Vladimir GOLOVANOW

Après la "Lettre ouverte aux évêques catholiques du monde" du théologien suisse Hans Küng il y a un an (cf. PO, ICI et ICI), le débat rebondi:

150 théologiens d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse ont publié le 4 février dernier une déclaration prônant une série de réformes dans l’Église catholique: participation renforcée des croyants à la désignation des évêques et des prêtres, ordination d’hommes mariés, meilleure culture du droit dans l’Église et davantage de respect face à la liberté de conscience individuelle (homosexuels ou divorcés-remariés ne devraient plus être exclus de la participation aux sacrements).

Le "Cusanuswerk" (institution de l’Eglise catholique en Allemagne soutenant les étudiants doués) relève que les professeurs signataires ont critiqué ouvertement les abus au sein de l’Église et ont exhorté à réaliser les "réformes depuis longtemps attendues". Il invite les évêques "à discuter de ces préoccupations de nombreux catholiques et à chercher le dialogue de manière sérieuse." Les évêques "doivent aussi faire connaître à Rome les exigences du document"; "Pax Christi" (mouvement catholique pour la paix) a parlé d’"importantes impulsions": le texte révèle l’importance de la participation des laïcs au dialogue interne à l’Église d’après sa secrétaire générale; le Comité central des catholiques allemands (ZdK), la Confédération de la jeunesse catholique (BDKJ) et le "Mouvement Populaire de l’Église allemande" (Kirchenvolksbewegung) ont aussi pris position en faveur de l’initiative des théologiens.

Une décision difficile mais inévitable:
"L’appel souligne une fois de plus l’urgence avec laquelle les réformes doivent avoir lieu dans l’Église. Nous partageons pleinement et entièrement cette position", a affirmé Maria Theresia Opladen, présidente de "la Communauté des femmes catholiques en Allemagne" (kfd); et de rappeler la déclaration publiée par le kfd en juin 2010 et intitulé "La chance pour le renouvellement c’est maintenant". Et pour Wolfgang Beinert, dogmaticien émérite de Regensburg, la révision du célibat obligatoire des prêtres catholiques "est une décision difficile à laquelle on n’échappera pas". Avec une relève des prêtres qui est loin d’être assurée, l’Église ne pourra plus remplir son devoir en Europe centrale et dans de nombreuses autres parties du monde si elle n’agit pas a-t-il continué, affirmant que, d’après ses informations, le Vatican réfléchissait justement à un changement sur la question.

CRITIQUES SINGLANTES:

le théologien et psychiatre Manfred Lütz a décrit cette prise de position comme "un document de résignation et de désespoir" et suggère carrément aux signataires de passer au Protestantisme (!); toutes les questions controversées ont été abordées et traitées, selon lui, dans le sens d’une solution protestante et cette déclaration ne permettra pas de faire que les choses aillent mieux mais accentuera les divisions au sein des Facultés de théologie et de la Conférence des évêques allemands; de plus les gens seront déçus que "les querelles intestines à l’Église continuent". Pour le célèbre psychiatre, les demandes des théologiens sont motivées par "le pouvoir et l’impuissance": d’un côté, les professeurs pourraient "au fond faire ce qu’ils veulent" et d’un autre côté ils seraient impuissants et "de moins en moins pris au sérieux", en effet, "ils ne jouent plus aucun rôle important /dans les débats publics médiatiques/ parce qu’on veut des positions catholiques claires, parce qu’on veut si possible un évêque"…

Pour Mgr Heinz Josef Algermissen, évêque de Fulda, le document est trop simplificateur: si un dialogue est souhaitable, il ne doit cependant pas être bloqué d’entrée de jeu par des "pédanteries", a-t-il estimé. Enfin Peter Seewald, biographe du Pape dénonce dans l'appel des 150 « des forces néolibérales qui font pression en faveur de transformations qui auraient comme résultat de dépouiller l’Église catholique de son être même et donc de son esprit et de sa force »… « qui sème le vent récolte la tempête » continue il en menaçant "ces théologiens déviants" de " la juste colère de ceux qui restent fidèles à l’Église." Et de fustiger ces « théologiens petits-bourgeois et fanfarons », en allant jusqu'à parler de « l’expression d’une sorte de stalinisme théologique »…

Avis OFFICIEL NUANCÉ:

La Conférence des évêques d’Allemagne a fait savoir qu’elle ferait part de ses propres propositions lors de son assemblée générale en mars 2011 secrétaire général qualifiant de "bon signal" le fait que des scientifiques veuillent aussi participer au dialogue sur l’avenir de la foi et de l’Église mais ajoutant que la déclaration "entre en tension avec des convictions théologiques et des exigences religieuses hautement contraignantes" dans bon nombre de questions.

........................................................


Source: site administré par l'OFS - SFO

Enfin dernière prise de position à ce jour, celle du cardinal Mauro Piacenza, préfet de la Congrégation pour le clergé, qui estime dans l'Osservatore Romano (23 mars 2011) que «le célibat est une question de radicalité évangélique » et encourage à ne pas avoir peur de la baisse des vocations dans le monde: s'il est difficile à la société sécularisée de comprendre le célibat des prêtres, il ne faut pas se laisser « intimider » par ceux qui ne le comprennent pas ou cherchent à le modifier. Le célibat « défie la mentalité du monde » et sa « valorisation dans l'Eglise et dans le monde peuvent représenter un des chemins les plus efficaces pour dépasser la sécularisation », a-t-il expliqué.

… « Je considère, en ce sens, qu'un soutien motivé au célibat et sa valorisation dans l'Eglise et dans le monde peuvent représenter un des chemins les plus efficaces pour dépasser la sécularisation », a-t-il ajouté (lire le texte complet sur zenit.org)



Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 13 Avril 2011 à 23:21 | 2 commentaires | Permalien



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile