JUSTINE

Ce texte de Justine s’incorpore dans le débat suscité par la récente célébration dans la cathédrale d’Amiens

***
" Comme Daniel (post 15) je pense que le choix de la facilité, c'est à dire se faire prêter des églises catholiques ou protestantes, a des effets très néfastes pour les Orthodoxes.

D'une part, cela les dépouille de leur liberté et les rends redevables aux hétérodoxes, s'interdisant ainsi d'affirmer trop explicitement leur foi orthodoxe. Et c'est là sans doute là une des raisons pour lesquelles les hétérodoxes prêtent si volontiers leurs églises aux Orthodoxes. D'autre part, cela émousse leur conscience orthodoxe – si du moins ils en ont une pour commencer. Il serait certainement préférable que dans les endroits où ils n'ont pas leur propre église, les Orthodoxes s'en tiennent à l'exemple des premiers Chrétiens, lesquels célébraient la Divine Liturgie chez eux. Les Actes des Apôtres et les Épitres apostoliques nous montrent que la Liturgie avait lieu à tour de rôle chez des familles qui disposaient d'habitations assez spacieuses. Quand on est conscient de l'importance de ces choses, on trouve toujours des solutions.

C'est un dicton qui veut dire qu'il s'agit de deux choses qui ne s'accordent pas, en l'occurrence une cathédrale gothique et la Divine Liturgie orthodoxe.

Dans le monde occidental, l'architecture gothique est évidemment célébrée comme un brillant achèvement culturel, mais dans une optique orthodoxe, elle est surtout l'expression de la décadence occidentale, suite directe du schisme. On dit que les cathédrales gothiques expriment "l'aspiration vers le ciel", mais quand on regarde ces flèches de plus en plus hautes, de plus en plus hardies, on se rend compte que c'est une aspiration plus luciférienne que chrétienne – "Je monterai dans les cieux, au-dessus des étoiles de Dieu j'établirai mon trône" (Is 14,13). Le chrétien orthodoxe n'aspire pas à un ciel dans les airs, mais aux Cieux divins qui se sauraient être localisés dans l'espace.

Ces bâtisses élevées font penser aussi à la Tour de Babel que les hommes dans leur prétention entreprirent de construire pour atteindre le ciel. Et c'est effectivement la prétention de l'Occident de pouvoir atteindre le ciel par ses propres efforts, par ses astuces, sa technique, ses ingéniosités, toute sa puissance matérielle. Comme s'il ne comprenait pas que si Moïse monta en effet au sommet du Sinaï, sa rencontre avec Dieu ne put avoir lieu que parce que Dieu descendit vers lui, et sans cet descente de Dieu vers la faiblesse humaine, rien n'est possible.

Mais les cathédrales gothiques nous disent tout le contraire.

Leurs constructeurs furent de riches et fiers marchands – les mêmes d'ailleurs qui finançaient les Croisades contre les Orthodoxes -, et ils voulaient montrer au monde leur puissance et leur richesse. S'il y a une chose essentielle qui manque à ces cathédrales, c'est bien l'humilité chrétienne.

Dans leur intérieur, le fidèle se sent écrasé par ces hauteurs démesurées, ces voutes hautaines et froides, affirmation de la superbe humaine. Chaque pouce ici proclame: Voyez ce que moi, bâtisseur, sculpteur etc. j'ai réussi à faire! Même en admettant que ces bâtisseurs aient d'une certaine manière essayé d'exprimer une aspiration vers Dieu, tout ce qu'ils ont réussi à faire, c'est de donner à ceux qui entrent dans ces cathédrales le sentiment d'un grand vide, d'une absence, d'un Dieu éloigné dans des hauteurs inatteignables.

Et quand a leurs façades monumentales avec leur surchargèrent de futiles décorations géométriques, de statues etc., semblables en cela aux temples païens, elles sont encore l'œuvre de l'orgueil humain, de l'insatiable soif de l'homme occidental d'affirmer sa propre grandeur et non pas celle de Dieu.

Célébrer la Divine Liturgie  Orthodoxe  dans des  églises catholiques ou protestantes

La Divine Liturgie orthodoxe au contraire est la rencontre aimante et salvatrice du Divin avec l'humain.

Dieu y est omniprésent. Il y a manifestement la première place et l'homme la seconde. Rien de commensurable donc avec le précédent.

Quant aux reliques sur l'autel, c'est une règle obligatoire de l'Eglise Orthodoxe que la Divine Liturgie soit célébrée sur un autel canoniquement (c'est à dire orthodoxement) consacré, lequel contient dans un creux des reliques de Saints Martyrs. L'Eglise manifeste par cela le fait qu'elle est bâtie sur le sang des Saints Martyrs. Dans les cas où elle est célébrée en un lieu où un tel autel fait défaut, le prêtre célèbre sur un antimension qui comporte des petites parcelles de Saintes Reliques cousues dans un coin de l'ourlet. ("Antimension" veut dire "remplaçant la Sainte Table". C'est une pièce d'étoffe de soie représentant la Mise au Tombeau du Seigneur, consacrée et signée par l'évêque du lieu où la Liturgie est célébrée).

Et si le prêtre ne dispose ni d'un autel canoniquement consacré, ni d'un antimension avec des Saintes Reliques, il place au lieu où il célèbre un reliquaire contenant des Saintes Reliques.

Il y a eu des cas de prêtres orthodoxes emprisonnés qui à defaut d'autel, d'antimension et de reliquaire célébraient la Divine Liturgie sur leur propre poitrine, sainte relique vivante en quelque sorte de ces confesseurs et bien souvent martyrs par la suite de la Foi orthodoxe.

Dans la Tradition grecque, l'antimension normal ne contient pas de reliques, mais il y a des antimensions spéciaux qui en contiennent, pour les cas sus-mentionnés."

Célébrer la Divine Liturgie  Orthodoxe  dans des  églises catholiques ou protestantes

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 12 Juillet 2014 à 04:57 | 45 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Clovis le 12/07/2014 14:18
J'ai peur que Justine ne croie que Dan Brown était un des pères de l'Eglise.
Ou alors elle a pris un sacré coup dans l'oeil en regardant les photos de la liturgie d'Amiens. Vous devriez faire un pèlerinage là-bas, une tradition veut que le Saint guérisse les maux de tête...

Blague à part, votre passage sur les cathédrales lucifériennes ne tient que sur du pathos, des citations hors-contexte, et des sentiments, les vôtres en l'occurrence. Pas de faits, pas de noms, des accusations, des suspicions, on nage en plein millénarisme.

N'importe qui pourrait vous parler de la même chose concernant les églises orthodoxes... Tout n'est pas si noir rassurez-vous, non de loin d''Amien se trouve la cathédrale de Beauvais, horresco referens, dont les bâtisseurs s'enorgueillissaient de sa hauteur pour dire que ceux qui l'avaient "construit étaient des fous" (pour l'anecdote). Et sa flèche luciférienne s'est écroulée lors d'une procession de l'Ascension le 30 avril 1573 (nous dit wikipédia), sans toutefois faire de victime, Dieu est grand dans sa miséricorde.

Mais Sainte Sophie par exemple fut elle aussi une oeuvre grandiose, dont la coupole étaient tellement grande qu'il faudra attendre le XVème siècle pour la dépasser. Mais là encore cette folie orgueilleuse des hommes se heurta à plusieurs tremblements de terre détruisant plusieurs fois ladite coupole et l'autel etc...

Pour les marchands, la construction des cathédrales s'étendait sur des siècles car l'église et les évêchés manquaient de moyens, pour la cathédrale de Rouen des "indulgences" (le vilain mot !) ont été vendues pour financer la construction de la tour du beurre !
etc...

Pour le décor sculpté de figures géométriques et autres, allez, faire un tour en Russie, vous serez rassasiée, en passant par l'église de l'Intercession de la la Mère de Dieu sur la Nerl etc... Il y a un grand bestiaire dans le symbolisme russe de l'époque pré-mongole, avant les invasions.

On pourrait évoquer les tonnes d'or sur les coupoles orgueilleuses, des iconostases où l'on distingue parfois plus les icônes par trop d'or et d'angelots d'or, on pourrait parler des riches marchands, koupets et autres barines qui faisaient travailler comme des damnés des xolop', pis que des serfs, leurs frères en christ, et finançant la construction des églises etc...

C'est pour Dieu tout cela, c'est pour Dieu que les hommes veulent et souvent naïvement, ce qu'ils trouvent être le plus beau, le plus digne.
Méfiez-vous de vos accusations "lucifériennes" à tout bout de champ, vous lui faites trop d'honneur.

2.Posté par nina le 12/07/2014 14:29
Quelle critique acerbe et négative de l'architecture des édifices gothiques ! Quelle totale incompréhension de la grandeur et de la beauté de l'architecture "occidentale" ! C'est très décevant à lire ! Justine écrit : " lesquels célébraient la Divine Liturgie chez eux. Les Actes des Apôtres et les Épitres apostoliques nous montrent que la Liturgie avait lieu à tour de rôle chez des familles qui disposaient d'habitations assez spacieuses. Quand on est conscient de l'importance de ces choses, on trouve toujours des solutions. "

Eh bien, il semble qu'aujourd'hui il y ait très peu d'orthodoxes qui possèdent des demeures spacieuses ! Ou alors qui accueillent des liturgies ! C'est partir d'une belle "charité" donc amour que d'offrir des lieux de prière à la prière orthodoxe d'ailleurs si tant de prêtres orthodoxes l'acceptent c'est que cela ne choque pas leur foi, pourquoi toujours polémiquer et faire des scandales ? C'est incompréhensible

3.Posté par L''''appropriation des édifices occidentaux par les Orthodoxes fait partie du dessein divin "afin que tous soient un". Vladimir.G le 12/07/2014 16:05
Cette diatribe contre les églises gothiques est très surprenante!
Je n'avais jamais rien lu de tel sous la plume d'aucun théologien orthodoxe comme le souligne Clovis.

On trouve un bon nombre d'exemples d'églises gothiques transformées en églises orthodoxes: la cathédrale métropolitaine roumaine rue Jean de Beauvais à Paris, St Génis de Lectour (Gers), la cathédrale de la Mère de Dieu et de Saint-André de Birmingham (Angleterre), l'église de Saint-Nicolas de Tournais (Belgique)... et au moins une église orthodoxe édifiée en style gothique, celle de Vilnius (Lituanie), édifiée en 1514. Il y a aussi évidement les nombreux offices célébrés devant des reliques dans des églises gothiques, à commencer par Notre Dame de Paris où célébrèrent en particulier les patriarches Alexis II et Bartolomé I; personne n'y avait trouvé à redire avant Justine! Notre bien chère Justine est là en voie de créer une nouvelle doctrine pour l'architecture religieuse! :)

Le style gothique est évidement une forme de la spiritualité occidentale qui ne s'oppose pas à l'Orthodoxie en tant que telle et je vois au contraire la réalisation du dessein divin "afin que tous soient un" dans cette appropriation des édifices occidentaux par les Orthodoxes:" l'Orthodoxie n'est pas étrangère à l'Occident comme les styles occidentaux ne sont pas étrangers à l'Orthodoxie!" Et cela concrétise et "rend palpable" le témoignage de l'universalité orthodoxe en Occident, part importante de notre mission ici, car c'est essentiellement ce témoignage liturgique qui amène les conversions. L'utilisation des églises anciennes et la vénération des reliques tombées dans l'oubli font donc partie de ce projet divin: elles montrent que l'Orthodoxie peut palier les erreurs qui ont entrainé la désaffection des catholiques: "la présence de la communauté orthodoxe de la capitale de la Picardie à considérablement augmenté l'attention et l'intérêt de la population locale pour le vénérable chef de saint Jean le Baptiste" a ainsi dernièrement souligné Mgr Olivier Leborgne, l'évêque catholique d'Amiens (1).

Quand à la vraie question qui sous-tend cette philippique, celle du rapprochement sur le terrain avec les Catholiques, je me référerais encore une fois au métropolite Philarète de Minsk et de Biélorussie introduisant le débat sur les "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie", en sa qualité de président de la Commission théologique du Saint-Synode chargée de la rédaction du document:

"... il part du principe que l'Eglise est un organisme universel, supérieur aux Eglises locales, et que c'est ainsi qu'elle doit être comprise par les théologiens qu'il cite. Ce sont les frontières de cette Eglise, désignée dans le document par les expressions "Eglise universelle", "Eglise du Christ" et "Eglise orthodoxe", qui sont considérées différemment.
...

Le Concile est très laconique au sujet de son attitude envers l’Église romaine: «Le dialogue avec l’Église catholique romaine s’est fondé et doit rester fondé à l’avenir sur la conviction qu’elle est une église dans laquelle s’est maintenue la succession apostolique des ordinations. En même temps il apparaît indispensable de prendre en considération le caractère du développement des bases doctrinales et de l’ethos de l’Église catholique romaine qui va assez souvent à l’encontre de la Tradition et de l’expérience spirituelle de l’Église ancienne». C'est un des rares documents, sinon le seul au caractère conciliaire, qui distingue ainsi l'Eglise romaine des autres communautés et lui reconnaît l'attribut principal de l'Eglise du Christ, la succession apostolique, dont l'importance a été soulignée dans les premiers paragraphes du document." (2)

Et les "Principes fondamentaux" approuvent aussi expressément les actions unitaires au plan local: "Actuellement et dans un futur proche, une des formes de collaboration les plus prometteuses avec l'Église catholique romaine est l'affermissement des liens régionaux existants avec les diocèses et les paroisses catholiques." (3) La récente célébration dans la cathédrale d’Amiens va évidement dans ce sens.

PS: je veux aussi souligner mon plein accord avec Justine quand elle écrit: "Quant aux reliques sur l'autel, c'est une règle obligatoire de l'Eglise Orthodoxe que la Divine Liturgie soit célébrée sur un autel ... Et si le prêtre ne dispose ni d'un autel canoniquement consacré, ni d'un antimension avec des Saintes Reliques, il place au lieu où il célèbre un reliquaire contenant des Saintes Reliques."

(1) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Divine-Liturgie-a-Amiens_a3834.html
(2) http://orthodoxeurope.org/page/14/1.aspx
(3) http://orthodoxeurope.org/page/7/5/2.aspx

4.Posté par Père Joachim le 12/07/2014 17:21
Malgré l'été on peut s'attendre à l'amorce de controverses à la suite de cet article !

Mais il est utile pour des lecteurs occasionnels de lire ce qui est répété depuis des décennies tout en distinguant, si possible, les positions conservatrices classiques, emmêlées de sensibilités très personnelles du rédacteur.
Ainsi on pourra apprécier combien le siècle dernier, depuis Paul Watson aux États Unis, le Patriarche Joachim III à Constantinople et pour finir Vatican II, ont fait évoluer les approches.

En un millénaire de schisme, les rapports ont connus des périodes successives de fraternisations ou de polémiques. Actuellement nous sommes dans un temps d'ouvertures communes entres chrétiens et il est du devoir des orthodoxes de faire mieux connaitre, avec générosité, ce que leur communauté recèle de meilleur, qui est souvent le dépôt commun, de l'église indivise et par là légitimement assimilable par tous.

Il faut aussi savoir que dans l'église d'occident on trouve actuellement des positions tout aussi défensives- offensives qu'en orient. Pour ne citer que le très sage Benoit XVI, qui écrivait: qu'il reconnaissait la "nature ecclésiale de l'orthodoxie tout en lui trouvant certaines carences. Quand aux protestants ils n'avaient aucune ecclésialité".

Il fallait lire cet article pour apprendre qu'outre "l'Islam des caves", il y avait l'orthodoxie des chambres fortes- des bunkers et coffres forts ! Pourtant Jean 20, 19- 22 nous éclaire sur la question à propos des disciples calfeutrés dans le cénacle "par crainte" et que le Seigneur a envoyés témoigner sur les chemins et les places ... et pas dans "des appartements un peu spacieux"selon la proposition innovante exprimée plus haut.

Oui nos frères catholiques nous accueille et nous donnent accès à des sites qui nous sont chers. Mais il n'est pas rare que des orthodoxes, là ou le besoin se fait ressentir, soit ouvert à une telle hospitalité (en Crète notamment). Plus remarquable encore et institutionnalisé : dans les Cyclades au XVIIs. les églises grecques avaient deux nefs ouvertes, sans mur mitoyen, pour permettre aux deux communautés religieuses de célébrer leur propre culte.

Permettre de bonnes relations favorise de bons échanges. Ne devrait on pas se réjouir de l'évolution spectaculaire que l'on constate à Notre Dame de Paris (et ailleurs), depuis que les pèlerins russes, se pressent le vendredi pour vénérer la Saint Couronne de la Passion du Seigneur ? (Colossiens 1, 28)

Certes après 2000, les orthodoxes préservent patiemment les traditions reçues ! Mais nous devrions nous questionner sur notre capacité à discerner l'origine "de notre richesse religieuse" "décors, bric-à-brac, symbolique, signe de présence et de mystagogie ?" La réponse à cette question pourrait nous faire retrouver la force indispensable pour que nous soyons fidèle à l'esprit de l’Église, pour avancer encore mieux vers la vérité pleine, dont parle l'évangile (Jean 16, 13).

Car si le gothique serait empreint d'une tentation "luciférienne", toute tentative d'utiliser nos richesses (architecture, Modes, Icônes, Culte)"orthodoxement" comme le dit le texte plus haut, n'en viendrait- elle pas, d'une manière profanatoire, à occulter leur origine biblique et par là leur universalité ?

Les "orthodoxies"statiques trahissent l'orthodoxie et par là même la catholicité.

5.Posté par Daniel le 12/07/2014 19:07
Disons que la mise à disposition de lieux de cultes fait partie de la technique de la carotte et du bâton vaticane: carotte, on vous prête les lieux de culte, bâton on vous envoie les uniates par ci par-là. Trop occupés à savourer la carotte, certains n'en ressentent plus les coups de bâton.

Le "Timeo danaos et dona ferentes" invitait déjà à se méfier des cadeaux.

Vous noterez que les évangéliques, religion récente, ne célèbrent pas dans les églises catholiques; ils se sont débrouillés comme des grands pour se doter de leurs lieux de culte, y compris les évangéliques issus de l'immigration africaine récente, nombreux dans les banlieues, qui ne dsposent pas de vastes maison, mais dont je note qu'ils se réunissent en divers endroits loués. C'est aussi le choix de la paroisse orthodoxe d'Alicante (Patriarcat de Serbie) qui loue un local, ce qui lui permet une totale liberté, notamment dans sa prédication.

L'exemple des îles grecques sous domination italienne est définitivement le mauvais exemple car il s'y produisit une sorte de syncrétisme qui fut notamment condamné par les kollyvades, kollyvades dont la mémoire est glorifiées par l'église alors même que les syncrétistes ont été voués aux oubliettes.

Architecturellement, le gothique coïncident avec l'apostasie de l'occident. Voici ce que sur ce même blog Cyrille Semenov Tchiansky écrivait sur le gothique le 26 mars 2014


Кирилл Петрович Семенов-Тян-Шанский le 26/03/2014 09:11

"La scolastique est apparue bien avant Saint Thomas d'Aquin, en particulier avec l'école de Chartres au XIIe siècle, au moment au l'Abbé Suger achevait la reconstruction de l'église abbatiale de Saint-Denis, de 1135 env. à sa mort en 1151. Il faut relire le célèbre ouvrage de Panofsky, "Architecture gothique et pensée scolastique" (1951). Suger voulait en effet concentrer la lumière à la croisée du transept pour la faire rejaillir dans l'ensemble de l'église, mais la source initiale était bien la lumière du monde, par les grande verrières. La recherche du maximum de lumière, venue de l'extérieur, a été à la base de l'architecture gothique. L'extension formidable des verrières se fit au détriment des surfaces planes internes, ce qui sonna le glas de la grande peinture pariétale romane.
L'adjectif gothique, inventé au Quattrocento s'est néanmoins imposé dans l'Histoire de l'Art, en abandonnant complètement sa valeur péjorative initiale.

Il est évident que la statuaire et le vitrail dans la première période gothique sont encore empreints de caractères romans, eux-même hérités du paléochrétien et de Byzance. A cette époque, nombre de chantiers "romans" et "gothiques" se chevauchent, même si le gothique prend la relève.
Autrement dit, chaque principe de construction reflète et renforce une vision du monde donnée, il y a une correspondance de l'idée et de la forme. L'architecture cathédrale de Notre-Dame, puisque nous parlons de Notre-Dame de Paris, avec son déambulatoire, ses verrières imagées, son absence de séparation visuelle entre le sanctuaire, le chœur et la nef, avec son transept saillant, sont autant de solutions plus au moins éloignées de la foi orthodoxe.

Avec Vatican II, l'abandon du Maître-Autel et le déplacement hors du sanctuaire (du chœur) à la croisée de transept, ne fait qu'éloigner encore plus manifestement l'Eglise catholique de ses racines antiques, plus proches de l'Eglise d'avant le Schisme.
Alors, dire un office orthodoxe dans un temple qui par son plan et son élévation, contredit plus ou moins directement les grands principes de l'architecture orthodoxe, c'est une mixité spéciale qui est source de confusion, la non conformité du contenant (l'architecture et le nouvel emplacement conciliaire de l'autel) et du contenu (les chants et l'office orthodoxes) en étant la cause.
La confusion n'est jamais très charitable."

http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Des-acathistes-et-des-offices-d-action-de-grace-orthodoxes-seront-dits-a-Notre-Dame-de-Paris-pendant-le-Grands-careme_a3630.html

6.Posté par Tchetnik le 12/07/2014 19:17

L'architecture Gothique a beau ne pas être ma préférée (le Roman demeure universel et intemporel), il ne faut pas trop charger la mule.

(je comprends d'avantage la réticence pour les églises protestantes, ne serait-ce que pour leur architecture digne du Blockhaus d'Adolf H.

Quant à affirmer qu le fait de célébrer dans une église Catholique "ferait perdre le sentiment d'être Orthodoxe", on pourrait opposer le fait que célébrer dans une église à bulbes ou à coupoles ne sert strictement à rien s'il n'y a pas de catéchèse ni de compréhension intelligente de la Liturgie, de son sens, de sa vocation.

J'en veux pour preuve que la plupart des fidèles qui assistent régulièrement aux offices dans des églises on ne peut plus "orthodoxes" ne lisent jamais l'Évangile et ne connaissent pratiquement rien aux définitions dogmatiques de base...

En fait, on peut tr`s bien célébrer dans un ballon dirigeable ou un sous-marin que cela n'enlève strictement rien à la beauté, la Vérité et la Grâce de la Liturgie.

7.Posté par justine le 12/07/2014 19:19
Dans le texte ci-haut, au début du 3e alinéa, il manque un passage : "Quant au poing dans l'œil, je m'explique: C'est un dicton...."

A Clovis, post 1: Non, on ne peut certainement pas en dire autant des églises orthodoxes, à moins de tout ignorer d'elles. Font exception, bien sûr, celles qui (à partir du 18e siècle environ) reflètent une malheureuse influence occidentale ainsi que celles dont les constructeurs ont voulu, de nos jours, prouver leur propre originalité, preuve de leur vaine-gloire. Une église orthodoxe n'est pas une œuvre d'art au sens occidental. Elle est une icone du Sanctuaire céleste, une mystagogie, de la théologie exprimée en 4 dimensions.
Vous oubliez par exemple que les coupoles dorées des églises orthodoxes russes ne sont pas un orgueilleux étalement de richesse matérielle, mais un symbole spirituel, et que l'intérieur de la coupole des églises orthodoxes, à commencer par l'Anastasis à Jérusalem, porte l'icone du Pantokrator. C'est Lui la raison d'être des coupoles orthodoxes et bien sûr aussi de la coupole de Sainte Sophie, c'est a dire de la Sagesse Divine (même si aujourd'hui le Pantokrator n'y est plus visible, l'intérieur de la coupole ayant été profondément altéré par les Turcs, Il y subsiste toutefois invisiblement par l'existence même de cette coupole extraordinaire). Comment donc ces coupoles porteuses du Seigneur de l'Univers seraient-elles "orgueilleuses"?

A Vladimir (post 3): Il serait étonnant qu'aucun Orthodoxe jusqu'ici ne se serait exprimé sur les cathédrales gothiques, d'autant plus que celles-ci furent l'objet de vives critiques de la part d'Occidentaux eux-mêmes au temps où les premières firent leur apparition. Leur caractérisation comme "gothiques" même en témoigne: en effet, "gothique" avait alors le sens de "barbare"! Avez-vous lu toute la littérature orthodoxe sur le sujet en langue grecque, russe, serbe, anglaise, allemande, italienne etc. pour prouver votre affirmation?

Vous dites: "Le style gothique est évidement une forme de la spiritualité occidentale qui ne s'oppose pas à l'Orthodoxie en tant que telle". L'historien d'art allemand Erwin Panofsky vous contredit, car il montre que le style gothique est directement lié à la scholastique (voir son étude "Gotische Architektur und Scholastik", Ed. DuMont 1989), et qui oserait dire que la scholastique ne s'oppose pas à l'Orthodoxie en tant que telle?

Cher Vladimir, on sait que vous êtes un adepte enthousiaste de l'œcuménisme, et ce genre de manifestations comme Amiens, Notre-Dame de Paris et semblables font évidemment partie de la nouvelle stratégie de "l'œcuménisme culturel", puisque il est plus facile d'entraîner le peuple sur cette voie que sur celle, ardue et rigoureusement défendue par nos Saints Pères, de la théologie. Rien d'étonnant donc que ces manifestations fassent votre joie.

Quant au document de l'Eglise russe sur les "Principes des base", mieux vaut s'en tenir au texte de ce document très important lui-même et garder constamment à l'esprit son tout premier chapitre, lequel est le fondement pour tout le reste. Et puis, il n'y a pas que ce document dans l'Eglise. Il y a toute la Sainte Tradition de l'Eglise Orthodoxe dont personne, quel qu'il soit, n'est autorisé ni à en enlever ni à y ajouter, car elle n'appartient à personne en particulier, mais à tous ensemble et en tout premier lieu à sa Tête, le Christ.

8.Posté par Tchetnik le 12/07/2014 19:20
Sans oublier que certaines très "orthodoxes" églises de Saint Pet, comme Notre Dame de Kazan fourmillent de symboles maçonniques...

9.Posté par justine le 12/07/2014 19:47
Au Père Joachim (post 4), "... toute tentative d'utiliser nos richesses (architecture, Modes, Icônes, Culte) "orthodoxement" comme le dit le texte plus haut, n'en viendrait- elle pas, d'une manière profanatoire, à occulter leur origine biblique et par là leur universalité ?"

Premièrement, on voit mal comment des "modes" pourraient constituer une richesse. Ensuite, comment l'effort d'utiliser nos vraies richesses spirituelles de manière orthodoxe, c'est à dire fidèle à l'enseignement du Christ au sein de Son Eglise, pourrait-il conduire, "d'une manière profanatoire", à "occulter leur origine biblique et par là leur universalité"? Car on peut évidemment en faire aussi un mauvais usage, en les déformant, en les mutilant, en les aliénant par des ajouts hétérodoxes, et alors non seulement on les profane, mais on les rends inutiles et nocifs a l'échelle universelle.

10.Posté par Père Joachim le 12/07/2014 21:57
Ne pas confondre la mode et "le mode" (les huit modes...). Mais ce climat semble vous être éloigné, probablement autant que l'esprit des anciens roumains Enoch et Bartholomé, eux, si proches des colyvades et si étranger de vos propos, Sans parler de l'Ancien Philothé Zervacos qui était le supérieur de la fondation monastique des colyvades à Paros ... ni non plus de celui dont nous célébrions la mémoire ce jour.

Pour ce qui est de P.O. pesez bien vos mots svp et ne vous lassez pas de donner la réplique à vos détracteurs, car il est finalement très rassurant d'entendre disserter sur le thème très byzantin "du sexe des anges" et autres marottes chères aux orthodoxes !

11.Posté par Clovis le 12/07/2014 23:21
@ Tchetnik, oui en effet le roman est à part...

@ Justine, comme toujours vous vous accrochez à un détail et vous blablattez dessus hors contexte. C'est du soliloque.
Je n'ai pas seulement évoqué les églises du XVIII, il y a beaucoup trop à dire. Ce que vous vous attachez à voir dans un côté le symbole, vous vous refusez de le voir de l'autre côté, (catholique), ce n'est pas honnête comme façon de raisonner.
Toutes les coupoles orthodoxes loin s'en faut ne sont pas en or, et ce ne sont pas toutes des bulbes. Qu'il y ait le Pantocrator est une chose, mais c'est à l'intérieur, beaucoup d'églises ont des coupoles, vertes, bleues, d'aucunes avec des petites étoiles, il y en a même des multicolores à spirales, à caissons et tout ce que vous voulez. Cela n'en fait pas une règle, même si vous l'affirmez.
Et quoi que vous disiez, l'or n'est pas un matériaux des moins onéreux. C'est justement parce qu'il est précieux, rare et cher et qu'il ne s'altère pas qu'on l'a employé pour Dieu, car rien n'est trop beau.
Bref la coupole en or, n'est pas sine qua non pour être orthodoxe, certainement pas même.

Cela dit, bien sûr que la coupole est un symbole, la nef aussi en est un, c'est la barque de Saint Pierre, car les apôtres sont des pêcheurs d'hommes... Mais vous mélangez tout et n'êtes pas honnêtes dans vos thèses.

PS le gothique est tout sauf un style et encore moins une oeuvre d'art, nous l'avons longuement évoqué ici même, sa forme suit sa fonction (colonnes nervures voûtes d'ogives, remplages, arcs, arcs boutants contreforts, clefs etc...), celle de l'élever, d'alléger le bâtiment pour faire entrer de la lumière. Tout dans l'architecture a son utilité, le décor vient en sus pour habiller l'aspect.
Ce n'est parce qu'aujourd'hui ces bâtiments sont classés et qu'on les regardes comme telle qu'il faudrait que l'homme du moyen âge pense comme vous. Il n'y avait pas d'oeuvre d'art au moyen âge. Et encore moins d'artistes au sens où vous l'entendez. Les seules "signatures" que vous pouvez y voir, ce sont les marques de tailleurs de pierres qu'ils laissaient pour laisser une trace de leur ouvrage et se faire payer.
Mais je m'arrête là, c'est inutile.

Toujours est-il que ce n'est pas l'équité qui vous manque, un catholique qui fait une grande cathédrale est un luciférien orgueilleux, un "romanoï" orthodoxe qui fait une coupole gigantesque quitte à ce qu'elle s'effondre plusieurs fois, fait preuve d'une grande foi.
Vous ne le savez peut-être pas, mais c'est un fait têtu chez les hommes de vouloir toujours plus grand, plus beau, mieux etc, car ils apprennent de leurs erreurs, se constituent une expérience, un savoir empirique etc., qu'ils mettent soit au service de leur Dieu, catholiques, orthodoxes, même chez les musulmans, les bouddhistes et les juifs et leur fameux temple etc. D'où la tentation de l'orgueil. etc...

12.Posté par Clovis le 13/07/2014 15:07
@ père Joachim, bénissez,

Quelles pouvaient être les carences que Benoît XVI pouvait-il trouver dans l'orthodoxie, cela m'interpelle ?
D'avance, merci

13.Posté par Tchetnik le 13/07/2014 15:24
Le seul but d'origine du "gothique" était de permettre la construction d'églises plus grandes, plus lumineuses et aérées. Il n'y avait pas de théologie de cette architecture à l'époque. Les interprétations qui en sont faites le sont a-posteriori.

L'architecture Serbe contient certains éléments Gothiques, en sus d'éléments byzantino-Arméniens.

14.Posté par "une église dans laquelle s’est maintenue la succession apostolique des ordinations". Vladimir.G le 13/07/2014 16:17
Ah! Père Joachim, comme je suis toujours heureux de vous lire!
Votre humour malicieux éclairant votre grande érudition théologique remet si heureusement à leur place toutes ces choses que certains s'emploie à rendre intolérantes. Vos interventions, elles, luisent toujours de la lumière de l'Amour et de la Charité...

Je ne vais pas revenir sur l'art gothique, sauf pour renouveler ma remarque: ses contempteurs ne trouvent aucune référence théologique à leurs arguments et en sont réduit à citer "le célèbre ouvrage de Panofsky, "Architecture gothique et pensée scolastique" (1951)" dont la thèse sur le lien entre gothique et scolastique n'est pas dénuée d'intérêt... mais n'a rien de vraiment orthodoxe!

Sur le fond du problème, par contre, les "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie" sont clairement le seul document de portée canonique qui traite de ce sujet dans les conditions actuelles. Proclamé par le Concile épiscopal (2000), approuvé par le Concile local (2009) et mis en avant par tous les représentants de l'Eglise russe qui abordent ce sujet, il présente clairement la position officielle de la plus importante des Eglises orthodoxes et, point significatif, il n'a fait l'objet d'aucune critique de la part des autres Eglises. Quand le métropolite Hilarion de Volokolamsk dit "les principaux postulats de ce document, pensons-nous, doivent être pris en compte dans le projet révisé de résolution panorthodoxe relatif à ce thème" (1) il y a tout lieu de penser qu'il a raison et qu'il sera suivi au plan panorthodoxe... Fondé sur les textes des Pères, en particulier St. Cyprien de Carthage, "De l'unité de l'Église" (cf. § 1.2) et St. Irénée de Lyon (cf. § 1.3), que les "zélotes-antiœcuménistes" aiment à prendre comme référence, le document fixe en fait la doctrine œcuménique orthodoxe actuelle.

Justine a bien raison de souligner l'importance de son tout premier chapitre. J'en citerais le §1.9: "L'Église Une, Sainte et Universelle est l'Église Apostolique. Par le sacerdoce divinement institué, les dons du Saint Esprit sont communiqués aux fidèles. La succession Apostolique de la hiérarchie depuis les saints Apôtres est la base de la communion et de l'unité de la vie de grâce. Se séparer de la sainte hiérarchie c'est se séparer du Saint Esprit, du Christ lui-même. "Suivez tous l'évêque comme Jésus-Christ suit son Père et suivez les prêtres comme les Apôtres. Les diacres, honorez-les comme les commandements de Dieu. Sans l'évêque, que personne ne fasse rien touchant l'Église. [...] Où sera l'évêque, là doit être le peuple, de même que là où est le Christ, là aussi est l'Église universelle" (s. Ignace d'Antioche. Smyrn. 8)."

Ce § souligne bien la place exceptionnelle de l'Eglise romaine parmi les communautés hétérodoxes puisque l'annexe spécifique lui reconnaît cet attribut principal de l'Eglise du Christ, "la succession apostolique des ordinations" (2) comme le souligne le métropolite Philarète.

(1) 3.11.2011, "Conférence du métropolite Hilarion de Volokolamsk au sujet du saint et grand concile de l’Eglise orthodoxe"; https://mospat.ru/fr/2011/11/03/news50923/
(2) Le texte russe est disponible sur le site du patriarcat à l'adresse http://www.patriarchia.ru/db/text/418840.html. Il permet de vérifier que la traduction correspond bien à l'original...

15.Posté par Boris le 13/07/2014 17:27
Discussion passionnante! Merci PO

16.Posté par Daniel le 13/07/2014 19:06
Le terme canonique est vraiment utilisé à tout bout champ. En quoi le document "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie" a-t-il une portée canonique? Il n'est pas en lui-même un canon, n'a pas été incorporé aux canons.

Pour ce qui est de la succession apostolique purement mécanique, ils sont nombreux à l'avoir:

- monophysites (coptes, arméniens, etc)
- nestoriens
-vieux-catholiques
- vieux croyants
- vieux-calendéristes
- vraies églises russes

Les trois derniers ayant par ailleurs une foi parfaitement orthodoxe.

Cela fait du monde... Comme je le disais au Père Joachim, the Père Philétheos Zervakos était un anti-oecuméniste. Il me paraît difficile de se réclamer de lui dans ces circonstances.

Pour ce qui est du gothique, disons qu'il y a gothique et gothique. La gothique avec un sanctuaire au beau milieu entouré de travées est assez problématique car on peut déambuler autour... On perd l'architecture originelle héritée du temple de Jérusalement avec un sanctuaire véritablement à part. Cette question ne se pose à la paroisse roumaine des Saints Archanges, ce qui a permis une heureuse dapatation de l'édifice au culte orthodoxe, mise à part l'iconostase fort catastrophique.

Mais la question de la célébration d'offices orthodoxes en des lieux orthodoxes va au delà du gothique qui enlise les débats. Les points-clefs sont les suivants:

- dépendance vis-à-vis d'entités hétérodoxes

-impossibilité de prêcher l'orthodoxe sans affadissement par égard pour le généreux bailleur. Cela expliquerait-il le fait que plusieurs occidentaux voulant devenir orthodoxe dès le premier entretien avec le prêtre et alors même que l'entretien débutait reçurent le conseil de devenir ou rester catholique (voir "Où se cache l'église orthodoxe en France" de Jean-Louis Palierne):en somme l'hétérodoxe nous tient non plus par les cordons de la bourse, mais par les clefs de la crypte qu'il nous propose

- problème de visibilité qui nuit au témoignage: sur le long terme, cela est ennuyeux. certaines églises orthodoxes sont situées dans des cryptes catholiques depuis plus de 30 ans

- fainéantise générale à se doter de lieux de culte: aux Etats-Unis, en Australie, les orthodoxes sont arrivées dans les mêmes conditions qu'en France et, étrangement, les voilà propriétaires de leurs lieux de cultes. Vous noterez également que les églises grecques sont plus souvent propriétaires et que les immigrés grecs ont davantage réalisé l'effort de devenir priopriétaire

- pour la célébration des offices, certaines ecténies sont fort risibles dans les lieux de culte hétérodoxes; notamment les prières pour les fondateurs de ce saint temple car ces lieux ne sont pas des saints temples (n'étant pas des églises orthodoxes), car on ne prie publiquement pour des non-orthodoxes

17.Posté par justine le 13/07/2014 20:37
A Vladimir, post 14: Je me permets de vous rappeler que si le document en question de l'Eglise russe est si précieux, c'est que précisément il reflète fidèlement la position traditionnelle de l'Eglise Orthodoxe (que malheureusement d'autres Eglises orthodoxes locales ont abandonnée). Autrement dit, sa valeur tient à ce qu'il exprime la Sainte Tradition et les Saints Dogmes de Eglise. C'est là en effet le seul critère de la valeur d'un document ecclésiastique, quel qu'il soit, et non pas l'importance de l'Eglise locale dont il émane.

Quant à la succession apostolique, dont il est question dans l'annexe à ce document qui semble avoir des auteurs différents, il ne fait aucun doute que pour l'Eglise Orthodoxe, la succession apostolique ne saurait se limiter à la seule continuité des ordinations. Tout au contraire, pour qu'il y ait succession apostolique, il faut à la fois continuité des ordinations, continuité de la doctrine et pleine communion. Les actes et proclamations de chacun des Saints Conciles Œcuméniques en témoignent. Lisez aussi le chapitre sur "L'Apostolicité de l'Eglise" dans la Dogmatique de St Justin de Celije, vol 4, p. 200 ff.

En ce qui concerne Panofsky, je ne l'ai pas mentionné parce que sa thèse serait orthodoxe, mais pour montrer que, contrairement à votre affirmation que "Le style gothique est évidemment une forme de la spiritualité occidentale qui ne s'oppose pas à l'Orthodoxie en tant que telle", ce style et cette spiritualité sont tout à fait opposés à l'Orthodoxie - ce qu'un chrétien orthodoxe ressent spontanément quand il regarde une telle église et pénètre dans son intérieur -, car selon le témoignage de cet éminent spécialiste occidental, l'architecture gothique est directement liée, dans une relation de cause à effet, à la scholastique.
Le chrétien orthodoxe dans sa réaction spontanée peut ne pas connaitre ce lien que documente Panofsky, mais il le saisit intuitivement à cause de la conscience orthodoxe qu'il a.

Les arguments théologiques contre la scholastique, vous les trouverez par exemple dans les oeuvres de Saint Grégoire Palamas et aussi chez les Saints Collyvades que mentionne le Père Joachim - par exemple dans "O Antipapas" de Saint Athanase de Paros - et bien sûr dans "L'Homme et Dieu-Homme" de St Justin de Celije.

18.Posté par Père Joachim le 13/07/2014 20:43
A la question courtoise du 12, et avant les vacances.

Oui c'est vrais, au fait, "Quelles pouvaient être ces carences" ?
Bref, il faudrait être Pape pour pouvoir répondre à ce décret pontifical ...et ...

Pour ma part ce qui alors m'a laissé quoi, c'est la raison qui a conduit le Très Saint Père à prendre des positions si dures avec nos frères de la Réforme. ( Qui l'ont très mal pris, soit dit en passant alors que les orientaux ont déjà, très fort, tourné la page avec "la participation massive" à l'intronisation de François)
Pourtant on pouvait penser, vu de nos coupoles, qu' avec le Docteur Angélique il y avait un solide terrain en commun avec "leurs"parpaillots, "nos" frères ?

Pour en finir à la veille des vacances, il semble qu'aux exigences œcuméniques de notre temps, la question et moins les "imprécations" des anathèmatisateurs ou le "loukoum mol et sucrée" des ravis de la crèche, mais bien: Qui va détenir l'agenda ? (la question que je livre vient d'un grand maître dogmaticien disciple du Père Staniloë, ION BRIA, d'heureuse mémoire)

Enfin, rejoignant le Grand Athénagoras, au dialogue on ne parle plus de ce qui fâche ! il y a tant à faire par ailleurs, à propos de primauté et de "Doctrine Sociale". Tout le monde sait que sur ce dernier point les pères de la Compagnie de Jésus seraient à même de suppléer à d'éventuelles, injustifiables carences de notre part !

... Nous avions dit; " vacances" ?

19.Posté par "une église dans laquelle s’est maintenue la succession apostolique des ordinations". Vladimir.G le 13/07/2014 21:46
L'ensemble du texte des "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie", annexe comprise, a été préparé par la Commission théologique du Saint-Synode et c'est son président, le métropolite Philarète de Minsk et de Biélorussie qui a souligné en introduisant le débat que "C'est un des rares documents, sinon le seul au caractère conciliaire, qui distingue ainsi l'Eglise romaine des autres communautés et lui reconnaît l'attribut principal de l'Eglise du Christ, la succession apostolique, dont l'importance a été soulignée dans les premiers paragraphes du document." Il fait donc clairement le lien entre l'annexe qui traite spécifiquement des relations avec l'Eglise romaine et le §1.9 que j'ai cité. Il a toute qualité pour le faire puisqu'il a personnellement présidé à la rédaction du document...

Quand au ressenti du gothique, je pense que les Orthodoxes qui ont construit l'église de Vilnius en style gothique en 1514 n'avaient pas le même ressenti que vous, bien chère Justine, pas plus que tous les Orthodoxes qui célèbrent régulièrement dans des église gothiques... Je constate qu'aucun de nos théologiens qui ont écrit sur le roman, qu'ils appréciaient, n'a rien écrit sur le gothique et la théorie de Panofsky reste une théorie d'historien de l'art, d'ailleurs très originale, sans aucun fondement théologique. Votre opinion vous est donc très personnelle... et vous la partagez, comme dirait Dupont :)

20.Posté par justine le 13/07/2014 22:26
A Vladimir, post 14: Vous citez le paragr. 1.9 du document "Principes de base..." qui dit: " "L'Église Une, Sainte et Universelle est l'Église Apostolique etc." Mais il est nécessaire, pour bien comprendre ce que veut dire ce Para 1.9, d'avoir présent à l'esprit le Para 1.1:

″1.1. L'Église orthodoxe est la véritable Église du Christ, fondée par notre Seigneur et Sauveur Lui-même, l'Église que l'Esprit Saint a établie et qu'Il remplit, l'Église dont le Sauveur lui-même a dit : "Je bâtirai mon Église et les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle " (Mt 16, 18). Elle est l'Église Une, Sainte, Universelle2 et Apostolique, gardienne et dispensatrice des Sacrements saints dans le monde entier, "colonne et fondement de la vérité " (1 Tm 3, 15). Elle porte en plénitude la responsabilité de diffuser la Vérité de l'Évangile du Christ, de même que la plénitude du pouvoir de témoigner de la "foi, transmise aux saints une fois pour toutes" (Jd 3).‶

Parce que Vladimir refuse de se mettre en tête les parties de ce document qui sont irréconciliables avec des positions œcuménistes, et notamment ce paragraphe 1.1, il choisit d'interpréter le para 1.9 tout de travers, lequel, selon lui, "souligne bien la place exceptionnelle de l'Eglise romaine parmi les communautés hétérodoxes"! Or cette "Eglise Une, Sainte et Universelle qui est l'Église Apostolique´" du paragraphe 1.9. est bien la même que celle du Paragraphe 1.1, c'est a dire l'Eglise Orthodoxe! Tout ce qui est dit dans le Para 1.9, y compris ce qui concerne la succession apostolique, est dit de l'"Eglise Une, Sainte, Universelle et Apostolique" du Paragraphe 1.1, laquelle est, selon ce même paragraphe, l'Eglise Orthodoxe et elle seule.

Il n'y a pas deux Eglises à succession apostolique, mais une seule, l'Eglise orthodoxe (voir Para 1.2. "L'Église du Christ est une et unique"). Du moment où certaines parties se détachent de "l'Eglise Une, Sainte, Universelle et Apostolique", ces parties cessent d'y appartenir et d'être dans la succession apostolique. Reconnaitre la succession apostolique à l'Eglise romaine d'après le schisme, chose inconnue aux Saints Peres, revient donc à contredire ce 1er chapitre du document "Principes de base..."

Mais probablement, les auteurs de l'annexe veulent dire que l'Eglise romaine, quoique privee de la plenitude de la succession apostolique, en a retenu une partie, celle des ordinations, au sens du paragraphe 1.15 où il est dit que les communautés déchues de l'unité avec l'Orthodoxie retiennent malgré tout une certaine mesure de grâce.

21.Posté par justine le 13/07/2014 22:33
A Clovis, post 12: Vu que vous n'avez pas obtenu réponse à votre question, laquelle est pourtant simple, la voici: la "carence" des Orthodoxes, c'est qu'ils ne reconnaissent pas la primauté et l'infaillibilité du pape.

22.Posté par justine le 13/07/2014 22:51
Je note l'imprécision de votre citation précédente du metropolite de Minsk, lequel disait "conciliaire" et non pas"canonique". Car en effet, comme dit Daniel, pour avoir l'autorité d'un saint canon de l'Eglise, un document doit etre accepté par l'ensemble de l'Eglise.
Vous avez noté le "ressenti du gothique", mais de quelque maniere, l'argument théologique concernant la scholastique semble avoir echappé à votre attention.

23.Posté par nina le 13/07/2014 22:59
l'église "gothique", on dirait plutôt "ogivale" est un temple sacré qui manifeste la lumière divine, la lumière incréée. Les églises sont lieux de culte et de foi et en ce sens on ne peut les "juger", ni les critiquer. le peuple vient là pour prier, déposer son offrande, chanter et s'unir à Dieu.

A quoi sert il de comparer les lieux saints des différentes confessions ? "Là où deux ou trois sont réunis en mon nom je suis avec eux. " On peut parfois penser devant certaines églises orthodoxes à de gros gâteaux de sucre et de crème ! Les flèches, les sculptures, les rosaces, les vitraux "gothiques" expriment la sagesse, la grandeur divine. l'église est un livre qui parle à tous, où la prière s'élève, où Dieu répand sa grâce. En Occident tout autant qu'en " Orthodoxie" il y a des fidèles emplis de foi qui aiment leurs lieux saints.

Il n'y a aucune primauté entre un lieu saint et un autre lieu saint, ils sont simplement différents, comme les peuples sont différents, les architectures sont différentes, les rites sont différents... Heureusement qu'il existe la différence sinon tout serait uniforme. Je ne vois pas en quoi une coupole dorée ou bleue est plus Sacrée ou Divine qu'une flèche ou une tour ? L'architecture est un Art que ce soit en Orient ou en Occident !

24.Posté par "une église dans laquelle s’est maintenue la succession apostolique des ordinations". Vladimir.G le 13/07/2014 23:13
Bien chère Justine,

Je répète pour la 3ème fois que ce n'est pas moi mais le métropolite Philarète de Minsk et de Biélorussie, président de la Commission théologique du Saint-Synode et rapporteur du texte devant le Concile, qui a souligné en introduisant le débat que "C'est un des rares documents, sinon le seul au caractère conciliaire, qui distingue ainsi l'Eglise romaine des autres communautés et lui reconnaît l'attribut principal de l'Eglise du Christ, la succession apostolique, dont l'importance a été soulignée dans les premiers paragraphes du document."... Prétendre qu'il ne comprend pas le texte qui a été rédigé sous sa présidence mes semble bien orgueilleux!

25.Posté par Clovis le 14/07/2014 00:38
Merci père Joachim,
@ Justine, en effet, un seul être vous manque et tout est dépeuplé... sic

Tchetnik a raison sur le sens du "gothique", et tout ce qui reste est a posteriori, même Panofski, les historiens de l'art aiment bien quand faire coller les faits avec ce qu'ils en pensent.

26.Posté par Père Joachim le 14/07/2014 06:36
la "carence" des orthodoxes c'est de rassembler un trop grand nombre de "grandes gueules"
de pratiquer plus aisément l"l'orthodoxisme" que "l'orthopraxie"
de ne plus aller jusqu'au bout des obligations de l'ecclésiologie conciliaire et eucharistique

et de permettre ainsi à différentes "brebis galeuses" d'infester aisément le territoire !

27.Posté par Daniel le 14/07/2014 10:37
Une des carences de l'orthodoxie, ce sont les brebis déguisés en loups qui pullulent... (humour). Il me semble que la discussion se perd en 2 branches:

- une architecture religieuse beaucoup plus vaste qui ne devrait pas se limiter au gothique et qui amène à se pose la question de ce que serait une bonne architecture religieuse pour un lieu de culte orthodoxe. On l'a vu ressurgir avec la cathédrale du Quai Branly: les projets étaient différents, surprenants etc

- le second est celui de célébrer dans des lieux de culte d'autres églises et/ou religions avec les différentes implications que cela a. A ce sujet, pour donner un exemple, l'église orthodoxe interdit la célébration d'offices non orthodoxes dans ses lieux de culte. Si cela advenait, le lieu de culte devrait faire l'objet d'une nouvelle consécration. Dans ces conditions, l'usage des lieux de cultes non orthodoxes est assez singulier...

28.Posté par NB le 14/07/2014 10:50
@ Daniel...pour vous et pour Justine

Les églises contemporaines à l'épreuve de la tradition. A quoi doivent ressembler les églises construites aujourd'hui? c’est le problème le plus délicat et le plus complexe. En effet, nous n'avons avec la tradition qu'un lien relatif, pour nous elle est assez théorique, schématique.

"Parlant de l'architecture des églises contemporaines en Russie, Serge Tchapnine a mis en relief trois orientations principales: les formes traditionnelles, les projets expérimentaux et l'image d'Epinal et il a illustré chacune soit par des réalisations soi par des projets. Puis il a souligné les problèmes actuels: rupture avec les traditions de l'architecture, pastiche aveugle des siècles passés, peu d'idées créatrices, absence d'une véritable communauté professionnelle des architectes religieux et d'une expertise spécialisée à l'intérieur de l'Église." Suite

29.Posté par Père Gabriel Bunge (posté par Vladimir.G) le 14/07/2014 11:41
Question: Les membres du clergé russe présents ont été invités à servir la Liturgie de la congrégation orthodoxe locale dans la Chapelle Palatine de Palerme.

Père Gabriel Bunge : Ah, c’est bien. Les Russes célèbrent continuellement des Liturgies solennelles dans la cathédrale Saint-Nicolas à Bari. J'y ai vu une Liturgie célébrée par un métropolitain de Russie, environ 20 prêtres, avec un grand chœur. Et j'ai pensé, "C'est la liturgie requise par cette belle cathédrale. Mais quand ce fut fini, la messe en latin a commencé... et on a envie de pleurer. Vous voulez demander: "Que faites-vous ici?"

Fin de citation

Il est probable qu'il dirait la même chose pour la célébration à Amiens...

Quand au lien gothique-scolastique, c'est l'idée originale d'un historien d'art reconnu qui mériterait d'être développée au plan théologique pour être prise en considération dans ce débat... Parler de Lucifer ("porteur de lumière") et de "faire entrer la lumière du monde" est bien léger quand on voit clairement , comme Nina, la lumière divine, la lumière incréée, l'élan vers le ciel, vers Dieu qui a crée la lumière (fiat lux!)...

30.Posté par justine le 14/07/2014 12:40
Daniel fait bien de ramener la discussion sur le sujet en question: "Célébrer la Divine Liturgie dans des églises catholiques ou protestantes". C'est un problème qui touche avant tout les saints dogmes – l'ecclésiologie notamment - et les saints canons. Certains commentaires montrent une effrayante ignorance dans ce domaine, ce qui soulève un autre grave problème: l'insuffisance de la catéchisation du peuple orthodoxe. Il serait sans doute préférable si les contributeurs à la discussion, au lieu de se livrer à des exercices de rhétorique et aux insultes, se penchaient avec sérieux sur ces problèmes réels, surtout quand il font partie du clergé.

31.Posté par justine le 14/07/2014 15:02
Concernant l'architecture ecclésiastique orthodoxe, on peut signaler une étude (en grec) de la Commission pour la construction d'églises du Saint Synode de l'Eglise de Grèce. Ce texte donne un aperçu historique et théologique fort utile de ladite architecture et définit quatre conditions qui doivent obligatoirement être remplies lorsqu'on procède à la construction d'une église orthodoxe: 1. fonctionnalité liturgique 2. tournure vers l'intérieur 3. sémantique théologique et symbolisme conforme à la Tradition 4. maintien de la mesure humaine que l'étude caractérise comme "élément fondamental de l'architecture ecclésiastique orthodoxe".

"L'échelle humaine y domine", souligne le texte de la Commission du Saint Synode, "car le temple de Dieu est en même temps aussi église des fideles, où l'homme est sujet et non pas objet. Et toute la tradition de l'architecture ecclésiastique orthodoxe en témoigne. Ainsi, en antithèse avec l'architecture chrétienne du Moyen-âge occidental, où dominent la grandeur exagérée, la hauteur et le désir d'impressionner, dans le but de créer chez le fidèle des sentiments de crainte et d'anéantissement, une église byzantine ne nous impose rien qui nous effraie, nous anéantisse, nous rejette. Tout au contraire, elle éveille en nous des sentiments d'accueil et d'acceptation de l'homme dans un espace où se manifeste perpétuellement la présence de Dieu, mais sans que l'homme en soit anéanti." (page 6 du document).
http://www.ecclesia.gr/greek/holysynod/commitees/liturgical/id_naodomia_2012.pdf



32.Posté par Père Gabriel Bunge (posté par Vladimir.G) le 14/07/2014 15:26
Et bien voilà les pères Joachim et Gabriel qui "se livrent à des exercices de rhétorique et aux insultes /au lieu de/ se pencher avec sérieux sur ces problèmes réels"... Notre bien aimée Justine se rapproche des inquisiteurs; l'appel au lynchage ne saurait tarder...

Et tout cela en se prenant au sérieux ou c'est pour rire?

NB: oui, j'ai écrit "canonique" en dépassant ce que le métropolite Philarète écrivit en 2000. Depuis cette date, en effet, ce texte a été proclamé canoniquement par le concile épiscopal, approuvé par le concile local et reçu par l'Eglise russe dont tous le portes-parole s'y réfèrent. Aucune Eglise ne l'a contesté (comme ce fut par exemple le cas pour le texte sur la primauté) et il est très probable qu'il servira de base aux discussions panorthodoxes. Ce texte s'impose donc actuellement à la majorité des Orthodoxes, membres de l'Eglise russe, et ses conclusions seront probablement étendues à l'ensemble des Eglises...

33.Posté par Daniel le 14/07/2014 16:32
Peut-être une consultation du terme canonique dans le dictionnaire vous serait-elle profitable, Vladimir... "Ce texte a été proclamé canoniquement" ne veut rien dire; il a été adopté par le synode, cela n'en fait pas un canon, il n'est pas intégré au corpus canonique etc.

Si le Père Joachim pouvait parler sous un mode moins cryptique, cela faciliterait la compréhension...

34.Posté par justine le 14/07/2014 17:44
Je ne sais pas dans quelle mesure on peut considérer comme défendable la pratique de Vladimir de poster certaines de ses contributions sous le nom d'autres personnes dont quelques-unes, comme le très révérend Père Gabriel, ignorent jusqu'à l'existence de cette plateforme de discussion et n'auraient pas l'idée de s'y exprimer. Comme on sait, le Père Gabriel vit en ermite et n'a pas l'Internet.
A part Vladimir, tous les autres contributeurs se présentent soit avec leur nom réel, soit avec un pseudonyme.

35.Posté par Vladimir.G: Père Gabriel Bunge le 14/07/2014 21:00
Bien chère Justine,

Vous ne trouverez aucune de mes contribution sans ma signature...

Mais je trouve commode de titre donner un à mes billets. Comme la structure de ce blog ne le pévoit pas, je mets le titre devant la signature, mais je peux faire l'inverse si vous préférez. "Père Gabriel Bunge" est bien le titre de ces billets puisqu'il en constitue la principale référence...

36.Posté par Clovis le 14/07/2014 21:39
Justine nous a dégoté un texte intéressant @ 31.

Les trois premiers point y sont intéressant et collent a priori avec l'architecture catholico-occidentale, le point 4 est celui sur lequel je vais m'attarder.

En effet le texte est surtout intéressant car il met en lumière les différences franches entre l'orthodoxie grecque et russe.

On pourrait revenir sur la notion d'échelle humaine sur laquelle on pourrait gloser, sans jamais tomber d'accord, tellement d'exemples infirmant la règle.

Comme la taille des églises, le nombre de registres des iconostases russes qui touchent la voûte quand les grecs ne dépassent guère les trois etc... Cela bât en brèche la dimension humaine, ou la transcende.
Mais parler d'effroi, de rejet et d'anéantissement comme n'étant pas très orthodoxe, mais plutôt catholique m'interpelle.
Le jugement dernier s'appelle en russe "strachni soud" (ami russes excusez pour la phonétique), qui signifie littéralement jugement effrayant. On pourrait encore citer le prêtre ou le diadre tenant les Saints Dons interpeller les fidèles : "so strakhom bojim, verouiou i louboviou pristoupitie", avec la crainte de Dieu, foi et amour approchez"...

Ensuite pour illustrer la légende, on pourrait ajouter les clichés, ceux des représentations des démons qui emplissent les fresques du jugement dernier, de l'échelle des vertus etc.

Côté catholique, on pourrait évoquer vitraux, tympan et autres. Quant aux gargouilles c'est tout autre chose, il n'y en a pas dans l'église, mais elles sortent littéralement et physiquement de l'église, en saillie au dessus du vide,c ar elles renvoient au monstre Gargouille vaincu par Saint Romain, mais par là-même signifient les démons qui fuient la maison du Seigneur. Ce sont les gargouilles qui ont peur, par ceux qui les regardent, ceux-ci devant être sauvés.

A ce propos il me vient à l'esprit un passage du film de Tarkovski "Andrei Roublev" dans lequel le saint est tourmenté par la commande qu'il a reçu de représenter le Jugement dernier à l'intérieur d'une église, il se refusera à le peindre, ne voulant pas effrayer les gens, tout au contraire.

Il n'y a pas d'anéantissement, ni de crainte excessive, juste une insipide relecture faussée par notre vision contemporaine.

37.Posté par Clovis le 14/07/2014 21:54
Juste une dernière chose, à quoi correspond ou devrait correspondre l'échelle humaine lorsqu'il s'agit d'accueillir plusieurs certaines voir un millier de fidèles, comme c'était le cas jadis ?
Car la raison première qui a fait augmenter la taille des édifices, ce n'est pas la taille des hommes qui a augmentée soyons raisonnables, mais bien leur nombre !

38.Posté par Philippe Maillard le 19/07/2014 12:01
Il serait bien que Justine sorte des lieux-dits sur les Cathédrales et se cultive un peu. Dire que leurs financeurs furent ceux qui combattaient les orthodoxes (allusion à la tristement célèbre Croisade menée par … des Vénitiens) est plus qu’un raccourci : une ânerie. En effet, la France des XI et XII siècles va voir se développer une relative aisance chez les paysans (très relative mais réelle) et une période de paix. Le pouvoir royal va se développer au détriment des féodaux. Vont alors apparaître les Cités, qui prendrons le nom de villes franches (cela ne vous rappelle rien de récent ?...) ou l’évêque du lieu va retrouver son autorité jusqu’alors éclipsée par les responsables des grands ordres religieux, avec l’appuie du Roi. On peut dire que les cathédrales sont alors « le signal et l’image de marque de la Cité face aux châteaux des seigneurs ». Il fallait disposer dans ces villes d’un lieu de réunion pouvant contenir la population locale tant pour le religieux que le laïc. Les fameuses flèches doivent contenir les cloches destinées à marquer les moments de la vie : incendie, attaque, liturgies…. Il n’est pas du au hasard que les premières cathédrales furent édifiées en Picardie, terre riche où le rendement agricole a plus que doublé à cette période. Quant au financement, tous y participèrent : seigneurs, évêques, artistes, anonymes… dans un grand élan qui, cela ne vous aura pas échappé, va se ralentir courant XII et XIII, quand la prospérité vient à décliner et la guerre (de 100 ans) reprendre. Enfin, car il faudrait des livres pour étudier tout cela, il n’y a pas d’opposition « roman-gothique ». Les deux sont un art des cathédrales, et beaucoup de cathédrales gothiques ont une base romane. Seulement, la conservation du roman n’a pas été aussi bonne que celle du gothique.

Pour conclure : il est intéressant de regarder l’iconographie des cathédrales (vitraux et sculptures) car on perçoit bien que la forme est semblable à l’icône (regardez les couleurs des vêtements, les mains, les poses, les thèmes) mais que la lumière qui les éclaire n’est pas iconographique.
Là est la perte réelle de la lumière qui inonde nos icônes. Un dernier point Justine : pouvez-vous assurer, sans rire, qu’il n’y a pas d’orgueil dans certaines églises orthodoxes, ni de financeurs qui veulent se faire reconnaître ?....

39.Posté par justine le 20/07/2014 21:19
Comme vous êtes donc un homme cultivé, vous devez savoir qu'en matière d'Histoire, il y a d'un cote les faits et de l'autre leur interprétation, et que dans ce deuxième domaine, il existe une très grande variété, selon la position de celui qui interprète.
Les faits en matière de financement: les cathédrales du Haut-Moyen-âge occidental furent financées en tout premier lieu par l'église roméo-catholique, puis aussi par les villes franches et leur bourgeoisie. Les Croisades furent elles-aussi financées par cette meme église roméo-catholique, laquelle percevait même des impôts spéciaux à cette fin. Quant à l'interprétation: vous semblez être de l'avis que seule la 4e Croisade fut un crime contre Byzance et contre l'Orthodoxie, et que c'était là l'affaire des Vénitiens.

Je vous recommande donc de lire la monumentale "Histoire des Croisades" de Steven Runciman (en français jusqu'a présent il n'y a que 2 volumes parus, chez Tallandier, mais en anglais vous trouverez les 3 volumes complets, Cambridge University Press 1951-1954).

Pour cet éminent historien britannique, les Croisades dans leur ensemble – lesquelles, comme on sait, ont été une œuvre collective de l'Occident - furent "une invasion barbare au dépens d’une civilisation supérieure, non celle des musulmans, mais celle de Byzance". D'ailleurs, l'Histoire des Eglises Orthodoxes locales, de Jérusalem à Constantinople en passant par Chypre, portent un éloquent témoignage qu'il a raison.

40.Posté par Clovis le 20/07/2014 23:29
Constantinople n'a pas été spécialement pillée, mais par ce que, contre de l'aide militaire, les byzantins avaient joué avec le feu promettant même de revenir vers Rome et de verser une forte somme pour rétribuer les soldats, ce qui n'avait pas été fait. Les Croisés, se sont donc servis eux-mêmes, chassez les naturel... Et il restait le triste épisode du massacre des latins à peine 20 ans auparavant. Il faut faire preuve d'un peu de pondération tout de même. Il ne s'agit pas de relativiser les faits, mais de les éclairer sous une juste lumière.

41.Posté par Tchetnik le 21/07/2014 08:30
Les travaux de Steven Runcinam ont certainement eu de la pertinence et de la justesse, en particulier quand il s’est agit de démontrer la richesse et la beauté tant artistique que spirituelle ou économique et sociale de civilisations Chrétiennes Orientales, qu’elles aient été Byzantines, Arméniennes, Syriaques ou autres. Richesse qu’il a fort bien sourcée, documentée, référencée par un travail de compilation et de comparaison de sources, de témoignages, d’éléments de patrimoine. Il a ainsi debunké bien des mythes négatifs et antichrétiens datant pour l’essentiel des « lumières ».
En revanche, sa bienveillance légitime envers ces civilisations l’a aussi amené à exprimer envers les nations Chrétiennes Occidentales des appréciations qui, elles en revanche, restent stéréotypées et bloquées sur un soi-disant « chaos » de tout ordre, ce en dépit des très nombreuses chroniques, sources, documents et même éléments encore bien visibles du patrimoine artistique et architectural, qui prouvent que, si ces nations connaissaient bien des structures politiques parfois instables (bien plus que les Byzantines qui apparaissaient comme des modèles à côté), elles étaient bel et bien prospères et développées autant culturellement, spirituellement, artistiquement qu’économiquement et socialement. De ce point de vue, la France Mérovingienne ou l’Espagne Wisigotique n’avaient rien à lui envier. De plus, comme les innombrables chroniques, manuscripts et autres sources le prouvent, les liens entre Europe occidentale et Byzance ne se sont jamais perdus. Bien des médiévistes comme Karl Ferdinand Werner, Louis et Émile Bréhier, Régine Pernoud, Jacques Heers, Ian Wood et autres ont largement apporté leur contribution et prouvé que le « chaos » du haut-Moyen-Âge relève du mythe plus que d’autre chose. Runciman est intéressant mais il convient sur ce point comme sur d’autres, de le nuancer et de le compléter. Il avait ses sympathies, ce qui est normal et légitime, l’Histoire n’étant pas une science sèche, mais il convient de montrer que, si ces sympathies lui ont fait toucher du doigt certaines choses, elle lui en ont masqué quelques autres. Il a combattu certains mythes mais en soutenant d’autres mythes ce qui n’est pas une démarche toujours heureuse. Certains orthodoxes croient servir leur église en reprenant à leur compte des mythes qui ne semblent tournés que contre l’Église Catholique mais qui en réalité le sont contre tout le Christianisme. Ce n’est pas une démarche honnête, intelligente, juste. On peut avoir vis-à-vis de l’Église Catholique ses divergences, mais sans pour autant perdre son bon sens et son honnêteté en Histoire, sa lucidité sur la réalité des faits (comme on peut aussi se respecter, se reconnaitre et collaborer dans bien des domaines, voire s’entreaider et se soutenir sans pour autant faire de l’œcuménisme facile ni du relativisme. Ce sont paradoxalement souvent les plus oecuménistes qui soutiennent cette vision noire, fausse et injuste d’une Église Catholique du reste. Sans avoir été parfaite, ses actes sont certainement à nuancer et à remettre dans leur contexte.


Loin d’avoir eu systématiquement à s’en plaindre, les populations Arméniennes Grecques et Syriaques ont plutôt vu l’arrivée des Croisés comme une libération. Les sources témoignages et éléments encore visibles de patrimoine culturel montrent aussi que la coexistence des états Latins et de ces cultures n’a pas franchement nui auxdites et qu’elles ont au contraire connu un regain de paix et de prospérité qu’elles n’avaient plus connu depuis l’arrivée des musulmans. Le lien culturel entre Croisés et cultures Chrétiennes orientales a été suffisamment fort pour permettre la reconstruction d’une Arménie Cilicienne qui avait justement disparu sous les coups des musulmans (exemple type de ce côté positif) et la venue en France d’architectes Arméniens qui ont grandement influencé l’Art dit Roman. Sans avoir été parfait, le comportement des soldats Croisés n’a pas été que négatif envers ces cultures, il s’en faut de beaucoup Et si violences il y eut, les exemples des destructions des villes d’Ani ou d’Édesse vers 1148 par les musulmans sont sans doute bien plus marquante et il est un peu dommage que ceux qui condamnent souvent en les exagérant les violences Croisées, restent complaisamment silencieux sur ces violences-là. Un double standard qui n’étonne plus personne. On pense notamment au témoignage de Matthieu d’Édesse, capital, ou celui de Michel Patriarche de Syrie et ses Chroniques.

Pour Byzance, il ne faut pas oublier que c'est Alexis Comnène qui appela la Iere Croisade de ses voeux et qui ne remplissant pas toutes ses promesses, finit par user les patiences des Croisés, même si le comportement et les liens qu’il entretint alors avec la Papauté restent plus nuancés et cordiaux. Que la IVième Croisade, effectivement inexcusable et inadmissible dans ses effets, eut aussi pour cause les magouilles d'Empereurs Grecs (Isaac II et Alexis IV) qui souhaitaient retrouver leur trône et ont fait eux aussi des promesses aux croisés, promesses qu’ils n'ont pas tenues ensuite. Sans excuser la violence parfois réelle de certains croisés lors de cette croisade, il ne faudrait pas en faire un prétexte pour un jugement négatif en bloc qui ne correspond pas à la réalité. Un historien plus contemporain et certainement plus exhaustif comme Jean Richard a su démontrer ce que les Croisades avaient eu de positif et de légitime comme de plus contestable, sans porter de jugement de bloc sans nuance. Bréhier, dans son Histoire de Byzance, aussi a su faire un peu mieux la part des choses.


42.Posté par Daniel le 21/07/2014 10:05
1204: Constantinople a bel et bien été pillée.

43.Posté par justine le 21/07/2014 20:52
Et ce que les barbares "chretiens" occidentaux ont alors perpetre dans les eglises et notamment dans Sainte Sophie defie la description....

44.Posté par Père Joachim le 21/07/2014 21:29
Quel dommage que la Secrétairerie d'Etat et autres conseillers du Vatican n'est pas eu connaissance de toute cette bibliographie décoiffante et pourtant bien connue/ post 41.

Ils auraient pu dissuader le saint Pape Polonais de renouveler à l'Archevêque d'Athènes Christodoulos et à son synode des excuses pour les méfaits funestes commis par les hordes croisées contre la Ville reine de l'Empire Romain.
La messe est dite ... et peut être les leçons tirées ?

rendez vous en 2016 si le contexte le permet !

45.Posté par Clovis le 21/07/2014 22:37
Le massacre des latins en temps de pays n'était pas mal non plus, avec en prime les rescapés vendus aux ottomans.
Deux poids deux mesures. Il n'y a pas de fumée sans feu.

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