Le chef de l'Église orthodoxe russe va rencontrer les dirigeants israéliens et palestiniens et célébrer une messe avec le patriarche grec orthodoxe de Jérusalem.Correspondant à Moscou

Tout comme le Vatican, l'Église orthodoxe russe s'inquiète du sort des chrétiens d'Orient. Le patriarche de Moscou, Kirill, fera part de cette préoccupation lors du séjour symbolique de près d'une semaine en Terre Sainte, qu'il entreprend ce vendredi. De Jérusalem à Amman en Jordanie, en passant par les actuels territoires occupés, Kirill, qui est à la tête de la plus importante des Églises orthodoxes orientales (150 millions de fidèles), mettra l'accent sur un principe sacré: le «respect des droits de l'homme», qu'il assimile intentionnellement aux «droits des chrétiens». «Il s'agit d'une visite pastorale et de paix qui n'a aucun but politique», insiste le père Philaret, vice-président du département des relations extérieures du patriarcat. «Même si en Israël et en Palestine, les chrétiens ne sont pas la cible d'attaques, la situation, comme on le voit en Syrie et en Libye, peut changer, et ce phénomène nous inquiète», ajoute le prélat interrogé par Le Figaro. Israël compte aujourd'hui quelques 120.000 chrétiens arabes, toutes confessions confondues, et 250.000 chrétiens orthodoxes. SUITE Le Figaro

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 9 Novembre 2012 à 13:37 | 21 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par LE POINT : Le patriarche russe Kirill en visite historique en Terre sainte le 09/11/2012 13:49
Le patriarche russe Kirill se rendra vendredi en Terre sainte pour une première visite depuis son intronisation en 2009, un voyage historique mais essentiellement symbolique, l'Eglise orthodoxe russe ayant exclu tout aspect politique de cette visite.

Le patriarche russe Kirill se rendra vendredi en Terre sainte pour une première visite depuis son intronisation en 2009, un voyage historique mais essentiellement symbolique, l'Eglise orthodoxe russe ayant exclu tout aspect politique de cette visite.

Cette "première visite officielle de Kirill en tant que chef de l'Eglise orthodoxe russe" en Israël et dans les Territoires palestiniens est placée sous le signe de la paix", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'Eglise orthodoxe russe, le père Alexandre Volkov.

Le patriarche Kirill, 65 ans, célébrera un office avec le patriarche grec orthodoxe de Jérusalem, Théophilos III et aura des entretiens avec les chefs des Eglises chrétiennes locales. Il doit aussi être reçu par le président israélien Shimon Pérès et le dirigeant de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Même si le patriarche doit rencontrer les dirigeants israéliens et palestiniens, cette visite "n'a pas et ne peut pas avoir d'aspect politique", a souligné le père Alexandre Volkov.

Kirill "prie toujours pour la paix en Terre sainte et pour que les pèlerins du monde entier puissent y venir en paix", a-t-il ajouté.

Alors que le ministère israélien des Affaires étrangères considère l'arrivée du patriarche Kirill comme "la visite la plus importante (en Israël) depuis celle du pape Benoît XVI" en 2009, des experts russes estiment que sa portée sera plutôt symbolique.

La visite "d'un haut responsable religieux comme Kirill est toujours importante, mais c'est plutôt une visite diplomatique, qui n'aura pas de conséquences majeures", estime l'expert Vladimir Oïvine, responsable du site Portal-credo.ru, spécialisé dans les questions religieuses.

"Le patriarche va essayer de jouer un rôle pacificateur" dans cette région, mais son initiative "n'aura probablement que peu de résultat", souligne-t-il.
Au cours de sa visite de six jours, Kirill doit visiter les principaux sites chrétiens, parmi lesquels le Saint-Sépulcre, site du tombeau du Christ, qui est actuellement au coeur d'un conflit opposant le Patriarcat grec-orthodoxe, en charge d'une partie de ce haut lieu du christianisme, et une compagnie des eaux israélienne.

Le Patriarcat grec-orthodoxe, dont les comptes ont été bloqués par la société Hagihon qui lui réclame 9 millions de shekels (1,8 M euros) d'arriérés, a déjà sollicité l'aide du président russe Vladimir Poutine, selon les médias locaux.

"Soutenue par Poutine", l'Eglise orthodoxe russe est "la plus importante communauté (chrétienne) dans le monde", et le Patriarcat grec-orthodoxe "pourrait utiliser le puissant levier russe" pour résoudre ce problème au cours de cette visite, estime Amnon Ramon, de l'Institut de Jérusalem pour les études israéliennes.
Le patriarche Kirill traversera le Jourdain, où Saint Jean Baptiste a baptisé le Christ, pour se rendre le 13 novembre en Jordanie, où il rencontrera le roi Abdallah II.

Après la perestroïka et la chute de l'URSS, dans les années 1990, quelque 1,2 million de Russes, dont environ un quart de chrétiens, ont émigré en Israël.
Israël compte aujourd'hui quelques 120.000 chrétiens arabes (toutes confessions confondues) et 250.000 chrétiens orthodoxes, selon différentes estimations.
L'Eglise orthodoxe russe, la plus importante des Eglises orthodoxes orientales, compte quelque 150 millions de fidèles dans le monde.
Click here to find out more!

2.Posté par Vladimir le 09/11/2012 16:41
...
Au cours de ces dernières années les autorités d’Israël, de l’Autorité palestinienne et de la Jordanie ont aidé la Russie à récupérer ses biens qui lui avaient appartenu avant la révolution de 1917, au total quelque 30 territoires sur la Terre-Sainte, dont la Mission Saint-Serge à Jérusalem, le musée et le parc à Jéricho, un lopin de terre à Bethléem, ville où est né Jésus Christ. Tout ceci est devenu possible grâce aux efforts entrepris par la Société impériale orthodoxe de Palestine qui a construit à Bethléem le premier centre russe culturel et spirituel, a dit dans l’interview à La Voix de la Russie son vice-président Yuri Gratchev.

« En Palestine, il y a 130 ans, la Russie possédait plus de cent écoles, six hôpitaux, deux gymnases. Il y a deux ans, j’ai rencontré un vieux qui avait fait ses études dans une de nos écoles en Palestine. Nous avons transmis gratuitement le territoire de notre centre à Bethléem au Service fédéral de Russie chargé de la coopération avec les pays étrangers qui y a installé le centre russe de sciences et de culture. Le centre est doté d’une bibliothèque en ligne unique qui est liée directement à la bibliothèque Eltsine. Cela veut dire que 20 millions de livres en russe sont à la portée des lecteurs. Certes, il y a les cours de la langue russe ».

L’église russe espère que la visite actuelle du patriarche Cyrille contribuera non seulement au renforcement des liens entre les églises soeurs orthodoxes, mais aussi à la paix régionale et à la préservation de la chrétienté au Proche-Orient, dit le diacre Alexandre Volkov.

La visite du patriarcat à Jérusalem s’inscrit dans le contexte des visites de paix du patriarche Cyrille qui, conformément à la tradition, rend visite à ses confrères des églises autocéphales. Le patriarche Cyrille a déjà visité les églises de Constatinople, d’Alexandrie, d’Antioche, de Bulgarie, de Chypre et de Pologne.

3.Posté par av aleksandr le 11/11/2012 22:08
A l'évidence, le voyage du Patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies en Israël, dans les Territoires sous l'Autorité palestinienne et bientôt en Jordanie reste assez confidentiel dans les media russes. Il y a bien des articles dans la presse religieuse orthodoxe russe. Les quotidiens de Russie, d'Ukraine et de Moldavie, les trois pays que mentionne le Patriarche avec la Belarus au cours de son périple et des célébrations religieuses auxquelles il participe. On peut parler d'une réelle confidentialité. Il y a une sorte de silence paisible, du moins en apparence entre le mouvement initial du gouvernement israélien qui comparait la venue du primat de l'Eglise orthodoxe russe affirmant que cette visite constituait un événement aussi important que le voyage du Pape Benoît XVI et la réserve de nombreux commentateurs, .

On peut y lire différentes choses: tout d'abord une situation qui défie l'histoire, lesattentes les plus simples. Les Eglises orthodoxes ignorent le plus souvent la réalité de la Terre d'Israël pourtant bien présente non seulement dans la Bible bien sûr, mais aussi et surtout dans l'Evangile à propos de la fuite en Egypte et du retour de Jésus (cf. Matthieu 2:21). Il y a une sorte de conflit politico-politicien qui mine une correction appréciation de ce qui se produit dans la région.

La presse israélienne garde le silence mais aussi, par exemple certaine agence palestinienne qui ne mentionne pas la visite que le Patriarche Cyrille effectua en compagnie du Patriarche Théophilos de Jérusalem au Président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, à Bethléem. Il y a quelques articles dans la presse francophone. Ils sont discrets et surtout peu informés.

De fait, il y a un vrai problème de connaissance et de compréhension. Une réelle difficulté à percevoir ce qui se passe depuis près de 30 ans au sein des Eglises de Jérusalem. L'Eglise orthodoxe russe en Terre Sainte a su préserver et même consolider une unité qui reste assez souple localement. Il est rare de voir, par exemple, l'Archevêque Mark de Berlin concélébrer comme il le fit, ce dimanche 11 novembre, à l'Anastasis ou Eglise de la Résurrection-le Saint Sépulcre, à l'intérieur du Tombeau traditionnel où ont lieu les Divines Liturgies.

Pour le reste, la discrétion sert-elle la cause du dialogue entre les Eglises? A Jérusalem, est-t-il pensable que l'Eglise russe orthodoxe soit porteuse de la vive espérance de la foi et permette d'ouvrir - non pas par elle seule - à l'évidente réalité d'un christianisme qui doit faire la preuve qu'il vit du souffle de l'espérance contre toute espérance et de la force de l'Esprit?

A l'heure actuelle, il est de mise d'affirmer un peu partout que le christianisme est en danger au Proche-Orient. Il est certain, pour le moins, que l'on assiste à une mutation significative, profonde et sans doute durable de l'équilibre traditionnel. En 1856, à la fin de la guerre de Crimée, le Tzar de Russie a permis à l'Eglise orthodoxe de s'affermir face aux Eglises occidentales. La nef du Katholikon, dans la grande Eglise du Saint Sépulcre, a une icône "miraculeuse" ainsi qu'un iconostase entièrement dû à l'intervention russe à l'époque impériale, alors qu'il n'y avait pas de Patriarcat de Moscou.

Ne serait-on pas aujourd'hui encore face à cette même question de solidarité évidente dans la foi orthodoxe? dans un contexte nouveau et inattendu. L'Eglise orthodoxe russe du Patriarcat de Moscou se déploie aussi dans le monde arabe. Il y a la construction de centres pour les pèlerins à Jéricho, Bethléem, en Jordanie. Cela vise avant tout des fidèles de la Fédération de Russie qui, comme l'a souligné le Patriarche, peuvent désormais entrer sans visa en Israël.

Ailleurs dans la péninsule arabique, dans les émirats, l'Eglise orthodoxe russe - comme les autres Eglises - font face à un "hapax - un fait nouveau": des milliers de travailleurs expatriés sont chrétiens, surtout orthodoxes et ont besoin d'une réelle assistance spirituelle. Il y a des milliers de chrétiens qui sont présents aujourd'hui dans tous les pays du Proche-Orient, dans un contexte novateur; alors que le christianisme a historiquement semblé perdre du terrain dans tous les pays environnants en tant qu'élément naturel du paysage humain et confessionnel, il réapparaît sous une forme forte et qui affirme son existence dans les sociétés musulmanes.

Il est très rare que l'on fasse mention de l'Achtiname ou Décret signé en 637 par le Calife Omar-Ibn-al-Khittab et confié au Patriarche Sophronios de Jérusalem qui représentait - comme aujourd'hui - toutes les Eglises chrétiennes des Lieux Saints. Ce Décret n'a pas été supprimé. Il reste une référence fondamentale pour les chrétiens locaux et aussi pour les fidèles du monde entier même s'ils ont peu conscience que ce document a gardé toute son actualité par le fait du Status Quo. Ce dernier n'a pas été modifié à la fin de l'Empire ottoman et il y peut-être quelque raison à mentionner ce fait au jour-anniversaire (94 ans) de l'Armistice de 1918 qui marqua la fin du règne turc.

Ceci est souvent évoqué par le Patriarche Théophilos de Jérusalem dans les différentes réunions auxquelles il participe avec les repreésentants des confessions chrétiennes du Proche et Moyen-Orient.

La réalité israélienne requiert une attention soutenue et souple. Il y va essentiellemnt du pari difficile de l'acculturation à la société hébraïque, juive. Cela prendra beaucoup de temps. Il ne rien de rien de vouloir précipiter les choses. Je crois cependant utile de dire que, voici deux ans, le Père Archimandrite Isidore de la Mission ecclesiastique russe à Jérusalem et moi-même avions, dans un souci de parfaite entente au service des fidèles et de respect des autorités ecclésiales, obtenu que je célèbre la Divine Liturgie au siège de la Mission et aussi à la cathdrale de la Sainte-Trinité de la Mission orthodoxe russe à Jérusalem. Cela traçait un moment de reprise d'un mouvement initié en 1841 à Jérusalem, avec la bénédiction du Saint Synode de Moscou et celle du Pariarcat de Jérusalem.

Il y va du défi d'annoncer la Résurrection sur cette terre où tous sont fascinés par l'unité et ne peuvent que s'en remettre à la grâce divine.

Archiprêtre Alexander (Winogradsky Frenkel)
(Jérusalem)

4.Posté par Vladimir le 11/11/2012 22:49
Indeed, Caliph Omar I (Ibn al-Khittab) came to an agreement in 636-7 with the head of all the Christian denominations, Patriarch Sophronios of Jerusalem. Mar Sophronios could convince Omar not to destroy the most holy places of worship for the Christians (as listed then: the Armenians were counted as among the local believers). This was signed by the Omar as the leader of the Muslim emerging "faith and international power". It is known as the "Achtiname or Decree/Covenant of Omar Ibn-al-Khittab, Umariyya Covenant" in 637. The Muslim leader accepted, in the name of the Prophet and the nascent Umma, to recognize the right of the Christian communities to continue to worship in Jerusalem (Church of the Anastasis or Holy Sepulcher) and Bethlehem (Church of the Nativity).

5.Posté par av aleksandr le 11/11/2012 23:53
Cher Vladimir,

Je reçois l'avis de votre "post" enligne et y réponds. Je ne me serais pas cité en anglais ici, mais vous remercie de le faire! Sur ce même blog et aussi dans d'autres je publie actuellement des réflexions et perspectives sur la visite qui est de fait historique - et à un moment historique d'évolution des Eglises à Jérusalem et au Proche-Orient. Ce sont des réflexions sans aucun jugement de ma part sinon qu'il est urgent de comprendre l'historique et le développement de ce qui se passe localement.

Je me permets une confidence, quoique... Il y y va de bien plus que nous-mêmes. Lorsque l'Archevêque Aristarchos a réfléchissait avec ses pairs à comment régler les problème de la déposition de l'ex-Patriarche Irenaios aujourd'hui moine et habitant au Patriarcat, il me montra et étudia avec d'autres un unique texte en grec dont l'auteur est "un certain Papadopoulos" sur la manière dont le Patriarche Timotheos procéda, dans les années 1930 au renvoi d'un clergé qu'il n'accepta pas et il procéda alors à l'ordination de nouveau hiérarques... avec l'aide de l'évêque alors résidant à l'Eléon et qui était de l'Eglise Hors-Frontière... C'est totalement méconnu et pourtant significatif. Il y a bien plus que nous ne voyons ces jours-ci dans des communiqués de presse ou le silence de beaucoup de personnes. Il faut essayer d'expliquer et de comprendre et la logique locale n'est pas facile à saisir et surtout à accepter pour ce qu'elle est.
/http:abbaa.blog.lemonde.fr/

6.Posté par Vladimir le 13/11/2012 20:08
Qu'en pensez vous Abbaa Alexandre?

"En Terre sainte, des chrétiens russes-orthodoxes en mal d’identité

La première visite du patriarche Kirill, primat de l’Église orthodoxe russe, à Jérusalem et dans les Territoires palestiniens, doit s’achever mercredi 14 novembre.

Sur place, les chrétiens espèrent que ce voyage aidera à améliorer leur statut" écrit "La Croix" (suite sur abonnement...)

Qu'en pensez vous Abbaa Alexandre?

7.Posté par av aleksandr le 13/11/2012 23:44

Cher Vladimir,

Je suis au fond heureux que vous me posiez la question! J'y ai répondu seulement sur mon Facebook ("Av Aleksandr") en plaçant l'article de La Croix auquel vous faites allusion. Je vais continuer mes commentaires en anglais, mais j'attends un peu. J'écris surtout en anglais car ces commentaires, à défaut d'être relayés dans les média francophones, sont repris par les média de différentes obédiences américaines, anglaises, australiennes, en Afrique du Sud... et ils sont lus localement en Israël, Territoires Palestiniens, et Jérusalem. Je reçois aussi des signes de Jordanie. Aussi de Russie, d'Ukraine, Belarus et de Moldova, toutes terres mentionnées par le Patriarche Cyrille dans son voyage aux sources du christianisme.

Soyons francs - et surtout je ne suis en rien agressif envers quiconque! Il faut vraiment tout faire pour essayer de renforcer un vrai dialogue entre chrétiens en "Terre Sainte". La plupart des membres du clergé de Jérusalem, depuis ceux qui appartiennent au Patriarcat de Jérusalem mais aussi les membres de la Mission Ecclesiastique russe du Patriarcat de Moscou, l'Eglise Hors-Frontière sont peu portés à la confidence. Il ne faut surtout pas oublier les autres Missions orthodoxes, telles celle du Patriarcat de Roumanie actuellement sous excommunication du Patriarcat de Jérusalem, mais aussi les Géorgiens, les Serbes, l'Orthodox Church in America (O.C.A.) appartiennent au paysage de l'Orient chrétien de tradition byzantine. On assiste à un silence réel que j'ai déjà souligner.

Pour ma part, j'ai refusé de répondre à la presse pour une raison simple: les journalistes qui ne connaissent pratiquement rien à notre histoire, notre situation qui est dramatique, au décodage nécessaire qu'il faut faire sur l'évolution actuelles, passent un coup de fil, désirent des réponses concises et s'en vont, en gros, reproduire un ou deux articles d'agence de presse qu'ils reprennent de manière quasi stéréotypée.

Il semble que personne n'ait lu dans quel dénuement nous nous trouvons!!! Un vrai dénuement financier. Nous sommes - de toutes parts - confrontés à des simagrées des signes qui ne veulent rien voir, entendre ou dire... sinon que je reviens toujours sur la chère Guenon et les lunettes (Мартышка и очки) de la fable de Ivan A. Krylov. Ne croyez pas que je m'éloigne de votre question. Il est regrettable que l'on se refuse à une analyse en profondeur d'un contexte ecclésial qui est appelé à de multiples changements, plutôt précipités dans les années à venir. Il n'est pas sérieux de répondre comme des automates, en évitant d'affronter des aspects très contrastés.

"La Croix" a fait un reportage qui ne correspond pas à mon expérience. Il y a deux écoles: ou bien le verre est à moitié-plein ou il est à moitié-vide. Est-ce le fait de la réelle ignorance des Occidentaux de ce qui se passe à l'intérieur du Patriarcat de Jérusalem - cela requiert quand même des préalables de différentes natures (langues, culture, histoire des Grecs, de toutes les juridictions orthodoxes et orientales présentes à Jérusalem ,en Israël, en Jordanie et plus généralement dans la péninsule arabique...!) et il y a largement de quoi perdre son latin.

Il est donc apparemment plus facile d'interviewer la responsable du "Jerusalem Center for Jewish-Christian Relations" car elle est israélienne et tente de toucher toutes les couches de la société israélienne, juive et arabe palestinienne.

Cependant, les choses ne sont pas si faciles. Il y a beaucoup de chrétiens dans la société israélienne. Ou bien on donne une image "négative" en ce qu'elle est d'ailleurs traditionnelle pour la presse occidentale: le christianisme est en péril, tout va mal, les gens se cachent... Ou bien on note que le christianisme est présent partout dans la société et le pays. Il y a une vraie frénésie de connaissance du christianisme. La rencontre est beaucoup plus délicate, surtout pour les orthodoxes.

Un orthodoxe n'est pas russe en Israël. Il est arrivé en vertu de la Loi du Retour (des juifs sur la "Terre d'Israël"). Ceci est méconnu, volontairement, par opacité ou sans malice. Ils ne sont pas "russes" mais "ex-soviétiques", éduqués dans le système soviétique, évidemment formées par la culture russe, mais pas uniquement au sein de cette "matrice". Beau coups sont venus d'Ukraine parce que même les brassages de la Révolution, les déportations et "combinazioni" staliniennes n'ont pu gommer le fait que les juifs habitaient entre l'Ukraine, la Biélorussie (aux frontières mouvantes), la Moldavie - elle-même annexée tardivement et se scindant entre la Bessarabie roumaine, soviétique et une petite république aujourd'hui indépendante. On y parle, prie, se confesse, donne des "zapiski-записки / intentions de prières tant en roumain, qu'en ukrainien, mais aussi en lithuanien, géorgien, voire en ouïghour! Le russe est souvent particulier, façonné à la réalité quotidienne et hébraïsée...

Il devient dès lors difficile de cataloguer ces fidèles. Ils sont de "bons ex-soviétiques". Leur conversion ou retour à l'Orthodoxie est récent. Ils ignorent très souvent les rites, l'histoire. Il est bien plus facile d'écouter des Liturgies en slavon sans trop y comprendre ou bien e nse disant que chacun est en lien unique et particulier avec le Seigneur.

Le sens du Corps du Christ qu'est l'Eglise est peu "conscientisé" et le Père Alexandre Schmemann bien loin. Le sens d'appartenir à la société commune est faible, surtout en tant que chrétien. La peur est souvent irrationnelles, elle est aussi fondée sur le manque de sens ecclésial, une affectivité slave qui trouve mal sa place dans le pragmatisme hébraïque quotidien.

Il y a en effet, selon le Grand-Rabbin Meir I. Lau de Tel-Aviv, 300 000 personnes originaires de l'ex-Union Soviétique" qui sont des chrétiens baptisés. Voici environ cinq ans, il y avait 150 000 fidèles ex-soviétiques au sud d'une ligne qui va de Tel-Aviv à Jérusalem, c'est-à-dire dans le Néguev. Il n'y a aucune église orthodoxe dans le Sud. Chaque prêtre - de diverses obédiences - s'y rend sans rendre de compte à personne. Il y a deux église catholiques dans le Sud. Elles sont de rite latin. Depuis 15 ans, je me rends à Beersheva et dans le Sud pour y célébrer en hébreu et en russe, ukrainien. J'y donne les Saints Sacrements comme on le fait dans les hôtels dans les émirats arabes. L'accueil est chaleureux. Jérusalem est loin pour les fidèles.

Il y a aussi nombreux expatriés chrétiens. En ce moment, nous somme débordés par les indiens de toutes obédiences: latins, mais aussi malabars, malankars, donc de rite oriental. Ils y a aussi beaucoup d'orthodoxes pré-chalcédoniens qui sont accueillis par les syrien-orthodoxes de Jérusalem.

Il faut aussi compter avec le véritable essor de l'Eglise éthiopienne. Or, les éthiopiens n'ont pas eu la "discrétion slave". Il sont ouvertement chrétiens bien que revenus en Israël au nom de leur judéité réelle ou supposée et qui remonte au double héritage de la Reine de Saba et de l'envoyé de la reine Candice d'Ethiopie baptisé par le diacre Philippe (Actes 8, 26-40).

Les années passent et l'assistance spirituelle est peu centrée sur le Mystère de l'Eglise, encore moins sur l'enracinement biblique. Il y va d'un réel "ethno-centrisme sinon d'une référence nationale". En Israël, il y a des ressortissants de toutes les cultures et langues de l'Union Soviétique. Voici seulement deux ans, les ukrainiens ont "revendiqués" qu'il y avait 300 000 baptisés "ukrainiens" dans le pays. L'Union soviétique incluait bien des Eglises. Aujourd'hui, chaque entité canonique tente de définir ses fidèles, mais nous ne sommes pas en diaspora et ceci pose une question réelle d'inculturation.

Du coup, on assiste à des actions non-concertées. L'administration israélienne agit selon une loi qui visait à l'origine à éviter le prosélytisme chrétien tout en confirmant les droits des citoyens. "Il y a une liberté de parole et de conscience (dat/ דת ) dans l'Etat d'Israël" affirme la Loi 144 alinéas 1,2,3 de 1977. Les éthiopiens savent faire usage de cette loi et en appeler à l'Etat hébreu. Les immigrants des pays slaves, sans doute par un jeu simple entre "vérité et mensonge, loi et transgression de la loi, voire son ignorance ou non-respect" sont fragilisés par une grande méfiance envers eux-mêmes et les autorités civiles. Ils sont aussi des proies faciles de toutes les obédiences chrétiennes qui se succèdent dans ce paysage en mutation.

Si les orthodoxes veulent se marier, ils peuvent le faire. Il est faux de prétendre que cela n'est pas possible. Il suffit de le faire légalement et c'est possible. Ceci est aussi vrai du baptême. Très souvent, le sens inné de l'"illégalité ou de catacombes personnelles" rend la démarche difficile. Par ailleurs, Il faut une réelle catéchisation. Celle-ci est possible, encore faut-il que les Eglises ne dissuadent pas de s'insérer naturellement au sein de l'Etat juif. C'est un vrai défi pour les fidèles qui peuvent aussi se sentir en marge de la société israélienne.

Les chrétiens d'Israël ont surtout besoin que l'on comprenne combien ils sont dans une situation singulière. Il est bien plus utile de passer des heures à entendre des confessions. Car il y a un véritable besoin de "parler de sa vie intérieure". Cela requiert beaucoup de discrétion, de délicatesse. Il faut aussi parler la même langue que des âmes qui ne parlent pas le russe habituel; l'évolution est rapide et s'imprègne, par la tradition familiale ou l'intégration sociétale, d'expressions linguistique et culturelles incompréhensibles pour un prêtre venu de l'extérieur.

Je vais finir par un exemple très significatif: voici maintenant trois ans, avec la bénédiction du Patriarche Theophilos de Jérusalem, l'Archimandrite Isidor m'a autorisé à célébrer en hébreu et en slavon plusieurs fois à la cathédrale de la Sainte-Trinité et à l'église de la Mission ecclésiastique du Patriarcat de Moscou. Dans mes célébrations, j'ai toujours pu célébrer en plusieurs langues, de manière systématique et cela devient une perspective possible pour l'Eglise de Jérusalem.

En effet, les orthodoxes ne viennent pas uniquement des pays "ex-soviétiques". Ils viennent de l'ex-Yougoslavie, d'Albanie, de Géorgie et se fondent assez rapidement dans la réalité israélienne tandis que d'autres s'intègre à la société palestinienne. Pour ma part, je sers dans cette société israélienne. Il est alors important de recevoir les fidèles au-delà de ce qu'ils ont été avant leur venue. Les divers Eglises autocéphales sont appelées à concélébrer au sens le plus fort. Il faut intégrer l'hébreu et l'arabe car la renaissance de la langue et la vive culture arabe chrétienne interpellent l'Eglise. Encore faut-il ne pas le faire d'une manière etrangère à l'expression du Mystère de la Résurrection.

Le Patriarche Theophilos m'a donné la bénédiction pour continuer de célébrer à la Mission du Patriarcat de Moscou. Je sers dans le Patriarcat de Jérusalem et c'est lui qui a autorité sur tout le territoire historique qui lui revient. On peut tout critiquer; on ne peut faire fi ou ignorer l'histoire qui plonge aux racines-mêmes de l'expression byzantine de la foi orientale. Le Patriarche Cyrille le rappelle constamment au cours de sa visite. Le Patriarcat de Jérusalem ne peut agir à sa guise en Russie. Il faut du temps et beaucoup de doigté pour intégrer la réalité ecclésiale historique tout comme reconnaître le bouleversement introduit par la résurgence d'un État hébreu... que le Christ n'a jamais connu.

Oui, il y a une vraie liberté au sein de la société israélienne. Encore faut-il le percevoir, l'accepter et arriver à ouvrir un dialogue positif avec un État qui se souvient d'un histoire bien trop tragique. Personne ne peut faire l'autruche et d'enfouir son nez dans les sables locaux. Dans le pays, il faut démontrer la véracité du message qui nous fait vivre.
L'Eglise russe orthodoxe - dans ces deux bras présents à Jérusalem, à savoir le Patriarcat de Moscou et l'Eglise Hors-Frontière - a alors une tâche captivante à mener en harmonie avec toutes les autres juridictions canoniques de l'Orthodoxie, à commencer par celle de Jérusalem.

archiprêtre Alexander Winogradsky Frenkel
(Jérusalem)

Facebook: "Av Aleksandr"
"https://sites.google.com/site/hebrewinchurch/home"

8.Posté par av aleksandr le 15/11/2012 21:53
J'avais rédigé voici un an un blog sur la situation des chétiens au sein de la société israélienne et pense qu'il est peut-être utile de le partager avec vous.

"http://abbaa.blog.lemonde.fr/2011/05/11/la-russie-en-israel/": c'est une article que j'ai rédigé pour la revue TERRE SAINTE en français publiée par les Franciscains de Terre Sainte (référencé en fin d'article). Je visais essentiellement à faire connaître la situation dans un milieu qui n'est pas naturellement enclin à s'interresser directement au monde et aux traditions orthodoxes et où j'essaie de sensibiliser les lecteurs.

LA RUSSIE EN ISRAEL

(Voir source de publication à la fin du présent article)

Israël serait-il aujourd'hui et pour quelques années encore le deuxième état russe dans le monde? Il est certain que la "péréstroïka/mutation-construction" transforma, dès 1989, l'empire soviétique en des blocs slaves, russes ou ukrainiens et diverses républiques plus ou moins indépendantes en Asie Centrale ou dans le Caucase (Géorgie, Arménie).

De 1989 à 2005, l'Etat hébreu a accueilli presque deux millions de soviétiques. L'intégration a globalement été une réussite, mais la tâche était rude. Les premières aliyot/montées vers la Palestine en 1880, puis au fil des décennies jusqu'à l'indépendance du pays (1948), fut essentiellement inspirée par des migrants venus de l'empire tzariste. Les décrets impériaux interdisaient aux juifs de résider en Russie-même: c'est ainsi que l'Ukraine, la Biélorussie devenue Belarus, les pays Baltes virent fleurir la pensée de bourgades où l'on parlait yiddish. C'est dans ces régions qu'est né, en même temps que l'hésychasme chrétien oriental, le mouvement des hassidim, les juifs pieux.

Dès l'antiquité, les juifs habitaient dans le sud de l'Ukraine, sur tout le pourtour de la Mer Noire, en Géorgie (où furent écrit les derniers traités du Talmud ou Loi Orale) et en Arménie. Les juifs boukhares, venus en nombre après la chute du communisme, parlent encore le farsi-tat, le judéo-araméen mais aussi l'ouzbek, le persan, le tadjik, le kurde ou l'ouïghour... bien mieux parfois que le russe!

La Russie à Tel Aviv? De D. Ben Gourion à Z. Jabotinsky, J. Trumpeldor, Moshé Dayan, Golda Meir, mais aussi Ariel Sharon ou Shimon Peres - plutôt polonais - le "kordon (cordon) ou zone frontalière de l'Ouest slave" a profondément marqué d'une empreinte yiddisho-slave l'hébraïté renaissante de l'Etat d'Israël. C'est aussi vrai de la grammaire de l'hébreu moderne due au biélorusse Eliezer Ben Yehudah que pour les kibbutzim, les lois très "socialisantes" du pays, l'habillement, les rites de la vie quotidienne... voire l'art des cosmétiques.

J'avoue voir tant de points de similitude entre Moscou, sa province et Tel aviv ou les villes nouvelles d'Israël. Les africains et les asiates de Russie sont ici Ethiopiens, Philippins, souvent chinois maintenant... qui se convertissent souvent au judaïsme. Une jeunesse qui a maintenant grandi en hébreu et en Israël, marquée par une nostalgie existentielle slave qui, en tout temps et en tout lieu, reste inhérente à l'âme slave... faite de contradictions, de versatilité, de passions ancrées dans le sens inné de "l'amitié" si chère aux "camarades" comme aux croyants..

Ce monde ex-soviétique est enraciné dans une quête de"vérité", par-delà le mensonge et le silence. Il disserte à perte d'heures sur la vie, la mort, les émotions vertigineuses et les grandes créativités. Le judaïsme ex-soviétique est la dernière hémorragie de sève sémitique à avoir quitté un pays de profondes traditions chrétiennes et musulmanes (Asie Centrale et l'Extrême-Orient).

Une situation tellement paradoxale! Certains ont résisté aux conversions forcées au christianisme, aux pogroms, aux assassinats nazis et staliniens. D'autres se convertirent au christianisme orthodoxe russe - plus rarement au catholicisme. Une orthodoxie plurielle: moscovite, mais aussi géorgien, antiochien, arménien, syrien-orthodoxe; ce qui est peu su. Il était courant, en Russie, de prendre le baptême en 1990. Un retour puissant pour des millions d'âmes qui redécouvraient la Résurrection. Les juifs découvrirent juste après qu'ils avaient le droit de revenir en Terre d'Israël.

Il faut être très prudent: sont-il 400 000? Le Grand Rabbin I.M. Lau, rescapé de Buchenwald a publiquement affirmé la présence de 300 000 chrétiens venus d'ex-URSS. Ils ne sont pas "russes", terme trop factice: il ignore qu'ils furent et restent parfois très "soviétiques", enracinés dans des cultures tès diverses unies sous cette bannière unitaire.

Les Eglises voient en eux de possibles "paroissiens"? On ne s'improvise pas slave, encore moins chrétien orthodoxe et oriental dans une société juive et israélienne qui a une si longue expérience d'un dialogue resté au stade du monologue.

En revanche, les "russes ou soviétiques" ont partout apporté de la fraîcheur en Israël: l'humanité des infirmières, et l'expertise technologique, scientifique, médicale. La vie artistique, musicale doit beaucoup à ces gens venus sortis d'une Egypte contemporaine. Désormais, on offre des fleurs à l'entrée du shabbat comme on le fait en (Sainte) Russie post-communiste et l'on boit du thé vert sur fond de falafel et de houmous.

Aujourd'hui, les "foules" slaves viennent en pèlerinages chrétiens, une vieille tradition russe. Voici 170 ans, on priait déjà en hébreu à Jérusalem dans l'Eglise orthodoxe russe de Moscou. Les chants polyphoniques des prières en slavon résonnent à nouveau à un rythme qui appelle à la découverte et la profondeur d'un christianisme révigoré dans un état juif et des sociétés musulmanes.

Archiprêtre Alexander Winogradsky

Patriarcat Grec-Orthodoxe de Jérusalem

In : LA TERRE SAINTE – Novembre-Décembre 2010 HORIZONS, page 48






9.Posté par av aleksandr le 15/11/2012 23:54
Voici enfin, en russe, à partir du site de la Mission Ecclesiastique du Patriarcat de Moscou à Jérusalem, en charge d'Israël, des Territores Palestiniens et de la Jordanie, un article sur la visite du Patriarche Cyrille de Moscou au centre russe ouvert sur le Jourdain:
"http://www.rusdm.ru/?item=785"

13 ноября 2012 года Предстоятель Русской Православной Церкви прибыл в Странноприимный дом на реке Иордан.
Святейшего Патриарха Кирилла и сопровождающую его делегацию встречали Предстоятель Иерусалимской Православной Церкви Блаженнейший Патриарх Феофил, наместник Патриарха Иерусалимского в Иордании митрополит Филадельфийский Венедикт, глава управления делами Президента Российской Федерации В.И. Кожин, Чрезвычайный и Полномочный Посол Российской Федерации в Иордании А.М. Калугин.
На следующий день, 14 ноября, Святейший Патриарх Московский и всея Руси Кирилл совершил чин великого освящения воды на реке Иордан.
В торжестве участвовали наместник Патриарха Иерусалимского в Иордании митрополит Филадельфийский Венедикт, председатель Отдела внешних церковных связей Московского Патриархата митрополит Волоколамский Иларион, заместитель председателя Архиерейского Синода Русской Зарубежной Церкви архиепископ Берлинско-Германский и Великобританский Марк, руководитель Административного секретариата Московской Патриархии епископ Солнечногорский Сергий, начальник Русской Духовной Миссии в Иерусалиме архимандрит Исидор (Минаев), заместитель начальника Миссии игумен Феофан (Лукьянов), заместитель председателя ОВЦС протоиерей Николай Балашов, секретарь ОВЦС по межправославным отношениям протоиерей Игорь Якимчук и другие.
Предстоятель Русской Православной Церкви поздравил всех с освящением воды на месте Крещения Господня, отметив:
«Освящая воду, мы призываем силу благодати Божией, силу Духа Святого, чтобы она соединилась с природным естеством воды и наполнила воду, которая при этом продолжает сохранять все свои физические и химические качества, силой иного бытия. Мы знаем, что так и происходит и святая вода, обладая этой силой, вспомоществует людям в болезнях, печалях, воздыханиях.
В каком-то смысле чин великого освящения воды открывает нам тайну того, что произошло через рождение, страдания, смерть и воскресение Господа Спасителя: люди обрели возможность в своей жизни опираться не только на собственные природные силы, но и привлекать силу Божию. Это не значит, что она подавляет силу человеческую, но не значит также, что человеческая сила способна игнорировать Божию силу. В удивительном и таинственном сочетании человеческой свободы и Божия присутствия в мире и совершается история.
Те, кто это игнорирует, впадают в величайшую ошибку. Мы способны преобразовывать к лучшему мир и собственные души только тогда, когда человеческие усилия соединяются с Божественной силой. Ради этого и пришел в мир Христос.
На сем месте особенно чувствуется и переживается великий акт Крещения Господа. Когда Спаситель пришел в толпе грешников к Иоанну Крестителю, чтобы, будучи безгрешным, вместе с ними омыться в этих иорданских водах, Он не нуждался в крещении. Но Он был одним из нас и совершил то, что должен был совершить по Своему человечеству. Это вновь свидетельствует о великой тайне Боговоплощения, о соединении Божественного и человеческого как в личности Самого Сына Божия, Господа и Спасителя нашего, так и в последующей жизни Церкви.
Пусть благодать Святого Духа неотъемлемо пребывает со всеми, кто открывает навстречу благодати свои сердца. Храни вас Господь».
Затем Предстоятель Русской Православной Церкви посетил греческий монастырь святого Иоанна Предтечи на территории религиозно-археологического заповедника «Место Крещения Иисуса Христа на Иордане».
Земля, на которой находится обитель, принадлежит Иерусалимскому Патриархату с 1700 года. С тех пор здесь три раза возводились и впоследствии подвергались разрушению монастырские здания. В 2005 году было начато новое строительство. Попечением митрополита Филадельфийского Венедикта построен храм; он возводился и был расписан на средства Иерусалимской Патриархии, а купола и крест были позолочены на российские средства мастерами из России. К настоящему времени также возведены две часовни, игуменский корпус, приемный зал, трапезная, гостиница для паломников. Продолжается строительство келейного корпуса. Монастырь обнесен оградой.
Поблизости, на территории заповедника, расположены византийские памятники, построенные на месте Крещения Господня: руины византийских храмов V-VI веков, последовательно сменявших друг друга и указывавших место Крещения, и руины часовни на месте, где Господь снял ризы перед схождением в воду. Сегодня эти памятники отстоят от Иордана на некоторое расстояние, поскольку русло реки на протяжении столетий изменилось.
В этот же день в Королевском дворце в Аммане состоялась встреча Святейшего Патриарха Московского и всея Руси Кирилла и Блаженнейшего Патриарха Святого Града Иерусалима и всей Палестины Феофила III с Королем Иордании Абдаллой II Бен аль-Хусейном.
На встрече присутствовали председатель Отдела внешних церковных связей Московского Патриархата митрополит Волоколамский Иларион, начальник Русской Духовной Миссии в Иерусалиме архимандрит Исидор (Минаев), Чрезвычайный и Полномочный Посол Российской Федерации в Иордании А.М. Калугин.
Святейший Патриарх Кирилл поблагодарил Короля Иордании за исключительное внимание членов королевской семьи к нуждам Русской Православной Церкви; благодаря их поддержке и постоянной помощи стало возможным выделение участка на реке Иордан и возведение на нем Странноприимного дома. Святейший Владыка отметил, что реализация данного проекта стала результатом сотрудничества Королевства Иордании и Российской Федерации благодаря договоренности, достигнутой по этому вопросу Главами двух государств.
На встрече также обсуждались вопросы развития паломничества.
Король Иордании подчеркнул, что рад встретиться со Святейшим Патриархом Московским и всея Руси Кириллом, к которому питает огромное уважение. В ходе беседы Король Абдалла II Бен аль-Хусейн также отметил важность сотрудничества с Русской Православной Церковью.

***
Решение о предоставлении участка земли в заповеднике «Место Крещения Иисуса Христа» на реке Иордан для возведения русского паломнического дома было принято 4 июля 2006 года по инициативе Короля Иордании Абдаллы II Бен Аль-Хусейна. Участок площадью более 9 тысяч квадратных метров, выходящий непосредственно к реке, был передан правительством Хашемитского Королевства Иордании России безвозмездно и в бессрочное пользование для устройства русского паломнического подворья в феврале 2007 года в рамках официального визита в Иорданию Президента России В.В. Путина.
Земельный участок располагается в евангельской Вифаваре, рядом с историческим местом Крещения Господня. Вифавара́ (дом, место переправы), одно из названий места на реке Иордан, где совершал Крещение св. Иоанн Предтеча (Ин. 1:28). На протяжении семи столетий, с V и по начало XII века, на этом месте последовательно сменили друг друга пять христианских храмов, построенных в память о Крещении Господнем, первый из которых был сооружен здесь при византийском императоре Анастасии (491-518). Храмы эти были построены на восточном берегу реки Иордан, потому что древнейшее христианское предание свидетельствует, что Господь крестился на другом берегу, «об он пол Иордана» (Ин. 1: 28).
25 марта 2008 года начальник Русской Духовной Миссии в Иерусалиме архимандрит Тихон (Зайцев) (ныне епископ Подольский) совершил чин освящения места под строительство будущего паломнического центра и закладки камня будущего комплекса.
Комплекс состоит из основных и вспомогательных зданий общей площадью 8524 квадратных метров и включает в себя паломническую гостиницу, храм, трапезную, дом приема почетных гостей, инженерные сооружения. В 2012 году участок был передан России в собственность.
26 июня 2012 года состоялось освящение Странноприимного дома и часовни при нем, которое совершил Блаженнейший Патриарх святого града Иерусалима и всей Палестины Феофил III в сослужении наместника Иерусалимского Патриарха в Иордании митрополита Филадельфийского Венедикта, Управления Московской Патриархии по зарубежным учреждениям архиепископа Егорьевского Марка, начальника Русской Духовной Миссии в Иерусалиме архимандрита Исидора (Минаева), клириков Московского и Иерусалимского Патриархатов.
Вечером того же дня странноприимный дом посетил Президент Российской Федерации В.В. Путин и главный советник по религиозным и культурным вопросам, личный представитель Короля Иорданского Хашимитского Королевства Абдаллы II принц Бин Талал Гази Бин Муххамад. Перед зданием Странноприимного дома со стороны Иордана Президент Российской Федерации В.В. Путин возглавил церемонию открытия странноприимного дома.
14 Ноября 2012


10.Posté par av aleksandr le 16/11/2012 15:25
Voici la video de l'office célébré au Monastère Gornensky de Jérusalem - Ein Karem lors de la visite du Patriarche Cyrille de Moscou. Le Président Vladimir Poutine s'y était rendu voici plus de six mois lors de son passage en Israël, dans les Territoires palestiniens et en Jordanie. Le Patriarche a consacré ce site qui a été rénové. Il est entouré du Métropolite Hesychios de Caesarea qui est le second du Patriarcta de Jérusalem accompagné du Père archimandrite Stéphanos, Exarque du Patriarcat de Jérusalem à Moscou et du Père Archimandrite Isidore, responsable de la Mission Ecclésiastique du Patriarcat russe orthodoxe à Jérusalem.

"http://youtu.be/Kyax6AwbocI"

Document YouTube de "Russian Church".
Les videos arrivent lentement ces jours-ci. Il sera utile de couvrir aussi le voyage du Patriarche Cyrille à Amman et en Jordanie, au Jourdain et sa rencontre avec le Métropolite Benediktos de Philadelpgie (Amman), en charge de l'Eglise roum-orthodoxe du Patriarcat de Jérusalem en Jordnaie.

11.Posté par av aleksandr le 16/11/2012 16:54
Au cours de la consécration du Monastère restauré Gornensky à Ein Karem, le Patriarche Cyrille donne son homélie sur les liens historiques, les conditions de sa première venue en Terre Sainte en 1969, ses fonctions en charge de négocier la construction du lieu - ses propres responsabilités:

"http://youtu.be/jdy5EJFzek0" (video "Russian Church")

12.Posté par av aleksandr le 16/11/2012 17:30
Le Patriache Cyrille lors de sa visite au Mémorial de Yad VaShem (déportation et extermination des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale, dite "Shoah, Holocauste, Катастрофа/Catastrophe"),

"http://youtu.be/XUxtXjjbUbg" (video de "Russian Church")

13.Posté par Vladimir le 20/11/2012 19:24
Bénissez-moi Abbaa Alexandre!

Le patriarche confirme vos positions, ne pensez-vous pas?

Citation:
Le Patriarche Cyrille : « La visite en Terre Sainte a une profonde influence spirituelle sur la vie des gens »

Le 14 novembre 2012, le Primat de l’Église orthodoxe russe a terminé sa visite au Patriarcat de Jérusalem. Depuis l’aéroport jordanien « Reine Alia », Sa Sainteté a quitté Moscou. Le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a été reconduit par le métropolite Théophilacte de Jordanie et le représentant du Patriarcat de Jérusalem au Patriarcat de Moscou, l’archimandrite Stéphane (Dispirakis).

Sa Sainteté, s’adressant aux représentants des médias rassemblés à l’aéroport, a remarqué que son voyage en Terre Sainte avait eu une grande importance, dans la mesure où il avait été marqué par de nombreux évènements. Parmi ces derniers, la bénédiction de l’église de Tous-les-saints-russes au monastère Gornensky, la visite de la Maison du pèlerin sur le territoire de la Jordanie.

« Il est important que le plus grand nombre possible de pèlerins vienne en Terre Sainte, car le pèlerinage donne un élan spirituel. Le contact avec les sanctuaires raffermit la foi des gens, et, pour beaucoup, les aide à repenser leur vie, à changer de sentiment. La Terre Sainte a une profonde influence spirituelle. »

Par ailleurs, a constaté Sa Sainteté, l’augmentation du nombre de pèlerins de l’Église russe signifie un renforcement des liens de la Russie avec les pays sur le territoire desquels sont situés les lieux saints : Israël, la Jordanie, l’Autorité Palestinienne.

Le Patriarche Cyrille a encore remarqué que l’une des conséquences du développement du pèlerinage était le renforcement de la position de l’Église russe sur les lieux saints : « Nous pouvons déjà voir l’ampleur des travaux de restauration dans les églises du Patriarcat de Jérusalem. Cela est naturellement lié à l’arrivée de nos pèlerins car les possibilités, y compris matérielles, de l’Église orthodoxe de Jérusalem, s’en trouvent augmentées et nous en sommes très contents car ces lieux saints avaient depuis longtemps besoin d’une sérieuse restauration. »

14.Posté par Irénée le 21/11/2012 08:46
Permettez-moi Vladimir de rectifier ce que vous dites dans le dernier paragraphe du post 13.
Bien entendu, la reprise des pèlerinages en provenance de Russie, d'Ukraine apporte incontestablement un soutien financier à l'Eglise de Jérusalem.
Ceci a permis la restauration de certains sites, la peinture de fresques dans beaucoup d'églises et un bien meilleur accueil des pèlerins.
Mais je ne vois pas où se situerait "le renforcement de la position de l’Église russe sur les lieux saints" et en quoi la reprise des pèlerinages devrait entraîner une quelconque prise de contrôle de certains lieux, ou même une influence accrue...pendant des décennies les pèlerins chypriotes ont été les plus nombreux, mais je n'ai jamais entendu parler d'un "renforcement de la position de l'Eglise de Chypre sur les lieux saints"
L"Eglise de Jérusalem est indépendante, elle a sans doute besoin de nos visites, de notre soutien et de nos prières dans les temps difficiles qu'elle traverse, mais je ne crois pas que le renforcement de la position de l'Eglise de Russie dans la région soit forcément une bonne chose...

15.Posté par Vladimir le 21/11/2012 12:39
Bien cher Irénée,

Vous posez une excellente question mais je ne suis pas l'auteur de ce texte qui est un communiqué du DREE (je donne le lien omis précédemment). C'est donc là position officielle de l'Eglise russe.

Les Lieux Saints ont traditionnellement été "protégés" par l'Empire russe et je pense que c'est au retour de cette influence, reprise maintenant par l'Eglise russe, que fait allusion ce paragraphe. Le patriarche l’explicite d'ailleurs en parlant de restaurations et de soutien financier (voir aussi la crise de la facture d'eau...)

16.Posté par av aleksandr le 22/11/2012 00:33
Cher Vladimir, Chers Frères et Soeurs en Christ,
Бог благословит!

Vous avez réagi à la visite du Patriarche Cyrille de Moscou en Terre Sainte et, de fait, il y a des points assez similaires avec les commentaires que j'essaye de formuler dans un contexte assez particulier. C'est normal dans la mesure où, chacun à notre place, nous servons aux biens spirituels de l'Eglise.

Vous remarquez sans doute que la visite du Patriarche est assez confidentielle sur le fond. Ceci est vrai en Israël, dans les Territoires palestiniens et en Jordanie. Les média locaux sont plus que discrets, de même que les services de presse russes, ukrainiens, biélorusses (quasiment rien!) et moldaves (idem). Je ne fais que citer ici les territoires et régions mentionnés par le Patriarche Cyrille au cours de son pèlerinage. Il faut tenir compte de cette discrétion.

Il faut être prudent sur ce que l'on lit et que l'on croit discerner. Vous citez un communiqué des services de presse du Patriarcat de Moscou. Il est évident que la visite du Patriarche Cyrille - en sa qualité de patriarche et non plus en tant que responsable des affaires externes du Patriarcat de Moscou - constitue un moment privilégié pour l'Eglise orthodoxe "russe", de tradition "russe", de langue et d'expression slave et en langue de slavon d'Eglise en Terre Sainte. Il s'agit d'un moment-charnière de passation de compétences, d'expériences, de vécus divers et très étendus dans le temps qui assurent un trait d'union entre le 19ème siècle et le 21ème siècle. On notera que pendant un siècle sinon plus, l'Eglise orthodoxe russe a vécu de terribles épreuves et que ceci a profondément marqué Jérusalem. Elle n'a pas seulement survécu. Elle se redéploie dans des formes qui furent et restent sans doute mal anticipées par les autres Eglises et peut-être aussi par les fidèles orthodoxes dans le monde entier, plus particulièrement au Proche et Moyen-Orient.

Le Patriarche Cyrille a clairement expliqué ce chemin inattendu dès son arrivée à l'aéroport Ben-Gourion. Il est très important de repérer cet itinéraire, en particulier pour des hommes de sa génération. L'Eglise orthodoxe russe est sortie des "catacombes" aux alentours des années 1990, à la suite des célébrations du millénaire du Baptême de la Rus de Kiev, en 1988. Ceci est sensible à Jérusalem et à Béthléem, à Ramallah et en général dans le pays. La "perestoika/перестройка" prend des dimensions de vrai bouleversement historique. Le Patriarche Cyrille l'a précisé aux diverses étapes de son périple: au Couvent Maria Magdalena sur le Mont des Oliviers, rappelant l'implantation de l'Eglise orthodoxe russe à Jérusalem en 1888. De même au Monastère Gornensky de Ein Karem où, visiblement ému, le hiérarque a expliqué les difficultés auxquelles il a lui-même dû faire face au nom du Patriarcat de Moscou, alors sous le contrôle du régime communiste.

Il est donc évident que l'Eglise russe orthodoxe a trouvé des points fondamentaux d'unité, même si celle-ci paraît souvent fragile, voire "tactique" pour certains. Dans ses homélies, le Patriarche Cyrille a effectivement parlé de l'unité, essentiellement de l'Eglise orthodoxe russe. Pourquoi souligner ceci?

Lorsque les Papes de Rome sont venus en visite à Jérusalem - Jean-Paul II en 2000 et Benoît XVI en 2010 - ils réagissaient plus en tenant compte d'une Eglise qui se veut volontiers "internationale et universelle, ouverte à toute langue, peuple et nation". Les contacts avec les fidèles locaux furent plus délicats. Dans le cas du Patriarche Cyrille, il est normal que le chef d'une Eglise orthodoxe rende visite aux autres patriarches historique, ceux de la Pentarchie. Cela prend encore bien plus de sens à Jérusalem, sur la terre où Jésus de Nazareth a annoncé le salut, le pardon et la rémission des péchés, est mort et est ressuscité. C'est une expérience forte pour tous.

L'Eglise russe orthodoxe de Moscou est "puissante" au sens où elle mobilise les capacités et les biens pour l'annonce du Kérygme. Pourtant, l'importance du Patriarcat de Moscou comme de l'Eglise Hors-Frontière ne peut se réduire à des aides financières. Ce serait un sorte de duperie sur le sens de la présence chrétienne sur cette terre. Les Eglises orthodoxes doivent petit-à-petit avancer vers un dialogue intra-confessionnel. Cela concerne toutes les jurisdictions des Eglises patriarcales, autocéphales ou même locales. Il y a une sorte de "symphonie universelle" de la tradition orthodoxe qui s'exprime aujourd'hui dans le monde entier. Cette universalité doit être visible à Jérusalem qui est le Lieu de la naissance de la foi, de son enracinement dans une préparation pluri-séculaire en ces lieux. L'Eglise-Mère de Jérusalem a répandu le kérygme de la Bonne Nouvelle sur tous les continents et continue de le faire. En même temps, elle rassemble toutes les nations, de toutes langues et cultures dans cette Vieille Ville de la Résurrection.

J'ai un rêve et je ne crois pas que cela soit de l'ordre du rêve uniquement. On me répond souvent qu'avec le temps cela deviendra possible: que le Patriarcat de Jérusalem, situé au-dessus du Golgotha et de l'Anastasis (Lieu de la Résurrection et du Tombeau vide), puisse héberger des représentants de toutes les jurisdictions orthodoxes. Nous n'en avons plus le souvenir, mais il fut un temps où Géorgiens et Serbes ont vécus ensemble dans le grand Monastère patriarcal. La primauté du patriarche grec est souvent "discutée, voire contestée". Elle est historique, conserve une valeur historique capitale pour l'Eglise, l'usage de la langue dans laquelle le Message évangélique fut proclamé et surtout un enracinement local et international des traditions byzantines. Il faut lui permettre de s'ouvrir mais aussi d'être un signe de cette universalité capable de modérer des nationalismes ou phylétismes souvent scrupuleux sur les rites et les valeurs traditionnelles.

C'est pourquoi la venue de pèlerins et de touristes de tradition russe est si importante. A Jérusalem, il n'y a "ni premier ni dernier" sinon dans le respect de l'histoire que l'on ne peut abolir. Nous voyons des pèlerins et des touristes du monde entier. Les fidèles orthodoxes qui se réclament de la tradition russe ne viennent pas seulement des territoires canoniques du Patriarcat de Moscou. Ils sont, eux aussi, présents sur tous les continents et votre forum en est le signe en France ou dans les pays francophones avec une pointe d'anglicisme, mais aussi d'acculturation européenne (Bénélux, Allemagne, Italie, Espagne, Pays scandinaves et autres).

Certains pourraient émettre des réserves dans la mesure où toutes les interventions du Patriarche Cyrille furent centrées sur la russéité de l'Eglise qui est à Jérusalem ou dans le territoire que le Patriarche a dûment reconnu comme étant confié - par l'appel de Dieu et la tradition des Eglises - au Patriarche Théophilos de Jérusalem qui fut intronisé voici tout juste sept ans, le 22 novembre 2005, au Saint Sépulcre. Il ciblait sans nul doute le prodige que représente l'union ou la réunification des Eglises de tradition russe, à partir de Jérusalem, dans cette double présence du Patriarcat de Moscou et de l'Eglise Hors-Frontière.

Cette influence saurait être réduite à un influence ou un pouvoir économique. Les Grecs ont d'eux-mêmes procédé à des reconstructions locales. L'Eglise russe a trouvé, à la chute du communisme, une autre situation. De fait, les sites vénérables de la tradition furent rebâtis, consolidés - au sein des propriétés de l'Eglise russe. Ces travaux ont été de grande envergure. Pourtant, ils ne font que commencer. Il faudra savoir comment trouver des voies plausibles de dialogues avec le Patriarcat de Jérusalem, les autorités israéliennes, palestiniennes, jordaniennes. L'Eglise orthodoxe russe est partout présente dans les pays arabes, par tradition historique mais aussi en raison de la présence de très nombreux expatriés.

Israël a accueilli un grand nombre de ressortissants de l'ex-Union soviétique, au nom de la Loi du Retour des juifs sur la Terre d'Israël selon la tradition juive. Elle a aussi accepté les membres non-juifs de familles qui ont émigré. Là aussi, on peut réduire cette situation à une immigration "économique" au temps de la chute du communisme. Il est certain que la hiérarchie russe orthodoxe ets dûment consciente de la venue de fidèles qui aujourd'hui évoluent au sein de la société israélienne ou ont trouvé leur place dans les Territoires palestiniens. La reconnaissance de ce départ historique des juifs de Russie, Ukraine, Biélorussie et Moldavie (entre autre) peut conduire à d'autres réflexions. Il est sans doute un peu tôt pour avancer trop vite. Les propos du Patriarche à Yad VaShem, mémorial de la Shoah ou Holocauste (Catastrophe en russe comme en grec) furent centrés, eux aussi, sur l'histoire du peuple russe et même soviétique. La réalité eschatologique du peuple juif et de son retour de l'exil selon les paroles des Prophètes restent encore de l'ordre de l'indicible. Il faut patienter.

Voici trente-quarante ans, j'ai connu une toute autre situation. Méfiance, repliement total, discrétion et frilosité dans l'Eglise de Jérusalem et du pays. Aujourd'hui, l'Eglise russe peut servir - en raison de son importance - à sortir elle-même de sa propre tradition, continuer le dialogue fructueux avec les autres Eglises orthodoxes, voire de permettre à d'autres traditions de trouver leur place dans une communion nécessaire. Le processus n'a commencé que voici une vingtaine d'années. Il requiert beaucoup de souplesse et de capacités au dialogue avec chacun. C'est un point délicat, mais il est impératif de montrer que l'Orient chrétien est vivant, source de beaucoup de vie et de ressource spirituelles.

Il y a sûrement bien des points que ne font que poindre et ne peuvent être aborder pour l'instant. Ces derniers temps, le Patriarche Cyrille est intervenu pour une présentation positive de différents théologiens modernes, par exemple le Père Alexandre Men. C'est aussi vrai de Mère Marie Skobtsova. Il faut avancer lentement, mais continuer d'avancer avec confiance.

Le Patriarche a mentionné les fidèles de régions de l'ex-URSS, comme l'Ukraine, la Biélorussie/Belarus et la Moldavie/Moldova. La Fédération de Russie a bien d'autres fidèles, d'autres cultures: on voit de plus en plus de ressortissants des républiques d'Asie Centrale, des Ouzbeks, Tadjiks, des fidèles habitant en Sibérie, mais aussi en Mongolie. La référence historique à l'ex-Union soviétique est naturelle, bien que d'autre jurisdictions revendiquent ces fidèles. L'Eglise de tradition slave a un rôle ample à jouer dans l'avenir, tout comme d'autres Eglises qui sont présentes depuis les premiers siècles dans la région ( par exemple les Géorgiens).

Jérusalem a besoin de projets spirituels ouverts. On peut espérer que les fidèles et le clergé pourront aider à s'accepter et à avancer ensemble sur cette terre que le Seigneur a visité et béni.

Archiprêtre Alexander Winogradsky Frenkel
(Jérusalem)



17.Posté par Irénée le 22/11/2012 09:08
Désolé Vladimir, mais je pensais que ces lignes étaient de vous ! Voilà donc que je conteste les déclarations de la DREE sans le savoir !
Il ne faut pas trop exagérer cette "protection" des lieux saints de Palestine par l'Eglise de Russie. Il y a bien eu des soutiens pour des raisons à la fois religieuses et politiques à la fin du XIXè siècle, mais la mission russe crée en 1863 n'a finalement fonctionnée que 50 ans...et l'essentiel des structures en place avaient pour but de recevoir les nombreux pèlerins venant de Russie, et de leur permettre d'avoir ici ou là des offices en slavon. Il n' y a pas eu pour autant une prise de contrôle de l'Eglise locale par la Russie ! La présence et le soutien de l'Eglise de Russie auprès des chrétiens orthodoxes du proche-orient est certes importante, mais les raisons politiques de cette présence sont sans doute plus importantes que les raisons religieuses...

18.Posté par Irénée le 22/11/2012 11:00
Merci Père Alexandre pour ce long message qui permet à tous les lecteurs une meilleure compréhension de la situation sur place.
Vous avez raison d'exprimer vos souhaits, et peut-être vos rêves...mais comme vous le savez bien, la situation que vous appelez de vos voeux a été partiellement déjà vécue dans les siècles passés. Il n'y a pas si longtemps qu'une partie des moines peuplant le monastère de saint Sabbas venaient des Balkans ou des pays slaves. C'est d'ailleurs une des caractéristiques de l'histoire de l'Eglise de Jérusalem d'avoir toujours été un lieu d'échanges et de rencontres entre différentes traditions du monde chrétien depuis les apôtres.

19.Posté par Daniel le 22/11/2012 12:50
En effet Irénée, cette rencontre de chrétiens de différents horizons se retrouve aussi au Sinaï dans ses monastères. De nombreux Géorgiens y ont vécu.

20.Posté par Vladimir le 22/11/2012 21:24
Merci abba Alexandre pour cette excellente explication qui remet bien les choses à leur place et permet de voir l'avenir sous les meilleurs auspices...

J'espère que vous aurez d'autres occasions d’intervenir sur ce forum pour mieux nous faire connaitre la réalité de l'Orthodoxie dans les Lieux Saints.

21.Posté par av aleksandr le 22/11/2012 23:50
Cher Vladimir,

Merci pour votre accueil et votre appréciation. Cela dit, je n'ai fait que lancer des pistes de réflexions à propos du voyage du Patriarche Cyrille au Patriarcat de Jérusalem. Je continuerai donc à partager avec vous.

Beaucoup de commentateurs le soulignent: ce forum permet des échanges larges et c'est improtant pour le partage et l'ancée de la réalité de l'Orthodoxie.

C любовью о Господе.

Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile