Le conseil d'administration de l'Union des Hôteliers du département de Trikala (Grèce centrale) a annoncé récemment une initiative en faveur du tourisme religieux dans la région et décidé de l'organisation d'un Congrès international scientifique du tourisme religieux et de pélerinage du 25 au 28 février en 2010.
En juillet dernier, Kalambaka a été le centre d'une rencontre panhellénique d'affaires centrée sur le tourisme de pélerinage et les objets religieux, dans le cadre duquel les représentants de 50 entreprises grecques ont rencontré les représentants de 30 entreprises de pays orthodoxes (Russie, Bulgarie, Roumanie, Ukraine, Moldavie, Chypre, Israël et Serbie).

Le secrétaire d'Etat à la Coopération internationale économique du ministère des Finances extérieures et des Relations internationales de Russie, Valery Nikolaev, venu en Grèce quelques mois auparavant pour une réunion à l'initiative de la Chambre de Trikala à Kalambaka axée sur les "Perspectives d'un resserrement des relations Grèce-Russie dans les questions du tourisme religieux, avait déclaré que la mairie de Moscou est à la disposition de la Chambre de Trikala, ainsi que de tous les hommes d'affaires du département, pour toute aide éventuelle dans la promotion de leurs activités d'affaires dans la région.

Rédigé par l'équipe rédaction le 24 Octobre 2009 à 14:06 | 0 commentaire | Permalien

Le communiqué final de la onzième réunion de la Commission internationale mixte pour le dialogue théologique entre l'Eglise orthodoxe et l'Eglise catholique

Pour lire une traduction française de celui-ci, cliquez sur ce lien

Rédigé par l'équipe rédaction le 24 Octobre 2009 à 10:21 | 1 commentaire | Permalien

50 ans de sacerdoce du père Boris Bobrinskoy
L'équipe de rédaction félicite de tout cœur le père Boris. Voici quelques lignes consacrées aux débuts de son sacerdoce dans l'église de la crypte de la cathédrale Saint Alexandre de la Neva.

Arrivée de Père Boris à la Crypte

La mort du Père Pierre Struve

Au moment où la communauté prenait tout son essor le 3 décembre 1968 survint l’évènement bouleversant de la mort du Père Pierre. Comme le P. Valentin, le P. Pierre Struve mourut dans un accident de voiture sur la route au petit matin à Chelles, alors qu’il se rendait au chevet d’un malade. L’émotion fut immense, dépassant de beaucoup le cadre de la communauté et elle reste dans la mémoire de tous ceux qui l’ont vécue. L’archevêque, Monseigneur Georges, avant même l’enterrement du P. Pierre, s’inquiéta de ne pas laisser orpheline cette communauté si pleine de promesse. Il en parla à Tatiana Borissovna, car il désirait son accord. Son choix se porta sur le Père Boris Bobrinskoy qui demeurait à l’Institut St Serge et qui accepta immédiatement.

Père Boris Bobrinskoy et la communauté française orthodoxe de la Sainte Trinité : une continuité et une évolution

Le Père Boris enseignait la Dogmatique à l’Institut St Serge]b où il vivait avec sa femme Hélène et, à l’époque, ses deux enfants lorsqu’il a été nommé à la Crypte. À son arrivée, immédiatement après l’enterrement du Père Pierre, il trouva une communauté ébranlée dont la composition se modifia quelque peu. Mais Père Boris releva le défi et continua l’œuvre commencée par le Père Pierre et on peut dire avec le recul du temps, qu’il l’a accomplie.


D’emblée il apporta à la communauté ses qualités de liturge. Il n’a cessé de garder cette communauté dans un éveil spirituel à travers ses prédications et ses exhortations. Il l’a enseignée à de multiples occasions, principalement au cours de ses catéchèses pour adultes et grâce aussi à diverses publications. Malgré toutes ses autres charges comme théologien, écrivain, enseignant, etc., il a été et reste toujours pour elle un père aimant et attentif.

Très tôt, Père Boris proposa que l’on célèbre tous les offices au complet ce qui n’était pas le cas avec le Père Pierre du fait de son travail. Par exemple, le samedi soir on ne célébrait que les vêpres et pendant la Semaine Sainte on commençait seulement à partir du Grand Vendredi. Pour la chorale, et surtout pour le chef de chœur Michel Evdokimov, cela se traduisit par un travail gigantesque surtout pour les offices de Carême et de la Semaine Sainte. Une anecdote donnera une idée des difficultés que l’on rencontrait et du talent et de la ténacité que l’on mettait à les résoudre. Peu avant Pâques la chorale ne disposait d’aucune partition convenable pour le chant d’entrée du Samedi Saint (le Grand Samedi)
En désespoir de cause, Barbara Chpiganovitch alla trouver la veille M. Eugène Evetz, chef du chœur de la cathédrale. Monsieur Evetz était un très fin musicien mais il ne savait pas le français ! Cependant il demanda à B. Chpiganovitch de lui lire le texte du chant en français recto tono, autant de fois jusqu’à ce qu’il lui fasse signe de s’arrêter. Elle lut donc au moins une vingtaine de fois ce texte :

Que fasse silence toute chair humaine et se tienne immobile dans la crainte et le tremblement ; qu’elle éloigne toute pensée terrestre car le Roi des Rois et le Seigneur des Seigneurs s’avance afin d’être immolé et se donner en nourriture aux fidèles. Amen. Il est précédé des chœurs d’archanges avec les Principautés et les Puissances, les Chérubins aux yeux innombrables et les Séraphins aux six ailes se voilant la face et chantant Alléluia, alléluia, alléluia.

Lorsqu’il lui fit signe, il avait trouvé la mélodie qui convenait et permettait de mettre une note sur chaque syllabe. C’était une mélodie du 16ème siècle, style « staro-moskovsky ».

C’était une époque où s’inventaient des nouvelles formes de relation entre orthodoxes, inspirées du modèle des « fraternité » pour dépasser les cloisonnements juridictionnels et ethniques. La Crypte participa à ce mouvement et cette période reste pour certains qui l’ont vécue, comme l’âge d’or de la communauté. Ensuite la Crypte, s’est peu à peu transformée. Pour cerner cette évolution on propose quelques chapitres qui retracent les évènements majeurs survenus au cours des trois dernières décennies.


Rédigé par l'équipe de rédaction le 22 Octobre 2009 à 20:20 | 1 commentaire | Permalien

Dépêche de l'Agence France Presse:

Une rencontre entre le Pape et le Patriarche "impossible" pour le moment (Orthodoxes)

Une rencontre entre le Patriarche de l'Eglise orthodoxe russe, Kirill et le Pape Benoît XVI est "impossible" faute d'"avancées positives" dans les différends opposant les deux Eglises, a déclaré le chef de la diplomatie orthodoxe, Ilarion, cité jeudi par l'agence Itar-Tass.

"Il est impossible d'organiser une rencontre entre le Patriarche et le Pape", a-t-il estimé.

"Nous sommes prêts à travailler pour qu'une telle rencontre ait lieu, mais il y a certaines conditions (...) La rencontre est possible si des avancées positives interviennent avant et non suite à la rencontre. Et pour l'instant, il n'y a pas ces avancées positives", a ajouté Ilarion.

L'archevêque a indiqué que le différend principal concernait "l'Ukraine occidentale" car, selon lui, beaucoup d'orthodoxes y sont "privés de la possibilité de prier dans des églises".

Il fait ainsi référence à l'Église uniate -- considérée comme des "traîtres" pour se soumettre à l'autorité du Pape-- et dont la renaissance en Ukraine est vue comme une une invasion du "territoire canonique" du patriarcat de Moscou.

Par ailleurs des accusations de prosélytisme portées par les Orthodoxes russes empêchaient déjà le pape Jean Paul II de se rendre en Russie.

Benoît XVI s'est engagé à œuvrer au rapprochement entre toutes les Églises chrétiennes. Il a déjà rencontré trois fois le nouveau patriarche russe Kirill qui s'était rendu au Vatican en 2005, 2006 et 2007, en tant que chef du département des relations extérieures de l'Église russe.

Rédigé par l'équipe de rédaction le 22 Octobre 2009 à 16:04 | 0 commentaire | Permalien

Une nouvelle paroisse orthodoxe à Ravenne
Mgr Innocent, archevêque de Chersonèse, a béni
une nouvelle paroisse orthodoxe à Ravenne


Mgr Innocent a commencé le 16 octobre un voyage pastoral à travers l’Italie. La première étape en était la ville de Faenza. La communauté orthodoxe Saints Pierre et Paul s’y est installée dans l’église catholique San Sevino. Le soir du 16 octobre Mgr Innocent a dit un office d’action de grâces à l’occasion de l’inauguration de cette nouvelle paroisse.

Le 17 octobre Mgr Innocent a dit la divine liturgie dans la chapelle Sainte Catherine de la ville d’Imola. Lui concélébraient des prêtres moldaves affectés dans diverses paroisses d’Italie. Mgr Tomas Garelli, évêque catholique d’Imola, M.Georges Mounteanu, consul général de Moldavie à Bologne assistaient à l’office. Des vêpres ont eu lieu le soir du même jour à Bologne dans l’église Saint Basile le Grand.

Le 18 oct. Mgr Innocent a béni l’église de la Protection de la Mère de Dieu à Ravenne. C’est une ancienne paroisse catholique dont le patriarcat de Moscou a fait l’acquisition, cela grâce aux efforts du recteur de la paroisse l’archimandrite Marc (Davitti). L’archimandrite est l’un des plus anciens prêtres orthodoxes d’Italie. Il a été ordonné presbytre en 1970. Ce prêtre appartient à une ancienne lignée florentine qui est mentionnée dans les chroniques de Florence de 1280. Au cours de cette liturgie le diacre Serge Averine a été ordonné prêtre. Plus de 250 fidèles s’étaient réunis pour assister à l’office.

Rédigé par l'équipe rédaction le 22 Octobre 2009 à 12:20 | 0 commentaire | Permalien

La police chypriote a annoncé mardi avoir arrêté six personnes, dont deux moines orthodoxes, qui manifestaient contre une conférence prônant le dialogue entre orthodoxes et catholiques. Une centaine d'orthodoxes, dont des moines et des prêtres, ont manifesté le week-end dernier à Paphos (sud-ouest) devant l'hôtel où se réunit la Commission mixte pour le dialogue théologique entre les Eglises catholique et orthodoxe.
L'Eglise de Chypre, orthodoxe, qui accueille cette conférence, avait alors averti les manifestants qu'elle appellerait la police s'ils ne cessaient pas leurs actions. "Malgré les demandes répétées de la police pour qu'ils se retirent pacifiquement, les manifestants n'ont pas écouté", a déclaré à la presse le porte-parole de la police Michalis Katsounotos. Il a en outre annoncé l'ouverture d'une enquête interne, après qu'une télévision eut montré des images d'"un moine en train d'être traîné par les cheveux lors de son arrestation".
L'archevêque Chrysostomos II a menacé d'excommunier les religieux qui protestaient contre la conférence qui se poursuit jusqu'à vendredi.

"Ces religieux et moines qui ont participé aux manifestations vont être punis", a-t-il dit. Les fauteurs de troubles pourraient voir leurs salaires réduits et pourraient se voir interdire de donner ou recevoir la communion pour plusieurs semaines. "S'ils ne sont pas contents, ils peuvent jeter leur soutane et quitter l'Eglise. Et créer leur propre Eglise", a-t-il ajouté.
Cet incident survient alors que le pape Benoît XVI doit effectuer au début du mois de juin 2010 une visite officielle dans l'île méditerranéenne. L'écrasante majorité des chrétiens de Chypre sont orthodoxes, mais l'île compte aussi une petite communauté latine, dont la présence remonte à l'époque des Croisades, ainsi que des Arméniens et des maronites. Le schisme entre les Eglises catholique et orthodoxe remonte à l'an 1054. Certains orthodoxes craignent que le dialogue avec les catholiques ne conduise à l'acceptation de la suprématie du pape sur leur Eglise.

Rédigé par l'équipe de rédaction le 21 Octobre 2009 à 09:26 | 3 commentaires | Permalien

UNE REUNION DE HAUT NIVEAU
Le dialogue théologique entre orthodoxes et catholiques se poursuit

Un communiqué du 19.10. 2009 du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou indique que la nouvelle session plénière de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre les orthodoxes et les catholiques a lieu, comme prévu, du 17 au 23 octobre à Paphos (Chypre). Elle est consacrée au « rôle de l’évêque de Rome dans la communion de l’Eglise au cours du premier millénaire ».

Un document a été préparé par le comité de coordination de la Commission mixte il y a un an et a fait l'objet de remarques critiques de la part de la délégation russe dès avant l'ouverture de cette session. L'Église russe participe en effet à cette session, contrairement à la précédente (cf. notes dédiées), la délégation étant dirigée par Mgr Hilarion de Volokolamsk, président du département des relations extérieures. Les autres Églises orthodoxes participantes sont: Chypre, Constantinople, Alexandrie, Serbie, Roumanie, Géorgie, Grèce, Pologne, Tchéquie et Slovaquie, Jerusalem et Albanie.

Remarque VG: l'Église de Bulgarie ne participe pas; Antioche n'est pas citée, l'Église orthodoxe en Amérique (OCA) n'y a jamais été invitée. L'Église russe a donc obtenu que la juridiction estonienne de Constantinople n'y soit plus représentée.

DES PROBLEMES ENTRE ORTHODOXES

Mais, comme je l'indiquai dans la note citée plus haut, cette réunion suscite l'opposition de certains milieux orthodoxes qui, cette fois, se manifeste publiquement. Ainsi le site religo.ru, citant le journal chypriote "Sandy Mail", rapporte que des moines du monastère de Stavrovuni et des laïcs du diocèse de Larnaca ont manifesté dans la rue leur opposition à la tenue de dialogue et ont exigé de Mgr Chrisostome II, primat de l'Eglise de Chypre, qu'il y mette fin. Les manifestants déclaraient que la prière commune avec les Catholiques était anti-canonique et que le but du dialogue était de soumettre l'Orthodoxie au Vatican… La prière commune, qui devait réunir les délégations orthodoxe et catholique dans la cathédrale Saint-Georges de Paphos, a été annulée à la suite de cette manifestation.

Mgr Chrisostome II a eu des mots très durs pour les manifestants, qu'il a conviés à le rencontrer le lundi 19 octobre: "C'est de l'égoïsme, de l'égoïsme satanique, quand qui que ce soit, clerc ou laïc, met son opinion personnelle au dessus des décisions de toutes les Églises autocéphales orthodoxes… Ces gens doivent se réveiller. Ils doivent descendre sur terre" a-t-il dit dans le discours adressé aux participants de la conférence. A son tour, Mgr Georges, de Paphos a souligné que l'objectif du dialogue est de retrouver les bases de la foi que partageaient Orthodoxes et Catholiques avant le schisme. "Il y a des divergences, des divergences très sérieuses qui ont été accentuées par mille ans de discorde" a-t-il reconnu. "Mais la période actuelle appelle la concorde, quels que soient les outrages que les Églises ont supportés à cause de la haine et de l'hostilité réciproques. Nous comprenons maintenant que nous devons coopérer" (cf.taday.ru)

UNE QUESTION TRES IMPORTANTE

On pourrait se demander s'il est bien opportun de discuter avec les Catholiques du « rôle de l’évêque de Rome dans la communion de l’Eglise au cours du premier millénaire » alors que nous ne parvenons pas à nous mettre d'accord entre Orthodoxes sur le rôle du Patriarche de Constantinople en tant que "primus" (cf. note citée). Pourtant cette question nous concerne très directement comme l'écrit le p. dominicain Hyacinthe Destivelle dans cet extrait de l'article qu'il a consacré à cette question en mai dernier dans orthodoxie.com:

"… la même question /sur le rôle de l’évêque de Rome dans la communion de l’Église entière/ se pose en ce qui concerne le statut des structures ecclésiales établies sur les lieux des sièges historiques de nos Églises séparées, mais se reconnaissant mutuellement comme sœurs dans la succession apostolique. Elle se pose avec une acuité particulière en Europe, depuis que la chute du Mur de Berlin a permis une certaine renaissance catholique dans des pays de tradition orthodoxe ainsi qu’une nouvelle vague d’émigration orthodoxe en Occident : pourquoi ne pas fonder des Églises locales, catholiques là-bas, orthodoxes ici, puisque nous sommes – malheureusement – séparés ? Mais précisément, dans une Europe enfin réunifiée, faut-il prendre son parti de la division des chrétiens et superposer, dans une perspective purement confessionnelle, des Églises parallèles, portant les mêmes titres, revendiquant des même statuts, fonctionnant isolément et parfois concurremment les unes des autres,… ou essayer de laisser ouverte la porte d’un avenir commun en trouvant collégialement des solutions transitoires à une séparation que nous espérons provisoire ? Une fois encore : faut-il aménager la séparation (au risque de l’institutionnaliser), ou préparer l’unité ? La réponse dépend en fin de compte de notre espoir dans une réconciliation des chrétiens.

Ce sont là, nous semble-t-il, des questions d’ecclésiologie qui méritent réflexion, au-delà des susceptibilités ou d’éventuels enjeux de pouvoir. On ne peut donc que se réjouir de la poursuite du dialogue théologique international entre catholiques et orthodoxes. La condition de son succès est évidemment qu’existe une réelle confiance entre les Églises pour éviter toute suspicion d’instrumentalisation du dialogue au profit d’intérêts particuliers, étrangers à sa finalité. Catholiques comme orthodoxes doivent donc résister à la tentation de s’appliquer mutuellement leur ecclésiologie ou leurs problématiques internes.

Le dossier des relations entre catholiques et orthodoxes paraît parfois fort complexe, grevé de blessures cachées, d’enjeux politiques latents, de conflits larvés, de risques, enfin, pour ses acteurs, d’être soupçonnés de parti pris pour ou contre telle ou telle ecclésiologie, pour ou contre tel ou tel patriarcat. En réalité, le seul risque véritable serait que les théologiens intéressés et compétents en ce domaine, et ils ne sont pas si nombreux, se découragent tout à fait, d’autant que d’autres défis apparemment plus urgents se font pressants. La recherche de l’unité se limiterait alors à des visites protocolaires de primats, à des déclarations d’intention, à des rencontres de quelques convaincus. Aussi, tout en prolongeant le «dialogue de la vérité», est-il plus que jamais nécessaire de poursuivre et d’approfondir le «dialogue de la charité» qui, seul, peut nous permettre de nous reconnaître comme frères en Christ, membres de l’Église une, malgré nos pauvres divisions."


Hyacinthe DESTIVELLE, o.p.

Rédigé par Vladimir Golovanow le 20 Octobre 2009 à 21:34 | 4 commentaires | Permalien

Le pape a ouvert mardi la porte de l'Eglise catholique aux anglicans traditionnalistes déçus par leur Eglise, y compris des prêtres mariés, une préfiguration de ce qu'il pourrait offrir aux intégristes catholiques lefebvristes, relèvent les vaticanistes.

Le cardinal William Joseph Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a annoncé à la presse la publication imminente d'une "Constitution apostolique" signée par Benoît XVI. Celle-ci donne un cadre permettant d'accueillir au sein de l'Eglise romaine, dans le respect de certaines de leurs traditions, ces anglicans qui ne se reconnaissent plus dans l'Eglise fondée en 1534 par le roi Henri VIII d'Angleterre.
Ces dissidents dénoncent notamment l'ordination sacerdotale et la consécration de femmes ainsi que les bénédictions de mariages homosexuels. La nouvelle structure permettra l'ordination comme prêtres catholiques d'anciens membres du clergé anglican déjà mariés. Mais l'ordination d'évêques anglicans mariés ne sera en revanche pas possible, a précisé Mgr Levada. Ces nouveaux fidèles auront également une liturgie spéciale, a-t-il relevé. Mgr Levada a chiffré à "20 à 30 évêques et quelques centaines de personnes" les anglicans qui ont souhaité revenir dans le giron de Rome. Cette annonce surprise - la conférence de presse avait été convoquée la veille au soir, un fait inhabituel au Vatican - intervient à quelques jours de l'ouverture du dialogue doctrinal avec les lefebvristes, prévue lundi. Un observateur relève que "le Vatican montre qu'il peut renouer avec des fidèles issus d'un schisme vieux de près de 500 ans et donc, pourquoi pas, à plus forte raison, avec des catholiques qui se sont séparés il y a une vingtaine d'années", en 1988. Mgr Levada a réfuté toute coïncidence entre ces deux événements autre que "temporelle". "Je crois que les coïncidences temporelles n'arrivent pas par hasard", rétorque Sandro Magister, vaticaniste de l'hebdomadaire L'Espresso.
Pour lui, le retour de ces anglicans dans l'Eglise catholique, qui s'effectue avec une "facilité certaine car ils sont déjà en total accord sur le fond et on leur offre des facilités sur la forme", peut servir d'exemple à certains fidèles lefebvristes. "Une grande partie d'entre eux est prête au retour aux conditions proposées par Rome", relève-t-il, soulignant qu'il n'y a que quatre évêques lefebvristes. Marco Politi, vaticaniste du quotidien La Repubblica, estime de façon plus directe que la structure spécifique "est une indication de la voie" qui pourrait être proposée aux lefebvristes. "On a une structure juridique qui peut fonctionner avec les anglicans, les lefebvristes ou d'autres" comme par exemple, à l'avenir, d'autres mouvements protestants ou des orthodoxes.
"On crée des satellites qui ont leur profil de rite et de liturgie et sont rattachés à l'Eglise catholique", affirme-t-il, relevant que dans le passé, Rome avait déjà accueilli, mais à titre individuel, d'anciens prêtres anglicans mariés. Comme les fidèles de la Fraternité Saint Pie X, ces anglicans que Rome reçoit sont opposés à la modernité. "Tous les pas en avant du Vatican sont vers la tradition", souligne Sandro Magister. Même le fait qu'avec eux, Rome accepte des prêtres mariés n'est "pas une libéralisation du mariage des prêtres" puisque ceux-ci sont mariés avant d'être ordonnés prêtres catholiques.

Rédigé par l'équipe rédaction le 20 Octobre 2009 à 20:02 | 1 commentaire | Permalien

Le chœur de l’église de la Dormition à Sainte Geneviève des Bois,
Toutes les informations pour passer une commande sont ICI

Le chœur de l’église de la Dormition à Sainte Geneviève des Bois,
Rue Léo Lagrange
91700 Sainte Geneviève des Bois
Tél : 01 60 15 11 40 Fax : 01 60 15 42 52


Recteur : Son Eminence l'archevêque Gabriel de Comane
Prêtre desservant : Archiprêtre Vassili Sevciuk
Responsable laïc : Mademoiselle Tatiana Chomcheff
Lecteur : Constantin Starynkevitch
Chef de choeur : Hypodiacre Alexis Tchertkoff

Langue principale de célébration : slavon
Calendrier suivi : julien (ancien style)

Rédigé par l'équipe rédaction le 20 Octobre 2009 à 10:57 | 1 commentaire | Permalien

L'Ordre de l'Aigle blanc au père Popieluszko 25 ans après son assassinat
Le président polonais Lech Kaczynski décernera lundi à titre posthume l'Ordre de l'Aigle blanc, la plus haute distinction polonaise à l'aumônier de Solidarité, le père Jerzy Popieluszko, 25 ans après son assassinat par la police politique communiste (SB).

"Le président remettra aujourd'hui l'Ordre de l'Aigle blanc à la famille du père Popieluszko à l'issue d'une messe solennelle célébrée à l'église de Saint Stanislaw Kostka à Zoliborz où officiait le père Popieluszko", a déclaré à l'AFP un conseiller du président Pawel Wypych. Jerzy Popieluszko, assassiné à 37 ans, symbolise aux yeux des Polonais la lutte commune de l'opposition démocratique et de l'Eglise catholique contre un régime totalitaire.
"Nous espérons que la mère du père Popieluszko sera présente et recevra la distinction", a-t-il ajouté. Marianna Popieluszko qui a aujourd'hui 89 ans vient tous les ans le jour anniversaire de son assassinat se recueillir sur la tombe de son fils, enterré près de l'église de Saint Stanislaw Kostka. Dimanche, dans le cadre des commémorations du 25e anniversaire de sa mort une messe a été célébrée au bord du barrage sur la Vistule près de Wloclawek (centre), où son corps avait été jeté. Le père Jerzy a été enlevé par trois officiers de la SB le 19 octobre 1984, après avoir célébré à Bydgoszcz (centre) sa dernière messe. Ses ravisseurs l'ont torturé à mort avant de le jeter dans les eaux de la Vistule, à 120 km au nord de Varsovie.

L'Ordre de l'Aigle blanc au père Popieluszko 25 ans après son assassinat
Identifiés grâce à un chauffeur du prêtre, les trois auteurs directs du meurtre ont été condamnés un an après à des peines allant de 14 à 25 de prison, au terme d'un procès retentissant. Mais les commanditaires véritables n'ont jamais été punis.
Deux généraux des services secrets ont comparu devant la justice, mais ils ont été acquittés, faute de preuves. Selon une des hypothèses, le père Popieluszko aurait été assassiné le 25 octobre, après plusieurs jours d'interrogatoires menés par la SB et les services secrets soviétiques. A Rome, un film du cinéaste polonais Rafal Wieczynski, racontant la vie et la mort du père devait être projeté lundi, notamment en présence de haut représentants du Vatican où se tient son procès en béatification depuis mai 2001. L'année dernière, le pape Benoît XVI a donné son accord à ce que son cas soit étudié selon une procédure accélérée. La cinéaste polonaise Agnieszka Holland, avec l'acteur Christophe Lambert dans le rôle de Jerzy Popieluszko avait peu après l'assassinat tourné en France le film "Le Complot".

Rédigé par l'équipe de rédaction le 19 Octobre 2009 à 17:07 | 3 commentaires | Permalien

Rôle croissant de l’Eglise orthodoxe russe dans le débat public
Moscou, 11 octobre 2009

L’Eglise orthodoxe russe s’est prononcée en septembre contre la mise en place d’une phrase faisant l’éloge de Joseph Staline dans une station de métro de Moscou. Dans le même temps, l’Eglise se retrouve prise dans un débat sur l’héritage d’un général de l’armée soviétique qui a rejoint les nazis pour lutter contre le dictateur soviétique.

Ces deux affaires reflètent la confusion qui règne au sein de la société russe au sujet de cette période de l’histoire du XXe siècle, ainsi que le rôle croissant de l’Eglise orthodoxe russe dans le débat public.

Des usagers du métro se sont montrés ravis en voyant les deux phrases sur Staline, mais des militants des droits de l’homme se sont dit choqués lorsque la station de métro Kourskaïa a rouvert le 25 août après une année de restaurations minutieuses.

Rédigé par l'équipe rédaction le 17 Octobre 2009 à 16:00 | 1 commentaire | Permalien

Père Alexandre Schmemann

Librairie « Les Editeurs Réunis »
le jeudi 22 octobre à 18h 30 et sera consacrée à
la présentation de la traduction française du

"JOURNAL (1973-1983)"
du Père Alexandre Schmemann


paru aux Editions des Syrtes

avec la participation des traducteurs : René Marichal, Anne Davidenkoff, Anne Kichilov, Daniel Struve.
Seront également présentés les homélies et entretiens en langue russe du P.A. Schmemann, parus en livres et en DVD et le recueil de ses articles théologiques et littéraires récemment parus en russe.

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"Journal" d'une grande figure de l'orthodoxie russe dans lequel sont consignées ses joies et ses peines, ses interrogations spirituelles. Compte rendu intime de sa vie, ces écrits évoquent ses souvenirs et ses rencontres, abordent les problèmes de l'Eglise et de la foi, de la hiérarchie ecclésiastique ou encore les événements politiques de cette période.
L'existence de ce journal n'a été révélée qu'après la mort du père Alexandre Schmemann, le 13 décembre 1983, lorsqu'on retrouva huit cahiers de notes dans son bureau du séminaire de Saint-Vladimir, à New York.

En 1973, lorsqu'il entreprend de tenir son journal, Alexandre Schmemann a cinquante-deux ans et est une figure éminente de l'Orthodoxie.


C'est sans doute la multiplicité et l'intensité de ses activités de prédicateur, de pasteur, de pédagogue qui l'incitent à recourir à un journal intime.
Ces cahiers ne se bornent pas à enregistrer les activités quotidiennes du père Alexandre, ils prennent en compte son existence tout entière - ses idées, ses découvertes, ses rencontres (avec Soljenitsyne notamment), ses combats et ses frustrations. Le texte étonne par son ampleur. Le père Alexandre y révèle la diversité de ses champs d'intérêt, comme en témoigne le nombre prodigieux de notes sur des ouvrages littéraires russes, français et améri cains.
Il y parle également de la politique et des idées sociales du moment. Ce matériel passionnant a été édité par sa femme en 2000 en anglais ; sa parution en russe, en 2005, a constitué un événement littéraire. Le Journal est une oeuvre majeure pour l'Orthodoxie, où l'on découvre la profonde foi du père Schmemann et sa haute teneur spirituelle. Il est également un magnifique journal littéraire, dans la meilleure tradition du genre, digne de Paul Léautaud qu'Alexandre Schmemann, homme de haute culture, admirait profondément.

Rédigé par l'équipe de rédaction le 17 Octobre 2009 à 14:45 | 1 commentaire | Permalien

«Tzar», un film de Pavel Lounguine
Avec un tel personnage, Pavel Lounguine se devait d'imposer un souffle imposant à ce moment d'une richesse dramatique intense. Il n'y parvient que par intermittences et passe donc à côté du grand film annoncé.
Nicolas Schiavi

Il a filmé les espoirs et les dérives de la perestroïka, avant de plonger au tréfonds de l'âme russe. Avec Ivan le Terrible, Pavel Lounguine s'attaque à l'un des personnages les plus complexes de l'histoire russe.
Pendant cinq mois, le réalisateur de "Taxi Blues", d'"Un nouveau Russe" et "L'île" a tourné ce film ambitieux, qui retrace la confrontation entre le tsar despotique et le métropolite Philippe, symbole de la conscience éclairée, à Souzdal, au coeur de la Russie éternelle.
"Pour moi, c'est un film sur la contradiction entre le pouvoir absolu et l'idée du Christ, de spiritualité. Il y a là quelque chose de profondément antinomique", explique Pavel Lounguine, dont le film est monté à Moscou en vue d'une sortie au printemps 2009.

Se croyant investi d'une mission divine dans une Russie en proie aux complots et au désordre, Ivan le Terrible (1530-1584) instaura un pouvoir absolu en écrasant, avec une cruauté légendaire, tous ceux qui pouvaient le gêner.
Dans ce climat de terreur, le métropolite Philippe, grand érudit, ami d'Ivan, osa se lever et dénoncer la tyrannie mystique du souverain, malgré la certitude d'une mort brutale. Il finit exilé dans un monastère, où un des hommes de main du tsar l'étouffa dans sa cellule.

"C'est l'histoire d'une amitié trahie, entre deux personnages très shakespeariens, dont l'un est devenu un saint et l'autre un monstre", constate Pavel Lounguine qui rejette toute idée de film politique et tout lien avec la Russie d'aujourd'hui, beaucoup plus "paisible", note-t-il.

«Tzar», un film de Pavel Lounguine
"Philippe, c'est un architecte, un ingénieur, une figure de la Renaissance comme Léonard de Vinci (...) Ivan le Terrible était un tyran, qui pensait vraiment remplacer Dieu sur terre."

Avec la chute de l'URSS, le "monstre" sanguinaire, "l'ennemi du peuple", semble avoir retrouvé une certaine aura, un statut de grand personnage de la Russie, tout comme Staline, certains suggérant même qu'il soit béatifié.

"Je reçois des lettres me demandant d'arrêter le film sur le thème "n'y touche pas avec des mains sales", raconte Pavel Lounguine, qui voit derrière ces menaces un mélange de relents "nationalistes, communistes, monarchistes, avec une légère touche d'orthodoxie réactionnaire".
A travers Ivan le Terrible, le réalisateur poursuit sa quête de spiritualité, qui lui a valu un grand succès en 2007 avec "L'île", un film sur la rédemption à l'esthétique époustouflante, l'histoire d'un marin repenti échoué dans un monastère où il devient une sorte de vieux sage.
"Il me semble que dans la Russie d'aujourd'hui, la question principale qui se pose, c'est celle du sens de la vie", note-t-il, en évoquant la fièvre consumériste qui s'est emparée du pays.
Après 70 ans de trou noir, de la Révolution d'octobre à la chute de l'URSS, une vague de films consacrés à des personnages historiques (Gengis Khan, le prince Vladimir, etc.) commence à émerger.
"Pour comprendre le présent, on se tourne vers le passé. Avant on vivait dans la peur, on survivait. Aujourd'hui on a besoin de se comprendre", esquisse le réalisateur. S’exprimant sur la contemporanéité de son film, Pavel Lounguine déclare : "C’est une métaphore de la Russie tout court. La différence aujourd’hui est que l’exercice du pouvoir ne découle d’aucune idéologie : la raison du plus fort est toujours la meilleure. Cependant Le Tsar rappelle la période stalinienne, il n’y avait alors pas de stratégie de survie possible et on pouvait disparaître sans raison. Aujourd’hui, la situation reste difficile mais le mode d’emploi est clair : respecter les règles permet de conserver la liberté, mais il y aura toujours les règles du pouvoir et celles du peuple."
………………………………………..

"TSAR"
Un film de Pavel Lounguine
Avec Piotr Mamonov, Oleg Iankovski, Youri Kuznetzov
Durée : 1h56

Rédigé par Xenia Krivochéine le 17 Octobre 2009 à 09:21 | 2 commentaires | Permalien

Vers une rencontre entre Moscou et Rome ?

La récente rencontre à Castel Gandolfo pourrait marquer un tournant décisif

ROME, Mercredi 30 septembre 2009 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous une analyse des relations entre catholiques et orthodoxes, que le journaliste américain Robert Moynihan, directeur du mensuel « Inside the Vatican », propose aux lecteurs de ZENIT.

* * *

Parfois il n'y a pas de feux d'artifice. Les tournants peuvent s'opérer dans le silence, passer presque inaperçus.
Il pourrait en être ainsi avec le « Grand Schisme », la plus grave division de toute l'histoire de l'Eglise. La fin du schisme peut venir plus vite, et de façon plus inattendue, que beaucoup peuvent l'imaginer.

Le 18 septembre dernier, à Castel Gandolfo, le palais d'été des papes situé à une quarantaine de kilomètres de Rome, un archevêque orthodoxe russe du nom de Hilarion Alfeyev, 43 ans (un érudit, théologien, spécialiste en liturgie, compositeur et amateur de musique), a rencontré Benoît XVI, 82 ans (lui aussi un érudit, théologien, spécialiste en liturgie et amateur de musique), pendant près de deux heures, selon des sources bien informées. (Pour le moment, il n'y a pas de sources « officielles » sur cette réunion - et le Saint-Siège n'a toujours pas publié de communiqué.)

Ce silence laisse à penser que ce qui s'est passé était important - tellement important peut-être que le Saint-Siège n'estime pas prudent pour le moment de révéler publiquement la teneur de l'entretien.

Mais à en juger par de nombreux « signes », la rencontre a été exceptionnellement harmonieuse.

Si tel est le cas, cette rencontre du 18 septembre pourrait marquer un tournant décisif dans les relations entre la « Troisième Rome » (Moscou) et la « Première Rome » (Rome) - divisées depuis 1054.
Mgr Hilarion était en visite à Rome pendant cinq jours en tant que représentant du nouveau patriarche orthodoxe russe, Kirill de Moscou.

L'archevêque Hilarion a rencontré un personnage-clé, le cardinal Walter Kasper. Le 17 septembre, le cardinal a affirmé sur Radio Vatican que l'entretien avec Mgr Hilarion avait été « très paisible ».

Le cardinal Kasper a également fait une révélation surprenante : qu'il avait suggéré à l'archevêque que les Eglises orthodoxes forment une sorte de « Conférence des évêques au niveau européen » qui constituerait un « partenaire direct de coopération » dans les réunions futures.

Il s'agirait là d'une étape révolutionnaire dans l'organisation des Eglises orthodoxes.

Rencontre entre le pape et le patriarche ?

Le cardinal Kasper a également précisé qu'une rencontre entre le pape et le patriarche n'était pas à l'ordre du jour dans l'immédiat, et que celle-ci n'aura probablement lieu ni à Moscou ni à Rome, mais en terrain « neutre » (la Hongrie, l'Autriche et la Biélorussie sont des possibilités).

Mgr Hilarion lui-même a fourni maints détails sur le déroulement de sa visite à Rome quand il a rencontré dans la soirée du 17 septembre (avant son entretien avec le pape) la communauté de Sant'Egidio, un groupe catholique italien connu pour son action en faveur des pauvres à Rome.

« Nous vivons dans un monde déchristianisé, à une époque que certains définissent, à tort, comme post-chrétienne », a fait observer Mgr Hilarion. « La société contemporaine, avec son matérialisme pratique et son relativisme moral, constitue un défi pour nous tous. L'avenir de l'humanité dépend de notre réponse. Plus que jamais, nous chrétiens, devons être solidaires ».

Un bulletin de presse d'Interfax, l'agence d'information du patriarcat de Moscou, daté du 18 septembre, a révélé que Mgr Hilarion s'était entretenu avec le pape des perspectives de « coopération entre l'Eglise orthodoxe russe et l'Eglise catholique romaine dans le domaine des valeurs morales et de la culture » ; en particulier, il a été prévu d'organiser à Rome au printemps 2010 les « Journées de la culture religieuse russe », un type d'exposition avec des conférences (on pourrait imaginer que le pape en personne assisterait à une telle exposition).

Selon Interfax, le rapport indique que Mgr Hilarion, en souvenir de sa visite, a offert au pape une croix pectorale, fabriquée dans les ateliers de l'Eglise orthodoxe russe.

Un communiqué d'Interfax a fourni des détails sur ce qu'avait dit Mgr Hilarion dans les catacombes de Saint-Callixte.

« Rejetés par le monde, loin du regard des hommes, cachés sous terre dans des grottes, les premiers chrétiens de Rome ont réussi un tour de force, celui de la prière », a rappelé Mgr Hilarion. « Leur vie a porté le fruit de la sainteté et de l'héroïsme du martyre. La Sainte Eglise a été bâtie sur leur sang versé pour le Christ ».

Ensuite, l'Eglise est sortie des catacombes, mais l'unité des chrétiens a été perdue, a déploré l'archevêque.

Selon Mgr Hilarion, le péché de l'homme est la cause de toutes les divisions, et seule la sainteté pourra rétablir l'unité des chrétiens.

« Chacun de nous est appelé, en accomplissant diligemment la tâche qui lui est confiée par l'Eglise, à apporter sa contribution personnelle au trésor de la sainteté chrétienne et à œuvrer pour le rétablissement de l'unité des chrétiens voulue par Dieu », a déclaré l'archevêque.

Un second communiqué d' Interfax a fourni de plus amples renseignements sur la rencontre avec le pape.

Une influence croissante du patriarche Kirill

« Au cours d'un entretien avec le pape Benoît XVI, l'archevêque Hilarion de Volokolamsk a souligné la condition des croyants orthodoxes en Ukraine occidentale où trois diocèses orthodoxes avaient quasiment été détruits à la suite des actions coercitives menées par des Grecs catholiques à la fin des années 1980 et au début de 1990 », a rapporté Interfax.

Selon le communiqué, Mgr Hilarion « a affirmé la nécessité de prendre des mesures concrètes pour améliorer la situation en Ukraine occidentale », à l'intérieur des territoires des diocèses de Lvov, Ternopol et Invano-Frankovsk.

En attendant, en Russie même, l'influence de l'Eglise orthodoxe russe, dirigée par le patriarche Kirill 1er, semble de plus en plus grande, non sans rencontrer une opposition.

La montée en puissance de Kirill I er en Russie et son influence croissante en matière législative semble susciter l'opposition des « siloviki », les forces liées à l'ancien KGB.

Dans un article paru dans l'actuel numéro de Argumenty Nedeli, Andrey Ouglanov reconnaît que l'extraordinaire activité de Kirill a attiré l'attention de ceux qui n'aiment pas voir leurs positions remises en cause, encore moins contestées. Et ceci est devenu le « gros problème » du patriarche Kirill.

D'après Ouglanov, ces « siloviki » ont été choqués par les actions anti-Staline et anti-Bolcheviques" de Kirill, y compris son apparition au monument Solovetski sur la place Loubianka à Moscou, le jour même de l'hommage rendu aux victimes de la répression politique.


Dans ce contexte, la visite d'Hilarion à Rome revêt une importance encore plus grande.

L'Eglise orthodoxe russe est une puissance en Russie, mais elle se heurte à une opposition et a besoin d'alliés.

Ce qui se passe avec la visite de Mgr Hilarion à Rome peut alors avoir des ramifications non seulement pour le dépassement du « Grand Schisme », mais aussi pour l'avenir culturel, religieux et politique de la Russie, et de l'Europe dans son ensemble.

Il est particulièrement significatif, dans ce contexte, que Mgr Hilarion, « ministre des relations extérieures » de Kirill, partage avec Benoît XVI des intérêts profonds : la liturgie et la musique.

« J'avais 15 ans quand je suis entré pour la première fois dans le sanctuaire de l'Eternel, le Saint des Saints de l'Eglise orthodoxe », écrivit jadis Hilarion à propos de la liturgie orthodoxe. « Mais ce n'est qu'après être monté à l'autel que la 'theourgia,' la théurgie ou le mystère, et 'fête de la foi' commença, et elle continue à ce jour.

« Après mon ordination, je compris que mon destin, mon principal appel étaient dans le service de la Divine Liturgie. En fait, tout le reste, comme les sermons, la pastorale et l'érudition théologique, tournait autour du point central de ma vie - la liturgie ».

La liturgie

Ces paroles semblent faire écho à la sensibilité et aux expériences de Benoît XVI, qui a écrit que les liturgies du Samedi Saint et du Dimanche de Pâques en Bavière, quand il était enfant, ont été formatrices pour l'intégralité de son être, et que son écrit sur la liturgie (un de ses ouvrages est intitulé « Das Fest des Glaubens » - la fête de la foi) est à ses yeux le plus important de tous ses essais d'érudition.

« Les divins services orthodoxes constituent un trésor inestimable que nous devons soigneusement conserver », a écrit Hilarion. « J'ai eu l'occasion d'assister à des offices à la fois protestants et catholiques qui, à de rares exceptions près, étaient très décevants ... Depuis la réforme liturgique du Concile Vatican II, les offices dans certaines églises catholiques ne sont guère différents des offices protestants. »

Là encore, ces paroles d' Hilarion semblent faire écho aux préoccupations propres de Benoît XVI. Le pape a clairement fait savoir qu'il souhaite réformer la liturgie de l'Eglise catholique et préserver le contenu de l'ancienne liturgie qui, aujourd'hui, court le risque d'être perdu.

Hilarion a cité, sur un ton approbateur, Saint Jean de Kronstadt. Ce saint orthodoxe a écrit : « l'Eglise et ses divins services sont l'incarnation et la réalisation de toute chose dans le christianisme... C'est la sagesse divine, accessible aux coeurs simples, aimants ».

Ces paroles font écho aux écrits du cardinal Ratzinger, aujourd'hui Benoît XVI, qui disait souvent que la liturgie est une « école » pour les simples chrétiens, communiquant les vérités profondes de la foi, même aux ignorants, à travers ses prières, ses gestes et ses hymnes.

Ces dernières années, Hilarion s'est fait connaître pour ses compositions musicales, en particulier pour Noël et le Vendredi saint, célébrant la naissance et la passion de Jésus Christ. Ces œuvres ont été jouées à Moscou et en Occident, à Rome en mars 2007, et à Washington DC en décembre 2007.

Un rapprochement des relations entre Rome et Moscou pourrait alors avoir de profondes répercussions également sur la vie cultuelle et liturgique de l'Eglise en Occident. On pourrait bien assister à un renouveau de la culture et de l'art chrétiens, comme aussi de la foi.

C'est tout cela qui constituait l'enjeu de la paisible rencontre entre l'archevêque Hilarion et Benoît XV, ce dernier vendredi après-midi, dans le palais qui domine le lac d'Albano.

Traduit de l'anglais par Elisabeth de Lavigne


Rédigé par l'équipe de rédaction le 15 Octobre 2009 à 19:26 | 1 commentaire | Permalien

Une nouvelle querelle orthodoxe autour de l'œcuménisme et du "document de Ravenne"
Nous avons signalé dans plusieurs notes tous les signes qui inclinent à l'optimisme et montrent que la marche vers l'unité dans l'Orthodoxie est en bonne voie. Oui, il semblait possible d'envisager la fin des divisions nées depuis plus d'un siècle, et surtout à la suite des tragédies du XXe. Mais voilà qu'une nouvelle division nous menace par suite de la grande maladresse de quelques théologiens qui ne sentent pas les convictions profondes du "Peuple orthodoxe", pourtant seul détenteur de la Vérité. Il s'agit de l'opposition au "document de Ravenne" qui semble se transformer en un grand mouvement anti-œcuménique.

Une naissance aux forceps

Je ne vais pas revenir en détail sur le "document de Ravenne" en lui-même: JF Colosimo lui a consacré un "Bloc note" très détaillé et orthodoxie.com en a publié le texte en français. Mais voici quelques points essentiels à la compréhension de la situation:
* Ce texte a été discuté et approuvé par les membres de la « Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe » lors de la dixième session plénière de la Commission à Ravenne (8–15 octobre 2007), sans l’Eglise orthodoxe russe, dont la délégation avait quitté la rencontre à cause de la présence des représentants de l’Eglise apostolique d’Estonie. La validité du texte était déjà posée…

* Il traite de la primauté dans l'Église au 1er millénaire, avant le schisme et détermine le sens de cette primauté au sein de la tradition indivise du premier millénaire; les deux délégations (catholique et orthodoxe) « concordent sur le fait que Rome, en tant qu'Église qui "préside à la charité" occupait « la première place » dans l'ordre canonique (par 41). Le document ne traite pas des privilèges du Pape mais fixe la procédure à venir pour en discuter, et commente ainsi l’activité conciliaire de l’Occident et de l’Orient chrétiens après le schisme : « les deux Églises continuaient à convoquer des conciles dans les moments de crise grave. À ces conciles participaient les évêques des Églises locales qui se trouvaient en communion avec le siège de Rome, et de façon similaire, même si cela était compris d'une manière différente, les évêques des Églises locales qui se trouvaient en communion avec le siège de Constantinople » (par.39)/VG: c'est moi qui fais ressortir/.

* Il a été accueilli avec satisfaction par l'Église Catholique, qui y voit un texte de référence sur une compréhension de la primauté commune aux orthodoxes et aux catholiques, mais dés le début il a provoqué des remous dans l'Église Orthodoxe: l'Eglise russe et la Sainte-Communauté du Mont-Athos l'ont rejeté d'entrée et aucune Église ne l'a accepté à ma connaissance.

Où est le problème?

Ce texte donne lieu à des commentaires diamétralement opposés chez les Orthodoxes:

* Pour les uns (essentiellement Constantinople, les autres Églises étant restées silencieuses…) les résultats de la session étaient «définitivement positifs», en ce que «pour la première fois, le terme primus a été utilisé dans le sens qu’il avait dans le tradition du premier millénaire, toujours dans un contexte synodal» a dit le métropolite Jean (Zizioulas) de Pergame, coprésident de la commission pour la partie orthodoxe
* Pour les autres (essentiellement l'Eglise russe au départ) le document établi un parallèle entre la « communion avec Rome » en Occident et la « communion avec Constantinople » en Orient comme condition et/ou critère d’ecclésialité, de catholicité, de conciliarité alors que « le critère de catholicité dans l'Église orthodoxe a toujours consisté dans la communion eucharistique et canonique des Églises locales entre elles, et non pas dans la seule communion avec le siège de Constantinople » proclame Mgr Hilarion (Alfeev), de Volokolamsk, chef de la délégation russe à Ravenne.

Notons que la question était posée, en fait, dès la session précédente de la Commission mixte en 2006, à Budapest: Mgr Alfeev avait déjà refusé le texte du document de travail et le comité de rédaction avait proposé, en février 2007, une formulation acceptable pour Moscou qui ne mentionnait plus la « communion avec le siège de Constantinople ». Le retrait de la délégation russe a donc permis de revenir à la première mouture dans le document final. On pouvait alors penser que l'Église russe se trouvait isolée dans son opposition…

Orage et amalgame

Mais la dispute tourne à l'orage et divise toute l'Orthoxie: comme l'écrit orthodoxie.com une «Confession de foi contre l’œcuménisme» est proposée à la signature des fidèles orthodoxes depuis le mois d’avril 2009, notamment sur plusieurs sites Internet. Ce document constitue une charge violente contre toute forme de dialogue interconfessionnel, amalgamé avec l'œcuménisme qui "est le nom commun pour les pseudo-Églises de l’Europe occidentale (…) Leur nom commun est en fait «panhérésie»". Il condamne "ceux qui se meuvent dans cette irresponsabilité œcuméniste, quelle que soit leur place dans l’organisme ecclésial, se trouvent en contradiction avec la tradition de nos saints et par voie de conséquence en opposition avec eux. Et conclu "C’est pour cette raison que leur attitude doit être condamnée et rejetée par l’ensemble des hiérarques et du peuple fidèle."

Des textes de ce type circulent depuis longtemps parmi les groupes extrémistes non canoniques (habituellement qualifiés de «zélotes», au premier rang desquels se trouvent les «vieux-calendaristes») mais, fait nouveau, la "Confessons" est cette fois promue et approuvée par des personnalités connues et des fidèles rattachés canoniquement à l’Église orthodoxe, et en premier lieu l'Église de Grèce. Elle a recueilli à ce jour 8600 signatures, dont une liste impressionnante de métropolites et évêques grecs, serbe et bulgare, d'higoumènes du Mont-Athos et d’importants monastères de Grèce, de Chypre, de Serbie et des États-Unis, de professeurs de facultés de théologie et de clercs, moines et moniales de Grèce, du Mont-Athos, de Serbie, de Roumanie, de Palestine et de divers autres pays. La Sainte-Communauté du Mont-Athos, plusieurs métropolites, et un professeur de dogmatique de l’Université Aristote de Thessalonique ont publié des déclarations indépendantes allant dans le même sens. Cette réaction a pris suffisamment d’ampleur pour inquiéter le patriarche de Constantinople Bartholomée et son adjoint en matière de politique extérieure (qui est le principal artisan de la politique de rapprochement avec Rome et le président de la Commission internationale mixte de dialogue du côté orthodoxe), le métropolite Jean de Pergame, qui ont tous deux publié des déclarations où est clairement évoqué un risque de schisme au sein de l’Église orthodoxe.

Mais personnellement il me semble que, si risque de schisme il y a, c'est entre un petit groupe qualifié dans la "Confession" de "hiérarques et théologiens œcuménistes", et la grande masse des fidèles et clercs de terrain, dont l'Église russe est un bon exemple; de plus, bien que le "document de Ravenne" ne soit pas cité dans la "Confession", il est visiblement la source de cette explosion: il suffit de visiter les blogs qui proposent la "Confession" et, dans sa lettre adressée«à tous les métropolites de l’Église d’Hellade au sujet de la Confession de foi contre l’œcuménisme», le métropolite de Pergame Jean (Zizioulas) le confirme: "un confrère, professeur de théologie, connu pour son inimitié envers ma personne, a rendu visite à un hiérarque de l’Église d’Hellade et lui a déclaré qu’il savait avec certitude (!) que l’union avait déjà été décidée (à Ravenne !) et que sa proclamation n’était qu’une question de temps!!!" (/VG: les point d'exclamation sont dans le texte/.
Ce passage illustre bien toutes les confusions que provoque le document de Ravenne et il apparaît donc que, en refusant le texte poussé par Constantinople, Mgr Hilarion représentait bien plus que l'Église Russe; il était en fait le messager d'un mouvement de fond de toute l'Orthodoxie, alors que les délégués des autres Église semblent avoir perdu le contact avec leur troupeau qui les désavoue. Le problème c'est que, maintenant, le rejet de ce document, maladroitement imposé à Ravenne, provoque une réaction incontrôlable qui risque de balayer et réduire à néant tous les efforts de dialogue et de rapprochement entrepris depuis prés d'un siècle. Déjà la prochaine session de la Commission mixte, prévue à Chypre du 16 au 23 octobre 2009, est remise en question, l'Église de Bulgarie ayant fait savoir qu'elle ne participera pas et la position de Moscou n'étant pas connue.

Je reprends pour conclure la conclusion du "Bloc-note" de JF. Colosimo mentionné plus haut, plus actuel que jamais: "comment une entreprise œcuménique finit-elle par déboucher sur une fracture intra-confessionnelle ? Nul doute qu’il y a là un mystère à méditer. Mais s’étonnera-t-on que, in fine, le Saint–Esprit se révèle une fois de plus le champion de l’antisystème ?"

Rédigé par Vladimir Golovanow le 15 Octobre 2009 à 18:50 | 139 commentaires | Permalien

Le Métochion Saint Serge à Jérusalem
Monsieur Serge Stépachine qui est à la tête de la Société Palestinienne Impériale et Président de la Cour des comptes de la Fédération de Russie a exprimé sa gratitude au gouvernement de l’Etat d’Israël pour la restitution à la Russie du métochion Saint Serge à Jérusalem. Le métochion deviendra après des travaux de réfection l’un des plus beaux édifices de la ville, a-t-il dit. M.Stépachine a exprimé l’espoir de voir les actuels locataires de l’édifice libérer les lieux au plus vite. C’est le 28 décembre dernier que le gouvernement de Tel-Aviv a pris la décision de remettre le bâtiment du métochion la Russie. C’est en l’honneur du grand duc Serge Romanov, gouverneur général de Moscou et premier président de la Société russe des études palestiniennes que le métochion a été nommé.

Rédigé par l'équipe rédaction le 14 Octobre 2009 à 21:12 | 0 commentaire | Permalien

Eglise de la Dormition à Sainte Geneviève des Bois
PHOTOGRAPHIES JUBILE

SAMEDI 10 OCTOBRE 2009
Аlbums photos du jubilé sont disponibles à cette adresse [

Rédigé par l'équipe rédaction le 14 Octobre 2009 à 21:03 | 0 commentaire | Permalien

Sainte-Geneviève-des-Bois
70e anniversaire de la consécration de l’église de la Dormition de la Mère de Dieu à Sainte-Geneviève-des-Bois

CHERS AMIS

Vous avez raison de souligner que notre situation, ici en Europe occidentale, est bien différente de celle qui s’est formée en Ukraine. Nous en avons eu la preuve éclatante dimanche à Sainte Geneviève des Bois.

Mgr Gabriel de Comane, exarque du Patriarche de Constantinople, ayant à sa droite Mgr Innocent de Chersonèse du Patriarcat de Moscou et à sa gauche Mgr Michel de Genève de l’Eglise orthodoxe russe hors frontières bien voulu accueillir dans la petite église de l’Assomption de la Très Sainte Mère de Dieu les fidèles des trois juridictions russe de France.

Comme je l’ai promis , je vais m’efforcer de vous faire le récit de cette journée complètement extraordinaire. L’église est elle-même un lieu miraculeux où reposent les différents évêques de l’archevêché. Nous avons pu descendre dans la crypte et nous recueillir un instant devant les pierres tombales de ceux qui ont donné leur vie au service du troupeau orthodoxe disséminé sur les terres d’occident. La présence de ces grands pasteurs est bien tangible, et ils étaient sans aucun doute parmi nous durant la glorieuse liturgie célébrée par trois prélats en témoignage de l’unité de notre religion orthodoxe.

Dans la chapelle du haut, un joyau de fresques claires obscures chante la Résurrection. Sous le regard des Séraphins aux six ailes l’admirable chœur de la paroisse, dirigé par Alexis Tchertkoff à répondu aux voix masculines d’un chœur venu de Russie. Toute la magnificence de la liturgie russe portée par ces voix puissantes, ou angéliques, s’est envolée avec ferveur vers le ciel. Les visages des trois évêques rayonnaient. Il me semble bien que, pour la première fois de leur plein gré, ils ont voulu témoigner de leur volonté de fraternité. Et après toutes les querelles, qui ont si durement divisé l’émigration russe, nous pouvons mesurer la vacuité des divergences politiques, qui, quatre vingt années plus tard, sont bel et bien tombées en désuétude. De nombreux paroissiens de Meudon de l’EORHF étaient parmi nous. Car ce sont nos morts qui aujourd’hui nous rassemblent. Nous avons voulu honorer nos parents, ces exilés tragiques qui ont semé sur le sol de France et d’Occident la semence de la Foi orthodoxe.

Ce dimanche 11 octobre marque le soixante-dixième anniversaire de la création du cimetière russe de Sainte Geneviève des Bois. L’importance de cet évènement n’a échappé à personne car la municipalité a voulu marquer par la présence de son maire et d’un premier adjoint la solennité de cette date. Deux prêtres catholiques, délégués par leur évêque diocésain étaient aussi parmi nous.

Sainte-Geneviève-des-Bois
Sous la fresque glorieuse de la Résurrection du Christ, nous nous sommes pressés nombreux pour communier au très Saint Corps et au très Saint Sang du Christ.

Une procession nous a ensuite emmenés parmi les tombes du cimetière. A nouveau la présence des défunts est devenue tangible. Leur foule silencieuse était bien parmi nous, cheminant à nos côtés et nous accompagnant de leur prière. Je veux croire qu’ils se réjouissent en voyant leurs enfants fidèles à leur héritage. La souffrance de nos pères n’a pas été inutile puisque la religion orthodoxe a pris racine en Occident. Aujourd’hui c’est un archevêque occidental qui mène le troupeau de l’archevêché et qui témoigne chaque jour de la catholicité de notre foi. Mgr Gabriel de Comane a voulu marquer de façon festive la joie de cette célébration et c’est avec un buffet particulièrement somptueux que s’est terminée cette journée

Puisse le Seigneur bénir l’archevêque Gabriel et lui permettre de conduire son troupeau sur un chemin d’amour envers les autres juridictions russes présentes en Occident. Puisse cet amour nous conduire tous sur le chemin de l’unité des juridictions russes dans la grande métropole proposée par le patriarche Alexis II de bienheureuse mémoire.

Ainsi, dans l’unité, nous témoignerons avec plus de force encore la catholicité de notre Orthodoxie.

Marie Genko

Rédigé par Marie Genko le 12 Octobre 2009 à 14:43 | 8 commentaires | Permalien

Commémoration du 80 anniversaire de la naissance du métropolite Nicodème
Les enfants spirituels du métropolite Nicodème (Rotov) dont le patriarche Cyrille I commémorent le 12 octobre à Saint Pétersbourg le quatre vingtième anniversaire de sa naissance.

Voici le texte d’une allocution du patriarche Cyrille ("Messager de l’Eglise Orthodoxe Russe" N°11, 2009) Ce numéro 11 est consacré au métropolite Nicodème (Rotov) de Leningrad et Novgorod, une des personnalités majeures de l'Église orthodoxe au XXe siècle.

Allocution du métropolite Cyrille de Smolensk et de Kaliningrad à la conférence consacrée au trentième anniversaire du décès du métropolite Nicodème (Rotov) de Leningrad et de Novgorod

Nous commémorons aujourd’hui le trentième anniversaire du rappel à Dieu de Monseigneur Nicodème (Rotov), éminent hiérarque de notre Eglise. Son action continue de nos jours à déterminer dans une grande mesure la vie de notre Eglise, nous sommes nombreux à garder dans nos cœurs le souvenir de cette éminente personnalité.

La vie terrestre du métropolite défunt était avant tout une floraison d’idées hardies et profondes, de vastes projets, d’immenses travaux à la mesure de ces projets. Une vie d’une très grande intensité et, malheureusement, trop brève. Mgr Nicodème, comme s’il avait eu le pressentiment de la brièveté de son séjour en ce monde, comme s’il savait que le temps qui lui était imparti n’était pas suffisant pour réaliser tout ce à quoi il aspirait voulait hâter le cours des évènements. Il aimait répéter la phrase du généralissime Souvorov : « Il me faut combattre, à l’histoire de me juger ». Mgr Nicodème a été un guerrier sage, puissant et tenace de l’Eglise du Christ. Les trente ans qui se sont écoulés depuis qu’il nous a quitté sont amplement suffisants pour que nous puissions évaluer sa personnalité sub specie aeternitatis.

Il peut, à première vue, nous paraître paradoxal que c’est sur les années soixante du dernier siècle, période de persécutions administratives cruelles contre l’orthodoxie russe, que tombe la période la plus intense du service pastoral et ecclésialo-politique de Mgr Nicodème. En effet, ce n’était plus l’époque féroce quand, et il en a été ainsi au cours de plusieurs décennies, en réponse aux ordres cannibales de Lénine, des télégrammes étaient envoyés au Kremlin disant : « La ville de Kazan est nettoyée. Il n’y reste plus un seul pope, pas un seul moine, aucun bourgeois. Personne à fusiller ».

Or, les années soixante du XXe siècle, considérées comme « végétariennes », bien que Khrouchtchev avait alors promis de montrer « le dernier pope du pays » à la télévision, ont été pour l’orthodoxie russe une terrible épreuve. Jamais dans l’histoire russe, même à ses pires époques, les ennemis du Christ, n’ont levé la main sur l’existence institutionnelle de l’Eglise Russe en tant que telle. Ni la Horde d’Or (les occupants tatars au Moyen Age), ni le III Reich ne s’étaient fixés de tels buts. Le régime déicide a été le seul à formuler et commencer à mettre en œuvre cet objectif.

Il va de soi que Nikita Khrouchtchev n’était pas féru des écrits de Saint Justinien. Il y est dit « Le bien-être de l’Eglise, c’est la solidité de l’Empire ». Mais Mgr Nicodème, homme d’Eglise et patriote russe, était parfaitement conscient du bien fondé de ces paroles.
Aussi, la tâche de sauvegarder l’Eglise institutionnelle pour le bien de la Russie future était aux yeux de Mgr Nicodème primordiale et vitale. Il était en cela en harmonie avec notre contemporain Alexandre Soljenitsyne qui estimait que l’idée nationale russe essentielle et l’impératif de notre survie commune consistent en premier lieu à sauvegarder physiquement et moralement notre peuple.

Commémoration du 80 anniversaire de la naissance du métropolite Nicodème
Servir fidèlement son pays dont l’âme profonde avait été mutilée par l’idéologie communiste et l’oppression totalitaire jusqu’à en devenir méconnaissable et d’une manière qui pouvait paraître irréversible, consacrer toutes ses forces, toutes ses aptitudes à sauver l’Orthodoxie russe d’un anéantissement définitif, ces deux objectifs qui pouvaient sembler s’exclure l’un l’autre n’étaient à la mesure que d’une personnalité comme celle du métropolite Nicodème - esprit éminent, cœur sensible, appelé par la Providence à servir l’Eglise qui se trouvait en danger mortel. Monseigneur Nicodème a su trouver l’unique solution possible de cette équation dont la difficulté équivalait à celle de la quadrature du cercle. Voila pourquoi son nom restera inscrit à jamais dans l’histoire de l’Eglise et celle de la Russie.
Les arts martiaux orientaux nous apprennent que la victoire n’est envisageable que si l’on réussit à retourner contre l’attaquant les forces dont il dispose, aussi plus l’adversaire est fort, plus sûrement il sera défait par celui qui a réussi à maîtriser cette subtile technique de combat. Le métropolite Nicodème a été dans notre histoire moderne celui qui a réussi à terrasser le Goliath déicide en faisant sortir l’Eglise asservie et semble-t-il condamnée de son enfermement dans les frontières de sa cruelle patrie soviétique. Il lui a offert les vastes espaces internationaux de la « lutte pour la paix » et ceux de l’œcuménisme. L’Etat soviétique poursuivait à des fins de propagande des buts similaires. Puisqu’il était impensable de conduire le dialogue interconfessionnel si l’Eglise elle même était frappée d’interdit les autorités décidèrent qu’il était dans leurs intérêts d’ajourner sa mise à mort définitive jusqu’à une période encore plus défavorable pour l’Orthodoxie.Grâce à Dieu cette période ne vint pas.
S’étant approprié ce levier d’Archimède le métropolite Nicodème qui se considérait lui-même comme « un chrétien réaliste » a su obtenir pour l’Eglise des conditions d’existence plus ou moins normales et ceci malgré un climat politique qui lui était moins que propice. La mise en place et le maintien de tout un réseau de relations fraternelles avec l’oecumenia chrétienne a permis, nous l’avons vu, le maintien en vie de l’Eglise Russe. Les autorités locales manifestent-elles l’intention de fermer un monastère, une paroisse ? Veulent-elles raser une vieille église ? Elles interdisent les processions pascales ? L’Académie de Théologie de Leningrad et son séminaire sont menacés de disparition ? En réponse le métropolite Nicodème inclut dans le programme du séjour d’une délégation ecclésiale étrangère la visite de ces entités menacées. Afin de sauver le séminaire il y organise une faculté pour les étudiants étrangers : à contrecœur le pouvoir soviétique l’opinion internationale renonce provisoirement à ses projets dirigés contre l’Eglise pour plaire à l’opinion internationale. Avec le temps les fonctionnaires soviétique sont forcé de constater, à leur propre stupéfaction, que l’Eglise persécutée a mystérieusement échappé aux geôles qui lui étaient préparées, qu’il faut désormais compter avec elle et tenir compte des nouvelles possibilités que l’Eglise a su imperceptiblement s’aménager.
Le succès sans doute la plus marquant de ce grand prélat dans la résistance tenace qu’il opposait à l’immense puissance des esprits du mal a été son programme de rénovation du corps épiscopal. Il y avait à l’époque fort peu d’évêques, ils étaient tous très âgés. Pour des raisons naturelles d’une part, regrettables de l’autre leur nombre se réduisait constamment. Invoquant la nécessité de former des jeunes spécialistes afin que l’Eglise Russe puisse être plus active dans le combat international pour la paix et le mouvement œcuménique Mgr Nicodème réussit à extirper l’accord des autorités laïques à l’ordination épiscopale d’un nombreux groupe de jeunes moines choisis parmi ceux qui lui étaient fidèles.

Tel un grand capitaine faisant face à la nécessité de prendre des décisions d’ordre stratégique il a réussi à lancer dans le combat spirituel pour l’avenir de l’Eglise, et donc de la Russie, des forces fraîches puisées dans ses réserves personnelles. Aujourd’hui ses disciples, ses enfants spirituels, ses compagnons constituent le noyau actif, intellectuellement dynamique de notre Eglise. Il suffit de dire que le premier évêque à avoir été sacré par le défunt métropolite a été le jeune archimandrite Alexis (Riddiger), il fut nommé à la chaire de Tallin et d’Estonie. C’est maintenant Sa Sainteté Alexis II, patriarche de Moscou et de la Russie.

Fidèle à la cause de l’unité des chrétiens, Mgr Nicodème puisait spirituellement et intellectuellement à la théologie patristique. Cette théologie avait l’immense mérite de « s’être développée sans se détacher de la Tradition Apostolique, de se fonder sur la Révélation Divine et donnait une réponse pertinente aux questions que la vie venait poser devant nous ». Il existe cependant des milieux en marge de l’Eglise qui s’emploient à faire de la radieuse mémoire de Mgr Nicodème un objet de controverse. Ces personnes s’emploient à reprocher à ce grand homme d’Eglise sa participation au mouvement œcuménique, à la lutte pour la paix alors que c’est précisément cette participation qui, dans une conjecture historique extrêmement dangereuse pour l’existence même de notre Eglise, a été pour nous une ancre de salut. Laissons de coté ces critiques au verbe fort : ils ne connaissent pas ou ne comprennent ni l’histoire de l’Eglise dont le bien leur tient soit disant à cœur, ni l’histoire du pays dont ils se font passer pour de fidèles patriotes. Je suis convaincu que les auteurs de ces allégations n’ont pas, à la différence du métropolite Nicodème, accompli dans leur vie d’exploit pour le bien de l’Eglise et de la Patrie.

Winston Churchill à dit qu’il n’avait pas la moindre intention de présider à la liquidation de l’Empire Britannique ! A ceux qui noircissent le nom de Mgr Nicodème alors qu’il se trouve outre-tombe, à ceux qui sont les otages volontaires de notions abstraites et de schémas irréels nous pouvons répondre que l’unique faute du défunt a consisté à ne pas accepter le rôle qui lui était proposé, celui de « fossoyeur vertueux » de son Eglise ; Mgr Nicodème s’est engagé dans la voie d’une défense inventive et novatrice de l’Eglise, et il a abouti.

Si ce n’étaient l’étonnante faculté de pressentir l’avenir, l’immense intuition spirituelle, le dévouement plein d’abnégation au service de l’Eglise de ce serviteur de Dieu il est tout à fait envisageable que les derniers orthodoxes du pays auraient célébré le millénaire du baptême de la Russie terrés dans de nouvelles catacombes. Il est possible qu’à l’ère de la « perestroïka » gorbatchévienne et du tout permis sous Eltsine il ne se serait trouvé personne pour faire face à l’invasion des missionnaires étrangers dans l’ancienne Sainte Russie.

Oui, bien sûr, le providentiel triomphe stratégique dans le combat invisible que livrait le métropolite Nicodème était parfois obtenu au prix de compromis tactiques. Oui, l’Eglise était tenue de suivre des règles du jeu artificielles et imposées.

Bref, il s’agissait de l’art du possible. Mais personne, jamais, n’a pu reprocher à Mgr Nicodème d’avoir abjuré la foi ou d’avoir ignoré les intérêts de l’Orthodoxie Russe ou d’avoir refusé de témoigner de la vérité face au monde hétérodoxe, d’avoir fait preuve d’un conformise veule dans ses rapports avec le pouvoir.

Tout ceci était évident aux yeux du professeur A.Kartachov (Paris), historien et critique conséquent de la situation de l’Eglise en URSS. Il écrivait : « Un chrétien ne peut accepter toutes les imperfections de l’Etat que dans l’esprit de la mise en œuvre du « Royaume de Dieu et de sa justice » (Mt 6-33), tout en ressentant profondément le péché et l’imperfection de ces efforts sur terre ».

Nous pouvons supposer que l’exceptionnel talent ecclésial de Mgr Nicodème avait pour moteur ce désir inassouvissable d’incarner dans sa mission « la justice du Royaume de Dieu » allié à une conscience profonde de l’imperfection et du péché inhérent à l’effort humain.

Mgr Nicodème était un homme d’Eglise et, par conséquent un homme appartenant au monde dans l’acceptation universelle de ce mot. A l’instar de Martin Luther King il aurait pu s’exclamer : « J’ai un rêve ». Ce rêve était celui de la puissante unité de tous ceux qui suivent le Christ et de la reconstitution de l’oecumenia chrétienne fondée sur les Écritures et la Tradition de l’ancienne Eglise non divisée des temps apostoliques. On ne saurait le tenir responsable de ce que ce grand idéal soit resté irréalisable, terni par le péché et la division qui frappent la communauté humaine. Mgr Nicodème disait : « Il suffit de peu pour introduire la division mais des efforts en vérité héroïques sont indispensables pour surmonter la division et, de surcroît, une aide Divine toute particulière ».

Le métropolite Nicodème oeuvrait dans ce sens d’une façon permanente. Il aspirait à l’unité panorthodoxe et, plus loin, à celle de tous les chrétiens. Mgr Nicodème bénéficiait manifestement dans ces efforts du soutien de Dieu. Les contradicteurs modernes de Mgr Nicodème ne se souviennent sans doute pas qu’il avait été à la source du processus qui a permis de panser les plaies du schisme tragique dont souffrait l’orthodoxie russe. C’est à son initiative que le Concile de 1971 a décidé de lever les anathèmes prononcés à l’égard des anciens rites et aux chrétiens orthodoxes qui respectaient ces rites par le Concile de Moscou de 1656 et du grand concile de Moscou de 1667. Mgr Nicodème se prononça pour la reconnaissance des anciens rites en tant qu’ayant la même portée sotériologique que les rites nouveaux et étant de la même valeur.

La tradition de la présence de moines russes dans les cloîtres du Saint Mont Athos était en presque totale déperdition. Mgr Nicodème fit personnellement de son mieux pour que cette tradition renaisse. C’est dans une grande part grâce à la persévérance du défunt métropolite que l’Eglise Orthodoxe d’Amérique se vit conférer l’autocéphalie alors que l’Eglise Orthodoxe du Japon devenait autonome.

En tant que Président du Service des Relations Extérieures du patriarcat de Moscou a su, béni en cela par le Saint Synode et le patriarche, jeter les fondement d’un dialogue théologique bilatéral avec l’Eglise Évangélique d’Allemagne (RFA), l’Union des Églises Évangéliques (RDA), l’Eglise Évangélique Luthérienne de Finlande, les Églises anglicanes, l’Eglise Catholique Romaine. Mgr Nicodème conduisait les délégations de l’Eglise Orthodoxe Russe aux III, IV et V èmes Assemblées du Conseil Œcuménique des Églises.

Homme de paix, ce grand prélat était avant tout un homme d’Eglise. Dans l’homélie prononcée au repas funéraire le jour de l’inhumation de Monseigneur Nicodème, métropolite de Leningrad et de Novgorod, Sa Sainteté le patriarche Pimène a dit : « Le prélat rappelé à Dieu était en premier lieu un bon pasteur de l’Eglise du Christ, toute sa vie a été un vie de labeur inlassable, de prières pour le salut éternel du troupeau qui lui avait été confié par la Providence Divine ». Le primat de l’Eglise Russe a évoqué le deuil et la tristesse des croyants, ceux de Leningrad et de Novgorod en premier.

Ces paroles étaient profondément authentiques car la mission pastorale était la véritable vocation du défunt métropolite. Cette vocation s’était clairement manifestée dans les paroisses qu’il desservait en tant que prêtre, dans les diocèses dont il était l’évêque ainsi que dans ses vastes activités internationales. Les proches du métropolite savaient à quel point il était attaché au bon ordonnancement, à l’harmonie des offices, que sa foi était pure et simple au point d’en paraître parfois semblable à celle des enfants. Il lui arrivait de venir chanter dans le chœur, et il le faisait avec plaisir et de lire les cathismes. Il élaborait en slavon d’église et ceci avec une facilité surprenante aux yeux des contemporains des textes d’acathiste aux saints nouvellement canonisés ainsi que des tropaires, des kondaks et des hymnes à la gloire des saints.

Le métropolite Nicodème a visité à plusieurs reprises chacune des paroisses de ses diocèses. Il en connaissait tous les clercs de visage comme de nom. Il disait quotidiennement la liturgie, ne refusait jamais de procéder à des baptêmes, il donnait l’absolution à ceux qui apportaient leur repentir, il s’entretenait jusqu’à tard dans la nuit avec tous ceux qui avaient besoin de ses conseils et de son soutien. Il trouvait des solutions aux conflits, dissipait les malentendus entre les personnes… Les archives de la métropole de Leningrad attestent de ce que chaque année le métropolite Nicodème étudiait des milliers de dossiers qui requéraient sa signature. Le métropolite Nicodème vivait et oeuvrait avec les fidèles de son troupeau en plein accord avec une règle qu’il avait lui-même formulé : « Les semailles du grain évangélique ne donneront des récoltes abondantes que lorsque le prédicateur offre le bon exemple d’une vie dans le Christ ».Il m’arrive parfois d’entendre que des ennemis cachés et manifestes de notre Eglise qui n’ont pas la force d’âme suffisante pour pardonner au métropolite Nicodème ses dons brillants et la manière dont il a fidèlement servi l’orthodoxie russe calomnient systématiquement sa mémoire le traitant injurieusement de «crypto-catholique et d’ oecuméniste ». J’ai le souvenir très fort de ce que mon défunt maître a, en effet, officié deux liturgies clandestines car j’en ai été le témoin.

La première s’est tenue près d’un mur du camp de concentration des îles Solovki, mur criblé de balles car il servait aux exécutions. L’archipel est maintenant considéré comme le « Golgotha de la Russie ». La deuxième liturgie « clandestine » avait été célébrée dans l’île monastère de Valaam, dans l’église du cimetière que les blasphémateurs avaient réduite en ruines et souillée. Le métropolite était convaincu de la nécessité absolue de ces liturgies. C’était à ses yeux un besoin spirituel et un devoir incontournable. Il faut rappeler que nous étions alors à l’époque de la « stagnation » la plus obtuse, la plus désespérée. Dans le meilleur des cas ceux qu’on désignait « les simples soviétiques » formés à l’athéisme dès leur enfance auraient traînés au poste de milice sans la moindre hésitation « ces popes pris en flagrant délit ». Dans le pire des cas ils s’en seraient méchamment pris à l’officiant, auraient souillé le Sacrement. Par la grâce de Dieu rien de ceci ne s’est cependant pas produit. Ces deux liturgies « secrètes », j’ai eu le bonheur de les concélébrer avec le métropolite Nicodème et elles restent dans ma mémoire comme l’une des émotions religieuses les plus fortes de toutes de ma vie.

Je disais il y a trente ans devant le cercueil de mon maître rappelé à Dieu avant l’heure que Mgr Nicodème ne se souciait jamais de savoir s’il lui sera donné de participer aux futures transformations dans la vie de l’Eglise étant ici bas sur Terre ou de les contempler de là où il trouverait le repos. Je crois pouvoir partiellement expliquer aujourd’hui cette attitude par l’étonnante faculté du défunt d’entrevoir l’avenir, du moins dans ses grands traits. Lorsque les persécutions de l’Eglise battaient leur plein, il prédisait d’une manière convaincue : « Ne vous laissez pas abattre, frères ! Le temps est proche quand nous entendrons sonner les cloches des basiliques du Kremlin ».

Un penseur vertueux des temps récents citait l’image d’une Grande Russie, « homme visible » et de la Sainte Russie « monde intérieur de cet homme visible ». Nous sommes axés aujourd’hui sur la renaissance de la grandeur extérieure, apparente de la Patrie et, en même temps, sur la rénovation de son essence spirituelle.Tel est précisément, si l’on y pense, l’objectif auquel s’était consacré le grand prélat qu’était Mgr Nicodème. Lors de son sacre il a, en quelques mots, formulé la vérité la plus complète qui puisse être dite à son propre propos : «Ma vie consciente toute entière appartient à l’Eglise ».

Traduction française Nikita Krivocheine

Rédigé par l'équipe de rédaction le 12 Octobre 2009 à 10:16 | 0 commentaire | Permalien

Henri Pierre Rinckel "Diviniser l'homme"
Les actes du péché provoquent les passions ; les passions, les pensées ; et les pensées les imaginations.
La mémoire est cause des réflexions ; et l’oubli de la mémoire. L’ignorance enfante l’oubli ; et la négligence l’ignorance. La convoitise engendre la négligence. Le mouvement qui altère est mère des désirs. Et l’énergie de l’acte est mère du mouvement. L’acte, c’est l’impulsion déraisonnable du mal qui nous fait disposer du sensible et des sens.

Grégoire le Sinaïte, sentences diverses, 62
(Agora, 2008)

Rédigé par l'équipe de rédaction le 12 Octobre 2009 à 10:09 | 0 commentaire | Permalien

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