Le primat de l'Église Greco-catholique d'Ukraine: "l'UOC-MP est la seule Église orthodoxe canonique en Ukraine"
V.G.

La position de l'Eglise russe concernant les activités des gréco-catholiques ukrainiens a été exposée à plusieurs reprises. Rencontrant le pape François le 17 octobre au Vatican le métropolite Hilarion lui a consacré une grande partie de l’entretien; "il a parlé de la situation dans l’est de l’Ukraine, où trois ecclésiastiques ont été tués, tandis qu’environ cinquante églises ont été entièrement ou partiellement détruites.

Le président du DREE a fait part au Souverain Pontife de sa profonde préoccupation devant l’engagement de l’Église gréco-catholique ukrainienne dans le conflit au côté de forces hostiles à l’Église orthodoxe russe, disant espérer que les gréco-catholiques reverraient leur position, renonceraient aux déclarations politisées unilatérales et cesseraient de soutenir le schisme." source

Le primat de l'Église Greco-catholique d'Ukraine: "l'UOC-MP est la seule Église orthodoxe canonique en Ukraine"
Un changement de position des Gréco-catholiques?

"Il est aujourd'hui clair pour tout le monde que la seule Église orthodoxe canonique en Ukraine, c'est-à dire celle qui est en pleine communion avec le monde orthodoxe, est l'Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou," - a déclaré Mgr Sviatoslav Shevchuk archevêque majeur de l`Eglise gréco-catholique d'Ukraine, dans un entretien avec le cardinal Timothy Dolan, archevêque de New York et président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, diffusé à la radio américaine «SiriusXM». Et il a ajouté qu'il y avait d'autres communautés orthodoxes "qui se sont séparées du patriarcat à l'époque de l'indépendance de l'Ukraine, à différents moments et pour différentes raisons, mais les autres Eglises orthodoxes les considèrent comme non-canonique."

"Pour nous, Église catholique orientale ces divisions de l'orthodoxie ukrainienne sont une douleur, mais nous respectons les canons et les procédures internes de la partie orthodoxe. Il n'y a jamais eu de notre côté de tentatives d'ingérence dans les affaires intérieures de l'Eglise orthodoxe, de discussion de sa canonicité ou d'encourager quelque rapprochement en vue de sa séparation. Ce n'est pas avec de nouveau schismes, scissions ou rapprochements que nous résoudrons les problèmes posé," a déclaré l'archevêque en ajoutant espérer que ces divisions pourront être guérie dans un proche avenir.

"Nous sommes en contact avec le «Patriarcat de Kiev» dans le cadre du "Conseil pan-ukrainien des Eglises et organisations religieuses"(*). C'est une relation que je qualifierai de "sociale" et non "ecclésiale", "continue le primat.

Il a aussi exprimé "un profond respect pour le peuple russe et l'Eglise orthodoxe russe" et cité des chiffres montrant que plus de la moitié des participants aux événements du "Maïdan" sont des russophones et des membres de l'Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou."

* Note: Le Conseil pan-ukrainien des Églises et organisations religieuses, qui représente 95 % des congrégations religieuses du pays, a eu des discussions avec le gouvernement sur les protections juridiques pour la liberté de religion, la délivrance de visas aux travailleurs religieux étrangers et les formalités que doivent accomplir les organisations religieuses pour avoir un statut juridique en Ukraine. "Résumé analytique du Rapport 2011 du département d’État sur la liberté religieuse dans le monde"


Rappel: la situation religieuse en Ukraine:

78% d'Ukrainiens se déclarent croyants et plus de 67% Orthodoxes. Mais ceux-ci sont divisés entre 2 juridictions issues de l'Eglise russe et plusieurs autres de moindre importance .Voir "L'Ukraine orthodoxe" pour plus de détails.

- l'Eglise Orthodoxe Autonome d'Ukraine – Patriarcat de Moscou: (UOC-MP), seule Église canonique, est la première Église d'Ukraine avec 46% des Ukrainiens d'après le sondage ci-dessus (d'autres sondages lui accordent environ 30%, à égalité voire au dessous de l'UOC-KP ci-dessous). Elle bénéficie d'une très large autonomie au sein du patriarcat de Moscou depuis 1990. Présente dans toute l'Ukraine elle joui d'un quasi-monopole dans les régions à majorité russophones. l'UOC-MP compte 45 diocèses, 11 704 paroisses, 9 518 clercs (Institut de la liberté religieuse).


- L'Église orthodoxe d'Ukraine - Patriarcat de Kiev (UOC-KP), non canonique,
est née en 1992 quand le métropolite Philarète, déçu de ne pas avoir été élu patriarche de Moscou en 1990, profite du soutien des autorités pour faire proclamer "le patriarcat de Kiev" par quelques évêques du patriarcat de Moscou et de l'Eglise autocéphale d'Ukraine. En 2010 elle compte 34 diocèses, 4251 paroisses, 3041 prêtres (ibid. 7) et le sondage ci-dessus la crédite de l'appartenance de 22% des Ukrainiens (d'autres sondages lui accordent jusqu'à 35%, à égalité voire au dessus de l'UOC-MP). Elle semble peu présente dans les régions russophones.

- Autres Eglises non canoniques:

• L'Église Orthodoxe autocéphale d'Ukraine (UAOC), non canonique, 12 diocèses, 668 clercs, 1194 paroisses (ibid. Institut de la liberté religieuse) et moins de 1% dans les sondages. Continuatrice de l'Eglise autonome des provinces occidentales d'avant guerre, l'OUAC se réimplanta vers 1990 avec le soutien des autorités, surtout dans les provinces occidentales d'Ukraine, mais sa présence reste clairement très limitée.

• Il existe aussi d'autres groupes très minoritaires qui se sont crées au cours des années 1990-2000, en particulier lors de la réunification de l'Eglise russe avec l'Eglise Hors Frontière (2007). Ils sont généralement liés à des paroisses à l'étranger mais ne comptent guère plus de quelques dizaines de communautés et leur influence n'est pas mesurable...

L’Eglise gréco-catholique représente un Ukrainien sur dix

Mais beaucoup plus en Ukraine occidentale… (ibid. 7). Elle compte 8 diocèses, 3597 paroisses et 2347 prêtres (ibid. 9). Elle a aussi des éparchies hors d'Ukraine en Pologne, Allemagne, France, Grande Bretagne, Russie, Canada (5 éparchies), Etats-Unis (4 éparchies), Brésil, Argentine et Australie…

Elle a été officiellement reconnue en 1989 après la rencontre au Vatican entre Jean Paul II et Mikhaïl Gorbatchev, et la récupération des églises utilisées par les orthodoxes s'est faite par la force après l'indépendance du pays en 1991 avec la complicité des autorités; là ou leurs églises avaient été détruites par le pouvoir soviétique, les gréco-catholiques se sont emparés d'églises traditionnellement orthodoxes et "des communautés orthodoxes sont toujours privées de lieu de culte" vient de répéter Mgr Hilarion de Volokolamsk. Bien que l’Eglise gréco-catholique soit surtout présente en Ukraine occidentale, son siège a été officiellement transféré de Lviv à Kiev en 2005 et le titre du primat a évolué "d'Archevêque majeur de Lviv" à "Archevêque majeur de Kiev et de Galicie", provoquant la protestation du patriarcat de Moscou.

***
Source https://mospat.ru/fr/2014/10/17/news109707/
Source:Interfax-religion .
Traduit du russe par VG. Note et liens du traducteur
Le primat de l'Église Greco-catholique d'Ukraine: "l'UOC-MP est la seule Église orthodoxe canonique en Ukraine"

Rédigé par Vladimir Golovanow le 22 Octobre 2014 à 10:13 | 5 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir.G: Mgr Hilarion de Volokolamsk: " Il faut dire qu’il y a malheureusement des fidèles de notre Église de chaque côté des barricades" le 24/10/2014 10:19
Interview du métropolite Hilarion de Volokolamsk à « Radio Vatican »
Extrait

Q Monseigneur, quel rôle peut jouer l’Église, ou les Églises, dans la résolution du conflit en Ukraine ?

Avant tout, les Églises ne doivent pas s’immiscer dans les confrontations politiques. J’en ai parlé aujourd’hui ouvertement à propos de l’Église gréco-catholique ukrainienne.

Je pense que notre mission et notre mandat, que nous avons reçu du Seigneur Lui-même, consiste à unir les gens, à les réconcilier. Nous ne devons pas entrer dans les détails du processus politique, nous ne devons pas être associés à une des partie en conflit, c’est l’affaire des hommes politiques, des journalistes. Notre parole doit toujours être une parole de paix, une parole de réconciliation. Nous devons être ouverts aux gens de n’importe quelle orientation politique, en dehors des tendances inhumaines ou chauvinistes, nous devons soutenir les gens qui se tiennent des deux côtés des barricades.

C’était et cela reste la position de l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou qui ne souhaite pas s’identifier à l’un ou à l’autre segment du spectre politique, mais soutient tous les gens. Il faut dire qu’il y a malheureusement des fidèles de notre Église (je dis « notre Église » parce que l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou fait partie de l’Église orthodoxe russe multinationale), de chaque côté des barricades. Nous devons nous montrer compréhensifs et faire notre possible pour que le conflit civil ne devienne pas un conflit armé, pour que les controverses se résolvent par les pourparlers et que les gens n’aient pas à payer un prix aussi élevé pour leurs convictions.

Q Monseigneur, n’allez pas croire qu’il s’agit d’une question provocatrice, elle est posée avec une franchise absolue. Peut-être cette question a-t-elle acquis une actualité encore plus grande dans le contexte du conflit ukrainien. La création d’une Église orthodoxe autocéphale unifiée est-elle possible en Ukraine ?

Il n’y a pas besoin de la créer, puisqu’il y existe déjà une Église locale. Elle n’est pas autocéphale, mais auto-administrée. C’est l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou.

Les appels à la création d’une Église autocéphale sont des appels à éloigner les fidèles orthodoxes ukrainiens de l’Église orthodoxe russe une. Nous ne pouvons les soutenir, parce que ces appels ne sont pas fondés sur notre compréhension de l’Église ni sur les canons ecclésiastiques. Nos fidèles ne les soutiennent pas non plus. Ces appels se basent exclusivement sur des considérations d’ordre politique : certains hommes politiques ont eu envie de proclamer le principe « une Église indépendante dans un état indépendant », et les schismatiques se sont emparés de l’idée, parce que l’idée de schisme se base justement sur ce principe et sur ce principe uniquement.

Il n’y a pas d’autre raison à l’existence du schisme que les déclarations « une Église indépendante dans un État indépendant ». Mais pourquoi alors ne pas exiger de cette même Église gréco-catholique ukrainienne qu’elle rompe avec le Pape qui n’est pas seulement un chef symbolique de cette Église, mais la dirige tout à fait concrètement par le truchement de l’archevêque suprême, ratifiant les décisions sur la création des diocèses et sur les ordinations épiscopales ?

Il n’existe pas de lien semblable entre l’Église orthodoxe ukrainienne et le Patriarcat de Moscou, car le Patriarche de Moscou ne ratifie pas les décisions sur les élections d’évêques, ni sur la création de nouveaux diocèses. Le Patriarche ne ratifie que la décision d’élire un Primat, le nom du Patriarche est commémoré pendant les offices. Il ne s’agit donc ni d’un lien administratif, ni d’un lien financier. Le lien est spirituel, il existe depuis des siècles et remonte au baptistère commun du Dniepr sous le prince Vladimir.

Nous sommes catégoriquement opposés à ce que des liens qui se sont établis au cours des siècles et servent aujourd’hui de puissante force d’union soient rompus sous l’influence de la conjoncture. Alors que les hommes politiques et les schismatiques divisent les gens, l’Église les unit.

Q Les relations entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe en Biélorussie peuvent-elles servir de modèle de coexistence ?

Je pense que la Biélorussie est un bon modèle pour la coexistence des orthodoxes et des catholiques, de même que la Russie, où il n’y a pas de conflit entre nous. Nous vivons dans la paix et la concorde. Je présume que nous pouvons partager cette expérience avec nos frères dans d’autres pays où, malheureusement, cet accord et cette coopération n’ont pas encore été atteints.

2.Posté par La fin du communisme n'a pas été positive pour l'Eglise-Vatican le 18/11/2014 11:09
La fin du communisme en Europe, il y a un quart de siècle, n'a pas du tout été une bonne chose pour la chrétienté parce qu'elle a ranimé des tensions entre Rome et la Russie, a déclaré un haut responsable du Vatican, lundi.

Le cardinal suisse Kurt Koch, en charge des relations oecuméniques au sein de l'épiscopat, a expliqué que la réapparition d'églises catholiques en Ukraine et en Roumanie après des décennies d'absence a créé des tensions majeures avec l'Eglise orthodoxe russe.

Les dirigeants orthodoxes ont accusé l'Eglise grecque-catholique d'Ukraine, fidèle au Vatican, de chercher à reprendre des édifices religieux et à détourner les fidèles du patriarche de Moscou. Rome et l'Eglise d'Ukraine démentent ces accusations.

Les prélats moscovites estiment que cette tentative de rappropriation constitue le principal point de litige empêchant un rapprochement entre autorités catholiques et orthodoxes.

"Les changements survenus en 1989 n'ont pas été à l'avantage des relations oecuméniques", a expliqué le cardinal Koch sur la radio du Vatican. "Les églises catholiques d'orient interdites par Staline sont réapparues notamment en Ukraine et en Roumanie et avec elles les vieilles accusations orthodoxes de prosélytisme et d'églises uniates", a-t-il dit.
Le terme d'uniate recouvre les "fractions d'Églises de la communion orthodoxe qui ont rétabli la communion avec l'Église catholique romaine". La plus ancienne et la plus importante de ces églises réunit les Ruthènes ukrainiens.

Le pape François doit rencontrer à Istanbul à la fin du mois le patriarche oecuménique Bartholomée, chef de l'Eglise orthodoxe, qui est favorable à une plus large coopération avec le Saint-Siège.

Il doit toutefois tenir compte des fidèles russes qui représentent les deux tiers de la communauté orthodoxe forte de trois cents millions de membres.

"Il y a toujours eu des échecs mais je suis convaincu que nous pouvons accomplir des progrès", a précisé le cardinal suisse.

3.Posté par Vladimir. G: pape François demande aux évêques d’Ukraine d’agir sans faire de politique le 11/03/2015 13:57
Le pape François demande aux évêques d’Ukraine d’agir sans faire de politique

Recevant, en audiences séparées, les évêques ukrainiens unis à Rome, le pape les appelés à répondre aux drames humains secouant le pays, sans prendre partie politiquement.
Il leur a demandé aussi de mieux s’accueillir et d’unir leurs forces.

Les visites ad limina des évêques au Vatican ne sont pas sans faire écho à l’actualité. Après celle de Grèce la semaine dernière, celle d’Ukraine s’est déroulée ces jours-ci alors que le pays reste en proie aux tensions et violences, malgré l’entrée en vigueur officielle d’une trêve.

Le pape François a demandé que « soit observée cette trêve récemment souscrite », en recevant vendredi 20 février les évêques ukrainiens : « (Que) soient appliqués tous les autres engagements qui sont les conditions pour éviter une reprise des hostilités ».

L’allocution du pape, rendue publique, a surtout été l’occasion d’une mise en garde contre une trop forte implication politique directe des évêques dans la situation du pays. « On traite de questions qui en partie ont une base politique, auxquelles vous n’êtes pas appelés à donner une réponse directe », leur a déclaré le pape François. « Mais il y a aussi des réalités socio-culturelles et des drames humains qui attendent votre apport direct et positif », a-t-il aussitôt ajouté.
« Un sens de justice et de vérité, avant que politique »

La révolte place Maïdan à Kiev et la guerre civile dans le pays a vu des prélats des églises ukrainiennes soutenir directement des mouvements politiques. Le pape a assuré les évêques ukrainiens qu’ils avaient le droit d’exprimer leur pensée au niveau national mais « pas dans le sens de promouvoir une action concrète politique ».

Il les a appelés à avoir un « sens de justice et de vérité, avant que politique », pointant les inégalités dans l’ex-république soviétique : « Un groupe restreint de personnes se sont énormément enrichis au détriment de la grande majorité des citoyens ». Il leur a prié ainsi de se faire avant tout « les défenseurs des familles, des pauvres, des chômeurs, des faibles, des malades, des personnes âgées et des retraités, des invalides et des réfugiés. » Aux nouveaux cardinaux, le pape avait aussi demandé d’avoir un sens fort de la justice.

Le pape a aussi assuré les évêques ukrainiens que le Saint-Siège défendait leurs droits devant la communauté internationale. Une précision alors que la diplomatie vaticane a pu être soupçonnée récemment de ne pas assez condamner les exactions russes dans le pays et les violations par Moscou du droit international.
« Unissez vos forces »

Au-delà des rapports des Églises à la politique et à la société, le pape François a aussi abordé la délicate question des rapports entre les Églises, à commencer par celles unies à Rome, de rite byzantin (grecs-catholiques) et de rite latin. De fait, il a reçu les évêques de ces Églises locales séparément.

« Soyez un corps unique (..) Soyez unis dans les valeurs fondamentales (..) Unissez vos forces », a-t-il exhorté : « Trouvez entre vous la manière de vous accueillir l’un l’autre et soutenez-vous généreusement ». « Cela me fait personnellement mal d’entendre qu’il existe incompréhensions et plaies », s’est-il plaint. « L’unité de l’épiscopat, outre de donner un bon témoignage au peuple de Dieu, rendrait un service inestimable à la nation », a-t-il ajouté, évoquant « l’engagement œcuménique » dans un pays dominé par les Églises orthodoxes, elles-mêmes très divisées entre elles.

Dirigée par l’archevêque Sviatoslav Shevchuk, présent à l’audience, l’Église grecque-catholique ukrainienne compte 4 millions de fidèles contre 14 millions pour l’Église orthodoxe d’Ukraine rattachée canoniquement à Moscou et 12 millions pour celle relevant du Patriarcat de Kiev. Les catholiques latins sont au nombre d’environ un demi million.

Sébastien Maillard (à Rome)
Source: http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Le-pape-Francois-demande-aux-eveques-d-Ukraine-d-agir-sans-faire-de-politique-2015-02-20-1283120

4.Posté par Vladimir. G: Entre Ukraine et Russie, l’exercice d’équilibre du Vatican le 11/03/2015 22:50
Le cardinal Pietro Parolin se rend à Minsk du jeudi 12 au dimanche 15 mars.Ce rare déplacement du «numéro deux» du Vatican est considéré comme préparatoire à une future visite en Russie.

La neutralité du Saint-Siège à l’égard du conflit en Ukraine ne l’empêche pas d’être préoccupé par ce qu’il considère d’abord comme une guerre civile.

Soutenir les Ukrainiens dans l’épreuve tout en approfondissant le dialogue avec Moscou. C’est la délicate ligne de conduite que tente de tenir la diplomatie vaticane depuis le début du conflit dans l’est ukrainien. Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, va devoir poursuivre cet exercice d’équilibre durant ses quatre jours dans la région, en Biélorussie, où il part jeudi 12 mars. Officiellement, il s’agit de poser la première pierre de l’édifice pour la nouvelle nonciature. Proche du président biélorusse Alexandre Loukachenko, le nonce à Minsk, Mgr Claudio Gugerotti, a persuadé le « numéro deux » du Vatican de séjourner dans ce pays au régime très autoritaire mais considéré, tant par Rome que par le Patriarcat de Moscou, comme un modèle d’entente entre catholiques et orthodoxes.

Ce long déplacement du cardinal Parolin, qui a l’habitude de peu voyager, est surtout considéré comme le premier signe d’une possible future visite en Russie. «Pour cet été», estime même une source diplomatique à Rome. Au Vatican, on ne dément pas le projet, indiquant juste qu’un tel voyage n’est pas prévu «pour l’instant». Une dernière visite de ce niveau remonte au cardinal Angelo Sodano en 1999. Encore hypothétique et lointain, le vieux projet d’une rencontre entre le pape et le patriarche de Moscou n’est pas abandonné. « Tous les deux, nous voulons nous rencontrer et nous voulons aller de l’avant », avait déclaré le pape François le 30 novembre, reconnaissant aussitôt que l’idée avait été repoussée «au second plan» en raison du «problème de la guerre».

« D’abord un conflit national » dans un pays « à l’identité fragile »

L’écueil à éviter pour le Saint-Siège est de donner l’impression – déjà forte dans plusieurs chancelleries européennes – que son «Ostpolitik» serait prioritaire par rapport à la paix en Ukraine. Aussi se montre-t-il préoccupé mais en même temps toujours neutre devant ce qu’il considère comme une «guerre civile», «d’abord un conflit national» dans un pays «à l’identité fragile». Sans nier que cette faiblesse soit attisée par la Russie, mais sans jamais le dire en public.

«En parlant de ‘‘guerre entre chrétiens’’ en Ukraine, François tient le même discours que Benoît XV durant la Première guerre mondiale, justifiant ainsi de ne pas prendre position, observe un diplomate européen. Le pape n’identifie donc jamais l’agresseur.» «La tradition du Saint-Siège dans un conflit est de ne jamais prendre la défense de l’une ou l’autre partie», rappelle Adriano Roccucci, de la communauté Sant’Egidio. Même neutralité quant aux frontières : le Saint-Siège ne dit pas si la Crimée, annexée il y a bientôt un an, doit être russe ou ukrainienne.

Suite: http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Entre-Ukraine-et-Russie-l-exercice-d-equilibre-du-Vatican-2015-03-10-1289628

5.Posté par L'Église gréco-catholique d'Ukraine réaffirme sa communion avec Rome le 05/03/2016 20:18
Le chef de l’Église gréco-catholique ukrainienne, l’archevêque majeur de Kiev Sviastoslav Shevchuk, et plusieurs évêques de cette Église qui compte environ cinq millions de fidèles, ont rencontré ce samedi 5 mars 2016 le Pape François, présentant cette rencontre comme un signe de «pleine et visible communion avec le successeur de Pierre».

Les membres du Synode permanent de l’Église gréco-catholique ukrainienne sont rassemblés à Rome du 29 février au 6 mars et ont rencontré le Pape ce samedi. L’archevêque Schevchuk s’était exprimé cette semaine, suite à une rencontre avec des responsables de la diplomatie du Saint-Siège, durant laquelle il a souligné la force de la foi du peuple ukrainien, mais il a aussi averti des défis ausquels le pays fait face actuellement.

L’archevêque a dit aux diplomates que ce rassemblement des responsables de l’Église gréco-catholique à Rome avait été planifié pour marquer le 70e anniversaire du "pseudo-Synode" de Lviv, qui avait mené à la liquidation de l’Église catholique ukrainienne au temps de l’URSS. Pendant les quatre décennies qui suivirent, l’Église était persécutée et n’a survécu que clandestinement jusqu’à la chute du régime communiste au début des années 1990.

Les catholiques d’Ukraine représentent aujourd’hui environ 10% de la population, de rite oriental pour la plupart mais avec aussi une petite communauté de rite latin, alors les orthodoxes sont divisés entre trois patriarcats.

La récente rencontre entre le Pape François et le Patriarche orthodoxe de Moscou Cyrille 1er à Cuba et la signature d’une déclaration conjointe ont suscité une vive préoccupation parmi les fidèles catholiques ukrainiens. Mais l’archevêque Shevchuk a précisé que ces inquiétudes ne portaient pas atteinte à l’unité visible et entière de son Église avec le Pape et avec l’Église de Rome.

En parlant avec les diplomates, d’autres évêques ont mis en avant le dynamisme de l’Église gréco-catholique, qui a connu un développement spectaculaire en Ukraine, moins de 30 ans après sa libération de l’oppression soviétique. Mais l’évêque Boris Gudziak, chef de l’Église pour la diaspora ukrainienne en France, dans le Benelux et en Suisse, a aussi averti des difficultés croissantes auxquels les Ukrainiens font face dans le contexte de l’invasion russe de la Crimée et du conflit dans l’est du pays.

Au moins deux millions de personnes ont été déplacées en interne par la guerre, et deux millions et demi d’autres ont fui le pays. Les leaders de l’Église ukrainienne appellent le Pape François et toute la communauté catholique à faire tout ce qui est possible pour mettre fin à ce conflit, et à fournir une aide humanitaire urgente pour la population en souffrance.

Ce samedi midi, le Pape François a donc manifesté son attention au peuple ukrainien. «Nous sommes venus réaffirmer notre communion avec le Saint-Père, et pour lui demander son aide pour le peuple d’Ukraine en souffrance, et le Saint-Père nous a écoutés» a déclaré suite à cette rencontre l’archevêque majeur de Kiev, Sviatoslav Shevchuk.

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