Par Mustafa Canka
Traduit par Persa Aligrudic

Il y a trois siècles, sur le littoral monténégrin, on recensait pas moins de 17 églises à double autel, l’un catholique l’autre orthodoxe. Actuellement il n’en reste plus qu’une, l’église Saint-Ćekle de Sutomore, près de Bar. Par contre, un « oecuménisme populaire » et naturel continue d’irriguer la vie quotidienne : par exemple, des liens de parenté spirituelle unissent souvent des catholiques et des orthodoxes...

L’église saint Ćekle (saint Thècle) de Sutomore date du XIVe siècle et appartient au type d’édifices sépulcraux à une nef construits en pierre taillée. Près de l’iconostase et de la table d’autel orthodoxe, dans l’allée ouest adossé au mur sud, se trouve aussi un autel catholique.« C’est l’église à deux autels la plus importante non seulement au Monténégro mais dans les Balkans et ailleurs, et la cohabitation entre les deux confessions chrétiennes fonctionne parfaitement. Il est intéressant de noter que l’église a été restaurée en commun accord avec les représentants des deux confessions, il y a quelques années.

Le Conseil pour la restauration était formé de cinq orthodoxes et de cinq catholiques. Ils ont consulté une autre église et procédé ensemble à sa restauration et à tout ce qui l’entoure, les allées et le cimetière. Cette église est un véritable exemple de la manière dont on peut cohabiter si on le désire vraiment », estime Željko Milović, un journaliste basé à Bar.
Non loin, se trouve l’église Saint-Petka qui abritait aussi deux autels jusqu’en 1995. Il y a quatre ans, une décision de justice a ordinné de rétablir l’autel catholique. Il reste à espérer que l’église, comme dans le passé, sera utilisée par les deux confessions.

Une multitude d’exemples de cohabitation religieuse

Les rapports réguliers rédigés par les archevêques de Bar suite aux visites canoniques indiquent une multitude d’exemples de cohabitation chrétienne pratique dans la région. Ainsi, en 1750, l’archevêque Lazar Vladanji mentionne que les catholiques assistent aux liturgies orthodoxes et communient ensemble, les orthodoxes assistent aux messes catholiques, les mariages sont mixtes et les processions se font en commun. L’archevêque Vladanji souligne qu’il arrivait souvent, lors du décès d’un orthodoxe, d’appeler le prêtre catholique et inversement.
Dans les Bouches de Kotor, il était également fréquent que les orthodoxes et les catholiques utilisent la même église. À la fin du XVIIIe siècle, on comptait huit églises à double autels orthodoxe et catholique dans les Bouches. L’histoire de l’église Saint-Lucas de Kotor est particulièrement intéressante. Construite au XIIe siècle, elle fonctionne comme une église catholique jusqu’en 1648, et devient orthodoxe en 1657. Or, il restait encore quatre autels catholiques en 1810, quand le dernier a été retiré sur l’autorisation du maréchal français Marmont...
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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 2 Avril 2012 à 22:38 | 34 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Daniel le 03/04/2012 13:06
Cela tient surtout à l'influence vénitienne. Ces territoires littoraux ont été vénitiens durant longtemps, de là un afffaiblissement de la conscience orthodoxe. Les mêmes phénomènes étaient observées dans les îles grecques sous contrôle vénitiens, et d'ailleurs condamnés par les kollyvades qui dénonçaient la confusion ainsi créée.

2.Posté par Vladimir le 04/04/2012 12:00
Je trouve ces exemples de bonne entente entre Orthodoxes et Catholiques tout à fait remarquables. Il y a aussi quelques exemples chez nous où les deux confessions partagent un lieu de culte, par exemple à Saintines (cf. lien).

3.Posté par Daniel le 04/04/2012 12:37
Je suis pour la bonne entente mais là, en l'espèce, il y a (eu) des dépassements de bornes à savoir : communions communes, processions communes, usage d'un autel commun, usage d'un bâtiment en commun...

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4.Posté par Justine le 04/04/2012 15:14
C'est à ce genre d'hybris qu'aboutit l'ignorance théologique, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle les œcuménistes s'attachent à priver, sous divers prétextes apparemment "bons", le peuple de Dieu de catéchèse orthodoxe véritable et de le maintenir dans cette ignorance, une fois qu'ils l'y ont parqué. Ainsi leur œuvre destructrice en matière de conscience orthodoxe et de fidélité à la Sainte Tradition et aux Saints Peres peut se dérouler sans obstacle et sans que les croyants eux-mêmes ne s'en rendent compte. Un seul nom pour ces méthodes: perfidie. Mais Il vit, Dieu! Croyez-vous que c'est par hasard que le Monténégro est à présent livré à l'islamisation totale et que les orthodoxes vont en être chassés sous peu?

5.Posté par Vladimir le 04/04/2012 16:57
Ce que je trouve de passionnant dans cet exemple, c'est que voilà une cohabitation et un partage de valeurs qui dure depuis plusieurs siècles et est donc sanctifié par cette tradition multiséculaire. Je n'ai d'ailleurs jamais entendu aucune voix autorisée le condamner; en particulier Saint Nicolas de Jitcha, qui appartenait à la même Eglise dans un diocèse voisin, n'y a rien trouvé à redire...

La répartition des religions d'après le recensement de 2003 donne: Orthodoxes 74.2%, Musulmans 17.7%, Catholiques 3.5%. Ces proportions ne semblent pas avoir varié depuis l'indépendance et il ne semble pas y avoir d'hostilité inter-religieuse malgré les conflits voisins. En particulier les réfugiés musulmans du Kosovo semblent être rentrés chez eux alors que des Serbes orthodoxes sont arrivés en grand nombre. L'affirmation de Justine me semble donc totalement dénuée de fondement.

6.Posté par Justine le 04/04/2012 21:57
Vous parlez des recensements de 2003. Aujourd'hui les musulmans representent 25 % et l'evolution se poursuit de maniere acceleree, conformement a la strategie islamique aux Balkans. Quant a la position de Saint Nikolaj au regard des heterodoxes, elle est bien connue et ne ressemble en rien a ce que vous semblez sous-entendre.

7.Posté par Daniel le 04/04/2012 22:20
Une tradition est légitime, pas parce qu'elle est multiséculaire mais parce qu'elle est juste. Sur ces pratiques, comme guide, nous avons aussi les canons de l'Eglise orthodoxe au passage... qu'il suffit de lire un tantinet sur la question ainsi que leur interprétation.

Les phénomènes décrits, comme je l'indiquais, se déroulaient dans les îles grecques sous contrôle vénitien... notamment Corfou... Le clergé orthodoxe assistait même... aux processions du Saint Sacrement (sic), c'est dire le degré de confusionnisme. En Grèce, il y a un écrit de Saint Maxime le Grec contre ces pratiques intitulé en grec "“Ta sphalmata kai aitiamata ton Kerkyraion egoun Koryphiaton di ha autous apostrephometha” soit " Les erreurs et fautes des habitants de Corcyrée et de Corfou à cause desquels nous les détestons". Ce texte est disponible en français dans le livre de E. Denisoff, Maxime le Grec et L’Occident (Paris: Descle de Brouwer, 1943; pp. 440-444), pour ceux qui l'auraient.

Pour la situation politique du Monténégro, cela semble calme, mais il faut être naïf pour ne pas avoir remarqué la stratégie de constitution de zone musulmane dans les Balkans : Bosnie, Kosovo, région albanophone de Macédoine, Sandjak en Serbie... avec la bénédiction des Etats-Unis... qui n'aiment pas l'orthodoxie...

8.Posté par Justine le 05/04/2012 10:11
Et il faut ajouter à cela la persécution dont l'Eglise Orthodoxe Serbe fait objet aujourd'hui au Monténégro, car le gouvernement nationaliste monténégrin a décidé que les Serbes sont des "étrangers" et ont besoin de permis de séjour, lequel risque d'être refusé notamment aussi aux moines et moniales serbes au Monténégro. Plusieurs dizaines de prêtres serbes ont déjà été expulsés, et aux dernières nouvelles, les autorités exigent de l'Eglise Serbe, dont elles veulent confisquer la totalité de propriété foncière au profit de l'Eglise Orthodoxe Monténégrine non-canonique, de soumettre une requête d'enregistrement comme organisation religieuse officiellement admise. Le Metropolite Amfilohije lui-même est persécuté juridiquement dans son diocèse monténégrin. Je me demande donc ou il y aurait du "calme". Le seul "calme" est le voile de silence des medias internationaux, au service des groupes d'intérêts qu'on sait, sur ce qui se passe en réalité.

9.Posté par Justine le 05/04/2012 10:27
Pour le reste, évidemment, je suis tout a fait d'accord avec Daniel qui mérite notre gratitude pour ses prises de position équilibrées et ses repères bibliographiques.

10.Posté par Larissa le 05/04/2012 16:59
Католики Святой Земли в следующем году перейдут на пасхалию восточной традиции и будут праздновать Пасху в один день с православными, сообщает Благовест-Инфо.

Переход на восточную пасхалию вызван желанием укрепить экуменические связи между католиками и православными, пояснил глава Францисканской кустодии Святой Земли священник Пьербаттиста Пиццабалла.
Он также отметил, что на Святой Земле часто члены одной семьи принадлежат к разным христианским конфессиям, и шаг Католической Церкви дает им возможность встретить главный христианский праздник вместе с родными.
Реформа не затронет главные базилики Иерусалима и Вифлеема, куда каждый год приезжают тысячи паломников с Запада.

11.Posté par Vladimir le 05/04/2012 18:23
Merci Daniel pour ces précisons. Je n'ai pas le livre en question et je ne sais donc pas quelles sont exactement les pratiques dénoncées par saint Maxime mais, comme le précise le titre, il s'agit de Corcyre ou Corfou (de l'italien : Corfù, en grec : Κέρκυρα / Kérkyra, grec ancien Κέρκυρα ou Κόρκυρα, latin : Corcyra) et non de la côte Dalmate dont saint Maxime n'aurait donc pas jugé utile de parler.

Chère Justine,
Je suis désolé du manque total de sources dans vos messages: d'où tenez-vous ces curieuses informations concernant les musulmans au Monténégro? D'après le recensement de 2011, ils étaient 118 477 (+8 433 sur 2003) soit 19,1% (+ 1,4%) (1). De même je serais très intéressé à connaitre la position de Saint Nicolas sur ce sujet…

La situation de l'Eglise orthodoxe au Monténégro est un autre sujet qui a fait l'objet d'un article suivi de plusieurs commentaires lors de la visite en Serbie et Monténégro de Mgr Hilarion de Volokolamsk en juillet dernier (2).
En janvier dernier, le patriarche de Moscou Cyrille en a parlé dans une interview: "L’histoire montre que lorsque des forces politiques tentent d’exercer des pressions sur l’Église dans le but de modifier son organisation canonique, cela ne donne rien de bon.
Heureusement, il y a suffisamment d’hommes politiques raisonnables au Monténégro qui le comprennent. En février 2009, j’ai rencontré Filip Vujanović, le président de la République du Monténégro. Je me souviens que durant notre rencontre M. Vujanović avait dit que la métropole du Littoral était pour lui le seul institut canonique orthodoxe au Monténégro. Il avait souligné combien il importait que la métropole s’occupe à la fois de la pastorale des Serbes et des Monténégrins. Pour toutes les Églises orthodoxes locales, le Monténégro fait partie du territoire canonique du Patriarcat de Serbie et les politiques devraient respecter cette conviction commune à tous les orthodoxes." (3).
Le 29 février dernier, "Pravmir" rend compte d'un appel des hiérarques et prêtres du diocèse métropolitain du Monténégro et du Littoral de l’Église orthodoxe serbe qui considèrent qu’il est indispensable d’adopter une nouvelle loi au Monténégro au sujet de la liberté religieuse (4).


(1) http://www.monstat.org/userfiles/file/popis2011/saopstenje/saopstenje%281%29.pdf pages 14-15
(2) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Visite-en-Serbie-et-Montenegro-de-Mgr-Hilarion-de-Volokolamsk_a1800.html
(3) http://www.mospat.ru/fr/2012/01/29/news57353/
(4) Traduction Orthodoxie.com sur: http://www.orthodoxie.com/2012/03/appel-de-l%C3%A9glise-orthodoxe-au-mont%C3%A9n%C3%A9gro-en-faveur-de-la-libert%C3%A9-religieuse-de-ses-membres.html

12.Posté par Daniel le 05/04/2012 23:55
@ Vladimir


Je n'ai pas le livre non plus qui n'est présent que dans de rares bibliothèques en France et en accès pas toujours aisé. J'ignore si Saint Maxime avait connaissance de ce qui se passait en Dalmatie mais les faits décrits dans l'article m'ont immédiatement fait penser à la situation des îles grecques véntiennes dont Kallistos Ware parle dans son livre "L'orthodoxie". Kallistos Ware y indique la participation de clergé orthodoxe aux processions catholiques, en oubliant étrangement de préciser que cette participation a été condamné par Saint Maxime le Grec et les Kollyvades. Pourtant Kallistos Ware aurait été bien au courant de cela car le livre Maxime le Grec et L’Occident (Paris: Descle de Brouwer, 1943; pp. 440-444) ferait partie de la bibliographie de l'ouvrage de Kallistos Ware.

Je m'exprime au conditionnel car je ne dispose plus de l'ouvrage de Kallistos Ware, quid 'ailleurs pose un certain nombre de problèmes dans ses éditions les plus récentes où il s'oriente vers l'oecuméniquement correct.

13.Posté par justine le 06/04/2012 16:10
Vladimir réclame des sources pour l'islamisation des Balcans: l'Internet est à votre disposition. Cherchez sous les mots-clés "Islam et Balkans" ou "Musulmans aux Balkans" et vous trouverez un tas de sources. Mais il y a aussi la réalité historique. Le Kossovo qui jusqu'à il y a quelques décennies était une terre orthodoxe, est à présent musulman. En Thrace, les Grecs sont en voie de devenir une minorité, du fait de l'immigration illégale en masse soigneusement orchestree de musulmans et du fait des différentes manœuvres politiques des partis intéressés.

Quant à la position de Saint Nikolaj d'Ochrid vis à vis de l'hérésie de l'œcuménisme et en particulier vis a vis de l'esprit occidental humaniste dont le catholicisme romain est la quintessence, veuillez vous rapporter à ses livres. Un exemple qui résume sa position est la lettre 127 de la collection des "Lettres Hiérapostoliques" (en anglais "Missionary Letters", New Gracanica Monastery Publications, Grayslake/USA) ou il dit entre autres que le Chrétien a bien reçu le commandement rigoureux d'avoir compassion de tout être humain, sans distinction de la foi, mais en même temps il a reçu aussi le commandement rigoureux de préserver la Vérité du Christ. "En tant que Chrétien", écrit-il à quelqu'un aux idées œcuménistes, "tu peux sacrifier pour l'hétérodoxe ta fortune et même ta vie, car elles t'appartiennent, mais en aucun cas tu ne peux sacrifier la Vérité du Christ, car celle-ci ne t'appartient pas."

14.Posté par Nikolas le 06/04/2012 18:02
@ Daniel

Ce que vous supposer, sans pouvoir le confirmer, n'aurait rien d'étonnonnant de la part de Kallistos Ware dans ce livre.
En effet, dans son livre "l'Orthodoxie - l'Eglise des sept conciles", l'on trouve déjà deux autres passages, où il expose ces curieuses théorie oecuménistes, sur le filioque (chapitre 11) et sur l'Eglise orthodoxe et les hétérodoxes (chapitre 16), en dévollepant à chaque fois sa curieuse théorie des deux approches l'une qualifiée tantôt de "rigoriste" ou de "faucon", l'autre tantôt de "modéré" ou de "colombe".
Je ne dévelloperais pas ici, pour ne pas être trop long, l'absurdité et le manque de cohérence des propos tenu par K. Ware dans chacun de ces chapitres, l'emploi de noms d'oiseaux digne de la cours d'école primaire, suffit a s'en convaincre et encore plus cette volonté de faire croire au lecteur que la sainte théologie orthodoxe permet l'existence de deux courant opposés en son sein, reléguant ainsi les saints dogmes et canons de l'Eglise au rend de théologoumène.

Concernant le filioque cela a déja été fait sur le Forum-Orthodoxe:
http://www.forum-orthodoxe.com/~forum/viewtopic.php?p=9494#p9494
Et concernant l'autre partie, je l'ai fait a titre privé lors d'un échange avec un tiers.

15.Posté par Vladimir le 06/04/2012 21:50
J'ai en effet la dernière édition de "L'orthodoxie" de Mgr Kallistos de Diocleia (Ware) mais je n^y trouve pas cette mention.

L'essentiel est de bien préciser de quoi il est question. Que condamne Saint Maxime le Grec et les Kollyvades? En occurrence il n'est question ni d’intercommunion, ni de concélébration mais bien du partage de lieux de culte et J'ai en effet la dernière édition de "L'orthodoxie" de Mgr Kallistos de Diocleia (Ware) mais je n'y trouve pas cette mention.

L'essentiel est de bien préciser de quoi il est question. Que condamnent Saint Maxime et les Kollyvades? En occurrence il n'est question ni d’intercommunion, ni de concélébration mais bien du partage de lieux de culte et de vie en bonne intelligence. Comme je l'ai écrit, le partage de lieux de culte se pratique aussi ailleurs, en particulier en France et en Ukraine, et nous avons un nouvel exemple de vie en bonne intelligence avec la participation à la vénération de la couronne d'épines du Sauveur de Mgr Nestor et des séminaristes d'Epinay qui ont chanté en slavon et en français l'hymne acathiste à la Mère de Dieu (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/La-couronne-d-epines-du-Sauveur_a488.html?com#com_2954251)

16.Posté par justine le 07/04/2012 09:59
A Vladimir. Cessons de plaisanter. Vous voulez vous clouer aux mots, faisant abstraction du sens? Quand donc on vous parlera de "miche", vous prétendrez qu'il n'est pas question de "pain"? Une discussion n'a de sens que quand les gens auxquels on parle sont de bonne foi. Mais il est mille fois prouvé que ce qui précisément manque aux œcuménistes, c'est la bonne foi. Par des subterfuges grammaticaux ou glossologiques, ils essaient d'effacer ce qui ne leur convient pas. Ce que Saint Maxime le Grec et les Kollyvades condamnent, ce sont les déviations de la Sainte Tradition et de la Foi des Peres, c'est à dire de la Sainte Eglise. Ces déviations sont multiples, plus encore aujourd'hui que du temps des Kollyvades, et qu'on les nomme par tel ou tel nom, n'est pas aussi important que ce qui constitue la déviation.

L'article de Mustafa Canca (qui est musulman et publie son article sur un site œcuméniste interreligieux!) ne parle peut-être pas d'intercommunion ni de concélébration, termes que sans doute il ignore, puis la theologie orthodoxe n'est pas ce qui le préoccupe...), mais cela ne veut aucunement dire que de tels sacrilèges n'aient pas eu lieu dans ces églises doubles. Le seul fait que des Orthodoxes partagent un lieu de culte avec des hérétiques – ou pire encore avec des membres d'autres religions, comme cela commence en effet à être pratique en divers lieux! - est condamnable et constitue une flagrante violation des Saints Canons de l'Eglise qui interdisent expressément et au clergé et aux laïcs de prier, ne serait-ce qu'en privé, avec des hérétiques. Combien plus il leur est interdit de partager le lieu de culte avec des hérétiques! Les Canons apostoliques 10, 45 et 65 notamment (confirmés par le 6e Concile œcuménique) sont clairs:

10. If any one shall pray, even in a private house, with an excommunicated person, let him also be excommunicated.

45. Let a bishop, or presbyter, or deacon who has only prayed with heretics be excommunicated, but if he has permitted them to perform any clerical office, let him be deposed.

65. If any clergyman or layman shall enter into a synagogue of Jews or heretics to pray, let the former be deposed and let the latter be excommunicated. (trad. du russe par Eugene Zakharov, ed. angl. des Canons Apost. par l'Eveque Gregory Grabbe)

Faute d'avoir sous la main le texte français des 85 Canons Apostoliques, je les reproduis en anglais. En voici ma propre traduction:

10. Si quelqu'un devait prier, ne serait-ce que dans une maison privée, avec une personne excommuniée, qu'elle soit elle-même excommuniée.

45. Qu'un évêque ou pretre ou diacre qui a seulement prié avec des hérétiques, soit excommunié, mais s'il leur a permis de célébrer un office ecclésiastique, qu'il soit déposé.

65. Si un clerc ou laïc quelconque, devait entrer dans une synagogue de Juifs ou d'hérétiques, afin d'y prier, que le premier soit déposé et que le second soit excommunié.

Cessons donc de plaisanter et de nous moquer de Dieu. Ou nous appartenons à Sa Sainte Eglise et nous soumettons à sa règle de Foi et à sa discipline, ou alors suivons nos prédilections personnelles et rejoignons les groupes hérétiques qui nous plaisent tant.

Comme le montrent ces nouveaux lieux de culte interreligieux, comme d'ailleurs toute l'évolution théologique œcuméniste, l'aboutissement final de ce mouvement hérétique de l'œcuménisme est et sera le reniement complet du Christ, Sauveur unique et éternel de l'humanité.

17.Posté par vladimir le 07/04/2012 10:24
Remplace le commentaire 15 rendu peu lisible par une coquille:

J'ai en effet la dernière édition de "L'orthodoxie" de Mgr Kallistos de Diocleia (Ware) mais je n'y trouve pas cette mention.

L'essentiel est de bien préciser de quoi il est question. Que condamnent Saint Maxime et les Kollyvades? En occurrence il n'est question ni d’intercommunion, ni de concélébration mais bien du partage de lieux de culte et de vie en bonne intelligence. Comme je l'ai écrit, le partage de lieux de culte se pratique aussi ailleurs, en particulier en France et en Ukraine, et nous avons un nouvel exemple de vie en bonne intelligence avec la participation à la vénération de la couronne d'épines du Sauveur de Mgr Nestor et des séminaristes d'Epinay qui ont chanté en slavon et en français l'hymne acathiste à la Mère de Dieu (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/La-couronne-d-epines-du-Sauveur_a488.html?com#com_2954251)

18.Posté par Daniel le 07/04/2012 17:24
Il me semble que Saint Maxime le Grec critiquait en autre les processions communes. L'auteur de l'article qui émet des réserves sur le livre de Kallistos Ware ne s'étend pas excessivement dessus et j'ignore quelle édition en anglais il vise effectivement, celle de 1993, semble-t-il...

Il est vrai que d'un point de vue strictement canonique, les orthodoxes ne sont pas censés prier dans les lieux de culte non orthodoxe et les hétérodoxes ne sont pas autorisés à célébrer leurs offices dans les lieux de cultes orthodoxes. Cependant, si une relique se trouve dans un lieu de culte orthodoxe, rien n'empêche les orthodoxes de les vénérer, ce que beaucoup font maintes fois en passant à Saint Etienne du Mont à Paris où se trouvent les reliques de Sainte Geneviève. Mais encore faut-il voir quelle forme prend cette vénération. Il y a une différence entre réaliser un office orthodoxe et vénérer individuellement la relique de façon privée...

A noter que Saint Nicéphore le Confesseur, patriarche de Constantinople indiquait que si par économie on utilisait une église hétérodoxe pour des offices orthodoxes, il faudrait la traiter comme une maison habituelle, à savoir, ne pas utiliser le sanctuaire, ne pas encenser le sanctuaire, et y célébrer l'office orthodoxe sur un antimension, bien sûr.

La couronne d'épines est ainsi exposé certains jours à Paris et il est possible de s'y rendre à ces moments sans souci aucun quelle que soit sa religion d'ailleurs. Je ne vois pas l'intérêt de venir en nombre pour participer à cette vénération (était-ce un office catholique?). L'archevêque de Paris possède dans son diocèse des paroisses uniates ukrainiennes et russes qui sont plus légitimes à participer à des offices catholiques car elles sont catholiques...

Il y a une anecdote à Jordanville. L'évêque Averky permit aux coptes de célébrer dans l'église. Le Métropolite Philarète aspergea ensuite l'autel d'eau bénite pour le nettoyer de la "souillure". L'évêque Averky se repentit d'ailleurs.

Le partage des lieux de culte pose aussi des problèmes pratiques... Imaginez l'église double avec l'icône de Josaphat Kuntzevitch, grand persécuteur d'orthodoxe, et Saint Photios, grand pourfendeur du filioque... Comment fait-on? Rajoutez une statue du sacré-coeur de Jésus etc. A la fin cela donne une église qui est ni orthodoxe ni catholique, un véritable galimatias... A mon avis, seuls les adogmatiques orthodoxes et catholiques peuvent s'y retrouver. Sans compter que ne pas disposer d'un lieu de culte est quand même l'expression d'une certaine misère matérielle. Mis à part le cas particulier d'Israël, je ne vois pas l'intérêt des lieux de culte commun.

La question de l'économie et de l'acribie en matière de prière avec et/ou chez les non orthodoxes a été bien traité à mon sens dans cet article même si je ne suis pas en accord avec tout, mais il y a des sources bien documentées

Partie 1, l'acribie : http://www.oodegr.com/english/oikoumenismos/ou_dei.htm
Partie 2, l'économie http://www.oodegr.com/english/oikoumenismos/ou_dei_2.htm

La critique du livre de Mgr Kallistos Ware est à ce lien en anglais : cela dit ce livre demeure à mon sens d'une qualité plutôt honnête...
http://orthodoxinfo.com/phronema/review_toc.aspx


19.Posté par justine le 08/04/2012 15:53
Les deux textes du P. Anastasios Gotsopoulos sur oodegr.com indique par Daniel devraient etre etudies par tout Orthodoxe et surtout ceux qui sont en proie aux tentations ecumenistes.

20.Posté par Irénée le 08/04/2012 18:44
Je voudrais demander à Justine ce qu'est un "oecuméniste". Je ne vois pas la signification de ce mot, ni du point de vue étymologique, ni du point de vue historique...Il me semble qu'il s'agit d'une sorte de néologisme fourre tout, mal défini et passe partout, mais trop souvent utilisé dans des échanges sans qu'on sache bien de quoi ou de qui il s'agit. Merci.

21.Posté par justine le 09/04/2012 07:20
Cher Irénée, sur quelle planète vivez-vous? Je ne peux pas croire qu'avec toute la tempête œcuméniste qui tracasse la Sainte Eglise de manière croissante depuis le début du 20e siècle vous ne sachiez pas encore ce que signifie "œcuménisme" (dont les adhérents sont les œcuménistes). Pour ce qui est du "fourre-tout" que vous évoquez, je crois que sans le vouloir, vous avez trouvé là une excellente définition de l'œcuménisme: c'est en effet un fourre-tout, où on fourre tout sans distinction, les hérésies de tout genre, les religions et malheureusement aussi la Sainte Eglise du Christ. Peut-on donner une définition exacte de l'Hydre à 7 têtes dont chacune, abattue par quelque héroïque Soldat du Christ, donne immédiatement naissance à de nouvelles têtes?

22.Posté par justine le 09/04/2012 12:11
Postscriptum à Irénée: Si toutefois votre question est sincère, une bonne introduction est disponible en anglais sur le site oode.com/English/Ecumenism (book), by the Holy Monastery of the Paraklete, Oropos, Attica, 2004. Une traduction française malheureusement n'existe pas.

23.Posté par Irénée le 09/04/2012 20:14
Merci pour cette réponse, mais je ne vois toujours pas très bien de quoi on parle...
Le mouvement oecuménique est complexe, et a déjà une longue histoire...à l'intérieur même de l'Eglise orthodoxe il y a des positions bien différentes, qui vont d'une extrême à l'autre.
Si les "oecuménistes" sont ceux qui estiment que toutes les communautés chrétiennes sont une partie de l'Eglise, et que chacun a sa part de vérité, je partage entièrement votre point de vue.
Mais si vous pensez que tous les orthodoxes, y compris les évêques, qui participent à des dialogues théologiques avec des catholiques romains sont des gens infréquentables, et qui ne sont plus dignes de leur épiscopat, qu'ils ont en quelque sorte trahi l'Eglise, là je ne vous suis plus...
Et je crains qu'il y ai beaucoup de représentations fausses et de préjugés très négatifs de la part des orthodoxes sur cette question...Quand je lis ce que publient certains sites sur ces questions, je frémis...non pas parce que ce qui est décrit serait scandaleux, ou contraire aux canons, mais tout simplement parce que c'est faux ! Si c'était vrai, cela pourrait être problématique, mais le plus souvent ce ne sont que des mensonges, ou bien des petites erreurs humaines, montées en épingle par des personnes malveillantes. Dans ce cas il s'agit, selon moi, de comportements classiques à tous les intégrismes : un attachement à la lettre, une interprétation des textes qui datent et ne doit être rediscutés ou au moins revisités sous aucun prétexte !
Pardonnez-moi si je vous choque, mais de grands évêques participent d'une manière ou d'une autre au dialogue oecuménique, certains, comme saint Nicolas d'Orchid, le père Georges Florovsky ou le père Cyprien Kern ont été en leur temps des acteurs importants du mouvement oecuménique !

24.Posté par justine le 10/04/2012 14:21
A Irénée. Vous ne me choquez pas du tout, car le dialogue avec les hétérodoxes n'est certes pas mauvais en soi et il n'y a aucune raison de le condamner, s'il a comme but unique et sincère de gagner les hétérodoxes à l'Orthodoxie, pour leur propre bien et leur salut éternel. Tout au contraire, ceci constitue le devoir sacré de l'Eglise Orthodoxe envers tous les hétérodoxes et tout être humain en général, conformément au commandement du Seigneur en Matthieu 28,19: "Allez et instruisez tous les peuples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit et leur apprenant à tenir tous ce que Je vous ai commandé." C'est d'ailleurs ce que stipule le très important document de l'Eglise Russe "Principes de bases de l'attitude envers les hétérodoxes", et tant que les dialogues sont conduits dans l'esprit tel que l'expriment notamment les articles 1,1; 1,2; 2,1-13; 3,1; 3,2; 4,2; 4,3; 4,4 etc. de ce document, tout est bien. Mais malheureusement, les declarations signées par des représentants officiels orthodoxes dans les dialogues avec les plus de 400 sectes protestantes au sein du "Conseil Œcuménique des Eglises" d'une part et dans le dialogue avec les Roméo-catholiques d'autre part (documents de Balamand, Ravenne, Agios Nicolaos) d'autre part ainsi que la pratique constante de la "prière commune" lors de ces dialogues et ailleurs, prouvent qu'il y a trahison de la Sainte Foi Orthodoxe, notamment de son ecclésiologie, et violation de ses Saints Canons. Cet état de choses montre que le but visé aujourd'hui par les concernés n'est pas le commandement du Seigneur; ni de gagner les hétérodoxes à l'Orthodoxie, mais de construire une pseudo-unité chrétienne toute extérieure, pour servir des objectifs et des intérêts extra-ecclésiastiques, voire anti-ecclésiastiques.

25.Posté par justine le 10/04/2012 15:03
Il faut encore ajouter ceci. Certaines personnalités orthodoxes (pas Saint Nikolai d'Ochrid, toutefois), comme vous dites, Irénée, étaient en effet partisans, au début, du "mouvement œcuménique", mais déjà de leur vivant, lorsque les déviations du but proposé commencèrent à apparaître, elles s'en distancièrent (le P. Georges Florovski p.ex. se retira dès 1961 du CEE). Et que diraient-elles aujourd'hui s'ils lisaient par exemple le document de Balamand/Liban 1993 (reconnaissance de l'hérésie papiste comme "Eglise soeur", en contradiction flagrante avec la position de la Sainte Eglise depuis le 12e siecle) ou la Déclaration du CEE de Porto Alegre/Brésil 2009 (acceptation de l'ecclésiologie protestante)?


26.Posté par Irénée le 10/04/2012 23:26
@Justine
Vos réponses confirment malheureusement la confusion qui règne dans le monde orthodoxe concernant la participation au mouvement oecuménique...
Deux exemples : à Porto Alegre, les orthodoxes n'ont pas accepté une "écclésiologie protestante"...un document a été proposé à l'étude, il doit servir de point de départ à des discussions entre communautés chrétiennes. Il ne s'agit ni de décisions, ni d'orientations orthodoxes. Puis-je me permettre de vous demander si vous l'avez lu sérieusement et étudié ?
Quand à Saint Nicolas d'Orchid, il était bien présent à la première conférence de Foi et Constitution à Lausanne en 1927. Ses déclarations, excellentes d'ailleurs, sont dans les archives du COE.
Tout ceci mérite une analyse de fond, il ne suffit pas de jeter l'anathème sur des "oecuménistes" non identifiés...

27.Posté par justine le 11/04/2012 07:10
Cher Irenee, "Parlons orthodoxie" n'est pas un colloque scientifique ou l'on presente in extenso des etudes de specialistes, mais un blog ou s'expriment les fideles orthodoxes. Voulez-vous que vous envoie les etudes de theologiens orthodoxes de premier rang sur toutes ces questions? Elles depassent grandement en volume l'espace de ce blog, car a present elles remplissent des volumes en tres grand nombre, et cela en diverses langues. Ce que je vous ai repondu, est un bref resume. N'essayez pas d'utiliser Saint Nikolai comme cheval de bataille pour l'ecumenisme, car ce n'est pas honnete. Mais laissons la dispute jusqu'apres la Sainte Paque, car pour le moment, le Seigneur nous appelle ailleurs.

28.Posté par Michaël le 11/04/2012 13:51
Bonjour.
Je suis désolé de poser cette question ici mais je n'ai pas trouvé de réponse adaptée à la question que m'a posée un ami catholique :
Pourquoi les orthodoxes et catholiques ne peuvent-ils pas communier ensemble?
La communion est possible qu'avec la pleine unité de foi.
Nous proclamons la même profession de foi (Nicée-Constantinople).
Le problème du filioque est en passe d'être surmonté (avec notamment en 2006 le document Dominus Iesus du card. Ratzinger, aujourd'hui pape Benoit XVI).
Que faut-il de plus? Le rôle de l'évêque de Rome et l'Eglise Uniate ne sont-ils pas des problèmes importants, certes, mais secondaires face à l'inter-communion et le témoignage fort de l'unité (elle reste toujours plus à construire!) ?

D'avance merci.

29.Posté par Daniel le 12/04/2012 10:39
@ Michaël

Une réponse rapide car c'est la Semaine Sainte. La communion n'est en effet possible qu'avec l'unité de foi qui n'est pas réalisée pour l'heure... Les pierres d'achoppement ne manquent pas.

Le filioque n'est pas en voie de résolution. On peut ajouter ces autres points : la question des énergies incrées, et de la grâce incréée, la question de l'enfer et du purgatoire, l' ecclésiologie, les indulgences, l’infaillibilité papale, le sacré cœur, le coeur immaculé de Marie, l’immaculée conception, L’assomption, la communion sous les 2 espèces, l'usage des azymes, la privation de communion des enfants, l'absence d'épiclèse chez les catholiques, l'absence de vénération de l’icône, la prêtrise et l'accès à la prêtrise des hommes mariés, l'administration du baptême et de la confirmation, la pratique du jeûne etc.

La recherche de l'unité ne doit pas être recherche du plus petit dénominateur commun...

30.Posté par Michaeël le 12/04/2012 18:12
Merci pour votre réponse et bonne fin de semaine sainte et bonne Pâques!

31.Posté par vladimir le 13/04/2012 14:42
Et l'appréciation de la primauté, loin d'être secondaire, est actuellement au cœur du débat théologique entre les deux Eglises: on peut même penser que c'est la question essentielle dont tous les autres problèmes sont issus! Ainsi est-il écrit dans la "Déclaration commune de la Commission théologique orthodoxe-catholique d’Amérique du Nord" (25 octobre 2003), à laquelle je vous renvois aussi pour le débat sur le "Filioque" (lien):
"b) Le problème ecclésiologique :
L’autre question présente, depuis la fin du 8e siècle, dans le débat sur le Filioque, est celle de l’autorité pastorale et magistérielle dans l’Église ; plus spécifiquement, celle de l’autorité de l’évêque de Rome à résoudre définitivement les questions dogmatiques, simplement en vertu de sa charge. Depuis le Concile d’Éphèse (431), la tradition dogmatique des Églises orientale et occidentale a affirmé à plusieurs reprises que le critère dernier de l’orthodoxie dans l’interprétation de l’Évangile chrétien doit être « la foi de Nicée ». La tradition orthodoxe considère que les Credo et les canons formulés par les Conciles, reçus par les Églises apostoliques comme « œcuméniques », sont l’expression normative de cette foi, parce qu’ils expriment la foi apostolique universelle de toujours. La tradition catholique reçoit aussi les formules conciliaires comme dogmatiquement normatives, et attribue une importance unique aux sept Conciles acceptés comme œcuméniques par les Églises catholique et orthodoxe. La tradition catholique cependant, en reconnaissant la primauté universelle de l’évêque de Rome en matière de foi et de service à l’unité, accepte que le pape a autorité pour confirmer le processus de réception conciliaire et pour définir ce qui est ou n’est pas en conflit avec la « foi de Nicée » et la tradition apostolique. (…)

Tout comme dans le problème théologique de l’origine du Saint-Esprit, cette divergence dans la compréhension de la structure et de l’exercice de l’autorité en Église est certainement très grave. Il ne fait pas de doute que la primauté du pape, avec toutes ses implications, demeure le problème fondamental à l’arrière-plan de toutes les questions de théologie et de pratique qui continuent de diviser nos Communions. Nous avons néanmoins trouvé opportun de séparer méthodologiquement ces deux problèmes dans la discussion en cours sur le Filioque, et de reconnaître qu’il faut approcher le mystère des relations entre les Personnes en Dieu par un autre biais que par la question de savoir si oui ou non il est correct que les Églises d’Occident proclament la foi de Nicée en des termes qui ne coïncident pas avec le texte original du Credo de Nicée de 381."

32.Posté par justine le 15/04/2012 13:15
Réponse au poste 26 d'Irénée:

Le Christ est ressuscité et Hadès est rempli d'amertume... L'esprit œcuméniste aussi est rempli d'amertume; car le Roi de Gloire délivre les Orthodoxes de la captivité de l'œcuménisme.

Pour mettre au clair de quoi on parle, comme vous le demandez:
1. Par "œcuménistes" on entend les adhérents de l'hérésie de l'œcuménisme.
2. L'hérésie de l'œcuménisme, dont le "mouvement œcuménique" est le porteur principal, consiste en ce qu'elle s'efforce de fabriquer, à l'aide d'une pseudo-théologie intellectualiste et purement académique, œuvre de l'esprit humain et divorcée de l'authentique théologie dans le Saint Esprit de l'Eglise, une pseudo-unité chrétienne et, à plus longue échéance, une pseudo-union de toutes les religions dans une pan-religion universelle. Un des grands théologiens orthodoxes de notre temps, Saint Justin de Celije, a nommé cette hérésie "pan-hérésie", parce qu'elle inclut en elle-même toutes les hérésies du passé (lire à ce sujet son livre en trad. anglaise "The Orthodox Church and Ecumenism", Lazarica Press, Birmingham 2000). En premier lieu toutefois, l'œcuménisme est une hérésie ecclésiologique, car il constitue une déviation aigue de l'Ecclésiologie orthodoxe, selon laquelle l'Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique est la Sainte Eglise Orthodoxe et aucune autre, en possession de la plénitude de la Vérité révélée (d'ou son appellation "catholique").

Vous parlez de "la confusion qui règne dans le monde orthodoxe concernant la participation au mouvement œcuménique". Il y a en effet confusion, mais, comme le souligne un autre théologien contemporain de rang, le métropolite Hierothée de Naupacte, c'est "la confusion au sujet de ce qu'est de l'Eglise" (lire à ce sujet son excellent livre en trad. anglaise "The mind of the Orthodox Church", Levadia/Grèce 1998, en partie accessible sur l'internet: www.pelagia.org/the mind). "Il est impossible de concevoir le Christianisme autrement que comme l'Eglise" [Orthodoxe, bien entendu], écrit dans le même Saint Esprit le Saint Neo-Hieromartyr Hilarion Troitzky, Archevêque de Vereya, soulignant que, tout comme il ne saurait y avoir de Révélation Divine, de Vérité, de Saints Dogmes, de Saints Mystères et de Salut en-dehors de l'Eglise, ainsi il ne saurait y avoir de Sainte Ecriture en-dehors d'elle, car toute interprétation des Ecritures en-dehors de l'Eglise est chargée d'erreurs (voir son article en trad. anglaise "Holy Scripture and the Church" dans le périodique "The Orthodox Word", Platina, Californie, no 264-265 2009, et son livre "Christianity or the Church?" trad. anglaise publiée par le Monastère de Jordanville, rééd.1997).

En ce qui concerne maintenant le premier de vos deux exemples qui confirmeraient la "confusion" dont vous parlez ("A Porto Alegre, un document a été proposé à l'étude. Il doit servir de point de départ de discussions entre communautés chrétiennes. Il s'agit ni de décisions, ni d'orientations orthodoxes"): Vous avez raison en ce sens qu'effectivement, il ne s'agit pas de décisions ni orientations orthodoxes. Il s'agit de décisions et orientations œcuménistes. La tactique des œcuménistes est d'ailleurs de toujours présenter "des papiers à l'étude". Sur la base de ces "papiers", on en élabore d'autres, puis d'autres, et encore d'autres, et ainsi s'élève peu à peu la Tour de Babel œcuméniste.

Le texte de Porto Alegre de 2006 porte le titre "Called to be the One Church" ("Appelés à être l'Eglise Une") et constitue le dernier avatar d'un texte élaboré en 2002 sous le titre "The unity we seek" ("L'unité que nous cherchons"), obtenu au moyen d' "études" successives en commissions, sous-commissions etc. Il est spécifié en tête de ce document qu'il fut "adopté par l'Assemblée", donc forcément aussi par les Orthodoxes membres de cette Assemblée, ensemble avec les quelque 400 sectes protestantes. Dans ce texte on lit entre autres:

- Paragr. 1 (je traduis de l'anglais): "Nous, les délégués à la 9e Assemblée du COE.... nous sommes une communauté d'églises qui confessent le Seigneur Jésus Christ.... Nous réaffirmons que le premier objectif de la communauté d'églises dans le COE est de nous appeler mutuellement à l'unité visible dans une seule Foi et une seule communauté eucharistique..."

- Paragr. 2 "... Nos églises ont affirmé que l'unité pour laquelle nous prions.... est ... une vie sacramentelle commune, dans laquelle on entre par un seul baptême .... une vie commune dans laquelle les membres et ministères sont mutuellement reconnus et réconciliés...."

- Paragr. 3: "Nous confessons une seule Eglise, sainte, catholique et apostolique, telle qu'elle est exprimée dans le Credo de Nicée-Constantinople (381).... l'Eglise est appelée à manifester son unité dans une riche diversité."

- Paragr. 5: "Nous affirmons que la Foi apostolique de l'Eglise est une, tout comme le corps du Christ est un. Mais il est légitime qu'il existe des formulations différentes de la foi de l'Eglise."

- Paragr. 6: "La catholicité de l'Eglise exprime la plénitude, l'intégrité et la totalité de sa vie en Christ par le Saint Esprit en tout temps et en tout lieu. Ce mystère est exprimé dans chaque communauté de croyants baptisés dans laquelle la foi apostolique est confessée et vécue, l'Evangile proclamé et les sacrements célébrés. Chaque église est l'Eglise catholique et non pas simplement une partie d'elle."

- Paragr. 7: ".... séparés l'un de l'autre nous somme appauvris."

- Paragr. 8: "Tous ceux qui ont été baptisés dans le Christ sont unis avec Christ dans son corps. ... Il y a certains qui n'observent pas le baptême dans l'eau, mais participent à l'expérience spirituelle de la vie en Christ. "

- Paragr. 9: "Notre appartenance commune au Christ par le baptême au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit rend capable et appelle les églises à marcher ensemble, même quand elles sont en désaccord. Nous affirmons qu'il existe un seul baptême, tout comme il y a un seul corps et un seul Esprit..... "

- Paragr. 12: "Tout au long de son histoire, le COE a été un instrument privilégié par lequel les églises ont été capables d'écouter l'une l'autre et de parler ensemble. Et pourtant, les églises n'ont pas toujours reconnu leur responsabilité mutuelle l'une envers l'autre et n'ont pas toujours reconnu la nécessité de rendre compte l'une à l'autre de leur foi, vie et témoignage.... Il est désormais temps de prendre des pas décisifs ensemble."

Suit l'invitation de continuer "à faciliter des conversations profondes" entre les diverses "églises" etc. (voir le texte sur le site: World Council of Churches/Resources/Final documents/2006/february)

Cher Irénée, vu ce texte, qu'est-ce qui vous permet d'affirmer que les Orthodoxes qui l'ont signé, c'est à dire approuvé comme il est clairement spécifié dans le document lui-même, n'auraient pas accepté l'ecclésiologie protestante? Où donc voyez-vous dans ce texte la moindre référence à l'Ecclésiologie orthodoxe ? Tout au contraire, tout ce texte exprime la "théorie des branches" que vous-mêmes vous refusez dans votre post no 23, où vous dites: "Si les œcuménistes sont ceux qui estiment que toutes les communautés chrétiennes sont une partie de l'Eglise et que chacun a sa part de vérité, je partage entièrement votre point de vue."

On trouve dans ce texte de Porto Alegre toute une série de notions tirées de l'Ecclésiologie orthodoxe, mais appliquée ici aux hérétiques qui sont hors de l'Eglise! Le protestant qui, au Para 3, "confesse l'Eglise Une...", qu'est-ce qu'il peut bien entendre par là? Certes pas ce qu'entend l'Eglise Orthodoxe. La même chose vaut pour "un seul baptême, une seule Foi, Foi apostolique" etc. Le sens qu'ont ici ces notions est à l'opposé de ce que la Sainte Eglise, fidèle aux Apôtres, à l'Ecriture, aux Saints Peres, aux Saints Conciles et aux Saints Canons, entend par là. Qui donc peut parler d'un seul Baptême hormis les Orthodoxes? Qui donc peut parler d'une seule Foi hormis les Orthodoxes?

Une seule foi, même de toute l'humanité, ne vaut absolument rien si elle n'est pas la Foi de l'Eglise, c'est à dire celle des Apôtres, des Saints Peres, des Saints Conciles, des Saints Canons, bref, la Foi Orthodoxe.

L'Eglise Orthodoxe serait-elle appauvrie sans les protestants qui rejettent la Mère de Dieu, les Saints, les Saints Conciles, les Saints Canons, le monachisme etc., qui considèrent la Sainte Eucharistie comme symbolique etc. etc.? Voila encore une claire expression de la "théorie des branches", selon laquelle aucune "église ne possède la plénitude de la Vérité, mais chacune une partie seulement".

Le document de Porto Alegre n'est d'ailleurs que la suite logique de tous les autres documents du COE qui ont précédé, notamment celui de la Nouvelle Delhi de 1961 "Statement on Unity" (à lire sur le même site du WCC). Notons qu'à la suite de l'Assemblée de la Nouvelle Delhi, les Orthodoxes avaient soumis un texte exprimant leur désaccord (à lire sur le même site). Mais ce désaccord ne fut aucunement pris en considération. Tout au contraire. C'est peut-être la dernière fois que les Orthodoxes eurent la possibilité d'exprimer officiellement au sein du COE leur position véritable, car par la suite "les églises" du COE ont "décidé" qu'aucune des "églises membres ne pouvaient prétendre à représenter à elle seule l'Eglise et à posséder la plénitude la Vérité". Ainsi au sein du COE, on posa définitivement la pierre tombale sur l'Ecclésiologie orthodoxe.

Il est donc clair qu'aujourd'hui, le seul fait d'appartenir à ce rassemblement de sectes du COE constitue, pour les Orthodoxes, une insulte contre la Sainte Eglise et une hérésie en acte du point de vue ecclésiologique, sans parler même des autres hérésies inhérentes à ce mouvement (comme la "théologie baptismale" par exemple). Qu'avons-nous à faire avec cette parodie des Saints Conciles, ce travestissement théologique, cette hypocrisie suprême qu'on essaie de justifier et d'embellir par des slogans comme "riche diversité", "unité dans la diversité", laquelle signifie en réalité "unité dans l'hérésie"? Sommes-nous vraiment si endormis pour être dupes du mensonge œcuméniste? La seule unité dans la diversité authentique est celle qui existe parmi les Eglises orthodoxes.

Votre deuxième exemple: - "Saint Nicolas d'Ohrid était bien présent à la première conférence de Foi et Constitution à Lausanne en 1927..." Vous oubliez de mentionner que ses déclarations, à part le fait qu'elles étaient excellentes, étaient aussi parfaitement orthodoxes! Saint Nikolaj ne fut jamais un membre du mouvement œcuméniste, contrairement à d'autres Orthodoxes éminents qui toutefois, comme déjà dit, s'en retirèrent ensuite désillusionnés. Pour confondre les œcuménistes qui voudraient se servir de Saint Nikolaj ou d'autres de sa taille pour donner un peu de brillant à leur hérésie, ajoutons que l'Evêque d'Ohrid, le Nouveau Chrysostome, fut avec son disciple, Saint Justin de Celije, aussi le principal auteur de l'opposition contre le projet de concordat entre le Vatican et la Serbie en 1937, lequel aurait transformé la Serbie en territoire de mission papiste. C'est grâce à ces deux Saints surtout que le concordat fut finalement rejeté. Si des Orthodoxes sincères témoignèrent au début de l'intérêt pour ce mouvement, c'était parce qu'ils y voyaient une possibilité de ramener les hétérodoxes à l'Orthodoxie. Mais il y a belle lurette que ces espoirs se sont évanouis....

La conclusion de tout cela: Si nous voulons rester fideles à notre Seigneur, le Roi de Gloire qui a aboli la mort et vaincu le diable et le monde, retirons-nous de ce "mouvement" et concentrons nos forces et nos labeurs sur la véritable Hiérapostolie, conformément à Son commandement.

Quant aux "œcuménistes non identifiés": Si vous voulez des noms, en voilà: Le premier champion de l'œcuménisme au sein de l'Eglise Orthodoxe aujourd'hui, c'est, comme tout le monde sait, le Patriarche de Constantinople Bartholomée (participant aussi aux manifestations œcuménistes interreligieuses d'Assisi), à la suite de ses prédécesseurs Joachim III, Meletios et Athenagoras. Puis viennent tous ceux qui le suivent, notamment le Métropolite Jean Zizioulas de Pergame. Mais le mal n'est pas limité à l'Eglise de Constantinople.

(Pour votre excuse, cher Irénée, il y a le fait qu'il n'existe en français que des sources très très limitées sur toute cette problématique. Les meilleures sources sont en grec, en anglais et en russe. Je vous recommande en particulier le site orthodoxe américain "Christian Orthodox Information Center/ Ecumenism" ou vous trouverez de nombreux textes et liens; puis aussi "Orthodox Life", périodique du Holy Trinity Monastery, Jordanville (ERHF), accessible au site www.jordanville.org/publications.)

33.Posté par vladimir le 15/04/2012 19:25
Intéressante lettre du patriarche œcuménique Bartholomée à Mgr Jérôme, archevêque d’Athènes et président du Saint-Synode de l’Eglise de Grèce à propos «d'anathèmes» contre des hétérodoxes et des croyants d’autres religions, ainsi que contre tous les participants au mouvement œcuménique. Sa Sainteté y a exprimé en substance "l’inquiétude et la tristesse de l’Eglise mère suite à des déclarations et manifestations, au sein de l’Eglise de Grèce, susceptibles de mettre en danger son unité ainsi que celle de l’Eglise orthodoxe tout entière. Ces déclarations et manifestations ont pour objectif de mettre en doute et de critiquer des décisions entérinées au niveau panorthodoxe, y compris par l’Eglise de Grèce, relativement à la participation de l’Eglise orthodoxe tout entière aux dialogues théologiques bi- et multilatéraux avec les hétérodoxes, aux rencontres inter-chrétiennes dans le cadre du Conseil œcuménique des Eglises, du Conseil des Eglises européennes et d’autres institutions similaires. Pareilles manifestations expriment des positions et des opinions allant à l’encontre des chefs des Eglises orthodoxes mais encore, et pour la première fois, à l’encontre du Patriarcat œcuménique, gardien de notre foi et de notre témoignage orthodoxes et de l’ordre canonique dans l’Eglise orthodoxe."

Le patriarche œcuménique invite l’archevêque d’Athènes et le Saint-Synode de l’Eglise de Grèce "à rejeter et condamner officiellement ces manifestations infondées et dangereuses, et de prendre les décisions qui s’imposent en vue d’interdire et de rejeter globalement ces pratiques et ces positions qui sont contraires aux décisions prises en commun par les Eglises orthodoxes." L’Eglise mère se réserve, au vu de la réponse et de la position officielle de l’Eglise de Grèce, de prendre les mesures panorthodoxes qui s’imposent afin de prévenir la répétition de telles situations…

Source: lien

34.Posté par vladimir le 15/04/2012 22:00
CHRIST EST RESSUSCITÉ!

En ce jour glorieux entre tous comment ne pas penser à la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem gérée par six Eglises chrétiennes (les Orthodoxes du patriarcat de Jérusalem, les Catholiques de rite latin, les Arméniens apostoliques, les Coptes égyptiens, les Syriaques orthodoxes et les Ethiopiens orthodoxes). Chacune des Eglises en contrôle une partie soigneusement délimitée de l'édifice et je ne me souviens pas que personne ait jamais demandé que les Orthodoxes se retirent....

Je pense que cet exemple, comme les nombreux exemples de partage avec les Catholiques romains que nous avons en France (je peux témoigner de celui de Lyon), sont autant de signes heureux d'une cohabitation pacifiée et porteuse d'espoir. En effet "afin que tous soient un" n'est pas une invention "œcuméniste", malgré qu'en ait Justine!

Je vous souhaite à tous de très jouteuses Pâques

35.Posté par Daniel le 16/04/2012 10:47
@ Vladimir

Comme les citations sont plus belles quand elles sont complètes, je la complète "que tous soient un, de même que toi, Père, tu es en moi et moi en toi » (Jn 17, 21)", c'est donc une unité très profonde qu'on nous demande, pas l'unité des bons sentiments... Plus une unité de foi.

Le cas de la Terre Sainte est particulier car chacune des églises citées voudrait, même si ce n'est pas dit, avoir l'édifice à elle seule (ne nous leurrons pas), et cela fut déjà tenté à l'époque ottomane. Mais par la force des choses le partage est nécessaire, et d'ailleurs il n'évite pas les conflits. Ne vous avisez pas de passer sur la partie de telle autre car cela peut donner lieu à des revendications ultérieures qui évoquera un droit de passage voire une propriété... Je suis désolé, mais cette situation est en fait assez tendue mais il n'y a pas de choix. Pourquoi demander aux orthodoxes qu'ils se retirent alors qu'ils sont chez eux!?

Votre message 33. J'ai bien lu la lettre ou le résumé de la lettre du Patriarche Bartholomée. Je ne dispose pas des données brutes mais de résumés. Je résume pour nos lecteurs en donnant des sources brutes en grec, pour ceux qui connaissent le grec...

Il semble que le Métropolite Séraphin du Pirée ait lu des anathèmes de son cru pour certains le jours du Triomphe de l'Orthodoxie. Pour ceux qui ne sont pas au courant, la lecture d'anathèmes est en effet prévue dans les cathédrales (non comptez pas voir cela en France; cela a dû exister à l'époque de Saint Jean de Shangaï ou de l'Evêque Séraphim de Lesna!). Cet article en fait état en anglais et il semble que la vidéo du dessous reprennent la cérémonie en grec.

http://www.johnsanidopoulos.com/2012/03/anathemas-of-metropolitan-seraphim-of.html

Le Patriarche réagit et sa lettre est ici en grec mais l'auteur du blog n'a pas voulu la traduire... Nous avons donc les résumés uniquement.

http://www.johnsanidopoulos.com/2012/03/ecumenical-patriarch-addresses.html

Cette lettre pose un premier problème. Sauf erreur de ma part, l'Eglise de Grèce est autocéphale et c'est donc un problème INTERNE à l'Eglise de Grèce. Il n'est absolument pas normal qu'il s'ingère de cette façon : l'Eglise de Grèce a un synode, n'importe quel évêque de l'Eglise de Grèce peut donc demander à inscrire la chose à la réunion du Synode... Il y a là un abus de pouvoir inquiétant; nous sombrons dans le papisme! Le fait d'être l'Eglise-mère ne donne pas le droit de contrôler de cette façon sa fille qui majeure à présent!

Pour le reste, il me faudrait le texte exact de ces anathèmes mais à en croire le récit qui en est fait, certaines choses sont en effet criticables : un anathème aux Juifs et aux Musulmans n'a pas de sens s'agissant de religions non chrétiennes et non issues du christianisme, dont on puisse dire qu'elles sont tombées hors de l'église. Cela doit plus faire le sujet d'une homélie explicative montrant en quoi les croyances juives et musulmanes sont infondées.

Pour ce qui est de l'anathème contre Benoît XVI, il me semble aussi techniquement incorrect, car l'Eglise romaine tombe déjà sous le coup de pas mal d'anathèmes existants. Ainsi dans le monde grec, il existe des anathèmes contre le filioque, plus ceux des conciles palamites etc. Méthodologiquement, cela me semble donc un peu tordu.

L'anathème contre les oecuménistes : faute d'avoir le texte, je ne sais pas ce qu'a dit cet évêque du Pirée. L'anathème contre l'oecuménisme de l'Eglise Russe Hors Frontière était bien rédigé. C'était explicitement contre ceux qui croient à la théorie des branches et en l'existence de mystères hors de l'église. Mais à nouveau, faute d'avoir accès aux sources grecques originales, je ne peux qu'émettre des hypothèses...

Voilà un petit résumé de cette affaire...

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