Guy Duplat
Envoyé spécial au Mont Athos

Le Mont Athos et ses vingt monastères fortifiés sont un lieu unique de beauté et de spiritualité orthodoxe. Mais ils sont “victimes” aussi de la crise grecque

La crise grecque a ses "victimes" collatérales. Début avril, a filtré la lettre rédigée par les vingt monastères du Mont Athos auprès du Premier ministre grec, Georges Papandreou, protestant contre la réforme fiscale qui leur imposerait une taxation de 20 % sur leurs revenus immobiliers alors qu’ils étaient exemptés de toutes taxes depuis plus de mille ans. Ils ajoutent qu’ils regrettent l’arrêt quasi complet des aides européennes à l’impressionnant chantier de rénovation entrepris depuis 25 ans dans ces lieux magiques, le "Tibet de l’Europe".

Pour eux, le gouvernement tenterait même de se "venger" ainsi d’un "scandale" survenu en 2008 quand on accusa les dirigeants du monastère de Vatopédi d’avoir réalisé une trop bonne opération immobilière, engrangeant 16 millions d’euros de gains, grâce, accusa-t-on, leurs bonnes relations avec certains politiciens. Mais rien d’illégal n’a été démontré.

C’était une bonne raison de visiter "la Sainte Montagne", lieu magique, unique au monde, d’une beauté stupéfiante, un coin de la Byzance éternelle et orthodoxe miraculeusement préservé depuis mille ans dans une nature paradisiaque.

Aller au Mont Athos reste délicat. C’est une presque île de 57 km de long et de 7 à 10 km de large, comme un doigt dans la mer Egée qui bénéficie d’un statut juridique particulier, confirmé par l’Union européenne lors de l’adhésion de la Grèce. C’est une république monastique dépendant du patriarche de Constantinople, qui a la liberté de fixer plusieurs règles dont "l’Abaton", édicté en 1045 et qui stipule "qu’aucune créature femelle n’y est admise" (ce qui vaut aussi pour les animaux à l’exception, dit-on, des poules dont les œufs sont nécessaires pour faire les peintures des icônes)

Il faut faire une demande écrite et obtenir un visa spécial pour visiter les monastères (chaque année quelque 100000 pèlerins orthodoxes s’y rendent et quelques "touristes". Il n’y a pas de quotas pour les non-orthodoxes, mais lors de notre visite, nous n’avons rencontré qu’un aquarelliste américain, tous les autres visiteurs -peu nombreux au demeurant- étant des pélèrins macédoniens, roumains, grecs et russes).
.....Suite la Libre.be

Rédigé par L'équipe Rédaction le 18 Mai 2011 à 08:26 | 3 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Tchetnik le 18/05/2011 14:36
Si les mânnes "Européennes" ont été coupées, ce n'est pas plus mal pour la Sainte Montagne.

D'abord parce qu'il est délicat de critiquer une institution tout en acceptant son argent,

Ensuite parce que le Mont Athos retrouvera peut-être son intégrité, sans devoir faire des compromis pour voir ses monastères restaurés.

En effet, l'argent de l'UE ou de l'UNESCO a poussé ces monastères à faire un pacte avec le diable sans s'en apercevoir au début. Ils n'ont compris que trop tard les conséquences de leur acceptation et les exigences de l'UE. Cet argent n'était pas "gratuit".

Pour les propriétés immobiliaières, le Mont Athos en a toujours eu, de par ses relations avec certains Empereurs. Une bonne partie fut confisquée par les Turcs, une autre par les communistes, une troisième nationalisée en 1923. On peut dire aujourd'hui qu'ils n'en ont jamais eu aussi peu, en fait.

Pour l'accès à la Sainte Montagne, les conditions de motivation et de tenue ne sont hélas pas appliquées comme elles le devraient et beaucoup de "pélerins" ne le sont que de nom.

2.Posté par Larissa le 24/05/2011 20:20
GRÈCE : la situation matérielle de l'Eglise orthodoxe en Grèce de plus en plus incertaine

Selon les agences grecques d'informations religieuses, la situation matérielle de l'Eglise en Grèce s'avère de plus en plus incertaine du fait du nouveau plan d'austérité que va imposer le gouvernement d'Athènes, à la demande de la communauté internationale, pour résoudre la crise financière et économique dans laquelle se trouve plongé ce pays depuis plus d'un an. D'après le supplément dominical du quotidien athénien To Vima (édition du 22 mai 2011), le gouvernement entend réduire de moitié la part du budget de l'Etat allouée au paiement des salaires des membres du clergé de l'Eglise de Grèce, qui n'est pas séparée de l'Etat. Le gouvernement souhaite également imposer à toutes les institutions ecclésiales du pays qu'elles transfèrent à la Banque nationale de Grèce les avoirs et comptes bancaires qu'elles ont dans des banques privées, et ce afin de pouvoir mieux contrôler leurs opérations financières. La diminution de moitié de la somme des salaires et pensions pourrait mettre l'Eglise de Grèce dans une situation matérielle critique, a pour sa part déclaré le métropolite Séraphin du Pirée, qui affirme que plusieurs diocèses risquent de se trouver en état de cessation de paiement et dans l'incapacité d'assurer leurs frais courants ou encore de mener à bien leurs programmes sociaux....
Suite SOP

3.Posté par vladimir le 25/05/2011 10:58
La Grèce entière est dans une situation dramatique; les salaires et les pensions baissent provoquant grèves et émeutes... et l'Église représente la 1ère fortune du pays, surtout dans l'immobilier. Il n'est donc pas étonnant que le gouvernement veuille la faire contribuer à l'effort national... et que celle-ci cherche à garder ses moyens d'action d'autant plus nécessaires que le besoin d'aides sociales s'accroit d'autant que l'engagement public recule.

Situation très complexe est impossible à juger de l'extérieur!

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