Nikita Krivochéine: L'Archevêché Daru, une étoile qui risque de s'éteindre
Une interview à propos de la décision prise par Constantinople

Où doit se régler le sort des paroisses russes en Europe occidentales ? À Paris ou à Constantinople ?

Par décision en date du 27 novembre 2018, le synode du patriarcat de Constantinople a dissous l’Archevêché des églises russes en Europe occidentale, ses 65 paroisses devront intégrer des métropoles de l’Église de Constantinople. Créé en 1931 par le métropolite Euloge (Gueorgievsky), l’Archevêché, placé sous juridiction de Constantinople, regroupait les immigrants russes de la première vague postrévolutionnaire qui souhaitaient entretenir en Europe les traditions orthodoxes russes.

Le 15 décembre l’assemblée pastorale de l’Archevêché a décidé de réunir le 23 février 2019 à Paris l’Assemblée générale qui doit soit accepter la décision de Constantinople soit envisager un autre destin.

Nous présentons ici l’interview que nous a accordée Nikita Krivochéine, personnalité de l’immigration russe et l’un des fondateurs du Mouvement pour une orthodoxie locale de tradition russe en Europe occidentale.

— Cette décision du patriarcat de Constantinople de dissoudre l’Archevêché a été une surprise pour vous ? Pourquoi la réaction de l’Archevêché est-elle si tardive ?

— Ça a été une surprise : l’Église n’a pas souvent recours à la chirurgie, c’est pourquoi elle semble souvent si nonchalante. Réagir de façon opérationnelle à une précipitation si aberrante n’est pas aisé ; les bras de l’archevêque Jean lui en sont tombés, il n’était absolument pas au courant. Ces dernières années, les relations de l’Archevêché avec tout le monde se sont même apaisées : des célébrations communes ont eu lieu avec le diocèse de Chersonèse, de nombreux prêtres et laïcs de l’Archevêché ont pris part à la consécration de la cathédrale de la Sainte-Trinité à Paris, l’archevêque Jean et le métropolite Emmanuel de Gaule ont concélébré avec le patriarche Cyrille. Et tout à coup le Phanar lance ses foudres et le tonnerre.

— Qu’en pensez-vous, pourquoi maintenant justement ? Qu’est-ce qui a poussé le Phanar à cette décision ?


— L’Archevêché est devenu, comme qui dirait un panier sans anse, pas facile à porter… Il faut se souvenir qu’en 2003 il y a eu la missive du patriarche Alexis qui proposait la réunification. Qui garantissait à l’Archevêché le statut d’exarchat dans son intégrité et une grande autonomie. Daru a envoyé à Moscou une réponse plus que sèche, ensuite, en 2007, après que l’Église orthodoxe russe hors-frontières a rejoint l’Église orthodoxe russe, quand le patriarche Alexis a effectué une importante visite à Paris, il n’a même pas été convié à officier dans la cathédrale Saint-Alexandre-Nevski. Bien des années ont passé, on a agi de même avec le métropolite Hilarion. Quand la fiancée se trouve trop belle, les prétendants se lassent… On a laissé tomber, on a construit la nouvelle cathédrale au bord de la Seine, on a fondé un séminaire. La vie paroissiale dans le diocèse de Chersonèse suit son cours…

— Quelle a été la réaction en France à cette dissolution de l’Archevêché, pour les orthodoxes et les croyants d’autre confession ?

— Les croyants d’autre confession ne s’en sont certainement pas aperçu, mais pour « la population » de l’Archevêché ça a été un sacré coup.

Pourtant il faut dire que c’est la suite naturelle de l’histoire de cet exarchat : le paradoxe de son statut était évident dès 1991. Comme je l’ai dit en son temps, avec leurs traditions les gens merveilleux de l’Archevêché ont rejoint petit à petit le cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois.

C’est maintenant la diaspora moldave qui prie à la cathédrale de la rue Daru ; le célèbre Institut Saint-Serge survit dans des difficultés financières et existentielles. On a noirci beaucoup de papier à ce sujet. Comment est-ce qu’ils vont se sortir de ce pétrin, personne ne le sait. Il semblerait que le plus logique serait que Saint-Serge unisse ses efforts à ceux des nombreux théologiens et historiens qui sont apparus ces derniers temps en Russie, avec le secours des Instituts Saint-Tikhon et Saint-Philarète où il y a des gens qui respectent l’école de Paris et en ont gardé le souvenir. Mais, me semble-t-il, pour établir une collaboration avec l’Église russe, il n’y a pas actuellement à l’Archevêché quelqu’un autour de qui tous se réuniraient, il n’y a pas de volonté de surmonter tous ces arriérés et de tout résoudre « en grand conseil ».
Il y a plusieurs approches, et de nombreux ressentiments, de nombreuses craintes dont tout dépend.

Il n’y a même plus dans le clergé cet espoir de normalisation tant attendue, on se croirait à la période de stagnation brejnévienne. Les paroissiens sont dans cette apesanteur bien connue des astronautes.

— L’Archevêché a refusé d’appliquer la décision de Constantinople et il se trouve maintenant, comme dans le conte russe, à la croisée des trois chemins, rejoindre : soit le patriarcat de Moscou avec une importante autonomie, soit l’Église roumaine, soit l’Église orthodoxe russe hors-frontières. Quel choix est la plus vraisemblable, quelle solution serait la meilleure ?

— L’Église roumaine, excusez-moi, dans le contexte actuel ça n’a ni queue ni tête. J’ai même du mal à imaginer qu’on puisse y songer. Et pourquoi pas non plus l’Église d’Antioche ou l’Église orthodoxe en Amérique ?

Le choix le plus judicieux serait, puisqu’il est question de « tradition russe », d’intégrer l’Église orthodoxe russe hors-frontières.
La structure que désignons sous le terme « Archevêché » soutient hors de l’eau la tête d’un flux massifs d’immigrants venu de Bessarabie, entre autres.

Quoi qu’il en soit, la répartition des paroisses se fera selon des critères linguistiques. Je pense que dans bien des cas ce sont les paroisses qui décideront où elles iront. Dans l’orthodoxie (tout particulièrement dans l’émigration) la force d’inertie est considérable. Rares sont les paroissiens, et même les recteurs, qui ont en tête la haute mission de Daru.

Depuis 1991, une évolution importante s’est produite dans la conscience de l’ancienne émigration. Beaucoup ont pu se rendre pour la première fois dans la Russie qu’ont quittée leurs ancêtres. L’indépendance de décision dans de nouvelles situations résulte d’une longue et pénible recherche de soi. Il y a eu des tombereaux d’erreurs et de la part de l’Église orthodoxe russe et de la part de l’Archevêché.

Il est bien difficile de donner des conseils. Moi, je laisserais l’Archevêché boire sa coupe jusqu’à la lie. Je ne les convierais pas, je ne chercherais pas à les influencer. C’est leur choix et leur destin, eux seuls peuvent prendre des décisions : jusqu’ici a œuvré le pouvoir du peuple établi sous le patriarcat de Tikhon en 1917-1918.

Traduction M-G. F. Lien en russe : STOL Искры русского православия могут погаснуть
Nikita Krivochéine: L'Archevêché Daru, une étoile qui risque de s'éteindre

Где решится судьба русских приходов Западной Европы: в Париже или в Константинополе?

Решением Синода Константинопольского патриархата 27 ноября 2018 года была упразднена Архиепископия русских церквей в Западной Европе с дальнейшей интеграцией её 65 приходов в митрополии Константинопольской церкви. Основанная в 1931 году митрополитом Евлогием (Георгиевским), Архиепископия объединяла эмигрантов первой послереволюционной волны, стремившихся быть продолжателями традиций русского православия в Европе и принятых тогда в Константинопольскую юрисдикцию.

15 декабря на пастырском собрании Архиепископии было принято решение собрать 23 февраля 2019 года в Париже общее епархиальное собрание, чтобы согласиться с Константинополем или выбрать иной путь.

Интервью с Никитой Кривошеиным, деятелем русской эмиграции, учредителем «Движения за поместное православие русской традиции в Западной Европе».

– Указ, которым Константинопольский патриархат решил распустить Архиепископию, – это неожиданность для вас? Почему такая медленная реакция Архиепископии?

– Да, неожиданность: церковь нечасто прибегает к хирургии. Отсюда и кажущаяся замедленность. Оперативно реагировать на внезапную бездомность непросто. Сам архиепископ Иоанн был обескуражен таким решением, его об этом никто не предупреждал. За последние годы в Архиепископии установился скорее мир со всем миром: проходили сослужения с Корсунской епархией, на освящение Свято-Троицкого собора в Париже пришло очень много клириков и прихожан с Дарю, сам владыка Иоанн, да и митрополит Гальский Эммануил сослужили вместе с патриархом Кириллом. И вдруг – гром и молнии с Фанара.

– Как вы думаете, почему это произошло именно сейчас? Чем, на ваш взгляд, обусловлен этот шаг Фанара?

– Архиепископия стала для Константинополя, как иногда говорят, «чемоданом без ручки» – нести неудобно… Напомню, что в 2003 году было послание патриарха Алексия с предложением объединиться. Архиепископии как экзархату были гарантированы целостность и максимальная свобода. Но тогда последовал довольно резкий отказ Москве с Дарю, и потом, когда в 2007 году после объединения РПЦ и РПЦЗ патриарх Алексий приехал с большим визитом во Францию, его даже не пригласили послужить в соборе Александра Невского. Прошло несколько лет, и точно так же поступили с митрополитом Иларионом. Сколько же можно посылать сватов к невесте-бесприданнице? Махнули рукой, построили собор на берегу Сены, основали семинарию, приходская жизнь Корсунской епархии идёт своим чередом.

– Какова реакция во Франции на известие о ликвидации Архиепископии для православных и верующих других конфессий?

– Верующие других конфессий вряд ли заметили это событие, а «население» Архиепископии застигнуто врасплох. Хотя, казалось, всем ясно, что история экзархата завершена: парадоксальность статуса возникла ещё в 1991 году. Как я уже когда-то говорил, Архиепископия с её традициями, её замечательными людьми постепенно переместилась на кладбище Сент-Женевьев де Буа. Собор на Дарю заполнился молдавской диаспорой, а знаменитый Свято-Сергиевский институт продолжает пребывать в глубоком финансовом и многолетнем экзистенциальном кризисе. На эту тему исписано много бумаги. Как они будут из этого оврага выкарабкиваться, не знает никто. Казалось бы, самое логичное – Сен-Сержу соединить усилия с русскими богословами, историками, которые появились за эти годы в России. Есть примеры Свято-Тихоновского и Свято-Филаретовского институтов, которые могли бы помочь. Кто как не эти люди помнят и чтут традицию Парижской школы. Но для налаживания сотрудничества с Русской церковью, на мой взгляд, сейчас в Архиепископии нет человека, вокруг которого бы все объединились, нет воли преодолеть все эти завалы и всё решить «в совете многом», а есть разные подходы, много обид, страхов, которым всё и подчинено.

Надежд на долгожданную нормализацию положения уже не наблюдается даже у клириков – похоже на брежневский застой. Прихожане же испытывают невесомость, в коей пребывают космонавты.

– Архиепископия отказалась исполнять указ и оказалась на распутье, где, как в русской сказке, три дороги: в Московскую патриархию с широкими правами автономии, в Румынскую церковь или в РПЦЗ. Какой из этих путей наиболее вероятен? Какое решение было бы самым верным?

– Румынская юрисдикция, простите, в данном контексте «в Киеве дядька». Мне даже странно, что такое можно рассматривать. Почему не Антиохия или Православная церковь Америки? Оптимальный путь – коли речь о «русской традиции» – это, возможно, войти в РПЦЗ.

Сейчас структуру, которую мы называем «Архиепископией», держит на плаву массовый приток новых мигрантов из Бессарабии и не только. В любом случае деление приходов останется по языковому принципу. Думаю, что некоторые приходы будут сами решать, в какую сторону им идти. В православии очень сильна инерция (в эмигрантских приходах особенно). Редкие прихожане, да и редкие настоятели сегодня думают о возвышенной миссии Дарю.

За период с 1991 года произошла огромная эволюция в сознании старой эмиграции. Многие впервые посетили Россию, из которой уехали их предки. Самоопределение в новых обстоятельствах – это результат долгих и мучительных поисков себя. Ошибок был воз со всех сторон: и РПЦ, и Архиепископии.

Советы давать трудно. Я бы просто оставил Архиепископию испить до конца эту чашу. Никуда бы их не зазывал, не уговаривал. Это их путь и судьба, сегодня только они могут сделать свой выбор: до сих пор народовластие, установленное при патриархе Тихоне в 1917–1918 годах, действовало.

Lien en russe STOL

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 3 Février 2019 à 14:50 | 23 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir.G: je ne crois pas que l''Archevêché va s'éteindre le 21/12/2018 11:01
Il est certain que l'Archevêché fut une étoile de l'Orthodoxie en Occident jusque dans les années 1950-60. Son éclat a pâli, surtout après son refus de la main tendue par le patriarche Alexis 2 et lerepli sur lui-même qui s'en suivi.

Mais l'Archevêché reste porteurs d'idées et de valeurs que soulignent Nikita Krivocheine et, encore mieux, le père Georges (Kotchetkov, https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/p-Georges-Kotchetkov-Apres-sa-dissolution-par-Constantinople-l-archeveche-des-eglises-russes-en-Europe-occidentale-doit_a5587.html) qui perdureront, sauf si "Daru" choisit de se dissoudre dans les métropole grecque (le retour à la situation d'avant 1999, avec un Archevêché maintenu, mais sous tutelle, serait une porte de sortie techniquement envisageable en restant sous Constantinople...)

2.Posté par N.B. le 21/12/2018 14:58
@Vladimir
qu'est ce que vous voulez dire? je n'ai rien compris

3.Posté par Vladimir.G: une autonomie de fait dans la juridiction de Constantinople et sous la tutelle du métropolite de France ? le 21/12/2018 16:57
Le père Georges parle de "richesses spirituelles russes", de "succulent gâteau," de "grand héritage spirituel de l’émigration russe" et recommande de "prier avec ferveur pour que le Seigneur permette de conserver quelque chose de l’essentiel de ce passé et de ce présent qui soit digne du futur." Il souligne que "l’orthodoxie occidentale est avant tout un héritage de l’émigration russe... Aussi le témoignage orthodoxe de l’émigration russe est le plus fort. Aucune autre Église, ni en Amérique, ni en Europe n’a, nulle part et avec tant de force, témoigné de son orthodoxie." Et souligne que "cet héritage nous est cher, non pas pour posséder, posséder, posséder, mais pour ne pas perdre les dons de Dieu, les dons de l’Église orthodoxe russe et du peuple russe si nécessaires au monde entier."

Cela c'est l'étoile dont parle Nikita Krivocheine et je pense que son éclat a pâli, surtout après le refus de la main tendue par le patriarche Alexis 2 (2003) et le repli de l'Archevêché sur lui-même qui s'en est suivi. La dispersion des paroisses dans les métropoles grecques risque évidement de faire complètement perdre cet héritage, mais il y a plusieurs solutions pour préserver une certaine unité à l'Archevêché: outre le passage dans une autre juridiction, à condition qu'il ne provoque pas la fuite de nombreuses paroisses, on pourrait envisager un retour à la situation qui a prévalu de 1971 à 1999: une autonomie de fait dans la juridiction de Constantinople et sous la tutelle du métropolite de France (l'ITO St Serge a immédiatement choisi cette voie). Encore faudrait-il que ce compromis soit acceptable pour les deux parties...

C’est pourquoi

4.Posté par justine le 30/12/2018 15:48
Au post 3: Concernant cette dernière éventualité que vous mentionnez: comment peut-on encore vouloir appartenir à un patriarcat qui de nos jours (et meme avant) a tellement prouvé sa trahison de tout ce qu' est l'Orthodoxie? Qui a montré en particulier son mépris pour les Orthodoxes russes? Difficile à comprendre un tel aveuglement.

5.Posté par père Joachim le 30/12/2018 18:15
Quand on a eu l’extrême privilège de vivre 5 ans aux sons des cloches de saint Serge (celles des matines et celle des cours) de partager également la sobriété du déjeuner traditionnel, autour du Père Alexis et de ses collaborateurs ; ce temps a pu faire grandir en soi, un peu, de la dynamique identitaire spirituelle qui récapitule le profil unique qui fonda le diocèse Eulogien de Daru.
Daru n'est pas un mythe ! C'est ni Moscou (d'avant/d'après), encore moins Karlovsky.

C'est l'orthodoxie russe de Paris dont on trouve les contours iconographiques, dans l'idéologie de la Galerie Tretiakoff, entre IVANOFF et ROUBLEV et quelques autres.

Il ne devrait pas y avoir, de part le monde, un russe, qui souhaiterait voir disparaitre cette facette de sa culture et de son histoire, mais bien au contraire sérieusement empêcher son "assimilation"

Sur cette question, il faut rendre justice à l'attitude de respect de Mgr. Illarion Alféïv, qui, cette fois, en homme de culture, semble comprendre la question.

Dans l’épreuve que subissent nos frères il y a les "trois solutions"principales connues, qui gardent chacune des avantages sérieux et recevables.

Mais, peut être l'aventure, de la réunion avec l'ancienne Métropolia / OCA (issue du départ de grandes personnalités de Daru aux USA), pourrait être envisagée pour un temps ?

Peut être aussi qu'en REFORMULANT les aspirations des réalités pastorales nouvelles et des espérances "réajustées" de l’Archevêché, on pourrait prétendre à nouveau par APPEL, à la couverture canonique "provisoire" de Constantinople ?

C'est devenu à présent bien difficile, mais c'est pourtant la ligne qu' avait été empruntée , par Mgr GEORGES (de Syracuse Bézobrazoff) et METHODE (de Campanie) Elle fut couronnée de succès.

En temporisant un peu, avec l’argument de la sainte humilité, on pourrait à nouveau démontrer que " ce que peuple veut Dieu le veut", aussi !

6.Posté par Vincent le 30/12/2018 22:23
Cher Père Joachim

Les repas autour de P. Alexis Kniazeff, je les ai connus aussi.
Quand il disait des "Karlovsky", que vous citez : "je les déteste" (je suis témoin des soirées chez un ami d'enfance, de St Serge, quand ces propos ont été tenus), je vous prierai d'un peu de partialité.

Quel est donc le résultat de cette Ecole de Paris ?

Quand un Archevêque de la "rue Daru" disait à propos de l'Icône de la Mère de Dieu d'Iviron (dont s'écoulait de la myrrhe) : "comment est-ce possible qu'un tel miracle se produise dans une Eglise non-canonique", alors vous comprennez....
Mais enfin, c'est dommage pour l'Exarchat, finalement que j'aimais bien....

7.Posté par Nicodème le 31/12/2018 09:39
au post 6 ... c'est que Dieu se fout et se contrefout des canons ...:-))) . Cela dit , j'espère de tout mon cœur que l'Archevêché ne se mettra pas pieds et poings liés sous la coupe de Constantinople , car le Phanar est entièrement soumis à l'hérésie humaniste , ce qui ne l'empêche pas de se compromettre en Ukraine avec un fausse Eglise ortho complice des nazis de Kiev ... Qu'il rejoigne , soit le PM , soit l'EOHF , qui est très bien aussi , et en phase avec le PM .

8.Posté par justine le 18/01/2019 13:55
L'Archeveche vient de donner une excellente réponse au Fanar qui a sommé le clergé de cesser la commemoration de son hiérarque et remettre les registres etc. et les fidèles à rallier les metropoles grecques.
..........................................

Voici le texte du communiqué du 17 janvier, publié sur le site de l'Archeveché et aussi sur
https://orthodoxie.com/larcheveche-des-eglises-orthodoxes-russes-en-europe-occidentale-defend-son-unite/ (au cas ou certains ne pourraient acceder ces sites):

"Ces derniers jours, de nombreux prêtres et diacres de l’Archevêché ont reçu un courrier du Métropolite grec du pays où ils résident, leur intimant l’ordre de cesser de commémorer leur propre Archevêque, de rejoindre le clergé des Métropoles grecques, de considérer que, d’ores et déjà, nos paroisses et communautés font partie de ces Métropoles et leur ordonnant enfin de leur remettre tous les documents et registres paroissiaux utiles.

À ce sujet, le Conseil de l’Archevêché renvoie à son communiqué du 30 novembre dernier et apporte ici quelques précisions.

Cette intervention d’évêques extérieurs dans le corps même de notre Archevêché, même s’il s’agit d’évêques du même Patriarcat, est irrégulière au regard de l’ecclésiologie et du droit : en effet, Son Éminence l’Archevêque Jean est le seul évêque dirigeant légitime des paroisses orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale. Le 28 mars 2016, il a été élu de manière régulière par l’Assemblée générale extraordinaire de l’Archevêché, composée de tous les clercs et des laïcs délégués des paroisses qui composent notre corps ecclésial ; le 22 avril 2016, le Saint-Synode du Patriarcat œcuménique a entériné cette élection. À partir de ce moment, l’Archevêque Jean a été installé dans ses fonctions de manière définitive. Depuis lors, il n’a ni démissionné ni demandé une quelconque mise à la retraite et demeure, par définition même du ministère épiscopal, l’organe de la catholicité du diocèse et le président de l’Union diocésaine qui est la personne morale de droit français assurant la communion de toutes les paroisses et communautés de l’Archevêché.

Comme tous ses prédécesseurs depuis le Vénérable Métropolite Euloge et dans tous les pays où ses paroisses sont établies, Son Éminence l’Archevêque Jean célèbre l’eucharistie de l’Église dans la catholicité, ainsi que tous les actes sacramentels ; il préside à la consécration des églises et des antimensia, il ordonne à tous les rangs du service ecclésial dans notre Archevêché. En qualité d’évêque en exercice du Patriarcat de Constantinople, il a participé encore récemment à la Synaxe des Hiérarques du Trône œcuménique et, en 2016, au Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe. Sa qualité d’unique évêque diocésain de notre Archevêché est irréfutable, canoniquement et juridiquement, comme le confirment les Statuts officiels de l’Archevêché.

Les Statuts de l’Archevêché sont connus du Patriarcat et ont été approuvés par le Saint-Synode de manière constante depuis 1931 ; dans leur version en vigueur à ce jour, ils disposent notamment :

Article 11

L’Archevêché et les associations adhérentes [les paroisses et monastères] sont placés sous l’autorité administrative et la direction spirituelle, pastorale et morale d’un évêque dirigeant avec le rang et titre d’Archevêque qui relève de l’obédience de Sa Sainteté le patriarche œcuménique de Constantinople. L’Archevêque est le Président de l’Archevêché.

Article 40

L’Archevêque exerce ses fonctions à vie. Il peut toutefois se retirer de la direction de l’Archevêché après avoir consulté le Comité épiscopal et le Conseil de l’Archevêché. Par contre, il ne peut être démis de ses fonctions qu’après jugement du tribunal ecclésiastique supérieur compétent, à savoir le Saint-Synode patriarcal.

Ces dispositions ne permettent aucune autre interprétation des choses : notre clergé diocésain doit continuer le mode de commémoration liturgique tel qu’il l’a toujours pratiqué et il demeure, tout comme les paroisses et les monastères, sous l’obédience immédiate de Son Éminence l’Archevêque Jean. Tous les dossiers diocésains sont à jour à l’Archevêché et ils ne sauraient, pour des raisons juridiques obligatoires, être transférés à une autorité extérieure sans motif fondé.

Le 27 novembre 2018, le Patriarcat œcuménique a décidé le retrait du Tome patriarcal et synodal du 19 juin 1999, qui conférait à l’Archevêché la qualité d’Exarchat patriarcal. Même si le Conseil de l’Archevêché regrette le caractère unilatéral et non concerté de cette décision, nous reconnaissons que le Patriarcat avait le droit de prendre cette décision. Nous ne pouvons néanmoins pas confondre le retrait de la qualité d’Exarchat patriarcal et la « dissolution de l’Archevêché », selon l’expression dépréciative utilisée par certaines sources sur Internet.

La décision du 27 novembre du Patriarcat de Constantinople comporte un volet unilatéral (le retrait du Tome de 1999) et un volet bilatéral voire tri-latéral (l’invitation d’intégrer les paroisses de l’Archevêché dans les Métropoles grecques dont on ignore si elles ont été consultées à ce sujet). Ce qui est multilatéral doit nécessairement faire l’objet d’une délibération par les sujets collectifs (paroisses) et individuels (clercs) concernés. Nul ne peut préjuger de l’acte ecclésiologiquement fondamental que constitue la réception d’une décision de provenance extérieure.

En effet, pour dissoudre l’Archevêché fondé en 1921 (c’est-à-dire avant même sa réception dans le Patriarcat de Constantinople), seule l’Assemblée générale est compétente. Elle a été convoquée valablement pour le 23 février prochain et comporte un seul point à son ordre du jour : la discussion sur cette décision du Patriarcat.

De même que le Patriarcat œcuménique se conforme, pour son fonctionnement local en Turquie, au régime législatif de la République turque, parfois très contraignant, de même a-t-il toujours encouragé notre Archevêché à s’organiser conformément aux législations des pays où ses paroisses sont établies et à les respecter pleinement. Loin d’être une entorse à la bonne organisation de l’Église, le respect des procédures statutaires constitue l’application canonique la plus sûre, directement inspirée par l’éthos orthodoxe.

Notre Archevêché se trouve aujourd’hui, de jure, dans la situation où il se trouvait avant son accueil dans le Patriarcat œcuménique. De facto, néanmoins, nous ne voudrions pas que cette longue et fructueuse période se close sans une rencontre humaine de visu entre les représentants de notre Archevêché et les autorités du Patriarcat.

En effet, nous ne pourrons jamais trouver les mots justes pour exprimer notre gratitude au Patriarcat œcuménique pour sa protection canonique pendant toutes ces années. La Sainte Église de Constantinople a veillé au respect des particularités de notre fonctionnement diocésain inspiré par les décisions et les débats du Concile de Moscou de 1917-1918, et nous lui en sommes profondément reconnaissants. Cela montre combien la vocation ecclésiale du Patriarcat œcuménique est véritablement supra-ethnique.

Si le Patriarcat œcuménique fermait la porte à toute possibilité de l’Archevêché de demeurer dans son sein, l’Assemblée générale aviserait en conséquence. Toutefois, ni les Métropolites grecs d’Europe occidentale, ni le Conseil de l’Archevêché, ni même l’Archevêque ne peuvent se substituer à l’Assemblée ecclésiale qui a été valablement convoquée pour le 23 février prochain.

D’ici là, le Conseil de l’Archevêché appelle toutes les parties en présence à respecter la paix de l’Église et les dispositions juridiques qui garantissent que, dans le Corps du Christ, « tout se fasse convenablement et avec ordre » (1 Co 14,40). « Car, comme l’enseigne toujours l’Apôtre Paul, Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais un Dieu de paix » (1 Co 14,33) ; le contraire du désordre n’est donc pas l’ordre, mais la paix."

9.Posté par justine le 18/01/2019 14:31
A Nicodème post 7: Vous avez très tort de dire ce que vous dites dans la 1ere ligne de votre message. Comme le souligne l'Apôtre Paul et comme le rappelle justement le nouveau message de l'Archevêché du 17 janvier 2019, "Dieu n'est pas le Dieu du désordre". Toute Sa Création est régie par Ses lois, et celui qui y sème le désordre, c'est celui dont le programme est de détruire la Création divine. Aux hommes aussi, Dieu a donné Ses lois et Il veut qu'ils les respectent, pour leur propre bien. Ne lisez-vous pas la Sainte Ecriture? Avez-vous oublié quelle était la conséquence de la violation de la première loi, celle que Dieu donna à Adam et Eve? A Sa nouvelle Création aussi, la Sainte Eglise, Dieu a donné des lois, les Saints Canons, et Il veut qu'on les respecte, pour le bon ordre de notre vie en Eglise. Aujourd'hui où sans gêne on foule des pieds les canons qui ne conviennent pas à nos propres projets, vous voyez bien où cela conduit. Tout le mal dans le monde vient de ce qu'on se fiche de la Loi de Dieu. Et Dieu certes n'y est pas indifférent. Mais Il nous laisse goûter les conséquences de notre imposture afin que, peut-être, elles nous feront revenir dans la voie droite...

10.Posté par N.B. le 18/01/2019 20:06
Justine №9
reaction brutale de Phanar

11.Posté par Nicodème le 19/01/2019 10:55
@justrine : mouais . Le seul problème , c'est que ce qu'on croit être les lois de Dieu , ce sont des hommes qui les ont concoctées . Les fameux canons , à part tirer sur l'adversaire , servent en effet à organiser la répartition des pouvoirs au sein de 'lEglidse , car , hélas , l'Eglise , qui est humaine bien plus que divine , est aussi une affaire de pouvoirs . Je ne nie pas que cela soit nécessaire , mais ces canons , même incorporés dans des conciles ne sont pas la loi de Dieu . Les lois de Dieu , c'est le Décalogue , augmenté des Béatitudes et de l'ensemble des enseignements du Christ . Quant à la Création , et pour citer comme vous le juif pharisien Shaül de Tarse , "toute la création gémit dans les douleurs de l'enfantement" . C'est-à-dire qu'elle n'est pas au point . Depuis que la loi d'airain de l'entropie croissante (2ième principe de la thermodynamqiue) régit tous les systèmes , vivants ou non , et ce ds la totalité du cosmos , cela se traduit par la destruction progressive et continue de toute matière , et , en ce qui concerne le vivant , par son vieillissement et sa mort . Est-ce une loi voulue par Dieu ? j'en doute (cf Sagesse : "Dieu n'a pas voulu la mort" ). C'est celle de l'"Adversaire" , que Dieu a laissé être le "Prince de ce monde" . Pourquoi ? La réponse est impossible à obtenir en ce monde . En attendant , on fait avec , et on se méfie comme de la peste de tous les personnages qui disent parler au nom de Dieu . Pour finir , votre argument sur la pédagogie de Dieu , que j'ai entendu dix mille fois , serait bon si , depuis le temps , l'homme comprenait , en effet , les résultats de ses passions , mais force est de constater qu'il n'en est rien , et que cela s'aggrave . Le malheureux juif ds la camps nazis finissait par se dire "mais où est Dieu?" , et il finissait par en nier l'existence , tant il lui était insupportable que Dieu , qui serait bon , paraît-il , le laisse ds son enfer . Qui peut dire que , à sa place , on n'aurait pas eu la même réaction ? Tout le monde n'est pas Maximilien Kolbe ou Simone Weil ... Mais je m'éloigne du sujet .

12.Posté par justine le 19/01/2019 19:38
A Nicodème, post 11: Juste une petite interjection, pour ne pas dévier du sujet qui est l'Archeveché: La Création gémit depuis la chute et à cause de la chute, non parce que Dieu l'aurait créée "pas au point".

13.Posté par Nicodème le 20/01/2019 00:35
Certes , certes . Je n'ai pas été assez précis . Théologiquement , vous avez raison , chère Justine . Mais pardonnez-moi , je pense que c'est une explication au problème du mal , alors qu'il est absolument impossible de l'expliquer . La "chute" , qui est une image , et n'a pas de réalité historique , évidemment , est une explication concoctée par la mythologie juive lors de l'exil à Babylone , qui vaut ce qu'elle vaut , comme toutes les mythologies . Càd la valeur que celui qui la découvre accepte de lui donner pour le confort de son esprit et l'apaisement de son âme ...

14.Posté par Théophile le 20/01/2019 13:32
@ Nicodème
La chute est une réalité ontologique (l'éloignement de Dieu), qui a impacté toute l'histoire de la création et de l'humanité jusqu'à nos jours. Chacun peut l'éprouver dans sa vie - cette blessure existe, nous avons la nostalgie de Dieu.
De même, la venue du Christ parmi les homme à un moment de l'histoire est une réalité nouvelle qui a des conséquences ontologiques pour toute l'humanité, et même toute la création.
Jusqu'à ce que tout soit récapitulé en Christ, nous gémissons encore dans les affres de l'enfantement. Mais la voie du Royaume est ouverte et nul ne pourra la refermer.

15.Posté par Silvain : commencement et fin de l''''histoire le 20/01/2019 22:55
L'histoire a un commencement et aura une fin.
Elle commence avec l'exil du paradis terrestre, c'est-à-dire au moment où les faits (historiques ou non) prennent pour l'homme plus d'importance que sa relation avec Dieu. La succession des faits introduits une linéarité causale dans le temps, chaque fait en engendrant un ou plusieurs autres, chaque malheur en précipitant un plusieurs autres.
C'est pour casser cette chaîne mortifère que le Christ fait irruption en au sein même de l'histoire.
L'histoire aura deux fins possibles, soit l'homme aura complètement échappé à Dieu, et dans ce cas ce qui reste de vivant sur terre sera précipité en enfer, soit les hommes qui auront reçu Dieu en plénitude dans leur cœur et sauront donner leur vie pour cela verront leur vie littéralement transformée et la Jérusalem céleste descendre, de chez Dieu. Dans ce cas, et dans ce cas seulement, une autre histoire, non linéaire, donc non historiciste, prendra le relais de la première. On n'écrira plus de livres d'histoire. C'est bien entendu la fin que nous souhaitons autant que celle qui est prophétisée dans l'Apocalypse de Jean et à laquelle nous sommes conviés. Promise oui, mais à quelles conditions?
Le sanctissime patriarche Kiril de Moscou a récemment mis en garde contre le glissement vers la fin tragique de l'histoire (lien) . L'homme est constamment appelé à collaborer à une fin heureuse de l'histoire, celle qui est annoncée dans les écritures. La fin heureuse n'est pas un dû, elle n'est pas automatique.

16.Posté par Nicodème le 21/01/2019 02:26
Entièrement d'accord avec la première partie de votre réponse : la "chute" est une réalité ontologique . Dont nous nous serions bien passés . Pourquoi tout ce mauvais film alors que nous aurions pu rester ds le "jardin d'Eden" ? Pour le reste , "toute la création" , hum.... Je me suis souvent posé la question de savoir si cela allait jusque vers les êtres doués d'âme et d'esprit dont l'existence est possible au-delà du système solaire ...Nous savons maintenant qu'il existe des dizaines d'exoplanètes dont les paramètres physico-chimiques de surface peuvent permettre à la vie d'exister .

17.Posté par Tchetnik le 21/01/2019 10:00
@Nicodème

Toute la Création est l'œuvre de Dieu, fut créée parfaite à l'origine, Dieu n'étant pas un apprenti sorcier. Et seul l'Homme fut créé à l'image de Dieu, promis à la Résurrection et lié à Dieu par un lien de surabondance d'Amour.

18.Posté par Didier Veillat le 30/01/2019 19:29
Bonsoir à tous,
"Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous" (Romains XI-32)
Certes, la chute ontologique indéfinie de l'univers entier (et même des multivers si cela plaît aux théoriciens) a plongé toute la création dans des "langes oppressants" (P. S. Boulgakov). Il n'en ressort pas un avenir manichéen mais une doctrine: celle de l'apocatastase, à savoir un rétablissement universel "au travers du feu". Le terme apo-cata-stase révèle en lui même l'antinomie rationnelle (P. P. Florenski) qui n'est antinomie qu'au sein de ce monde. En fait nul ne sait quel mystère est enterré au sein du Père, nul ne sait rien du mystérieux Royaume du Christ et nul ne sait la puissance autorévélatrice de l'Esprit Saint. "Tout est dans tout" au creux de la surabondance de l' Amour, Tout est mystère, même la raison qui ne saurait "contenir ses propres racines". Alors, seule l'espérance menée par la foi dont l'Apôtre Paul nous dit qu'elle "est vraiment une grâce" doit animer nos pauvres existences infirmes ici bas. Tout ce que nous savons, inscrit dans le Symbole de la foi, est le retournement ontologique du monde par l'Incarnation, la mort puis la Résurrection du Sauveur: puissance de l'Esprit Saint par la volonté du Père! Dieu est absolu parce qu'il ne lui manque rien! A nous, il manque le Christ quand nous cherchons à l'enfermer dans quelque raison que ce soit. L'existence ici-bas est un déficit de tout dont nous ne pouvons tirer quoique ce soit. Soyons patients.
Bien respectueusement à tous.
Didier Veillat

19.Posté par Nicodème le 31/01/2019 11:56
@Didier Veillat .
J'ai longtemps adhéré exactement à votre discours . Et vous me le ressortez tellement bien que , pour un peu , je serais convaincu de nouveau . En tous cas , par la première partie , oui .Jusqu'à "racines" . On a l'impression que vous croyez ce que vous dites , ce n'est pas la récitation d'un catéchisme . J'espère revenir à la foi chrétienne orthodoxe avant de mourir . Ce serait mieux , car , bien que je croie en l'apocatastase (sinon Dieu serait mauvais et sadique) , je me doute bien , intuitivement , qu'il vaut mieux avoir un bilan de vie pas trop chargé , avoir le temps de se repentir en vérité , et être revenu dans la foi , càd être capable d'adhérer vraiment au kérygme : "Jésus , (celui qu'on appelle Christ ) , EST le Kurios ". Mais pour l'heure , sans le nier avec une rage démoniaque et un fanatisme criminel , comme les muz , je suis dans le doute .

20.Posté par Didier Veillat le 31/01/2019 19:21
@Nicodème
Cher Monsieur, je comprends tellement les sentiments qui vous animent que, si vous me connaissiez, peut-être reconnaîtriez-vous quelque chose de vous en moi et réciproquement.

Jusqu'à "racines", dites-vous? Je ne suis pas en effet adepte du catéchisme ombilical et je pense effectivement par moi-même, c'est à dire selon le doute qui me traverse parfois profondément les entrailles; le moteur de mon espérance. Il y a près d'un an, j'étais en réanimation pour un infarctus massif. J'étais auparavant le type costaud et un peu affirmatif, à qui l'on ne la conte pas et à qui l'on confie ses doutes... et mes réponses étaient sûres... en apparence. Ah! J'étais mon propre héros! La maladie a "fait revenir mon âme à elle". Depuis, je me remets au moins physiquement.

Mais la mise à l'épreuve du face à face avec ma finitude a instillé un doute salutaire. Après ouverture de mon "sarcophage thoracique", je ne sais que ma fragilité. Mais curieusement, c'est au fond d'un certain désespoir que la prière m'a pris, comme une grippe imprévisible. Alors depuis ces choses somme toute banales, je ne sais qu'une seule chose: la vie terrestre est vraiment un déficit de tout. Croyez-moi, rien de théorique ni de spéculatif là dedans. Mes lectures antérieures ne m'ont été d'aucun secours, mes intellections m'ont abandonné et seul est resté, comme une prière tragique et épurée, le retour à une certaine forme d'enfance en Christ. Pour un scientifique en biologie, ça remet les choses en place! Voilà: ma foi tient donc en ce petit rien de "grandeur de se savoir misérable" comme le disait Pascal; bien plus même, se connaître intimement misérable. Tout comme la liberté est au cœur des contraintes, la foi est au cœur du doute quand bien même serait-il rendu à "une rage démoniaque et à un fanatisme criminel". Je confirme cette forme de profondeur du sépulcre vivant et vivace. Ce que bien des chrétiens de culture ne saisissent pas; même au plus haut niveau de l'Eglise terrestre, on se fait des carrières, des guerres de primauté et de prévarication; c'est dire! Si j'avais un peu de temps et de place, je vous ferai volontiers part d'un écrit sur la réalité de l'anéantissement de notre Seigneur, écrit commis contre mon doute et qui essaie de saisir la violence infinie du télescopage de Jésus contre et dans le mur du réel de la mort. Je ne sais pas quel sera mon état quand elle me passera sur le corps, mais pour le coup, "comme le larron je me confesse".

C'est à peu près la seule chose non théorique que nous puissions faire par moments. Quoiqu'il en soit de mon existence, je crois que nous sommes nombreux à avoir un cœur traversé par le doute et par la foi. L'un et l'autre se tiennent la main, voire se conditionnent mutuellement. "Et qui oserait déchirer son propre cœur?" (A. Soljenitsyne, à propos du bien et du mal)
Bien à vous, sincèrement et fraternellement.
Didier Veillat

21.Posté par Théophile le 01/02/2019 07:45
@ Nicodème et Didier
Job 19:25-27 La Bible du Semeur (BDS)

Mais je sais, moi, que mon Défenseur est vivant:
en dernier lieu il surgira sur la poussière.
Après que cette peau aura été détruite,
moi, dans mon corps, je contemplerai Dieu.
Oui, moi, je le verrai prendre alors mon parti,
et, de mes propres yeux, je le contemplerai. Et il ne sera plus un étranger pour moi.
Ah! mon cœur se consume d’attente au fond de moi.

22.Posté par Nicodème le 02/02/2019 09:09
@Théophile :

@Théophile : Oui , je connaissais ce très beau texte . Mais le livre de Job rentre dans la catégorie des contes métaphysiques . Juifs . La question est : ce conte est-il réellement inspiré ? Doit-on y déceler la Parole de Dieu ? Cette question , je me la pose maintenant pour l'immense majorité des textes des livres des Ecritures . Et y répondre positivement est toujours un coup de poker . Or , j'ai peur de perdre .

@Didier : merci de votre réponse . J'en ai été beaucoup touché .

23.Posté par Didier Veillat le 03/02/2019 20:16
@Nicodème
"Tout le monde n'est pas Simone Weil" avez-vous écrit plus haut. Il se trouve que je relis ses œuvres (ainsi que l'oeuvre romanesque de Bernanos, auquel d'ailleurs Simone Weil avait écrit une lettre qu'on a retrouvé sur lui à sa mort... mais je digresse). Simone Weil fait explicitement référence à Job en tant qu'archétype de l'Homme dont l'ordre spirituel ("le premier besoin de l'être" dit Simone Weil) est l'obéissance au sens où elle entre dans l'ordre intérieur d'une grâce. L’épreuve de Job est une grâce. Et nous ne sommes pas Job...: Notre épreuve. "Tu ne dois pas jeter ta croix, tu en as besoin" a écrit Paul-Louis Landsberg, juif converti au christianisme et mort dans les camps nazis. On essaie, on essaie...

On ne peut être sûr, à moins d'être Témoin de Jéhovah (les cow-boys de la Bible qui dégainent le verset plus vite que leur ombre), de la véracité et de l'authenticité historique des écrits notamment vétérotestamentaires. Le Déluge, par exemple... est une fiction authentique, si je puis me permettre cet oxymore. Son authenticité réside en ceci que "Dieu a usé de très saintes fictions pour se rendre intelligible à nous" (Pseudo-Denys), c'est à dire qu'il se fait connaître de nous tel qu'il veut être connu, et non pas tel qu'Il est. Cette distinction est selon moi le premier pas vers une lecture des Saintes Écritures et plus particulièrement de certains livres vétérotestamentaires. Ceci est aussi particulièrement patent à propos du Credo que l'on nomme Symbole de la foi; symbole et non pas vérité. Ce pourquoi, ayant "des oreilles pour entendre", nous sommes nécessairement amenés à réfléchir ce que nous disons, à en faire une sorte de "critique" constructive au lieu de l'avaler tout rond comme mon chien avale sa gamelle. Et mon chien est très fort sur ce terrain-là!
Je suis souvent sidéré par l'absence de théologie spéculative, de pensée par soi-même selon l'Ecriture. J'ai d'ailleurs organisé, depuis que je suis à la retraite, dans mon coin de campagne une série de réunions ayant pour but d'éveiller mes amis chrétiens à propos de leurs lectures. Le texte du Credo est presque infini dans ses conséquences théologiques; pour le savoir, il faut le ruminer au lieu de l'avaler. De lui, certes après l’Évangile, découle la défense de notre foi et de notre doute, ce qui n'est pas paradoxal. Tout comme je n'ai jamais opposé science et pensée spirituelle. Toutes deux sont dans l'ordre du monde.
D'autre part, et pour être cohérent avec ce qui précède, je ne réponds jamais à une question ressortissant de la foi ou de la théologie par une citation brute. Il faut enseigner et s'enseigner. (Il peut d'ailleurs m'arriver d'être pris dans de tels cycles de pensées contradictoires que je m'épuise!)

Mais je reste persuadé que la Révélation ne viendra qu'avec la Révélation, c'est à dire que nous ne connaîtrons la vérité qu'en la rencontrant, soit après le doute inhérent à notre condition actuelle qui est précisément celle du doute. D'autre part, je suis tout aussi persuadé que la vérité, malgré l'étude de l'Ecriture, malgré la foi, malgré le doute, malgré les affirmations dogmatiques (dont l'interprétation varie selon les époques), malgré le droit canon dont on voit l'actualité à l'oeuvre, malgré tout ici et maintenant, la vérité disais-je nous surprendra. Au lieu de quoi, nous sommes pris dans une catéchèse ombilicale et anesthésiante. J'ai connu un prêtre qui m'ayant reproché, non sans véhémence et non sans soutien craintif de ses paroissiens, de penser par moi-même ne doit plus avoir de souvenir de ma personne que mon dos. Il y a des métropolites qui voient les choses comme cela aujourd'hui encore et à notre porte, des métropolites étonnés de recevoir des courriers de la part de simples pèlerins comme moi. Ah! bien des fidèles tremblent comme des enfants devant l'habit et le canon... Tant pis ou tant mieux pour eux?
Merci de votre lecture et de vos interventions revigorantes!
Didier Veillat

24.Posté par Nicodème le 04/02/2019 09:53
Si mes interventions sont revigorantes , alors que dire des vôtres ? ! Penser par soi-même ? Mon père , qui est mort (Dieu ait son âme!) , me disait que j'étais un "esprit fort" , et lui me donnait en modèle la "foi du charbonnier" . Toute sa vie , lui qui était un ingénieur brillant , il s'est empêché de penser lui-même . Penser par soi-même , cela ne dispense pas de s'instruire de la pensée de ceux qui ont passé leur vie à décortiquer les Ecritures pour tenter d'en tirer la "substantifique moelle" (les fameux "Pères" )... Nul besoin de "protester" pour cela . J'ai vécu maintes fois moi aussi le rejet par les bons paroissiens ou la cléricature , en milieu kto à cause de cela . Mais en milieu ortho , l'un me dit que l'"orthodoxie , c'est la liberté" (quelle liberté?) , l'autre me dit qu'il faut "obéir" . A qui ? J'ai vu comment l'évêque Gabriël a humilié un pauvre diacre bien soumis. Trop soumis . Merci des références que vous nous donnez . Encore des tonnes de bouquins à s'enfiler . Dieu m'en laissera-t-il le temps ? car j'entre maintenant ds la décennie où statistiquement , les hommes commencent à clapoter ...:-))

25.Posté par Didier Veillat le 05/02/2019 07:22
@Nicodème
"Que celui qui a des oreilles pour entendre entende!" nous dit le Christ. S'il n'y avait rien à penser la Bible ne ferai pas même une page! Ou alors ne serait qu'un conte pour enfants.
Et qui pense, pense toujours par lui-même, sinon il ne pense pas! Il est en Eglise, mais en tant que lui-même et pas un autre; donc, selon son talent personnel il pense par lui-même aussi en Eglise. Les clercs confondent l'unité organique de l'Eglise avec les personnes qui y vivent selon elles-mêmes. La véritable obéissance n'est pas celle de la dissolution de la personne mais, au contraire la réalisation d'un ordre intérieur, spirituel selon lequel l'individu grandit et se déploie en tant que tel: lui... Ce que ne supportent pas bien des clercs et nombre de prélats. Ce qui m'a fait quitter le diaconat en 2013 en claquant la porte de l'obéissance armée.
"Les disciples étaient réunis au nom du Christ et une langue de feu se posa sur chacun d'eux". Unité de corps dans la distinction des personnes! Cette distinction au creux de laquelle se joue la liberté de chacun, laquelle consiste à s'appartenir, à moins d'être une abstraction.
Dans l'Eglise, le pouvoir s'est affranchi de cet aspect personnel des fidèles, les fidèles sont devenus des enfants et ces enfants des êtres obéissant sous le joug du sacré. Or, depuis le Christ, le sacré a disparu: seule subsiste la sainteté individuelle dont on ignore tout, même quand elle est sur nous.
D'un certain point de vue, l'Eglise terrestre est archaïque, religieuse et scolastique. Ce qu'elle ignore, c'est qu'elle nous oblige encore plus à penser par nous-mêmes pour peu que nous ayons un peu le courage d'être à l'image de Dieu: des Personnes au sein de l'Unité.
Je ne sais pas comment les choses se passent chez les catholiques romains, mais je ne pense pas que ce soit mieux, même avec une guitare autour d'un feu de camp...
Quant au doute, rappelons-nous Saint Jean Baptiste qui depuis sa prison envoie quelques uns de ses disciples demander aux disciples de Jésus si celui-ci est vraiment le Messie... Pourtant, le Baptiste avait entendu la voix du Père et vu l'Esprit-Saint!
Clapoter: j'ai failli plusieurs fois. Ardu. Le plus difficile. Parce qu'une fois la chose faite, bon débarras!

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