Père Andrew Phillips:  L’impérialisme et les trois Romes
Extraits de l’essai du père Andrew Phillips (recteur de l’église de Saint Jean de Shanghai Colchester Royaume-Uni)
Texte intégral en anglais en premier commentaire de cette publication L'équipe de rédaction PO ne fait pas siennes toutes les idées de l'auteur.

L’impérialisme de la première et de la seconde Rome
...Le second impérialisme continue d’exister en marge de l’Eglise orthodoxe grecque. La fantaisiste mégalomanie d’une seconde Rome qui a disparu il y a 568 ans reste persistante. Ces illusions coloniales tout à fait irréelles trouvent un terrain d’application à Jérusalem et Alexandrie, par exemple, territoires que voudrait s’approprier le ministère des affaires étrangères d’Athènes. Cet impérialisme est d’autant plus absurde que monoethnique. Le patriarcat de Constantinople s’apprête actuellement à révoquer l’autonomie conférée aux paroisses qui se considèrent « de tradition russe », c’est-à-dire celles qui se trouvent sous la juridiction de « la rue Daru », à Paris.

Ces communautés devront désormais exister au sein du diocèse local grec. Constantinople s’apprête à s’approprier les paroisses « rue Daru » sur le continent en mettant à profit une éventuelle vacance de la chaire de Comane. Il l’a déjà fait entre 1966 et 1971, il l’a essayé à nouveau en 1980. J’étais à l’époque diacre dans la capitale française et ces projets d’hellénisation me paraissaient évidents.
Je m’étais heurté à l’époque au comportement repoussant de Moscou et je me disais naïvement que Constantinople pourrait faire mieux.

L’archevêque Georges (Wagner) était hanté par la peur de voir son diocèse répudié par Constantinople. Hors, le patriarche Démétrios de Constantinople avait alors déclaré que ces paroisses européennes devront un jour réintégrer l’Eglise russe… La stratégie de Constantinople consistait alors à retirer de la juridiction Daru un pays à la suite de l’autre, des paroisses l’une après l’autre et à les placer sous l’omophore d’évêques grecs.

Constantinople est actuellement dans l’attente d’une éventuelle vacance de la chaire « Daru » ce qui conduirait à une « athénogarisation » de ce Diocèse. On pourrait croire que le patriarcat de Constantinople ait renoncé à ses ambitions en Ukraine et, peut-être, en Estonie. Ceci, probablement, en échange d’un soutien diplomatique et financier de la Russie dans les relations entre le patriarcat de Constantinople et les autorités turques. Un tel soutien peut être plus qu’utile en ce qui concerne la réouverture souhaitée par le patriarcat du séminaire de Halki. Les statistiques parlent d’elles mêmes : pour les 800 orthodoxes grecs on compte près de 15.000 orthodoxes russes résidant en Turquie .
La négociation porte également sur le statut futur de l’OCA, ensemble de paroisses en Amérique auxquelles l’Eglise russe a octroyé l’autocéphalie pendant la guerre froide…

L’impérialisme de la Troisième Rome

L’impérialisme inhérent à Moscou, la Troisième Rome, a été moins marqué par le nationalisme et, dans une certaine mesure, plus justifié que celui de Byzance, la deuxième Rome. Cela pour la simple raison que l’Empire Russe (dont la plus grande partie constitue aujourd’hui la Fédération de Russie) a toujours été très vaste, variant par sa superficie de 1/7e à 1/9e de la surface de la Terre. Empire pluriethnique, avec plus de 100 nationalités et langages, à la différence de Byzance qui devint rapidement exclusivement grecque. Je me souviens d’un prêtre grec réputé pour sa sagesse qui m’assurait, il y a 35 ans, que Platon était orthodoxe et que Dieu s’exprimait de préférence en grec.

Etant donné ses effectifs et la diversité qui lui est propre l’Eglise orthodoxe russe est une entité moins centralisée que le patriarcat de Constantinople. On peut dire d’elle que c’est une Confédération d’Eglises et de métropoles autonomes, - Eglises orthodoxes d’Ukraine, de Biélorussie, de Moldavie, de Lettonie, du Kazakhstan, du Japon et de Chine ainsi que l’EORHF. Elle ne comprend pas les Eglises autocéphales de Pologne et des terres Tchèque, celle de Slovaquie qui ont, en fait, été dans un passé récent des parties intégrantes de l’Eglise russe.

Cependant l’impérialisme russe s’est fait beaucoup d’ennemis, en particulier dans le Caucase, l’Ukraine occidentale ainsi que dans la majeure partie de l’Europe de l’Est (la Pologne n’est-elle pas l’Irlande du Nord de la Russie ?). Dans ces contrées la russophobie n’a été que renforcée par les crimes de l’impérialisme soviétique. L’édification de la Nouvelle Jérusalem, antidote à l’impérialisme étatique de la Troisième Rome et de son nationalisme obscurantiste et provincial « vieux croyant » dut être interrompue. Cette rupture se produisit avec la prise en otage de l’Eglise et l’arrestation pendant la deuxième moitié du XVII siècle de son primat légitime, le patriarche Tikhon. Ainsi, la Nouvelle Jérusalem reste jusqu’à présent inachevée. La décapitation de l’Eglise russe fut parachevée par les intrigues des catholiques romains, la vénalité grecque et l’ignorance russe, les trois impérialismes agissant de connivence.

A la suite de la révolution de 1917 qui avait bénéficié dans une grande mesure du soutien de l’Occident le monde orthodoxe fut plongé dans le chaos. L’impérialisme britannique put accaparer des parties du monde orthodoxe au Proche et au Moyen orient, en Grèce, à Chypres et même en Roumanie où furent introduits le nouveau calendrier ainsi que d’autres réformes modernistes, causes de divisions. Il s’agissait, par l’invention d’une orthodoxie « diététique ou light » de la dévaloriser et d’y introduire des schismes afin de pouvoir contrôler les Eglises locales…

Après de l’effondrement de l’impérialisme britannique en 1945 c’est l’impérialisme américain qui prit la relève pour briser ce qui restait de résistance à l’idolâtrie matérialiste, l’objectif final étant de détruire toute trace de spiritualité dans le monde orthodoxe grec. Ces derniers temps une attention particulière est accordée à la destruction de l’orthodoxie en Serbie, en Ukraine et en Géorgie…
Pendant la Guerre froide, encore toute récente, le clergé du patriarcat de Moscou affecté à l’étranger a vécu dans la déchéance morale. Les postes de responsabilité étaient attribués exclusivement par le KGB. Or « chaque homme a un prix ». Le « culte de la personnalité » cause de divisions, était encouragé. Aussi, de nombreux fidèles et clercs de la diaspora préfèrent s’abriter dans d’autres juridictions orthodoxes, en particulier celle de l’EORHF, ceci tout en se maintenant dans le cadre de la tradition russe. Cette situation a été dépassée, mais les plaies qu’elle a infligées ne sont pas encore entièrement guéries. La guerre froide a ruiné de nombreuses vies. Il faut constater que, malheureusement, la méfiance continue à exister dans les relations entre le Patriarcat de Moscou et la diaspora. Les regrets, bien qu’exprimés plusieurs décennies après les faits, ont été d’une grande aide.
Mais quelle est la situation actuelle de l’Eglise orthodoxe en Russie même ? Au grand dam des Etats-Unis et de l’UE elle revit, irriguée par le sang des Nouveaux martyrs et les souffrances des Nouveaux confesseurs…

Conclusions

Ceux qui sont entraînés à la dérive par le patriarcat de Constantinople ont aujourd’hui la possibilité de réintégrer le patriarcat de Moscou ou l’EORHF autonome qui est actuellement dirigée par le métropolite le plus ouvert et le plus compréhensif de son histoire. Par naïveté, par inexpérience vous n’avez pas voulu entendre les avertissements que nous vous avions adressés à l’époque en nous fondant sur notre triste expérience. Mais nous vous restons ouverts. Nous ne devons pas nous condamner nous-mêmes à persévérer dans l’ignorance de l’histoire.
Rejoignez ceux qui, comme nous, ont aspiré et travaillé pour l’avènement d’une métropole orthodoxe autonome en Europe occidentale qui deviendrait un jour, avec l’aide de Dieu, l’assise d’une Eglise Orthodoxe d’Europe. Cela serait l’unique possible témoignage de Dieu dans le monde hétérodoxe et décadent dans lequel nous sommes. Une Eglise seulement est à même de fonder une telle métropole et a annoncé son intention de le faire, c’est l’Eglise orthodoxe russe. Les idéaux multiethniques qui étaient ceux de l’Eglise russe au XVII siècle revivent. La nouvelle métropole européenne est viable, elle est déjà en devenir.
Les cyniques peuvent en douter mais il faut qu’ils n’oublient pas trois choses :

- D’abord la métropole est une réalité et non un phantasme non canonique et désincarné de l’école philosophique de Paris.
- Deuxièmement, elle est l’unique solution réaliste car le patriarcat de Constantinople n’a jamais volontiers octroyé l’autonomie, sans parler de l’autocéphalie à qui que ce soit. Le professeur Basile Osborne me l’a expliqué il y a 35 ans. Les récents évènements de Bulgarie en sont d’ailleurs une preuve.
- Et troisièmement :les cyniques doivent ne pas perdre de vue que l’Eglise n’est pas gouvernée par les hommes mais par Dieu, que c’est à Lui qu’elle appartient. Nous nous efforçons d’accomplir la volonté de Dieu et non la notre. L’histoire récente de l’Eglise orthodoxe russe et de sa résurrection miraculeuse après le Golgotha soviétique en est une preuve.

A ceux qui sont à la recherche d’un havre de paix et qui veulent maintenir intacte la Tradition orthodoxe nous disons :" ne ratez pas le train". Souvenez vous que l’homme propose et que Dieu dispose.

p. A.P. 27 mai - 7 juin 2011

Traduction Nikita Krivochéine

"PO"- Père Andrew Phillips : La pensée et l’enseignement du Père Alexandre Schmemann
Père Andrew Phillips: Reconfiguration inachevée de l'Eglise russe dans l'émigration



Rédigé par Nikita Krivocheine le 13 Juin 2011 à 17:21 | 31 commentaires | Permalien

Vladimir GOLOVANOW

Bien que l'Archevêché ait formellement changé plus de 10 fois de situation juridique de 1922 à ce jour, on constate une certaine continuité: fondé dans le Patriarcat de Moscou, il est passé à celui de Constantinople depuis 1931 "provisoirement" et au vu "d'une situation si difficile et dangereuse"… un provisoire qui perdure malgré quelques soubresauts et l'évidente disparition des "circonstances difficiles actuelles" qui le justifiait (les citations précédentes sont extraites du tomos de 1931

Les origines

Le synode hors frontières regroupait au départ tous les évêques de l'Eglise russe qui se trouvaient en dehors du territoire de l'URSS, sur la base du décret No 362 du Saint patriarche Tikhon (7/20 novembre 1920) autorisant une administration autonome des diocèses en cas de rupture des possibilités de communication avec le siège patriarcal. Mgr Euloge en faisait partie et a été nommé à la tête de "l'Administration provisoire des paroisses russes en Europe occidentale"; cette nomination avait été approuvée par le Saint patriarche Tikhon (décrets du 8 avril 1921, n° 423 & 424).

Le synode HF éclata en 1927: le métropolite Serge, locus tenens du trône patriarcal après que Saint Tikhon se soit endormi dans le Seigneur (1925), avait été incarcéré en 1926 et, en sortant de prison, avait publié la célèbre "déclaration du métropolite Serge" (16/29 juin 1927), qui permettait de légaliser l'existence de l'Eglise, jusque là illégale, en reconnaissant le pouvoir soviétique.

· Une partie des évêques "hors frontières" déclarèrent leur refus de cette "déclaration"; ils furent interdit puis excommuniés par le Saint Synode (1934) mais rejetèrent ces décisions et se constituèrent en "Eglise orthodoxe russe hors-frontières" (EORHF/ROCOR), en dehors de toute obédience canonique.

· Une autre partie, avec les métropolites Euloge (France) et Platon (Amériques), se désolidarisa de cette rupture et resta dans l'Eglise russe (Mgr Euloge avait déjà été exclu du Synode pour un désaccord à propos de l'Allemagne, dont la juridiction lui échappait). Les pourparlers de réconciliation avec l'EORHF, qui ont lieu en octobre 1935 à Belgrade sous la présidence du patriarche Barnabé de Serbie, n'aboutissent pas (malgré la réconciliation personnelle entre Mgr Euloge et Mgr Antoine (Khrapovitsky), primat de l'EORHF, qui avait été le professeur de Mgr Euloge à l'Académie de théologie. (Parmi ses autres étudiants il y avait aussi les futurs patriarches de Moscou saint Tikhon et Serge …) et l'Archevêché resta dans l'obédience de Constantinople. Métropole américaine restait alors de jure soumise à Moscou mais de facto autonome (proclamation du Concile panaméricain en 1924 sur la base du décret 362 mentionné ci-dessus) jusqu'à l'autocéphalie accordée en 1970 par Moscou; toutefois la Métropole s'est disloquée dès les années 1920 en plusieurs diocèses se réclamant de différentes Eglises-mères auxquelles ils se rattachèrent...

La rupture de Mgr Euloge avec le Patriarcat de Moscou eu lieu en 1930-31: il est démis de ses fonctions par Mgr Serge et le Saint Synode pour avoir pris part à des prières "pour l'Eglise russe souffrantes" organisées à Londres par l'Archevêque de Canterbury. Rejetant cette déposition et refusant d'obtempérer à sa convocation à Moscou, Mgr Euloge se rend à Constantinople et obtient le statut d'exarque à titre provisoire (tomos de 1931 cité en introduction).

Après la guerre

1945-46: Mgr Euloge déclare vouloir se réconcilier avec Moscou ( cf. Nicolas Ross) et demande son congé canonique au patriarcat de Constantinople, mais il ne l'a jamais reçu (Moscou "devait arranger les choses directement avec Constantinople"). Mgr Euloge est alors nommé exarque du patriarche de Moscou et le commémore avec Constantinople en (attendant le congé); il se fondait aussi sur le fait que le métropolite Antoine (Khrapovitsky) avait été exarque des deux patriarches de Moscou et de Constantinople en Ukraine et commémorait les deux (mai 1918 - mai 1919)...

Quand Mgr Euloge s'est endormi dans le Seigneur (8 avril 1946) le patriarcat nomme le métropolite Séraphim (passé de l'EORHF à Moscou) à la tête de l’Exarchat au lieu de Mgr Vladimir (Tikhonitsky), élu par l'Assemblée diocésaine; suivi par la majeure partie des paroisses Mgr Vladimir décide de rester dans la juridiction de Constantinople, statut confirmé par une lettre du patriarche MAXIME (6 mars 1947).

Commentaire: la double commémoration pratiquée par Mgr Euloge en 1945-46, après Mgr Antoine en 1918-19, l'est aussi par les monastères russes et serbes de l'Athos et en Terre Sainte ainsi que par des paroisses russes situées en dehors du territoire canonique du patriarcat de Moscou (Johannesburg, Athènes à vérifier…). Elle fait débat parmi les théologiens mais il faut souligner qu'elle a été acceptée sans aucune critique par les autorités canoniques concernées (patriarches et Saints Synodes). Il s'agit donc de précédents qui peuvent indiquer une idée de solution à certains conflits en cours…

1966-71: le patriarche de Constantinople Athénagoras décide de confier l'Archevêché «au souci et à l’amour paternel du patriarche de Moscou» (26 décembre 1965). L’Assemblée diocésaine refuse et décide la création d’un diocèse indépendant (février 1966). Puis c'est le retour sous la juridiction de Constantinople en qualité de "diocèse des églises russes en Europe occidentale" disposant d’un statut spécial d’autonomie interne et rattaché au patriarcat de Constantinople "par l’intermédiaire du métropolite [grec] de France, qui devait présider les Assemblées extraordinaires de l’Archevêché" (charte du patriarche Athénagoras Ier du 22 janvier 1971). Cette parenthèse est définitivement refermée par le Tomos Patriarcal de 1999 qui reprend et complète les dispositions du tomos de 1931.

Commentaires:
· La solution de ce changement d'obédience "provisoirement" et au vu "d'une situation si difficile et dangereuse" respecte l'esprit des canons: c'est une situation d'attente, acceptable tant que les circonstances ne permettent pas des relations normales avec le patriarcat concerné. Le moyen chois par Mgr Platon en Amérique tient du même esprit, en se fondant lui sur un décret pris en raison de circonstances exceptionnelles, alors que la rupture du Synode hors frontières va clairement à l'encontre des canons.
· La décision Constantinopolitaine de 1965 est généralement considérée comme très contestable: ainsi le P. Jean Meyendorff parle de "l'inconséquence" de Constantinople qui "annula sa juridiction sur le diocèse russe en France et l'appela à retourner sous l'omophore du Patriarcat de Moscou."(1) On peut en effet se demander en quoi les circonstances exceptionnelles qui avaient conduit au tomos de 1931 et à la confirmation de 1947 étaient changées en 1966, en pleines persécutions post-Khroutcheviennes et Guerre Froide. Le retour de 1971 et 1999 confirme cette analyse…


La situation récente de l'Archevêché est un autre débat…
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(1) In nécrologie du p. Alexandre Schmemann annexée à l'édition russe du Journal, après une 1ère publication ds St Vladimir's Theological Quarterly, 28, 1984, pp 3-10. Traduit du russe par V. Golovanow

Sources:

http://oltr.france-orthodoxe.net/html/rosstr1.html
http://ru.wikipedia.org/wiki/Евлогий (Георгиевский)
http://www.russianorthodoxchurch.ws/synod/history/his_rocornafanail.html
http://www.exarchat.org/spip.php?article14 http://www.oca.org/MVorthchristiansnamericaTOC.asp?SID=1
.............................................
" PO" tient à reprendre deux textes qui complètent l'éclairage donné par W. Golovanow
Nicolas Ross: Orthodoxie Russe en France (Trois essais non polémiques) Paris, novembre/décembre 2004
Basile de Tiesenhausen, Ancien Secrétaire de l’Archevêché Quelques faits et dates de l’histoire de l’Archevêché





Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 13 Juin 2011 à 12:41 | 18 commentaires | Permalien

Le numéro 23 du "Messager de l'Eglise orthodoxe russe"
Le numéro 23 du "Messager de l'Eglise orthodoxe russe" parait cette semaine. Son dossier est consacré à la mission orthodoxe et comporte, notamment, la traduction française du document du Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe russe, intitulé "Vision de la mission orthodoxe".

Ce beau texte aborde les questions liées à la mission orthodoxe dans le monde contemporain et propose des solutions audacieuses pour rendre plus efficace le témoignage de l'Eglise orthodoxe à notre époque.

Dans ce même numéro, les lecteurs trouveront également la traduction française de la conférence de M. Serguey Tchapnine, rédacteur en chef de la revue officielle du patriarcat de Moscou, "L'Eglise, la culture et le nationalisme russe", conférence qui a suscité beaucoup de réactions en Russie et qui traite de la complexité du contexte religieux de la Russie post-soviétique.

Enfin, on trouvera dans cette livraison, comme d'habitude, des articles d'actualité et de spiritualité, dont une belle homélie du métropolite Grégoire de Petrograd sur les dangers d'une religiosité étroite.
SOMMAIRE SUITE ICI



Rédigé par l'équipe de rédaction le 12 Juin 2011 à 18:35 | 1 commentaire | Permalien

Communiqué du bureau de presse de l'Eglise orthodoxe d'Estonie sur la réforme du calendrier liturgique:

" A partir de 2012, sauf quelques exceptions par économie pastorale qui sont évoquées, les fêtes fixes seront désormais célébrées selon le calendrier grégorien et les fêtes mobiles (dont les périodes du triode et du pentécostaire) selon le calendrier julien". Source Orthodoxie.com

Rédigé par l'équipe de rédaction le 12 Juin 2011 à 06:04 | 0 commentaire | Permalien

V. Golovanow

Les 21-23 juin prochain, Moscou accueillera pour la première fois la réunion annuelle du Conseil européen des leaders religieux. A la proposition de l’Église orthodoxe russe, le forum se déroulera autour du thème « Les droits de l’homme et les valeurs traditionnelles en Europe ».

Le Conseil européen des responsables religieux est l’un des quatre conseils régionaux interreligieux dans le cadre de la Conférence mondiale des Religions pour la paix. Le conseil regroupe les grands responsables religieux européens, juifs, chrétiens et musulmans. Il suppose également la participation de représentants des autres religions traditionnelles présentes sur le continent. L’organisation, fondée à Oslo en 2002, compte 45 membres.



Le Conseil européen des responsables religieux s’appuie sur les principes de respect de la dignité humaine et du droit de vivre en paix.Sur ces bases, les responsables religieux membres du Conseil se sont engagés à collaborer afin de prévenir les conflits et de contribuer à la coexistence pacifique des communautés religieuses. Les responsables religieux du Conseil travaillent sur la base des principes de respect mutuel et de reconnaissance des divergences religieuses.
Au Congrès de Moscou, devraient prendre part des représentants de l’Église orthodoxe russe et du Conseil inter-religieux de Russie.(1)

La réunion précédente avait eu lieu le 27 mai 2009 à Lille (France) sur le thème de la Culture de Paix, ses membres s'engageant à promouvoir "Les dix commandements du travail pour une culture de paix" (2)
Ce conseil a été créé le 12 novembre 2002, à l'issue d'une réunion des responsables religieux de haut niveau venus de toute l'Europe tenue à Oslo. La réunion a adopté la déclaration suivante :
"Au sein de la Conférence mondiale des religions pour la paix (WCRP) rassemblement mondial de conseils multireligieux engagés pour la paix(*), nous nous sommes constitués aujourd'hui en Conseil européen de responsables religieux. Nous sommes conscients de l'histoire sanglante des guerres religieuses en Europe ainsi que des tentatives faites actuellement pour déformer les religions en vue d'alimenter des conflits ethniques dans ce continent et dans le reste du monde. Nos communautés s'efforcent depuis longtemps de rejeter cette utilisation abusive de la religion. La création de notre Conseil s'appuie sur notre refus commun de cet abus et témoigne de notre volonté de travailler ensemble pour la paix…" suite (3)

Le Grand Rabbin René-Samuel Sirat, de Paris, avait alors déclaré que cet organisme est en Europe "le premier conseil multireligieux composé de hauts responsables religieux, et qu'il comprend des membres des trois religions historiquement présentes en Europe ainsi que de six religions qui s'y sont établies plus récemment."
Le conseil regroupe les membres suivants (4)

Jewish
* Rabbi Alan Plancey, Co-Moderator, Great Britain
Rabbi Alexis Blum, France
Rabbi Rivon Krygier, France
Chief Rabbi Pinchas Goldschmidt, Russia
Rabbi Awraham Soetendorp, Netherlands

Muslim
* Grand Mufti Dr. Mustafa Ceric, Co-Moderator, Bosnia-Herzegovina
Shaykh Ibrahim Mogra, Great Britain
Grand Mufti Mukhammadgali Khuzin, Russia
Dr. Mohamed Bechari, France
Prof. Dr. Ali Bardakoglu, Turkey

Orthodox
* Metropolitan Hilarion, Co-Moderator, Russia (VG: il remplace Sa Sainteté Cyril, membre fondateur)
Metropolitan Emmanuel, France
Bishop Irinej Bulovic, Serbia
Bishop Ioannis Sakellariou, Greece

Protestant and Anglican
* Bishop Emeritus Gunnar Stålsett, Moderator, Norway
Dr. Gianni Long, Italy
Bishop Martin Hein, Germany
Archbishop Michael Jackson, Irland
Revd Thomas Wipf, Switzerland

Catholic
Bishop Hans-Jochen Jaschke, Germany
Sister Marian Murcia, Italy
Bishop Michél Santier, France

Religions with shorter presence in Europe
* Mr. Jehangir Sarosh, Zoroastrian, Co-Moderator, Great Britain

Bhai Sahib Dr. Mohinder Singh, Sikh, Great Britain
Ms. Marie-Angela Falá, Buddhist, Italy

Navindchandra Swaminarayan, Hindu, Great Britain

European Women of Faith Network


Ex-Officio Members
* Ms. Yolande Iliano, Religions for Peace - Europe, Belgium
Dr. William F. Vendley, Religions for Peace - International, USA

(*) La Conférence mondiale des Religions pour la Paix (WCRP) est un rassemblement mondial de conseils nationaux et multireligieux engagés au service de la paix.
.........................................................................
(1) Source: www.mospat.ru
(2) "Les dix commandements du travail pour une culture de paix" PDF
(3) suite ICI
(4) ICI

Rédigé par Vladimir Golovanow le 11 Juin 2011 à 05:31 | 1 commentaire | Permalien

"JE NE POUVAIS PAS RESTER CELLE QUE J’ETAIS"
Deux Pâques de la moniale Sara, anglaise orthodoxe
Un article de Constantin Matsan traduit par Laurence Guillon
Revue "FOMA"

La moniale Sara vit dans la ville anglaise de Bath, où existe une paroisse orthodoxe de langue anglaise consacrée à saint Jean de Cronstadt. Mais nous nous sommes rencontrés à Minsk, où j’étais venu réaliser le reportage sur le monastère sainte Elizabeth. Mère Sara est depuis longtemps l’amie des sœurs de ce couvent et s’y trouvait justement à ce moment-là. Je n’espérais pas une telle chance pour un reporter : rencontrer dans un monastère biélorusse une moniale anglaise orthodoxe et écrire le récit de son destin inhabituel…


Une autre vie

Quelques personnes dans de larges vêtements noirs, avec des bottes noires d’une taille énorme et des barbes épaisses et non moins noires, voici comment je vis apparaître devant moi des orthodoxes au monastère saint Jean-Baptiste, dans le comté anglais d’Essex. En principe, ce tableau aurait dû effrayer l’écolière anglaise ordinaire que j’étais. Mais on ne sait pourquoi, cela ne m’effraya pas, bien au contraire…
Mes parents étaient méthodistes. Et je fus baptisée dans cette tradition dès l’enfance.
En dépit du fait que ma famille était ecclésiastique, je reçus une éducation laïque, et, à l’adolescence, je ne pouvais me dire croyante au plein sens du terme. Que Dieu existât, je n’en avais jamais douté, mais ma connaissance et ma représentation de Dieu étaient foncièrement abstraites et dans l’ensemble, assez floues. Elles ne jouaient aucun rôle essentiel dans ma vie. Et cela aurait continué ainsi, sans l’institutrice de mon école. Elle était orthodoxe et nous avait pendant six mois donné des cours d’instruction religieuse. Elle nous avait emmenés, nous ses élèves, en excursion au monastère saint Jean-Baptiste, où nous avaient justement accueillis des « gens barbus ». Mais bien entendu, la prise de contact avec l’Orthodoxie ne se fit pas à travers eux.Nous nous rendîmes au monastère encore et encore et j’appris de cette manière comment vivent les orthodoxes. Là je vis pour la première fois de mes propres yeux un starets, l’archimandrite Sophroni (Sakharov). Je n’eus pas l’occasion de discuter personnellement avec lui, mais même sans cela, tout, au monastère, était imprégné de sa présence, de ses sermons. On les commentait, on se les répétait. A travers cela, je reçus ma petite part de relation avec lui. J’appris alors que le père Sophroni avait fondé le monastère, pour suivre dans la vie réelle l’enseignement de son défunt père spirituel, saint Silouane de l’Athos. Et au bout de tant d’années, le livre du père Sophrony « le starets Silouane » reste pour moi l’une de mes lectures spirituelles préférées.
’observais cette vie, et à un certain moment, je compris : « Voilà ce qu’il me faut ! Voilà ce que je cherchais. » C’était au début des années 70. Comme il convient à une adolescente, j’étais en quête de quelque chose de personnel, de quelque chose d’inhabituel. Quelque chose qui se différencie de la vie quotidienne environnante. Et soudain, l’Orthodoxie m’apparut…

On me demande parfois : « Ne t’es-tu pas intéressée à l’Orthodoxie parce que, dans la bonne vieille Angleterre, cela paraissait exotique, non traditionnel, et en cela attirant » ? Je sais bien que non. L’attirance pour l’exotisme, c’est une attirance pour la forme. Et l’Orthodoxie ne ressemblait à rien d’autre alentour, par son contenu. Elle me semblait incomparablement plus profonde que tout ce que pouvait voir autour d’elle une adolescente anglaise. C’était littéralement une autre vie. Dieu y était à la première place, tout reposait sur la prière. Et ce qui était le plus sidérant, c’est qu’on sentait parmi les gens du monastère un authentique sentiment de communauté. C’étaient des gens qu’unissaient entre eux quelque chose de très important. Ils étaient imprégnés d’attention les uns envers les autres et envers tous ceux qui venaient. Je ne pouvais pas ne pas le remarquer.

A ce propos, s’il faut parler de la forme, l’Orthodoxie là aussi me paraissait plus profonde que le reste. Parce qu’en toutes choses l’accent était mis sur la beauté : dans les services, les vêtements du prêtre, les icônes de l’église. On disait du père Sophroni qu’il était artiste jusqu’à la moelle des os. Il disait de lui-même qu’il mourrait un pinceau à la main. Je crois que Dieu nous révèle sa beauté à travers l’œuvre des gens qui nous entourent.

C’était ma première rencontre avec l’Orthodoxie, mais je n’étais alors encore pas prête à changer de foi. On peut le dire ainsi : je ne le savais pas auparavant, mais je venais de comprendre que la foi en Dieu n’était pas un engouement philosophique, c'était une pratique vivante. Mais comme je n’avais, à ce moment-là, aucune pratique, il me fallait mûrir jusqu’à l’entrée dans l’Eglise.

Première Pâques

Ma première Pâques orthodoxe me bouleversa. Je la fêtai dans la cathédrale de l’Assomption, à Londres, où officiait alors le métropolite Antoine de Souroj. Cet endroit me fut révélé par cette même enseignante de l’école. L’office se déroula en slavon d’église, et je ne compris pas un seul mot. Et monseigneur Antoine ne prononça en anglais que quelques phrases isolées. Chacune d’elles se grava profondément dans mon cœur. Les gens alentour criaient joyeusement : « Christ est ressuscité ! » Et soudain, je ressentis quelque chose que je n’avais jamais éprouvé. Pour une personne élevée de façon laïque, ce fut un choc : je ressentis que la Résurrection du Christ, c’était une réalité. Pas une parabole, ni un fait historique mais une réalité vivante qui se passait ici et maintenant. Avec moi et sous mes yeux.

D’un côté, le sentiment qui me saisissait à cet instant était facile à déterminer : c’était une joie sans limites. Mais de l’autre, quoique je fisse ensuite pour le décrire à mes proches et à mes amis, je ne pus y arriver. Toutes les formulations se révélaient terriblement plates. Et sans doute, le meilleur reflet de ce qui se passait en moi étaient les changements qui se produisaient dans ma vie même : je me mis à m’habiller autrement, à lire d’autres livres, à m’intéresser à ce qui, autrefois, ne m’intéressait pas. Cela me semblait parfaitement naturel. Après ma première nuit pascale, je ne pouvais déjà plus rester la même. La vie se partageait entre « avant » et « après ».

Ce qui m’étonnait le plus, c’était l’enthousiasme avec lequel le perçurent mes parents. Ils n’étaient visiblement pas ravis de la façon dont, auparavant, je considérais la religion et ils étaient heureux qu’apparût dans ma vie une place pour une foi en Dieu pleine de sens. Mais il faut dire que lorsqu’au bout de quelques années, je leur annonçai ma décision de prendre l’habit, l' accepter leur parut beaucoup plus difficile…

Deuxième Pâques

Ma prise de contact avec l’Orthodoxie influença le choix de ma profession : à l’université, je choisis l’étude comparative des religions. Je lus beaucoup, je pensais, je fréquentais des gens divers et comprit en fin de compte que regarder l’Orthodoxie de l’extérieur, cela ne me suffisait déjà plus. Mon institutrice me présenta le père Yves Dubois. C’est lui qui me reçut dans l’Orthodoxie, à travers le Mystère de l’onction. Le père Yves est un Belge qui fut ordonné aux USA. Quand j’eus terminé l’université et déménagé à Londres, il était déjà le directeur de conscience d’une petite communauté orthodoxe dans cette ville. C’étaient six moniales arabes, l’higoumène était russe, elles étaient venues à Londres d’Israël. Je me mis à aller à leurs offices et restai avec elles quatre ans.

Et tout de même, le père Yves autant que moi-même, voulions que l’Orthodoxie s’ouvrît aux gens de l’Occident, à des gens comme nous. « Le sentiment de salut que m’a donné la foi, je ne peux pas ne pas le partager », considérai-je. Mais inviter des gens dans la communauté n’était pas possible, les offices avaient lieu en slavon d’église. Alors nous décidâmes qu’il nous fallait fonder notre communauté et officier en anglais. Le père Yves et son épouse Elizabeth eurent l’opportunité d’acheter une maison dans la ville de Bath. Et nous déménageâmes tous ensemble. Dans la maison, on réserva une place pour une chapelle. Ainsi commença notre nouvelle vie. J’achetai une maison non loin de chez eux. Nous y installâmes aussi une chapelle. Peu de temps après, je pris l’habit. Jusqu’à présent, les gens appellent ma maison « le monastère ».
A Bath, il fallut tout recommencer de zéro. Chercher des traductions des offices en anglais n’était pas si facile. Cela concernait aussi les chants : il nous fallait parfois chanter des extraits ensemble en anglais, en imitant le rythme des chants slavons. Ce qui était le plus étonnant : autour de nous, il n’y avait presque personne qui pût nous aider ou nous dire que faire. Représentez-vous, dans toute l’Angleterre, il n’y avait alors que trois paroisses de langue anglaise : l’église du prophète Elie, dans le village de Comb-Martin, dans le North-Devon, la fraternité saint Séraphim de Sarov à Walsingham et la paroisse de la Nativité de la Mère de Dieu à bristol.

Nous devînmes les quatrièmes. Et pour notre première Pâques « indépendante », il nous fallût coudre notre Platchanitsa nous-mêmes. Maintenant, cela peut sembler étrange, mais alors nous ne pouvions la commander dans un magasin ou un atelier. Il n’en existait simplement aucun.
Mais vous savez, ce fut une Pâques qui devint une étape importante dans ma vie. C’était le début d’encore une nouvelle paroisse orthodoxe en Angleterre: Le monastère sainte Elizabeth -The Archdiocese of Thyateira and Great Britain and Orthodoxy in the British Isles

Convent of Saint John of Kronstadt
Tel: +44 (0) 1225 330651


photo Vladimir Echtokine

Rédigé par Laurence Guillon le 9 Juin 2011 à 08:05 | 0 commentaire | Permalien

Le site PRAVOSLAVIE i MIR publie un article de Xenia et Nikita Krivochéine consacré à l'urgente nécessité pour la Russie de se débarrasser des symboles et des monuments laissés dans le pays par le régime communiste et de revenir aux signes visibles de la foi orthodoxe Cliquez ICI

Rédigé par l'équipe de rédaction le 8 Juin 2011 à 16:44 | 0 commentaire | Permalien

La discrimination religieuse ne pourra être vaincue qu’à travers l’élargissement d’un dialogue qui implique les Etats, les organisations internationales, les différentes confessions et les représentants de la société civile.

C’est – selon L’Osservatore Romano – ce que rappelle dans un document récent le synode de l’Eglise orthodoxe russe, qui aborde avec « une inquiétude profonde » le thème de l’augmentation des épisodes de christianophobie dans le monde.

Pour le patriarche de Moscou, rappelle L’Osservatore Romano, « cela se manifeste surtout quand les différences religieuses sont utilisées à des fins politiques, principalement des groupes extrémistes dont les objectifs sont incompatibles avec le bien de la société dans son ensemble ».
Ce genre de manifestations « mérite une condamnation explicite de la part de toutes les forces saines de la société, y compris des représentants des institutions publiques et des responsables religieux ».
D’où l’appel de l’Eglise orthodoxe russe – adressé à la communauté internationale, aux responsables religieux et à toutes les autorités publiques – à « élaborer des mécanismes intégraux et efficaces de défense des chrétiens et des communautés chrétiennes qui subissent des persécutions ou des restrictions dans leur existence et dans leurs activités religieuses ».

Dans ce document adopté à Saint Petersbourg, rappelle le quotidien du Saint-Siège, le synode du patriarcat de Moscou rappelle les événements récents qui ont eu lieu dans la ville égyptienne de Giza, où « des églises chrétiennes ont été brûlées et des fidèles de l’Eglise copte ont perdu la vie au cours de désordres de la foule ».... Suite ROME, Mardi 7 juin 2011 ZENIT.org

Rédigé par l'équipe de rédaction le 7 Juin 2011 à 18:24 | 0 commentaire | Permalien

Pierre Gonneau: Mgr. Basile (Krivocheine) "Mémoire des deux mondes"
Intervention à la Table ronde autour du livre de l’archevêque Basile (Krivocheine) "Mémoire des deux mondes" : de la révolution à l’Eglise captive" (Paris-Sorbonne, 10 mai, 2011)

Ce recueil autobiographique ne couvre pas, loin s’en faut, toute la vie de Mgr Basile (Krivochéine), né avec le siècle et mort en 1985. Il s’ordonne en deux parties, séparées par un intervalle de trente-sept ans. La première partie des mémoires est consacrée aux années 1917 et 1919. Avec humour et un réel bonheur de plume, le prélat se dépeint sous les traits d’un jeune révolutionnaire qui assiste à la révolution de février comme Fabrice à la bataille de Waterloo. La brusque évaporation du pouvoir le frappe autant que son père qui dit : « Je vois la révolution, mais je ne vois pas la contre-révolution » (p.43).

Toutefois, dès 1919, la page des illusions est tournée : « Jamais je ne pourrais y vivre [en Russie soviétique], au sens littéral du terme » (p.47). L’auteur nous décrit alors en détail comment il rejoint les Blancs, en multipliant les pérégrinations ferroviaires et les tentatives de franchissement des lignes, entrecoupées d’arrestations et de libérations inopinées.

Pierre Gonneau: Mgr. Basile (Krivocheine) "Mémoire des deux mondes"
Il faut d’abord obtenir un travail dans les chemins de fer rouges, puis un ordre de mission pour le sud, et remplir les indispensables formulaires à la Tchéka dont les bureaux, encore en pleine installation, sont parfois difficiles à trouver (p.58-60). Dans le train de Moscou, on note un épisode « à la Jivago », lorsque l'auteur croise une vague connaissance, un rejeton de la noblesse, portant l’uniforme rouge, et ne sait s’il doit ou non engager la conversation (p.54). Ils choisissent de s’ignorer, chacun craignant probablement que l’autre le trahisse. Plus tard à Paris, quand il retrouve le père de celui qu’il a croisé, l’auteur comprend qu’il est la dernière personne à avoir vu vivant cette relation surgi du passé.

Plus loin, face aux féroces Koubanais rouges, le malheureux fugitif découvre avec horreur qu’il a perdu ses papiers et ordres de mission, avant de les retrouver par miracle (p.87-92). Ici, on pense aux affres d’Alexandre Herzen dans Passé et méditations. Après de longues démarches, Herzen obtient enfin l’autorisation de voyager à l’étranger, en 1847.Il franchit la frontière et lorsqu’il croit avoir enfin quitté l’Empire des tsars, son passeport se volatilise comme par magie entre le poste des Russes et celui des Allemands. Finalement, le sortilège se dissipe et le douanier retrouve le précieux document qui était replié dans un autre passeport…

Dans le récit de 1919, Mgr Krivochéine décrit de manière vivante et assez équilibrée des Rouges, dotés de moyens supérieurs, et des Blancs, souvent condamnés à improviser avec peu de ressources et encore moins de réserves. Mal équipé et peu expérimenté, le volontaire-fils de ministre Krivochéine remarque les différences entre chaque sorte de soldat : vétérans de la guerre, volontaires, appelés (p.158). Il découvre aussi l’opposition entre les pays dans la zone des combats qui se situe aux confins de la Petite et de la Grande Russie, là même où le premier faux-Dimitri avait fait campagne au début du Temps des Troubles. Les gars de Rylsk, tous solidaires (p.177) se moquent des paysans d’Orel quand ils pénètrent dans leur région et se sentent pour ainsi dire à l’étranger (p.183).

On constate de nombreuses défections croisées, et parfois recroisées (p.169).Dans la prison bolchévique on peut avoir pour compagnons de cellules des bolchéviks authentiques et se trouver gardé par « un homme corpulent en uniforme militaire, qui avait aussi le type du sous-officier tsariste qu’il m’avait déjà souvent été donné d’observer parmi les Rouges » (p.116). Quant aux civils, ils sont surtout attentistes : « globalement, la population paysanne ne souhaitait pas le retour des Rouges, craignait leurs représailles, mais ne nous apportait pas d’aide active » (p.170). Les exécutions sommaires et autres massacres sont évoqués, tant du côté des Blancs que des Rouges (p.106, 143, 166, 173).

Le jeune Vsevolod ne se distingue pas encore par sa religiosité. Il est, certes, choqué par les jurons blasphématoires que seuls les Rouges se permettent (p.76), mais il a perdu sa croix de baptême avant même de commencer son Odyssée (p.64), et il n’est pas habitué à se signer avant d’entamer son repas, ce qui indigne ses compagnons (p.182). Il est encore spectateur de cette piété populaire que l’idéologie athéiste va bientôt s’employer à éradiquer : « il est tout de même indéniable que le paysan russe de cette époque était profondément croyant et religieux » (p.107).

* * *
La seconde partie du livre donne au lecteur un aperçu unique de la vie dans les hautes sphères de l’Eglise russe entre 1956 et 1971.
Elle réunit les portraits de deux présidents du Département des relations extérieures du patriarcat de Moscou et une évocation du concile local de l’Eglise russe en 1971.Les deux prélats, opposés par leur caractère et certaines de leurs idées, connaissent un destin semblable. Parvenus à une situation de grande autorité qui fait de chacun d’eux le « numéro deux » au sein de la hiérarchie religieuse, ils sont ensuite démis de leur poste par la disgrâce des autorités soviétiques. Le premier est le métropolite Nicolas (Iarouchevitch, 1892-1961). Le second est Mgr Nicodème (Rotov, 1929-1978).
Les contacts avec la hiérarchie ecclésiastique moscovite impliquaient aussi de nouer un dialogue forcé avec les autorités soviétiques. Mgr Basile se montre très réticent vis-à-vis des invitations amicales à fréquenter les ambassades soviétiques à l’étranger et certains membres de leur personnel (p.226, 231) et se tient à l’écart des « interprètes » et accompagnateurs suspects lors des voyages officiels (p.299-301). Il faut aussi apprendre à connaître l’imbrication entre les dignitaires de l’Eglise et le pouvoir. Si Mgr Nicolas semble disposer d’importantes relations au sein de l’appareil gouvernemental en 1955-1956 (p.230), c’est à la demande de ce même gouvernement qu’il est démis de ses fonctions de président, puis de métropolite entre juin et septembre 1960 (p.219, 275). Dans le même temps, la situation de l’Eglise orthodoxe et des croyants se dégrade brusquement, puisque N. Khroutchev lance une campagne de déchristianisation extrêmement violente. Mgr Basile, rapidement promu archimandrite, évêque, puis archevêque (p.237, 244, 257), se heurte alors à un mur du silence et du déni, quand une bonne partie de ses interlocuteurs au patriarcat se taisent sur les persécutions, voire les nient. C’est ainsi que Mgr Nicodème fait de nombreuses déclarations pro-soviétiques, reconnaît un « bon athéisme révolutionnaire » qu’il sépare du mauvais athéisme bourgeois et développe une authentique « théologie d’Octobre », tout en se montrant hostile aux synthèses entre marxisme et christianisme… que le régime soviétique rejette (p.350-352). Pour le métropolite, non seulement la situation actuelle est bonne (p.311), mais « il est trop tôt » pour parler des martyrs des années 1918-1941 (p.361). Mgr Basile doit péniblement collecter des bribes d’information et met du temps à mesurer la responsabilité personnelle de Khroutchev dont l’image est encore à l’étranger celle d’un libéral (p.313-314, 328). Les arrangements avec le monde se pratiquent aussi dans l’hospitalité que les dignitaires ecclésiastiques (orthodoxes ou non) accordent aux représentants du pouvoir soviétique pour le bien de l’Eglise (p.322, 332).
Mgr Basile comprend à demi-mot la nécessité de la prudence, mais désapprouve les contre-vérités, tout en demeurant dans l’obéissance. A son tour, il peut faire la sourde oreille et il omet délibérément de traduire à des interlocuteurs étrangers les tirades en faveur de la « défense de la paix », ou contre l’impérialisme et le colonialisme que les soviétiques faisaient dire aux représentants de toutes les religions de l’URSS (p.220-221, 227). Mgr Basile est d’ailleurs tout à fait conscient que la participation du patriarcat de Moscou aux congrès panorthodoxes organisés à partir de 1961 est une arme à double tranchant. D’un côté, elle est positive en permettant à l’orthodoxie russe de s’ouvrir et de se ressourcer, de l’autre, elle est contrôlée et utilisée par le gouvernement soviétique. En outre, il arrive que la délégation russe fasse pression sur les autres pour écarter de l’ordre du jour des questions jugées inopportunes (comme la lutte contre l’athéisme, p.303), car elles rendraient sa participation impossible. Dans les faits, il s’agit d’une forme de censure.

Le décalage entre l’Eglise-Mère et ses diocèses occidentaux provoque deux graves crises.
En 1964, le patriarche Alexis reproche vivement à Mgr Antoine (Bloom), son exarque d’Europe occidentale, d’avoir assisté à la procession de solidarité avec les chrétiens russes organisée à Londres. Mgr Antoine est contraint de donner sa démission, mais en définitive sa charge lui est rendue et il est même élevé au rang de métropolite (p.315-327). Au cœur de la tempête, Mgr Basile a su transmettre au patriarcat l’incompréhension ressentie par les fidèles occidentaux et a « très efficacement sabot[é] [s]a propre candidature », ce qui a probablement aidé au maintien de son supérieur. Dix ans plus tard, l’affaire de expulsion de Soljénitsyne ébranle plus profondément encore les communautés des deux mondes (p.341). Mgr Séraphin de Kroutitsy et Kolomna approuve « en tant que métropolite de l’Eglise orthodoxe russe » cette expulsion, dans la "Pravda" du 16 février 1974. Le lendemain, Mgr Basile envoie au patriarche Pimène un télégramme dans lequel il exprime « en tant qu’archevêque de l’Eglise orthodoxe russe (…) la profonde consternation » que provoque en lui cette prise de position. Cette fois Mgr Bloom qui désapprouve lui aussi le traitement infligé à Soljénitsyne, sera démis de ses fonctions et remplacé par Mgr Nicodème, ainsi écarté du premier cercle patriarcal…

Déjà, lors du concile local de 1971, Mgr Basile s’était trouvé isolé sur deux points cruciaux.
En premier lieu il s’opposait à ce que l’Eglise entérine les nouvelles dispositions administratives concernant l’administration des paroisses (lois de 1961 sur la vingtaine, p.387-388). En second lieu, il souhaitait éviter une candidature unique à la succession du patriarche Alexis Ier (p.392-395). Sur ces deux points, il n’obtint pas gain de cause, mais on peut remarquer qu’il était en avance sur son temps, puisque l’un des signes du renouveau de l’Eglise orthodoxe russe fut l’élection d’Alexis II, le 7 juin 1990, parmi plusieurs candidats.
Dans le chapitre concernant le concile de 1971, on retrouve l’humour discret de l’auteur. Il affecte de ne « pas décrire » l’hôtel "Rossia" où il descendait pour la première fois, mais ne manque pas d’égratigner ce « bâtiment grandiose… à la pointe de la modernité. Mais comme dans tous les hôtels soviétiques, il y avait toujours quelque chose qui ne fonctionnait pas ». La seule exception à ces dérangements étant le téléphone, puisque « l’on pouvait appeler directement la ville, voire l’international », un luxe fort rare en URSS (p.399). Il ne faut pas beaucoup d’effort pour deviner que les conversations téléphoniques étaient certainement écoutées par qui de droit. Plus drôle encore est l’interprétation du très long délai, de près d’un an, observé entre la mort du patriarche Pimène et la réunion du concile. Certes, Mgr Basile écrit que l’explication ne lui paraît pas sérieuse, mais faut-il croire à ce démenti ? Il semblerait que le gouvernement soviétique ait voulu éviter que l’élection patriarcale se déroule en 1970 qui était officiellement « l’année Lénine », où l’on célébrait le centenaire de la naissance de Vladimir Ilitch (p.368).

« Vous raisonnez comme un Occidental, Monseigneur, comme un Bruxellois » (p.410). Cet accès d’humeur du métropolite Nicodème paraît assez savoureux tant on sent, au fil des pages de ce volume, le caractère profondément russe de Mgr Krivochéine et son enracinement dans la tradition athonite. Pourtant, la remarque contient un grain de vérité.

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Pierre Gonneau est professeur à l’université Paris-Sorbonne (Paris IV) et directeur d’études à l’École pratique des hautes études. Il a publié plusieurs études sur la vie monastique russe au Moyen Âge, les rapports entre l’Église et l’État et la littérature russe médiévale.
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UN SITE Archevêque Basile (Krivochéine)
Les Anges et les démons dans la vie spirituelle, selon l’enseignement des Pères orientaux
Archimandrite Dr.Job Getcha: Intervention à la Table ronde autour du livre de l’archevêque Basile Krivochéine

Archimandrite Dr. Job Getcha: " Écrits d’un exilé du Mont Athos "

Rédigé par l'équipe de rédaction le 7 Juin 2011 à 14:32 | 0 commentaire | Permalien

Nicolas Ross: " Saint-Alexandre-Nevski, centre spirituel de l'émigration russe, 1918-1939"
Editions des Syrtes - 600 pages - illustrations inédites

L’église orthodoxe Saint-Alexandre-Nevski de la rue Daru, consacrée en 1861, avait été bâtie dans un quartier choisi en fonction de sa commodité pour les touristes fortunés et les diplomates russes de l’époque. Mais c’était la seule église russe de Paris et les émigrés des années 1920, pourtant installés en majorité dans des arrondissements éloignés et dans les proches banlieues de l’Ouest parisien, la fréquentèrent en masse. Bousculant dans ses habitudes son clergé d’ancien régime, ils transformèrent en église paroissiale débordante d’activités cette chapelle d’ambassade un peu assoupie.

Le livre de Nicolas Ross présente le clergé et les fidèles de la rue Daru dans leur pratique ordinaire, mais aussi dans les grandes occasions qui, telle la nuit pascale, attiraient de véritables marées humaines dans les rues environnantes.

Il parle également des liens qui rattachaient à leur cathédrale les paroissiens des petites églises de quartier, souvent installées dans des locaux improvisés, qui se multiplièrent bientôt. Dans les grandes occasions, leurs fidèles continuèrent à venir nombreux dans leur belle cathédrale, au chœur splendide et aux offices d’une grande solennité. C’est là aussi qu’ils pouvaient rencontrer leurs amis et apprendre les dernières nouvelles de la colonie russe.

En 1922, l’église de la rue Daru devint la cathédrale de Mgr Euloge, métropolite des Églises russes en Europe occidentale, et fut considérée comme le centre spirituel de l’émigration russe en France et dans les pays voisins. Elle se constitua en témoin du passé religieux de la Russie et en gardien de sa tradition ecclésiale.
Largement construit sur la base de témoignages contemporains et d’archives inédites, le livre de Nicolas Ross s’inscrit dans la continuité d’un premier ouvrage consacré à l’église russe de Paris avant 1918. Il permettra de découvrir les divers aspects de sa vie dans les années 1920 et1930, qui furent certainement les plus riches de son existence.

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"P.O." NICOLAS ROSS: Aux origines de la paroisse orthodoxe russe de la rue Daru

À qui appartient la cathédrale Saint-Alexandre-Nevski de Paris ?

Nicolas Ross: Réunion rue Daru

Rédigé par l'équipe de rédaction le 7 Juin 2011 à 09:00 | 1 commentaire | Permalien

Chers lecteurs,
Ceux d'entre vous qui souhaitent obtenir le texte intégral de l'Arrêt du 19 mai 2011 (Cathédrale saint Nicolas, Nice) peuvent s'adresser à "Parlons":
nikita.xenia@gmail.com

Rédigé par l'équipe de rédaction le 7 Juin 2011 à 06:23 | 18 commentaires | Permalien

L’URSS cessait d’exister il y a 20 ans. Qu’est devenue la démocratie chrétienne en Russie ?
Une interview accordée à Alexandre Rebrov par Alexandre Tchipkov, adjoint du Président du Conseil de la Fédération (chambre haute de la Douma), expert en matière de religion auprès du ministère de la justice, rédacteur en chef du site « Religare.ru ». (Traduction Nikita Krivocheine)

Question : L’URSS cessait d’exister il y a exactement vingt ans. Le conflit entre le socialisme et le capitalisme, les avantages de la « démocratie bourgeoise » sur « la démocratie soviétique » s’est soldé par l’effondrement de l’une des deux superpuissances. Quelles sont les structures politiques qui correspondent le mieux à la doctrine de l’Eglise?

A.T : La vie intérieure du chrétien n’est pas tributaire des structures politiques. Quel est le rapport entre le salut de l’âme et les formes que prend le pouvoir? Il est inexistant. Le salut, comme la perte, sont possibles sous n’importe quel régime, despotisme, monarchie, république.Ce qui importe pour le chrétien n’est pas tant le système politique que ceux qui personnifient le pouvoir.

L’URSS cessait d’exister il y a 20 ans. Qu’est devenue la démocratie chrétienne en Russie ?
Ce qui importe est leur attitude à l’égard des chrétiens : il peut s’agir d’amour ou de haine réciproques, de rivalité ou de coopération, de dialogue ou de persécutions. Le régime soviétique se fixait pour objectif de rompre nos liens avec Dieu, de faire obstacle à notre salut. Les communistes ont fermé les églises et les séminaires, ont exterminé le clergé, ont voulu faire disparaître les croyants. Ils n’ont marqué une pause que lorsqu’ils ont compris qu’il leur faudra tuer tout le monde.

Q : Pourtant vos amis et vous exigiez dans les années 70 un changement de régime ? Vous formuliez des revendications ?

A.T. :Nous demandions, en effet, l’application d’une nouvelle politique à l’égard des religions mais non un changement de régime. Notre seule exigence consistait à réclamer de l’Etat qu’il respecte sa propre constitution : non ingérence dans les affaires de l’Eglise, possibilité pour tous de fréquenter les églises, possibilité de prier, respect du calendrier ecclésial et éducation des enfants dans la traditions des ancêtres. Le pouvoir soviétique ne nous paraissait pas éternel. Le mode de vie soviétique ne me froissait pas outre mesure, je n’en connaissais aucun autre. Le seul fait qu’il soit athée ne nous convenait pas dans le régime soviétique. Notre résistance, bien que passive, était très conséquente. Nous disions ouvertement que notre vie n’était pas régie par les soviets mais par la volonté de Dieu. Ces deux forces étaient alors en contradiction l’une avec l’autre, et cela, nous n’y étions pour rien. Les croyants se sont mis à fréquenter ouvertement les églises, à échanger du « samizdat » religieux, à faire le signe de croix avant de prendre leur repas dans les cantines. De même qu’à de nombreux autres chrétiens la politique m’était indifférente. J’étais bien plus intéressé à essayer de comprendre ce qui distingue les pentecôtistes des baptistes et les raisons en vertu desquelles ils ne baptisent pas leurs enfants lorsqu’ils sont en bas âge.

Q : Cela signifie-t-il que le chrétien n’a pas à s’impliquer dans la politique s’il n’y a pas persécutions ou athéisme militant ?

A.T. : Il est évident que la mission du chrétien ne se limite pas à gagner le salut, bien que cela soit essentiel. Le chrétien se fixe aussi pour objectif la transfiguration du monde dans lequel il vit. Il est naturel pour nous d’aspirer à ce que le monde soit chrétien, le monde de l’architecture, des lettres, de la science. Nous aspirons à ce que l’art soit pénétré de spiritualité… Tout au monde, la politique y compris, peut être imprégné de spiritualité. Le chrétien est-il à même de « diviniser » la politique, du moins d’essayer de le faire ? Certes oui, et il y est même tenu s’il se consacre à la vie sociale et politique. Il est essentiel de prendre conscience du fait que l’Etat n’a pas pour but le salut de l’âme de ses sujets. Impossible de bâtir le Royaume de Dieu sur terre. Nous pouvons cependant nous appliquer à créer des structures politiques justes qui ne feraient pas obstacle à la réalisation des objectifs que se fixe le chrétien.

Q: Il se dit que la monarchie est ce qui correspond le mieux à l’idéal d’un Etat chrétien. Justinien le Grand, l’auteur de « la symphonie » rédigeait ses textes étant Empereur de Byzance. Il avait en vue non pas un Etat abstrait mais une monarchie.

A.T. : La symphonie est une coopération, un travail en commun du peuple chrétien et du pouvoir chrétien. L’amour ne dépend pas des formes que prend le pouvoir. Soit cet amour existe, soit il est absent. Il me paraît impossible de faire un choix univoque entre la monarchie et la démocratie. Tout dépend de la personnalité de celui qui se trouve à la tête de l’Etat. Celui qui est aux rênes du pays doit, d’une manière mystique, éprouver un sentiment d’appartenance, d’une appartenance qui dépasse le cadre exclusif du bien-être terrestre. Il se sentira alors responsable devant Dieu et devant les hommes.
Le peuple doit être motivé pour confier le pouvoir à ses élites. Si il ne procède pas à des coups d’Etat cela signifie qu’il s’accommode du régime existant. Il n’est pas simple pour le pouvoir de mériter l’amour des gouvernés. La propagande n’y est guère efficace. C’est à l’âge de seize ans que je suis entré en Eglise. Tout pour moi y était nouveau : d’emblée j’ai compris que l’Etat ne m’aime pas, que j’y suis de trop, un gêneur pour tout dire. Auparavant l’Etat avait à mon égard de bonnes dispositions : j’étais à l’école, je savais que j’habitais le plus grande pays du monde, l’Union Soviétique, que nous avions vaincu le fascisme, que nous disposions de la bombe atomique. Bref, je me sentais protégé. Je peux dire que j’aimais l’Etat dans lequel je vivais. Mais la différence qui existe entre pays et Etat m’était alors incompréhensible. Dès mon entrée en Eglise j’ai senti que le terrible appareil du pouvoir soviétique qui se fondait sur la négation du Christ travaillait contre moi. Je n’étais pas sous les verrous, je n’étais pas déporté dans les camps mais l’appareil d’Etat m’avait désaimé et cela était terrible.


Q: Dans quelle mesure les luttes politiques sont compatibles avec la foi ?

A.T.: Il faut que les orthodoxes soient représentés dans les sphères du pouvoir. L’Eglise n’est pas une structure politique, il est interdit au clergé d’adhérer à un parti. Cependant, les laïcs se réservent le droit d’être entendus dans la cité et de pouvoir défendre leurs intérêts. Il y a là un risque. L’essentiel est que la politique ne devienne pas passionnelle car l’homme politique risque d’agir au nom de ses intérêts propres oubliant qu’il sert les intérêts de l’Eglise. Ces exemples ont abondé dans les années 90, je peux citer de nombreuses personnalités qui n’ont pas été à la hauteur de nos espoirs.

Q.: Il y avait alors en Russie des chrétiens-démocrates. Que sont-ils devenus ?

A.T.: On dénombrait dans la Russie des années 90 au moins huit partis qui se considéraient démo-chrétiens. Ils n’avaient aucun soutien de la part de l’Eglise. D’autre part l’espace politique qui leur était indispensable était alors tout simplement inexistant. Ces partis s’inspiraient des statuts et du programme de la CDU allemande : cela ne trouvait pas le moindre écho parmi le peuple. Un parti qui dit s’inspirer d’une composante idéologique de nature religieuse doit avoir des liens avec l’organisation religieuse principale du pays. Je pense non à des liens institutionnels mais programmatiques et idéologiques. Il n’est pas concevable que ces liens se fondent sur l’Evangile, les dogmes ou les canons. Le langage de l’Eglise doit en l’occurrence être traduit dans le langage des théories politiques. L’Eglise se doit de disposer d’un document dans lequel elle clarifie ses positions quant aux problèmes sociopolitiques essentiels du pays. L’action de la CDU/CSU se fondait sur la doctrine de l’Eglise catholique romaine à commencer par l’encyclique de Léon XIII « De rerum novarum », 1891. Nous ne disposions pas d’un point de départ similaire il y a vingt ans : aussi les clones russes des partis démo-chrétiens occidentaux n’avaient aucune chance de succès. En 1992 j’ai consacré à ce sujet plusieurs articles parus dans la revue « Voprossy filosofii ».
La situation est tout à fait autres de nos jours. Le Concile des évêques a approuvé en 2000 « Les fondements de la doctrine sociale de l’Eglise orthodoxe russe ». Il s’agit d’un texte à l’élaboration duquel l’actuel patriarche a travaillé pendant au moins huit ans. Cette doctrine, depuis qu’elle a été adoptée, a exercé une forte influence programmatique sur les programmes de nombreux partis. Si paradoxal que cela puisse paraître, ce sont les textes des socialistes qui se recoupent le mieux avec la « Doctrine ». J’ai fait paraître l’année dernière dans « Literatournaya Gazeta » une analyse dans laquelle je donnais une étude comparative des programmes de quatre grands partis politiques. Chacun d’entre eux s’appuyait dans une plus ou moins grande mesure sur l’expérience de l’Eglise.

Q.: Pourtant les conservateurs chrétiens de l’internationale démo-chrétienne n’ont en Occident, rien de commun avec les socialistes de gauche ?

A.T. : Les mouvements à orientation « sociale » sont en Russie étroitement liés avec l’idéologie religieuse, en commençant par le sermon des béatitudes. Le socialisme russe, ceci en commençant par les ouvrages théoriques du père Serge Boulgakov, a toujours été d’ordre religieux, à la différence du communisme. Or, les rapports entre le socialisme européen et les démo-chrétiens sont bien moins simples qu’ils ne peuvent paraître. Les démo-chrétiens sont, dans un certain sens, une ramification du socialisme. En effet, la deuxième moitié du XIX siècle a été marquée en Europe et en Amérique par de forts mouvements revendicatifs exigeant la justice sociale. Le socialisme était rêvé comme une société de bien-être matériel également réparti. Les beaux modèles socialistes humanitaires étaient parfaitement cohérents à une exception près : ils ne laissaient aucune place à Dieu. Aussi, les méthodes de mise en œuvre de ces modèles étaient d’ordre révolutionnaire et sanguinaire. A la fin du XIX siècle les catholiques, les protestants et les orthodoxes se sont mis à la recherche de leurs propres voies permettant d’atteindre la justice sociale.
L’encyclique «De rerum novarum » déjà citée donnait une définition du rôle de l’Eglise dans la société industrielle. Elle analysait la crise des civilisations qui ne se fondent pas sur les valeurs chrétiennes mais sur celles de l’humanisme laïc. Le pape Léon XIII estimait que la crise avait pour source une appréhension erronée de l’homme que l’on séparait de Dieu. Un monde sans Dieu se retourne contre l’homme car c’est le vide spirituel qui s’instaure.

Une autre approche de la mission sociale du christianisme se formait à l’époque aux Etats-Unis. C’est au début du XX siècle que s’y constitue le mouvement de « l’évangélisme social » fondé par Walter Rauschenbusch, un éminent prédicateur baptiste. Jeune, il prêchait dans les taudis de New York. Il y connut la misère vécue par les couches inférieures de la société. Cette injustice le révolta. Ce n’est qu’en édifiant sur terre le Royaume des Cieux qu’il est possible de dépasser cet état de chose, conclût-il. Rauschenbusch affirmait que seul le perfectionnement de la personne humaine permettrait de dépasser les vices de la société. Cela ne serait pas possible dans le cadre d’une ingérence des chrétiens dans la vie sociale. Il s’en suivait que l’action missionnaire est à même de pouvoir extirper le mal de la société. L’évangélisation conduira en définitive à une meilleure politique des hommes d’affaires et de la société dans son ensemble.
Les principes « de l’évangélisation sociale » se sont enracinés dans les milieux orthodoxes russes. Le père Serge Boulgakov qui avait répudié le marxisme pour embrasser la foi chrétienne (il connaissait bien l’Eglise ainsi que les doctrines des mouvements de libération) estimait qu’il convient de combattre en même temps les défauts que présentait l’Eglise et les vices inhérents aux révolutionnaires. En 1905 il fonde le parti de « la politique chrétienne ». Le père Serge croyait que les idées du socialisme pouvaient permettre d’atteindre le noble but de la justice sociale. Mais cet objectif restera inatteignable tant qu’il se fondera sur l’humanisme sans Dieu, « religion de l’humanité mais sans Dieu et contre Dieu ». Les communistes ont malheureusement gelé pour tout un siècle l’évolution de la pensée politique chrétienne en Russie.
Les mouvements démo-chrétiens européens se sont constitués en tant que réponse à l’humanisme socialiste. C’est, à notre surprise que ce sont les forces de gauche qui en Russie d’après l’effondrement du communisme se trouvent le plus près de l’idéologie sociale chrétienne. Le programme du parti Spravedlivaya Rossya (Une Russie juste) se fonde sur la justice, la liberté et la solidarité. Il serait utile de comparer ces principes avec « la doctrine sociale de l’Eglise » et « les Valeurs de base » proposées par l’archiprêtre Vsevolod Tchapline.
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Lien en russe "RODON" et "Neskoutchny sad"



Rédigé par Nikita Krivocheine le 6 Juin 2011 à 08:40 | 0 commentaire | Permalien

Atelier d'Icônes et fresques Saint Jean-le-Théologien
Georges Farias, iconographe et fresquiste orthodoxe, fait un pont entre orient et occident en réalisant des icônes et fresques dans la plus pure tradition byzantine et romane, véritables fenêtres ouvertes sur le divin, dont nous contemplons activement les mystères dans une intime communion entre art et théologie

SESSIONS 2011

Il s’agit d’une formation d’initiation et d’approfondissement à l’iconographie byzantine selon les traditions grecque et russe. Ce stage se déroule dans le cadre d’une retraite au monastère.

*Prieuré Sainte Marie La Cotellerie (Mayenne) du 4 au 9 Juillet

*Monastère Bénédictin de Chevetogne (Belgique) du 23 au 29 Juillet


*Monastère Orthodoxe de Cantauque (Aude) du 12 au 18 Juillet

*Abbaye Saint Martin de Ligugé (Vienne) du 15 au 20 août

Je vous serais très reconnaissant de bien vouloir faire connaître cette activité. Je joins à ce courrier le lien vers mon site blog où les intéressés pourront s’informer avec beaucoup plus de précisions sur ces cours. Liens-sites d'actualités.

Je vous en remercie à l’avance.
Cordialement,
Georges iconographe

Atelier d'Icônes et fresques Saint Jean-le-Théologien

177, Avenue de Paris
50100 CHERBOURG
tél: 0233205396

Rédigé par Atelier d'Icônes et fresques Saint Jean-le-Théologien le 5 Juin 2011 à 08:35 | 1 commentaire | Permalien

Le 24 mai 2011 ( qui était le 11 mai du calendrier julien), en la synaxe des saints Cyrille et Méthode, égaux aux Apôtres, apôtres des Slaves, une divine liturgie pontificale en slavon a été célébrée à la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome, là même où les saints frères avaient utilisé, pour la première fois, cette langue dans la liturgie, avec l’accord du pape Hadrien II (792 † 872).

Cette messe pontificale a été célébrée par l’archevêque Marc d’Egorievsk, directeur de l’administration des établissements du patriarcat de Moscou à l’étranger, entouré de l’évêque Nestor de Chersonèse, en charge des communautés orthodoxes russes en Italie, de l’archevêque Alexandre de Péréïaslav (Eglise orthodoxe d’Ukraine).

La divine liturgie a été célébrée dans la splendide chapelle Pauline de la basilique – dite aussi chapelle Borguèse -, donc devant la plus célèbre icône de Rome, l’icône de la Vierge Salus Populi Romani (Salut du Peuple Romain).

Selon la notice du Liber Pontificalis, cette icône avait été apportée au IVème siècle à Rome par l’impératrice sainte Hélène, puis placée à Sainte-Marie-Majeure par le fondateur de la basilique, le Pape Libère (352 † 366). Selon la tradition, il s’agirait d’une icône peinte par saint Luc. Une analyse stylistique de l’œuvre montre que la position inhabituelle des mains de la Mère de Dieu fait qu’elle remonte forcément aux systématisations des modèles iconographiques de la Vierge après le VIIIème siècle. L’œuvre aurait aussi connu deux restaurations ultérieures aux XIIème & XIVème siècles....SUITE "Schola saite Cecila"

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 4 Juin 2011 à 08:03 | 4 commentaires | Permalien

Père Andrew Phillips: La pensée et l’enseignement du Père Alexandre Schmemann
Je voudrais faire part aux lecteurs de ce site d’une réflexion, inspirée par le journal du Père Alexandre Schmemann, écrite par le Père Andrew Phillips. La pensée et l’enseignement du Père Alexandre Schmemann ont une grande importance dans l’Archevêché des Eglises Russes d’Europe occidentale. Il me semble donc utile à la réflexion de tous de prendre connaissance de l’article du Père Andrew Phillips, qui a une approche de l’Orthodoxie assez différente de celle du Père Alexandre. Je tiens à souligner que, l’un comme l’autre, ces deux prêtres sont animés par le désir sincère d’amener des âmes au Christ. Et il appartient au lecteur de faire la part des choses en ce qui concerne le jugement, parfois sévère, du Père Andrew concernant l’enseignement du Père Alexandre. Je recommande vivement aux anglophones cet article dans son intégralité sur le lien ICI
Pour ma part, je donne uniquement la traduction en Français de la seconde moitié de cet article pour éviter de mettre en ligne un exposé trop long.
Je tiens aussi à faire remarquer qu’il n’est pas question ici de l’immense travail d’écriture fourni par le Père Alexandre, travail utile et toujours largement utilisé aujourd’hui. Il est question du fond de la pensée du Père Alexandre tel qu’elle apparaît dans les pages de son journal. ( Marie GENKO )


Père Andrew Phillips: La pensée et l’enseignement du Père Alexandre Schmemann
« Nous parvenons à présent à la véritable tragédie du Père Alexandre. ….
Il était suffisamment intelligent pour rejeter l’école de Paris (p.527), il traitait Boulgakov d’hérétique, l’accusait de marxisme à l’envers (p.527), de fantaisie occulte (« sophianisme »), d’imagination, d’auto-exaltation et de déracinement. Mais le Père Alexandre lui-même était totalement déraciné, à la fois intellectuellement et culturellement, ni Russe, ni Parisien, ni Américain.
L’essentiel de la tragédie du Père Alexandre se résume dans le fait qu’il aimait la Bible et l’Eucharistie (p.615, 635- et qui ne les aime pas ?) mais il n’accepta jamais la masse populaire de l’Eglise, telle qu’elle apparu sous le règne de Constantin, cette Orthodoxie des masses qui est le fruit de l’Incarnation. Fondamentalement - et c’est ce qui donne un prétexte à toutes les accusations qu’il était Protestant – il ne franchit jamais la limite du 4ème siècle, il n’accepta jamais la réalité d’une Eglise des masses populaires. Voilà pourquoi il refusa toujours ce mouvement sanctifiant de balancier de l’Eglise du 4ème siècle, celui de l’Orthodoxie du monachisme, de l’ascétisme, des symboles, des mystères, des Pères de l’Eglise, du « Byzantinisme », de la Sainte Russ, des Iconostases, des prières secrètes, de la confession, de la vie des Saints, de la vénération des reliques, des Menées, du « sanctoral », des akathistes, des molebens (services d’intercession) et des panikhides (service à la mémoire des défunts).

C’est certainement une excellente chose de louer « les chrétiens primitifs », « qui n’avaient pas d’iconostases » mais contrairement à nous, ils étaient des Saints, capables de d’endurer à n’importe quel moment le martyr, et nous ne sommes pas des Saints.

En ce sens, l’orthodoxie du Père Alexandre était une orthodoxie puriste et élitiste, qui ne tenait simplement pas compte du fait que la plus part des gens sont heureux de participer à des célébrations, dont ils ne saisissent que peu de choses intellectuellement, parce qu’ils ne comprennent pas la langue utilisée. Ils n’ont pas besoin de la comprendre. La plus part des gens ont besoin d’une atmosphère pour prier et non de livres à lire, de choses à comprendre. La plus part des gens ne lisent simplement jamais et ne vivent pas de leur intelligence. Leurs besoins sont différents. Ils vivent dans leurs corps et dans leurs cœurs, même si, pour les intellectuels, cela semble une approche émotionnelle ou sentimentale – ou spirituelle et « mystique ».
Il est intéressant de constater que ceci est le nœud du problème qui se pose aujourd’hui à tous ces Russes d’origine, ou qui se disent de « Tradition Orthodoxe Russe », qui refusent toujours d’accepter une unité dans l’amour sous l’autorité de l’Eglise Orthodoxe Russe : ils ne peuvent accepter l’Orthodoxie des masses populaires, mais préfèrent de petites « communautés » presque de petits ghettos, souvent de 20 à 30 personnes, parmi lesquelles chacun est supposé être un intellectuel, et avoir ainsi une foi « pure ». Ceci est essentiellement de l’orgueil, l’orgueil qui se cache derrière chaque division, derrière chaque rejet de l’unité, que celui-ci vienne de la gauche (séminaire Saint Vladimir) ou de la droite (la véritable Eglise Orthodoxe etc.) Ils pensent tous, qu’eux seuls « seront sauvés ». Et cela montre simplement une absence d’amour inacceptable pour ces masses populaires , qui, en réalité, ne les rejoindront jamais.

Les malentendus

Intellectuellement, le Père Alexandre ne comprit jamais que l’orthodoxie est, dans sa conduite de vie chrétienne, l’Evangile incarné. De là viennent aujourd’hui les accusations d’hérésie contre le Père Alexandre en Russie. En cela, l’esprit du Père Alexandre n’est jamais complètement entré en Eglise, de là son aversion pour le terme « ecclésial » (p.379). Son approche des services religieux était une approche de « dé mythologie » de destruction à la base, en fait l’approche d’un critique littéraire profane. Tout l’aspect mystique en était absent, ne restait que le bibliste rationnel protestant. Ironiquement c’est aussi cela qui conduisit au nationalisme ethnique américain russophobe, qui infecte jusqu’aujourd’hui une partie de l’OCA (Orthodox Church in America).

« Père spirituel de l’OCA », le Père Alexandre, n’était pas russophobe (p.360), mais il avait une vue très critique de la Russie (p.438) et il se sentait davantage chez lui, à l’Ouest, à Paris. En parlant de l’évêque Gregory Grabbe de l’EORHF (Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières, juridiction dans laquelle se trouvaient des groupes s’opposant entre eux, du moins aux USA), le Père Alexandre exprima que les enfants sont certainement pires que leur père (p.54). Le Père Alexandre, qui était un internationaliste, aurait été horrifié par le nationalisme qu’expriment aujourd’hui certains de ses enfants spirituels dans diverses juridictions. Déjà de son vivant, il s’inquiétait du style protestant de l’activisme et de l’approche du business à l’américaine dans l’OCA (p.438-617-18), qu’il avait bien malgré lui encouragé ; et il admettait lui-même, qu’il se sentait davantage à la maison « à l’Ouest » et non « à l’Est » c'est-à-dire qu’il se sentait mieux « à l’Ouest » que dans un univers orthodoxe.

Ainsi le Père Alexandre ne comprenait souvent l’Eglise que comme « une religion » (mot qu’il n’aimait pas en évidence – nous détestons « les religions organisées », c’est la raison pour laquelle nous sommes orthodoxes) il n’aimait ni « les théologiens » (p.39), ni les institutions (« croix et barbes » p.10) (en tant qu’institution, évidemment tous nous ne l’aimons pas (la religion), mais nous l’acceptons comme nécessaire). Il ne regardait jamais plus loin que l’apparence de la coquille, ne voyant pas son contenu ? Il y avait toujours chez lui cette superficialité ; si typique des conférenciers orthodoxes dans le circuit des conférences internationales, avec leur vues académiques, plates, superficielles et dénuées de spiritualité concernant l’Eglise, et sans réelle expérience. La tragédie du Père Alexandre fut qu’il ne réalisa jamais ce principe positif à savoir que l’Orthodoxie est toujours incarnée dans la vie des groupes et des Nations ; il ne voyait que les aspects négatifs de l’Incarnation et à cause de cela en rejetait le principe même. En dépit du fait qu’il comprenait clairement les faiblesses de nombres de personnes, par exemple le prince Andronikov (p.110 et 132), Olivier Clément (p.422), Dimitri Obolensky (p.604, 607, 630) et Nicolas Zernov (p.78, 79, 564), il montrait une certaine naïveté dans son jugement concernant d’autres personnes. Comme nous l’avons déjà mentionné, il avait une saine aversion pour « les pères spirituels » (p.35, 631) et le mensonge d’une pseudo-spiritualité (ce qui est un phénomène inter juridictionnel – le diable se faufile toujours partout). A partir de cela nous pouvons comprendre son attitude envers une mauvaise sorte de convertis (« les maximalistes »), il les rencontra par exemple à Oxford au début des années 80 (les transfigurés p.640).

Le Père Alexandre ne comprenait pas du tout la véritable Angleterre, il ne connaissait que les élites de Londres et d’Oxford (p.590). Comme tous les élitistes, il ne comprit jamais le peuple. Je me souviens parfaitement d’un de ses disciples à Paris, diplômé de Saint Vladimir, me faisant part de son choc en prenant connaissance des aspects de la vie de tous les jours, la vie que moi-même, et tous ceux que je connaissais bien, avaient toujours menée, et je me demandais de quelle planète venaient des gens comme lui. C’était de la planète de la Désincarnation.

La dimension absente

Le Père Alexandre écrivait qu’il aimait l’Orthodoxie, (l’idée désincarnée, la théorie), mais qu’il n’aimait pas l’Eglise (p.237-7, 248) qui, Elle, est incarnée. Il opposait parfois l’Eglise et la chrétienté au Christ (p.85, 459), chose qu’il est possible de faire seulement si on considère l’Eglise comme une institution surtout humaine, artificielle et « Byzantine » (p.92, 95, 105, 331, 452). Son aversion pour le « Platonisme » le « Byzantinisme » pour Saint Dionysos l’Aréopagite (p.236, 453, 619- Comme tout ce non sens « pseudo Dionysos » est fatigant) son aversion pour Saint Maxime le Confesseur contrariait de façon tout à fait compréhensible le Père Georges Florovsky et tous les Grecs – et pour cette raison tous les Orthodoxes- qui méritaient davantage de sa part. Voilà pourquoi il n’aimait pas également le terme « Sainte Russie », qu’il confondait aussi avec l’idolâtrie, au lieu de La comprendre comme une Incarnation du Christ, ce qui est la réalité de la Sainte Russie.

Parfois, il considérait les services liturgiques à la façon d’un critique littéraire jugeant des textes, laissant échapper tout l’aspect mystique de la liturgie orthodoxe et cela parce qu’il était tellement concerné par l’aspect humain de la vie de l’Eglise. Et comment aurait-il pu conserver un jugement équitable sur tout cela ? Il n’y avait aucun monastère où il aurait pu aller se ressourcer spirituellement, juste sa maison d’été familiale au Canada. D’un autre côté, nous avons vu qu’il prenait position contre la fausseté en Eglise, contre une pseudo-religiosité, contre l’hypocrisie, la bigoterie et qu’il comprenait que toute la théologie orthodoxe est contenue dans les services religieux.

Le Père Alexandre comprenait la place centrale de l’Eucharistie et parlait de « Eucharistisme » (p.608). Il œuvra beaucoup pour encourager une communion fréquente auprès de son troupeau composé dans sa majorité d’ex-uniates, qui avaient été forcés d’adopter, plus de deux siècles auparavant, la vieille coutume catholique d’une communion rare. Cependant le Père Alexandre ne comprenait absolument pas la nature sacrée, « Byzantine » mystique de l’Eglise (p .452, 518, 480), ni la prière secrète, la repentance, la vie ascétique, ni Saint Grégoire Palamas (p.374, 539), ni Saint Ignace et Saint Théophane (p. 502, 587), et, comme d’autres parisiens, il ne comprenait pas l’utilité de la confession (p. 511) de la prière et du jeûne. En cela il était dans le siècle et, comme il l’admettait lui-même, il ne pouvait pas se détacher du monde (p.452). Pour cette raison toute une dimension, toute une moitié de la vie orthodoxe en Eglise lui manquait.

Le Père Alexandre comprenait aussi que Saint Vladimir pouvait déboucher sur un désastre, qui échapperait à son contrôle (p. 34, 331, 438, 460, 596). Il comprenait que les séminaires eux-mêmes ne sont pas orthodoxes ; ils sont le résultat du cléricalisme catholique romain. Néanmoins, malheureusement, à cause de son préjugé anti monastique, il ne comprenait pas qu’un véritable séminaire doit faire partie d’un monastère, comme Saint Tikhon, dans sa propre juridiction, plutôt qu’un établissement dirigé et conçu par, et pour, des intellectuels. Le Père Alexandre n’aimait pas confesser (p.34, 511), mais il le faisait et, apparemment, il le faisait bien. Il avait de la Liturgie une approche rationnelle, anti mystique (p.518), protestante – et pour cela il accusait ceux qui avaient une approche orthodoxe de se comporter comme des Catholiques (p. 158)

Le Père Alexandre ne comprit jamais l’importance de l’habit clérical, ni celle des femmes aux têtes couvertes dans les églises, ni la fidélité à l’ancien calendrier orthodoxe, ni la façon dont les services sont célébrés (p.96). Il ne comprit jamais qu’en dépit du fait que le rituel est certainement secondaire, il est aussi l’image d’une vérité intérieure. Son rejet de la piété traditionnelle fut une tragédie, il ne comprit jamais que de nombreux paroissiens pieux et fidèles ne sont simplement pas capables de prier dans des églises selon le nouveau calendrier, avec des prie-Dieu et des prêtres glabres, qui interdisent l’usage d’une langue étrangère (elle n’est étrangère qu’aux ignorants) des prêtres, qui interdisent le jeûne et les têtes voilées des femmes.
Il ne comprit pas davantage que des prêtres rasés et portant le col romain ne seraient jamais pris au sérieux, pas plus que le nouveau calendrier- tout du moins dans l’Eglise russe (p.426).
Il est désolant que de jeunes prêtres naïfs, qui célèbrent matines sans observer le Canon (en supposant qu’ils célèbrent les matines ?), qui détestent les Menées, qui gardent les portes royales ouvertes durant toute la liturgie (en supposant qu’il ait un iconostase ?) qui déclament à haute voix les paroles sacrées des prières secrètes, qui mettent des prie Dieu dans leurs églises, qui refusent de confesser et interdisent aux femmes de se couvrir la tête, soient, peut-être injustement, considérés aujourd’hui comme une conséquence de l’enseignement de l’OCA, enseignement appelé à tord à présent le « Schmemanisme ».
Le fait est que, quelque soit son appellation, cet enseignement piétine la piété orthodoxe et scandalise les fidèles.

La personnalité du Père Alexandre

Néanmoins dire, que toute la tragédie actuelle de l’OCA et ses scandales, indirectement mentionnés dans son Journal censuré, seraient la faute du Père Alexandre, est injuste. Il n’était pas seul à fonder l’OCA. Ce qui lui semblait être une bonne idée, en ces tristes temps de guerre froide. Il ne fut pas responsable pour les compromis séculiers qui se répandirent dans certains endroits de l’OCA. Il est vrai que son parti pris anti monastique ne fut pas une aide. Et ce fut l’absence fondamentale d’une vie monacale authentique et d’une tradition ascétique, qui fut, et qui est toujours, la racine du déclin de l’OCA.

Mais pourquoi devrait-on accuser le Père Alexandre, un prêtre marié, un bon et honnête père de famille pour le manque de vie monastique et le déclin qui en résulte ?

Cela ne serait pas le cas si le Père Alexandre avait voulu le pouvoir et s’il avait voulu être responsable de Saint Vladimir – il n’était ni ambitieux, ni carriériste, il aurait été plus heureux en se limitant à prêcher, parler, écrire et vivre avec sa famille. Il lui arrivait bien souvent d’être fatigué et exaspéré par les mesquineries bureaucratiques, les querelles, les plaintes et les coups de téléphone. C’est en dépit de lui-même qu’il avait été placé dans une position de pouvoir. Et ses efforts infatigables en conférences, écriture, confessions, services et émissions sur Radio Liberté, sont certainement inestimables, même s’ils sont unilatéraux.

Le Père Alexandre faisait ce qu’il pouvait, dans les limites de ses possibilités, dans les tragiques limites humaines, qui sont notre lot et qui étaient les siennes. En cela son effort n’était pas moindre que celui de n’importe quel d’autre et même, bien souvent, il lui était infiniment supérieur. Le fait que toute la dimension sacrée, monastique et ascétique est absente de son travail et le fait, qu’il la considérait comme une erreur ( !), ne veut pas dire que sa compréhension de la place centrale de l’Eucharistie soit erronée. Cela veut simplement dire qu’elle est unilatérale – juste la moitié du contenu. Et ce fut cette moitié qu’il fit revivre. Il appartient à ceux qui viendront après lui de redonner vie à l’autre moitié, pour compléter le puzzle.

Aucune Eglise orthodoxe n’a été fondée par des laïques, ou des prêtres mariés. La mission monastique occupa toujours une place centrale, qu’il s’agisse de l’empire romain des premiers siècles, de la Géorgie et de l’Arménie, du pays de Galle, de l’Irlande et de l’Ecosse aux 5ème et 6ème siècles, de l’Angleterre en 597, des Slaves aux 9ème et 10ème siècles, ou de la Roumanie et de la Serbie au 20ème siècle, cette place a toujours été vitale. Sans monachisme, il y a immaturité et prématurité, avec pour résultat une absence de progrès spirituel, juste un « activisme » extérieur qui s’éteint lorsque s’estompent l’émotion et le naïf enthousiasme de la jeunesse.

Conclusion et vue d’ensemble

Nous avons une prémonition depuis 1974 et cette vision des choses est la suivante :

Un jour, après toutes les divisions de l’Eglise Russe, dues à la tragique Histoire de la guerre froide, qu’il s’agisse de l’Amérique ou de l’Europe de l’Ouest, divisions causées par la paralysie du centre à Moscou, lorsque cette situation aura été maîtrisée et consignée dans les livres d’Histoire, toutes les pièces du puzzle devront retrouver leur place. Ce jour là nous verrons à nouveau une image d’ensemble, que peu de personnes de la tragique génération du Père Alexandre auront vue.
Le processus de la reconstruction de cette image d’ensemble a commencé avec la canonisation des Nouveaux Martyrs et Confesseurs à New York et elle a été terminée à Moscou. C’est par leur sang et leur sacrifice que tout a pu changer et que l’Unité a pu se faire. Leur canonisation a donné ses fruits lorsque les deux parties les plus importantes du puzzle, celles particulièrement proches des Nouveaux Martyrs et Confesseurs, l’Eglise Russe Hors Frontières fondée par le Patriarcat russe et le Patriarcat lui-même, entrèrent en communion en 2007.

A présent les autres pièces de ce puzzle, l’OCA et la rue Daru, doivent encore les rejoindre. Cela arrivera lorsque partout et sans restriction, seront commémorés les Nouveaux Martyrs et Confesseurs. Alors le puzzle entier sera reconstitué. Alors la grande image de l’universalité et de la mission mondiale de l’Orthodoxie Russe et son rôle vital dans l’unité de la pan-orthodoxie seront à nouveau visibles. Cela sera évident même pour ceux qui sont partis loin d’elle, parce qu’ils étaient concernés par leurs petits coins retirés et leurs « personnalités ». En ce qui concerne les personnalités dans les petits coins, il y a un proverbe qui dit que si vous voulez être un grand poisson, tout ce que vous avez à faire est d’entrer dans une petite mare. Et c’est ce que certains et leurs adeptes ont fait, ils ont rétréci leur pièce d’eau, afin d’avoir l’air plus importants eux-mêmes.

Comme tout ce qui est sectaire, il s’agit ici d’une illusion, ou plutôt d’un mensonge à soi-même. Le mensonge avec son culte de la personnalité a toujours été la croix de l’émigration russe. Les petits groupes d’émigrés étaient si concernés par leur petits groupes avec leur petit monde, ils étaient si insulaires, si coupés de leur centre, qu’ils avaient perdu la vision de la grande image, la vision du Tout. Cela est compréhensible puisque leur centre était captif d’un athéisme militant. Ainsi que restait-il d’autre que de petits coins et quelques personnes ayant le souvenir de la grande image et souhaitant sa restauration ? Mais ces temps sont à présent révolus, ils doivent être rangés dans la case des mauvais vieux jours – et, ne nous faisons pas d’illusion, c’est ce qu’ils étaient.

Il n’y a aucun doute que le Père Alexandre aida de nombreuses personnes à entrer dans l’Eglise, personnes qui plus tard eurent une compréhension et une vie plus profondes dans l’Eglise du Christ et lui en furent reconnaissantes. Il est un fait que la métropole moribonde des années 1950 avec son ritualisme ethnique de « l’ancienne patrie » fut transformée par lui et son entourage. Il est indubitable, qu’en dépit de ses vues unilatérales, le Père Alexandre était sincère et de bonne volonté. Il est aussi indubitable qu’il a aidé à poser les fondations et le renouveau de l’Eglise Orthodoxe en Amérique du Nord.

Depuis la mort du Père Alexandre, d’autres, comme le Père Ephrem, des membres de l’Eglise Russe Hors Frontières et d’autres encore complètent ce qu’il n’a pas pu faire de son vivant, en redonnant vie à toute l’autre moitié, supranationale, de l’Eglise orthodoxe, le monachisme, l’ascétisme , la Tradition, que le Père Alexandre, en homme de son temps, ne connaissait et ne comprenait que partiellement.

Pour cette raison, à l’intention de celui qui aida à poser ces fondations, nous n’hésitons pas à dire :
Au Protopresbytre Alexandre – Mémoire éternelle !

Archiprêtre Andrew Phillips, recteur de l’église de Saint Jean de Shanghai, Colchester U.K.
16 février/1er mars 2011

Cet article a déjà été publié Orthodoxierusseoccident
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Notes du traducteur

1) Les numéros de pages cités ci-dessous correspondent à l’édition anglaise du journal du Père Alexandre Schmemann.

2) Colchester, England. March 1, 2011. Archpriest Andrew Phillips, Comparing Notes: The Diaries (Дневники) of Fr. Alexander Schmemann and Russian Church Unity in the Diaspora

3) Cet article a déjà été repris partiellement en russe sur le lien ICI
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"PO" V.Golovanow - Reconfiguration inachevée de l'Eglise russe dans l'émigration
Marie Genko - Réflexion sur le modernisme dans mon Archevêché
Par Georges Nivat - "Prêtre, orthodoxe, occidental et russe: Alexandre Schmemann"

Rédigé par Marie GENKO le 2 Juin 2011 à 09:45 | 17 commentaires | Permalien

Pierre Alexandrovitch de Fermor

Sommes-nous indifférents à ce qui se passe à Nice ? Mais pas le moins du monde. Car le jugement du 19 mai 2011 ne me semble pas de nature à enflammer les passions de tous ordres, et peut tout au contraire, par sa sagesse issue du bon usage des lois de France, nous replacer tous dans la bonne direction. Car cette décision présente bien des avantages, aussi bien pour les paroissiens (qui sont les premiers concernés) que pour la bonne ville de Nice (qui a son mot à dire, et mérite mieux que bon nombre de désinformations sur le sujet).

Les paroissiens

Voici pour eux l’occasion d’être enfin entendus, dans leur totalité. Rappelons ici les mots paisibles prononcés par Feu Madame Lydia Places (ancienne secrétaire de l’ACOR), le 12 mars 2009, dans une lettre adressée à Monsieur le maire de Nice : « Rendez à la cathédrale orthodoxe russe Saint-Nicolas de Nice sa mission essentielle: être la Maison de Dieu où paroissiens, fidèles et amis retrouveront les pasteurs doux et humbles de cœur que la spiritualité russe leur a donnés par le passé et où, en paix, ils pourront venir se recueillir et prier devant leurs icônes ».
Et souvenons nous qu’une lettre avait alors été adressée à son instigation au Patriarche de Moscou, exprimant le souhait d’une grande majorité des paroissiens et amis de la cathédrale russe de Nice (près de cent vingt signataires), que celle-ci soit librement rattachée à son patriarcat.

Combien de paroissiens, membres de l’ACOR, souhaitent-ils que leur cathédrale conserve ses liens avec Constantinople, autour de leur recteur ? A l’évidence un bien plus petit nombre, probablement autour d’une quarantaine, sinon moins…

Qu’en déduire? Peut-être que la majorité devrait être enfin entendue, et c’est justement ce que permet le jugement de la Cour d’Appel d’Aix. Ne devrions nous pas en être satisfaits, orthodoxes de toutes origines? Qu’une association cultuelle soit ainsi établie autour d’un recteur nommé par Moscou pour répondre au libre arbitre des fidèles de Saint-Nicolas n’est pas une aberration. Et qu’elle laisse les prêtres de Constantinople officier eux aussi au sein de la cathédrale sera un devoir. Qui aura lieu.

L’ensemble des paroissiens, ressoudés autour d’une grande orthodoxie, retrouveront la paix qui s’était un peu éloignée de leur église.

Les niçois

Ils vont vite le réaliser, ils ont tout à gagner avec le retour à la Russie de leur « église russe », qui constitue depuis si longtemps une partie intégrante du paysage niçois :

Que veut dire « retour à la Russie » ? Ni plus ni moins que l’obligation pour l’Etat russe de gérer en bon père de famille l’édifice architectural que constitue l’église, monument d’exception. En assurer la maintenance et l’entretien. En garantir la pérennité et la sécurité. Autant de dépenses que la municipalité, c’est-à-dire les niçois, mais aussi la région, n’auront plus à supporter financièrement. Comment s’en plaindre ?

L’Etat russe a par ailleurs promis le retour à la gratuité d’accès du lieu, qui est en tête de liste des endroits les plus visités de la ville et des communes environnantes. Voilà qui ne peut que plaire à tous : Les russes en villégiature parmi nous, qui participent grandement à l’essor commercial de notre région; tous les touristes dans leur ensemble; les niçois aussi (et particulièrement les riverains) qui se plaisent à goûter à la paix sereine qui habite ce lieu de prières qui leur appartient aussi.

Pour la Russie, l’abandon de cette manne assez dénaturée est un acte responsable, qui augmente sa charge financière.

Moscou

La Russie construit des églises. Et prend à sa charge celles qui, disséminées hors des frontières russes, lui reviennent de droit ou par choix. Elle confie à son patriarcat la gestion cultuelle de ces lieux de prière, en un geste bien naturel qui est l’application sage du principe de séparation des pouvoirs de l’Etat et de l’Eglise. Qui pourrait s’en plaindre ? Certainement pas les orthodoxes. Encore moins les orthodoxes russes de Nice, qui jusqu’ici n’ont probablement pas eu suffisamment le droit à la parole : Laissons leur enfin ce droit, et cessons de vouloir diriger leurs choix. Et ne les plaignons pas, ils ne sont pas à plaindre. Enfin, respectons les décisions de la Justice de notre pays, dont l’indépendance ne peut être mise en cause.
Merci aux paroissiens pour leur sagesse, merci aux niçois pour aimer notre cathédrale, et merci à Moscou pour la soutenir!

Blog AACOR-SNN

Rédigé par Blog AACOR-SNN le 2 Juin 2011 à 09:00 | 3 commentaires | Permalien

XB ! Bonjour à tous,

Nous souhaiterions qu'un maximum de jeunes s'engage pour participer à l'organisation de ce congrès.
Nous vous proposons donc d'organiser une réunion ce dimanche 5 juin à 18h à la salle paroissiale de
l'église de la Sainte-Trinité à Vanves (PM) (16, rue Michel-Ange) pour parler avec père Andrei Sommer.

Comme vous le savez peut-être déjà, un congrès réunissant les jeunes orthodoxes russes du monde entier aura lieu à Paris du 1er au 8 juillet 2011

Père Andrei Sommer de New York qui est à la tête de ce projet sera présent à Paris du 2 au 6 juin prochain pour continuer à travailler sur l'organisation de ce pèlerinage et il a exprimé le souhait de rencontrer les jeunes de Paris durant son séjour.


La paroisse de Meudon et les Vitiaz participeront notamment à l'organisation de la première journée du congrès qui débutera par une liturgie à Meudon avec tous les membres du congrès en l'honneur de St Jean de Shanghai et qui sera suivie par un déjeuner à Clamart (ou dans les jardins de l'observatoire à Meudon selon modalités d'organisation).

N'hésitez pas à faire passer le mot à vos amis orthodoxes!
Si vous pouvez venir, pouvez-vous me dire combien vous serez car il faut que j'organise la salle en conséquence.

Nastassia Poulet
M.Artzimovitch

PS: Vous pouvez aussi apporter quelque chose à boire et/ou à manger si vous le souhaitez.

Rédigé par Association Chersonèse le 1 Juin 2011 à 17:35 | 1 commentaire | Permalien

Reconfiguration inachevée de l'Eglise russe dans l'émigration
Avertissement: je vous propose la traduction légèrement abrégée d'un article du père Andrew qui fait un point de la situation des différentes structures canoniques issues de l'Eglise russe. Certaines affirmations en sont très polémiques et souvent discutables (tout le monde en prend pour son grade): j'en laisse l'entière responsabilité au père Andrew en ajoutant seulement quelques commentaires et explications in fine. Mais la personnalité de l'auteur est intéressante(1) et je trouve là un génie de la synthèse et du mot juste, comme l'esprit gaulois en produit de moins en moins (appréciation d'amis que se reconnaitront!)… voire même une vision optimiste pour l'avenir de l'Orthodoxie. Je laisse chacun en juger. ( Vladimir GOLOVANOW )

Père Andrew Phillips (1)

Introduction: Le Syndrome du Wyoming
Le père John Romanides avait eu cette image pour expliquer les effets de la chute de Byzance sur l'Orthodoxie: imaginez que les USA disparaissent en ne laissant que le provincial et stagnant Wyoming pour représenter la puissance économique, technologique et politique de l'ex-superpuissance.

C'est cela que représentaient les fragments du monde orthodoxe après le sac de 1204 et la chute de 1453: les fragments subsistants du monde orthodoxe perdirent alors leur sens de l'unité, leur intégrité, leur objectif et leur direction. Ils se sont "provincialisés" et balkanisés. La même image peut être utilisée à propos de l'effondrement de la Russie en 1917. La conséquence immédiate de l'effondrement de ce Centre c'est que tout le monde orthodoxe retombe en décadence et désunion: "Tout s'écroule ; le centre ne peut tenir ; / L'anarchie se répand sur le monde / " (2). Le mot "juridiction" est inventé et des compromis sont introduits dans tous les domaines de la vie de l'Eglise: calendrier, liturgie, spiritualité (œcuménisme) et morale (scandales). Mais, depuis l'effondrement du Communisme et de l'URSS les effets de la chute de la Russie orthodoxe sont lentement en train d'être surmontés: le Centre, c'est-à-dire l'Eglise Orthodoxe Russe maintenant libérée, est revenu sur la scène mondiale. Cela a de profondes implications non seulement pour la Russie et ses fragments hors de Russie, non seulement pour les Eglises Orthodoxes Locales, mais en fait pour l'ensemble du Monde Chrétien.

1. Le Patriarcat de Moscou en Russie

Depuis le millénaire du baptême de la Rus, en 1988, et la chute du Communisme, la Patriarcat a du faire face à une tâche gigantesque de renouvellement des infrastructures, tant en terme de bâtiments que de personnes. (…) La véritable décimation (seul 1/10 survécurent) de l'Eglise Orthodoxe Russe par l'athéisme avait été inimaginable!
Depuis les années 1990 l'Eglise eut à souffrir des attaques de différentes sectes, généralement des "missionnaires" financés aux USA, mais aussi des nationalistes fanatiques en Ukraine occidentale et différents pseudo-Orthodoxes, sectes "des catacombes", souvent fabriqués par ceux qui étaient de bons communistes encore hier. Malgré tout, avec sa restructuration en Métropoles nationales et surtout, après 2000, avec la reconnaissance de ses propres martyres et confesseurs, la condamnation du sergianisme (3) (erastianisme (4)) et de l'œcuménisme(5), le Patriarcat de Moscou en Russie s'est trouvé transformé.

2. Le Patriarcat de Moscou hors de Russie

Les représentant du Patriarcats de Moscou, appointés par le KGB, faisaient scandale pendent la Guerre Froide. Les cas d'immoralités et de corruption crasse d'évêques-agents du KGB dans plusieurs capitales européennes augmentaient la défiance vis à vis du Patriarcat et empoisonnaient sa vie ecclésiale. Rien n'était secret – sauf pour ceux qui, sur les marges de l'Eglise ou en dehors d'elle, étaient aveuglés par la naïveté. Il en est résulté que ceux qui s'intéressaient sérieusement à l'Orthodoxie russe ne rejoignaient pas le Patriarcat de Moscou, alors contrôlé par les communistes, mais la libre et indépendante "Eglise Orthodoxe Russe Hors-Frontières" (EORHF/ROCOR)
Depuis 1991 le Patriarcat s'est diplomatiquement débarrassé de ces figures scandaleuses, principalement par leur décès, mais parfois par leur exil en Sibérie (…) A partir de 2006, le Patriarcat à l'étranger était nettoyé de ses désordres précédents et pouvait regarder l'EORHF dans les yeux; le rapprochement de ces deux parties essentielles de l'Eglise Orthodoxe Russe en dehors des frontières de l'ex-URSS, indispensable canoniquement, est alors devenu inévitable.

3. L'EORHF

(…) Depuis 2007 l'EORHF est complètement réunifiée avec le reste de l'Eglise Orthodoxe Russe dans le Patriarcat. Auparavant, à la fin du XXe siècle, il y avait eut un risque de récupération politique de l'EORHF par des éléments ultra-nationalistes, certains avec des tendances sectaires et anti-canoniques, impitoyablement manipulés par des organisations antirusses-orthodoxes comme la CIA. Débarrassée de ces dérives politiques, qui tenaient plus à l'anticommunisme qu'au Christianisme, le nouvelle réunion anti-extrémistes des deux parties de l'Eglise Orthodoxe Russe progresse depuis 2007.
Les meilleurs représentants de l'émigration orthodoxe russe, de St Jean de Shanghai au métropolite Anastase de New York, confessaient que le destin de l'émigration russe serait tragique s'il n'était missionnaire. Ils n'ont jamais perdu de vue que l'Orthodoxie n'est pas un nationalisme étroit, mais une Civilisation Mondiale, une Communauté Orthodoxe. Même si la configuration finale de l'Orthodoxie russe hors de Russie n'est pas clairement définie à ce jour, il est certain qu'elle va continuer à exister et bien plus puissante et large que durant les dernières années. (…)

4. L'OCA

Partie intégrante de l'Eglise russe il y a plus de 60 ans, après des années d'isolement anti canonique, l'Eglise Orthodoxe en Amérique (OCA) est née il y a quarante ans, en pleine Guerre Froide, comme un compromis politique(6)… Dans bien des domaines ses chefs font fausse route parce qu'ils se sont écartés de la Tradition Orthodoxe au profit d'une mentalité séculière, nationaliste et protestante introduite par des idéologues libéraux comme le père Alexandre Schmemann contre la volonté des gens. Cette mentalité n'a jamais été acceptée par la partie traditionnelle de l'OCA, depuis longtemps souffrante et fidèle, particulièrement en Alaska, dans certaines parties du Canada et en Pennsylvanie.
Il semble qu'il n'y ait aucun avenir pour ce groupe en dehors de sa réintégration au reste de l'Eglise Orthodoxe Russe et d'un retour aux pratiques canoniques. Cette possibilité est actuellement entravée par sa russophobie américaine et le refus de voir que l'Eglise Orthodoxe Russe a toujours été multinationale et multiethnique. Si sa direction abandonne ces préjugés nationalistes et son complexe d'infériorité vis-à-vis du Protestantisme, l'OCA peut revenir à une Eglise russo-américaine et avoir un avenir, mais avec un autre nom et un autre esprit. Par contre si elle continue à vivre dans le passé, avec sa vieille mentalité de Guerre Froide, alors elle risque de disparaitre, aspirée et diluée dans le tourbillon de la laïcité spirituellement insignifiante qui est née du protestantisme américain.

5. Rue Daru

C'est un dixième de l'OCA et la direction de ce petit groupe basé à Paris a abandonné l'Eglise russe pour celle de Constantinople il y a prés de quatre vingt ans(7). Il n'y a plus qu'un seul évêque, actif mais pas en bonne santé, et une atmosphère malsaine et russophobe de "fin de siècle"(*) s'y est installée; la décadence de la pratique dans plusieurs paroisses et la faiblesse numérique ailleurs - beaucoup venant d'ailleurs du Patriarcat – l'ont en grande partie fragilisé. Et à coté, il y a l'Eglise russe qui croit partout en Europe occidentale, y compris à Paris. Ainsi, alors qu'une grande partie de ses forces vives l'ont désertées, depuis longtemps ou plus récemment, pour la Tradition dans une autre partie de l'Église russe, il semblerait que la rue Daru est mure pour tomber, mais sa futile agonie est longue. Souffrir peut être glorieux.
L'Eglise orthodoxe russe est en train de récupérer les églises qui lui appartiennent en France. Et ce n'est maintenant plus qu'une question de temps avant que le petit et faible Patriarcat de Constantinople, de plus en plus politiquement dépendant de Moscou pour son soutien contre la Turquie, se sépare du groupe de la rue Daru et le renvoie à l'Eglise russe (avec d'autres paroisses orthodoxes empochées dans sa juridiction, comme en Estonie). Cela s'est déjà produit une fois, en 1966. Mais 1966 était le pic de la guerre froide et la rue Daru avait une autre force spirituelle qu'aujourd'hui; cela lui a permis de survivre isolé, brièvement et de façon non-canonique. Cela n'est plus possible maintenant.

6. Désintégration et désunion dans les Églises orthodoxes autocéphales

Toutes les Eglises orthodoxes locales ont été malmenées après la chute du Centre en 1917 et l'intégrité et l'unité ont été perdues simultanément. Cela a été particulièrement marquant avec la balkanisation des diasporas orthodoxes: d'abord en Amériques, puis en Europe occidentale et en "Australasie" apparurent des «juridictions», une multiplicité de structures nationales en dehors du pays d'origine orthodoxe, témoignant d'un dédoublement de la personnalité orthodoxe dans les diasporas. De plus, le jeu de la faiblesse spirituelle de l'Occident avec les faiblesses des Eglises locales dans les pays d'origine aboutit a des compromis qui outrageaient la piété des fidèles et donna lieu a des schismes inévitables sur les questions de calendrier, ce qui amena un affaiblissement supplémentaire. L'ancienne unité, garantie par la puissance et l'argent de l'Eglise russe, était perdue. Mais les récentes réunions des représentants des Églises orthodoxes locales ont déjà relancé le mouvement dans l'autre sens, avec des accords sur l'octroi de l'autonomie et de l'autocéphalie et les assemblées locales des évêques orthodoxes par région ou pays.

Certaines divisions juridictionnelles actuelles pourraient fort bien disparaître grace aux possibilités d'organisation et à l'infrastructure fournies par l'Église russe: les structures embryonnaires de nouvelles Églises orthodoxes locales pourraient alors commencer à prendre forme(8). Si on évite le nationalisme local et la coercition, si personne n'est persécuté pour adopter un calendrier, une langues ou des approches modernistes, en d'autres termes, tant que les idéologies tyranniques et les erreurs de groupes comme l'ancienne OCA et la rue Daru sont évitées, il n'ya aucune raison pour que la désunion, tant ancienne qu'actuelle, ne puisse être surmontée. Si la coopération peut être mise en place sans impérialisme, de manière volontaire, constructive et confédérale, avec le respect mutuel des différentes coutumes et des langues nationales, l'amour de la Tradition commune, alors le mot «juridiction» va disparaître dans les poubelles de l'histoire. De plus, tout cela arrive à un moment où le monde hétérodoxe s'effondre dans la laïcité et où, par conséquence, la soif de spiritualité s'accroit. C'est là que l'Orthodoxie doit prendre ses responsabilités historiques et mondiales devant le reste du monde.

Conclusion: sauvons notre Heritage

2017 marquera le centième anniversaire de la catastrophe Russe. C'est dans six ans seulement et pourtant il n'est pas exclu que certains se souviennent alors de l'histoire récente comme d'une série d'aberrations qui n'existent que dans les livres d'histoire poussiéreux. Le Centre de l'Eglise orthodoxe russe à Moscou est en grande partie guéri et il peut maintenant guérir les autres. Comme une mère poule longtemps endormie, il s'est réveillé, il a contemplé son nid et jeté les œufs pourris pour pouvoir recueillir, comme des poussins, l'EORHF et d'autres qui ne faisaient qu'attendre la guérison de leur mère.

Il est maintenant essentiel pour tous les éléments constitutifs de l'émigration russe orthodoxe de sauver ce qui est spirituellement viable en nous, de sauver la vie et non la mort, qui sera enterré par la mort. Nous devons faire en sorte que ce qui est spirituellement vivant en nous, non seulement vive, mais se propage à travers un monde qui est spirituellement mort et a désespérément besoin d'oasis de vie
O Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu! (Matt. 23, 37).

Colchester, Angleterre 1/14 janvier 2011
Traduction Vladimir GOLOVANOW pour "PO"
..................................................................
Notes du traducteur

(*) En français dans le texte

(1) Le père Andrew Phillips est recteur de la paroisse de saint Jean le Thaumaturge, EORHF – Patriarcat de Moscou, à Colchester (Essex, GB) et rédacteur des sites orthodoxes anglais et http://www.orthodoxengland.org.uk. Il a expliqué son cheminement et ses positions dans une interview traduite sur l'excellent Blog

(2) "The Second Coming", du poète irlandais W.B. Yeats (1865-1939)

(3) Sergianisme: soumission de l'Eglise à l'état soviétique résultant, d'après ses adversaires, de la "déclaration du métropolite Serge" (16/29 juin 1927), alors locus tenens du trône patriarcal, qui permettait de légaliser l'existence de l'Eglise, jusque là illégale, en reconnaissant le pouvoir soviétique.
Les relations entre l'Eglise et l'état ont été clairement définies dans "Les fondements de la doctrine sociale" de l’Eglise adoptés en 2000 par le Concile des évêques (disponible en français). Lire aussi PO

(4) Erastianisme: Doctrine de la suprématie absolue de l'État en matière ecclésiastique, l'érastianisme a été théotisé par le Suisse Thomas Erastos, de son vrai nom Thomas Lieber (1524-1583), qui s'opposait aux Calvinistes en se situant dans la perspective d'un État confessionnel réservant au pouvoir civil le droit et le devoir d'intervenir dans tous les domaines religieux (cf. "Explicatio gravissimae quaestioni", Londres, 1589) .

(5) Contrairement au père Andrew, je n'ai personnellement pas vu cette condamnation qui a été réclamée au concile par le primat de l'Eglise Hors Frontières. Le retrait du Patriarcat de Moscou de la conférence des Eglises Européennes (CEC/KEK) en 2008 peut être considéré dans ce sens bien qu'il ait été motivé par l'admission de "l'Église orthodoxe apostolique d'Estonie" (Constantinople) alors que "l'Église orthodoxe d'Estonie" (Moscou), majoritaire en Estonie, n'est pas reconnue. Voir aussi

(6) La Métropole russe d'Amérique du nord, d'où est issue l'OCA, rassemblait tous les Orthodoxes jusqu'en 1920. Elle se disloqua ensuite en plusieurs diocèses se réclamant de différentes Eglises-mères auxquelles ils se rattachèrent. Le primat en place Mgr Platon, refusa de suivre le Synode hors frontières dans sa rupture avec le patriarcat de Moscou (1927) restant de jure dans le patriarcat mais de facto autonome (proclamation du Concile panaméricain en 1924 sur la base du décret 362 du saint patriarche Tikhon) jusqu'à l'autocéphalie accordée par Moscou en 1970. Cette autocéphalie n'est pas reconnue actuellement par la majorité des Eglises, mais cela n'empêche pas l'OCA de participer à l'Assemblée épiscopale d'Amérique du Nord Eclaboussée récemment par des scandales financiers, c'est la 2éme juridiction orthodoxe des USA (après la métropole grecque soumise à Constantinople) et la principale au Canada, avec aussi des paroisses au Mexiques. Elle compte environ un million de membres (site officie OCA) Lire aussi

(7) Cf -VG

(8) Cette vision optimiste se rattache évidement au projet que proposait le patriarche Alexis II de bienheureuse mémoire dans son appel historique du 1er avril 2003: " Nous fondons notre espoir que la Nouvelle Métropole autonome, qui réunira tous les fidèles de tradition orthodoxe russe des pays d’Europe Occidentale, servira au moment choisi par Dieu, de creuset à l’organisation de la future Eglise orthodoxe Locale multiethnique en Europe Occidentale, construite dans un esprit de conciliarité par tous les fidèles orthodoxes se trouvant dans ces pays." Cf.OLTR



Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 1 Juin 2011 à 07:05 | 66 commentaires | Permalien

Documentaire de 53' écrit par Madina Vérillon Djoussoeva et Guillaume Vincent, réalisé par Romain Icard et coproduit par Les Films en Vrac / Utopic, avec la participation de France Télévisions. Narration : Anouk Grinberg. 2011
La courte vidéo du Figaro est, elle aussi, émouvante : YOU TUBE

Prochaine diffusion France 5 :jeudi 9 juin 2011 à 23:34 ICI

Sous le règne de Staline, des centaines de milliers d'enfants ont été arrêtés et déportés au Goulag. Nés d' 'ennemis du peuple', ils étaient condamnés pour les crimes supposés de leurs parents et leur détention durait des années. D'autres y sont nés, d'histoires d'amour ou à la suite de viols. Eux aussi y sont restés prisonniers, séparés de force de leur mère.

Après leur libération, beaucoup, parmi les survivants, sont restés sur place, notamment au Kazakhstan à Karaganda, (la plus grande colonie pénitentiaire du Kazakhstan) où existait un département du Goulag destiné aux femmes et aux enfants. Ce documentaire part à la rencontre d'anciens détenus... Tous racontent leur histoire, tous racontent l'enfer du Goulag.

Rédigé par l'équipe de rédaction le 30 Mai 2011 à 14:08 | 1 commentaire | Permalien

Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, en sa qualité de ministre des Cultes, mais aussi Mikhaïl Gorbatchev participeront en septembre aux festivités programmées autour des 150 ans de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, la cathédrale russe orthodoxe de la rue Daru à Paris. L'organisation des festivités a été confiée à Alexandre Jevakhoff, éminence grise de Michèle Alliot-Marie pendant huit ans et auteur en 2007 d'un ouvrage consacré aux Russes blancs. C'est dans la cathédrale qu'en 1918, Pablo Picasso s'est marié avec la danseuse russe Olga Khokhlova, avec comme témoins Jean Cocteau, Max Jacob et Apollinaire.

Le Figaro - 29/05/2011 également publié dans "Le Point" du jeudi 26 mai

Rédigé par l'équipe de rédaction le 30 Mai 2011 à 09:25 | 43 commentaires | Permalien

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