Vladimir GOLOVANOW

Le slavon d’église n’est pas une langue morte, mais une langue vivante, qui s’est développée sur des siècles et continue à se développer

Pendant la conférence de presse du 24 juin 2011, le métropolite Hilarion de Volokolamsk s’est exprimé à la demande des journalistes sur la révision de livres liturgiques, dont l’objectif sera de faciliter la compréhension des textes en slavon d’église. Dernièrement, ce thème a été largement débattu dans les médias russes. Le 15 juin 2011, le présidium de l’Assemblée interconciliaire avait demandé d’envoyer un projet de document sur « Le slavon d’église dans l’Église orthodoxe russe au XXIe siècle » dans tous les diocèses du Patriarcat de Moscou en vue de prospecter l’opinion et de publier les avis reçus afin d’alimenter la discussion.

Dans son entretien avec les journalistes, le métropolite Hilarion a souligné que la question du slavon d’église se posait depuis plus de cent ans et qu’il était impossible de la rayer de l’ordre du jour. La question devra être débattue et il faudra prendre certaines décisions.

« Avant tout, nous devons souligner que le slavon d’église est et reste la langue liturgique principale de l’Église orthodoxe russe Cependant, l’Église russe utilise de multiples d’autres langues liturgiques, le moldave ou la japonais, par exemple. On ne saurait donc comparer le slavon d’église au latin en usage dans l’Église catholique avant le concile Vatican II », a déclaré le métropolite. Le slavon d’église n’est pas une langue morte, mais une langue vivante, qui s’est développée sur des siècles et continue à se développer, a précisé Mgr Hilarion à l’attention des journalistes. C’est pourquoi les livres liturgiques de l’Église orthodoxe russe ont été révisés à plusieurs reprises. Si l’on compare les textes liturgiques des manuscrits slavons des X-XIIe siècles aux éditions actuellement en usage dans les paroisses, on constatera de nombreuses différences. « Avant la révolution, avec la bénédiction du Saint Synode, une tentative de simplification du texte slavon des livres liturgiques avait été entreprise, a remarqué le métropolite Hilarion. Aujourd’hui, il serait bon de rééditer cette rédaction. Elle n’allégeait que certains passages concrets, sans détruire la structure d’ensemble du texte slavon ».

Le président du département des relations extérieures a rappelé que saint Théophane le Reclus parlait déjà de la nécessité de réviser les textes slavons en vue « d’éclairer » les livres liturgiques.
Par ailleurs, Mgr Hilarion a dit douter qu’une simple traduction des livres liturgiques en russe suffirait à elle seule à les rendre plus compréhensibles. « Il y a des textes qui, même traduits en russe, restent difficilement accessibles aux gens ordinaires peu au courant de la thématique chrétienne. Le Grand Canon d’André de Crète (1), par exemple, abonde en allusions bibliques, en renvois à différents personnages de la Bible dont beaucoup ne se souviennent plus. Si ce texte parlait immédiatement aux auditeurs du VIIIe siècle, il ne suscite plus aucune association chez nous parce que nous connaissons tout simplement mal la Bible et ne la lisons pas assez ».

La révision des livres liturgiques est un travail complexe qu’il faudra entreprendre avec la plus grande délicatesse, est convaincu le chef du DREE. Parlant des dangers de cette entreprise, il a rappelé qu’au XVIIe siècle, c’est une correction des livres qui avait provoqué un schisme profond au sein de l’Orthodoxie russe. « Je crois que nous devons en tirer les conclusions qui s’imposent, afin que l’histoire ne se répète pas », a conclu le métropolite.

Source Mospat
Voir aussi "PO" Archimandrite Cyrille (Hovorun)
........................................
(1)Le Grand Canon d’André de Crète

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 4 Juillet 2011 à 10:33 | 17 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Hiéromoine Nicolas le 04/07/2011 19:56
Le proto minoéen linéaire B non plus.

2.Posté par Marie Genko le 05/07/2011 09:17

Cher Père Nicolas,

Bénissez-moi mon Père.
Merci d'enrichir notre culture générale, j'ignorais l'existence du proto minoéen linéaire B.
Vous, qui êtes helléniste, peut-être pouvez-vous nous dire ce qui a été sauvé du grec ancien grâce à la langue grecque d'église ?

Pardonnez aux Russes d'être attachés au Slavon!

Il fait parti de nous -mêmes, de notre joie eucharistique depuis les premiers balbutiements de notre foi en Christ!

Avec tout mon respect et ma reconnaissance. Marie



3.Posté par vladimir le 05/07/2011 11:23
Il me semble que ces 2 prises de position simultanées et allant dans le même sens méritent réellement attention! Elles démontrent en effet la volonté de l'Eglise russe d'aller de l'avant, y compris sur ce sujet sensible, mais sans refaire les erreurs qui ont conduit au schisme des Vieux Croyants.

Pour revenir au slavon, il est certain que cette langue n'a jamais été parlée, car elle a été modelée pour calquer le grec liturgique, y compris par l'adjonction de mots spécifiques (cf. le père Cyrille). Le slavon a néanmoins évolué parallèlement au russe jusqu'au XVIIe siècle, ce qui en faisait une langue comprise par tous (cf. thèse de doctorat de la fille du père Wladimir Yagello). L'imprimerie a bloqué cette évolution et les réformes de Nikon ont imposé un retour aux sources qui a élargi le fossé avec le russe...

Le projet de reprendre la "simplification du texte slavon des livres liturgiques" montre bien cette volonté de revenir à la recherche d'un rapprochement, entre l'Eglise et son propre "Peuple de Dieu", qui était apparue à la fin du XIXe siècle, qui avait nourri la réflexion pré-conciliaire et le Concile de 1917 et qui avait été brutalement interrompue par les bolcheviques... Mais c'est cette réflexion là qui avait continué son développement dans l'émigration, et plus particulièrement avec "l'école de Paris". La "modernisation" du slavon me semble donc un grand pas en avant qui permettra de se rapprocher des attentes de notre temps sans perdre pour autant les trésors de la Tradition, comme le font ceux qui se contentent de traduire (et souvent mal! "Traduttore, traditore"!)

4.Posté par vladimir le 05/07/2011 11:36
Cher Père Nicolas,

Bénissez-moi mon Père.

Je voudrais vous demander, sans arrière pensée, si le grec ancien (koinế) est bien la langue liturgique de l'Eglise de Grèce. Y a-t-il là aussi des évolutions en cours ou envisagées?

5.Posté par Hiéromoine Nicolas le 05/07/2011 13:13
Chère Marie,
C'est très bien d'être attachée au slavon. Nous avons tous une sensibilité héritée, et le contexte culturel dans lequel nous avons été élevés mérite respect, c'est-à-dire étude et approfondissement. Vous savez qu'il m'arrive de célébrer en slavon pour des slavophones et en grec quand je suis au mont Athos. Cela ne me crée aucune difficulté.
L'ombre d'ironie du post ci-dessus vient du fait que le Métropolite de Volokalamsk (dont j'admire les capacités) profère une bourde qui ne passe que grâce au ton catégorique avec lequel il l'exprime. Je cite : "Le slavon d’église n’est pas une langue morte, mais une langue vivante, qui s’est développée sur des siècles et continue à se développer, a précisé Mgr Hilarion à l’attention des journalistes." La langue slavonne se développe peut-être, mais n'étant parlée par personne comme langue vernaculaire, ses progrès ne sont le fait que de quelques savants au crâne pointu qui inventent de nouveaux mots pour intégrer des choses ou des concepts inouïs autrefois ou qui corrigent des textes fautifs. Pareil pour le latin, c'est une langue morte qui n'est plus parlée par personne (ou à titre de jeu par quelques érudits) mais qui se développe dans l'enceinte du Vatican dans les bureaux de quelques autres savants au crâne pointu qui inventent, eux aussi, de nouveaux mots.
Pardonnez-moi d'être, moi aussi un peu catégorique : La vie d'une langue, c'est son usage, et son progrès authentiquement compris, c'est ce que cet usage engendre de beau, de bon, de vrai. La tradition de l'Eglise consiste à célébrer la liturgie non dans une langue que l'on qualifie d'autorité de "vivante" contre toute évidence, mais dans la langue vernaculaire. Ce qui est un peu différent. Maintenant, que, pour de multiples raisons, des changements dans la langue de célébration ne puissent être faits immédiatement, cela se comprend. Autant le dire, plutôt que de justifier son maintien par de fausses raisons.

6.Posté par Hiéromoine Nicolas le 05/07/2011 13:26
@ Vladimir
Ce n'est pas le grec de la Koinè, mais le grec patristique néo-classique (en très gros, car les Psaumes sont ceux des Septante) qui est utilisé dans les livres liturgiques. C'est ce qui fait qu'un français frotté de grec classique comprend facilement les offices dans les églises grecques (quand ils ne sont pas hurlés dans des haut-parleurs). Certains fidèles demandent une modernisation de la langue liturgique mais ils se heurtent à un double obstacle : le conservatisme (qui n'est pas nécessairement un mal) et le fait que la langue grecque évolue aujourd'hui si vite que des textes écrits au siècle dernier fatiguent les auditeurs. Anecdote : le bibliothécaire d'un monastère athonite, chargé de fournir les livres pour la lecture au réfectoire, s'arrache les cheveux régulièrement pour en choisir un qui soit compréhensible sans effort par toute la communauté. On n'est donc pas sorti de l'auberge.

7.Posté par Daniel le 05/07/2011 22:24
@ Père Nicolas

Pourriez-vous, s'agissant du grec, nous expliquer ce que sont la katarevoussa et le démotique? Sont-ce deux langues grecs différentes?

8.Posté par Daniel le 05/07/2011 22:46
A noter que de toutes les églises slaves, seule celle de Russie me semble pratiquer un 100% slavon. En Serbie, là où la traduction au serbe a débuté dès les années 20, le serbe supplante ou a supplanté le slavon. En Pologne, 4 paroisses utilisent le polonais; les Ukrainiens dissidents célèbrent en ukrainien, les Bulgares utilisent en partie le bulgare... Je rappelle par ailleurs que le slavon n'est lui-même qu'une traduction du grec, d'ailleurs avec parfois des sens différents. Ainsi, lors de la petite entrée des vêpres, le texte grec dit "Lumière joyeuse de la sainte gloire..." alors que le texte slavon dit "Lumière douce...". En la matière, la traduction française a suivi l'original grec...

9.Posté par vladimir le 05/07/2011 22:56
Cher Père Nicolas bénissez-moi,

Merci pour la précision. Il faut corriger Wikipédia (lien) qui précise (http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_orthodoxe_de_Gr%C3%A8ce) "Langue(s) liturgique(s) - Koinè des Évangiles" pour l'Eglise de Grèce (mais dit simplement "grec" pour l'Eglise de Crète: http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_de_Cr%C3%A8te). Je sais bien que ce n'est pas une vraie référence et c'est pour cela que je vous demandais confirmation... Je constate donc que les problèmes sont similaires aux nôtres!

Traduttore, traditore: le texte russe de Mgr Hilarion permet moins bien votre interprétation (cf. lien). "церковнославянский – не мертвый, а живой язык," se traduirait mieux "le slavon n'est pas mort, c'est une langue qui vit". Et l'idée est bien que ce ne sont pas les seuls "quelques savants au crâne pointu" qui l'utilisent et la font vivre, mais bien tout le Peuple de Dieu. Comme je l'ai écrit, cela a été le cas jusqu'au XVIIe siècle et, si ce n'est plus vrai aujourd'hui, l'idée est bien de rendre le slavon à nouveau accessible en agissant sur les deux cotés: simplification de la langue et éducation des croyants...

C'est en tout cas une solution qui semble meilleure que la traduction, même en russe, car toute traduction implique perte de sens (j'en parle en spécialiste...)


10.Posté par vladimir le 06/07/2011 11:34
Bien cher Daniel,
3 précisions

L'Eglise russe n'utilise pas 100% de slavon: je pense que c'est l'Eglise la plus multilingue qui soit, avec des paroisses officiant dans plus de 20 langues... Et je rappelle toujours que les premiers office en français ont été le fait du patriarcat ce Moscou, dans les années 1930, plus de 20 avant que Daru l'accepte! Le russe avait été introduit à titre expérimental dans les années 1990 puis retiré devant la levée de boucliers des fidèles...

Le Bulgare est la langue la plus proche du slavon et la symbiose en est simplifiée.

Тихий signifie bien douce ou tranquille en russe, mais en slavon il contient plutôt une idée de sérénité, de joie paisible; «Тишайший» qualificatif de l'empereur Alexis, se traduit en latin par clementissimus et en français "très gracieux": c'est un magnifique exemple des difficultés de traduction...

11.Posté par Hiéromoine Nicolas le 06/07/2011 13:23
@ Vladimir,
Pardonnez-moi d'insister. Que le slavon soit vénérable, soit ! Qu' il ait pu véhiculer des vérités salutaires, soit ! Que le message qu'il transmet (même si sa compréhension est imparfaite) ait pu nourrir spirituellement des fidèles qui l'ont intériorisé, soit ! Mais qu'il soit une langue qui vit, non. C'est le message qu'il véhicule qui est vivant et vivifiant.
On pourrait dire tout autant du latin qu'il est vénérable, qu'il a pu véhiculer des vérités salutaires qui furent une aide spirituelle dispensée aux fidèles, mais nul ne dirait que le latin est une langue vivante.
Une langue qui vit c'est une langue parlée, et que l'usage qu'on en fait enrichit. Le dictionnaire d'une langue morte peut être enrichi chaque année par quelques savants attachés à lui faire rendre compte d'objets ou de concepts que l'antiquité ne connaissait pas. Le dictionnaire d'une langue qui vit s'augmente non des spéculations ingénieuses de savants, mais de l'examen et de l'enregistrement par ces mêmes savants de mots ou d'expressions nouveaux suscités spontanément par l'usage populaire. Une langue vit parce qu'elle évolue et se régénère d'elle-même au fil de son usage et de ses échanges avec d'autres langues vivantes. Une chose est un être humain qui se développe en agissant en société, autre chose est un cadavre que l'on entretient par la science pour lui donner l'air vivant.
Encore une fois, la tradition orthodoxe consiste à utiliser pour la liturgie la langue vernaculaire, c'est-à-dire, selon les dictionnaires, la langue [actuellement] propre au pays ou à la population.
On peut toutefois comprendre que, pour des raisons pastorales, les changements ne puissent pas être fait dans l'immédiat. L'intervention de l'autorité ecclésiastique, comme toutes les interventions d'autorités, doit être précédée par une évaluation bénéfice-risque, et nous devons accepter que nos hiérarques fassent des choix qui ne seraient pas nécessairement les nôtres puisqu'il ne s'agit pas à d'une question de foi. A quoi cela servirait-il de célébrer en russe, si cela devait créer un schisme ? L'autorité ecclésiastique en ces matières n'a pas à justifier ses choix, mais si elle le fait, qu'elle dise les choses simplement comme elles sont.
Il faut cependant garder en mémoire deux remarques importantes du métropolite Hilarion : 1- puisqu'il est impossible de remplacer le slavon, autant corriger les traductions liturgiques slavonnes en revenant aux originaux grecs et à leur environnement patristique, si cela peut se faire sans risque. 2 - Un effort considérable de catéchèse biblique et patristique est nécessaire dans un proche avenir en Russie pour éclairer le texte liturgique et ses allusions, et pour que la babouchka dans son village de haute montagne sache qui est Sara, Raab, ou Manassé et qu'elle ne soit pas dépaysée lorsqu'on lui parlera d'acédie.
Bon courage dans ces deux domaines.

12.Posté par Hiéromoine Nicolas le 06/07/2011 13:31
@ Daniel,
Veuillez vous reporter aux deux articles de Wikipédia : "Grec démotique" et "Katharévousa". Vous y lirez tout ce qu'il convient de savoir sur le sujet.

13.Posté par vladimir le 06/07/2011 15:49
Cher Père Nicolas bénissez-moi,

Je suis d'accord avec vous dans le cadre de la définition d'une langue vivante en usage chez nous. Je pense que Mgr Hilarion avait autre chose en vue, c'est ce qui apparait dans le texte en russe. Pour lui le slavon vit parce que ceux qui l'utilisent le font vivre. Non, ce n'est pas dans la vie de tous les jours, mais uniquement à l'église... Cette vision était absolument exacte jusqu'au XVIIe siècle, comme je l'ai écrit, où le slavon étant proche du russe des glissements passaient de l'un à l'autre oralement puis rejoignaient les textes copiés à la main. La slavon vivait. Depuis cela me semble moins évident, encore que certains lecteurs modifient volontairement certaines prononciations slavonnes pour les rapprocher du russe. Le slavon n'est pas mort... Et pour moi il s'agit de le rendre à la vie en permettant au peuple de Dieu de se le réapproprier en agissant sur les deux côtés: simplification de la langue et éducation du Peuple...

Je ne trouve l'interprétation que vous donnez in fine un peu réductrice:
1. Mgr Hillarion et le père Cyrille ne parlent pas seulement de corriger des erreurs de traduction, mais surtout de modifications linguistiques: le père Cyrille parle de "potir ou ankira que nous allons remplacer par « patène » et « ancre ». " "La Croix" cite aussi "zhivot , qui désigne « la vie » /en slavon/, mais signfiie « ventre » en russe moderne, serait remplacé par le mot russe jizn, plus adéquat"; Mgr Hollarion parle "d’alléger certains passages concrets, sans détruire la structure d’ensemble du texte slavon"...
2. De même, au delà de l’apprentissage des Écritures, le père Cyrille veut "rendre plus efficaces les méthodes d’enseignement du slavon et ceci à tous les niveaux : écoles, paroisses et séminaires. "

L'entreprise ainsi entreprise est encore plus grandiose que vous ne le pensiez...

14.Posté par Daniel le 06/07/2011 21:47
@ Vladimir

Je parlais de l'Eglise de Russie quand elle célèbre pour des slaves, russes, ukrainiens, bélarusses. Dans ce cas, elle pratique un 100% slavon ou quasi 10t0% slavon. Je rejoins le Père Nicolas : quand on regarde bien, le slavon est un cas à part : c'est la seule langue liturgique qui n'a jamais été une vraie langue vivante. Le latin en a été une, le géorgien ancien aussi... Pour la petite histoire, on peut aussi prier aussi avec ses propres mots... Je m'interroge : les Russes prient-ils alors en russe ou en slavon? Les mots ne viennent-ils pas naturellement dans la langue maternelle?

@ Hiéromoine Nicolas

Merci, je vais consulter Wikipedia

15.Posté par vladimir le 06/07/2011 23:08
Bien cher Daniel,
Vous avez en gros raison sur la prédominance du slavon dans les territoires slaves, mais j'ai parlé des expérimentation du russe et la traduction des textes est en cours au Kazakhstan, ou presque tous les Orthodoxes sont des "russophones", et il doit bien y avoir d'autres exemples de cette évolution; ce n'est donc pas un dogme mais bien une volonté populaire. Vous avez aussi raison, et je l'ai bien mentionné, que le slavon n'a jamais vraiment été une langue "vulgaire", car il a été adapté dès le départ pour les besoins liturgiques. Il n'en a pas moins vécu et était compris par la majorité des croyants. Ce n'est plus le cas actuellement et c'est sur cela que voudrait revenir l'Eglise russe.

Votre question sur la prière individuelle est intéressante: tous les Russes que je connais, et moi même, commencent généralement par réciter un canon de prières en slavon. Ensuite on complète avec ses propres mots dans la langue maternelle (russe ou français selon le cas pour ce qui me concerne). C'est en tout cas comme cela que ma grand-mère m'a appris à prier, C'est aussi cela que nous apprenions chez les scouts russe, en France et en Russie. La prière de Jésus est toujours répétée en slavon... Comme il est bien connu, la piété des Russes a un coté ritualiste, généralement mal compris en Occident, et ce côté transparait aussi dans nos prières personnelles par cet usage du slavon. Il va de soi que, dans ce cas précis, le sens des prières quotidiennes est parfaitement connu... Encore que: j'ai découvert récemment le sens exacte d'un mot que je répétais depuis l'enfance...

16.Posté par Daniel le 08/07/2011 00:10
@ Vladimir

Au Kazakhstan, la population russophone est en décroissance et sera probablement largement noyée dans une masse kazakh à l'avenir. Il devient donc urgent de passer au kazakh... ou d'être en mesure de le faire, ce qui aura aussi l'avantage de ne pas donner l'imporession que l'orthodoxie est "la religion des Russes uniquement"

17.Posté par vladimir le 08/07/2011 09:27
@Daniel,

Vous avez raison... en partie! Le Kazakhstan reconnait une cinquantaine de "langues nationales" sur son territoire et le kazakh, langue nationale, est parlé par un peu plus de 50% alors que le russe, reconnu officiellement comme "langue de communication inter-nations", l'est par 95%... même si les "locuteurs natifs" ne sont plus que 40% environ contre 60% il y a 25 ans...
Comme nous l'avions vu sur un fil dédié (lien), le kazakh est enseigné dans les séminaires et les traductions des textes sont en cours à l'initiative de l’Eglise orthodoxe du Kazakhstan, métropole autonome récente au sein du patriarcat de Moscou (ibidem).

Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile