Le métropolite Philarete de Minsk est admis à la retraite. Le métropolite Paul de Riazan devient métropolite de Minsk (décisions du Saint-Synode de l'Eglise russe ce jour).

Le Patriarche Cyrille de Moscou préside la dernière séance du Saint Synode pour l’année 2013

Le 25 décembre 2013, à la salle synodale de la résidence patriarcale officielle du monastère Saint-Daniel de Moscou, le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a présidé la dernière séance du Saint Synode de l’Église orthodoxe russe pour l’année 2013. SUITE Mospat et Photos


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 25 Décembre 2013 à 20:09 | 42 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Session du Saint-Synode du patriarcat de Moscou le 28/12/2013 15:44
Le Saint-Synode de l'Église orthodoxe russe a siégé à Moscou, sous la présidence du patriarche Cyrille, du 25 au 26 décembre 2013. L'évêque Nestor de Chersonèse y participait en qualité de membre temporaire.

Le Synode a accepté la demande démission présentée, pour des raisons d'âge, par le métropolite Philarète de Minsk, exarque patriarcal en Biélorussie, et a nommé à sa place Mgr Paul Ponomarev, auparavant métropolite de Riazan.

De nouveaux diocèses ont été créés dans la région de Voronèje et en Oudmourtie, regroupés en deux nouvelles métropoles ecclésiastiques.

L'hégoumène Arsène Sokolov, recteur de la paroisse orthodoxe russe du diocèse de Chersonèse à Lisbonne, a été nommé recteur de l'église russe à Beyrouth et représentant du Patriarche de Moscou auprès du Patriarche d'Antioche.

L'archiprêtre Antony Ilin, recteur de l'église cathédrale Saint-Nicolas à Bruxelles et représentant par intérim de l'Église orthodoxe russe près les organisation européennes à Bruxelles, a été libéré de ses fonctions. Il rejoint le diocèse de Moscou, dont il est issu.

Le Synode a promulgué une déclaration concernant le baptême des enfants nés des mères-porteuses, usage qui est aujourd'hui autorisé en Russie. Il y est recommandé de ne procéder au baptême de ces enfants qu'à l'âge raisonnable où ils peuvent prendre et assumer eux-mêmes les engagements baptismaux devant Dieu. Ils peuvent aussi recevoir les sacrements de l'initiation en bas-âge à condition que leurs parents fassent acte de conversion et s'engagent à élever leur enfant dans la foi chrétienne et en obéissance à la parole de l'Évangile. Le document rappelle que "tout enfant peut être baptisé sur la foi de ceux qui demandent ce sacrement pour lui. Un enfant n'est pas responsable des actes de ses parents et n'est pas coupable du fait que sa venue au monde résulte des technologies reproductives condamnées par l'Église".

Le Synode a également adopté un document exprimant la vision orthodoxe de la primauté universelle dans l'Église du Christ, document qui doit contribuer au dialogue théologique avec l'Église catholique romaine. Nous proposerons bientôt à nos lecteurs la traduction française de ce texte.

2.Posté par justine le 29/12/2013 15:44
Concernant le dernier alinéa du post 1, "Le Synode a également adopté... Nous proposerons bientôt à nos lecteurs la traduction française de ce texte" : le texte francais est publié sur le site "Orthodoxie.com". Il s'agit d'un document de grande portée, car il réfute clairement toute prétention à une primauté universelle de la part du Phanar; ses visées papistes, par une argumentation limpide basée sur la Sainte Ecriture, les Saints Canons et la Tradition orthodoxe. Une fois de plus on est dans l'admiration devant la fidelité de la Hiérarchie russe. Ce document montre que l'Eglise Russe n'est pas seulement grande dans ses dimensions, mais aussi dans son Orthodoxie. Gloire à Dieu!

3.Posté par Daniel le 29/12/2013 18:29
Je viens de lire texte mentionné par Justine. Il est globalement correct, mais rien de nouveau sous le soleil. Une grosse critique de fond sur ce passage toutefois.

"Dans la tradition orthodoxe, est considérée canonique la communauté qui constitue une partie d’une Église autocéphale et grâce à cela demeure dans l’unité eucharistique avec les autres Églises locales canoniques."

Je renverrais à l'article du Père Alexandre Schmemann, qu'est-ce que la canonicité car cette phrase n'est en rien différente de la canonicité dans sa conception latine qui en fait une simple question de subordination, sans se demander à quoi on est subordonné. Une église est canonique l'est car elle a été fondée selon les canons et parce que dans son fonctionnement, elle les respecte. Être une église autocéphale n'est pas une garantie de canonicité si on ne les respece pas soi-même.

4.Posté par justine le 29/12/2013 20:44
A Daniel
L e point important de cette clause du texte du Synode Russe est que la canonicité, en Orthodoxie, ne se définit pas par son unité avec une autorité centrale, superposée à toutes les autres - tel le pape en catholicisme ou tel le Phanar dans ses projets -, mais par son unité avec une Eglise autocéphale en communion avec les autres Eglises autocéphales. Car c'est évidemment l'intention du Phanar de s'arroger le droit exclusif de statuer sur la canonicité ou non dans l'ensemble du monde orthodoxe.
Par ailleurs, il est vrai qu'il n'y a rien de nouveau dans le texte du Synode Russe, et c'est là précisément son grand mérite - il maintient entièrement la position traditionnelle de l'Eglise.

5.Posté par Daniel le 29/12/2013 21:19
@ Justine

Ce point est justement erroné. La canonicité se définit par le respect des canons, point final. Le texte refuse une autorité centrale pour créer 15 autorités (à savoir les églises autocéphales). Ceci est erronné et n'est qu'une version éclatée de la formule autorité centrale. Une telle formule est un mensonge et une escroquerie intellectuelle, car si les canons sont des règles, est canonique ce qui respecte ces règles dans la pratique et non ce qui se proclame canonique. La canonicité se vit au quotidien par le respect des canons... et on ne peut pas dire que les églises "canoniques" soient toujours très scrupuleuses à ce sujet. C'est un euphémisme.

6.Posté par justine le 30/12/2013 08:16
A Daniel, post 5
Que la canonicité se définisse par le respect des canons est une vérité de Lapalisse et va de soi. Le sujet de la clause en question n'est pas ce principe fondamental. Il est ceci: une communauté ecclésiale ne peut être canonique en-dehors de l'Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Elle doit être en communion avec elle. C'est de cela qu'il s'agit ici. Chez les catholiques, la communion avec leur Eglise s'établit par définition et exclusivement par celle avec le pape. Or, constate que des communautés hérétiques (les nestoriens, les monophysites p.ex.), donc fondamentalement anticanoniques, sont considérées canoniques par le Vatican, et ceci uniquement parce qu'elles sont en communion avec le pape. Voilà à quelle adresse vous devez diriger vos accusations de "mensonge et d'escroquerie intellectuelle".

En Orthodoxie, nous avons l'autocéphalie: chaque Eglise locale est l'Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Elle est très ecaxtement l'Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique en Russie, en Serbie, en Grèce etc. Selon l'ecclésiologie orthodoxe, chaque Eglise autocéphale orthodoxe possède la plénitude de la Vérité et de la Grâce. Il suffit donc pour une communauté d'etre en communion avec une d'elles pour être en communion avec l'Eglise entière. Introduire un autre principe revient à renverser toute l'ecclésiologie orthodoxe, avec toutes les conséquences néfaste et destructrices qui en découlent.

Par exemple, on peut très bien imaginer que dans le cas d'une telle règle en Orthodoxie – c'est à dire condition de canonicité la communion avec Constantinople seul – la pseudo-union avec Rome se fera en un rien de temps, puisque les théologiens du Phanar trouveront les astuces pour faire passer comme orthodoxes ou du moins admissibles, c'est à dire canoniques, les hérésies romaines. Je laisse à votre d'imagination d'autres exemples de "canonicité" anticanonique.

7.Posté par justine le 30/12/2013 09:34
A Tchetnik,
Concernant la réticence de l'Archevêque Marc d'Allemagne à germaniser la vie liturgique dans son diocèse, il faut dire qu'il n'a pas tort. Premièrement, la langue allemande se chante très mal. Elle a beaucoup de consonnes et de sifflantes, et pour rendre les textes liturgiques traduits chantables, il faut souvent faire de grandes concessions sur leur teneur (raccourcir, remplacer des termes qui seraient plus exacts etc.). Du fait même du caractère de notre hymnologie orthodoxe – laquelle est de la théologie chantée -, la traduction des textes liturgiques est, d'une manière générale, extrêmement délicate. Elle exige du traducteur des qualifications multiples et un très haut niveau. Est-ce pour rien que tous nos hymnographes étaient des Saints? Aussi, les traducteurs de leurs textes doivent l'être eux également. On ne peut pas approcher ce trésor d'une façon profane. Mais c'est précisément de cette façon profane qu'on l' approche en Europe. En Allemagne, la KoKiD, la conférence interépiscopale orthodoxe, a confié la traduction de la Divine Liturgie à une commission qui a fait de ce travail un sujet de discussions et de négociations et finalement a soumis le résultat de tout cela à l'approbation publique sur l'Internet! Je pense que c'est un procédé tout à fait inacceptable et incompatible avec la spiritualité et la Sainte Tradition orthodoxe, et le résultat est selon. Un tel travail devait être confie à un monastère où tout se passe dans une atmosphère spirituelle, où il y a des hiéromoines; voire des hiérarques vivant une vie de prière dans le Saint Esprit. Dès lors, je comprends pour ma part très bien Mgr Marc qu'il préfère continuer les célébrations en slavon. Et je pense qu'il est plus gratifiant aussi pour les convertissants et convertis d'entendre ces célébrations en slavon que d'entendre de malhabiles et souvent ridicules traductions, lesquelles, quand elles sont chantées, sont tout à fait incompréhensibles de toute façon.
Je ne dis pas qu'il ne faut pas traduire les textes liturgiques. Mais qu'il faut les traduire bien, et ceci n'est pas l'affaire de tout le monde. Il faut avoir la patience d'attendre que Dieu montre les personnes habilitées.
Rendons donc grâce plutôt aux hiérarques qui empêchent la vulgarisation et profanation de notre si sublime héritage liturgique orthodoxe par des traductions inaptes et cessons d'être si catégoriques dans nos jugements et exigences.

Certes, l'Occident était autrefois connecté à la Sainte Tradition, mais il y a longtemps qu'il s'est coupé d'elle, subissant pour cela de terribles chutes et se trouvant aujourd'hui dans un état de grave maladie spirituelle. Pour se reconnecter avec la Sainte Tradition, telle qu'elle continue à vivre dans l'Eglise Orthodoxe, il a besoin avant tout de s'humilier, de reconnaitre sa maladie et sa déchéance et de se soumettre au traitement nécessaire. Cela comporte aussi pour les Occidentaux d'accepter, au debut, de se re-familiariser avec cette Tradition dans une langue qui n'est pas la leur. Une langue est plus que les mots! Une célébration liturgique en grec ou en slavon est porteuse d'une dimension subtile inaccessible en français ou allemand p. ex., parce que ces langues modernes ont besoin d'abord d'être baptisées et sanctifiées par la vie sainte, les exploits ascétiques, le martyre et l'illumination divine de ceux qui la parlent. C'est de cette manière et uniquement que les langues grecque, russe, serbe etc. ont été sanctifiées. L'arrogance de certains Occidentaux vis-à-vis de ces langues et de ceux qui les défendent, fait partie de leur maladie spirituelle qui ne sera guérie que par l'acquisition de l'humilité. Je ne dis pas cela parce que serais grecque ou russe etc. Non, je suis moi aussi occidentale, et j'ai compris qu'il n'y a pas d'autre voie.

8.Posté par Daniel le 30/12/2013 11:23
@ Justine

C'est à nouveau erroné. "Selon l'ecclésiologie orthodoxe, chaque Eglise autocéphale orthodoxe possède la plénitude de la Vérité et de la Grâce." Non, cela se passe au niveau du diocèse. Je rappelle que la tradition canonique antique veut que l'évêque fabrique son propre chrême dans le diocèse... ce qui veut dire quelque chose.

"la pseudo-union avec Rome se fera en un rien de temps, puisque les théologiens du Phanar trouveront les astuces pour faire passer comme orthodoxes ou du moins admissibles, c'est à dire canoniques, les hérésies romaines."

Qui répète à l'envie que Rome n'est pas en situation d'hérésie, que Rome a un territoire canonique etc. Le métropolite Hilarion de Volokolamsk qui ne semble pas un hiérarque du Phanar.

J'ai toute une liste d'anomalies canoniques en vogue dans les églises canoniques, en voici en guise d'hors d'oeuvre : prière avec les hérétiques, reconnaissance des mystères des hérétiques, mariages mixtes, commuion données à des hérétiques (on sait bien que c'est courant à Antioche), plusieurs évêques orthodoxes dans une ville?

"Je ne dis pas qu'il ne faut pas traduire les textes liturgiques. Mais qu'il faut les traduire bien, et ceci n'est pas l'affaire de tout le monde. Il faut avoir la patience d'attendre que Dieu montre les personnes habilitées. Rendons donc grâce plutôt aux hiérarques qui empêchent la vulgarisation et profanation de notre si sublime héritage liturgique orthodoxe par des traductions inaptes et cessons d'être si catégoriques dans nos jugements et exigences."

Dieu montre les personnes habilitées, encore faut-il que les hiérarques voient ce que Dieu leur désigne, ou ne regarde pas ailleurs quand Dieu le leur a désigné... Après 100 ans, quels sont les efforts faits par nos chers hiérarques pour qu'il y ait personnes habilités et formées à même de traduire (formation en langue); quels sont les efforts faits pour la création de monastères, j'entends des monastères sérieux ancrés dans une vraie tradition orthodoxe, où les personnes pourraient vivre les offices avant de les traduire? Certains hiérarques ont tout fait en connaissance de cause pour qu'il n'y ait pas d'orthdoxie en nouvelles langues traduites, sans en parallèle prendre des mesures pour des traductions correctes.

Entretemps, en Afrique, on célèbre en swahili, lingala, tshiluba, en Thaïlande, on utilise aussi le thaï... Et la mission indonésienne de l'EORHF utilise l'indonésien depuis ses débuts... Bizarre, non...
Nous ne sommes pas naïfs... Dans le Yalta ecclésiastique que les "hiérarques" orthodoxes veulent négocier avec le Vatican, il y a la condition de demeurer en Occident une église ethnique et exotique, ce qui suppose de ne pas favoriser les usages de langues locales qui pourraient être comprises d'occidentaux. Ceci est moins vrai maintenant mais le fut par le passé et c'est la véritable raison de la situation.

9.Posté par Daniel le 30/12/2013 12:26
Je ne connais pas l'allemand, mais je n'ai jamais eu l'impression en écoutant les oratorios de Jean-Sébastien Bach que l'allemand se chantât si mal... La question du chant est plus complexe car en traduisant, on n'utilise pas une mélodie totalement identique. Le znamenie est dérivé du byzantin mais s'est adapté à la langue slavonne... Sans oublier que bien des choses sont lues et non chantées...

Le seul hiérarque saint que je connaisse en Occident fut Saint Jean de Shangai qui donna son feu vert pour l'usage de langues locales. Peut-être n'est-il pas canonique pour certains car à l'époque l'EORHF n'était pas en communion avec les églises autocéphales..

Si les langues slavon, grec, roumain, arabe etc sont si importantes, je serais heureux que l'on me montrât les initiatives des hiérarques orthodoxes pour qu'elles puissent être apprises dans les paroisses afin que chacun puisse accéder au message, que ce soit les convertis, ou même les non convertis et leurs enfants. Je regarde sur internet qui existe depuis plus de 10 ans, où des tutoriels nombreux et détaillés pourraient être mis en ligne gratuitement, je ne vois rien. Même un livre aussi simple et basique que la divine liturgie en français côte à côte avec le texte transcrit en caractère latin, grec ou slavon, ne se trouve pas aisément et pas systématiquement dans les églises. J'en conclus que cette apologie de la langue slavonne, grecque ne se double d'aucun effort substantiel afin de la rendre aisément accessible à tous. Si cela se double d'un véto aux langues occidentales, il ne faut pas être Madame Soleil pour comprendre que les convertis seront rares, les enfants d'immigrés se feront rares au bout de quelques générations (jusqu'au prochain afflux migratoire), phénomène qui a été observé en France.

Je jette un coup d'oeil en Afrique où le Patriarcat d'Alexandrie a pris en main ses responsabilités missionaires et pastorales et je vois un véritable boom avec utilisation de langues locales,mais aussi du grec, de l'anglais, du français.

Justine m'excusera mais je préfère les stratégies qui marchent à celles qui ont échoué et dont on sait qu'elles échoueront.

Pour terminer sur une note optimiste, et je m'adresse à Tchetnik, en France l'attitude du non-au-français me semble globalement en perte de vitesse. Même la métropole grecque (qui ne peut compter sur aucun flux migratoire grec) a compris la nécessité de faire une place au français avec des liturgie en français le samedi soir. Ils avaient vu que les jeunes en région parisienne rejoignaient des paroisses francophones, de tradition russe... Plutôt que de longs discours, faisons confiance aux principes des réalités. On peut ne pas voir qu'on fonce dans le mur, mais quand on se le prend en pleine figure, on comprend la chose.

10.Posté par Vladimir.G le 30/12/2013 18:20
Bien chère Justine,

Je partage totalement votre avis: il est essentiel de conserver comme référence les textes originaux qui ont été composés et traduits par de saint Pères inspirés par l'Esprit et conservés comme partie de notre Tradition sacrée. Leur traduction, souvent inepte comme vous dites et fausse, équivaut à remplacer les icônes par des tableaux plus réalistes, sous prétexte qu'ils sont plus "compréhensibles pour le bon peuple" (?). Toujours cette arrogante primauté de l'esprit sur le cœur qui caractérise la pensée occidentale et déteint sur l'Orthodoxie (cf. l'invasion de tableautins remplaçant les icônes dans les boutiques religieuses en Russie...).

Mais, comme me l'avait dit il y a quelques années feu Mgr Gabriel, il ne faut pas pour autant négliger les traductions comme outils d'explication. Il est important de chercher à les améliorer, pour qu'elles rendent vraiment le sens recherché par les Pères (cf. débat sur le Pater), et les réserver à ce rôle de support, comme en Russie, voire en utiliser certaines, celles qui feraient consensus, pour les lectures comme dans notre paroisse (je pense en particulier aux traductions du père Denis: elles correspondent bien à votre définition mais devraient encore faire l'objet d'une approbation épiscopale, puisque ce sont les évêques qui ont la charge de nous instruire...).

Bien cher Daniel,

Je trouve que votre enthousiasme pour la mission en Afrique est très exagéré. Oui, il y a eu une progression des Orthodoxes en Afrique sub-saharienne, puisque l'étude Pew (lien) les estime à environ 40 millions, mais c'est bien peu en comparaison des 300 millions de Protestants et 160 millions de Catholiques qui font que, en 100 ans, la part de cette région dans la population chrétienne du monde est passée de 1,4% (1910) à 23,6% (2010). L'Orthodoxie ne profite pas beaucoup de ce mouvement général et fait plutôt moins bien que les autres confessions. Par contre, elle marque des progressions importantes sur la même période en Europe occidentale et Amériques (migrations obligent...) Je sais que vous contestez la méthodologie de cette étude mais personne n'en a encore présenté aucune autre...

Et pour la mission volontaire, le seul cas que je connaisse est celui de "la mission belge", avec offices traduits et prosélytisme affiché. Les résultats n'en sont pas vraiment concluants...

http://www.pewforum.org/2011/12/19/global-christianity-exec/#_ftn1

11.Posté par Daniel le 30/12/2013 21:21
@ Vladimir

La mission orthodoxe en Afrique subsaharienne est fort récente... Jusqu'aux années 60, le Patriarcat d'Alexandrie dormait sur ses acquis, à savoir des communautés grecques locales vivant en monde clos et ne se souciant pas de mission (ça ressemblait à l'Europe...). Les protestants et les catholiques sont missionaires en Afrique depuis plus longtemps, avant même la colonisation, ce qui explique leur nombre supérieur... 40 millions d'orthodoxes après 50 ans de mission,et des moyens matériels réduits, je trouve cela fort honorable... Avec de surcroît des gens du cru et non des immigrés arrivés en masse. On a donc une croissance endogène en Afrique.

En Europe, on a eu une décroissance endogène, il suffit de voir le nombre de paroisses que l'Exarchat russe a eu en son sein dans les années 20 et combien il en reste pour constater les déperditions. Puis vint une transfusion du fait de la nouvelle immigration... à savoir une croissance exogène. C'est toute la différence, en Afrique, une église qui se bâtit avec des pierres vivantes locales, en Europe, une église qui survit grâce à des apports humains extérieurs et ne fut même pas capable de maintenir ses effectifs. Saura-t-elle le faire à l'avenir?

Je ne connais pas de mission orthodoxe belge. Qui en est l'initiateur?

Mais citons feu Gabriel de Comane à un congrès de Syndesmos... sur les langues liturgiques.

"C'est uniquement sur cette toile de fond qu'il peut être question de la Parole de Dieu: cela présuppose que Dieu nous parle, et que nous L'écoutions. La Parole de Dieu ne peut résonner que dans le cadre de la prière et de l'adoration, et avec toute notre RAISON, tout notre COEUR et toutes nos forces dirigées sur Dieu : c'est cela le cadre pour le culte de l'Eglise.

La parole humaine est un son avec un sens. L'on ne peut user des termes « parler» et «entendre et écouter » que si celui qui parle le fait dans une langue que celui qui écoute peut comprendre. C'est pour cette raison qu'il y a des prophètes par qui Dieu même parle dans la langue des hommes, afin que nous Le comprenions. Le Verbe de Dieu veut être entendu par nous, mais aussi compris, loué, accepté et suivi. Le culte chrétien est « logikè latreia » ,adoration raisonnable, exprimée en paroles. La conclusion qui en découle ne laisse aucun doute : un culte célébré dans une langue que les croyants ne comprennent pas, n'est pas un «culte raisonnable », c'est en premier lieu tout simplement idiot; tout aussi idiot que si demain je parlais de ce week-end à mon voisin en sanscrit. Il se dirait, et avec raison, que «ce pauvre évêque est devenu tout à fait fou ». Mais il y a encore plus grave. Parce que si je parle à mon voisin en sanscrit, il ne perdra que mon bavardage ; il pourra bien y survivre. Mais si l'Eglise s'adresse aux croyants de façon incompréhensible (même si c'est le langage des anges, dit St Paul), alors ceux-ci sont privés de la Parole de Dieu - et ils n'y survivront peut-être pas, car la Parole de Dieu est nécessaire pour notre salut. Un tel culte et une telle prédication de la Parole de Dieu dans une langue incompréhensible est un culte de sons magiques, qui sont supposés avoir un effet « ex sonore sonato », de la pure résonances des sons. Et cela c'est le paganisme."

http://www.crypte.fr/eglise/mgrgabrielsyndesmos04.pdf

La Parole de Dieu et la prédication dans l'Eglise Par Mgr Gabriel de Comane

12.Posté par Vladimir.G le 30/12/2013 23:08
Bien cher Daniel,

Je suis tout prêt à partager votre optimisme sur l'Afrique. Mais tant que les résultats sont aussi peu perceptibles je demande à voir: eu égard à la croissance de la population en général et du nombre de Chrétiens en particulier, la croissance des Orthodoxes n'a rien de spectaculaire et demande à être confirmée (40 millions sur prés d'un milliard ... Nous somme dans la marge d'erreur, l'épaisseur du trait!). Chaque fois que je lis quelque chose sur ce sujet il n'est questions de quelques dizaines de paroisses... Mais vous avez peut-être d'autres sources?

Pour la Mission orthodoxe belge voyez http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Orthodoxie-occidentale-la-lecon-belge_a1208.html

Pour les paroles écrites par les saints et consacrées par la Tradition "que ceux qui ont des oreilles entendent": dans nos prières il y a bien plus que leur sens traduisible... Les millions d'Orthodoxes qui, pendant des siècles, ont entendu les anges et vénéré des images invraisemblables sont certainement idiots... C'est la différence entre leur spiritualité mystique et le primat de la raison occidental.

Vous êtes un Occidental et on ne saurait vous le reprocher ni vous empêcher d'être orthodoxe à votre façon. Mais soyez gentil, essayez de nous laisser prier comme nos alleux nous l'ont transmis et comme nos grands-parents nous ont appris à le faire dans les paroisses qu'ils ont crées et que nous essayons de conserver pour nos enfants... personnellement, quand je viens dans une paroisse francophone, je m'y sent bien et je prie... aussi bien qu'à la messe catholique en italien dans la basilique de Bologne, voire chez les sympatriques Évangélistes qui m'ont si chaudement accueillis à Harlem! Là il y avait un esprit missionnaire qui vous aurait enchanté!

13.Posté par justine le 31/12/2013 10:40
Ce que je trouve particulièrement intéressant dans ce texte sur la "leçon belge", c'est la constatation que "rares sont ceux qui, en Occident, recherchent le christianisme même le plus authentique, et l’écrasante majorité des personnes qui quittent le catholicisme, par exemple, se tournent vers l’islam ou les religions orientales, voire abandonnent simplement toute pratique religieuse".
Ces personnes donc n'éprouvent aucune difficulté à s'intégrer dans des traditions tout à fait extra-européennes, avec des langues "liturgiques" étrangères qu'ils doivent apprendre pour pouvoir participer au culte : l'arabe, le sanscrit, le tibétain etc. Ce qui prouve que le véritable obstacle pour la mission orthodoxe en Europe n'est pas le soi-disant "exotisme" de la tradition russe, grecque etc. Le véritable obstacle, c'est l'image complètement déformée du christianisme que les églises occidentales ont transmise aux peuples occidentaux – d'un christianisme sans spiritualité, enferme dans le monde présent, dans le fini. Et les embrassades œcuménistes de nos jours ne font que les confirmer dans cette fausse idée qu'ils ont reçue. Ils se disent – c'est kif kif, cherchons ailleurs. Pour cela, l'Eglise Orthodoxe doit se délimiter du pseudo-christianisme occidental au lieu de fraterniser avec lui. Elle doit faire passer le message que le vrai christianisme est autre chose et qu'on peut le trouver.
Puisse l'an 2014 apporter des progrès dans ce sens. A tous une Nouvelle Année bénie en Christ.

14.Posté par Daniel le 31/12/2013 11:55
@ Vladimir

"Mais soyez gentil, essayez de nous laisser prier comme nos alleux nous l'ont transmis et comme nos grands-parents nous ont appris à le faire dans les paroisses qu'ils ont crées et que nous essayons de conserver pour nos enfants... "

J'ai toujours dit que chacun prie dans la langue de son choix. Mais vu que les enfants et petits-enfants des immigrés des années 20 ont déserté l'église en masse au point que l'essor actuel est dû à une nouvelle immigration, qu'est-ce qui vous fait croire que cela n'arrivera pas avec vos petits-enfants comme par le passé? Que faites-vous pour que cela ne se reproduise plus? En fait, je m'inquiète plus pour vous, que je ne vous critique... A long terme, que donnera votre approche en Occident?

Cela dit, je pense que vos aïeux ne priaient pas avec les hérétiques, en cela il serait bon que vous les imitiez...

@ Justine

Il est évident que le chrétiens occidental, à force voir des prières communes avec des orthodoxes, des déclarations communes disant qu'orthodoxie et catholicisme sont la même chose, que les baptêmes sont reconnus et j'en passe, pense effectivement qu'il n'y a guère de grandes différences entre l'orthodoxie et le reste des églises chrétiennes. Il ira donc voir ailleurs ou restera simplement chez lui, sans aller nulle part. Les hiérarques orthodoxes en sont grandement responsables...

Les conversions à l'islam sont minimes, pour des raisons matrimoniales souvent... Et entre nous, la théologie musulmane est très basique et simple. Nombre de ces convertis n'apprennent pas l'arabe mais font du phonétique sans comprendre.

15.Posté par Tchetnik le 31/12/2013 16:10

@Justine

Je suis bien au courant de l'ensemble des problèmes que peuvent poser une œuvre de traduction et de la difficulté d passer d'une mentalité de construction de phrases à un autre, comme de l'adaptation hymnographique, mais ce sont à mon sens de faux problèmes.

D'abord, je serais bien plus réservé sur le fait que l'allemand ne serait pas une langue chantante. Sans me mettre à entonner "Ich hatt' einen Kameraden", je pourrais vous recommander de visiter les provinces d'Allemagne du Sud et des Marches de l'Est (Autriche) où vous trouverez un allemand plus dialectal très mélodique. Sans oublier le parler du Hannovre qui demeure très pur et loin des accents rocailleux que l'on peut entendre dans "La Grande vadrouille" (je dis cela car les dialogistes de l'époque avaient la fâcheuse tendance à coller des accents de Prusse Orientale ou du Brandebourg sur tout personnage allemand...).

Dee même que quand vous dites qu'"Une célébration liturgique en grec ou en slavon est porteuse d'une dimension subtile inaccessible en français ou allemand p. ex., parce que ces langues modernes ont besoin d'abord d'être baptisées et sanctifiées par la vie sainte, les exploits ascétiques, le martyre et l'illumination divine de ceux qui la parlent."", je n vois pas à quel texte biblique, patristique, ou canonique vous feriez appel pour justifier une telle thèse. A ce compte-là, il aurait fallu aussi condamner le grec alexandrin à l'époque des Évangélistes.

Si l'occident a effectivement péché par excès de confiance en lui, ce qu'il doit redécouvrir relève de la foi, de l'enseignement des Pères, des Canons, de la manière particulière de les appliquer dans la condition humaine avec discernement, intelligence, miséricorde, fermeté, fidélité et justice, mais certainement pas des langues qui véhiculent tout cela. ce serait confondre le contenu avec le contenant.

Le contenu est sacré, pas le contenant. Or si vous voulez, à juste titre, que l'occident reconnaisse ses erreurs dogmatiques, il serait du meilleur bon sens que vous lui transmettiez ce trésors de la Tradition avec un vecteur qui touchera les cœurs comme les intelligences, car l'un ne fonctionne pas sans l'autre.

Quant à l'efficacité spirituelle des prétendues "langues sacrées", il suffit de constater le grand déperissement des paroisses russouillardes ou grecouillardes pour se convaincre du contraire, et mon expérience en la matière s'étend sur une zone géographique assez large. Le fait que ces communautés aient maintenu les « langues sacrées » ne les a pas empêché de tomber dans bien des illusions spirituelles (se croire les derniers des Mohicans par exemple) des péchés d’orgueil, de vanité que vous reprochez justement aux occidentaux (en partie à juste titre, notamment quand certains Occidentaux croient pouvoir redevenir Chrétiens orthodoxes tous seuls, sans le secours de pays plus rompus à la Tradition), de comportements racialistes et agressifs bien éloignés de la réalité du message évangélique. Rayon « orgueil », je crois que ces communautés peuvent bien serrer la main à certaines des notres.

Si vous voulez insister sur le fait que l'Occident n'est pas spirituellement mature et que, pour retrouver le sens profond de la vie Chrétienne Orthodoxe, il doive se mettre à l'école de pays qui ne l'ont pas oublié, on sera d'accord. mais ce qui doit alors être transmis relève de la littérature Biblique et patristique, ou de spirituels plus contemporains, mais en aucun cas de langues, ou surtout pas de danses ou de recettes de cuisine.

N'oubliez pas enfin que, si les langues Grecques, Serbes, Russes ont été sanctifiées lentement par une pratique et une maturation lentes, elles ont été utilisées DÈS LE DÉPART comme langue de catéchèse comme de liturgie.

Enfin, une langue bouge, une langue évolue. C'est un processus logique et inévitable. Les langues modernes sont le résultat d'un long processus historique et culturel qui fait qu'elles ne ressemblent plus tout à fait à leurs grand-mères. mais sont-elles pour autant Hors-jeu quant à L'expression du sacré?
J'ai mentionné le fait que le serbe moderne traduit bien mieux certaines nuances bibliques que le slavon, lequel slavon n'est lui-même qu'une vulgaire traduction.
Ensuite, adaptées ou pas ces langues sont celles que les gens parlent, sont celles avec lesquelles ils identifient et comprennent la Création. Or nulle part dans les Écritures le Christ ne nous commande d'apprendre une langue sacrée et partout l'on voit que les Apôtres utilisaient bien ces idiomes.

Par conséquent, si l'Église veut transmettre le Christ, elle doit le faire aux hommes d'aujourd'hui, pas à ceux d'il y a trois siècles et dans les langues d'aujourd'hui. Qu'il faille des hommes saints pour établir ce travail de traduction n'est en fait pas le problème des fidèles. Le problème des fidèles est que ce travail soit fait et qu'il serve leur croissance spirituelle. De plus, qui peut réellement juger de la sainteté des traducteurs de français ou d'allemand ou d'anglais? Les connaissez-vous personnellement?

Le mieux est de laisser les hommes de bonne volonté réaliser ce travail de traduction, saints ou pas, et de profiter de leurs fruits ensuite, ce sera plus simple et plus profitable spirituellement.

Ce travail ne se fera pas en un jour, nous sommes bien d'accord. Mais si tout le monde se tourne les pousses autour d'une table garni de pirojki, si personne dans l'Église ne prend cette initiative alors que les hiérarques sont non seulement légitimes pour le faire mais en ont de plus le devoir, c'est sûr que les choses ne vont pas avancer vite.

16.Posté par Tchetnik le 31/12/2013 16:22
La question des langues est un faux-problème. Tout d’abord, les langues françaises, anglaises, allemande, italienne ou autres ont une origine largement antérieure à la scolastique ou au rationalisme si on tient compte du Cantilène de Sainte Eulalie, de Cynewulf ou du Chant de Hildebrandt. Ces langues ont de plus une très ancienne histoire d’expression Chrétienne sur la base du latin, mais aussi du grec et d’elles-même, Histoire bien plus ancienne que celle du slavon. Ensuite, les langues actuellement « orthodoxes » ont bien une origine paienne qui n’a pourtant pas dérangé leur expression spirituelle Chrétienne Orthodoxe lors de la conversion de leur peuple. Et selon ce raisonnement, il faudrait interdire toute traduction en Hangeul, en Kanjii, en langue Thai…et monter une assiociation pour interdire toute langue autre que le slavon, entreprise qui risque fort de ne pas être couronnée de succès. En fait, on ne voit pas très bien en quoi le fait qu’une langue ait une histoire en partie Chrétienne Catholique voire une origine non-Chrétienne serait un problème pour son emploi pour exprimer les définitions et enseignements spirituels de l’Église. A la rigueur, les Hébreux auraient pu faire ce repproche au grec Koiné lors de la traduction des Sptantes sous Ptolémée Philadelphe, vers -280 BC, car cette langue avait bel et bien un bagage paien et rationaliste vis-à-vis de l’hébreu ou de l’Araméen. Ce d’autant plus qu’en français, langue originaire du latin pour les deux Tiers, les termes théologiques existent, le vocabulaire et les structures sémantiques d’une grande richesse et possibilités d’utilisation, en tenant compte du reste de la très grande nuance de signification que peuvent prendre les mots (dans n’importe quelle langue du reste). Qu’il faille parfois traduire un mot par plusieurs ou plusieurs par un seul est logique, tout comme passer d’une logique grammaticale à une autre, cela fait partie des aléas de la traduction peu importe la langue, de même que la création de terminologies spéciales, parfois nécessaires, mais qui, en général, se fondent sur des racines prééexistantes dans la langue, ou encore d’un mot unique mais dont il faut parfois préciser le contexte. Et je ne vois pas en quoi cela serait spirituellement un problème.

Les langues évoluent de plus, le sens de leurs mots aussi. C’est pourquoi les traductions doivent régulièrement être remises à jour, pour correspondre au sens actuel des mots sans pour autant appauvrir le registre de la langue ni la richesse de la syntaxe et du vocabulaire. Mais il faut actualiser. Le terme de « Charité » et celui d’ »amour » par exemple, sont dans un contexte religieux, parfaitement interchangeables, mais avaient la préférence de leurs époques. Dans un roman de Heinz Konsalik, il est évident que cela est nettement moins le cas, mais le « Charité » du grand Siècle peut très bien se traduire par l’ »amour du siècle romantique, sans qu’il y ait déperdition de sens, de précision ou de compréhension pour le lecteur. De même qu’il est difficle de comprendre en quoi une traduction en langue occidentale moderne, comme dans toute langue, entrainerait obligatoirement une « déperdition » de sens spirituel, plus qu’une traduction en latin, Geez, Syriaque, Arménien ou slavon n’en aurait entrainé.La traduction peut être un peu différente, pas équivalente à 100 pour 100 sur la forme, mais sans forcément entrainer de perte sur la signification de fond. Ou alors, il faudrait encore une fois interdire TOUTE traduction, y compris le slavon. Car on ne voit pas ce que cette langue pourrait avoir de « divin » ou de « supérieur »… De même qu’une langue ainsi élaborée et enrichie (ce qui fut le cas du slavon, du reste, encore une fois, pourquoi refuser aux autres sous de faux prétextes ce dont on a bénéficié soi-même…) serait toujours plus compréhensible pour le natif qu’une langue totalement étrangère, logiquement.

Certains théologiens « orthodoxes » un peu pédants éprouvent un besoin irrépressible d’utiliser des termes grecs pour se la donner, mais la langue française n’y est absolument pour rien, Si c’était le cas, il faudrait expliquer comment tant de peuples autrefois paiens ont été christianisés dans leurs langues et comment ces langues paiennes ont pu incarner le message Chrétien avec autant d’intensité et d’exactitude…Car selon ce raisonnement, cela n’aurait pas pu se faire, tout comme cela ne pourrait se faire en Japonais ou en Coréen…et tout comme cela n’aurait pas du se faire dans un slavon qui part de langues slaves paiennes à l’origine. Les structures grammaticales Grecques ont été simplement en partie adoptées car ces langues n’avaient pas de grammaire structurée, et le grec Koiné était la langue que ces missionnaires connaissaient le mieux. Mais similitudes ne font pas équivalence et les différences de structure comme de vocabulaire existent aussi en nombre. Enfin, le concept d’une langue « sacrée » qui a connu au cours de son Histoire une évolution telle qu’il a fallu revoir les textes et les traductions plus que bancales à l’origine, est d’un point de vue logique, pas d’une cohérence extrème.

Certains peuples en voie d’Évangélisation l’avaient déjà été une première fois dans le passé et conservent toujours dans leur patrimoine culturelet historique un héritage Chrétien Orthodoxe (Pères, Saints, enseigenements, liturgie, art…) que certains aléas historiques ont pu sinon leur faire perdre, en tout cas, mettre en sommeil. Quand ce cas se présente, il convient de repérer et de restaurer ce patrimoine le plus possible, en sachant que, pour L’expression linguistique, le patrimoine d’enseignement, et d’hagiographie, cela est possible à court terme, mais que pour la liturgie cela demande plus de temps pour être fait sérieusement, de manière conforme aux enseignements de l’Église.
Mais la plupart des peuples à évangéliser, par définition, ne viennent pas du Christianisme et n’ont AUCUNE Tradition Chrétienne ni aucun héritage historique Chrétien. C’était par définition le cas de tous les peuples évangélisés aux temps Apostoliques e patristiques, de l’Osroène à l’Éthiopie, de l’Irlande à l’Arménie en passant par la France et la Russie qui, à ce moment-là n’avait aucune tradition. Cela n’a pas empêché que la prédication évangélique, l’enseignement de l’Église s’est dans tous les cas rapidement incarné dans des critères linguistiques, culturels, esthétiques, de coutume locaux. Cela était encore une fois non seulement pas un obstacle mais indispensable pour que tous comprennent Dieu, comprennent le sens qu’Il donne à nos vies et le réalise. Le Christianisme n’est pas la religion de la psalmodie, mais de la réflexion, pas celle d’un texte lu, mais celle d’un texte compris. L’Église doit apporter aux peuples sa Tradition. Or, il faut savoir distinguer la Tradition de ce qui n’en sont que des Vecteurs. Si l’Évangile et les Pères sont la Tradition, les langues et les coutumes n’en sont que des vecteurs d’expression. Par conséquent, cette incarnation dans les contextes culturels locaux est possible partout, pas besoin de l’existence d’une tradition antérieure pour cela, tradition qui, pour l’Asie et l’Afrique n’existe pratiquement pas. Mais ce n’est pas parce qu’elle n’existe pas que ces peuples doivent être privés de l’Évangile. Le problème étant que bien des gens prennent le vecteur pour la charge en s’obstinant à refuser cette incarnation dans les cultures locales dont eux-mêmes avaient pourtant bénéficié autrefois, quand la Rus’ devint Chrétienne. Personne n’a demandé aux Russes de devenir des Grecs, ce qui, selon le raisonnement que certains tiennent aurait dû se faire.
Toutes les cultures sont appelées à exprimer la Parole de Dieu et à la transmettre, les cultures qui ne sont pas encore sanctifiées par le Christianisme étant appelées à l’êre un jour (ce qui ne signifie pas que tout devra être conservé. Les expressions linguistiques et esthétiques ne posent pas de problème en général, mais les coutumes de vie qui traduisent la compréhension de la personne, de sa dignité, devront être examinées pour voir si elles peuvent ou non être conservées). Par conséquent, quand la tradition locale n’existe pas, il revient à l’Église et à ses hommes de la créer sur la base des héritages linguistiques et esthétiques des peuples. C’est ainsi qu’elle a toujours procédé. Cela ne se fait pas en deux minutes, on est bien d’accord, et nécessite un long et précis travail, comme ce fut le cas d’ailleurs pour une langue slavonne qui n’est jamais demeurée figée (alors qu’elle était censée être le calque d’un grec qui, lui, l’était) et dont les traductions ont souvent été remaniées, car erronées. Mais si personne ne fait rien, à commencer par ceux dont c’est pourtant la mission et si on se complait dans une attitude ethnique et völkisch, cela ne prendra même pas « beaucoup de temps », cela ne prendra en fait rien du tout…Le fait que la culture locale ne soit pas d’origine Chrétienne Orthodoxe n’a jamais empêché ce travail d’incarnation linguistique et culturelle de se faire immédiatement. Pourquoi cela ne marcherait-il pas en France (qui en plus possède un héritage historique et culturel Chrétien orthodoxe) alors que cela a marché pour une Russie paienne?

17.Posté par Tchetnik le 31/12/2013 16:25
Je confirme ce que dit Daniel sur les conversions à l'islam, relativement peu nombreuses, pour des motifs essentiellement matrimoniaux. Les "musulmans" ainsi obtenus conservent une attitude de vie très mercantile et consummériste (ce que l'islam permet du reste...).

18.Posté par justine le 01/01/2014 20:44
A Tchetnik, posts 15 et 16
Merci pour votre réponse-fleuve! Afin de ne pas faire dériver les flots de tous côtés, je dirais simplement ceci: vous avez raison sur le point qu'il faut évangéliser les peuples dans leur langue, qu'il faut du temps pour que l'Orthodoxie s'incarne dans un peuple et sa culture et que ce processus doit être soutenu et encouragé par les pasteurs, ce que, je pense, les Russes font bien plus que les Grecs par exemple.
Vous avez raison aussi de dire que la question des langues est un faux problème. Le problème vient de la pensée qui s'articule par la langue, quoique la pensée soit à son tour conditionnée par la langue parlée par le "sujet pensant". Mais c'est là une discussion qui mène ailleurs. Ainsi la prédominance de la raison dans la pensée occidentale a empêché la création d'un terme équivalent au "νούς" grec. La traduction courante par "intellect" est sérieusement fausse et celle par "esprit" conduit souvent dans des impasses imprévues. Quoiqu'il en soit, le message orthodoxe peut être transmis dans n'importe quelle langue, avec plus ou moins de précision.
Notre sujet était en fait les textes liturgiques, car pour ce qui est des textes en prose, vous ne manquez certes pas de traductions, puisqu'il y a toute une bibliothèque de livres patristiques, vies de saints, ouvrages sur la spiritualité orthodoxe en français, même s'ils se ressentent souvent de l'hétérodoxie des traducteurs, surtout dans leurs interminables "introductions". Les textes liturgiques sont en vers et doivent être chantés sur des mélodies fixées d'avance, œuvre particulièrement difficile dans la tradition byzantine, car l'hymnographie byzantine est extrêmement dense dans sa teneur; concise dans ses termes et élaborée dans sa mélodique, ce qui la rend pratiquement intraduisible ou traduisible seulement au prix de grandes concessions sur le sens. Prenez par exemple le 3e cathisme des Matines de la Nativité, inspire par les homélies festales de St Grégoire le Théologien et St Jean Chrysostome:

"Ο αχώρητος παντί, πως εχωρήθη εν γαστρί; ο εν κόλποις του Πατρός, πως εν αγκάλαις της Μητρός; ..... και γέγονεν ο Ων, ο ουκ ην δι' ημάς..." etc.

Vous pouvez toujours traduire cela assez convenablement en prose: "Lui Qui ne peut être contenu par quoi que ce soit, comment s'est-Il trouvé contenu dans une matrice? Lui qui est dans le sein du Père, comment se trouve-t-Il dans les bras de la Mère? ... Et Lui Qui EST, est devenu ce qu'Il n'est pas, pour notre salut" etc. Mais en vers dans le melos byzantin, c'est impossible à traduire! Vous voyez donc qu'il faut soit réduire la teneur du texte ou changer de musique. Mais dans l'original grec, ce cathisme est si sublime que ce serait une grande perte de l'abolir dans un office traduit, et donc il vaut mieux continuer à le chanter en grec. Où est le mal? A moins que vous préfériez créer pour les offices ecclésiastiques une musique à quatre temps tous azimuts qui admette de proses de tout genre! Mais une fanfare peut-elle inspirer à la prière et élever l'âme vers Dieu? D'ailleurs qu'est-ce qui empêche un zélé Orthodoxe français de polycopier des traductions en prose et les distribuer à ses confrères pour qu'ils comprennent? Même problème en allemand, et votre recommandation de se tourner, pour ce qui est de la traduction en cette langue, vers des "dialects plus chantants" de l'Allemagne méridionale etc., est évidemment une plaisanterie. Si le sujet n'était pas si sérieux, on pourrait faire beaucoup de plaisanteries encore.
Je m'étonne que vous ne mentionniez pas le manque d'une traduction orthodoxe et commentée de la Bible, pourtant un problème majeur pour la mission orthodoxe en Europe. Les Orthodoxes anglophones en Amérique, où le "Yalta ecclésial" est inopérant, ont fait œuvre de pionniers avec la "Orthodox Study Bible" (voir fil "Résultat de notre sondage...), et je pense que les francophones, germanophones etc. devraient suivre leur exemple.

19.Posté par Tchetnik le 01/01/2014 22:01
@Justine

Le manque d'une traduction orthodoxe des Saintes Écritures en français est en effet un problème, auquel nos juridictions auraient été bien inspirées de penser il y a longtemps.

Naturellement, toute traduction peut refleter les partis-pris du traducteur, ses vérités ou erreurs théologiques, philosophiques, idéologiques, les dogmes théologiques acceptés dans certains pays à certaines époques, ce qui est logique. Les traducteurs sont des hommes faillibles et Dieu, dans Son utilisation de la langue pour se rendre visible à notre intelligence, le sait et en a tenu compte. Pour ce faire, justement, l’Église met en garde contre toute idôlatrie de la langue et toute substitution de la forme par rapport au fond, du contenu par rapport au contenant (chose qui est parfois arrivée). Les traducteurs n'étaient pas orthodoxes dans nos pays, ce qui fait que leurs conceptions théologiques ont influencé leur traductions pas nécessairement dans le bon sens, chose que tout un chacun admet depuis longtemps. De là à en tirer la conclusion que ces langues sont incapables à jamais d'incarner l'Évangile, il y a une marge assez illogique du reste, à ne pas franchir. On s'aperçoit que sur Saint Matthieu, la Douay-Rheims fondée sur la Vulgate est plus proche. Ce qui ne signifie pas que l'anglais soit incapable de transcrire de manière juste les idéaux, enseignements, concepts Évangéliques.
Simplement, comme pour toute langue, il y avait les partis-pris de l'époque, parfaitement corrigeables et indépendants de la richesse de la langue, qu'ils ne remettent pas en cause.

Saint paul disait que l’on gardait un trésor dans des vases d’argile. En disant cela, il est clair qu’il mentionnait comment le Christ est hébergé par la créature imparfaite et déchue qu’est l’Homme, pour qu’Il en fasse de l’Or pur à partir de cet argile friable, Comment l’Espérance de Salut devait justement renouveler cet être de boue, si promis à la Résurrection et en même temps si sensible aux tentations qui le maintiennent dans la boue. Le royaume des Cieux est en nous, dans notre personne, si divine et si déchue à la fois. Cependant, on peut étendre l’interprétation au fait que si le Christ est hébergé en l’Homme, la Vérité et tout l’enseignement, les Révélations qui la constituent, sont hébergées par les langues humaines, fragiles, imparfaites, déchues, mais néanmoins les seuls vecteurs d’intelligence et de compréhension dont dispose l’Humanité. AUCUNE langue ne peut prétendre échapper à ce caractère fragile et déchu. Le slavon ou le grec pas plus qu’une autre du reste.

Pour les textes liturgiques, il faut comprendre qu'ils constituent, outre une anticipation de la réalité du Royaume des Cieux, une prière adressée à Dieu. Or la prière ne peut être qu'intelligible. Le sentiment esthétique ne suffit pas pour s'adresser et surtout accueillir Dieu en soi, il peut même être une dangereuse source d'illusion spirituelle. La prière ne saurait être un théatre dans lequel le même texte est répété avec plus ou moins de conviction. Elle ne saurait être une répétition stérile et circulaire, à moins de nous faire ressembler à ces salafistes qui récitent non-stop des sourates coraniques sans en comprendre un traitre mot. Dieu n'aime pas le théatre ni l'apparence et on se demande bien à quoi servirait une prière qui serait inintelligible à son auteur...

De même que le Christianisme n'est pas la "religion du livre" mais celle de l'Esprit Saint qui agit en donnant des dons aux hommes, qu'elle n'est pas la religion d'un texte lu, mais d'un texte compris, la prière incomprise par son propre auteur ne sert à rien.

Certains Russes considèrent le grec comme une langue affreuse et le chant Byzantin comme écorcheur d'oreilles. Comme quoi, les goûts t les couleurs demeurent insuffisants pour justifier l'utilité de la Liturgie et de la prière.

Pour Mgr Marc, je dois hélas confirmer que son goût immodéré du slavon, qui a porté peu de fruits du reste, est surtout motivé par une attitude d'esthète plus que d'évangélisateur.

""Mais en vers dans le melos byzantin, c'est impossible à traduire! ""

-Rien n'st impossible à traduire dans la mesure où le grec n'est pas une langue incréée ni parfaite. Et que ces lignes s'adressent à TOUS les peuples, sans barrière de langue.

""Vous voyez donc qu'il faut soit réduire la teneur du texte ou changer de musique. Mais dans l'original grec, ce cathisme est si sublime que ce serait une grande perte de l'abolir dans un office traduit, et donc il vaut mieux continuer à le chanter en grec""

-En l'occurrence, au nom de ce principe, on pourrait justifier la suppression du Syriaque, du slavon, de l'arménien...Et, en tant que professionnel, je vois mal pourquoi une traduction impliquerait obligatoirement une perte de contenu comme de sens. Je suis désolé de devoir dire que cette appréciation demeure bien subjective.

""Où est le mal?""

-Le mal réside dans le fait de croire que certaines cultures seraient par essence plus divines que d'autres et qu'une telle attitude élabore une barrière linguistique dont il n'est question NULLE PART dans la Bible ou les Pères. Attitude qui au lieu de favoriser la mission de l’Église, la dessert.

""A moins que vous préfériez créer pour les offices ecclésiastiques une musique à quatre temps tous azimuts qui admette de proses de tout genre! Mais une fanfare peut-elle inspirer à la prière et élever l'âme vers Dieu? ""

-Tout d,abord, musique Occidentale ne signifie pas forcément "fanfare", chose que j'ai au demeurant bien rencontré dans ces églises grecques-américaines avec Orgues...Ensuite, la musique Occidental Orthodoxe existe et peut toujours être réétudiée. On a créé pour les Russes des mélodies particulières pour leurs langues. Pourquoi pas pour les autres? La poésie d’un texte n’est pas le monopole d’une culture et ces txts liturgiques ne sont pas QUE poétiques. Même la poésie peut être traduite et, pour transmettre une certaine forme de prière, DOIT être traduite. Le grec n’est pas une langue plus « parfaite » ou « incréé » qu’une autre et rien ne justifie qu’on l’impose à tous, ce qui, selon ce raisonnemnt, devrait se faire.

"" D'ailleurs qu'est-ce qui empêche un zélé Orthodoxe français de polycopier des traductions en prose et les distribuer à ses confrères pour qu'ils comprennent?""

-Et qu'est ce qui empêcherait tout simplement un évêque de faire son boulot et de rendre l'enseignement et la liturgie de l'Église accessible au plus grand nombre, sans condescendance ni solution bidon, ce conformément à la parole Biblique? Pourquoi un peuple promis au salut devrait se contenter de "photocopies" quand d'autres réclament à cor et à cri le "droit de prier dans leur langue"? Rayon logique, cela laisse à désirer. Rayon Charité aussi.

""Même problème en allemand, et votre recommandation de se tourner, pour ce qui est de la traduction en cette langue, vers des "dialects plus chantants" de l'Allemagne méridionale etc., est évidemment une plaisanterie. Si le sujet n'était pas si sérieux, on pourrait faire beaucoup de plaisanteries encore.""

-Ce surtout pour vous montrer qu'un langue peut être bien plus riche et complexe que vous ne le soupçonnez et que votre appréciation de l'"allemand non chantant" est infondée, et surtout insuffisante pour justifier un refus de son utilisation catéchétique et liturgique.

""Les Orthodoxes anglophones en Amérique, où le "Yalta ecclésial" est inopérant, ont fait œuvre de pionniers avec la "Orthodox Study Bible" (voir fil "Résultat de notre sondage...), et je pense que les francophones, germanophones etc. devraient suivre leur exemple.""

-Tout à fait vrai, on sera bien d'accord.

On remarque d'ailleurs que, même sur Internet, on trouve bien plus de choses en anglais qu'en français. Votre version de la Bible en anglais (qui reprend des morceaux de la King James, de la New American et autres) est d'ailleurs téléchargeable gratuitement.

C'est un travail qu'on aurait dû faire bien avant, il aurait même fallu commencer par là.




20.Posté par justine le 02/01/2014 18:43
A Tchetnik.
Vous parlez de "sentiment esthétique", et on peut en effet ne pas pouvoir dépasser cette dimension extérieure. Mais je pense qu'un Orthodoxe qui vit sa foi n'est pas enfermé dans cette dimension. Nos hymnes sont adoration, et quand un tel Orthodoxe les entend, ce n'est pas simplement de belles paroles qu'il saisit et analyse par son intellect, ni simplement de beaux sons qui flattent son sens esthétique. Bien plutôt, son âme participe à l'adoration que l'hymne exprime, par les paroles autant que par le chant. Il revit l'élan divin de celui qui l'a écrit. Vous avez raison de dire que les langues liturgiques ne sont que des véhicules, tout comme la musique liturgique n'est qu'un véhicule, et on aurait tort d'en faire le but en soi. Mais ce sont tout de même des véhicules sanctifiés par leur usage, tout comme les vases liturgiques ne sont que des vases, mais sanctifiés par leur usage et on ne saurait les traiter comme des objets profanes. Notre saint Père Justin disait: "Dans l'Eglise, tout est divino-humain", c'est à dire en même temps humain et divin, incluant en cela aussi l'hymnographie, le chant liturgique, les icones etc.
Personne en Orthodoxie n'exige des baptisés qu'ils récitent des textes sans les comprendre. Chacun est libre et en fait appelé à faire l'effort nécessaire pour comprendre ce qui se dit et se chante en église.

Même les Grecs et les Russes eux-mêmes ne comprennent pas tout et doivent faire un effort pour comprendre le slavon ou le grec ancien. Et eux aussi ont commencé à se plaindre et à exiger des traductions en langue parlée. Le problème ne viendrait-il pas plutôt du fait qu'aujourd'hui, on ne veut plus faire d'effort pour les choses spirituelles? On fait des efforts énormes pour apprendre des langues étrangères, le langage cybernétique, mais pour apprendre le langage de l'Eglise, le langage des Saints, le langage du Saint Esprit, là, on trouve tout effort une exigence impudente. Même la Sainteté, on la voudrait "prête à consommer". Même quand l'office est dans la langue qu'on connait, est-ce là un garantie qu'on comprendra ce qui se lit et se chante en Eglise? Si vous ne faites pas l'effort de vous familiariser avec la spiritualité et la théologie orthodoxe, la Sainte Ecriture, en particulier le psautier; la vie des Saints, vous risquez de ne rien comprendre, tout en comprenant la langue.

Donc, nous sommes tous appelés à faire des efforts. Cela fait partie du combat spirituel à livrer dans cette vie ici-bas, et la récompense ne se fera pas attendre. Quand il se trouve que l'église qu'on fréquente célèbre dans une langue autre que la mienne, je pense que l'attitude la plus profitable est de considérer cela comme une occasion d'apprendre, offerte par la Providence Divine, et de faire ainsi un grand pas en avant dans son cheminement spirituel.

21.Posté par Tchetnik le 02/01/2014 22:25

@Justine

""Le problème ne viendrait-il pas plutôt du fait qu'aujourd'hui, on ne veut plus faire d'effort pour les choses spirituelles?""

-Certainement, mais encore faut-il avoir le discernement de demander les efforts nécessaires, là où ils sont vraiment utiles, et de ne pas créer de problème ou de barrière là où il n'est pas censé y en avoir. Car le Salut est destiné à toute l'Humanité, sans distinction de niveau intellectuel. Maintenir des "langues sacrées" que rien ni dans la Bible, ni dans les Pères, ne justifie, suppose que l'on sépare l'Humanité entre ceux qui, ayant les capacités intellectuelles de les apprendre, seront sauvés et ceux qui, plus modestes en la matière, demeureront dans les Ténèbres.

""Mais ce sont tout de même des véhicules sanctifiés par leur usage, tout comme les vases liturgiques ne sont que des vases, mais sanctifiés par leur usage et on ne saurait les traiter comme des objets profanes.""

-Tout à fait, mais des véhicules qui ont une histoire et un passé non-Chrétien et qui, malgré ce passé et cout de même été utilisés DÈS LE DÉPART comme langue de prédication et d célébration. Le grec alexandrin, au moment de la rédaction des Évangiles, n'était pas forcément une langue "Chrétienne", il s'en faut de beaucoup. Si elles se sont sanctifiées, elles l'ont été par un usage long et régulier. Or si on refuse, comme on le fait en Occident, d'utiliser les langues des peuples, ces dernières ne se sanctifieront jamais, s'étant vues refuser cette chance par ceux-là même qui en ont bénéficié de par le passé.

"""Dans l'Eglise, tout est divino-humain", c'est à dire en même temps humain et divin, incluant en cela aussi l'hymnographie, le chant liturgique, les icones etc.""

-A condition toutefois de ne pas tout mettre au même niveau. Il existe une théologie de l'Icône, une manière de comprendre qu'elle est une fenêtre ouverte sur le royaume de Dieu, qu'elle est le vecteur matériel dans notre condition de la présence de Dieu. Mais les mots n'ont jamais été un talisman, pas plus que les langues. Si il existe des justifications bibliques et patristiques de l'icone, il n'en existe aucune des langues sacrées et l'idolatrie du nom a été condamnée en son temps comme hérésie.

"" Même la Sainteté, on la voudrait "prête à consommer""

-C'st hélas vrai, mais les langues n'y sont pour rien. En l'occurrence, on trouve les attitudes les plus oecuméniques, relativistes, modernistes chez ceux qui, justemeent, font le plus d'histoires sur leurs "langues sacrées". Il est en effet bien plus facile de maintenir le folklore et d'y mettre une charge de "tradition" qu'il n'a pas, que de pratiquer les Vertus de Dieu.

""Donc, nous sommes tous appelés à faire des efforts. Cela fait partie du combat spirituel à livrer dans cette vie ici-bas, et la récompense ne se fera pas attendre. ""

-Oui, mais à condition de comprendre quels sont les combats qui méritent d'être menés, et quels efforts doivent être réellement pratiqués. En l'occurrence, comprendre qui est Dieu et quelles sont les exigences et le sens qu'Il donne à nos vies, pratiquer les vertus de bienveillance, de justice, de fidélité, d'honneur...est infiniment plus important que de parler quelques mots de slavon. Trop nombreux sont les "russes de synthèse" y compris parmis les évêques, qui tirent un orgueil démesuré d'avoir maintenu le slavon et qui se comportent comme des rois-nègres, avec agressivité, injustice et malveillance. Ils font des super-efforts pour le slavon, lesquels leur rapportent peanut. N'oublions pas ce que Saint Paul disait par rapport à ceux qui parlent les langues des Anges et qui n'ont pas l'Amour...

""Quand il se trouve que l'église qu'on fréquente célèbre dans une langue autre que la mienne, je pense que l'attitude la plus profitable est de considérer cela comme une occasion d'apprendre, offerte par la Providence Divine, et de faire ainsi un grand pas en avant dans son cheminement spirituel.""

-L'attitude la plus profitable serait pour les immigrés de comprendre qu'ils ne sont pas chez eux, qu'ils ne peuvent se comporter dans mon pays comme un invité qui demanderait à changer la couleur du papier peint et à composer leur menu du midi et surtout qu'ils devraient saisir cette opportunité que la Providence Divine leur offre pour apprendre à être CHRÉTIEN là où ils sont, à pratiquer la Vie Chrétienne, à être rois, prophètes et prêtres dans le contexte que Dieu leur donne, à être le Sel de la Terre pour d'autres peuples et à se faire pêcheurs d'hommes. Ce sera infiniment plus profitable spirituellement Et pour eux Et pour tous ceux qu'ils côtoieront, bien plus que de s'enfermer dans un ghetto folklorique de danses et de cuisines et dans un complexe de "peuple élu" (marque au demeurant déposée). Nous sommes Chrétiens, donc nous lisons l'Évangile, pas le Talmud. Or ces gens se comportent hélas conformément à ce dernier avec leurs histoires de généalogie, de "génétiquement Orthodoxe" et de "culture sainte".
Il est grand temps que l'Église fasse la grande Entrümpelung de tout cela.

22.Posté par Vladimir.G le 03/01/2014 09:44
Je pense que Daniel a totalement raison: nous sommes "idiots" pour les rationalistes occidentaux comme l'Apôtre l'écrivait si bien: "folie pour les Grecs"; ces mêmes Grecs dont l'Occident a repris la "sagesse" ...

23.Posté par Hiéromoine Nicolas le 03/01/2014 11:27
En lisant cet intéressant débat, je me disais que les interlocuteurs auraient avantage à se remémorer ce que fut l'hérésie trilinguiste au temps des saints Cyrille et Méthode. Désireux moi-même d'approfondir ce que je savais de cette question, j'ai trouvé sur Internet des extraits d'un livre bien intéressant : Anna Gopenko : "Traduire le sublime. Les débats de l’Église orthodoxe russe sur la langue liturgique". Dans les prolégomènes, l'auteur précise le vocabulaire et fait d'instructives distinctions, notamment entre "langue sacrée" et "langue hiératique". On devrait, me semble-t-il, prendre le temps de le lire tout entier avant d'argumenter davantage.

24.Posté par Vladimir.G le 03/01/2014 12:14
Merci père Nicolas pour cette inestimable indication.

Les extraits de ce livre sont sur:

25.Posté par justine le 03/01/2014 19:18
Tchetnik, pourquoi êtes-vous si dur? Sur beaucoup de points, vous avez raison, mais il ne faut pas, à cause de ces lacunes réelles que vous fustigez, perdre la charité et le sens de la sainteté de l'Eglise. Eglise, c'est aussi ce qui y est lu et chanté pendant l'office. A force de vous dresser contre les langues liturgiques anciennes, vous semblez oublier ce qu'elles expriment. Certes, le grec de l'époque où fut traduite la Septante était une langue païenne, tout comme les vases liturgiques, au moment où on les fabrique, sont du vulgaire métal. Or, dès qu'ils sont consacrés au culte, ils deviennent vases sacrés sur lesquels est inscrit: "Consacré à Dieu". La même chose vaut pour les langues liturgiques. Respectez-les donc en tant que telles - consacrées à Dieu.
Quand vous parlez d' "immigrés qui doivent comprendre qu'ils ne sont pas chez eux" etc., vous oubliez leur dignité de chrétiens orthodoxes qui du fait de la liberté religieuse garantie par la Constitution française ont construit leurs églises dans lesquelles ils sont bien chez eux. Ils ne vont pas dans les églises des Français exiger que ceux-ci changent de culte et de dogme, comme vous l'insinuez.

26.Posté par justine le 03/01/2014 19:46
L'étude scientifique de Anna Gopenko, "Traduire le sublime", n'apporte pas vraiment d'éclaircissements sur le sujet en question ici, puisqu'elle traite de la traduction du slavon d'Eglise en russe moderne et non pas de la situation liturgique et l'effort missionnaire en Occident.

27.Posté par Tchetnik le 03/01/2014 20:56
@Justine

Disons que le livre d'Anna Gopenko essaie méritoirement de faire la distinction, à ce que j'ai pu en comprendre par un survol un peu hâtif, entre langue "sacrée" et langue moderne mais d'un registre le plus élevé possible.

A confirmer ou à infirmer.
.............................

Je termine en rappelant que, en plus de lur caractère autrefois vernaculaire, ces langues correspondaient à un espace culturel, national, populaire bien particulier, correepsondaient à des peuples et n’avaient aucun rôle à jouer en dehors de leur espace traditionnel.

Les Arméniens eurnt si peu de goût pour le grec et le syriaque qu’ils élaborèrent avec Mesrop Machtots, leur propre alphabet.

De même les Slaves…alors que, en principe, selon ce raisonnement, ils auraient dû acceptr le grec sans discuter.

Je remets ici quelques exemples qui, eux, sans doute, pourront faire réfléchir les gens de bonne volonté qui souhaitent savoir à quoi sert vraiment l'Église:

Proverbes 1, 2 pour connaître sagesse et discipline, pour pénétrer les discours profonds,
Proverbes 1, 3 pour acquérir une discipline avisée -- justice, équité, droiture --
Proverbes 1, 4 pour procurer aux simples le savoir-faire, au jeune homme le savoir et la réflexion,
Proverbes 1, 5 que le sage écoute, il augmentera son acquis, et l'homme entendu acquerra l'art de diriger.
Proverbes 1, 6 Pour pénétrer proverbes et sentences obscures, les dits des sages et leurs énigmes.

Ces mots sont justement les premiers à avoir été traduits en arménien avec l’alphabet inventé par Mesrop Machtots vers 404. Ce n’est pas un hasard s’ils parlent de compréhension et d’intelligence pour aller vers Dieu…

Et ensuite ce fameux passage de Saint Paul:

1 Corinthiens 14, 12 Ainsi de vous: puisque vous aspirez aux dons spirituels, cherchez à les avoir en abondance pour l'édification de l'assemblée.
1 Corinthiens 14, 13 C'est pourquoi celui qui parle en langue doit prier pour pouvoir interpréter.
1 Corinthiens 14, 14 Car, si je prie en langue, mon esprit est en prière, mais mon intelligence n'en retire aucun fruit.
1 Corinthiens 14, 15 Que faire donc? Je prierai avec l'esprit, mais je prierai aussi avec l'intelligence. Je dirai un hymne avec l'esprit, mais je le dirai aussi avec l'intelligence.
1 Corinthiens 14, 16 Autrement, si tu ne bénis qu'en esprit, comment celui qui a rang de non initié répondra-t-il "Amen!" à ton action de grâces, puisqu'il ne sait pas ce que tu dis?
1 Corinthiens 14, 17 Ton action de grâces est belle, certes, mais l'autre n'en est pas édifié.
1 Corinthiens 14, 18 Je rends grâces à Dieu de ce que je parle en langues plus que vous tous;
1 Corinthiens 14, 19 mais dans l'assemblée, j'aime mieux dire cinq paroles avec mon intelligence, pour instruire aussi les autres, que 10.000 en langue.

Si Saint Paul le dit....

@Justine

""Quand vous parlez d' "immigrés qui doivent comprendre qu'ils ne sont pas chez eux" etc., vous oubliez leur dignité de chrétiens orthodoxes ""

-J'ai surtout n vue que ce sont eux qui oublient la dignité de Chrétiens Orthodoxes des locaux qui ont l malheur de ne pas être nés du bon coté de la frontière. Ce qui les amène à avoir des comportements qui, depuis plusieurs décennies, parasitent la vie de l'Église et ont contribué à en réduire dramatiquement le nombre de fidèles. Ces comportements sont véritablement à proscrire.

""qui du fait de la liberté religieuse garantie par la Constitution française ""

-Constitution républicaine au nom de laquelle on justifie aussi l'avortement et la persécution pour cause de délit d'opinion. Vous admettrez que le royaliste (avec une pointe de fascisme) que je suis ne peut s'empêcher de trouver limite cet argument, de nature profondément antichrétienne du reste. Il n'est pas très logique de se dire (certainement sincèrement) Chrétien d'un côté, et d'invoquer des lois on ne peut plus antichrétiennes de l'autre...

""construit leurs églises dans lesquelles ils sont bien chez eux""

-Négatif.

Les gens qui sont "chez eux" à l'Église sont TOUS les Chrétiens Orthodoxes. Aucune église ne peut prétendre être construite pour une ethnie. Ou alors, ce n'est pas une église qu'il leur faut mais une synagogue. Car rien ni dans la Bible, ni chez les Pères, ni dans les Canons ne justifierait une telle attitude.

""Ils ne vont pas dans les églises des Français exiger que ceux-ci changent de culte et de dogme, comme vous l'insinuez.""

-Je suis hélas obligé de vous démentir. J'ai l'expérience personnelle de Russes qui souhaitaient changer le prêtre et la langue qui avaient le malheur d'être français tous les deux. J'ai connu ce cas sur plusieurs paroisses, de la part de Grecs également, aux Amériques comme en France.

Par ailleurs je répète que le sol n'appartient pas à tout le monde. Le principe "un peuple souverain chez lui" ne s'oppose pas du tout à la Charité entre les hommes, à l'universalité du Christianisme mais les complètent tout simplement. J'ai toujours du mal à comprendre pourquoi ces immigrés tiennent un discours ultraptriote à faire frémir Walter Darré quand ils justifient leur "défense de leurs racines, de leur communauté, de leur sang, de leur généalogie" pour ensuite tenir un discours digne de la LICRA quand il s'agit pour eux de prétendre habiter dans une nation tout en en méprisant leurs devoirs, la culture, l'Histoire et en déniant à ses habitants ce qu'ils viennent réclamer pour eux-mêmes. Cette attitude est une attitude de coucou. Désolé si cela n vous parait pas charitable. pour moi, c'est leur attittude "völkisch" qui n'est pas charitable, et qui a mené l'Église Orthodoxe droit dans le mur dans nos pays. Je préfère dénoncer ce qui relève véritablement de l'anticharité, quitte à le faire d'une manière que vous trouverez dure. Cela me rapproche de Saint Paul et m'éloigne des bisounours.

C'est exactement ce discours que tiennent les Russes en Russie et les Grecs et Grèce, les Arméniens en Arménie, discours que j comprends parfaitement du reste. Quand je suis chez eux, je prends ce qu'ils m'offrent, et je n commence pas à leur faire de leçons sur leurs patrimoines, que j'apprécie fortement du reste, avec les quels j'ai d'ailleurs certains lins de fraternité

""A force de vous dresser contre les langues liturgiques anciennes, vous semblez oublier ce qu'elles expriment.""

-Elles expriment en l'occurrence la même chose que les langues liturgiques modernes pour l'excellente et logique raison qu'elles furent, en leur temps des langues vernaculaires et liturgiques modernes. Qui servaient autant à un usage quotidien qu'à un usage sacré. Et que personne à l'époque, n'aurait songé à sacraliser à outrance.

""Or, dès qu'ils sont consacrés au culte, ils deviennent vases sacrés sur lesquels est inscrit: "Consacré à Dieu". La même chose vaut pour les langues liturgiques. Respectez-les donc en tant que telles - consacrées à Dieu""

-Justement, il ne faut pas perdre de vue, comme je le mentionnais plus haut, que jamais, à l'époque de leur utilisation courante, ces langues n'ont été sacralisées. Elle servaient autant à un usage profane que spirituel. Cette sacralisation n'est apparue que sur le tard quand ces langues demeuraient les seules langues structurées et "pures" dans un monde de dialectes (en particulier pour le grec et l'arménien). Mais aucune de ces langues dites "anciennes" n'a jamais servi qu'à un usage exclusif religieux et certaines de ces langues, pas si anciennes que cela du reste, ont aussi évolué et ont vu leurs traductions changer. Les traductions des textes liturgiques en slavon ont subi de fortes modifications au fil du temps, ce qui logiquement, devrait amener à relativiser le caractère "sacré" de cette langue.

Mon problème avec ces langues soi-disant "sacrées" est double.

D'abord, elles ne sont justifiées par AUCUNE référence Biblique, Patristique, Canonique. Même cette espèce de "droit coutumier" qu'est la tradition non écrite mais acceptée comme un usage général et universel dans l'église ne plaide pas en leur faveur. Premier point.

Le second est relatif au fait que ce maintien de langues soi-disant "sacrées" crée des comportements proprement inadmissibles de complexes de supériorité des peuples qui les maintiennent, de mépris profond et pour la mission d'Évangélisation de l'Église et des peuples qui ont eu la faiblesse de les accueillir et qui sont aussi concernés par le Salut. Ce maintien des "langues sacrées" est devenu presque plus important dans l'esprit de ces gens que la connaissance des Écritures et la pratique des vertus. Ces "langues sacrées" ont engendré une attitude de facilité qui leur donne l'impression d'être de grands spirituels à pu de frais dans la mesure ou la piété de leurs partisans se limite bien souvent à psalmodier non-stop des litanies entières dont ils ne comprennent pas un mot, et les amène à se croire dispensés de tous les exercices de prière, d'ascèse, de vertu qui font le fond véritable de la vie Chrétienne.

Il est grand tmps pour les Chrétiens Orthodoxes qui viennent en France de comprendre ce qu'est l'Église, de comprendre quelle en est la mission, de l'accepter et d'y participer enfin positivement. Or le maintien des "langues sacrées", ajouté à l'ensemble du folklore de brocanteur qui marque ce que certains croient à tort être la "vie paroissiale" mène à des comportements du genre "les occidentaux qui squattent nos églises" et du genre "il ne faut pas nourrir les Russes, mais s'occuper des Grecs". Ce qui rayon Charité, est franchement plus que limite (c’est un peu de cela qu’il faudrait se préoccuper).

Ces comportements sont des contre-témoignages désolants que les prêtres et les évêques, s'ils faisaient réellement leur job, auraient du passer au tourniquet depuis belle lurette.

Les Chrétiens Orthodoxes devraient être des pêcheurs d'Hommes, le sel de la Terre. Au lieu de cela, ils passent leurs temps à s'enfermer dans leurs ghettos et à organiser des combats de catch pour savoir quelle juridiction est la meilleure...Si on avait mis dans la catéchèse, la pastorale, l'évangélisation des peuples le dixième des ressources, de la hargne, de l'énergie et-en un sens-du travail et de l'intelligence qu'on n'en a mises à mener ces batailles stériles et ce folklore de boutique de souvenir, nous serions à 30 millions de Chrétiens Orthodoxes en Europe Occidentale aujourd'hui.

On juge une politique au résultat. Et en l'occurrence le résultat n'est pas nul, il est en immersion périscopique. Un résultat qui ne mérite rien d'autre que la dureté.

28.Posté par Hiéromoine Nicolas le 03/01/2014 22:46
@ Justine
Je ne veux pas polémiquer avec vous.
D'après les extraits du livre cité que j'ai consultés, il m'a semblé que certains passages vous seraient utiles, même si en effet le thème du livre est bien celui que vous dites. Je crains que vos affirmations sur la "consécration" de la langue liturgique ne soient exagérées. La langue liturgique n'est pas sacrée à la manière des vases sacrés ou comme les bâtiments consacrés par une bénédiction … ou alors, comme eux, elle ne devrait servir qu'au seul usage liturgique sous peine de sacrilège (rendre à un usage profane un objet qui a été consacré). De plus, elle devrait être immuable, ce qui est contradictoire avec ce qui fait l'essence d'une langue. Une langue consacrée ou sacrée est par nature une langue morte.

Votre thèse est celle qui en conduis!t certains à l'hérésie trilinguiste selon laquelle le culte ne peut s'exprimer que dans les trois langues utilisées pour rédiger l'écriteau désignant Jésus sur la Croix, le latin, le grec, l'hébreu. (vous aurez remarqué que cette hérésie a été dénoncée parce que certains s'opposaient à ce que les saints Mystères soient célébrés dans cette langue vernaculaire, populaire et triviale que prônaient les saints Cyrille et Méthode). Vous noterez enfin que c'est par une exagération semblable à la vôtre, concernant le Nom de Jésus, que d'autres, plus récemment, ont versé dans l'hérésie onomatodoxe. L'opposition entre la langue vernaculaire triviale et la langue que vous appelez consacrée n'est pas aussi radicale que vous le dites. Sans doute existe-t-il un moyen terme, une langue choisie, que madame Gopenko qualifie d'hiératique, dont il serait intéressant de préciser les caractéristiques.

Chère Justine. Permettez-moi de vous reprendre encore sur un point. Vous dites que "des chrétiens orthodoxes ont construit des églises dans lesquelles ils sont bien chez eux …" Eh! Justement non ! Ils ne sont pas chez eux, même si leur association est propriétaire des lieux, ces lieux ont été consacrés par l'Eglise orthodoxe dont ils se réclament. L'acte de la consécration se fonde sur un sacrifice. Le bâtiment église n'appartient plus qu'à Dieu, et à lui seul. Et ceux qui l'ont offert n'ont plus aucun droit sur son devenir, son utilisation etc… C'est l'Eglise qui discerne, en fonction des circonstances du temps, ce que Dieu souhaite qu'on en fasse pour que son usage soit à la plus grande Gloire de Dieu. Ainsi donc, il est indéniable que bien des églises orthodoxes en France ont été construites ou aménagées par des communautés immigrées, mais personne n'y est "chez lui", personne n'y a des droits et personne ne peut s'opposer au discernement pastoral de l'Eglise qui peut en modifier l'usage.

P.S. Je pars en voyage demain matin et ne serai pas en mesure de consulter ce blog durant une dizaine de jours. Ainsi, vous êtes libre de répondre et aurez le dernier mot.

29.Posté par justine le 04/01/2014 19:53
A Tchetnik.
Je ne suis pas si sure qu'il n'y ait aucune base canonique se référant aux langues liturgiques. Pas dans le sens, bien sûr, qu'il y aurait un canon qui prescrive le grec par exemple, mais dans le sens qu'il faut employer en Eglise un langage et un ordre dignes de la sainteté du culte et aptes à exprimer l'adoration due à Dieu. Malheureusement il échappe à ma mémoire où se trouve ce canon. D'ailleurs, si vous lisez les homélies en prose de St Basile ou de St Jean Chrysostome et les comparez à leurs textes liturgiques, vous voyez bien que ce n'est pas le même langage. Il y a chez eux aussi une nette distinction entre le langage qu'ils parlent quand ils s'adressent à Dieu et celui qu'ils utilisent quand ils s'adressent aux hommes. Ceci pour votre "vernaculaire". Quant à la Bible, elle parle elle-même très souvent un langage mystérieux que seuls peuvent comprendre ceux qui sont illuminés par le Saint Esprit. Reprocherez-vous donc à Moise et aux Prophètes de faire de l'élitisme? Ceci dit, vous avez bien sûr raison concernant le complexe de superiorite de certains. Mais c'est là un problème spirituel qui ne sera pas résolu en pestant contre eux. Chacun nous avons nos vices et passions, et tous nous sommes invités au combat, si nous ne voulons entendre le "Malheur à vous, pharisiens....".
J'espère que vous n'allez pas encore me faire dire ce que je n'ai pas dit.
Ci-dessous, pour nous ramener un peu dans le climat et l'esprit de Noel, un lien vers le Village des Bergers près de Bethlehem où dimanche passé on a célébré, bilingue en grec et arabe, le Dimanche des Ancêtres selon l'ancien calendrier. On y voit et entend le Patriarche Théophile célébrer en arabe (à partir de 5' 40). Vu le grand nombre des participants, c'est un peu la cohue dans cette petite église, et à ce titre pas exactement un modèle de l'ordre susmentionné, mais c'est tout de même intéressant du point de vue linguistique.
http://www.youtube.com/watch?v=T87QmCJcIEI

30.Posté par justine le 04/01/2014 20:02
Au Père Nicolas.

Je n'ai pas parlé de langues sacrées, mais de langues consacrées, ce qui n'est pas la même chose. Et je le faisais en reponse aux propos de Tchetnik qui traitait les langues liturgiques comme une chose profane.

En fait, il s'agit ici de la différence entre langue et langage. Je pense qu'en Eglise, nous sommes surtout concernés par le langage et moins par la langue. L'important, c'est le langage du Saint Esprit, dans quelque langue qu'Il soit proféré. Toutefois, pour qu'une langue puisse le proférer, il faut que les hommes qui la parlent, s'ouvrent au Saint Esprit, qu'ils recoivent les langues de feu de la Pentecote. Ils trouveront alors les mots, les phrases pour l'exprimer, et ainsi se crée une langue dite liturgique. C'est ce qui s'est passé pour la langue grecque et pour le slavon entre autres. Le grec, du fait de ses "charismes" particuliers dont ont su tirer parti d'éminents Saints de Dieu, a été la langue par excellence de la théologie orthodoxe. Je crois tout nationalisme doit être écarté dans ce domaine – autant un complexe de supériorité de la part des Grecs ("qu'avons-nous que nous n'ayons pas reçu du Dispensateur de tous les dons bons?") qu'une jalousie de la part des Non-Grecs ("qui es-tu pour juger des conseils de Dieu?"). Si nous envisageons les grands développements dans l'Histoire de l'Eglise comme des expressions de l'Economie Divine, nous cesserons de polémiser et de contester (je ne parle pas ici des abus, qui bien sûr doivent être exposés et corrigés, mais cessons de grâce de les gonfler à l' extrême et de ne voir plus que cela, envenimant ainsi l'atmosphère et les relations et empêchant une solution fraternelle et rationnelle). Du fait d'avoir été la langue par excellence de la théologie orthodoxe et du fait que Dieu a suscité au cours des siècles d'éminents théologiens-hymnographes, elle a aussi été la langue par excellence de l'hymnologie orthodoxe, laquelle est la théologie chantée, et aucune personne sérieuse niera que cette hymnologie de l'Eglise est un héritage, un trésor spirituel, théologique et artistique inestimable que nous Orthodoxes du temps présent avons le devoir de préserver – aussi bien dans la langue originale grecque que dans des traductions fideles et de qualité, pour le profit spirituel des générations à venir.

Je trouve que la présente discussion s'est enflammée surtout à cause de certaines idées stéréotypes, p. ex. que les langues liturgiques seraient des langues sacrées, ce qui pour certains est comme le drapeau rouge pour le taureau. Il se peut que quelques personnes pensent effectivement ainsi, mais le problème est tout à fait ailleurs. Il est, comme déjà dit ci-haut, dans la préservation de ce trésor spirituel lequel nous offre toute la théologie de l'Eglise du Christ dans une forme non pas académique et stérile, mais sous forme de poésie, pour la lecture et le chant quotidien, en Eglise ou dans notre "église familiale" – un enrichissement et un soutien inouï pour les fidèles ! Pour les hellénophones, il s'agit de préserver cet héritage inestimable dans la langue d'origine, ce qui est logique et le contraire serait bien déraisonnable. Pour les peuples slaves, il s'agit de le préserver dans la langue de leurs Eglises, et pour les Occidentaux et autres peuples qui reviennent à la Foi orthodoxe il s'agit de le préserver dans leurs propres langues, veillant à traduire ces textes de manière correcte et belle, dans le langage du Saint Esprit et non pas dans le langage du siècle.
A cet égard, permettez-moi de ne pas m'identifier à la terminologie, aux critères et aux définitions données dans l'étude scientifique que vous proposez. Par exemple, en Eglise, nous n'avons pas de "langue hiératique". Trop souvent de nos jours, on invente des termes qui créent des problèmes là où en soi il n'y en a pas et qui font dévier notre pensée dans des avenues étrangères à la conscience ecclésiale. Je crois que de toute façon, c'est là la difficulté majeure de tous les Occidentaux – la perte du sens de l'Eglise, de la conscience ecclésiale, résultat tragique de la décadence des "églises" occidentales. Et la présente discussion reflète surtout ce problème-là. Comment serait-il possible sinon d'avoir une telle attitude envers la Sainte Tradition de l l'Eglise et envers vos frères venus d'Orient?
Ils sont chez eux dans les églises qu'ils bâtissent en France, parce que précisément c'est la maison de leur Dieu et non pas celle du pape ou de Luther. (Quant aux droits de propriété, l'entretien, l'imposition etc. des bâtiments, je crois que comme pour toute autre affaire terrestre, Dieu en laisse la charge aux hommes...). Et ils y accueillent ceux qui viennent avec un cœur pur, sans agressivité ou mépris pour les "immigrés" - attitude bien peu séante pour des chrétiens orthodoxes et haïe de Dieu. Mais ils ont la consolation de partager ainsi la vie du Christ, auquel Ses contemporains aussi niaient le droit d'asyle, voire Lui demandaient de s'éloigner de leur contrée.

31.Posté par Tchetnik le 05/01/2014 11:17

@Justine

""Je ne suis pas si sure qu'il n'y ait aucune base canonique se référant aux langues liturgiques. ""

-Dans cas, il serait bon de les produire. Pas de se contenter d "je ne suis pas sûre". ou ces justifications existent, ou elles n'existent pas.

""D'ailleurs, si vous lisez les homélies en prose de St Basile ou de St Jean Chrysostome et les comparez à leurs textes liturgiques, vous voyez bien que ce n'est pas le même langage.""

-Dee la même manière que la poésiee de Ronsard demeure différente de la prose dee Montaigne, ou que celle de Solomos se distingue de la prose de Papadiamantis. Ce qui ne les empêche pas de procéder d la même langue, avec parfois un registre un peu différent selon les personnes auxquelles on s’adresse.

« « Quant à la Bible, elle parle elle-même très souvent un langage mystérieux que seuls peuvent comprendre ceux qui sont illuminés par le Saint Esprit. Reprocherez-vous donc à Moise et aux Prophètes de faire de l'élitisme? » »

-Il ne s’agit pas ici de langues (vous remarquerez que l’ensemble des textes sont écrits d’ailleurs dans la même langue Hébraique ou Araméenne, que ce soient les passages narratifs ou les passages explicatifs) , mais de contenu du texte et d différences de registres. Cela n’a strictement rien à voir avec une qulconque langue « sacrée ». Quand les Prophètes parlaient dans l’Ancien Testament, leurs paroles exigeaient souvent de l’intelligence et de la réflexion, mais s’adressaient tout de même à tous, dans la même langue que celle que tout un chacun utilisait. Le registre pouvait een être un peu plus élevé, mais la réflexion que nécessitaient leur parols portaient sur le fond, certainement pas sur une forme « sacralisée ». Il n’y a pas de « langage mystérieux », il n’y a que dees paroles qui néceessitent de la réflexion, grosse nuance.
« « Je n'ai pas parlé de langues sacrées, mais de langues consacrées, ce qui n'est pas la même chose. Et je le faisais en reponse aux propos de Tchetnik qui traitait les langues liturgiques comme une chose profane. » »

-En fait, il n’xiste pas de « langue liturgique ». Il n’existe que des registrees différents d’une même langue. Bien des intervenants ont démontré qu’une langue qui n’était pas comprisee ni par son éméteur ni par ses récepteurs ne servait spiritueellement à rien.

« « Ceci dit, vous avez bien sûr raison concernant le complexe de superiorite de certains. Mais c'est là un problème spirituel qui ne sera pas résolu en pestant contre eux. » »

-Disons que la gentillessee et la passivité qui sont de mise dpuis 90 ans ont échoué. Par conséquent, il serait temps de changer son fusil d’épaule et de choisir les méthodes qui marchent. Le Christ n’a pas viré les marchands du Templee en s’excusant poliment et les Prophètes auxquels vous faisieez allusion n’ont pas nécessairement été de tendres Sugar Daddys avec leur peuple Hébreu qui était des plus infidèles et faisait preuve ds mêmes défauts que ces « orthodoxes » de nos jours. Si vous pensez que la « gentillesse » est une réponse à tout, allez-y, on vous regarde.

« « Chacun nous avons nos vices et passions, et tous nous sommes invités au combat, si nous ne voulons entendre le "Malheur à vous, pharisiens....". » »

-En effet, mais certains n’engagent pas ce combat et ne sont pas prêts à se remettre en cause. Par conséquent, il faut bien les y aider un peu…En tout cas, ceux qui ont charge d’âmes dans l’Église devraient les y aider, en sachant être autant ferme que miséricordieux, s’ils faisaient autre chose que de l’animation de club.

« « L'important, c'est le langage du Saint Esprit, dans quelque langue qu'Il soit proféré. » »

-En admettant quand même que sans le secours des langues comprises par les Hommes, le langagee du Saint Esprit risque de rester poste restante. Simple gros bon sens.

« « il faut que les hommes qui la parlent, s'ouvrent au Saint Esprit, qu'ils recoivent les langues de feu de la Pentecote. Ils trouveront alors les mots, les phrases pour l'exprimer, et ainsi se crée une langue dite liturgique. » »

-Ah bon? Alors à la Pentecôte, les Apôtres n’auraient pas parlé les langues comprises par les peuples mais des « langues liturgiques » d,autant plus improbables que la liturgie n’existait pas encore…Nous deevons avoir des versions différentes du texte.

« « C'est ce qui s'est passé pour la langue grecque et pour le slavon entre autres » »

-Grec d’origine paienne et slavon qui n’est qu’une vulgaire traduction. En faire des langues « divines » revieent au même raisonnement que les Salafs qui font de l’Arabe une langue « incréée ». Et, encore une fois, même si vous aviez raison et que ces langues seraient effectivement « consacréees », ce qui n’est pas, encore eut-il fallu COMMENCER un jour ce travail de consécration et ce n’est pas en leur bloquant la route de l’expression du Divin comme certains « vôlkisch » souhaitent ici le faire avec nos langues, que ce travail s’est réalisé…

Il est en revanche possible, et même souhaitable de dire que la langue Grecque, avec son contexte intellectuel et philosophique très riche et élaboré, a permis à la révélation Divine de sortir du cadre intuitif et spontané Hébraique et de se transporter dans un contexte plus réflectif, qui était celui des peuples indo-Européens. Les Pères dee l’Église ont réalisé cette synthèse entre l’intuitif t l’évidence, la certitude Hébraiques et la réflexion, la construction intellectuelle Grecques, on sera d’acord. Mais cela n’a rien à voir avec une quelconque « langue sacrée ».

« « Si nous envisageons les grands développements dans l'Histoire de l'Eglise comme des expressions de l'Economie Divine » »

-Si nous envisageons l’Histoire dee l’Église dans sa globalité et surtout sa mission réelle, nous ne pouvons qu’infirmer une telle prétention aux « langues sacrées » Ou les justifications scripturales ou patristiques existent ou elles n,existent pas. Si elles existent qu’on les produisent. Si elles n’existent pas, qu’on s’incline.

« « (je ne parle pas ici des abus, qui bien sûr doivent être exposés et corrigés, mais cessons de grâce de les gonfler à l' extrême et de ne voir plus que cela, envenimant ainsi l'atmosphère et les relations et empêchant une solution fraternelle et rationnelle) » »

-Aucun « gonflement » ici, simplement le constat de la réalité et de son résultat.

« « elle a aussi été la langue par excellence de l'hymnologie orthodoxe, » »

-Et en quoi, où et comment serait-il dit quee cette langue devrait être un monopole? Et qu’eelle serait « la meilleure »? Le grec est un langue qui partage la condition de toutes autres langues. Ni plus, ni moins. Si le grec a joué le rôle qu’il a joué aux premiers siècles du Christianisme, cela tient non seulement à son caractère de langue véhiculaire mais aussi à son conteexte intellectuel quee j’ai rappelé plus haut. Pas à un « décret » quelconque de la Providence Divine.

Et, selon ce raisonneement, on devrait imposer le grec comme langue liturgique UNIQUE pour tous ls peuples, à l’exclusion de toute autre, le slavon, le roumain en faisant aussi partie, comme vulgaires traductions.

« « et aucune personne sérieuse niera que cette hymnologie de l'Eglise est un héritage, un trésor spirituel, théologique et artistique inestimable que nous Orthodoxes du temps présent avons le devoir de préserver » »

-Préserver sur le fond, on est bien d’accord. Adapter sur la forme ensuite, selon les peuples auxquels on s’adresse. Sinon, où serait l’utilité d’une tell beauté destinée à ne demeurer accessible qu’aux gens ayant des capacités intellectuelles suffisantes pour apprendre les langues? Où l Christ a-t-il commandé un tel élitisme intellectuel?

« « e trouve que la présente discussion s'est enflammée surtout à cause de certaines idées stéréotypes, p. ex. que les langues liturgiques seraient des langues sacrées » »

-C’est malheureusement commee cela qu’elles sont présentées. Et leurs effets d’incompréhension des fidèles se font hélas sentir sur leur formation spirituelle.

« « Pour les hellénophones, il s'agit de préserver cet héritage inestimable dans la langue d'origine, ce qui est logique et le contraire serait bien déraisonnable. Pour les peuples slaves, il s'agit de le préserver dans la langue de leurs Eglises, et pour les Occidentaux et autres peuples qui reviennent à la Foi orthodoxe il s'agit de le préserver dans leurs propres langues, veillant à traduire ces textes de manière correcte et belle, dans le langage du Saint Esprit et non pas dans le langage du siècle. » »

-On sera d’accord pour les Hellenophones, que les Slaves comprenent ensuite que leur culture n’est pas universelle dans la Chrétienté et que les Occidentaux ont un héritage bien antérieur au leur. Si l’orthodoxie revient en Occidnt grace à ces deux entités, elles doivent néanmoins se souvenir que le point de départ est bien moins important que le point d’arrivée et que l’élève put bien vite dépasser un maitre qui ferait preuve de trop grande confiance en lui-même.

Quant aux langues, il n’existe aucune différence sérieuse entre « langue sacrée » et « langue profane ». la même langue est utilisée par le même peuple pour toutes ses activités. En rvanche, il est parfaitement possible d’élaboreer pour une adresse particulière à Dieu, un registre des plus élevés possibles tant dans ls structures grammaticales et sémantiques que dans le choix du vocabulaire. Bossuet utilisait un tel registre pour s’adresser à ses ouailles. Mais Bossuet parlait la même langue que Molière. Le style dee Molière n,aurait sans doutee pas convenu à l’expression divine, celui de Bossuet oui. Mais les deux procèdent de la mêm langue t sont compris de tous, ce qui est l’essentiel. Si réflexion et effort il doit y avoir de la part de l’impétrant, ils concernent le fond, qui offre déjà un enjeu suffisant et une masse de travail idoine, certainement pas la forme.

« « Je crois que de toute façon, c'est là la difficulté majeure de tous les Occidentaux – la perte du sens de l'Eglise, de la conscience ecclésiale, résultat tragique de la décadence des "églises" occidentales. » »

-C’st tout à fait vrai, mais cela concerne une ennième fois le fond et pas la forme.

Quant à l’ » attitude envers la Sainte Tradition de l l'Eglise et envers vos frères venus d'Orient » je pense qu’il faut surtout considrer le racisme et le folklorisme dont ils font preuve, leur orgueil généalogique et ethnique, attitudes que la préservation de ces fameuses langus soi disant « sacrées » et de leur pseudo-tradition ne leur a pas évité, constater que ces attitudes ont envoyé l’Église Orthodoxe à la casse dans nos pays, avec une perte de fidèles sans précédent ni comparaison, et avoir la lucidité de constater que ces attitudes ne sont ni marginales ni ponctuelles mais généralisés à L’ensemble de leurs commuautés. Attitudes qui vont d paire avec un manque total de formation spirituelle. Quand on passe son temps à faire du salafisme en slavon, on ne lit pas l’Évangile et la plupart des fidèles des égliss Orthodoxes en Occidnt ne connaisseent pas une ligne de la Bible.

Si les Occidentaux (et lesquels? Les Occidentaux comme vous les appelez sont loin de constituer un bloc monolithique…) ont perdu le sens de l’Église, on peut en dire tout autant de ces « russes » ou « grcs » qui ne lisent ni la Bible ni les Pères et qui réduisnet la mission de l’Églis à qulquees danss et reecettes de cuisine, à un exclusif ethnique. Aucun « occidntal » n’a besoin de tels « russes » ou « grecs », qui constitunt un contre-témoignage majeur. Désolé.

Vous repprochez, en partie à juste titre aux Occidentaux, leur « orgueil ». Croyez-vous donc que c soit avec un orgueil inverse et bien ancré qu’on le combattra?

« « uquel Ses contemporains aussi niaient le droit d'asyle, voire Lui demandaient de s'éloigner de leur contrée. » »

-En l’occurrence, le Christ n’a jamais été concerné par le « droit d’asile » mais par un recenssement, lequel avait attiré tellement de monde dans la région que les places en hôtellerie se faisaient rares. Étrange de vouloir tenir un discours ultra-pro-racines d’un côté pour faire appel aux idéaux les plus laics de l’autre…Ensuite, si vous souhaitez que la conversation demeure dans dees limites acceptables, les procès d’intention et les paroles faussement attribuées aux interlocteurs seraient à banir. Non seulement vous ne me connaissez pas personnellement ni ma famille, qui, en matière d’origine étrangère, pourrait vous rendre bien ds points, mais personne ne nie le « droit d’asile » quand il est justifié, ce qui n’est pas toujours le cas. Simplement, vous devriez savoir que le « droit d’asile » n’est pas une eexcuse à tous les comportements et ne supprime pas les devoirs et le respect de l’immigré à l’égard du pays qui l’accueille, chose que ces immigrésslaves ou autres ont trop souvent tendance à oublier. S’il existe un vocabulaire de mépris quant aux « étrangers » c’est dans leur bouche qu’on le trouve le plus souvent, sauf que les « étrangers » en question sont en fait les habitants de ce pays.

Après, il ne faudrait pas trop exagérer sur les « pauvres migrants qui quittent leur terre » car les conditions de vie dans leurs pays sont aujourd’hui bien plus paisibles qu’autrefois et les raisons d leur venue bien moins tragiques.

« « Et ils y accueillent ceux qui viennent avec un cœur pur, sans agressivité ou mépris pour les "immigrés" - attitude bien peu séante pour des chrétiens orthodoxes et haïe de Dieu. » »

-Immigrés qui demeurent invités dans un pays qu’ils n’ont pas construit, ne vous en déplaise, et dans lequel ils doivent apprendre à être Chrétiens.

Après, il convient de se demander si l’attitude du genre « les occidentaux qui squattent nos églises » et « il ne faut pas nourrir les Russes mais s’occuper des Grecs » constitue une attitude plus conforme à la Tradition de l’Église et surtout plus aimée de Dieu…

En plus des justifications patristiques, Bibliques ou canoniques de l’imposition des « langues sacrées, j’ai posé la qustion dee savoir comment ces immigrés pouvaient à la fois tenir un discours ultrapatriote quand il s’agissait de justifier leur orgueil ethnique et généalogique et un disours inverse, digne du plus grand gauchisme quand ils veulent justifier leur présence sur le sol d’une nation qu’ils n’ont pas construite, en en méprisant les natifs, en refusant d’en apprendre la langue et en excluant de l’Église des gens aussi concernés qu’eux par l’Évangile.

Je constate qu’encore une fois, on évite très soigneusement de répondre à ces deux questions.

32.Posté par justine le 05/01/2014 15:49
Cher Tchetnik, vous aimez avoir le dernier mot. Je vous le laisse donc. Joyeux Noel!

33.Posté par Tchetnik le 05/01/2014 18:46
@Justine

Bonne Nativité à vous!


34.Posté par Vladimir.G le 06/01/2014 18:14
L’intervention du père Nicolas est réellement très pertinente et le livre d'Anna Gopenko me semble tout à fait approprié pour éclairer notre débat.

Mais je suis aussi d'accord avec Justine, dont il ne faut pas caricaturer le propos. Comme elle l'écrit, nos textes ne sont pas "sacrés", mais ils sont "consacrés" par la sainteté de leurs auteurs et par la Tradition (AG parle de "langue priant, emplie de prière"). Nous les vénérons comme les icônes - représentations de la Parole, du Verbe incarné, du chant des anges, tout comme nous nous vénérons les saintes icônes - représentation du Règne présent ici et maintenant. Les traductions, souvent ineptes comme l'écrit bien Justine (Nouki, siècles de cyclamens ...), peuvent sans doute aider à comprendre la foi, voire à la répandre, tout comme les reproductions sulpiciennes qui inondent actuellement la Russie, mais elles ne peuvent remplacer les originaux, ni textes ni icônes, qui seuls donnent le contenu théologique véritable et complet.

Je voudrais prendre un exemple trivial: le Kyrie. "Seigneur, aie pitié" (ou "Seigneur, prends pitié"?) donne probablement une traduction juste. Je ne l'ai jamais entendu chanter dans aucune paroisse orthodoxe francophone: on garde le texte grec (ou slavon...). Faut-il le remplacer par "Pitié Seigneur", qui se chante bien mais modifie le sens, ou adopter une mélodie adaptée (occidentale?). Je l'entends par contre souvent lu par le lecteur... Les passages sur la "beauté" dans l'introduction de AG donnent un début d'explication.

Bon Sochelnik (reste à traduire, c'est plus que "veille de...") et Joyeux Noël pour ceux qui suivent le calendrier Julien (prés de 42% des lecteurs si on en crois le sondage...)

35.Posté par Tchetnik le 06/01/2014 22:05

Il n'existe AUCUNE langue consacrée.

Le slavon comme le grec ont-ils fait l'objet de bénédictions particulières comme une icône ou une chasuble le ferait? Y a-t-il eu un office particulier pour les bénir? oui, ou non?

La seule langue "originale" serait celle de Dieu que personne ne connait. Toutes les langues utilisées ici bas ne sont que des émanations de notre condition déchue et en partagent les imperfections et déchéances. Quand on constate les comportements et attitudes plus que négatives des communautés Russes ou Grecques ou Roumaines et le résultat désastreux de leur politique dans nos pays, on se demande ce que vaut réellement la préservation des langues "sacrées"...

Une traduction ne modifie pas nécessairement le sens d'un texte ou alors, il faudrait interdire TOUTE traduction, y compris dans une langue slavonne qui n'est qu'une vulgaire langue de traduction.

Que les partisans des langues "sacrées" nous apportent UNE SEULE justification biblique ou patristique de leur thèse. Depuis le temps que certains interlocuteurs les demandent...

Un dernier clou:

Néhémie 8, 3 Sur la place située devant la porte des Eaux, il lut dans le livre, depuis l'aube jusqu'à midi, en présence des hommes, des femmes et de ceux qui avaient l'âge de raison: tout le peuple tendait l'oreille au livre de la Loi.
Néhémie 8, 4 Le scribe Esdras se tenait sur une estrade de bois, construite pour la circonstance; près de lui se tenaient: à sa droite, Mattitya, Shéma, Anaya, Uriyya, Hilqiyya et Maaséya, et, à sa gauche, Pedaya, Mishaël, Malkiyya, Hashum, Hashbaddana, Zekarya et Meshullam.
Néhémie 8, 5 Esdras ouvrit le livre au regard de tout le peuple - car il dominait tout le peuple - et, quand il l'ouvrit, tout le peuple se mit debout.
Néhémie 8, 6 Alors Esdras bénit Yahvé, le grand Dieu; tout le peuple, mains levées, répondit: "Amen! Amen", puis ils s'inclinèrent et se prosternèrent devant Yahvé, le visage contre terre.
Néhémie 8, 7 (Josué, Bani, Shérébya, Yamîn, Aqqub, Shabtaï, Hodiyya, Maaséya, Qelita, Azarya, Yozabad,
Hanân, Pelaya, qui étaient lévites, expliquaient la Loi au peuple, pendant que le peuple demeurait debout.)
Néhémie 8, 8 Et Esdras lut dans le livre de la Loi de Dieu, traduisant et donnant le sens: ainsi l'on comprenait la lecture.
Néhémie 8, 9 Alors (Son Excellence Néhémie et) Esdras, le prêtre-scribe (et les lévites qui instruisaient le peuple) dit à tout le peuple: "Ce jour est saint pour Yahvé, votre Dieu! Ne soyez pas tristes, ne pleurez pas!" Car tout le peuple pleurait en entendant les paroles de la Loi.
Néhémie 8, 10 Il leur dit encore: "Allez, mangez des viandes grasses, buvez des boissons douces et faites porter sa part à qui n'a rien de prêt. Car ce jour est saint pour notre Seigneur! Ne vous affligez point: la joie de Yahvé est votre forteresse!"
Néhémie 8, 11 Et les lévites calmaient tout le peuple en disant: "Taisez-vous: ce jour est saint. Ne vous affligez point!"
Néhémie 8, 12 Et tout le peuple s'en fut manger, boire, distribuer des parts et se livrer à grande liesse: car ils avaient compris les paroles qu'on leur avait communiquées.


Le reste ne relève pas de préoccupations d'évangélisateur, mais d'esthète. Dee sentiment cheap de beauté facile. De croyants superficiels qui compensent leur manque de connaissances de fond par une idolatrie de la forme. Idolatrie condamnée par l'Église du reste.

Que ceux qui critiquent les traductions apportent leur pierre à l'édifice et en proposent de meilleures. S'ils n'en sont pas capables, c'est qu'ils ne savent pas traduire et on peut se demander par conséquent ce que vaut leur critique. Laquelle est facile, mais l'Art difficile...

A c compte-là, le grec Alexandrin st aussi une langue inadmissible et il faudrait rejeter la traduction des Septantes...

36.Posté par justine le 07/01/2014 13:51
Vraiment Tchtenik, qui peut encore prendre au serieux ce que vous dites. Ce n'est meme pas la peine de commenter.

37.Posté par Vladimir.G le 07/01/2014 15:12
Bravo Justine!
Joyeux Noël!

38.Posté par Tchetnik le 07/01/2014 15:23
@Justine

Ce serait plus pertinent de tenter de répondre aux questions qui vous sont posées. Car c ne sont pas les arguments Ad-Hominem qui vous sauveront.

En l'occurrence, je ne fais que reprendre votre thèse en la menant à son terme logique...


39.Posté par Irénée le 07/01/2014 21:56
Permettez-moi de citer en conpléments des échanges entre Tchetnik et Justine quelques extraits de la lettre à Diognète, qui fait partie des écrits des Pères apostoliques :

"Car les Chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les vêtements. Ils n'habitent pas de villes qui leur soient propres, ils ne se servent pas de quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n'a rien de singulier. Ce n'est pas à l'imagination ou aux rêveries d'esprits agités que leur doctrine doit sa découverte ; ils ne se font pas, comme tant d'autres, les champions d'une doctrine humaine. Ils se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s'acquittent de tous leurs devoirs de citoyens et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, ..... Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies et leur manière de vivre l'emporte en perfection sur les lois. Ils aiment tous les hommes et tous les persécutent. On les méconnaît, on les condamne ; on les tue et par là ils gagnent la vie. Ils sont pauvres et enrichissent un grand nombre. Ils manquent de tout et ils surabondent en toutes choses. On les méprise et dans ce mépris ils trouvent leur gloire. On les calomnie et ils sont justifiés. On les insulte et ils bénissent. On les outrage et ils honorent.. Ne faisant que le bien, ils sont châtiés comme des scélérats. Châtiés, ils sont dans la joie comme s'ils naissaient à la vie. Les juifs leur font la guerre comme à des étrangers ; ils sont persécutés par les Grecs et ceux qui les détestent ne sauraient dire la cause de leur haine.

En un mot, ce que l'âme est dans le corps, les Chrétiens le sont dans le monde. L'âme est répandue dans tous les membres du corps comme les Chrétiens dans les cités du monde. L'âme habite dans le corps et pourtant elle n'est pas du corps, comme les Chrétiens habitent dans le monde mais ne sont pas du monde. Invisible, l'âme est retenue prisonnière dans un corps visible : ainsi les Chrétiens, on voit bien qu'ils sont dans le monde, mais le culte qu'ils rendent à Dieu demeure invisible. ....
L'âme devient meilleure en se mortifiant par la faim et la soif : persécutés, les Chrétiens de jour en jour se multiplient toujours plus. Si noble est le poste que Dieu leur a assigné, qu'il ne leur est pas permis de déserter.

40.Posté par justine le 08/01/2014 08:21
Il n'y a pas de réponse aux fausses questions. Par contre, il y a ceci: "Je vous dis que pour chaque parole vaine que les hommes ont proférée, ils auront à rendre compte au Jour du Jugement, car par tes propres paroles tu seras justifié et par tes propres paroles tu sera condamné" (Mt 12,36-37)

41.Posté par Vladimir.G le 08/01/2014 09:48
Bravo Justine!

42.Posté par Tchetnik le 08/01/2014 12:49
@Justine

Donc vous n'avez AUCUNE justification biblique, patristique, canonique ou même de droit coutumier à apporter pour justifier votre thèse.

Tout comme vous n,avez rien à répondre au double langage qui consiste à être superpatriote pour le slavon et super mondialiste pour les français.

Dont acte.

Pour les citations, soyez un peu prudente car outre que personne ne vous a donné aucun autorité pour guider votre prochain, elles peuvent s'avérer être de dangereux retours de manivelle. Vous l'apprendrez quand vous délaisserez un peu la forme (que vous idolatrez) pour vous préoccuper d,avantage du fond.

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