"Pourquoi les impressions d’enfance sont-elles si importantes ?
Pourquoi importe-t-il tant d’emplir le cœur et l’intelligence de l’enfant de lumière et de bonté dès la plus tendre jeunesse ? Il y a chez les enfants de la confiance, de la simplicité, de la douceur, de la capacité à s’attendrir, à compatir, il y a de l’imagination mais pas de cruauté ni d’endurcissement. C’est précisément le terrain qui produit une moisson trente, soixante et cent fois supérieure au grain semé. Lorsque, plus tard, l’âme se pétrifie et se durcit, les perceptions de l’enfance peuvent de nouveau purifier et sauver l’adulte. C’est pourquoi il est important de rapprocher les enfants le plus près possible de l’Eglise, ils y trouveront de la nourriture pour toute leur vie. " (p.180)

"Quant à la religion de Tolstoï et de Rousseau, voici ce qu'il en est. La religion est une affaire complexe. Le vin, par exemple, se compose d'eau, d'alcool, de matières aromatiques et de colorants, etc. Il en va de même avec la religion: elle comprend l'alcool des dogmes, les arômes du culte et des rites, et puis les règles morales: l'eau. Eh bien, Tolstoï et Rousseau n'y ont vu que cette eau." ( p.197)

* * *
" Nous pouvons d'ores et déjà constater que l'impact des idées chrétiennes sur l'humanité a été sans précédent. Même les ennemis du christianisme le reconnaissent. Nietzsche affirme que l'humanité entière est "corrompue" par le christianisme, que sa psychologie et sa morale sont complètement imprégnées par la "décadence" chrétienne.

Rosanov (avant sa conversion à l'orthodoxie) constate avec une une tristesse horrifiée que les hommes sont complètement empoisonnés par ce "doux poison", et qui lui-même se trouve parmi les victimes.

Nous ne pouvons pas dire qu'après le Christ toute l'histoire est devenue chrétienne, surtout à l'heure actuelle, nous en sommes loin-, mais nous pouvons affirmer que qualitativement elle est devenue autre sous l'influence des idées chrétiennes.
La pâte lève sous l'effet du levain, mais elle ne s'identifie pas à lui; le feu brûle l'arbre, mais les cendres et le charbon qu'il laisse n'ont rien de commun avec le feu. Il en est de même des idées qui agissent sur l'humanité. Et telle fut l'action transfiguratrice du christianisme sur le monde". ( p.106)

Père Alexandre Eltchaninoff
Écrits spirituels (extraits )
Traduit du russe par I.Auboyneau et B.Marchadier
Collection Spiritualité orientale et vie monastique, N° 29, 1979

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 1 Janvier 2012 à 10:34 | 1 commentaire | Permalien


Commentaires

1.Posté par Bartimée le 03/01/2012 10:31
Merci à P.O. de nous rappeler ce juste regard sur l'enfance extrait des incontournables "Écrits spirituels" de P. Alexandre, qui va jusqu'à ajouter non sans audace un peu plus loin : "... En outre leur sens du bien et du mal n'a pas été étouffé, leur âme est libre de l'esclavage du péché ...".

Le Christ Lui-même n'a-t-il pas dit : "... si vous ne changez et ne devenez comme les enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume de cieux ..." (Matt 18,2). Paroles douces mais d'autant plus audacieuses et antinomiques avec le contexte d'alors que chez les Hébreux aussi bien que chez les Romains et dans la plupart des autres peuples, les parents disposaient d'un pouvoir absolu ayant le droit de vie et de mort sur leur progéniture. N'oublions pas que le "fils prodigue" était passible de lapidation.

Si le Soleil de Justice Lui-même a tenté de faire changer le regard donc le comportement sur l'enfance, il y a encore du chemin à faire après deux mille ans.
L'Eglise latine, est-il besoin de le rappeler, a exclu de l'eucharistie à la fin du XIIème siècle, dans une régression inexplicable, les petits baptisés après les y avoir admis pendant les huit siècles précédents.

Dans les Eglises slaves, grecques et orientales, les enfants ont toujours été considérés comme dignes de recevoir régulièrement les Saints Dons et ce dès la première liturgie qui suit leur baptême et après la petite cérémonie si émouvante si importante de leur introduction solennelle dans l'église.
Notons que l'assemblée s'efface toujours devant eux pour qu'ils soient les premiers au calice.

On ne le répétera jamais assez : quand donc nos oecuménistes aborderont-ils cette question majeure, ce sujet étrangement interdit dans les nombreux colloques ? et pas seulement dans les colloques. Le silence fut-il diplomatique a ses limites. Il en va tout de même de la théologie du sacrement des sacrements, du "Sacrement du Royaume", de son essence même.

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