Mgr Hilarion de Volokolamsk au Vatican
V.G.
Plusieurs brèves sur le site MOSPAT rendent comptes des différents entretiens du chef du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou. Elles montrent que les relations entre les deux Eglises s'approfondissent et embrassent un champ très large:

- L'entretien avec le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, les interlocuteurs ont discuté des perspectives de coopération entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe russe dans le domaine de la défense des chrétiens et de la lutte contre la christianophobie. Ils ont également évoqué les résultats de la collaboration entre orthodoxes et catholiques dans le cadre de la Commission mixte pour le dialogue théologique entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique, ainsi que les contacts dans la sphère de l’enseignement.ICI

- A l’organisation internationale caritative et pacificatrice « Communauté de Sant’Egidio ». L’accent a été particulièrement mis sur l’importance d’initiatives communes dans le domaine de la défense et de la conservation de l’héritage chrétien de l’Europe, ainsi que dans la sphère de la résistance aux manifestations de christianophobie dans différents pays du monde.L’importance de la participation de délégations de l’Église orthodoxe russe aux rencontres interreligieuses internationales organisées chaque année par la Communauté Sant’Egidio a été soulignée et les participants de la rencontre ont échangé leurs avis sur les formes possibles de développement des relations entre l’Église orthodoxe russe et la Conférence épiscopale italienne, différents diocèses italiens en particulier et la Communauté Sant’Egidio. Ils ont discuté de possibles projets communs dans le domaine de la culture et de l’enseignement.ICI

- Avec le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la culture, le métropolite Hilarion a évoqué les évènements organisés en commun dans le cadre de l’Année de la culture russe en Italie et de la culture italienne en Russie. Les membres de la rencontre ont constaté que l’une de leurs orientations prioritaires était la collaboration dans le domaine de l’enseignement théologique et Mgr Hilarion a parlé de l’état actuel et des projets de développement de l’École doctorale Saints-Cyrille-et-Méthode de l’Église orthodoxe russe à la demande du cardinal Ravasi, le métropolite. ICI

- Enfin lors de la réception du métropolite par le pape Benoît XVI à Castel Gandolfo, résidence d’été des pontifes romains, les interlocuteurs ont abordé un vaste ensemble de questions concernant les relations bilatérales entre l’Église catholique romaine et le Patriarcat de Moscou. ICI

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 3 Octobre 2011 à 16:28 | 13 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Daniel le 04/10/2011 21:02
Sur Youtube, une vidéo de la rencontre qui en dit long :

2.Posté par Marie Genko le 04/10/2011 21:42
Cher Daniel,

Comment pensez-vous que nous puissions témoigner notre foi orthodoxe auprès de Catholiques si nous ne leur adressons pas la parole?
Pour moi, le dialogue avec les Catholiques est nécessaire!
Depuis le schisme de 1054 le christianisme en Occident n'a cessé de s'éloigner de la Vérité que nous ont laissée les apôtres.
Mais si, pour chacun de nous, notre Foi orthodoxe est solide et véritable, ne devons nous pas agir de toutes nos forces pour aider ces malheureux Catholiques à sortir de leurs erreurs avant que le christianisme ne disparaisse totalement en Europe occidentale?

Il ne s'agit pas de convertir les catholiques à l'orthodoxie russe ou grecque ou roumaine, mais de les aider à retrouver leur propre orthodoxie de rite occidental latin!

Car nous ne devons pas oublier qu'ils ont eu mille ans d'orthodoxie derrière eux!

Au Xème siècle, lorsque Saint Vladimir a baptisé son peuple dans le Dniepr, les Occidentaux étaient des chrétiens orthodoxes depuis belle lurette, depuis les tous premiers siècles du christianisme!

Tandis que les Russes adoraient encore le Dieu Peroun!

En fait vous savez probablement que c'est l'hérésie d'Arius qui a poussé Charlemagne à imposer l'hérétique "filioque" dans son empire d'Occident!
Ensuite ce furent la volonté de suprématie de l'évêque de Rome autant que cette même volonté de suprématie de la part de celui de Constantinople qui ont créé ce schisme dramatique!
Pourquoi n'a-ton pas réuni aussitôt un concile?
Ce schisme a été dramatique pour toute le chrétienté, puisque Rome a versé dans l'hérésie et a tant et si bien fait qu'elle a provoqué la révolte protestante, les guerres de religions etc etc.
Comment peut-on s'égorger au nom du Christ!
Combien de sang chrétien a été versé!
Notre responsabilité, car nous en avons certainement une, a été de ne pas avoir su empêcher tout cela, de ne pas avoir réussi à persuader l'Eglise toute entière de la nécessité de convoquer un concile pour trancher ces différents!
Alors aujourd'hui, lorsque nous voyons ce malheureux christianisme occidental dépérir, ne devons nous pas témoigner de la Vérité de notre Orthodoxie???
Je ne peux que répéter: "Comment témoigner, si on ne se parle pas?"
Je suis un partisan convaincu d'un œcuménisme à sens unique, c'est à dire, sans concession aucune!

Mais, nous ne pouvons pas vivre ici en Occident et voir nos enfants se laisser absorber par un christianisme dévié, qui a perdu tout charisme!
Deux de mes fils ont épousé des Catholiques et si l'un a obtenu le baptême de son enfant en Orthodoxie, l'autre a du s'incliner devant un baptême catholique !

Alors je ne souhaite qu'une seule chose c'est que les Catholiques retrouvent l'élan apostolique qui a été le leur, qu'ils retrouvent la pureté de l'orthodoxie qui a été la leur!

Avec toute mon amitié Marie

3.Posté par Daniel le 05/10/2011 00:14
@ Marie

J'ai juste posté une vidéo... Je suis choqué comme certains commentateurs de cette vidéo sur youtube.com, par le fait d'embrasser la main d'un clerc non orthodoxe et donc dépourvu du succession apostolique (comme le rappelle un commentateur de Moinillon.net) la succession apostolique du clerc fait qu'on embrasse sa main. L'embrassage de la bague du pape n'est par ailleurs obligatoire que pour les catholiques. Moralité, cette embrassade de main avec un air très obséquieux (2 fois pour certains!!) n'apportera rien de plus au dialogue, d'ailleurs statique, orthodoxe-catholique, mais scandalisera les fidèles orthodoxes, tout en apportant de l'eau au moulin des orthodoxes traditionnalistes (vieux calendéristes, églises russes des catacombes) qui s'en serviront comme preuve de l'apostasise de l'orthodoxie officielle... La vidéo est déjà sur Portal-Credo!! Elle a été vue par 10 000 personnes... Ces embrassades de main sont du plus mauvais effet et ne servent pas l'église orthodoxe... Un peu de sobriété dans ces rencontres seraient la bienvenue...



La vidéo a déjà été vue près de 11 000 fois

4.Posté par Marie Genko le 05/10/2011 10:25
Cher Daniel,

Dans la mesure où vous êtes choqué, vous avez raison de le dire.
Il est certain que vous n'êtes pas le seul à l'être, et j'ai entendu avec horreur, il n'y a pas si longtemps un clerc de l'Eglise russe (que je ne nommerai pas) me dire, qu'en Russie les traditionalistes sont prêts au schisme!!!!!!!
Je pense que les hierarques de toutes les Eglises orthodoxes devraient prendre en compte la sensibilité des plus conservateurs.
Peut-être suffirait-il simplement qu'il expliquent clairement "LE POURQUOI" d'un signe de respect qu'ils jugent nécessaire envers le Pape Benoît XVI.

A titre personnel, je peux vous dire, que si je pensais un instant que ces signes de respect peuvent aider au retour des Catholiques à leur foi orthodoxe, mais cher Daniel, je n'hésiterais pas à supplier le métropolite Hilarion de se prosterner devant le Pape!!!

En fait de prosternation (surtout pas de malentendu), je voulais évidemment dire toucher terre comme nous le faisons devant les évêques!
Avec toute mon amitié Marie

5.Posté par Féodoroff le 05/10/2011 12:41
Permettez moi, Mme Genko, de déplacer la discussion sur un plan historique.Avant le schisme de 1064 il n’était question ni d'orthodoxie, ni de catholicisme, mais de chrétienté. D'ailleurs notre Église s'appelle toujours " Catholique Orthodoxe " contrairement à l’Église d'Occident qui n'a conservé que le deuxième adjectif.Mais c'est surtout l'esprit- plus que la forme- qui a différencié les deux pôles de la Chrétienté : plus spirituel et contemplatif en Orient, plus pragmatique et temporel en Occident. Les premières hérésies -après les ariens et les monophysites sont apparues en Espagne au VII s. le Filioque qui est toujours en vigueur Quant à la Rus, si elle a été baptisée officiellement au X ème s.
elle l’était en réalité depuis fort longtemps de part ses nombreux contacts avec Byzance.L'Apotre André
a visité la Crimée où demeuraient de nombreux Rus et a fondé là les premiers foyers de la Chrétienté en terre russe. Cela est attesté par de nombreuses découvertes archéologiques autant que par la tradition.

6.Posté par Marie Genko le 05/10/2011 20:09
@ A. Féodoroff,

Merci beaucoup pour ces précisions.
Je pense aussi que l'esprit chez les Occidentaux, je veux dire dans l'Eglise occidentale, est très différent du notre.
Et c'est certainement en partie à cause de la rigidité de ses règles que l'Eglise occidentale connaît tant de difficultés aujourd'hui.
Mais lorsque la foi a dévié de la Vérité des apôtres et de l'Unité vivifiante de l'Eglise dans son universalité, il n'y a rien d'étonnant à ce que petit à petit les choses se dégradent!
Si l'Eglise était encore UNE aujourd'hui, s'il n'y avait plus qu'une seule famille de chrétiens! Comme nous serions forts et dynamiques!
Terminé les querelles de clocher, les procès pour la possession des églises...

Peut-être pourrions nous espérer voir ce jour là arriver le Règne de Dieu!

7.Posté par vladimir le 07/10/2011 22:50
Je voudrais rappeler que, dans les "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie", document officiellement adopté par le concile épiscopal de 2000 et confirmé par le concile local de 2009, l'Eglise russe proclame:

" Le dialogue avec l'Église catholique romaine est fondé et doit rester fondé à l'avenir sur LE MAINTIEN DE LA SUCCESSION APOSTOLIQUE DES ORDINATIONS. En même temps il apparaît indispensable de prendre en considération le caractère du développement des bases doctrinales et de l'ethos de l'Église catholique romaine qui va assez souvent à l'encontre de la Tradition et de l'expérience spirituelle de l'Église Ancienne." (1) "C'est un des rares documents, sinon le seul au caractère conciliaire, qui distingue ainsi l'Eglise romaine des autres communautés et lui reconnaît l'attribut principal de l'Eglise du Christ, la succession apostolique, dont l'importance a été soulignée dans les premiers paragraphes du document" écrit dans son compte-rendu de ce document le Métropolite Philarte de Minsk (ibidem 1)

Comme le souligne un commentateur de Moinillon.net repris par Daniel la succession apostolique du clerc fait qu'on embrasse sa main; il est donc normal que le représentant de l'Eglise russe confirme en action sa doctrine officielle.

Par ailleurs, bien cher Féodoroff, je ne saurais trop recommander de relire les conclusions de la "Déclaration commune de la Commission théologique orthodoxe-catholique d’Amérique du Nord Saint" (25 octobre 2003) qui dit:
"3. Que dans l’avenir, en raison des progrès faits dans la compréhension réciproque durant les dernières décennies, les orthodoxes et les catholiques s’abstiennent d’étiqueter comme hérétiques les traditions les unes des autres sur la procession du Saint-Esprit;" (http://www.scoba.us/assets/files/FilioqueStatement-FR.pdf)

Et je fais mienne la conclusion de ce document: "Nous prions pour que la compréhension qu’ont nos Églises de l’Esprit cesse d’être pour nous un scandale ou un obstacle à l’unité dans le Christ. Puisse l’unique vérité vers laquelle l’Esprit Saint nous conduit, être vraiment un « lien de la paix » (Eph 4, 3), pour nous et pour tous les chrétiens."

(1)Cf. http://orthodoxeurope.org/page/14/1.aspx, Annexe, "Histoire et spécificité des dialogues théologiques avec l'hétérodoxie, "Relations avec l'Église catholique romaine"; c'est moi qui ai mis les majuscules


8.Posté par Daniel le 10/10/2011 00:27
Comme je l'ai rappelé les "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie", sont bien évidemment entâchés d'erreurs car en dehors des l'Eglise orthodoxe, il n'y a pas de succession apostolique que ce soit chez les hérétiques, les schismatiques ou les membres des parasynagogues, les 2 derniers ayant pourtant une foi orthodoxe. C'est dit dans le canon 1 de Saint Basile validé par les conciles oecuméniques. C'est ennuyeux car je pense qu'à une époque, vers 1622 ou 1612, un concile en Russie décidait de recevoir les catholiques par le baptême, indice qu'on faisait peu de cas de leur succession apostolique. Il faudrait arrêter de faire la girouette

Vladimir, prenez garde à ne pas tomber dans l'erreur de "l'officialisme" qui veut qu'une chose est vraie car elle est dite par une instance "officielle". De quel côté auriez-vous été après le Concile de Florence? Dans l'orthodoxie, il n'y a pas d'instance officielle, il y a juste la vérité et ce qui n'est pas la vérité...

9.Posté par vladimir le 10/10/2011 09:59
Bien cher Daniel,

Qui suis-je pour décider si une chose est vraie? En l’occurrence, je pense que si un Concile local décide, sa décision s'impose à l'Eglise considérée (dont je fais partie) et il est logique que ses représentants officiels s'y tiennent.

Pour Florence, comme vous savez, c'est le prince de Moscou Vassili III qui refusa l’union en 1441, destitua le métropolite de Moscou, Isidore de Kiev, et en profita pour libérer l’Église russe de la tutelle de Constantinople où l'union fut proclamée en 1452 (elle ne fut remise en cause qu'après la conquête turque!)

Et pour ce qui est du dialogue avec les Catholiques, qui recommande d'éviter l'emploi intempestif des mots "hérésie" et "hérétique", il a été approuvé par toutes les Eglises canoniques, comme le rappelait encore l'Encyclique patriarcale et synodale
pour le dimanche de l’orthodoxie du patriarcat de Constantinople 
(21 février 2010): "... le Patriarcat œcuménique, avec l’accord et la participation de toutes les Églises orthodoxes locales, depuis plusieurs décennies, est engagée à l’échelon panorthodoxe dans des dialogues théologiques officiels avec les plus importantes Églises et les confessions chrétiennes. Le but de ces dialogues est de discuter dans un esprit d’amour tout ce qui sépare les chrétiens, tant dans leur foi que dans l’organisation et la vie de l’Église. " (Cf. texte complet sur http://www.ec-patr.org/docdisplay.php?lang=gr&id=1168&tla=fr).

10.Posté par Daniel le 10/10/2011 22:13
@ Vladimir (message 9)

Donc si je suis votre logique quand vous dites : " En l’occurrence, je pense que si un Concile local décide, sa décision s'impose à l'Eglise considérée (dont je fais partie) et il est logique que ses représentants officiels s'y tiennent. ", cela veut dire que concrètement

1° Lors de l'affaire de Florence, si vous aviez vécu à Constantinople lors du concile de Ferrare-Florence, vous auriez soutenu la décision d'union traitant de Marc d'Ephèse de schismatique

2° Quand les évêques d'Ukraine passèrent à l'uniatisme, vous les auriez suivi plutôt que de rejoindre les fraternités orthodoxes sans évêque

3° Quand Saint Maxime était le seul à condamner le monothélisme, qu'auriez-vous fait?

Je pose ces questions car une décision d'un concile n'est pas juste en soi mais si elle confirme la foi orthodoxe. Le peuple orthodoxe est aussi appelé peuple royal qui peut et doit défendre la foi orthodoxe. Je pense que cela ne veut pas dire que la légitimité réside dans le peuple ou dans un concile comme si l'on était dans une sorte de régime parlementaire avec à la base, la vox populi. Je pense que la réalité de l'église est très difficilement perceptible et difficile à dire. Réduire la légitimité d'une chose au fait qu'elle soit approuvée par un concile et par la majorité du peuple est bien évidemment erroné car on a bien des cas où dans leur majorité, le peuple et le concile ont erré. Des églises locales sont ainsi tombée dans l'hérésie : latin, copte, arméniens etc. Et lors de la crise monothélite, les orthodoxes étaient ultra-minoritaires, avec peu d'évêques, mais pourtant, ils étaient l'Eglise.

A mon avis, le seul critère est cette règle de Saint Vincent de Lérins qui établit la légitimité d'une chose : "ce qui a toujours été cru en tout lieu et en tout temps" (ma citation est incorrecte). C'est pour ma part le règle que je me fixe...

11.Posté par vladimir le 11/10/2011 15:29
Bien cher Daniel,

Comme toujours vous posez la bonne question et vous y apportez une réponse intéressante et documentée.

UNE QUESTION QUI DIVISE L'EGLISE: Je pense que chacun doit y réfléchir d'autant que, comme je l'avais souligné précédemment (1), c'est une question qui divise l'Eglise au point qu'un risque de schisme au sein de l’Église orthodoxe est évoqué (ibidem). Le risque est très réel quand on voit la différence des positions sur cette question entre l'ensemble des dirigeants de toutes les Eglises (qualifié de "hiérarques et théologiens œcuménistes", dans la " «Confession de foi contre l’œcuménisme»") et la grande masse des fidèles et clercs de terrain, dont l'Église russe est un bon exemple (ibidem). Je partage personnellement la position favorable au dialogue, car je pense que cela correspond le mieux à la volonté de Dieu: "Que tous soient unis", mais je pense aussi qu'on ne peut négliger l'opinion de cette masse de croyants en les qualifiants de "Zélotes". Je suis en effet bien d'accord que c'est le Peuple de Dieu qui garde la Vérité que les évêques proclament. En l'occurrence le Peuple est partagé et a été partagé "en tout lieu et en tout temps"…

Je trouve personnellement que la formulation concernant la continuité apostolique est juste et équilibrée parce que je crois à la réalité de la grâce transmise par les ordinations depuis la Pentecôte et que, pour moi, les entorses catholiques à la Tradition et à l'expérience spirituelle de l'Église Ancienne, expressément soulignées, ne suffisent pas à l'annuler. Bien entendu, je changerai d'opinion si le Saint Esprit m'indique que je suis dans l'erreur: je considère qu'une décision conciliaire est toujours inspirée … jusqu'à ce qu'elle ait été prouvée erronée! Et puis il y a dans l'Orthodoxie un devoir d'obéissance et de modestie: n'est-ce pas orgueil que se croire meilleure "docteur de la foi" que les évêques? N'est ce pas désobéir?

LE CONCILE DE FLORENCE a été rejeté à postériori, en particulier par les conciles de Constantinople de 1454 et 1484, mais sur le moment la situation était curieuse. En effet, en dehors de saint Marc, dont le diocèse d’Éphèse était dominé par les Turcs depuis 1304, tous les évêques signèrent l'Union. Il a fallu l'intervention du pouvoir séculier, le prince Vassili III pour l'Eglise russe, le Sultan Mohamed II (!) pour les autres Eglises, toutes sous domination ottomane (!), pour que cette Union soit rejetée par l'ensemble de l'Orthodoxie. Ne peut-on y voir avant tout une volonté politique évidente? J'ai bien du mal à vous dire maintenant quelle aurait été alors ma position car il est vraiment impossible de se replacer dans ce contexte!

Au plaisir renouvelé de vous lire: voilà au moins un échange digne de "Parlons d'Orthodoxie"!

(1) lien:

12.Posté par Daniel le 12/10/2011 00:01
@ Vladimir (message 11)

Sur les circonstances historiques du concile de Florence, je voudrais préciser certaines choses en laissant le soin à des personnes plus doctes que moi de me corriger.

Au sujet des interventions du pouvoir politique. Le concile en lui-même comme celui de Lyon résulte d'interventions politiques de l'empereur byzantin visant à parvenir à tout prix à une union pour des raisons politiques : obtenir un soutien contre les ottomans.

Lors du conciles, les églises orthodoxes suivantes sont autocéphales :

- Patriarcat de Constantinople (où une majorité d'évêques acceptent le concile)
- Patriarcat d'Antioche (envoit-il des représentants et quelle est sa posture?)
- Patriarcat d'Alexandrie (envoit-il des représentants et quelle est sa posture?)
- Patriarcat ou Catholicossat de Géorgie qui envoit des représentants qui refusent les décisions du concile
- Eglise de Serbie et Eglise de Bulgarie qui à ma connaissance n'ont pas accepté les décisions du concile

Ces 3 dernières églises n'étaient pas sous domination musulmane à l'époque des faits.

Si l'on s'en tient à votre position sur l'inspiration des conciles, on est forcément embêté car on a deux décisions contradictoires, à première vue... Laquelle suivre? Le chemin est à mon sens donné par ceux qui ont rejeté le concile dès le début et sans être évêque forcément. A Constantinople, les anti-unionistes n'étaient plus en communion avec les unionistes et ne célébraient plus avec eux, considérant que les unionistes étaient hors de l'église orthodoxe et apostats. Une assemblée d'évêques, pour être dite inspirée doit au minimum confesser la foi orthodoxe de depuis toujours et qui ne change pas. Cette confession de foi orthodoxe fait salégitimité et non le fait d'être évêque et même d'être une majorité d'évêques

Si la confession de foi n'est plus orthodoxe, pourquoi les fidèles suivraient-ils les évêques également en leurs erreurs? C'est tout de même l'enseignement d'un grand nombre de confesseurs. L'appel à la modestie et l'obéissance est trop souvent utilisé à tort pour faire taire la conscience des gens.

C'est le sens du canon 15 de Prime-Second

Car ceux qui pour la raison d'une hérésie condamnée par les saints synodes ou par les Pères, s'écartent de la communion de leur supérieur hiérarchique, à condition que celui-ci prêche publiquement l'hérésie et l'enseigne tête découverte du haut de l'ambon à l'église, ceux-là, non seulement ils ne seront pas sujets à la peine canonique, en se défendant de communier avec le prétendu évêque avant l'instruction de sa cause par un tribunal d'évêques, mais même ils auront les honneurs dus aux défenseurs de l'orthodoxie; car ils ne condamnèrent pas des évêques, mais des faux évêques et des faux docteurs et ils ne déchirèrent pas l'unité de l'Église par des schismes, mais au contraire ils s'efforcèrent de préserver l'Église de schismes et de divisions.

13.Posté par Marie Genko le 12/10/2011 09:40
Cher Daniel,

Merci pour cette luminueuse explication!
Peut-être serait-il possible d'ajouter, que nous devons aussi tenir compte des fruits engendrés par les démarches hérétiques!

Lorsque nous constatons l'absence d'amour fraternel dans notre diocèse et l'apparition d'interminables disputes, nous ne pouvons qu'interroger nos consciences et nous ranger derrière ceux qui invitent le peuple de Dieu à la Paix!

Merci aussi à vous, Vladimir, pour tous les détails que vous nous donnez!
Je pense, comme vous, que le dialogue avec les hétérodoxes est nécessaire!
Simplement, comme Daniel, je suis indéfectiblement attachée à ma confession de foi orthodoxe!

Merci à tous le deux pour ce passionnnant échange!
Avec toute mon amitié Marie


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