Le patriarche Bartholomé estime qu’il n’y aucune raison à une éventuelle non participation au Concile panorthodoxe de telle ou autre Eglise locale.

Istanbul. L’agence "Romfea" annonce qu’en définitive les primats de toutes les Eglises locales orthodoxes pourraient se réunir le 21 janvier prochain à Genève et non à Istanbul pour une conférence préparatoire (synaxe) . Selon l’agence le patriarche Bartholomé estime qu’il n’y aucune raison à une éventuelle non-participation au Concile panorthodoxe de telle ou autre Eglise locale.

La raison pour laquelle le Concile ne pourrait pas se tenir à Istanbul est que le gouvernement russe ne recommande pas à ses nationaux de se rendre en Turquie car les relations entre les deux pays se sont récemment détériorées. En conséquence les représentants de l’Eglise orthodoxe russe pourraient ne pas être présents au Phanar.

L’archevêque d’Athènes et de Grèce Hiéronyme, primat de l’Eglise de Grèce, pourrait également se refuser d’aller en Turquie. Des divergences existent en effet entre Monseigneur Hiéronyme et le patriarche Bartholomé.

Des doutes subsistent toujours quant à la participation au Concile du patriarcat d’Antioche. La communion eucharistique entre l’Eglise d’Antioche et le patriarcat de Jérusalem est interrompue. Elle n’a pas été rétablies car un accord n’a pas pu être trouvé entre les deux Eglises quant à l’appartenance juridictionnelle du Qatar.

Sedmitza.ru et PO

Lire LE CONCILE PANORTHODOXE VA-T-IL SE TENIR COMME PRÉVU?

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 9 Janvier 2016 à 12:40 | 56 commentaires | Permalien


Commentaires
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1.Posté par Irénée le 09/01/2016 19:02
Il me semble que la presse spécialisée parle de la réunion des primats du 21 janvier, et pas encore du lieu du futur Concile.
Bien entendu, si les délégués de l'Eglise de Russie ne peuvent pas se rendre à Constantinople, il faudra trouver un autre lieu... Attendons cette réunion du 21 janvier...

2.Posté par Vladimir.G: La modification tendancieuse du titre vient des journalistes russes.... ... le 10/01/2016 16:52
En effet, la dépêche de "Romfea" dont partent toutes ces supputations ne cite Genève que pour la synaxe du 21 janvier et titre "le Patriarche œcuménique à la manœuvre pour le Concile". La modification tendancieuse du titre vient des journalistes russes.
Le corps de l'article reprend le communiqué d'origine.

"L'impérial César, une fois mort et changé en boue, Pourrait boucher un trou et arrêter le vent du dehors." ("Hamlet" Acte V sc. 1)

cf. http://www.romfea.gr/oikoumeniko-patriarxeio/5652-eligmos-tou-oikoumenikou-patriarxi-gia-tin-sunaji

3.Posté par Irénée le 11/01/2016 19:44
Vladimir
La question de la réunion du Concile à Genève peut en effet se poser.
C'est une option sans doute envisageable, mais qui n'aurait pas la même portée symbolique que s'il se déroulait à sainte Irène à Constantinople.
Il faudrait aussi sans doute examiner d'autres options. Pourquoi pas, par exemple, Thessalonique ?
Je crois que le Phanar souhaitera que ce Concile se réunisse sur son territoire canonique. Sinon pourquoi pas Kiev... ou Jérusalem !

4.Posté par Daniel le 11/01/2016 21:19
Kiev me semble un peu agité en ce moment, vous en trouvez pas ?

5.Posté par Irénée le 11/01/2016 22:38
Oui, sans doute Daniel, mais symboliquement ça aurait du sens...
Vous auriez d'autres idées ?

6.Posté par Daniel le 12/01/2016 11:24
Oui, j'ai énormément d'idées pour des endroits dans le monde orthodoxe qui sont sûrs, avec des risques réduits d'attentats et de troubles. Il suffit de regarder une carte : en Géorgie, en Russie, en Roumanie, Bulagrie, Serbie etc.

7.Posté par N.B. le 12/01/2016 12:00
En écho... Les difficultés dans la mise en place du Concile ne seraient-t-elles pas dues au différent entre Istanbul et Moscou quant au statut de l’Église de Prague et de Slovaquie?

8.Posté par Vladimir.G: je proposerais bien Chypre... le 12/01/2016 12:26
Je disais que la question de Genève n'est pas explicitement posée pour le lieu du Concile dans la dépêche de Romfea...

Pour une réunion de cette importance numérique (près de 500 personnes), je n'ai pas l'impression que Chambézy convienne et Genève peut poser un problème financier: où se réunir? ce sera clairement la solution la plus onéreuse et sans aucun appui local. La seule cathédrale orthodoxe est celle de l'Église russe à l'étranger (patriarcat e Moscou) et elle n'est pas très vaste ...

J'aurais bien proposé Chypre s'il n'y avait la question des diptyques, ou Prague, mais il y a la question du primat, Jérusalem et Antioche ayant suspendu leur communion Balamand n'est pas évident... J'imagine que personne ne proposerait Alexandrie!

En fait Moscou est le seul siège primatial orthodoxe qui ait l’expérience et les moyens d'une telle organisation, mais on pourrait aussi regarder du côté de Bucarest (avec son immense nouvelle cathédrale), Belgrade ou Sophia, qui ont des positions plus neutres dans le débat...

Sainte Irène de Constantinople abrita le second Concile œcuménique (Constantinople I, 381), puis fut longtemps utilisée comme arsenal et fait maintenant partie du parc du musée de Topkapı. Elle est dé-consacrée et sert de salle de spectacle lors du festival international de musique d’Istanbul grâce à son acoustique. La pertinence de ce choix pour tenir le futur concile pan-orthodoxe fait question...

9.Posté par Irénée le 12/01/2016 16:41
Vous oubliez cher Vladimir la cathédrale de la métropole grecque de Chambéry... c'est à Genève, tout comme Neuilly est à Paris ! Et quatre fois plus vaste que la cathédrale russe.
Mais c'est sans doute un peu juste pour 500 délégués avec l'équipement nécessaire : interprètes, secrétariat et autre... Le coût serait assez prohibitif pour les logements par contre !
Chypre serait une possibilité. Mais il me semble que Thessalonique serait aussi un bon choix.

10.Posté par L’Église orthodoxe russe n’a pas reçu de lettre l’avisant du transfert de la Synaxe des primats de Constantinople à Genève le 13/01/2016 10:24
L’Église orthodoxe russe n’a reçu aucune lettre officielle du Patriarcat œcuménique au sujet du transfert de la Synaxe de Constantinople à Genève. « Nous attendons une lettre officielle » a déclaré au site russe Pravmir le secrétaire pour les relations inter-orthodoxes du Département des affaires ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, l’archiprêtre Igor Yakimtchouk. Comme l’annonce l’agence RIA Novosti, la forme de participation de l’Église orthodoxe russe à la Synaxe sera décidée après la réception de la lettre du Patriarcat de Constantinople.

L’archiprêtre Igor Yakimtchouk a mentionné que, c’est ce qui est le plus probable, les primats des Églises orthodoxes locales pourraient se rencontrer « au centre du Patriarcat de Constantinople, dans la banlieue de Genève, à Chambésy, où se déroulent habituellement ce genre de manifestations ». Il a souligné que, jusqu’à la réception de la lettre officielle sur le lieu du déroulement de la réunion, on ne peut « que faire des suppositions ». Auparavant, l’agence d’information grecque « Romfea » avait annoncé qu’il était proposé de transférer de Turquie en Suisse la Synaxe des primats des Églises orthodoxes.

11.Posté par Vladimir.G: attendons le 21... le 13/01/2016 10:42
Voilà bien la confirmation du communiqué de "Romféa" avant sa transformation par les journaux russes (reprise par PO et Orthodoxie.com... Mais aucun écho dans les media occidentaux...) Le communiqué original de RIA Novosti est ici: http://ria.ru/religion/20160111/1358124528.html

Vous vouliez évidement dire "ChambéZy", bien cher Irénée (9) :-). Je l'avais bien mentionné en pensant, comme vous, que ce serait "juste."

Thessalonique peut poser le problème de l'administration du nord de la Grèce par Athènes, surtout si l'Archevêque ne participe pas à la synaxe...

Bref, attendons le 21...

12.Posté par justine le 13/01/2016 12:48
Surtout pas au centre genevois du Phanar! Cette cathédrale est une horreur du point de vue style et de la mentalité qui l'a inspiré. Et puis, tenir un Concile de la Sainte Eglise dans la ville de l'hérétique Calvin ne rime vraiment à rien quand il y a tant d'autres possibilités en milieu orthodoxe. La décision sur le lieu appartient de toute manière à toutes les Eglises locales en commun et non pas au seul Phanar - si du moins il est meme question de la reunion de ce fameux Concile ces prochains temps, chose non souhaitable, vu les mauvais desseins de qui on sait...

13.Posté par Irénée le 13/01/2016 23:26
@Vladimir : Pardonnez moi pour "Chambéry", il s'agit de Chambésy bien entendu, et pas de Chambézy non plus ! En tout cas pas assez de place...
Je suppose que vous n'ignorez pas que Thessalonique est une métropole qui dépend de Constantinople, et pas de l'Eglise de Grèce. Ce ne serait pas une si mauvaise solution...

@ JustineJe ne savais pas que Genève n'avait d'autres références que Calvin !
Pour moi c'est une ville christianisée au 4è siècle, avec déjà à cette période une grande église et un baptistère qui n'était ni calviniste ni réformée !
Vous parlez des "mauvais desseins de qui on sait". Moi je ne sais pas de qui vous parlez.

14.Posté par Vladimir.G: attendons le 21 précision le 14/01/2016 10:03
Évidement Chambésy ... mais Chambéry avait en plus une connotation amusante...

Mais, bien chers Irénée et Justine, peut être pourrez vous nous éclairer sur cette question du rattachement canonique du nord de la Grèce, avec Salonique. Pour ce que j'en sais ces « Terres Neuves» (rattachés à la Grèce en 1913) relèvent toujours de Constantinople, mais leurs évêques mais sont "administrés" par Athènes, contrairement à la Crète et au Mt Athos. Qui nomme les évêques? Participent-ils aux synodes et conciles de Constantinople ou d'Athènes?

Genève est surtout le sièges de certains "machins" internationaux et des plus grandes banques dont l'Orthodoxie est principalement financière... :)

15.Posté par Micha le 14/01/2016 11:09
pour № 7 @ N.B.

Согласно сообщению греческого информационного агентства «Ромфея», которое на своих страницах приводит Седмица.Ru, в ближайшее время может благополучно разрешиться кризис, связанный с отказом Константинопольского Патриарха Варфоломея признать Предстоятелем Православной Церкви Чешских земель и Словакии митрополита Ростислава.

Агентство «Ромфея» отмечает, что в ходе переговоров, которые проходят в Константинопольской Патриархии на Фанаре под председательством митрополита Пергамского Иоанна (Зизиуласа) решается вопрос о признании митрополита Ростислава Предстоятелем Чехословацкой Церкви.

Владыка Ростислав, согласно информации агентства, испросил прощение перед Константинопольским Патриархом за свои резкие высказывания в его адрес, сделанных в ходе пастырского собрания, и принесенные извинения сыграли решающую роль в позитивном развитии вопроса о признании митрополита Ростислава главой Церкви.

Также отмечается, что, вероятно, будут восстановлены отношения между митрополитом Ростиславом и ранее признанным Константинопольским Патриархатом Оломоуцским архиепископом Симеоном, который и учинил раскол в Православной Церкви Чешских Земель и Словакии.

Что, помимо извинений владыки Ростислава, заставило Константинополь изменить свою позицию по данному вопросу остаётся неясным. Как известно, Патриарх Варфоломей отказывался признавать решение Архиерейского Собора Чехословацкой Церкви, выбравшего нового Предстоятеля, ещё до всяких оскорблений владыки Ростислава.

Известно также, что верующих Чехии и Словакии всё последнее время поддерживала Русская Православная Церковь, священноначалие которой признало избрание митрополита Ростислава практически сразу после публикации решения Архиерейского Собора Православной Церкви Чешских Земель и Словакии.

Помимо прочего, данный вопрос был предметом обсуждения и в ходе подготовки Всеправославного Собора, что могло заставить Патриарха Варфоломея отказаться от поддержки раскола в чехословацком Православии.

16.Posté par Vladimir.G: Reconnaissance dedu primat de l''''Église des Terres Tchèques et de Slovaquie le 14/01/2016 12:57
Je confirme l'information de Micha (15)
Par décision du Saint Synode du patriarcat de Constantinople datée de ce jour 14 janvier 2016 le patriarcat reconnait l'archevêque Rostislav comme primat de l'Église des Terres Tchèques et de Slovaquie, ce qui lui permettra d'être invité à la synaxe du 21 janvier et de participer au concile. Parmi les conditions posées il y a la reconnaissance du tomos de Constantinople du 27 Août 1998 comme base de l'autocéphalie de cette Église. Il y a aussi une lettre d'excuses adressée par Mgr Rostislav le 19 octobre 2015...

Source: http://www.romfea.gr/oikoumeniko-patriarxeio/5869-anakoinothen-oikoumenikou-patriarxeiou-gia-tin-ekklisia-tis-tsexias

L'Église fut un exarchat de l'Église russe jusqu'en 1951 (lettre à tous les primats des Eglises orthodoxes du 19 décembre 1951 les informant de l'autocéphalie, Journal du patriarcat de Moscou. 1952.— № 1. — С. 8. Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Fin-de-l-imbroglio-a-la-tete-de-l-Eglise-des-terres-tcheques-et-de-Slovaquie_a3520.html)

17.Posté par justine le 14/01/2016 17:59
A Irénée: Thessalonique est bien une des dites "Nεες χορες" ("pays nouveaux", appellation d'ailleurs contestable et contestée en Grèce, surtout pour cette ville bien plus ancienne que Constantinople!), mais elle ne depend par pour autant du Phanar, puisque selon le règlement canonique en vigueur elle fait partie du Saint Synode de l'Eglise autocéphale de Grèce.
"Genève, cité de Calvin" n'est certes pas la seule caractéristique de la ville, mais en l'occurence nous parlons d'Eglise, et dans l'histoire ecclésiastique d'Europe occidentale, l'activité de Calvin constitue en effet le trait saillant de Genève. Ce ne sont pas les beaux debuts qui comptent pour le salut, mais les tristes fins, quand manque le repentir.
Quant à votre remarque que vous ne savez pas de qui je parle, de mon cote, je ne sais pas s'il faut regretter votre ignorance ou votre faire-semblant.

18.Posté par justine le 14/01/2016 18:22
L'Archeveque Hieronymos d'Athenes reste ferme dans sa decision de ne pas participer personnellement a la reunion des primats le 21 janvier et se fera representer par trois metropolites, comme confirme le communique du Saint Synode reuni en seance ordinaire aujourd'hui.

Quant au Patriarche Neophyte de Bulgarie, il ne participera que "si les problemes relatifs au Grand Concile sont resolus". Le Saint Synode bulgare demande par ailleurs que le Phanar lui fasse connaitre les sujets a l'ordre du jour de cette reunion des primats, afin d'etre en mesure de decider si oui ou non le patriarche s'y rendra. Les invites ne savent donc meme pas de quoi on parlera.....

http://www.romfea.gr/patriarxeia-ts/patriarxeio-boulgarias/5855-upo-orous-i-summetoxi-tou-patriarxi-boulgarias-stin-geneui
http://www.romfea.gr/epikairotita-xronika/5868

19.Posté par Philippe Amartolos le 14/01/2016 19:25
Pourquoi ne pas tenir le concile dans le Protaton de Karyès ? Ou à la Grande Lavra, bénéficiant des mêmes enclos qui jadis firent croître jusqu'au ciel les prières de saint Grégoire Palamas, dernier Père de l'Eglise ? De plus, une fois là-bas, il y aurait encore assez de vieux moines confesseurs de la Vérité pour nous assurer d'une bonne direction des débats et capables même, au cas échéant, de clamer l'anathème à toute déviance dogmatique.

Aussi, la Sainte Montagne est reconnue collégialement comme la lanterne et est bien aujourd'hui le seul résidu de l'époque patristique dans laquelle baignèrent les conciles œcuméniques ou synodaux, le seul endroit où l'on puisse encore mener de pieuses "querelles byzantines", bien plus qu'à Genève où je ne sait quel endroit félon et judaïsant.

20.Posté par justine le 14/01/2016 19:45
A Vladimir, post 14: Vous soulevez là une question bien épineuse! Pour résumer en quelques mots: Lorsque en 1924, aux termes du Traité de Lausanne, près de 2 millions de Grecs d'Asie Mineure, autrement dit de Turquie, furent déracinés de leurs habitat trois fois millénaire dans ces contrées anatoliques et vinrent en Grèce, le Patriarcat de Constantinople se vit du coup privé de bien 90 pour cent de son troupeau. Il fut convenu alors, par un accord conclu en 1928 entre l'Eglise de Grèce et le Patriarcat de Constantinople, que les éparchies où s'établirent ces réfugiés - nommées dès lors, conformement à la perspective des réfugiés,"Terres nouvelles" - seraient administrées par l'Eglise de Grèce, tout en restant spirituellement sous la guidance de Constantinople. Les métropolites de ces éparchies sont proposés et élus par le Synode de l'Eglise de Grèce, le patriarcat de Constantinople ayant simplement un droit de proposer lui aussi des candidats.

Si cette situation pouvait être comprehensible à l'époque, elle l'est beacuoup moins aujourd'hui, puisque ces réfugiés n'en sont plus, mais des membres à part entiere de la société grecque. D'une part, la virtuelle appartenance de ces fidèles à deux Eglises autocephales en meme temps est anormale du point de vue canonique. D'autre part, elle crée une division au sein de la nation grecque, d'autant plus que, pour des raisons politiques et économiques, le Phanar de nos jours essaie de mettre ces éparchies - qui représentent à peu pres la moitié du territoire grec, voire plus si on inclut les îles directement sous la juridiction du Phanar: Crète et Dodecannèse - sous son contrôle complet, ce qui cause de graves tensions au sein de l'Eglise. On se souviendra qu'il y a peu d'années, le Phanar est allé jusqu'à excommunier l'Archevêque de Grèce Christodoulos qui s'opposait à ces machinations politiques et pour le moins peu chrétiennes. La situation s'aggrave du fait de l'extrémisme écuméniste du Phanar, auquel l'Eglise de Grece, du moins dans un nombre respectable de ses évêques, de son clergé et de son troupeau, oppose la fidélité à l'Orthodoxie, à la Sainte Tradition et aux Saints Pères, malgré toutes les tentatives des divers serviteurs des puissances des ténèbres de briser leur moral.

21.Posté par justine le 14/01/2016 19:47

22.Posté par justine le 15/01/2016 08:52
Pour plus de clarté au sujet des faits historiques, ajoutons ceci encore au post 20:

L'Eglise de Grèce ou plutôt les diocèses de Grèce étaient depuis le début autocéphales, et ceci jusqu'à la chute de Constantinople. Ceci changea radicalement sous le joug turc. Les sultans musulmans conférèrent la juridiction sur tous les Orthodoxes de leur Empire au patriarche de Constantinople qu'ils avaient sous leur contrôle direct, ce qui rendait leur main-mise sur les populations subjuguees plus facile que s'ils avaient eu à faire avec un grand nombre de leaders ecclésiastiques divers. Donc une affaire entièrement séculiere et sans aucun lien avec la Foi orthodoxe ou les Saints Canons:

Lorsque l'Empire ottoman commença à s'écrouler et que la Grèce (soit une partie de son territoire pour commencer, à laquelle seront ajoutées par la suite les autres parties) retrouva son indépendance, le patriarcat de Constantinople promulga en 1850 le dit "Tomos Synodikos" lequel reconnaît en termes non équivoques l'autocéphalie de l'Eglise de Grèce. On y lit notamment ce paragraphe:

"Nous avons établi, de par la puissance de l'Esprit Tout Saint Qui preside aux Mystères, que l'Eglise Orthodoxe en le Royaume de Grèce, laquelle, comme l'Eglise Catholique et Orthodoxe dans son ensemble, a comme Tête notre Seigneur et Dieu Jésus Christ, est dorénavant canoniquement autocéphale.... Nous la connaissons et proclamons comme notre soeur spirituelle..... et comme telle elle sera dorénavant reconnue et commemorée sous le vocable 'Saint Synode de l'Eglise de Grece', et nous lui accordons en outre tous les privilèges et tous les droits de souveraineté qui caractérisent l'autorité ecclésiastique suprême."

Afin qu'il n'y ait aucun malentendu au sujet de cette autocéphalie, le patriarche Anthime IV annexa à ce Tome une lettre, dans laquelle il spécifie que "dorénavant le Saint Synode de l'Eglise de Grèce établi par notre Tomos Synodikos sera reconnu en tout et pour tout comme l'autorité ecclésiastique suprême, porteur de tous les droits sur les Eglises en Grèce qu'auparavant détenait notre Throne Apostolique Patriarcal Oecuménique."

Au vu de ces proclamations formelles, la "Praxis" patriarcale de 1928, c'est à dire l'accord au sujet des "Terres nouvelles" apparait clairement anormal et contradictoire. Elle ne pouvait donc avoir qu'un caractère provisoire et circonstanciel, "par économie", et non pas celui d'un règlement définitif, voire comme un instrument pour abolir l'autocéphalie de l'Eglise de Grèce sur les diocèses de la moitié du territoire de la Grèce, comme choisit de le voir le Phanar d'aujourd'hui.

Voir à ce sujet un exposé très pertinant du protopresbytre Basilios Bouloudakis (en grec) sur http://aktines.blogspot.gr/2015/05/blog-post_76.html#more

23.Posté par Philippe Amartolos le 17/01/2016 20:44
Merci Justine pour votre post n°22 et l'insertion d'un extrait du Tomos Synodikos !
Puissiez-vous continuer à faire une place au microcosme orthodoxe grec, trop ignoré ou minoré à mon sens, hélas, et qui pourtant, et malgré tout ce qu'on pourrait trouver à dire, reste en termes strictement dogmatique et canonique, le mètre étalon, comme il l'a toujours été, lui qui fut le véhicule de la foi aux païens latins, celtes, slaves et autres.

24.Posté par Vladimir.G: Précisions historiques le 18/01/2016 10:53
Précisions historiques

Merci pour ces précisions, bien chère Justine,

J'aimerais les compléter par quelques détails historiques: lorsque le Christianisme devient religion d'état avec Constantin et surtout Théodose, remplaçant la religion romaine, l'empereur demeure le "pontife suprême" (titre repris pas les papes) et devient le chef de l'Église, nommant patriarches et évêques et convoquant les conciles… A la fin du 6ème siècle, l'Empire "œcuménique" ayant disparu en Occident mais subsistant en Orient, le patriarche de Constantinople prit le nom de "patriarche œcuménique" et dirigea l'Église en "symphonie", souvent fort difficile, avec les empereurs et en s'opposant souvent au papes de Rome jusqu'au Grand schisme... Après la chute de Byzance le Patriarche de Constantinople put continuer à diriger la majeure partie des Église orthodoxes, inclues dans l'empire ottoman, grâce au rôle d'"ethnarque" (chef de la "nation" chrétienne au sens musulman pour lequel le civil et le religieux sont inséparables) accordé par le Sultan. (1)

La Grèce du sud devint indépendante en 1830 et son Église se proclame autocéphale en 1833 pour ne pas dépendre d'un patriarche resté sous le contrôle du sultan… l'autocéphalie est reconnue par Constantinople en 1850. Le nord de la Grèce (devenu "Nouveaux territoires" après le rattachement en 1913), la Crête et les iles du Dodécanèse restent dans l'empire ottoman et, logiquement, dans la juridiction de Constantinople. La "Catastrophe d'Asie mineure" de 1922 et ses 2 millions de réfugiés viendra compliquer la donne mais l'accord de 1928 consacre la réalité politique de l'intégration de ces territoires à la Grèce alors que le patriarche de Constantinople reste toujours soumis au lois turques et, conformément au traité de Lausanne (1923), est "un établissement religieux demeurant à Constantinople et s'occupant des affaires purement spirituelles de la minorité de nationalité turque et de religion grecque-orthodoxe." (ibid. 1). Le fait que le Dodécanèse et la Crête (dont l'Église est largement autonome) ne soient pas ingérés à l'Église de Grèce montre que, pour Constantinople aussi, l'Église n'est pas obligée de suivre les vicissitudes des frontières administratives et politiques…

(1) D'après Olivier Clément, "Le Patriarcat de Constantinople", non daté, http://www.crypte.fr/eglise/clementconstantinople.html

25.Posté par Communique of the Ecumenical Patriarchate about the Synaxis of the Primates in Geneva le 18/01/2016 11:18
The Ecumenical Patriarchate announces that, following an invitation by His All-Holiness to Their Beatitudes the Primates of the local most holy Orthodox Churches, he will chair a Synaxis at the Orthodox Center of the Ecumenical Patriarchate in Chambésy, Geneva, from January 21st to 28th, 2016

26.Posté par Justine le 18/01/2016 15:30
Post 25: Seront absents de cette réunion à Chambésy le Patriarche d*Antioche, l'Archeveque de Grèce et le Métropolite de Pologne.

27.Posté par Vladimir.G: Précisions historiques le 18/01/2016 16:36
L’archevêque de Grèce sera donc représenté par trois métropolites (votre 18.) Auriez-vous des informations pour les autres?

28.Posté par justine le 19/01/2016 17:17
A Vladimir: Non. On verra bien le 21.

29.Posté par N.B. le 19/01/2016 17:57
Orthodoxie.com: Communiqué du Patriarcat œcuménique
Tous les primats ont déclaré leur participation en personne, à l’exception de leurs Béatitudes le patriarche d’Antioche Jean et le métropolite de Varsovie Sava, empêchés pour raisons de santé, ainsi que de l’archevêque d’Athènes et de toute la Grèce Jérôme pour des raisons personnelles. Les trois primats seront représentés par des représentants autorisés.

30.Posté par Les primats orthodoxes réunis en « synaxe » à Genève le 19/01/2016 21:06


L’enjeu de cette réunion, organisée sous l’égide du patriarche œcuménique de Constantinople, est d’aplanir les dernières difficultés et de fixer la date du grand concile panorthodoxe annoncé autour de la Pentecôte.
Par Samuel Lieven

La dernière ligne droite avant le concile panorthodoxe annoncé pour la Pentecôte 2016 ? À partir de jeudi 21 janvier et jusqu’au 28 janvier, tous les primats des Églises orthodoxes – à l’exception de ceux d’Athènes, d’Antioche et de Varsovie – se retrouvent en « synaxe » (à l’origine, une assemblée de chrétiens sur la liturgie) à Genève, au centre orthodoxe du Patriarcat œcuménique. Le but ? Valider les textes qui seront proposés au concile et aplanir les difficultés liées au fonctionnement de cette assemblée annoncée en 2014, mais dont la tenue n’est pas encore certaine.

Moscou, dont le patriarche Kirill participe néanmoins à la synaxe de Genève, a une nouvelle fois laissé planer le doute sur sa participation au concile. Tous les points à l’ordre du jour n’ont pas encore recueilli le consensus des évêques.

D’autre part, les tensions diplomatiques entre Moscou et Ankara rendent difficile l’organisation d’un tel événement à Istanbul (Constantinople).
Un demi-siècle

Attendue depuis un demi-siècle, la tenue d’un concile rassemblant toutes les Églises orthodoxes à Istanbul, siège du Patriarcat œcuménique de Constantinople, constituerait un événement historique de premier ordre, comparable sur le papier à celui de Vatican II dans l’Église catholique. Le dernier concile œcuménique reconnu par l’ensemble des 14 Églises orthodoxes n’a en effet jamais eu lieu depuis le grand schisme avec Rome.

Des synodes interorthodoxes se sont par la suite tenus jusqu’au XVIIe siècle, mais il a fallu attendre la conférence de Rhodes (1961) pour que l’idée d’un « saint et grand concile orthodoxe » soit relancée par le patriarche œcuménique Athénagoras, l’homme du rapprochement avec le pape Paul VI.

L’objectif de cette assemblée est de résorber les divisions accumulées entre Églises orthodoxes au cours des siècles afin d’offrir au monde un témoignage de foi commun et actualisé.

31.Posté par justine le 20/01/2016 10:51
Cette présentation par "La Croix" catholique dit tout et rien: tout, en évoquant Vatican II, car les philopapistes du Phanar visent à l'imiter, et rien, parce que les objections des fidèles Orthodoxes de tous les échelons: peuple, clergé, hiérarques, y sont complètement ignorées.

Quant a la phrase "Le dernier concile œcuménique reconnu par l’ensemble des 14 Églises orthodoxes n’a en effet jamais eu lieu depuis le grand schisme avec Rome", y a-t-il quelqu'un pour la comprendre? Logique sans doute écuméniste, inaccessible à un esprit sain.

32.Posté par Патриарх Кирилл приедет в Шамбези и встретится с предстоятелями Православных церквей le 20/01/2016 14:23
Собрание продлится неделю, на нем будут обсуждаться вопросы подготовки Всеправославного Собора. В мероприятии примет участие патриарх Московский и всея Руси Кирилл, сообщил "Интерфакс-Религия" в среду глава патриаршей пресс-службы священник Александр Волков.

В состав делегации от Русской церкви вошли митрополит Киевский и всея Украины Онуфрий, глава синодального Отдела внешних церковных связей (ОВЦС) митрополит Волоколамский Иларион и зампред ОВЦС протоиерей Николай Балашов.

33.Posté par Vladimir.G: le patriarche de Moscou Cyrille parlait aussi de ce "Concile historique" il y a un an le 20/01/2016 15:39
Et bien voilà une impressionnante délégation de l'Église russe! (commentaire 32)

Pour revenir au texte de "La Croix" (30), je le trouve objectif (sauf qu'il ne précise pas que les primats absents seront dûment représentés) et intéressant pour ses lecteurs, Catholiques, qui sont ainsi informés des questions orthodoxes qu'ils connaissent généralement fort mal.

Il faut souligner qu'aucune communication des Église orthodoxes ne mentionne, à ma connaissance, " les objections des fidèles Orthodoxes de tous les échelons: peuple, clergé, hiérarques..." On ne peut donc faire grief au quotidien catholique de les ignorer!

Par contre l'appréciation générale est conforme aux positions des Églises dont j'ai connaissance. En plus de Constantinople, toujours très dithyrambique, le patriarche de Moscou Cyrille avait parlé de ce "Concile historique" il y a un an (discours devant l'Académie diplomatique du Ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie le 30 avril 2015) et le 11 mars 2014 il disait «Il n’y a jamais eu de Conciles de cette envergure dans l’histoire parce que toutes les églises orthodoxes y seront représentées. Il est extrêmement important que toutes les décisions soient prises par consensus et qu’il n’y ait pas de vote. En même temps, le document qui vient d’être adopté précise que chaque église possède une voix. Cela signifie qu’elle ne pourra pas exprimer deux opinions différentes et que son opinion devra exprimer les sentiments de tous les évêques, de tout le clergé et de tout le peuple. C’est très important pour éviter les dissensions qui pourraient nous diviser. Le Concile est appelé à nous unir tous et à nous rendre efficaces face aux problèmes qui existent dans le monde et réconcilier ceux qui ont encore des divergences ».

Et le métropolite de Volokolamsk Hilarion, porte parole officiel de l'Église russe, rappelait en mars 2014 qu'il n'y a plus eu de Concile auquel toutes les Eglises aient pu participer depuis mille ans, "même s'il y eut des conciles locaux importants ou des conciles de l'Eglise de Constantinople auxquels participaient d'autres Eglises (comme celui reconnaissant le patriarcat de Moscou et lui allouant la 5ème place en 1593)."

(D'après les informations en ma possession, le dernier concile universel pour les Orthodoxes est effectivement celui de 879/880, auquel participèrent d'ailleurs des légats romains mais que Rome ne reconnait pas car il condamna le filioque...)

.La Croix ne dit rien d'autres...

34.Posté par justine le 21/01/2016 10:49
A Vladimir, post 33:

S'il devait y avoir - malgré les innombrables declarations et publications de par tout le monde orthodoxe depuis des décennies déjà! - un manque de "communications" au sujet des objections contre la manière dont ce concile est conçu, préparé et organisé, je peux vous annoncer une heureuse nouvelle: Au mois de mars se tiendra en Grèce un symposium au sujet du "Grand Concile" ou des hiérarques, théologiens et canonologues compétents exposeront toutes les objections qui s'élèvent nécessairement d'un point de vue orthodoxe. Seront traités notamment aussi les problèmes de la thématologie prévue du Concile, de la reconnaissance des 8e et 9e Conciles Ecuméniques, des dialogues théologiqes et leur échec, de l'absence du plérôme des évêques (orthodoxes) au "Grand Concile", de l'insuffisante représentation du clergé et du peuple, de la carence de la mise au courant des évêques, du clergé et du peuple au sujet du Concile etc. La Croix et autres instances "sous-informées" auront alors toutes les "communications" dont elles pourraient (encore) avoir besoin.

35.Posté par Le Patriarche Cyrille participera à la Synaxe des Primats des Églises orthodoxes à Chambésy le 21/01/2016 15:50
Conformément à une décision panorthodoxe, la Synaxe des Primats et représentants des Églises orthodoxes locales débutera le 22 janvier 2016 au Centre orthodoxe du Patriarcat de Constantinople de Chambésy (Suisse). Pendant cette réunion, qui durera une semaine, les délégations orthodoxes discuteront de la préparation du Concile panorthodoxe.

La délégation de l’Église orthodoxe russe à la Synaxe se composera de Sa Béatitude le métropolite Onuphre de Kiev et de toute l’Ukraine, du métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, et de l’archiprêtre Nicolas Balachov, vice-président du DREE.

L’Église orthodoxe russe a toujours participé et continue à prendre une part active au processus préconciliaire, malgré les différentes difficultés auxquelles achoppe la préparation du Concile panorthodoxe. Compte tenu de la nécessité de la participation personnelle du Primat de l’Église orthodoxe russe à la Synaxe durant toute la durée de ses travaux, Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie ne pourra être présente à la cérémonie d’ouverture des Conférences de Noël le 25 janvier.

Les rencontres parlementaires de Noël, auxquelles est attendu le Patriarche Cyrille, auront lieu cette année le 29 janvier au Conseil de la Fédération.

A la bénédiction de Sa Sainteté, la célébration de la Divine liturgie à l’église du Christ Sauveur de Moscou le 25 janvier, jour de l’ouverture des Conférences de Noël, est confiée au métropolite Juvénal de Kroutitsy et de Kolomna.

Le Primat de l’Église orthodoxe russe transmet à tous les participants des Conférences de Noël sa bénédiction pour leur participation à cet important forum.

36.Posté par Vladimir.G: Position des Églises le 22/01/2016 16:18
Merci bien chère Justine pour cette information (34); je n'en ai rien vu passer dans aucune langue que je maitrise... Auriez-vous des sources?

J'espère que les actes de ce colloques seront publiés autrement qu'en grec ou que vous aurez l'obligeance de continuer à nous en informer...

Mais cela ne change pas fondamentalement ce que j'écrivais en 33: les Église orthodoxes donnent leur position par la voix de leurs primats, synodes ou porte-paroles mandatés et aucune communication des Église ne mentionne les réserves dont vous parlez. D'ailleurs toutes les Églises participent à cette synaxe consacrée à la préparation de ce Concile et le patriarche de Moscou lui a même donné la priorité. La participation du primat de l'Église d'Ukraine (commentaire 32), seule Église autonome représentée à ce niveau, est significative de l'importance de l'évènement, et cela alors que Mgr Onuphre avait exprimé des réserves à propos de ce Concile lors de la réunion du synode ukrainien le 29 décembre dernier...

Par contre, aucune information ne filtre sur le début des travaux...

37.Posté par Sebastian le 22/01/2016 21:29
Bonjour! Je rejoins le débat pour annoncer une conference anglophone qui se déroulera à Erfurt (Allemagne) du 25 au 27 février, dédié au Saint et Grand Concile - s'il se réunit ou non. 25 participants de 10 différents pays parleront sur l'Orthodoxie dans le monde moderne, surtout des points de vue non-théologiques. Pour plus d'information, regardez le site web ci-dessous, ou bien m'envoyez un mail à sebastian.rimestad (at) uni-erfurt.de

38.Posté par 4 clés pour comprendre le grand concile panorthodoxe le 23/01/2016 10:14
Annoncée pour la Pentecôte 2016 après plus d’un demi-siècle de préparation, la tenue d’un concile panorthodoxe à Istanbul n’est pas pour autant acquise.

Qu’est-ce que le « concile panorthodoxe » ?

Attendue depuis un demi-siècle, la tenue d’un concile rassemblant toutes les Églises orthodoxes à Istanbul, siège du Patriarcat œcuménique de Constantinople, constituerait un événement historique de premier ordre, comparable sur le papier à celui de Vatican II dans l’Église catholique.

Le dernier concile œcuménique reconnu par l’ensemble des 14 Églises orthodoxes remonte en effet à… 787, avant le schisme avec Rome. Des synodes interorthodoxes se sont par la suite tenus jusqu’au XVIIe siècle, mais il a fallu attendre la conférence de Rhodes (1961) pour que l’idée d’un « saint et grand concile orthodoxe » soit relancée par le patriarche œcuménique Athénagoras, l’homme du rapprochement avec le pape Paul VI.

L’objectif de cette assemblée : résorber les divisions accumulées entre Églises orthodoxes au cours des siècles afin d’offrir au monde un témoignage de foi commun et actualisé. Une commission interorthodoxe débute alors ses travaux et des conférences préconciliaires se succèdent sur plusieurs décennies. Jusqu’à ce que les primats, début 2014, se mettent finalement d’accord sur un lieu – la cathédrale Sainte-Irène d’Istanbul – et une date : la Pentecôte 2016.

► Dans quel contexte se prépare-t-il ?

Depuis l’ère Athénagoras, l’effondrement du bloc soviétique et la fin du conflit Est-Ouest ont profondément reconfiguré le monde orthodoxe. Avec l’indépendance retrouvée, des Églises ont pu renaître de leurs cendres, comme en Albanie. D’autres ont connu une vitalité nouvelle, sur fond de compétition croissante entre Moscou et Constantinople.

De retour sur le devant de la scène après plus de soixante-dix ans de persécutions, l’Église orthodoxe russe (120 millions de fidèles, soit le tiers des orthodoxes dans le monde) dispute au Patriarcat œcuménique son leadership historique sur l’orthodoxie mondiale.

Tandis que les conflits de juridiction se multiplient aux marches de l’ex-empire soviétique (Estonie, Ukraine…), la diaspora fait l’objet d’une guerre juridique sans merci entre les deux sièges patriarcaux. En France par exemple, la récente récupération par Moscou de la cathédrale de Nice, placée durant la période soviétique sous la juridiction de Constantinople, est emblématique de ce climat de tension.

► Quelles sont les questions débattues ?

La liste des points à discuter est longue et n’avait jamais fait l’objet d’un consensus jusqu’aux dernières discussions. Parmi les questions les plus épineuses à résoudre : l’ordre de préséance entre Églises. Moscou, de fondation plus récente, aimerait bien remonter dans le classement du fait de son poids démographique. Viennent ensuite la manière de proclamer l’autonomie des Églises (sur ce point, les évêques sont tombés d’accord autour d’un projet de texte lors de la dernière conférence préconciliaire achevée en octobre), le statut juridique de la diaspora, ou encore l’unification du calendrier liturgique – en particulier la date de Pâques : faut-il s’en tenir au calendrier orthodoxe ou célébrer la principale fête chrétienne en même temps que les catholiques et les protestants ?

Les « relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien » ont également fait l’objet d’un préaccord en octobre – le mot « œcuménisme » ayant toutefois disparu des textes depuis 1986. Quant au projet de texte sur la « mission de l’Église orthodoxe dans le monde contemporain » (paix, justice, liberté, etc.), il ne recueille toujours pas l’assentiment des Russes et des Géorgiens en raison de sa dimension interreligieuse.

Cadenassé depuis la conférence panorthodoxe de 1976, cet ordre du jour tient résolument à l’écart les grands défis d’aujourd’hui. « La Russie et l’Ukraine, soit les deux peuples orthodoxes les plus nombreux de la planète, sont en guerre et les hiérarques ne prévoient même pas d’en parler », déplore ainsi l’historien de l’orthodoxie Antoine Arjakovsky (1).

Pas un mot non plus sur l’écologie, la gouvernance mondiale, les grandes questions bioéthiques ou la révolution numérique. « Les grandes priorités de l’agenda planétaire sont absentes du tableau de bord panorthodoxe, au risque de mettre hors jeu des Églises pourtant dotées d’une riche tradition théologique et synodale pour aborder la mondialisation », regrette Carol Saba, chargé de la communication de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France (AEOF).

► Le concile a-t-il des chances d’avoir lieu ?

À moins de six mois de l’échéance, rien n’est vraiment joué. Si la représentation des Églises au concile est enfin réglée avec l’envoi d’un même nombre d’évêques par délégation, les discussions achoppent toujours sur le mode de fonctionnement de l’assemblée. Les décisions doivent-elles être prises à l’unanimité ou par un vote majoritaire ? Quid du statut des laïcs et des observateurs non orthodoxes ? Après s’être séparés à Athènes, le mois dernier, sans même émettre de communiqué, les évêques doivent en rediscuter ces jours-ci à Genève.

Entre-temps, la situation géopolitique s’est encore durcie. Le conflit en Syrie et les tensions diplomatiques entre Moscou et Ankara rendent difficile la perspective de réunir 400 évêques (dont le patriarche Kirill de Moscou) à Istanbul sous la responsabilité du gouvernement turc. Alors que Moscou laisse à nouveau planer le doute sur sa participation, Constantinople serait prête à faire une concession sur le lieu du concile – à Genève, où le Patriarcat possède un centre –, ce que d’aucuns interprètent déjà comme un signe de déraillement du processus.

Enfin, le regain de tension entre les deux sièges patriarcaux autour de la reconnaissance des Églises de République tchèque et d’Ukraine, mais aussi les bisbilles entre Antioche et Jérusalem qui revendiquent chacune la juridiction sur les orthodoxes du Qatar, montrent l’immensité de la tâche à accomplir d’ici au mois de juin.

« Les agendas nationaux et les courants conservateurs à l’intérieur de chaque Église pèsent plus que jamais sur les discussions, résume le P. Nicolas Kazarian, professeur à l’Institut Saint-Serge et chercheur associé à l’Iris. Mais quitte à en rabattre sur ses résultats, le patriarche œcuménique Bartholomeos fera tout pour que ce concile ait lieu afin d’envoyer au monde le signal d’une nouvelle ère pour l’orthodoxie. »

39.Posté par justine le 23/01/2016 14:27
Au post 36: Cher Vladimir, la vie de la Sainte Eglise ne se trouve pas dans les communiqués officiels. On ne sait que trop bien à quel point ce monde de la diplomatie - séculière ou ecclésiastique - est éloignée de la réalité. Et on sait aussi qui impose la muselière dans les déclarations officielles au sujet de ce fameux concile. Pour cela je m'étonne de vous voir si naif (à moins qu'il ne s'agisse de quelque chose de moins innocent).

D'ailleurs, les dirigeants de l'Eglise russe eux-mêmes fort heureusement, ont à plusieurs reprises exprimé - tout à fait en-dehors de ce cadre formel des communiqués officiels - leurs objections à l'égard de la manière de préparer et organiser le concile. Pour mémoire par exemple les déclarations du patriarche Cyrille lors de la Synaxe des Primats au Phanar en mars 2014, celles lors de l'ouverture de la Conférence des Evêques de l'Eglise Russe le 2 février 2015 ou à l'Académie Diplomatique du Ministère des Affaires Etrangeres de la Fédération Russe le 30 avril 2015, et plus récemment celles du métropolite Hilarion de Volokolamsk dans son rapport devant le Département Synodal Eglise-Société le 4 février 2016.

40.Posté par justine le 23/01/2016 14:35
Au post 38: En date du 22 janvier, La Croix semble donc faire un effort pour mieux "informer" ses lecteurs sur le Concile Orthodoxe. En tant qu'Orthodoxes, nous avons évidemment de meilleures sources pour nous informer, et il est regrettable qu'une fois de plus, sur cette plateforme "Parlons d'Orthodoxie", on s'adresse à des hérétiques pour nous "parler d'Orthodoxie".

L'article nomme comme objectif du Concile de "résorber les divisions accumulées entre Églises orthodoxes au cours des siècles afin d’offrir au monde un témoignage de foi commun et actualisé" . Cela revient à dire qu'en Orthodoxie il n'y aurait pas de Foi commune dont elle pourrait témoigner au monde, et que de plus, cette Foi aurait besoin d'être "actualisée". Pour les lecteurs catholiques, écuménistes et postpatristiques, cette définition - ou plutot ce dénigrement - peut à la rigueur convenir. Pour un lecteur orthodoxe toutefois, il n 'y a qu'une seule réponse possible:

Les Eglises orthodoxes locales formant ensemble le Corps du Christ sont indissolublement unies entre elles par la Foi orthodoxe commune, et ceci tout à fait indépendamment de certaines personnes ou groupes de personnes appartenant extérieurement à ces Eglises et même y jouent des roles dirigeants, mais s'en sont détachées intérieurement et ont choisi des voies étrangères à cette Foi unique intemporelle et à cette unité, lesquelles elles essaient de briser par divers moyens.

Le but du Concile de ce fait ne peut être que ceci: Dans le Saint Esprit, sur la base de la Foi intemporelle et inadultérée, établir le diagnostic de cette maladie, décider ensemble de la thérapie et l'appliquer. En second lieu, il doit permettre de décider en commun, dans le Saint Esprit, sur la base de cette meme Foi intemporelle et inadultérée, comment répondre aux différents aspects de la crise universelle des temps présents, et en troisième lieu régler des questions d'ordre canonique et administratif - chose impossible avant d'avoir accompli les deux objectifs précédents.

Il est clair que pour les Roméo-Catholiques, l'Orthodoxie représente un grand danger: elle est devenu en effet le refuge de tous ceux parmi eux qui en ont raz-le-bol de la dérive accélérée qu'ils voient chez eux et ont soif de revenir au vrai christianisme. Pour cela, le "système" roméo-catholique soutient et encourage - plus ou moins subtilement, plus ou moins subrepticement - tout ce qui peut déloger l'Orthodoxie de ses fondements et l'assimiler à eux-memes. Ce faisant toutefois ils oublient une chose importante: en Orthodoxie, ce n'est pas l'homme qui règne, mais le Dieu-Homme.

Encore un mot sur la soi-disante "rivalité" entre Moscou et Constantinople, cette "guerre acharnée" et ce prétendu désir de Moscou de "disputer au Patriarcat œcuménique son leadership historique sur l’orthodoxie mondiale": L'Eglise Russe n'a aucun besoin de disputer au Phanar "son leadership historique sur l'Orthodoxie mondiale", ce dernier l'ayant perdu depuis bien longtemps du fait de ses innombrables péchés, si jamais il l'a possédé (ayant voulu le posséder). Si rivalité il y a, ou plutot jalousie pour nommer plus exactement la chose, c'est de la part du Phanar, précisément à cause de ses prétentions insensées et anti-evangéliques au "leadership mondial". Quant à l'Eglise Russe qui - comme celles des autres peuples soumis à la dictature communiste - est montée avec le Christ au Golgotha et a été dotée des perles de millions de saints martyrs et confesseurs, elle nous offre à nous autres Orthodoxes contemporains, cet exemple de Sainteté dont nous avons besoin. "La cité sise sur la Montagne ne peut etre cachée", dit le Seigneur (Mt 5,14).

41.Posté par Vladimir.G: Samuel Lieven donne là une analyse bien plus complète et exacte le 24/01/2016 18:03
Samuel Lieven, l'auteur de l'article publié en commentaire 38, est journaliste à "La Croix" et président de l’Association des journalistes d’information religieuse (Ajir) depuis 2013. Il a coordonné Le livre noir de la condition des chrétiens dans le monde (Editions XO, octobre 2014) et il donne là une analyse bien plus complète et exacte que le commentaire 30.

Il est très important que PO continue à publier ce type d'articles: ils sont lus par un grand nombre de Catholiques que nous avons l'occasion de côtoyer et nous pourrons ainsi en parler en connaissance de cause. Et il est excellent que cette synaxe donne l'occasion à nos frères Catholiques de mieux connaitre les particularités du fonctionnement de l'Église orthodoxe que la plupart d'entre eux connaissent très mal...


Dans son allocution d'ouverture le patriarche de Moscou a bien mis les choses au point en insistant sur l'importance de ce Concile: : "c'est une possibilité d'échanger, de discuter les problèmes, de prendre des décisions communes sur les questions qui concernent toute l'orthodoxie. Mais c'est surtout l'occasion de renouveler notre sentiment d'union, surtout lorsque nous communions ensemble au même calice en ayant conscience que, tous ensemble, nous sommes un seul Corps en Christ," que sur les problèmes qui restent à résoudre: "il y a encore beaucoup de questions que nous devons régler ensemble pour rendre possible la convocation du Saint et Grand Concile de l'Église Orthodoxe." Et il a proposé une nouvelle méthode de travail, comme l'avait déjà proposé le métropolite de Volokolamsk Hilarion en commission sans être suivi: "Je suis convaincu que la publication, qui a mûri depuis longtemps, des projets des documents conciliaires et la possibilité de libre discussion à leur sujet, non seulement ne fera pas obstacle au déroulement du Concile, mais nous montrera à nous-mêmes et au monde entier le caractère authentiquement conciliaire de notre Église, ce qui aidera au renforcement de l’unité panorthodoxe".

42.Posté par justine le 25/01/2016 10:53
A Vladimir post 41: Votre argument me semble bien faible. Je pense, pour ma part, que les lecteurs catholiques de PO auraient tout intéret à lire, à la place de ces élaborats de La Croix, des textes de ressourcement orthodoxes (qui certainement ne manquent pas!!!).

Car s'ils "connaissent en général très mal" les affaires orthodoxes, comme vous dites, c'est précisément parce qu'íls manquent de présentations authentiquement orthodoxes et sont nourris par des interprêtations en sauce catholique (ou euro-orthodoxes).

N'est-ce pas ici précisément la vocation de cette plateforme "Parlons Orthodoxie"? On en a assez de ces présentations de l'Orthodoxie par des hétérodoxes. Déjà que les éditions françaises de livres orthodoxes en débordent. S'il y a beaucoup de lecteurs catholiques qui lisent ce blog, cela veut peut-être dire qu'ils voudraient apprendre ce qu'en disent les Orthodoxes, car s'ils voulaient savoir ce qu'en disent les catholiques, ils liraient plutot La Croix directement! Vous les privez donc de ce qu'ils sont en bon droit d'attendre de PO!

43.Posté par Vladimir.G: "La critique est facile!..." le 25/01/2016 11:56
"La critique est facile!..."

Mais personne ne "prive" personne! PO "visant à mettre au profit de la mission orthodoxe et de la communication entre chrétiens les moyens offerts par les technologies modernes... Nous espérons que nos frères catholiques et protestants accepterons d'apporter leurs contributions. Les commentaires peuvent paraître en français, en anglais et en russe." (Cf. "Avant propos")

Vos textes sont régulièrement publiés, bien chère Justine. Rédigez-en d'aussi bon que Samuel Lieven & Co - je suis certains que les modérateurs auront plaisir à les publier et j'aurais, personnellement, grand plaisir à les lire! :-)

Et un grand merci à Sebastian pour l'info 37. J'espère que nous verrons les CR et actes de ce colloque comme pour celui qui a eu lieu en octobre 2012 à l’Institut Saint-Serge (Paris)

44.Posté par Vladimir.G: Le Phanar ferait-il aussi un peu de communication? le 25/01/2016 15:10
Bien cher Sebastian,

J'ai été très heureux de vous lire (37), car vous vous faites rare... :). Le travail et vos publications probablement...

Ce colloque est évidement très bienvenu pour faire un point entre la synaxe en cours et le concile, toujours prévu... Pensez-vous avoir comme intervenants des participants à la synaxe?

45.Posté par Sebastian le 25/01/2016 21:41
Merci, Vladimir!

Pour répondre à la question dans votre dernière titre: Le Phanar n'est pas un communicateur, mais il tiens à ce qu'il y ait de gens qui communiquent pour lui. Vous pouvez lire des informations sur http://nicolaskazarian.com/ par exemple. Père Nicolas était un des chercheurs invités au Phanar début janvier pour faire de la publicité quant au concile. Un autre est Paul Gavrilyuk, qui publie ses impressions du procès conciliaire (en anglais) à travers le plateforme http://www.academia.edu, où il a dit que le Phanar leur a demandé exprès de publier leurs idées.

Le colloque que nous organisons à Erfurt n'a pas un but théologique, mais essaye d'illuminer les questions discutées au concile d'un point de vue sociologique, (géo-)politique ou historique. Donc, les théologiens sont une minorité des participants, et je pense que personne des participants du synaxe y sera. Mais on ne sait jamais. Je vous donnerai un petit compte-rendu quand c'est fini.

46.Posté par justine le 26/01/2016 15:25
Aux posts 43 et 45: Ces démarches du Phanar pour assurer une propagande en faveur du Concile est un signe navrant de plus pour la mentalité et les visées suspectes de ceux qui dirigent la préparation du Concile. A-t-on jamais entendu parler dans l'Histoire de l'Eglise du Christ qu'il fallait de la propagande pour un Saint Concile? Autant dire que quelque chose décidément est de travers dans cette histoire. Et ce qui est de travers, plusieurs éminents hiérarques et théologiens, exprimant la Tradition des Saints Pères de l'Eglise à laquelle ils ont dedié leur vie, l'ont exposé avec clarté.

Signalons ici l'exposé le plus récent, celui du théologien grec, professeur émérite de l'Ecole Théologique de l'Université de Thessalonique et protopresbytre Théodore Zisis, datant du 21 janvier et publié en grec sur http://aktines.blogspot.gr/2016/01/blog-post_458.html#more, sous le titre LE GRAND CONCILE - FAUT-IL ESPERER OU S'INQUIETER? Long de 10 pages, on ne peut en donner ici qu'un résumé:

En soi, dit le père Théodore, la réunion du Saint et Grand Concile après un laps de tant de siècles est une bonne chose pour l'Eglise, car cela permet de résoudre ensemble un certain nombre de problèmes existants et de montrer que l'Orthodoxie est l'Eglise Une, Sainte, Apostolique et Catholique, poursuivant son oeuvre au fil des temps. Malheureusement, le déroulement même de sa préparation, la thématique choisie, le contenu des textes préparés, mais aussi de nombreuses déclarations des personnes qui déterminent la direction que prendra le Concile, "nous inspirent à nous tous une grande inquiétude concernant la justesse des décisions que prendra le Concile, l'Orthodoxie du Concile".

"C'est un principe soigneusement distillé de la Foi et de la vie de l'Eglise que la reconnaissance des décisions d'un Concile ne depend ni de la sagesse, ni même de la vertu des participants, mais du fait si oui ou non il constitue la continuité authentique et inadultérée des Conciles précédents..., et surtout de la rectitude des dogmes et des canons qu'il édicte."
"Nous ne pouvons bien sûr exposer et détailler ici tous les éléments, tous les indices qui montrent que le Concile en question se situe en-dehors de la tradition synodale de l'Eglise Orthodoxe et suit une voie particulière, étrangere, influencée par d'autres traditions et d'autres convictions de notre époque, coupée des Saints Conciles précédents. Nous nous limiterons donc à signaler les déviations les plus significatives."

1. Tout d'abord, dit le p. Theodore, c'est la première fois que la préparation d'un Concile dure aussi longtemps: 93 ans si on compte comme début sa première proposition par le patriarche Meletios Metaxakis en 1923, 55 ans si on compte à partir de la 1ère Conférence Panorthodoxe à Rhodes en 1961.
Ce n'est pas la durée en soi qui est en cause ici, mais avec beaucoup d'autres, le p. Theodore estime que le fait de cette longueur montre qu'il n'y avait ni de "cause bien-fondée" ni de "nécessité urgente" pour la convocation du Concile, mais que celui-ci est en fait au service d'autres visées, de caractére ecclésio-politiques. Car s'il y avait effectivement eu une "nécessité urgente" comme c'était toujours le cas dans la tradition synodale, p.ex: l'apparition d'une hérésie, d'un schisme ou d'un autre dérèglement, celle-ci aurait été affrontée immédiatement, dans un délai de quelques mois ou de quelques années tout au plus.

2. La même chose vaut pour le labyrinthe, le chaos des thèmes que proposait la 1ère Conférence Panorthodoxe de Rhodes en 1961 (plus de 100 en tout). Ce catalogue irréel, (ressemblant étrangement a celui soumis a la meme epoque a Vatican II) impossible à traiter par un Concile lequel traditionellement ne s'occupe que de 2 ou 3 sujets, fut par la suite réduit aux 10 sujets que nous avons aujourd'hui (réduit finalement à 7), desquels, de nouveau, seulement deux sont de nature urgente parce qu'ils causent des problèmes dans la vie de l'Eglise - celui du calendrier et celui de la diaspora. Les autres sujets, comme celui du jeûne, des obstacles au mariage, des idéaux chretiens de la paix, de la liberté, de la discrimination éthnique etc. sont déjà réglés par la Sainte Ecriture, la Tradition des Saints Pères et les Conciles précédents. Quant aux thèmes de l'autonomie, de l'autocéphalie, des diptyques etc., ils montrent les prédilections de dirigeants ecclésiastiques pour les premières places et pourraient très bien, pour des raisons de bon ordre, être reglés sur la base de l'entente mutuelle, sans sentiment d'urgence, puisque de toute manière ils n'ont aucune incidence sur la vie spirituelle des fidèles.

3. Il est décevant de constater le changement du caractère ecuménique donné initialement au Saint et Grand Concile (on le nommait "Saint et Grand Concile" simplement parce que l'écumenicité d'un Concile ne se vérifie qu'après son acceptation par le plerôme de l'Eglise) et plus décevant encore la justification de ce changement, ecclésiologiquement erronnée, invoquée par le patriarche Bartholomée lors de la Synaxe des Hiérarques du Throne tenue à Constantinople en août 2015. Il a dit en effet, que le Concile ne pouvait pas etre appelé ecuménique parce qu'y manquaient les chrétiens d'Occident! Or, aucune des conférences préparatoires, souligne le père Théodore, n'avait jusqu'ici invoqué une telle explication du fait qu'on ne nommait pas le Grand Concile "écuménique". Il s'agit ici d'une opinion personnelle erronnée du patriarche Bartholomée, découlant de sa "nouvelle ecclésiologie", laquelle a d'ailleurs fait l'objet d'une critique publique de la part de nombreux évêques, prêtres, moines, théologiens et fidèles en Grèce et ailleurs, car elle affirme faussement que l'Eglise Orthodoxe n'est pas l'Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique, n'est pas l'Eglise dans sa plénitude, mais seulement une Eglise incomplète, partielle, laquelle ne peut convoquer un Concile écumenique, parce qu'il lui manque l'autre partie, les Roméo-Catholiques et les Protestants! En essence, il s'agit ici de la "théorie des branches" protestante et d'une variante de l'ecclésiologie de Vatican II de l'"Eglise divise".

Cette "nouvelle ecclésiologie" du patriarche Barholomée introduit une attitude envers les hérétiques jusqu'ici inconnue dans l'Eglise, selon laquelle leur retranchement du Corps ecclésial porterait atteinte à l'unité de l'Église. Elle implique que les Saints Pères aurait eu tort de les retrancher et qu'ils seraient donc responsables d'avoir détruit l'unité ecclésiale!

La raison véritable toutefois pour ce changement, explique le p. Théodore, c'est que si le Grand Concile fonctionne comme Concile écuménique, il est obligé de reconnaitre comme 8e et 9e Conciles écuméniques le Concile de 879 sous Saint Photios, lequel a condamné le "Filioque" roméo-catholique comme hérésie, et le Concile de St Grégoire Palamas de 1351, lequel a condamné la doctrine roméo-catholique de la Grâce créée comme hérésie. Cette reconnaissance des 2 Conciles a d'ailleurs été expressément proposée aux Primats orthodoxes par le patriarche Irénée de Serbie. Or, le Phanar philopapiste veut à tout prix éviter une telle reconnaissance.

Une autre raison de la négation du caractère écuménique du Grand Concile, ecrit encore le p. Théodore, c'est qu'elle rend possible de ne pas inviter tous les évêques orthodoxes à y participer, comme c'était la règle aux Conciles écuméniques précédents. En effet seulement 24 évêques de chaque Eglise locale seront invités et chaque Eglise n'aura qu'une seule voix, chose inouϊe dans toute la tradition synodale de l'Eglise! Ceci permet de limiter une possible opposition contre des décisions contraires à la Tradition de l'Eglise et d'empêcher qu'une Eglise locale particulière ait plus d'influence du fait de son plus grand nombre d'évêques.

"Tout cela toutefois", poursuit le p. Théodore, "sont des calculs humains intéressés, étrangers aux criteres du Saint-Esprit et à l'ecclésiologie orthodoxe, laquelle considère que l'évêque de chaque diocèse, aussi minuscule soit-il, représente ensemble avec son troupeau une partie vivante de l'Eglise Une et Catholique, et que son absence non seulement constitue une blessure de l'integralité du Corps du Christ, mais encore empêche la possibilité de l'expression par tous de la conscience de la plénitude de l'Eglise, laquelle semblent craindre les responsables de la préparation et de la convocation du Concile. Aucun critère, ni pastoral, ni ecclésiologique, ne justifie la participation de seulement 24 évêques de chaque Eglise locale, chose qui constitue un affront à l'égalité des évêques et en même temps soulève la question des critères du choix de ceux qui participeront. Est-ce que la responsabilité et la dignité épiscopale des évêques qui ne participeront pas - ce qui sera le cas de la grande majorité des évêques de la plupart des Eglises autocéphales - est donc moindre? Qui connaît et qui portera devant le Concile les pensées, les évaluations et les réactions de leurs troupeaux?"

"Et enfin, pour conclure, il est indispensable d'exprimer l'inquiétude et le vif souci concernant le résultat du Concile du fait de l'absence de son agenda de problèmes brûlants et urgents qui créent des divisions et des schismes." Parmi ceux-ci, le p. Théodore nomme entre autres les problèmes non résolus de la diaspora, du schisme vieux-calendariste - et ici il loue en passant le refus de l'Eglise Russe et des autres Eglises orthodoxes suivant le vieux calendrier d'accepter un changement au nouveau calendrier -, et surtout la panhérésie de l'écuménisme qui, par les diverses activités des écuménistes corrompt la conscience ecclésiastique du clergé et du peuple et qui non seulement est exclu de l'agenda du Concile, mais semble meme être la raison principale de sa convocation. "Au lieu de le condamner, le Concile indirectement l'adopte et le fortifie. Il semble même que c'est lui le but fondamental et principal du Concile. Tout le reste n'est que prétexte et emballage."

Un autre thème encore dont le Concile devrait s'occuper est la franc-maçonnerie, laquelle, bien que proclamée incompatible avec la Foi chrétienne par des Eglises locales, continue à etre largement transmise et n'a pas encore fait l'objet d'une condamnation pan-orthodoxe. Et puis encore les problèmes de bioéthique, l'incinération des morts, le péché de l'homophilie et les tentatives d'abolir la famille traditionnelle etc.

En épilogue, le père Théodore constate que non seulement la méthodologie et la thématologie du Concile sont étrangeres à la Tradition orthodoxe, mais qu'on tente consciemment d'adultérer et de renverser cette Tradition. Les plus récentes révisions des textes concernant divers thèmes sont tenues secrètes. Selon des "fuites" ces textes proposeraient de reconnaître conciliairement le baptême hérétique et l'ecclésialité des Hétérodoxes. "Nous attendons avec inquiétude leur publication afin de voir si nos craintes sont démenties ou confirmées, mais surtout afin que le cercle synodal de leur acceptation soit élargi et afin que la conscience de l'Eglise soit exprimée sur une échelle plus vaste. Pour le moment, nous ne nous pouvons pas espérer que le Concle constituera une continuité authentique et véritable des conciles précédents et qu'il prendra des décisions conformes aux Saints Pères, dans le Saint Esprit, mais nous devons nous attendre à ce qu'il les prenne dans l'esprit écuméniste et sécularisé. Pour cela nous estimons qu'il est mieux qu'il ne se réunisse pas, comme le pensaient de grands Saints et Anciens de notre époque tels que Saint Justin qui rédigea un mémoire en ce sens pour la hiérarchie de l'Eglise de Serbie, et Saint Paissios l'Haghiorite dans sa lettre au sujet des agisssements du patriarche Athénagoras....
Nous faisons plus confiance aux Saints possédant l'illumination divine qu'aux sages avec leur pensée humaine vacillante."








47.Posté par Lucas le 27/01/2016 11:10
Catholique romain et ŒCUMÉNISTE ( nul n est parfait ), je fréquente à l occasion ce site, souvent interessant pour ses discussions ouvertes, et me sens toujours enveloppé à la lecture des mails, humbles et pondérés, de Justine du bonheur d être un enfant du Seigneur..

48.Posté par Vladimir.G: Le concile panorthodoxe: ombres et lueurs d''''''''''''''''espoir le 27/01/2016 15:54
Merci bien cher Lucas pour votre mansuétude...
Notre bien cher Justine, comme d'autres intervenants, est très représentative d'une vision très rigoureuse de l'Orthodoxie, largement répandue parmi les fidèles, et qui frise souvent l'intégrisme... C'est aussi cela l'Orthodoxie et si ses représentants les mieux intentionnés ne semblent souvent pas plus "ouverts", c'est parce qu’il y a ces tendances là qui tiennent une très grande place parmi les fidèles. Mais il ne faut ni en tenir rigueur ni désespérer: ce qui semble impossible aux hommes est possible à l’Esprit!

Bien chers Sebastian et Justine ,

Merci pour ces info.

Les textes signalés par Sebastian sont effectivement intéressants et documentés mais cela reste des réflexions privées qui n'ont aucune portée canonique, comme d'ailleurs les textes que cite Justine, et il y en a en assez grand nombre dans la blogosphère orthodoxe russe. En revanche, les positions exprimées par les porte-paroles de l'Église russe (1) ou par le patriarche Bartholomée (2) donnent des avis ecclésiaux qui montrent l'orientation des débats pré-conciliaires...

L'analyse de Paul L. Gavrilyuk (3) est particulièrement intéressante avec sa tentative de prévision des résultats du Concile qui sous entend différentes positions des Églises locales. Eu égards aux dernières informations, nous nous dirigeons vers ce qu'il appelle "An Insignificant Council" dont il écrit "Even if the Council meets in 2016', there are several reasons why such a meeting could become largely a formality. The agenda of the Council presently does not envision anything comparable in importance to the central doctrinal issues treated by the first seven ecumenical councils. n fact, the agenda is remarquably haphazard, including such issues as fasting (whether it should be relaxed), the diptychs (the order of commemorating the heads of the autocephalous churches in worship), calendar (whether the Church as a whole needs to follow 3ulian or Gregorian calendar), and canonical impediments to marriage. While a resolution of these questions may have church-wide implications, these are all matters of canon law, rather than of church dogma (…) The consensus rule serves the geopolitical interests of those who wish to maintain the status quo at all cost. How anything of significance can come out of such a process is a moot point. Mais je crois en fait qu'il se trompe sur la portée de cet évènement...

Merci Justine pour ce résumé de la longue épitre du p. Théodore. La plupart de ses arguments semblent toutefois passer à côté de la cible à partir du moment où il a été dit et redit que ce Concile ne sera pas œcuménique et ne traitera pas de questions de dogmes... (4)

(1) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Premier-point-sur-la-synaxe-de-Chambesy_a4597.html
(2) http://orthodoxie.com/homelie-du-patriarche-oecumenique-bartholomee-lors-de-la-liturgie-celebrees-par-les-primats-des-eglises-orthodoxes-reunis-a-chambesy/; je le cite sur un autre file et c'est à cette homélie que fait allusion mon titre en 44.
(3) https://www.academia.edu/20648991/The_Three_Possible_Outcomes_of_the_Future_Pan-Orthodox_Council_a_working_paper_
(4) "Le Concile préparé depuis les années1960 sera un "Concile Panorthodoxe" et non le "VIII Concile Œcuménique", explique le prélat, car les Eglise Orientale et Occidentale participaient ensemble aux anciens Conciles Œcuméniques, alors que maintenant l'Eglise Occidentale organise ses propres Conciles et l'Eglise Orthodoxe Orientale organise les siens." Et il précise que, à la différence des Conciles Œcuméniques, le prochain Concile Panorthodoxe "ne prendra pas de décisions dogmatiques mais traitera de questions liées à la vie actuelle de l'Eglise. De fait le Concile ne va pas discuter des problèmes, mais proclamera ce qui sera préparé à l'avance par les Eglise locales durant l'étape préparatoire.". Cf http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Mgr-Hilarion-de-Volokolamsk-les-mythes-du-Concile_a3647.html

49.Posté par Daniel le 27/01/2016 16:35
@ Lucas

On n'est pas tous obligés d'être des relativistes oecuménistes à la langue melliflue...

50.Posté par Tchetnik le 27/01/2016 19:05
L'"ouverture" est une chose relative et pas nécessairement légitime du reste.

Après, il est vrai que ne pas accepter une position relativiste ne signifie pas ne pas respecter les autres et reconnaître l'authenticité de leurs efforts spirituels qui peuvent être - à titre individuel - reconnus et appréciés de Dieu.

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