étant donné l'autorité reconnue de ces deux figures de la théologie orthodoxe actuelle, je n'imagine pas que la canonicité de cette solution puisse être raisonnablement attaquée… et il y a bien d'autres exemples, du saint Sépulcre partagé entre Orthodoxes, Arméniens et Catholiques, aux églises d'Ukraine occidentale partagées entre Orthodoxes et Gréco-catholiques… voire d'autres que je ne connais pas.

Il nous reste donc à prier pour que Mgr Gabriel et Mgr Nestor, qui se connaissent bien, trouvent ensemble la bonne solution, comme le suggère Pierre Alexandrovitch. Et, après ces années conflictuelles, Nice deviendra cette OPPORTUNITE DE RECONCILIATION que propose Nikita Krivochéine dans le Bulletin quotidien du Patriarcat:

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